GPU 2023 Portait de Simon Teyssou par Ariella Masboungi, Grand Prix de l'urbanisme 2016
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00:00 Merci Philippe Mazinque et c'est bien de rappeler que le Grand Prix d'urbanisme a des critères
00:10 très précis, c'est faire avancer la discipline, c'est nourrir les politiques publiques.
00:14 En général ce sont des esprits libres qui ne sont pas contraints d'obéir aux mots
00:21 d'ordre mais qui peuvent inspirer des mots d'ordre.
00:24 Et c'est dans cet esprit que nous avons réalisé le livre avec Antoine Petitjean et Simon Tessou
00:29 qui a beaucoup écrit dans ce ouvrage et c'est pour ça qu'on l'a appelé "En campagne".
00:33 En campagne c'est à la fois travailler à la campagne, sur la campagne, habiter la campagne
00:41 et c'est aussi être en campagne, être militant et se battre pour ses idées.
00:46 Alors je vais vous faire un petit portrait rapide qui sera certainement amélioré lorsque
00:55 Simon présentera ses oeuvres pour introduire les tables rondes.
00:58 Alors en campagne, Simon Tessou est ancré dans un territoire, il habite la campagne.
01:09 Il habite le Rouget qui est une ville de 1300 habitants dont le maire sera présent avec
01:15 nous dans la première table ronde.
01:17 Il est né en campagne, il a vécu dans une ferme et il s'occupait des moutons et il
01:25 aime la campagne.
01:26 Et sa famille et ses enfants que j'ai rencontrés c'est pareil, c'est un autre monde, c'est
01:30 un monde d'une richesse que vous n'imaginez pas.
01:32 Moi j'avais l'impression d'aller à Cotonbouctou tellement c'était différent de mon mode
01:36 de vie très très urbain.
01:37 Donc il est en campagne, il travaille sur la campagne et il prend ses sources aussi
01:45 chez les auteurs et dans les oeuvres de grands professionnels qui ont travaillé sur la campagne
01:53 comme Frank Lloyd Wright.
01:55 Je n'oublie pas que l'inspiration américaine est importante, ta mère est américaine
01:59 et tu as passé un an d'études aux Etats-Unis et c'est un territoire que tu connais bien.
02:05 Mais aussi Simon Tessou dans la tradition de beaucoup de grands prix est un intellectuel.
02:11 Ceci on le sait moins et il a lu certainement deux ou trois fois plus d'ouvrages que moi
02:16 qui en ai lu beaucoup.
02:18 C'est quelqu'un qui a besoin de se nourrir par des voyages, par des lectures, des lectures
02:25 parfois plus inusitées.
02:27 Bien sûr Frampton mais pas seulement, bien d'autres auteurs, certains que je ne connais
02:34 pas comme John Brekenhoff ou Kirkpatrick Sale, plus récemment Ashley Consolo qui a inspiré
02:41 Servigne, mais aussi Marguerite Ursenart, tu lis des romans et ça t'inspire.
02:48 Alors pour Simon Tessou, contrairement à la plupart des urbanistes, un grand projet
03:00 c'est fait de petits projets, c'est fait de petits pas.
03:03 Il faut de la patience et du long terme.
03:06 On verra tout à l'heure avec le maire du Rouget comment Simon a élaboré un plan guide
03:11 pour ce territoire de 1300 habitants, gratuitement, et que ce plan guide est appliqué au fur et
03:18 à mesure à chaque action et chaque action génère d'autres réflexions et le maire
03:23 se réfère à ce plan guide.
03:24 Donc beaucoup de patience, beaucoup de gestes, beaucoup d'interventions de nature extrêmement
03:29 différentes sur l'espace public, la réalisation d'une médiathèque ou encore l'utilisation
03:35 des chemins ruraux pour découvrir des lieux de loisirs magnifiques, des lacs à proximité.
03:42 Donc un urbanisme de petites choses, Simon aime bien utiliser ce terme et certains ont
03:48 dit qu'il pense le local par le global et le global par le local.
03:52 Pour lui c'est une sorte de traversée continue entre ces dimensions.
03:58 Alors le patrimoine, c'est quelqu'un qui aime le patrimoine.
04:03 Le patrimoine c'est beaucoup de choses, parce que le patrimoine c'est le bâti, c'est l'espace
04:07 public, c'est la géographie, c'est le paysage, c'est les modes de vie, c'est les gens, c'est
04:13 les traditions, tout ceci fait patrimoine.
04:16 Alors le patrimoine il faut oser y toucher et il vous en reparlera, parfois il n'arrive
04:21 pas à toucher le patrimoine comme il voulait le faire, ne serait-ce que pour le rendre
04:25 habitable, pour le rendre utilisable et il parle beaucoup de soustraction positive, la
04:31 soustraction positive c'est enlever tout ce qui encombre par exemple l'espace public et
04:35 parfois démolir du bâti pour rendre le reste du bâti habitable.
04:41 Travailler au plus près du territoire.
04:44 En effet, déjà il habite le Cantal, mais beaucoup de ses projets sont à proximité
04:54 de là où il habite, mais pas seulement, puisque tu viens de gagner un très grand
04:57 projet arrosé, ça devient de l'urbain dans un grand projet urbain dessiné par Frédéric
05:02 Bonnet, mais au plus près du territoire, ça veut dire arpenter, assurer un peu ce
05:09 que Bouchain sait partout, c'est-à-dire une sorte de permanence architecturale, on
05:13 s'installe sur place, on rencontre les gens, on dessine, les gens viennent demander ce
05:18 que c'est et c'est aussi une proximité très très grande avec les élus.
05:24 Je raconterai, je ne veux pas prendre trop de temps, mais quand on a été à Chaliers,
05:29 ça m'a quand même beaucoup marqué l'anecdote, on a rencontré la maire et qui nous dit c'est
05:34 magnifique tout ce que Simon a fait, les gens sont très contents.
05:37 Alors je lui dis oui, mais il vous manque un café.
05:38 Il me dit mais comment je fais un café?
05:40 Je lui dis mais vous savez il y a la procédure nationale des mille cafés.
05:43 Alors sa secrétaire de mairie regarde et elle dit à la maire mais oui on peut être
05:46 candidat, on va être candidat.
05:47 Vous voyez c'est extraordinaire quand même, cette proximité très très grande et cette
05:52 capacité à prendre des décisions rapides.
05:54 Mais Simon s'intéresse aussi à densifier le périurbain.
06:00 Il déteste les lotissements, il n'est pas le seul.
06:04 Passons, le zéro artificialisation net, je parle aux gens de la BGLN qui sont ici, Philippe,
06:10 Pauline, Jean-Baptiste, c'est votre combat.
06:13 Et c'est aussi celui de Simon à sa manière.
06:16 Donc les lotissements pour lui détruisent justement le patrimoine, détruisent les modes
06:20 de vie.
06:21 Il est très opposé mais en même temps et quand il réhabilite c'est pour lutter contre
06:27 cet étalement urbain.
06:28 Mais aussi il fabrique du logement dans les imperstices, dans les dents creuses, dans
06:36 les crèves de villages comme il le fait ici à Limoges et il utilise les chemins ruraux
06:42 pour fabriquer des parcours qui font en sorte que les gens ne prennent pas la voiture et
06:47 favoriser la biodiversité.
06:49 Alors faire commun en campagne.
06:53 Faire commun en campagne, ça rejoint ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est travailler
06:58 avec les gens, faire émerger des projets, ne pas partir avec des a priori sur le type
07:03 d'équipement qu'on va réaliser.
07:05 Mais c'est aussi fabriquer des tiers lieux.
07:07 Moi j'ai découvert avec lui des tiers lieux en campagne à droite Vic-sur-Serre qui est
07:12 un véritable tiers lieu avec des gens qui travaillent, qui habitent en résidence, des
07:16 lieux de formation en réutilisant une grange et à gauche, si on parla tout à l'heure
07:20 je crois à Mandaye, ce sont des lieux qui favorisent la rencontre et qui favorisent
07:25 aussi la capacité d'habiter la campagne.
07:27 Puis le goût de l'espace public bien sûr.
07:30 Alors on aurait pu vous le montrer mais il vous le montrera tout ce qu'il a fait dans
07:34 les villages.
07:35 C'est extrêmement délicat avec des petites choses, la reprise de l'espace public, des
07:38 petites places dénivelées, des matériaux locaux, de la reconversion.
07:42 Mais il a travaillé aussi dans ce qui dans le Cantal est une très très grande ville,
07:47 Aurillac c'est une très grande ville, il y a des restaurants, des hôtels, ce qu'il
07:50 n'y a pas du tout du tout dans les bleds où il travaille habituellement.
07:53 Et il a repris l'espace public avec une maestria admirable qui vous présentera tout à l'heure.
08:01 Alors le goût de l'espace public c'est aussi travailler sur les seuils, c'est-à-dire
08:05 les entrées des maisons, réduire la place de la voiture à sa place congrue, faire en
08:10 sorte de travailler les petits dénivelés, c'est une science très très subtile, très
08:15 délicate que j'ai pu vérifier.
08:17 Alors les espaces vivriers.
08:19 Simon Tessou s'intéresse à l'agriculture et aux espaces vivriers.
08:23 A tel point que quand il travaille sur Chalier, c'est à droite, on voit comment il crée
08:30 des belvédères pour valoriser les espaces vivriers qu'il faut revitaliser.
08:35 Et il pousse également les élus à revitaliser leurs espaces agricoles et vivriers.
08:41 Mais ce qu'on voit à gauche, c'est une étude qu'il a faite pour le zoo où il part de
08:49 la question agricole et vivrière et il donne un véritable sens aux éros artificiels à
08:54 son net, aussi en revitalisant les chemins ruraux, les corridors écologiques.
08:59 Il vous présentera ça mieux que moi.
09:00 Presque pour finir, je dirais avec talent.
09:04 Parce qu'on pourrait faire tout ça à peu près bien en respectant tous les thèmes
09:11 que je viens d'évoquer.
09:12 Mais Simon a beaucoup de talent.
09:15 Ça veut dire quand il réalise la médiathèque qu'on voit ici, quand il réalise le pont
09:20 de Mandaille ou les espaces publics de Chalier, c'est d'une délicatesse, d'un raffinement
09:25 incroyable avec peu d'argent.
09:27 Tout est dans la subtilité, dans les matériaux.
09:30 Et il ne faut pas oublier qu'il a été nominé au Grand Prix de l'architecture l'an dernier.
09:34 Mais moi, je suis ravie que ce soit, je dis ça à la DGLN, c'est les urbanistes qui ont
09:38 gagné puisqu'il est Grand Prix d'urbanisme.
09:40 Il sera peut-être un jour Grand Prix de l'architecture, mais c'est la même chose d'ailleurs avec
09:45 Patrick Bouchin.
09:46 Je trouve que finalement, les urbanistes le sont approprié et c'est très bien comme
09:50 ça.
09:51 Alors pour finir, pour une fois, je ne mets jamais des diapositives avec du texte, mais
09:56 tout de même.
09:57 Je voulais insister sur le fait que c'est à la fois un précurseur et c'est un militant.
10:02 Philippe l'a dit tout à l'heure.
10:04 Alors, il est militant pour les territoires qui se sentent oubliés.
10:07 Les territoires oubliés, c'est personnellement ma tasse de thé.
10:11 Je sors un livre bientôt sur la question et je ne suis pas la seule à y réfléchir.
10:17 Mais ces territoires se sentent oubliés et pour ça, très souvent, ils ont des votes
10:23 extrêmes.
10:24 Donc, c'est là que se jouera sans doute l'avenir de la France.
10:27 C'est off.
10:28 Moi, je peux le dire.
10:29 Philippe, puisque je ne suis plus fonctionnaire, je suis à la retraite.
10:31 Je peux le dire.
10:32 Alors, militant aussi d'une sobriété obligée et parce que ces territoires, il y a peu
10:40 d'argent.
10:41 Il y en a, mais il faut faire avec peu.
10:42 Donc, il y a énormément d'innovation, de savoir faire.
10:46 Il est aussi militant d'une écologie au sens très large du terme que très peu de gens
10:50 portent.
10:51 En fait, c'est à dire qu'il sait en même temps lier la question des énergies renouvelables,
10:56 l'économie des sols, la question de l'agriculture, les matériaux bio sursourcés, les modes de
11:00 vie et surtout, surtout la précarité.
11:02 Dieu sait que c'est à l'heure du jour.
11:04 Ce n'est pas aujourd'hui qu'on dira le contraire.
11:06 Il est militant, bien sûr, de l'économie des sols.
11:09 Il lutte contre leur détérioration.
11:11 L'enjeu sociétal qui met les territoires furos au cœur de la recomposition politique
11:18 et il est militant.
11:19 Il est tellement militant qu'il ne fera peut être pas cet après-midi, mais il sait se
11:23 mettre en colère.
11:24 J'adore ça quand tu le fais.
11:25 C'est Simon et un jour au club Ville Aménagement, il s'est énervé contre les aménageurs qui
11:31 n'interviennent jamais sur ces territoires et leur a dit Jetez vous à l'eau, mon Dieu,
11:35 jetez vous à l'eau, arrêtez d'être uniquement sur des choses qu'on sait faire pour faire
11:39 en fait une ville ennuyeuse.
11:41 La plupart du temps, donc, il sait se mettre en colère pour pousser les acteurs souvent
11:46 frileux à se jeter dans le vide.
11:49 Il s'engage.
11:50 Il a avec Antoine Petitjean, on l'a poussé pour imaginer un projet France.
11:54 Il nous a dit mais est ce que je peux aller jusque là?
11:56 Mais oui, tu as été jusque là.
11:57 C'est le dernier chapitre du livre et il milite pour une France solidaire, solidaire
12:03 qui ne laisse personne sur le côté.
12:05 Je crois que le message est encore plus important aujourd'hui qu'il ne l'était hier.
12:08 Merci.
12:09 Merci.
12:10 Merci.
12:11 Merci.
12:11 Merci.
12:12 Merci.
12:12 Merci.