1000 pays pour demain - En Loire-Atlantique avec Ronan Dantec

  • il y a 6 mois
"1000 pays pour demain" se déplace en Loire-Atlantique pour rencontrer les chefs d'entreprises et les artisans qui innovent ou perpétuent les traditions locales. Pour commenter ces initiatives, Rebecca Fitoussi donne la parole au sénateur Ronan Dantec.
Année de Production : 2023
Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:26 -Bonjour à tous. Bienvenue sur Public Sénat,
00:29 bienvenue en Loire-Atlantique, département qui fait partie
00:32 de nos 1 000 pays pour demain.
00:34 Nous sommes à Nantes, l'une des 9 métropoles françaises
00:38 labellisées French Tech, 7e ville touristique du pays,
00:41 avec plus de 2 millions de visiteurs chaque année.
00:44 Une économie et une industrie directement liées
00:47 aux éléments naturels et tournées vers la transition écologique.
00:50 Pendant une demi-heure, on va découvrir ensemble
00:53 ce qui fait la valeur économique et humaine de ce territoire.
00:56 Ces entreprises innovantes, ces entrepreneurs audacieux,
00:59 ces savoir-faire, uniquement des pépites
01:02 qui ont choisi de s'installer ici, ou qui sont nés sur ces terres
01:05 et qui les rendent très dynamiques.
01:07 Un élu va nous accompagner pendant ce petit voyage.
01:10 Il va lui aussi découvrir et commenter
01:12 ces initiatives méconnues.
01:14 C'est un sénateur qui vit sur ce territoire
01:16 et qui pourra apporter des réponses aux chefs d'entreprise
01:19 et peut-être les défendre à la Chambre haute.
01:22 1 000 pays pour demain, c'est parti.
01:24 Bonjour, Ronald Dantec. -Bonjour.
01:26 -Merci de nous accueillir ici, chez vous, en Loire-Atlantique.
01:29 Vous êtes sénateur écologiste, vice-président
01:32 de la Commission de l'Aménagement du Territoire
01:35 et du Développement Durable.
01:36 Nous sommes à la Cité des Congrès de Nantes.
01:39 C'est un lieu important qui participe au dynamisme de Nantes.
01:42 C'est un lieu qui vous parle ? Vous avez des souvenirs ?
01:45 -C'est un lieu dans lequel j'ai beaucoup de souvenirs
01:49 puisque j'ai une action locale, nationale,
01:51 mais aussi une action internationale assez importante.
01:54 Je trouve que j'ai organisé ici de très grands événements,
01:58 des sommets sur le climat.
01:59 On a accueilli ici tous les grands élus du monde
02:03 en 2013 pour EcoCity,
02:05 où on a passé un message comme quoi on ne peut pas résoudre
02:09 les grands enjeux environnementaux
02:11 sans la mobilisation des gouvernements locaux.
02:14 On a réussi à bouger les textes de négociation.
02:16 Cet endroit est assez symbolique.
02:18 -Et la Loire-Atlantique, dans son ensemble,
02:21 dynamique, riche, avec une industrie
02:23 qui est vers la transition écologique ?
02:25 -Oui, je crois qu'on est vraiment... On est un département qui va bien.
02:29 On n'est pas loin du plein emploi,
02:31 ce qui ne veut pas dire qu'on n'a pas des difficultés.
02:34 C'est un département qui a réussi à maintenir son industrie.
02:37 -Comment vous expliquez qu'il aille si bien ? Il attire ?
02:40 -Il attire beaucoup. -Pourquoi ?
02:42 -Pour deux raisons.
02:44 Pour une qualité de vie
02:45 qui tient à la fois de la proximité de la mer.
02:49 C'est un département extrêmement actif,
02:53 dynamique sur le plan culturel.
02:55 Nantes est une ville là-dessus
02:57 qui produit aujourd'hui beaucoup de grands événements,
03:00 de grandes expositions.
03:01 C'est la ville de Royal Deluxe,
03:03 c'est la ville des Allumés, pour reprendre l'histoire.
03:07 Et donc, finalement, tout ce cocktail
03:09 fait qu'aujourd'hui, ceux qui ont les moyens
03:12 de choisir l'endroit où ils vont travailler
03:14 ont tendance à choisir des territoires comme les nôtres,
03:17 ce qui nous pose des difficultés.
03:20 Il vaut mieux être un territoire en développement
03:22 que d'être en développement.
03:24 Mais derrière, sur le logement,
03:26 l'accès aux logements pour les ménages modestes,
03:29 l'étalement urbain,
03:30 on a aussi toutes ces difficultés.
03:32 -L'une des promesses de cette émission,
03:35 c'est de faire découvrir quelques entreprises du coin,
03:38 celles qui se démarquent par leur histoire.
03:40 On va commencer notre tour d'horizon
03:43 chez un fabricant de couteaux.
03:45 Sa matière première, il va la chercher dans un marais,
03:48 celui de la Brière, que vous connaissez.
03:50 C'est un marais très précieux.
03:52 Le fondateur de l'entreprise en parle très bien.
03:55 Jean-Henri Pagnon.
03:56 (Générique)
03:58 ---
04:12 -Ce petit bouquin, c'est une lecture d'il y a 15 ans,
04:15 dans laquelle j'ai découvert l'existence du mortin.
04:19 Le maire de Saint-Joachim ne sortait jamais de chez lui
04:21 sans sa précieuse canne en mortin.
04:23 (Générique)
04:25 J'ai été littéralement transporté.
04:28 J'ai trouvé qu'un bois purement local,
04:30 au bilan carbone exceptionnel,
04:33 c'était vraiment le matériau essentiel
04:35 pour fabriquer l'objet d'une vie, c'est-à-dire le couteau.
04:39 (Générique)
04:41 Ces marais, il y a 5000 ans, n'existaient pas.
04:43 C'était juste une grande forêt de chêne.
04:46 Quand les arbres sont tombés, au lieu d'être abandonnés à leur sort,
04:49 ils se sont enfoncés dans la tourbe.
04:51 La tourbe les a recouverts.
04:53 Elle a fait une sorte de sarcophage naturel.
04:55 Le bois s'est minéralisé, il s'est chargé en silice,
04:58 il s'est conservé.
05:00 C'est ce qu'on appelle aujourd'hui le mortin.
05:03 (Bruit de la tourbe)
05:05 Ici, on est complètement recouverts par les eaux.
05:09 Plus on avance dans le temps, plus le niveau d'eau augmente.
05:13 En septembre et en octobre, quand on nous en extrait,
05:16 on est asséchés, il ne reste que les canaux.
05:18 (Générique)
05:20 (...)
05:29 -Allez, à l'atelier.
05:31 (Générique)
05:33 (...)
05:37 -Et voilà.
05:38 Là, c'est le trésor, le mortard.
05:41 Oh là là !
05:44 Regarde-moi ça.
05:46 Oh, ça, c'est exceptionnel, ça.
05:48 Oh...
05:49 Ce qui m'a amené à changer de métier,
05:51 c'est que je ne me sentais pas à ma place
05:53 dans l'ancienne entreprise qui m'employait.
05:56 C'était une multinationale de 260 000 salariés dans le monde.
05:59 C'est gigantesque.
06:01 Je n'avais pas un sentiment de liberté dans mon exercice.
06:04 Alors qu'ici, je fais exactement ce qu'on me dit.
06:07 Allez, les gars, on se pousse.
06:08 Ouais ! Ouais, ouais !
06:10 Voilà.
06:11 Je n'ai pas choisi d'implanter mon trésor.
06:14 Je me suis implanté personnellement ici,
06:16 puisque ma maison est en face.
06:18 Et par nature, c'est ici que j'ai démarré mon activité,
06:21 il y a maintenant 13 ans, en arrière.
06:23 Vous voyez ce couteau ?
06:25 Eh bien, tout démarre en termes de fabrication
06:28 sur cette vieille machine des années 50.
06:30 (Bruit de machine)
06:32 (...)
06:36 On doit couper le mortard
06:38 pour obtenir une cote aux dimensions par exemple de 1,5 m.
06:42 Pour obtenir une cote aux dimensions parfaites.
06:45 (Bruit de machine)
06:47 (...)
06:57 Et voilà.
06:58 C'est ce qu'on appelle une émoussure.
07:00 Une face est réalisée.
07:02 Maintenant, on va faire une 2e face.
07:04 (Bruit de machine)
07:08 Le travail d'artisan coutelier
07:10 nécessite d'avoir quelques connaissances en métallurgie,
07:13 en mécanique, en ébénisterie.
07:15 C'est une somme de plusieurs compétences.
07:18 Faire un couteau, ça nécessite également
07:20 de faire preuve de finesse et de précision.
07:23 Si on a un couteau qui crante mal,
07:27 c'est un couteau raté.
07:28 Si on a un couteau qui offre un mauvais retour,
07:31 c'est un couteau raté.
07:32 Si on n'est pas dans l'axe, c'est un couteau raté.
07:35 (Bruit de machine)
07:40 Un humble couteau comme celui de Théodore
07:43 a nécessité près d'un an de travail et de développement.
07:46 Heureusement, il a eu succès.
07:47 Mais il faut imaginer la prise de risque
07:50 que d'investir un an de travail
07:52 pour un produit dont on n'est pas sûr de la rencontre avec son public.
07:55 (Bruit de machine)
07:57 Un projet entrepreneurial, c'est une vie de difficulté.
08:00 Faut pas rêver, c'est toujours difficile.
08:03 Et comme le dit ma femme, "Te plains pas, toi, ça marche."
08:06 Imagine ceux pour qui ça ne marche pas.
08:08 Donc oui, ça marche, mais c'est une galère au quotidien.
08:11 Faut être un peu maso, je crois, pour faire ce métier.
08:14 -C'est-à-dire ? -Par exemple, il y a deux ans,
08:16 nous avons été invités
08:18 par l'Institut national de la propriété intellectuelle
08:21 à déposer un dossier d'indication géographique,
08:23 ce qui va nous permettre de protéger le morta dans son territoire,
08:28 c'est-à-dire l'abrière.
08:29 Et puis, après deux ans de travail,
08:31 notre dossier a été retoqué en raison d'un obscur petit article
08:36 interne à l'NPI,
08:37 qui n'est pas conforme à la réglementation européenne.
08:40 Il a fallu envoyer une cinquantaine de lettres
08:42 à des députés, à des sénateurs, à des cabinets ministériels.
08:46 On se sent bien souvent seul dans ce genre de situation.
08:48 (Bruit de machine)
08:50 -Voilà, une belle histoire, on vient de l'entendre,
08:52 mais pas un long fleuve tranquille.
08:54 On entend bien aussi les difficultés de ce chef d'entreprise.
08:57 On a aussi entendu Emmanuel Macron récemment parler
08:59 d'une simplification.
09:01 Est-ce qu'il y a quelque chose à faire d'urgent
09:02 pour ces chefs d'entreprise ?
09:04 -Je pense que depuis la nuit des temps,
09:07 les chefs d'entreprise considèrent qu'il y a trop de paperasse.
09:10 -C'est pas vrai ?
09:11 -J'ai eu moi-même une petite entreprise culturelle,
09:14 donc je sais effectivement l'URSSAF,
09:18 le bilan de fin d'année.
09:20 Donc effectivement, il y a une partie administrative.
09:24 Moi, je retourne presque les choses.
09:27 Il est quand même très intéressé par l'NPI,
09:30 parce que ça va protéger son métier.
09:33 Ca marque, je sais pas,
09:35 pour un morta asiatique demain en chimie de synthèse.
09:39 Donc le fait d'avoir, finalement,
09:43 des cadres administratifs très forts,
09:45 c'est aussi ce qui distingue un grand pays développé
09:49 d'un pays en développement et souvent d'un pays moins riche.
09:51 Par contre, je pense qu'on a un problème,
09:53 qui est que la norme ne peut pas tout prévoir
09:57 et qu'il y a obligatoirement toujours un détail ici et là
10:00 où ça rentre pas dans le cadre de la norme.
10:01 Et qu'il nous manque probablement un lieu,
10:04 et je l'avais proposé même lors des dernières élections sénatoriales,
10:07 un lieu de régulation où les cas non prévus,
10:10 finalement, on puisse les discuter, peut-être avec les parlementaires,
10:13 car j'ai bien vu qu'il avait fait appel aux parlementaires
10:15 pour régler son problème,
10:17 ce qui prouve que les sénateurs servent à quelque chose,
10:20 puisqu'on les appelle. -Qui ont doute.
10:22 -Mais qu'effectivement, il nous manque peut-être un maillon.
10:25 Mais les pays qui ont peu de normes,
10:28 qui ont peu d'encadrement administratif,
10:30 sont des pays moins riches.
10:32 Et lui-même a besoin de cette protection
10:35 par rapport à son propre métier.
10:36 -Il y a aussi quelque chose d'intéressant
10:38 dans l'expérience de Jean-Henri Pagnon,
10:39 c'est qu'il nous explique qu'il a quitté une grande entreprise
10:42 pour lancer sa propre entreprise, une multinationale.
10:45 Ça veut dire qu'il a pris des risques.
10:47 J'ai envie de le retenir pour dire que c'est possible en France,
10:50 et qu'on peut le dire à nos téléspectateurs.
10:52 -C'est non seulement possible, mais beaucoup en rêve,
10:57 parce qu'être son propre chef d'entreprise,
11:00 être artisan, être dans la culture,
11:04 c'est d'une liberté.
11:06 D'ailleurs, lui-même ne se plaint pas.
11:07 Il se plaint de manière secondaire,
11:09 mais il est quand même extrêmement heureux,
11:10 puisqu'il a préféré ça à la hiérarchie d'un grand groupe.
11:14 Il a fait son choix.
11:15 -On va continuer notre petit tour d'horizon
11:18 des entreprises en Loire-Atlantique.
11:20 On va maintenant faire la connaissance de Simon Muller.
11:22 Il a 39 ans, il est maître verrier,
11:24 comprenez, souffleur de verre.
11:26 Il y a 12 ans, il a créé son propre atelier à Vertoux,
11:29 dans le sud de Nantes.
11:30 Sa petite particularité, c'est qu'il ne travaille pas
11:33 pour les chaînes de magasins de déco,
11:34 ni pour la grande distribution.
11:36 Non, lui, il a fait un choix plus original,
11:38 mais plus risqué aussi. Regardez.
11:39 Musique rock
11:42 ...
11:49 -Un jour, un collègue avec qui je bossais
11:52 avait un petit atelier de verre,
11:53 et j'ai essayé une fois,
11:55 et j'ai été complètement piqué et absorbé par cette matière.
11:58 Et puis, j'avais encore l'âge de pouvoir me poser
12:00 cette question de ma reconversion.
12:02 ...
12:05 Le moment de la fabrication devient un moment plutôt instinctif,
12:09 où là, il y a une sorte d'errance un peu psychologique,
12:13 et ça devient vraiment de l'intelligence de la main.
12:16 En fait, c'est un truc de tempo, c'est comme une danse.
12:20 ...
12:26 Il n'y a jamais de temps mort.
12:28 C'est vraiment un métier...
12:30 Il n'y a pas de pause pour reprendre ses esprits.
12:32 En fait, on peut avoir des pièces
12:34 qui vont durer jusqu'à 3, 4 heures de production,
12:37 donc t'es vraiment assez focus pendant plusieurs heures.
12:40 ...
12:45 Nous, on est vraiment sur cette production niche de surmesure.
12:49 On répond au monde du luxe,
12:50 on répond aux artistes du milieu de l'art contemporain,
12:53 on répond aux designers.
12:54 C'est-à-dire qu'on va vraiment se placer
12:56 entre une pièce et 500 pièces, quoi.
12:59 Voilà, il est là, notre marché.
13:01 ...
13:03 Commence à souffler un peu, Clara, léger, s'il te plaît.
13:05 ...
13:10 Vas-y, vas-y, vas-y, vas-y.
13:11 Stop.
13:13 Le soufflage, c'est vraiment un travail de binôme.
13:15 En soi, on ne peut pas vraiment travailler seul.
13:18 On est toujours accompagnés.
13:20 On a un fonctionnement un peu de cuisine,
13:25 dans le sens où t'as un chef qui va coordonner
13:28 toutes ses petites mains, il va avoir son premier,
13:32 qui est vraiment son jeune le mieux formé, le plus proche de lui.
13:36 Et après, on va avoir les commis,
13:38 donc sur des ouvertures de portes, la protection,
13:41 aider à mesurer les pièces avec les compas.
13:44 ...
13:53 Je suis d'une famille d'indépendants,
13:55 donc on a tous un peu ça dans le sang,
13:57 le montage de projets,
13:58 et on a démarré dans l'Est de la France
14:01 en louant les ateliers de notre école.
14:03 Et Nantes, plusieurs années de suite,
14:06 nous ont fait des beaux contrats,
14:08 et on est venus en visite dans cette vue
14:11 de s'installer enfin dans nos propres locaux.
14:14 La ville nous a soutenus aussi dans notre installation,
14:17 dans nos recherches d'ateliers.
14:19 On a senti une sorte d'effervescence
14:23 assez dynamique
14:25 et assez accueillante pour prendre cette décision-là.
14:28 ...
14:35 Je pense qu'on doit être dans un effort collectif
14:38 sur ces questions-là, de réinventer un artisanat,
14:41 de le ramener dans les centres-villes.
14:43 Il y a quelque chose aussi sur ces questions-là.
14:45 Qu'est-ce qu'on a envie que nos enfants voient demain ?
14:48 Est-ce que finalement, les vendeurs de téléphones
14:51 et les épiceries de nuit, c'est ça, le modèle économique
14:54 qu'on avait envie de présenter à nos enfants ?
14:56 Stop. C'est bon pour moi.
14:59 ...
15:10 -C'est vraiment la question de la valorisation du métier
15:12 et de la place qu'on prend dans la société,
15:15 et qui, bien sûr, est aussi une revalorisation de salaire,
15:19 parce qu'on a des métiers qui sont durs,
15:22 qui doivent être revalorisés,
15:23 et une vraie question de revalorisation
15:26 en termes d'image.
15:28 On l'a vu pendant le Covid.
15:29 On a remercié nos infirmiers, nos nanis, nos nanins.
15:32 Mais ça peut s'étendre encore un peu plus.
15:35 Remercions nos artisans de manière large.
15:38 ...
15:40 -Alors, Simon Muller, au Nord d'Antec,
15:42 il nous parle surtout de la revalorisation
15:44 de l'image des artisans.
15:46 Est-ce qu'on a un problème avec l'image de l'artisanat ?
15:49 -Moi, je trouve pas que l'artisanat est dévalorisé.
15:53 Là, c'est l'artisanat d'art.
15:55 Moi, j'ai été extrêmement intéressé par ce reportage,
15:59 y compris son choix de l'agglomération d'Antec.
16:02 Ce que je disais en début d'émission,
16:04 on est sur un territoire attractif,
16:06 riche, et où il y a une clientèle,
16:09 puisqu'il décide de ne pas passer par un distributeur.
16:13 Donc, je pense que ce type d'artisanat, aujourd'hui,
16:17 correspond à une société où il y a du pouvoir d'achat,
16:21 où il y a une classe moyenne supérieure installée
16:23 qui a un vrai pouvoir d'achat.
16:25 Et ça n'est pas pour rien,
16:27 puisque lui-même a fait le choix de quitter l'Est de la France
16:30 pour venir chez nous, parce que, ici, en Loire-Atlantique,
16:33 il y a une clientèle...
16:35 - C'est tellement attractif que ça se fait au détriment des autres.
16:38 - On gagne 15 000 habitants par an,
16:40 parce qu'on est devenu un territoire extrêmement attractif.
16:43 Et je trouve que ce reportage montre cette attractivité.
16:47 - Simon Muller parle aussi de la formation.
16:49 On sent que la formation est en question dans ce reportage,
16:52 avec un CAP qui est passé à un an.
16:54 On peut passer à un CAP en un an, ce qui paraît assez petit,
16:57 car c'est pas une manière de dévaloriser les métiers manuels.
17:01 - Je suis d'accord avec lui pour dire qu'il faut revaloriser le geste.
17:05 C'est important de dire qu'il n'y a pas que ceux qui ont fait Bac +12
17:08 qui ont une place et une légitimité dans la société.
17:11 Celui qui connaît les gestes participe aussi de la richesse collective.
17:15 Mais ça, c'est un problème quand même assez ancien et structurant en France.
17:20 J'ai le sentiment quand même que l'artisanat d'art,
17:23 qui est son secteur, n'est pas, lui, dévalorisé,
17:28 mais qu'effectivement, et ça, c'est un vrai sujet pour nous,
17:31 on a beaucoup d'emplois à pourvoir
17:35 dans le domaine de la construction, notamment métallurgique.
17:40 On a des emplois de la construction, on manque aussi d'emplois.
17:43 Et il faut effectivement que, dans notre discours collectif,
17:47 on valorise ceux qui construisent les maisons
17:49 comme ceux qui envisagent l'intelligence artificielle
17:52 ou les programmes informatiques.
17:54 - On a un petit rituel dans cette émission,
17:56 c'est l'entreprise coup de cœur.
17:58 On a l'élu de nous parler d'une entreprise à laquelle il tient.
18:01 C'est le moment de détailler la CETI.
18:03 - En Loire-Atlantique, on a des entreprises qui sont justement
18:07 dans cette dynamique-là. CETI en fait partie, le siège est à Mashcou.
18:11 Aujourd'hui, ils produisent du panneau photovoltaïque.
18:14 Par rapport au discours un peu convenu que j'entends,
18:17 y compris dans l'hémicycle au Sénat,
18:19 comme quoi on exporte tous nos panneaux photovoltaïques,
18:22 on en construit en Loire-Atlantique.
18:24 C'est des milliers d'emplois aujourd'hui.
18:26 - Ces entreprises sont essentielles, surtout à mission.
18:30 CETI met une part extrêmement importante de son bénéfice
18:34 sur une fondation et notamment sur l'accompagnement
18:37 de la formation de ceux qui sont les moins qualifiés.
18:39 Ca reboucle avec le sujet précédent.
18:41 - Un nouveau reportage, une nouvelle entreprise.
18:44 Elle a été fondée par un tout jeune ingénieur
18:46 qui travaillait dans l'aéronautique,
18:48 mais qui a tout plaqué pour être en phase avec ses valeurs,
18:52 pour mettre son savoir au service de la planète, de l'écologie,
18:55 de la sobriété énergétique.
18:57 Il a décidé de fabriquer des objets durables
18:59 à base de matériaux recyclés.
19:01 Ca va vous plaire. On le rejoint à Saint-Nazaire.
19:04 ...
19:09 - Je m'appelle Paul Mouras.
19:11 Je suis fondateur de L'Avant-D'Après.
19:13 C'est une entreprise qui développe un mode de vie plus sobre
19:16 par le biais des objets basse technologie,
19:19 comme cette super marmite norvégienne.
19:22 C'est un compartiment isolant
19:24 qui permet de terminer la cuisson des aliments
19:26 en mettant 10-15 minutes à chauffer la casserole,
19:29 voire 20 pour les grosses,
19:31 mais derrière, on peut aller de 6 à 8 heures de cuisson.
19:34 Donc, en fait, sur des plats mijotés, longues durées,
19:37 ça permet de faire une centaine d'euros d'économie par an
19:40 sur l'énergie des plaques de cuisson.
19:42 Au lieu de réfléchir classiquement,
19:46 "OK, je vais à Bricotruc, à Castotruc,
19:50 "et j'achète de manière classique la matière",
19:53 là, plutôt, "Qui jette ces matières ?
19:58 "Où est-ce que je peux les récupérer ?"
20:00 En effet, penser différemment, c'est vachement plus dur.
20:05 C'est comme ça qu'on change les choses à son échelle.
20:08 Voilà un avion qui transporte d'autres avions.
20:16 Bienvenue à Saint-Nazaire.
20:18 Contribuer à ce genre de projet,
20:20 faire des avions toujours plus, toujours plus gros,
20:22 toujours plus vite, toujours plus loin, ça n'avait aucun sens pour moi.
20:26 Du coup, je me suis lancé pour faire cours dans l'entreprenariat
20:29 des low-tech, quelque chose qui a vachement plus de sens pour moi.
20:33 Ça, c'est des chutes de grosses caisses pour l'industrie
20:38 qui s'en débarrassent, et du coup, moi, je les récupère
20:40 pour après...
20:42 pour que ça serve de matière première.
20:44 Là, on est à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique.
20:49 J'ai choisi de faire mon activité ici
20:51 parce que c'est un bassin industriel,
20:53 c'est un terrain de jeu pour récupérer des déchets
20:55 et aussi parce que j'ai vécu une bonne partie de mon enfance ici.
20:58 Là, on récupère du bois.
21:09 Il y a plein de trucs qui ne vont pas.
21:11 C'est pas la bonne taille, l'épaisseur, il y a plein de défauts.
21:15 C'est vrai qu'on ne paye pas directement la matière,
21:18 mais il y a plus de travail derrière, donc au final,
21:21 sur le prix du produit, on gagne quand même un peu,
21:24 mais pas tant que ça.
21:26 Donc c'est vraiment un choix de faire...
21:29 de prendre ce temps pour aller chercher ces matériaux,
21:33 faire des partenariats avec les entreprises
21:35 pour récupérer ces matières.
21:37 C'est fou de jeter ça, quoi.
21:39 Fou !
21:40 J'essaie d'être le plus positif possible sur le produit.
21:46 Donc en effet, il y a la partie économie circulaire
21:48 avec la récupération des matériaux.
21:51 Il y a l'économie sociale et solidaire avec un ESAT,
21:55 des travailleurs handicapés.
21:57 Donc en fait, la partie en bois, elle est faite...
22:01 Elle est découpée et assemblée par un ESAT.
22:03 Et puis moi, je fais la caisse en aluminium à l'intérieur.
22:06 Hop là !
22:07 C'est des plaques d'imprimerie, en fait.
22:11 Une fois qu'elles ont servi, elles sont remises à recycler.
22:13 Moi, ça me permet de faire foutre la partie intérieure de la marmite,
22:17 qu'on voit là.
22:20 Ça renvoie le rayonnement vers la casserole
22:24 et ça permet de maintenir un peu plus la chaleur
22:26 à l'intérieur de la marmite norvégienne.
22:28 Mon métier est à encourager et à développer
22:39 parce qu'il est très vertueux.
22:41 Économie d'énergie, économie d'eau, réduction des déchets.
22:45 L'idée, c'est vraiment de laisser tomber les gros métiers d'ingénieur
22:48 pour aller vers quelque chose de plus au point d'énergie,
22:51 le vivant, la biodiversité, la pollution.
22:54 Tellement de choses à faire, que de fabriquer des moteurs d'avion,
22:57 que de fabriquer des routes, que de fabriquer des...
22:59 Foncez, hein !
23:02 -Rodent Dantèque, ce qui est beau dans ce reportage,
23:05 c'est de voir aussi cette jeunesse très motivée
23:08 et qui met son travail et son savoir-faire
23:11 au service de la planète, de l'écologie.
23:13 Ça rend optimiste, quand même.
23:14 -Oui, ça rend optimiste,
23:16 mais je trouve qu'effectivement,
23:18 son choix, c'est aussi un peu un signal
23:22 et un cri sur le fait de dire
23:26 que le travail, c'est un sens.
23:29 Il faut que le travail ait un sens.
23:31 Et là, effectivement, il pose un acte.
23:33 -Vous en voyez d'autres autour de vous ?
23:35 Voyez cette jeunesse évoluer, tendre vers cela ?
23:37 -Je crois qu'on en a beaucoup d'exemples aujourd'hui.
23:40 Encore récemment, à Polytechnique,
23:43 et on a vu ça à un gros Paris Tech,
23:46 des jeunes très diplômés qui disent
23:48 "J'irais pas travailler dans des entreprises
23:51 "qui n'ont pas intégré leur rôle dans la transition."
23:55 -C'est moins confortable pour eux.
23:57 Ce ne sont pas forcément des CDI, c'est de la création d'entreprise.
24:00 -La création d'entreprise.
24:02 -Comment faire en sorte que ça soit...
24:04 -La création d'entreprise,
24:05 qu'elle soit dans la marmite norvégienne,
24:07 dans l'artisanat d'art ou dans le couteau,
24:10 c'est par définition une prise de risque,
24:12 une liberté de la prise de risque.
24:14 Son action, elle économise des tonnes de CO2,
24:18 parce qu'on est au coeur de l'efficacité énergétique.
24:21 Donc c'est un cheminement totalement cohérent de sa part.
24:25 Mais moi, je n'oppose pas
24:27 ceux qui finalement posent des actes assez forts,
24:31 comme lui, en disant "Je sors du système",
24:34 puisque c'est ça, je sors du système.
24:36 Et ceux qui restent pour faire aussi...
24:38 -Changer les choses de l'intérieur.
24:40 -Les grands process industriels,
24:42 on a besoin aussi que le monde économique
24:46 sorte effectivement
24:49 d'un système conventionnel.
24:51 Donc on a aussi des entreprises qui ne jouent toujours pas le jeu,
24:55 et c'est quand même une difficulté.
24:57 -On arrive à la fin de cette émission.
24:59 Un dernier petit rituel avant de se quitter.
25:01 Trois bonnes raisons de venir s'implanter en Loire-Atlantique.
25:05 -Il y a énormément de bonnes raisons de venir en Loire-Atlantique.
25:09 C'est un département extraordinairement agréable à vivre,
25:12 avec beaucoup de nature, c'est très beau,
25:15 il y a un dynamisme culturel,
25:17 une capacité de projet commun très importante,
25:20 une capacité de résistance aussi.
25:22 C'est ici quand même qu'un grand projet d'infrastructure
25:25 n'a pas vu le jour à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes,
25:28 avec des gens qui travaillent ensemble en semaine
25:31 et qui allaient manifester les uns contre les autres le dimanche.
25:34 C'est très particulier, c'est la Bretagne aussi,
25:37 c'est un département breton culturellement à ce niveau-là.
25:40 C'est un département de projet commun.
25:43 On parle souvent du "Joël à Nantes" pour l'EFC Nantes,
25:46 mais c'est vrai que c'est un département
25:48 où les uns et les autres savent travailler ensemble.
25:51 Donc on est effectivement dans une terre extrêmement ouverte,
25:55 qui accueille, mais qui, du coup, assèche parfois d'autres territoires.
25:59 Donc avant de venir, il faut aussi se demander
26:01 si, finalement, on n'est pas plus utile là où on est.
26:05 -Merci, Ronald Dantec, de nous avoir fait découvrir
26:08 la Loire-Atlantique. Merci de nous avoir accueillis.
26:11 Merci aussi aux chefs d'entreprise. Merci à vous de nous avoir suivis.
26:15 A très bientôt. Merci.
26:16 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
26:18 Générique
26:20 ...

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