Ils ne font pas de dîners d’affaires mais sont pourtant notre trésor national. Ils appartiennent au monde de ceux qui se lèvent tôt. Les tracteurs étaient dans la rue. Les agriculteurs sont en colère. A deux semaines du salon de l’agriculture, ils essayent de se faire entendre. Alors Eric Morillot leurs donne la parole. Ils sont cinq paysans plein de bon sens et de passion. Ils sont les portes paroles de ceux qui vous nourrissent.
Au programme de cet épisode :
1) Agriculteur, une profession en péril ?
Quelles sont les difficultés des paysans aujourd’hui ? Pourquoi les a-t-on abandonnés ? Qui sont les responsables ? Comment réhabiliter ce noble métier ?
2) La souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe : une chimère ?
Faut-il en finir avec le libre-échange ? Peut-on assurer souveraineté alimentaire et transition écologique ?
Au programme de cet épisode :
1) Agriculteur, une profession en péril ?
Quelles sont les difficultés des paysans aujourd’hui ? Pourquoi les a-t-on abandonnés ? Qui sont les responsables ? Comment réhabiliter ce noble métier ?
2) La souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe : une chimère ?
Faut-il en finir avec le libre-échange ? Peut-on assurer souveraineté alimentaire et transition écologique ?
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00:00:13 Bienvenue d'Eastro-Liberté, le débat libre et non conformiste.
00:00:16 Au programme de cet épisode...
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00:00:21 Agriculteur, une profession en péril ?
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00:00:28 Et en seconde partie, la souveraineté alimentaire de la France et de l'Europe, une chimère ?
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00:00:37 Les tracteurs étaient dans la rue, les agriculteurs sont en colère.
00:00:41 Ils appartiennent au monde de ceux qui se lèvent tôt.
00:00:45 Ils sont les porte-parole de ceux qui vous nourrissent.
00:00:48 Ils ne font pas de dîner d'affaires, mais sont pourtant notre trésor national.
00:00:53 À deux semaines du Salon de l'Agriculture, ils essayent de se faire entendre.
00:00:57 Alors Eric Moriot leur donne la parole.
00:01:00 Je vous demande d'accueillir...
00:01:02 Christian Chierven, 54 ans, arboriculteur en conventionnel et en bio à Casselles-Arrasin.
00:01:08 Et coprésident de la coordination rurale du Tarn-et-Garonne depuis 2005.
00:01:13 Pierre-Jaume Mercadal, 36 ans, éleveur de cochons, laineux dans le Tarn-et-Garonne.
00:01:19 Philippe Boulet, le paysan bio du Maine-et-Loire qui rue dans le Bocage et qui est président du CAV Anjou.
00:01:26 Alexandre Pacht, exploitant agricole, il se bat contre la PAC et toutes les absurdités administratives.
00:01:33 Et enfin, Philippe Grégoire, agriculteur en production laitière bio, coprésident du SAMU social agricole nationale
00:01:41 et responsable agricole chez République souveraine.
00:01:44 [Applaudissements]
00:01:48 Je crois que depuis que j'ai l'honneur de présenter cette émission, c'est la plus longue standing ovation que j'ai donc vue.
00:01:55 Donc vraiment, encore une fois, merci à vous tous. Vraiment, on est particulièrement fiers, au nom de toute l'équipe aussi de TV Libertés,
00:02:02 de vous accueillir, d'avoir réussi à réunir ce plateau. C'était pas facile, mais je tiens vraiment à vous remercier
00:02:07 puisque vous êtes pour la plupart tous venus exceptionnellement et vous repartez aussi dans la foulée.
00:02:13 Donc vraiment, un grand merci. Je crois qu'on peut aussi applaudir le public qui est avec nous.
00:02:18 [Applaudissements]
00:02:23 Qui est particulièrement nombreux ce soir. Alors, chers amis, vous l'avez compris, donc on va beaucoup parler de ce monde agricole,
00:02:30 de ces agriculteurs, de ces paysans, notre richesse nationale, comme Arnaud Soyez l'a souligné lors de l'introduction.
00:02:37 Chers amis, je vous propose de commencer cette émission en parlant de vous, si vous le voulez bien, de ce métier, de paysans et de vos difficultés.
00:02:43 On abordera dans la seconde partie de l'émission le bilan de cette crise à 15 jours seulement, donc, du Salon de l'agriculture.
00:02:50 Alors d'abord, très rapidement, je voudrais faire un tour de table avec du concret, du chiffre, pour se faire un petit peu une idée de ce que vous vivez au quotidien
00:02:59 et ce que chacun a tour de rôle. Vous pouvez nous dire donc quelle est votre activité, quelle est votre durée de travail hebdomadaire,
00:03:07 le nombre de jours de vacances que vous prenez, surtout, si vous le voulez bien, le salaire annuel que vous arrivez ou pas à dégager.
00:03:16 Donc, écoutez, on va peut-être commencer par vous, Pierre-Guillaume. Est-ce que vous pouvez donc répondre à quelques-unes de ces questions ?
00:03:24 – Écoutez, j'ai 36 ans, je suis éleveur de cochons-laineux dans le Tarn-et-Garonne, que je transforme en charcuterie.
00:03:31 Au niveau du travail hebdomadaire, on doit être à quelque chose de l'ordre au moins des 70 heures semaine.
00:03:37 Les congés, peu, ça dépend, mais c'est peu parce que c'est compliqué d'être remplacé si on veut partir.
00:03:44 Et au niveau de la rémunération, ça va démarrer cette année pour moi, pour des raisons autres que celles de la crise agricole dont on parlera peut-être,
00:03:54 mais on reviendra peut-être dessus plus tard.
00:03:56 – Merci beaucoup. Alors à vos côtés, Alexandre Pate. Merci encore, vous aussi, d'avoir accepté de participer à cette émission.
00:04:03 Donc, est-ce que vous pouvez nous dire, voilà, en quelques mots, quelle est votre activité d'abord,
00:04:08 comme on vient de le souligner avec votre voisin, votre durée de travail hebdomadaire,
00:04:12 et puis donc cette partie rémunération qui est si importante ?
00:04:15 – Oui, je vous remercie de m'avoir invité d'ailleurs, merci beaucoup.
00:04:20 Donc, moi je suis paysan depuis maintenant l'âge de 18 ans,
00:04:26 ça fait 43 ans que je travaille sur l'exploitation agricole, qui est une exploitation serrée et allière.
00:04:31 On cultive 117 hectares, mais comme je n'arrivais pas à vivre de cette activité-là,
00:04:38 je suis pluriactif et je travaille dans le domaine aérien.
00:04:42 Et donc, ce qui fait qu'entre les deux travails, je suis quand même relativement occupé.
00:04:48 Donc, sur l'exploitation agricole, je dirais qu'en moyenne, on travaille une trentaine d'heures par semaine,
00:04:55 mais au total, on est pareil aux alentours de 50-60 heures, puisque je travaille aussi le samedi et le dimanche.
00:05:02 – Il n'y a pas de week-end quoi ?
00:05:04 – Il n'y a pas de week-end, puisque je travaille dans le monde du loisir,
00:05:08 donc là comme ça le problème est résolu, les gens viennent le week-end.
00:05:12 Et puis les vacances, c'est pareil, ça fait 3-4 ans qu'on n'avait pas pris de vacances,
00:05:18 là on a pris 8 jours cet hiver, mais sans quoi,
00:05:22 du fait qu'on travaille dans un monde agricole et de la pluriactivité, c'est difficile quoi.
00:05:28 Au niveau du salaire sur l'exploitation agricole, j'ai regardé avant de venir,
00:05:33 j'arrive en moyenne sur 5 ans à faire à peu près 1 500 euros par mois.
00:05:39 En moyenne sur 5 ans, en sachant qu'il y a des années où je suis à 700-800 euros,
00:05:44 et d'autres années où j'arrive à faire un petit 2 000 euros, et encore c'est plus 1 700.
00:05:52 Et on est dans une très belle région qui est la Bourse,
00:05:55 mais malheureusement même dans les céréales aujourd'hui,
00:05:59 avec une centaine d'hectares, on a quand même du mal à joindre les deux bouts, on va dire.
00:06:06 – Alors à vos côtés, merci en tout cas d'avoir encore une fois accepté d'être avec nous,
00:06:10 Philippe Grégoire, Philippe Grégoire, il y a un petit peu une image à bord,
00:06:14 parce que vous avez même une chaîne YouTube, je crois,
00:06:16 à laquelle vous participez très activement, donc vous avez déjà une petite notoriété.
00:06:21 Philippe, alors est-ce que vous pouvez vous aussi répondre
00:06:23 aux différentes questions que j'ai posées ?
00:06:24 Donc d'abord nous présenter un peu votre activité, votre exploitation,
00:06:28 et puis combien de temps vous travaillez, pour combien à l'arrivée ?
00:06:31 – Alors tout d'abord, merci de m'inviter.
00:06:34 Donc moi je suis agriculteur à côté d'Angers dans le Ménéloir,
00:06:37 donc je me suis installé le 1er janvier 88,
00:06:40 j'exploite aujourd'hui environ 140 hectares en herbe.
00:06:44 J'étais avant en conventionnel, j'ai basculé en bio plus tard, donc avec mon épouse.
00:06:50 Sur une moyenne carrière, je suis, comme les chiffres qu'on détient de l'INSEE et de l'AMSA,
00:06:56 sur une moyenne carrière avec amortissement en élevage, je suis à 1000 euros.
00:07:01 Puisque quand on décortique les chiffres, je ne parle qu'avec de l'élevage.
00:07:06 Quand il y a d'autres cultures à côté, ça peut être 1200, 1300, 1500.
00:07:10 Mais on est à 1000 euros sur une carrière.
00:07:13 Donc on peut avoir, comme il l'a dit, des moments à 1500,
00:07:16 des années à 1500 ou 1300, puis on peut avoir des années à 547.
00:07:21 Donc c'est pour ça que je parle de 1000.
00:07:23 Alors c'est 70, 80 heures semaine, forcément, c'est un temps de présence.
00:07:28 La particularité de l'élevage, c'est qu'on ne peut pas quitter son exploitation sans trouver une personne.
00:07:36 Moi, j'ai une chaîne YouTube, souvent quand je réponds aux émissions, Berkhoff ou autre,
00:07:42 c'est souvent en visio, parce que là je suis venu ici, mais je peux venir que si mon voisin peut me remplacer.
00:07:50 Sinon, je ne peux pas me déplacer. Parce que c'est du vivant.
00:07:54 Et avec du vivant, dès que vous êtes parti de l'exploitation, tout d'un coup, allo ?
00:07:59 La vache veut faire un petit voie, elle ne peut pas véler.
00:08:01 Donc ma femme, elle ne peut pas tout faire toute seule, elle ne conduit pas les tracteurs et tout.
00:08:05 Donc avec du vivant, des vaches, des canards, des cochons, c'est une présence tout le temps, toute l'année.
00:08:11 Donc qui dit vacances, dit trouver un remplacement.
00:08:14 Donc les vacances en 40 ans, moi je ne suis pas un passionné de vacances,
00:08:17 mais c'est plus gênant pour les enfants que pour nous.
00:08:21 On n'a pas dû prendre un mois en 40 ans.
00:08:23 Mais mes parents, c'était encore pire. Ils ne sortaient jamais.
00:08:26 Le problème était résolu.
00:08:29 Et on ne peut pas prendre de vacances, non pas parce qu'on ne pourrait pas trouver de remplacement,
00:08:34 on ne prend pas de vacances parce qu'il n'y a pas la rémunération pour payer les remplacements.
00:08:37 Mais ça, j'en reparlerai après.
00:08:39 – C'est intéressant ce que vous dites, parce qu'on avait peut-être vu,
00:08:42 je ne sais pas si vous avez vu sur les réseaux sociaux,
00:08:44 qui fait beaucoup parler de cette jeune fille de 14 ans,
00:08:47 qui a donc pendant que ses parents étaient en train de manifester à Paris,
00:08:52 qui était avec son grand-père d'ailleurs, qui s'occupait de l'exploitation.
00:08:57 Et finalement, vous êtes en train de nous dire que ça c'est monnaie courante ?
00:09:00 – C'est monnaie courante parce que dans les propositions qui n'ont pas été faites par le gouvernement,
00:09:04 il faudrait notamment l'assurance Lommeclé.
00:09:06 L'assurance Lommeclé c'est quoi ?
00:09:07 Il faudrait au moins qu'on puisse se faire remplacer en tant que chef d'entreprise
00:09:10 pour, on a droit à 29 euros par jour quand on a un accident ou le cancer,
00:09:15 29 euros par jour, rendez-vous compte ?
00:09:17 Comment payer quelqu'un avec 29 euros par jour ?
00:09:19 Donc si on avait l'assurance Lommeclé, qui coûterait 6 000 euros à l'année,
00:09:23 mais comme on n'a pas les moyens de se payer ça,
00:09:25 on devrait avoir deux salariés temps plein pour se faire remplacer,
00:09:28 puisque il faut deux salariés temps plein.
00:09:30 Avec la législation du travail, le jour de Noël, les week-ends,
00:09:33 et on est loin de tout ça.
00:09:34 Donc qui c'est qui nous remplace ?
00:09:36 Je vais vous le dire, c'est les enfants, c'est les neveux, c'est les beaux-frères,
00:09:40 c'est les parents, parce que les parents dans ce métier-là,
00:09:43 ils travaillent jusqu'à 80 ans.
00:09:45 Voilà.
00:09:46 – Il n'y a pas de retraite à 65 ans ?
00:09:48 – Pas dans le monde agricole, parce que les parents, si vous voulez,
00:09:51 ils veulent voir l'exploitation perdurer.
00:09:54 Donc ils vont aller jusqu'à la mort soutenir les enfants
00:09:57 pour pas que ce qu'ils ont monté sur une génération,
00:10:00 ou les générations d'avant, ça s'arrête.
00:10:02 Donc en fait ils continuent de travailler.
00:10:03 Moi je les appelle les dermatos, ils travaillent pour la peau.
00:10:06 – C'est vrai.
00:10:07 Merci en tout cas pour cette présentation.
00:10:09 Alors il y en a encore deux à mes côtés.
00:10:11 Donc d'abord, c'est Christian Skiewent, si je prononce bien.
00:10:14 – Oui, c'est bien ça.
00:10:15 – Alors à votre tour, si vous voulez bien vous présenter,
00:10:18 enfin présenter votre exploitation, ce que vous faites exactement,
00:10:21 et puis vos journées de congés, si vous en prenez, et votre rémunération.
00:10:25 Et d'où vous venez ?
00:10:27 – Alors je suis agriculteur dans le Tarn-et-Garonne,
00:10:30 sur la commune de Cassel-Sarrazin.
00:10:33 J'exploite à peu près une ferme qui fait à peu près,
00:10:37 avec une société à peu près une centaine d'hectares, 120 hectares.
00:10:44 En verger, il y en a à peu près une quarantaine,
00:10:47 mais une trentaine en bio, et une dizaine, douzaine en conventionnel.
00:10:53 La difficulté qu'on a, c'est aussi pour se faire remplacer,
00:10:58 et je remercie un ami qui travaille avec moi sur la ferme,
00:11:02 et il est agriculteur aussi.
00:11:05 On a passé une convention entre nous, pour qu'il puisse me seconder,
00:11:11 souvent quand je m'en vais, notamment aujourd'hui.
00:11:14 – On le remercie d'ailleurs.
00:11:15 – Et je le remercie beaucoup.
00:11:17 – Ça va être comment ?
00:11:18 – Je remercie Ahmed.
00:11:19 – Et bien voilà, Ahmed, on vous remercie.
00:11:20 – On le remercie, je suis fier d'être son ami,
00:11:22 je pense que c'est réciproque.
00:11:24 Et ensuite, les prises de congés, c'est…
00:11:30 J'ai une famille, j'ai ma femme, j'ai deux enfants qui sont en médecine,
00:11:36 donc il faut assumer les études.
00:11:40 On en est fiers, bon, et ma femme, mais les prises de congés,
00:11:44 c'est très compliqué, c'est souvent l'objet,
00:11:48 on a du mal à se retrouver ensemble, de dégager du temps,
00:11:53 au-delà d'une semaine, c'est déjà beaucoup.
00:11:57 Alors, en culture fruitière, c'est très rendant de scie,
00:12:01 les périodes hivernales sont plus calmes, on fait la taille,
00:12:04 on fait un peu tout ça, donc il y a moins d'exigences,
00:12:09 l'exploitant de présence, mais c'est moins intense.
00:12:14 Lorsqu'on arrive vers l'été, où il faut faire les irrigations,
00:12:18 le suivi des irrigations, et puis surtout la récolte,
00:12:21 où on a beaucoup de saisonniers, et les rémunérations,
00:12:25 c'est encore plus rendant de scie, c'est en fonction du marché,
00:12:29 on peut gagner énormément et être hyper taxé,
00:12:33 alors on a des concours avec les comptables pour étaler,
00:12:36 et notamment la période qu'on vit aujourd'hui,
00:12:39 on en fait des bonnes saisons passées, et là, on fait des creux d'autant,
00:12:45 autant ce qu'on a gagné, on le perd.
00:12:48 C'est très compliqué à gérer, très compliqué au niveau comptable,
00:12:53 surtout que les systèmes comptables, comme ils sont organisés et faits,
00:12:57 il faudrait pouvoir anticiper des investissements
00:13:01 pour éviter des surtaxations, et ça, c'est très compliqué.
00:13:05 Les rémunérations, je vais vous dire, je moque trop,
00:13:09 entre 1 000 et 2 000 euros, c'est aléatoire,
00:13:13 mais les paysans, on est des artisans, on a du capital,
00:13:17 et souvent, on le sort, ce besoin,
00:13:21 parce qu'on en a besoin, elle et ma femme,
00:13:23 pour payer les études des enfants, et nous-mêmes,
00:13:27 mais ce qui fait le creux, c'est les endettements.
00:13:31 Les paysans sont souvent endettés pour pouvoir vivre,
00:13:36 et quand ça dérape, c'est que l'endettement monte trop haut,
00:13:40 et c'est là que les machines infernales se mettent en route,
00:13:43 on vous liquide, on vous saisit, etc.
00:13:49 – En tout cas, jusqu'à maintenant, vous êtes un petit peu dans,
00:13:53 c'est ça, une économie de 1 000 à 2 000 euros mensuels,
00:13:56 et encore, on parle des presque bons mois, comme vous le disiez.
00:13:59 – Oui, on n'a pas parlé du capital.
00:14:01 – Pas de 1 000 euros par mois, les doigts croisés, non.
00:14:05 – Merci en tout cas, Christian, d'être là,
00:14:07 et puis le dernier, pour clore cette partie introduction de chacun de vous,
00:14:11 Philippe Boulet, merci beaucoup d'être avec nous,
00:14:14 vous venez d'Anjou, je crois, c'est ça ?
00:14:15 – Paysan, oui, paysan dans le Ménéloir, à Segrès,
00:14:18 c'est une petite ville charmante située sur l'axe Angers-Rennes,
00:14:22 à 40 km d'Angers et 80 de Rennes.
00:14:24 Là où il y a la mine bleue, si vous ne savez pas quoi faire
00:14:26 pendant vos vacances, vous qui avez le temps d'y aller,
00:14:28 ou les moyens d'y aller, il y a une mine qui est à visiter
00:14:32 à -127 mètres sous terre, une ancienne mine lardoise,
00:14:35 pour la promotion d'un attrait touristique qu'on a par chez nous.
00:14:39 Donc moi je suis paysan bio depuis 23 ans,
00:14:42 paysan depuis que je suis en couche culotte, quasiment,
00:14:47 j'ai eu la chance, je suis toujours sur la ferme de mes parents,
00:14:50 où mes parents se sont installés quand j'avais 2 mois,
00:14:52 voilà, donc il y avait 17 vaches quand mes parents sont arrivés en 1965,
00:14:56 et maintenant il y en a 125, on a 125 vaches laitières
00:15:00 avec une activité de transformation, 20% de la production
00:15:02 en transformation de produits laitiers, fermiers, bio,
00:15:05 et en vente directe, et puis une activité de ferme pédagogique aussi.
00:15:08 Voilà, c'est une ferme où il y a eu jusqu'à 7 personnes à travailler
00:15:11 il y a peu de temps, il y a 3 ans on était encore 7 à travailler sur la ferme,
00:15:14 alors il y avait moi comme gérant, j'ai la chance d'avoir un fils de 29 ans
00:15:17 qui est salarié, mais qui a un bon second, quand il n'est pas devant moi,
00:15:23 et puis les autres c'était des salariés ou apprentis,
00:15:26 et puis là maintenant j'avoue qu'on n'est plus que 3,6,
00:15:30 parce que la bio est en crise depuis 3 ans,
00:15:33 2ème déconfinement, les gens ont arrêté de manger bio,
00:15:35 la bio n'a pas été soutenue par le gouvernement du tout,
00:15:38 le plan Egalim qui aurait dû être appliqué n'a pas été appliqué,
00:15:40 donc moralité on a trop de production bio sur le marché,
00:15:42 donc la production laitière bio que je fais est en pleine crise,
00:15:45 et donc ça va très très mal, et donc chaque mois qui passe
00:15:49 fait que l'endettement s'accroît au niveau de ma ferme.
00:15:52 Alors le salaire, il est plus élevé que ce qu'on vient d'entendre
00:15:55 dans ce moment, mais moi c'est pour faire face à des échéances,
00:15:58 j'ai une histoire où j'ai eu une famille recomposée de 9 enfants
00:16:00 qui a éclaté, où il a fallu loger tout le monde, investir pour ça,
00:16:03 donc j'ai pas le choix, j'ai des remboursements élevés,
00:16:06 mais j'arrive pas à concilier et ces remboursements privés élevés
00:16:09 et la fonctionnement de la ferme en ce moment c'est très dur.
00:16:13 – Vous avez 9 enfants ?
00:16:15 – Et on a eu une famille recomposée de 9 enfants.
00:16:17 – Donc vous participez à armer la natalité en France ?
00:16:19 – Voilà, j'en ai eu 2 d'un premier mariage,
00:16:21 Sandrine ma seconde épouse en avait 3, 4, on en a fait 3 ensemble,
00:16:24 donc on logeait tout le monde à la ferme,
00:16:26 donc il y avait 9 enfants à la ferme à une époque.
00:16:28 Voilà, j'ai la chance d'avoir un fils de 29 ans et un autre de 16 ans
00:16:31 qui a une école d'agriculture et qui sont très motivés par le métier malgré la crise,
00:16:34 lequel fils de 16 ans est omniprésent sur la ferme pendant ses temps de vacances
00:16:38 ou pendant ses week-ends, donc ça fait chaud au cœur
00:16:43 et ça fait plaisir d'avoir des fils qui sont motivés
00:16:45 et qui sont doués pour l'élevage en plus.
00:16:47 – Donc vous avez transmis le virus quoi ?
00:16:49 – Oui, oui, mais dans la famille c'est un petit peu,
00:16:51 je crois que c'est depuis Adam et Ève qu'on est paysans
00:16:53 et ça va continuer encore longtemps.
00:16:55 [Applaudissements]
00:16:58 – Voilà donc pour le petit tour de table, l'introduction.
00:17:01 Juste c'est important, pardon mais comme je suis citadin
00:17:04 et justement je pense qu'il y a beaucoup de gens derrière leur écran
00:17:07 qui doivent peut-être se poser la même question que moi,
00:17:09 sur la terminologie là, tous ici présents autour de moi,
00:17:12 vous préférez agriculteur ou paysan ?
00:17:14 Est-ce qu'il y en a un que vous considérez finalement péjoratif ou pas ?
00:17:17 Est-ce que voilà, comment…
00:17:19 – Alors je suis paysan, on est tous agriculteur et paysan
00:17:21 mais on n'est pas exploité en agricole.
00:17:23 Alors on n'exploite pas la terre de nos ancêtres,
00:17:25 la terre qu'on emprunte à nos enfants.
00:17:27 – Vous l'empruntez.
00:17:29 [Applaudissements]
00:17:30 Vous êtes tous d'accord ?
00:17:31 – Ah moi je suis paysan.
00:17:32 – Bon, et bien écoutez alors…
00:17:33 – Je suis paysan et gaulois.
00:17:35 – Et gaulois, et bien ça tombe bien parce que
00:17:37 on est très gaulois à TV Liberté également,
00:17:39 en tout cas on prêche pour ça.
00:17:41 Et bien écoutez, je pense que voilà, les présentations sont faites,
00:17:44 on va commencer tout de suite par ce premier débat, tout de suite.
00:17:47 [Générique]
00:17:51 – Agriculteur, une profession en péril,
00:17:54 quelles sont les difficultés des paysans aujourd'hui ?
00:17:57 Pourquoi les a-t-on abandonnés ?
00:17:59 Qui sont les responsables ?
00:18:01 Comment réhabiliter ce noble métier ?
00:18:03 [Générique]
00:18:07 [Applaudissements]
00:18:08 – Voilà, donc vous l'avez compris, cette émission, c'est la tradition,
00:18:14 s'articule en deux longs débats auxquels on va tous participer.
00:18:18 Vous pouvez tous évidemment interagir,
00:18:20 c'est ça qui fait justement le côté vivant de cette émission.
00:18:23 Donc dans une première partie, on va un petit peu essayer
00:18:26 de vous reposer des questions, enfin vous allez nous parler
00:18:29 de votre métier au quotidien parce que c'est important,
00:18:31 puis dans un deuxième temps, on parlera deux semaines
00:18:33 du Salon de l'agriculture, de ce bilan, de cette crise agricole
00:18:35 et de l'avenir, comment vous le voyez.
00:18:37 Alors tout d'abord, on va commencer par votre activité d'agriculteur
00:18:42 et de paysan.
00:18:43 Est-ce que d'abord, tous ici présents, vous attendiez,
00:18:47 lorsque vous avez commencé à l'être, donc agriculteur,
00:18:50 à de telles conditions de vie, Pierre Guillot ?
00:18:53 – Oui, oui, oui, parce que c'est pas…
00:18:56 la problématique n'est pas d'aujourd'hui, c'est…
00:19:00 on en est là à cause d'années de politique agricole
00:19:02 qui marche complètement sur la tête et de décisions
00:19:06 toutes hors sol, les unes plus que les autres,
00:19:10 depuis des décennies en fait, comme d'ailleurs
00:19:12 pour beaucoup de problèmes politiques dans ce pays.
00:19:15 Ça fait des décennies qu'on va dans le mur, donc voilà.
00:19:18 – Vous êtes tous d'accord là-dessus, Philippe ?
00:19:21 – Oui, je dirais que pour moi, si je mettais en ordre de priorité
00:19:26 pourquoi ça déviait comme ça, depuis l'après-guerre,
00:19:30 c'est par rapport à la formation, les formations qu'on a eues agricoles.
00:19:34 On nous a orientés vers un modèle agricole
00:19:37 où on nous a dit en gros, les gars, vous allez travailler beaucoup,
00:19:40 vous n'allez pas beaucoup réfléchir, on va vous payer des beaux tracteurs,
00:19:43 on va arracher les haies, on va faire du remembrement,
00:19:46 vous allez travailler plus pour gagner moins.
00:19:49 Et donc on a fait des gains de productivité énormes,
00:19:52 depuis l'après-guerre, multipliés par 30,
00:19:55 et ces gains de productivité ont été dans les bras
00:19:59 de l'agroalimentaire et des intermédiaires,
00:20:01 puis après le dernier maillon, la grande distribution qui se sert.
00:20:05 Donc tout le monde s'est bien servi sur le dos des agriculteurs.
00:20:08 Et en fait, on a formaté les gens à produire, produire, produire,
00:20:12 sans avoir la maîtrise sur notre produit.
00:20:15 Parce que ce qui est choquant quand même, c'est qu'il y a 80-20,
00:20:18 il y a quand même 80% des agriculteurs qui gagnent moins du SMIC brut,
00:20:21 et bizarrement, ces 80%-là ne font pas leur facture.
00:20:25 Ils passent soit par un outil de transformation, un abattoir, une laiterie,
00:20:30 ou des coopératives viticoles, ou des coopératives légumières.
00:20:34 Et les 20% qui gagnent bien leur vie, c'est des gens qui stockent la céréale,
00:20:38 ils la vendent, ou c'est des viticulteurs qui mettent en bouteille.
00:20:42 Donc le fait d'avoir perdu sa facture, de ne pas avoir la facture,
00:20:47 je pense que c'est un élément déterminant.
00:20:49 Et le gouvernement n'a pas parlé qu'on voulait reprendre notre facture,
00:20:52 on va en parler après, mais le débat de la crise, des manifestations,
00:20:57 ils ont complètement détourné le fond du sujet, complètement.
00:21:01 C'était le but du jeu, ils ont fait comme leurs prédécesseurs.
00:21:04 – Alexandre, je vous vois acaissé, pourquoi je vous posais la question
00:21:08 sur les conditions, on va dire, les conditions de vie,
00:21:12 puisqu'on a malheureusement dans l'actualité, de manière assez régulière,
00:21:16 on annonce souvent des suicides, tristement impressionnants d'ailleurs,
00:21:20 en nombre, dans votre profession, ces conditions de vie, vous les dénoncez aussi ?
00:21:26 – Oui, moi j'ai quitté l'école très tôt, à 14 ans,
00:21:30 j'étais en maison familiale après pour passer un BEPA,
00:21:33 j'avais choisi, je suis né dans ma ferme depuis 4 générations,
00:21:38 je suis né à la maison où je vis encore à l'heure actuelle,
00:21:41 et donc j'ai choisi un BEPA en option élevage,
00:21:46 qui était complètement à l'opposé de ce que j'allais faire plus tard,
00:21:50 parce que je voulais connaître l'élevage, comment ça se passait,
00:21:54 et donc l'avantage en maison familiale, c'est qu'on fait un petit peu des stages,
00:21:57 et on fait un petit peu le tour de France,
00:21:59 donc j'avais fait le tour de tous les élevages,
00:22:02 et je suis arrivé dans l'exploitation juste après mon examen,
00:22:07 j'avais 18 ans, c'était en 81,
00:22:11 et 81 c'était ma première manifestation que j'ai faite,
00:22:15 et là je me suis dit, c'est bien ce qu'il me semblait,
00:22:18 ça va être quand même compliqué, même dans les céréales,
00:22:23 et donc après j'ai continué,
00:22:29 92 on a encore refait une manifestation qui a servi à pas grand chose,
00:22:33 on était aussi comme les jeunes à Rungis, la semaine dernière,
00:22:38 où on a pris des grenades décrymogènes,
00:22:40 après ça on a été à Strasbourg manifester aussi,
00:22:44 et puis aujourd'hui on en est toujours au même point,
00:22:47 et ils nous enfoncent de plus en plus,
00:22:51 on a une épée de Damoclès sans arrêt au-dessus de la tête,
00:22:54 on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé,
00:22:56 et cette histoire de facture, je l'ai connue,
00:22:59 parce qu'en 81 j'étais tout frais, tout feu, tout flamme,
00:23:02 et je m'étais lancé dans la culture légumière,
00:23:05 donc on faisait des petits pois de conserve,
00:23:07 parce qu'à Orléans on a la chance d'avoir une conserverie,
00:23:09 des petits pois de conserve, des haricots de conserve,
00:23:12 on faisait des oignons, des pommes de terre,
00:23:14 et là je me suis aperçu que le problème sur la facturation,
00:23:18 c'était un gros problème, parce qu'on ne décidait pas en réalité de nos produits,
00:23:22 ils nous envoyaient les bords d'euros,
00:23:24 alors dans les légumes c'est encore pire que dans les céréales ou dans l'élevage,
00:23:27 enfin je pense, là la camelote part et on n'a pas de prix.
00:23:32 Je vais vous raconter une petite anecdote,
00:23:34 j'ai livré des oignons au mois de février,
00:23:37 à un gros distributeur Tourangeau,
00:23:40 je lui livre 50 tonnes d'oignons en sac de 5 kg,
00:23:44 au paiement 90 jours, au mois de juin, toujours pas de facture.
00:23:51 Je lui téléphone, je lui dis "dites donc, je ne suis pas payé, qu'est-ce que c'est ce bazar ?"
00:23:55 "Ah" il me dit, "ben vous savez pas monsieur Pate, il y a eu la foire aux oignons"
00:24:00 Je lui dis "oui et quel rapport la foire aux oignons ?"
00:24:03 "Ben dis oui, la foire aux oignons baisse les prix, les trucs, on en donne beaucoup et tout ça,
00:24:08 et puis il y avait un camion, on l'a foutu à la poubelle, il était complètement pourri"
00:24:13 Je lui dis "et alors, où est le problème ?"
00:24:15 "On est au mois de juin, je vous ai livré la camelote au mois de février,
00:24:18 non seulement vous ne m'avez pas dit qu'il y avait la foire aux oignons,
00:24:21 que vous alliez faire des prix etc etc,
00:24:23 et en plus de ça le camion pourri c'est sûr et certain que si vous l'avez gardé jusqu'au mois de juin,
00:24:27 il est pourri, mais à mon avis vous l'avez vendu bien avant."
00:24:29 Résultat des coups, je me suis assis sur 50 tonnes d'oignons.
00:24:33 Et oui, et oui, et on ne peut rien faire, c'est les rois du pétrole,
00:24:37 et si on rouspète de toute façon, ils ne nous prennent plus le clameau.
00:24:41 D'ailleurs, je vais vous dire sincèrement, un an après, j'ai arrêté de fabriquer,
00:24:44 j'ai arrêté de faire des oignons.
00:24:46 Et j'ai arrêté juste après, j'ai changé complètement mon modèle dans l'agriculture,
00:24:51 c'est là que je suis devenu plus réactif, parce que je dis,
00:24:54 on va vivre un monde de fou dans ce domaine là, c'est plus possible.
00:24:58 Donc voilà, un petit peu, je vous rejoins aussi sur tous ces problèmes là.
00:25:03 – Christian, vous avez été confronté à ce type de mésaventure.
00:25:06 – Ah mais dans le fruits et légumes, c'est une guerre infernale, exacerbée.
00:25:12 Le lait, bon, c'est différent, c'est un travail du quotidien,
00:25:16 c'est à peu près linéaire, enfin bon, il y a une saisonnalité,
00:25:20 mais les fruits et légumes, c'est une guerre commerciale phénoménale.
00:25:25 Nous ce qu'on relève depuis des décennies, c'est qu'il y a une, comment dire,
00:25:30 il y a une confiscation de l'accès au marché.
00:25:34 La distribution, on ne peut pas l'exonérer du problème qu'on vit aujourd'hui.
00:25:41 J'entends souvent, il est sorti des papiers d'ailleurs,
00:25:45 pour l'exonérer, pour dire que le problème, c'est surtout pas eux,
00:25:49 je pense qu'ils en sont un peu les responsables.
00:25:53 C'est toujours le moins-disant.
00:25:55 Le moins-disant, les grands distributeurs, ils ne veulent pas une myriade d'apporteurs,
00:26:03 ils veulent que ce boulot soit fait par des intermédiaires,
00:26:06 et ces intermédiaires, ils se battent entre eux
00:26:09 pour pouvoir avoir du référencement dans les magasins.
00:26:13 Et derrière cela, il y a la production qui, elle, est éclatée.
00:26:17 On ne peut pas jouer de égal à égal avec aujourd'hui 5, 4 centrales d'achat en France.
00:26:26 On ne peut pas répondre, nous, avec 5 blocs de production.
00:26:30 C'est très compliqué au niveau de la production.
00:26:32 Donc, il y a une moins-disance de l'offre par du référencement, ça fait que…
00:26:38 – Parce qu'ils vous tiennent, c'est ça, en gros.
00:26:41 Les 50 tonnes, vous êtes assis dessus,
00:26:43 mais parce que si vous aviez l'espoir de leur revendre après,
00:26:46 il fallait vous asseoir dessus.
00:26:48 – Voilà, c'est ça. Mais on a le même problème avec Rungis.
00:26:51 Moi, je livrais des oignons à l'époque à Rungis.
00:26:53 Le gars me téléphonait à minuit, 1h du matin, il me disait comme ça,
00:26:56 "Voilà, tu peux me faire 10, 12 tonnes de camelotes, de pommes de terre,
00:27:00 ou d'oignons et tout ça." On discutait un petit peu du prix.
00:27:03 "Ah non, non, non, je ne cherche pas, c'est ce prix-là.
00:27:06 De toute façon, j'ai des camions qui sont partis de Hollande,
00:27:10 ils sont sur la route, ils n'étaient pas encore vendus."
00:27:13 Il dit "Où tu prends, où tu ne prends pas."
00:27:15 Et moi, à 5h du matin, on chargeait les oignons et on les emmenait à Rungis,
00:27:19 les oignons ou les pommes de terre.
00:27:20 Et on avait une concurrence avec Rungis, comme vous, vous devez avoir aussi.
00:27:24 – La concurrence, en fait, ils se servent beaucoup de l'importation
00:27:27 pour ajuster les volumes, pour jouer sur les prix.
00:27:31 C'est-à-dire qu'ils sont capables de… sur une saison,
00:27:33 on va prendre le sujet de la pomme qui se conserve,
00:27:36 on peut garder de la pomme pendant 6, 7 mois.
00:27:39 Et en fonction des niveaux de récolte qu'on a annuellement,
00:27:43 ils voient à peu près la situation et ils se disent
00:27:46 "Bon, il va manquer 200, 300, 400 000 tonnes."
00:27:49 Ils mettent en programme de l'importation
00:27:52 pour un peu gaver la pompe de l'étalage et tirer les prix du local.
00:27:59 Ils sont prêts à payer même 3 fois le prix à l'importation
00:28:02 pour nous faire baisser à nous nos prix sur le territoire.
00:28:06 Et face à ça, on est un peu démunis.
00:28:10 Ce qui est dommage, c'est que nous, aussi producteurs,
00:28:13 on n'arrive pas à s'organiser pour caler l'offre à part la demande.
00:28:18 Et ça, c'est très compliqué et la distribution joue beaucoup là-dessus.
00:28:23 – Philippe ? – Alors, excuse-moi, tu…
00:28:26 – C'était juste pour donner un exemple sur les fruits,
00:28:29 d'un autre problème qu'il y a, qui est lié à la grande distribution,
00:28:32 et dont les paysans sont le dindon de la farce.
00:28:35 C'est que moi, par exemple, pendant près de 3 ans,
00:28:37 j'ai nourri mes cochons qu'avec de la récupération.
00:28:39 Parce que j'ai démarré avec juste quelques reproducteurs au départ.
00:28:42 Et donc nous, le Tarn-et-Garonne, on produit énormément de fruits et légumes.
00:28:45 Et donc, dans les centrales fruitières, celles qui rachètent les fruits
00:28:48 de tous les paysans, en fait, vous avez des calibreuses.
00:28:51 Et les fruits et légumes qui arrivent, qui sont parfaits pour la consommation,
00:28:54 s'ils sont trop petits ou trop gros, ils sont jetés.
00:28:56 Et la centrale fruitière, et il y en a plusieurs,
00:28:59 mais la centrale fruitière où je récupérais, jette 5 à 7 tonnes de fruits par semaine.
00:29:02 Et ils payent pour le faire détruire.
00:29:04 Donc moi, je récupérais gratuitement.
00:29:06 Pour vous donner une idée qui va parler à tout le monde,
00:29:08 vous voyez le prix que coûte une barquette de 6 kiwis bio, par exemple.
00:29:11 Il y a des semaines où je nourrissais mes cochons avec 2 tonnes de kiwis bio.
00:29:14 Parfait, enfin qu'on pouvait manger, parfait pour la consommation,
00:29:16 pas gâté, juste trop petit ou trop gros pour les calibreuses.
00:29:19 Et ça, les paysans, on ne leur rémunère pas.
00:29:22 Et alors qu'on leur… on prend toute la production,
00:29:25 et après on trie comme ça et on jette, ça n'a aucun sens.
00:29:28 – Comment vous expliquez d'ailleurs que les médias parlent de ces problèmes
00:29:31 en temps de crise, mais jamais en dehors ?
00:29:33 Vous avez une analyse de ça ou pas, Philippe ?
00:29:35 – D'abord, pour compléter ce qui vient d'être dit,
00:29:38 pourquoi on en est arrivé là ? Et pourquoi ça continue et ça persiste ?
00:29:42 Après la seconde guerre mondiale, on disait que la France avait faim,
00:29:45 mais elle avait faim parce qu'en fait, les hommes n'étaient plus au boulot
00:29:47 depuis 6 ans. La seconde guerre mondiale durait 6 ans,
00:29:49 comme tout le monde le sait, et les hommes n'étaient plus au boulot.
00:29:51 Donc il fallait relever des défis, il y avait des stocks de nitrates d'ammonium
00:29:54 qui servaient d'explosifs que les Américains avaient fournis à Toulouse, je crois,
00:29:57 et ils ont dit "mettez ça dans vos… les stocks de nitrates d'ammonium,
00:30:00 ils ont dit "mettez ça dans vos champs et vous verrez,
00:30:02 ça va augmenter la productivité", c'est ce qui s'est fait.
00:30:04 Et que le problème, c'est qu'on est toujours sur ce schéma-là,
00:30:06 on est toujours sur le schéma de nourrir d'abord la France,
00:30:08 et puis après de nourrir le monde.
00:30:10 Et ça, il y a un syndicat qui l'a défendu plus que les autres,
00:30:12 de vouloir nourrir le monde. Il fallait nourrir le monde.
00:30:14 Et on l'a encore entendu il y a peu de temps, au début du conflit en Ukraine,
00:30:17 il fallait absolument qu'on prenne la place des Ukrainiens pour exporter,
00:30:19 pour prendre leur place sur le marché mondial, parce qu'eux ne pouvaient plus exporter.
00:30:23 Donc la difficulté, c'est qu'on a tellement bien produit, qu'on a produit de trop.
00:30:27 Et moi j'apprenais il y a 43 ans, à mon premier cours d'économie
00:30:29 en école d'agriculture, que c'est la loi de l'offre et l'allemande qui fait le prix.
00:30:32 Et que comme c'est organisé depuis 80 ans pour qu'il y ait trop d'offres,
00:30:35 et bien forcément les prix seront toujours faibles.
00:30:37 Et ce qu'on a vu, les conclusions de la semaine dernière, et l'enlevé des barrages,
00:30:39 c'est que toutes les premières mesures qui ont été annoncées,
00:30:41 elles ont été annoncées pour faire en sorte qu'il y ait encore trop d'offres.
00:30:44 Vouloir mettre les 4% de terre en jachère pour avoir plus de productivité,
00:30:47 et puis supprimer les normes environnementales,
00:30:50 pour être sûr que les paysans puissent continuer de produire plus,
00:30:52 donc augmenter leur productivité, et bien comme ça on est sûr
00:30:55 que la productivité va augmenter, que la production va être excédentaire,
00:30:59 et que les prix vont continuer d'être bas.
00:31:01 C'est tout ce qui a été obtenu pour l'instant.
00:31:02 Et c'est pas prêt de s'arrêter tant qu'on dénoncera pas ça.
00:31:04 Parce que les importations certes, mais la planète elle est pas sensible à l'infini,
00:31:09 et les étrangers ne sont pas capables de prendre notre place loin de là,
00:31:15 on reste le premier pays producteur…
00:31:17 – Alors j'ai pris un exemple qui était la pomme, il est pas très bon,
00:31:20 mais on va prendre le blé.
00:31:23 Là la politique qui est menée, on nous dit "c'est moins cher ailleurs"
00:31:27 et ça influe sur nos prix chez nous.
00:31:29 Mais demain on ne produit plus, vous pouvez être sûr que les prix vont exploser,
00:31:34 et on peut s'exposer à une forme de blocus alimentaire.
00:31:41 Je veux dire, si on n'est pas capable de se nourrir soi-même,
00:31:44 on va s'exposer au desiderata,
00:31:46 les zones de production dans le monde qui produisent.
00:31:48 – Mais avant de vouloir nourrir le monde, il faut d'abord commencer à produire nous,
00:31:51 et arrêter de vouloir avoir des échanges dans tous les sens,
00:31:54 comme c'est le cas aujourd'hui, et comme ça continue d'être défendu.
00:31:57 Et il faut absolument que les paysans aient en tête
00:32:00 que leur rôle c'est d'abord de nourrir les gens auprès de chez eux,
00:32:04 avant de nourrir à bas prix.
00:32:06 L'exportation de nos excédents a toujours été foutu en l'air,
00:32:11 les agriculteurs vivrient ailleurs.
00:32:14 Il y a trois ans, je me suis retrouvé par le plus pur des hasards à Florence,
00:32:17 enfin pas par hasard, mais je passais les deux jours
00:32:20 à côté d'un groupe d'émigrés d'une trentaine de personnes d'origine africaine,
00:32:23 et je leur ai demandé ce qu'ils faisaient là,
00:32:25 et on a discuté, et là-dedans il y avait trois paysans sénégalais,
00:32:28 et je leur ai dit "mais qu'est-ce que vous foutez là ?
00:32:30 En Italie, il n'y a pas de débouchés pour vous,
00:32:32 il n'y a pas de boulet pour vous, qu'est-ce que vous faites là ?"
00:32:34 Et ils m'ont dit "bah si je suis là, c'est pas de gaieté de cœur,
00:32:36 c'est parce que moi au Sénégal, j'étais dans la périphérique du Dakar,
00:32:38 j'avais un petit lopin de terre, je produisais des céréales
00:32:40 et je nourrissais des poulets, je vendais mes poulets à Dakar.
00:32:42 Et puis vous là, quand vous avez vos poules reproductrices en Bretagne,
00:32:46 quand elles ont fini leur carrière de poules pondeuses,
00:32:48 vous ne les mangez pas même dans vos cantines scolaires,
00:32:50 vous les congelez, vous les tuez au frais de l'Europe sans doute,
00:32:53 vous les congelez au frais de l'Europe,
00:32:55 et vous les chargez dans un cargo congélateur,
00:32:57 et vous les déchargez à Dakar, et vous appelez ça de l'aide humanitaire,
00:32:59 gratuitement, et moi toutes mes clientes,
00:33:01 elles sont parties chercher du poulet, la poule de réforme bretonne,
00:33:04 au port de Dakar, voilà, et j'ai perdu mes clients,
00:33:06 et c'est pour ça que j'ai quitté le Sénégal.
00:33:09 Et des exemples comme ça, on pourrait les multiplier à l'infini,
00:33:12 continuer à produire n'importe comment en France,
00:33:15 comme on le fait depuis 70 ans, pour exporter des excédents
00:33:18 qui vont tuer les agriculteurs vivriers ailleurs,
00:33:20 et bien ce n'est pas une solution,
00:33:21 parce que ça ne fait pas vivre le paysan français,
00:33:23 et puis ça ne fait pas vivre non plus les étrangers non plus.
00:33:25 Et ça aggrave même les… voilà.
00:33:28 Et donc ça c'est un modèle avec lequel il faut rompre,
00:33:31 mais on n'est pas prêt de le rompre tant qu'on acceptera
00:33:33 de jouer le jeu de ce qu'il nous propose.
00:33:35 – Sur l'invisibilisation du monde agricole dans les médias,
00:33:38 moi j'aurais bien aimé vous entendre là-dessus,
00:33:39 parce que, en dehors des périodes de crise,
00:33:41 on n'en parle pas beaucoup de votre monde agricole.
00:33:44 Comment vous expliquez ça ?
00:33:45 – Moi je voudrais dire, l'invisibilité, elle est programmée,
00:33:50 je veux dire, on nous invisibilise volontairement,
00:33:53 il n'y a qu'une voix qui doit représenter l'agriculture,
00:33:58 c'est les représentants de cette puissante agroalimentaire
00:34:02 qui représentent des grandes forces multinationales.
00:34:06 Et là-dedans, les paysans, ils n'ont pas d'aura au niveau des médias.
00:34:13 On ne leur donne pas la parole.
00:34:16 – Il y a l'émission "Carré le marchand", je ne sais pas ce que vous en pensez,
00:34:19 c'est un peu caricatural, non ?
00:34:21 Qu'est-ce que vous en pensez de vous-même ?
00:34:22 Du célibat d'abord des paysans.
00:34:24 Sur "Carré le marchand", je sens que vous avez envie de réagir.
00:34:28 Elle a dû vous soutenir.
00:34:30 – Ah non, mais je n'ai absolument rien contre cette dame,
00:34:32 je vais être honnête avec vous, je n'ai pas la télé,
00:34:33 donc je n'ai jamais vu son émission.
00:34:35 Le principe me dépasse un peu, mais pourquoi pas,
00:34:37 si des gens sont heureux de faire ça, tant mieux pour eux.
00:34:39 Non, par contre, pour la médiatisation, moi je pense que c'est simple,
00:34:41 c'est que les médias appartiennent, je vais employer un gros mot,
00:34:45 mais au grand capital, on va dire, et que la politique européenne
00:34:48 n'en a rien à cirer des peuples ou des pays d'Europe
00:34:51 et que c'est que le capital et le pognon qui comptent.
00:34:53 C'est pour ça qu'on fait ces accords de libre-échange
00:34:55 qui n'ont absolument aucun sens par rapport à tous les pays d'Europe.
00:34:59 Ça tue les paysans et à la fin, c'est tout le peuple français
00:35:03 qui va être amer parce que si on perd notre souveraineté alimentaire,
00:35:07 ça va être une immense catastrophe et en fait, après,
00:35:10 les autres pays pourront nous utiliser comme une marionnette
00:35:13 parce que quand vous n'avez pas la souveraineté alimentaire,
00:35:16 vous êtes obligés de vous coucher devant les gens qui vous nourrissent.
00:35:19 [Applaudissements]
00:35:25 – Philippe, finalement, vous êtes une profession qui ne se perd pas,
00:35:27 justement, vous travaillez dur mais sans revendication permanente.
00:35:30 Est-ce que ce n'est pas finalement cette abnégation et ce courage
00:35:33 qui vous dessert contrairement à d'autres professions ?
00:35:36 – Alors le problème c'est qu'au fil du temps, les médias,
00:35:40 on le voit bien pendant toutes les manifestations,
00:35:42 les médias n'invitent à 90% que la FNSEA et le problème c'est qu'après la guerre,
00:35:49 en 46, en 45, il y avait la CGA, la Confédération Générale de l'Agriculture
00:35:54 où était le Crédit Agricole, le Regroupement des Mutuelles,
00:35:57 Groupama et la CGA où étaient tous les agriculteurs.
00:36:00 Et en 46, ils ont créé la FNSEA, donc de 46, on va dire,
00:36:04 il y a eu des tickets de rationnement jusque dans les années 52,
00:36:07 il y avait plusieurs millions d'agriculteurs, le syndicat a fait son travail,
00:36:11 ne jamais oublier que la gestion des terres a été donnée au syndicat
00:36:14 par des commissions structures, par département, dès en 46.
00:36:18 C'est la raison pour laquelle ils ont mis la main sur le dos des paysans,
00:36:21 par les gestions des structures, pour avoir des terres,
00:36:24 c'est une autorisation préfectorale, mais il y a une commission départementale
00:36:28 par département qui était tenue par eux dès le départ,
00:36:31 c'est ça qui a fait la puissance du syndicat,
00:36:33 même si aujourd'hui, il ne représente que 25,8% des paysans, ça personne ne le dit.
00:36:38 Et donc les grandes étapes, c'est qu'à partir des années 60,
00:36:41 au départ il y a eu un travail de fait par le syndicat, il n'y avait qu'un syndicat,
00:36:45 il y a eu une scission en 59, le MoDef, qui était un peu proche des communistes,
00:36:50 on va dire, aidé par Jean-Baptiste Domingue,
00:36:52 mais à partir des années 60, le syndicat s'est fourvoyé,
00:36:57 ce n'est plus un syndicat agricole, il est devenu le co-gérant du pouvoir
00:37:01 et surtout le co-gérant des multinationales, puisqu'ils ont créé Unigrain,
00:37:05 le fonds des céréaliers de la FNSE en 63, qui a des investissements dans le monde entier,
00:37:10 ils ont des plateformes dans le monde entier, dans toutes les structures,
00:37:13 dans les restaurants, dans la boulangerie industrielle,
00:37:16 dans les transports, les camions Stef, les transports, c'est des fonds Unigrain,
00:37:20 ils sont dans le monde entier, après en 83, ils ont franchi une étape
00:37:24 avec Sophie Proteol qui s'appelle le groupe Avril,
00:37:27 qui est né suite à un embargo américain, où l'État français a demandé à la FNSEA
00:37:32 de faire un plan protéine, ce qui était une bonne idée,
00:37:34 mais eux ils se sont emparés du bébé, et puis donc ils ont monté le groupe Avril
00:37:38 qui est à travers le monde aussi, où est Arnaud Rousseau aujourd'hui,
00:37:41 et puis après en 2000, à partir des années 2000,
00:37:44 là on est passé dans une financiarisation des plateformes de la FNSEA
00:37:49 et des multinationales à travers InVivo, puisqu'avec InVivo,
00:37:52 ils sont rendus au sommet de Davos, ils sont dans les start-up,
00:37:56 InVivo c'est Jardiland, Gamme Vert, Boulangerie Louise, Café de Paris,
00:38:01 l'alcool à la coupe du monde du rugby, ils sont dans tous les trucs de l'économie,
00:38:07 et ça, ça a pu se faire avec l'accompagnement des politiques,
00:38:11 gauche comme droite, qui les ont tous couverts,
00:38:14 et dans ces financements-là, on retrouve le Crédit Agricole,
00:38:18 l'ABPI, la Banque Publique d'Investissement,
00:38:20 donc aujourd'hui, M. Lemaire, le ministre de l'Économie,
00:38:23 et des plateformes américaines, qui travaillent avec BlackRock,
00:38:26 dans tous les financements de ces multinationales.
00:38:29 Donc on est tombé dans une financiarisation de l'agriculture,
00:38:33 c'est la raison pour laquelle sur les plateaux,
00:38:35 personne n'a posé la question simple à M. Attal ou à M. Lemaire,
00:38:39 personne n'a posé cette question-là, ils parlaient de la loi EGalim,
00:38:42 quand M. Macron a voulu lancer la loi EGalim,
00:38:45 la coopération agricole, les coopératives Dominique Chargé,
00:38:48 président de la coopération agricole, qui est en même temps FNSEA,
00:38:51 il a demandé, il a saisi le Conseil d'État,
00:38:55 et il a eu gain de cause avec une ordonnance
00:38:58 pour ne pas reconnaître les prix des paysans du départ de la ferme,
00:39:02 c'est-à-dire qu'il considère que l'associé coopérateur,
00:39:06 c'est un prolongement de l'exploitation,
00:39:09 et que ce n'est pas une activité commerciale,
00:39:11 ça veut dire qu'ils peuvent acheter les produits au prix qui vole,
00:39:15 au prix mondial, au prix d'un indien, au prix d'un chinois.
00:39:18 Donc à partir de là, on rentre dans la théorie de Ricardo des coûts comparatifs,
00:39:22 ce qui fait qu'au fil du temps, l'agroalimentaire s'est concentré en oligopole,
00:39:27 il y a 1,4% des entreprises de l'agroalimentaire
00:39:30 qui font 85% du chiffre d'affaires et 82% des emplois,
00:39:35 il y a quelques acteurs, Bigard en viande, LDC en volaille,
00:39:39 quelques acteurs, puis après il y a 4 centrales d'achat.
00:39:42 Alors nous, nous avec ça, on est complètement fusillés.
00:39:47 – Écrasé, Christian Réunion.
00:39:50 – La question c'était par rapport aux médias, pourquoi on n'est pas visible ?
00:39:54 La visibilité, il ne faut pas être dupe,
00:39:59 ces grandes sociétés multinationales, elles ont des marques,
00:40:04 la moitié de l'agroalimentaire…
00:40:06 – Ce sont des annonceurs qui achètent de la publicité.
00:40:08 – Ce sont des annonceurs, ils achètent des publicités,
00:40:10 et je pense qu'un bon annonceur, vous n'allez pas payer pour vous faire tirer dessus.
00:40:16 – Oui, tu as raison.
00:40:17 – Ils ne vont pas payer pour se faire tirer dessus.
00:40:19 On en est venu à cette conclusion, de façon autodidacte,
00:40:23 parce qu'on n'est pas des pros de la com', on a un syndicat,
00:40:27 c'est le jaune et noir, et la coordination rurale.
00:40:31 On s'est dit, on avait fait une action à Lorient,
00:40:34 on avait pris huissiers, il y avait une grande troupe,
00:40:38 on était allé faire un contrôle de bateaux qui déchargeaient du tourteau de soja.
00:40:44 Et ce tourteau de soja, il venait concurrencer les sojas locaux qu'on faisait.
00:40:49 Et les prix commençaient à dégringoler, on n'y arrivait plus.
00:40:53 Donc on avait fait cette action pour démontrer cette importation de soja.
00:40:57 Alors, il est essentiellement OGM,
00:41:01 on ne va pas rentrer dans le débat OGM, non OGM,
00:41:04 mais la matière première qui arrivait, essentiellement pour l'aliment de bétail,
00:41:10 les poules pondeuses, de façon industrielle,
00:41:13 on a fait des analyses de ce soja et on a trouvé des taux de glyphosate élevés.
00:41:20 On ne va pas rentrer non plus dans le débat du glyphosate,
00:41:22 ce n'est pas le but de mon propos.
00:41:25 Le but c'est, pourquoi il y avait ces taux de glyphosate élevés ?
00:41:29 C'est parce que les OGM en Amérique du Sud, ils sont désherbés, déciqués,
00:41:37 c'est-à-dire pour faire deux récoltes et demi par an.
00:41:40 – Ça veut dire quoi déciqués ?
00:41:41 – Déciqués, c'est pour assécher la plante,
00:41:43 parce que naturellement, elle va prendre un mois, un mois et demi
00:41:47 pour se sécher naturellement.
00:41:49 Donc pour gagner du temps, pour accélérer la rentabilité,
00:41:53 dès que le soja arrive à un stade bien précis, on le traite,
00:41:59 il sèche en deux jours, et derrière, les moissonneuses et les sommoirs derrière.
00:42:04 Ce qui permet de faire deux récoltes à moyenne,
00:42:06 deux récoltes et demi par an en Amérique du Sud.
00:42:10 Sur ce sujet, il y a des phénomènes de résistance qui montaient,
00:42:16 qui montaient, qui montaient, les plantes s'adaptent,
00:42:19 et ils étaient obligés de surtraiter des litres supplémentaires à chaque fois à l'hectare.
00:42:25 Et à un moment donné, on a atteint la limite que s'autorisait,
00:42:31 dans un certain milieu autorisé,
00:42:33 on a autorisé un taux d'importation avec un certain taux,
00:42:38 et ce taux était dépassé.
00:42:40 Bon, tout simplement, ils ont décidé de remonter le taux.
00:42:44 Voilà.
00:42:46 – Philippe ?
00:42:48 – Ah oui, c'est pour finir le propos.
00:42:51 Et lorsqu'on a fait cette action, on se disait,
00:42:54 ils vont s'emparer tous les médias, les verts,
00:42:57 vont s'emparer l'écologie, mais comment ce scandale ?
00:43:02 Il y a eu silence radio, phénoménal.
00:43:07 – Tout à fait, ce qui vient de être dit est tout à fait juste.
00:43:10 Pourquoi est-ce qu'on accepte de dépendre de 40 millions de tonnes
00:43:13 d'importation de soja au GM alors que…
00:43:16 – Du GATT.
00:43:18 – … du GATT ou l'accord de libre-échange avec les Américains…
00:43:20 – Libre-échange, le problème de l'agriculture française.
00:43:22 – … des années 60, alors qu'on manque de protéines.
00:43:24 Donc on s'autorise à produire des céréales, des graminés en plus,
00:43:29 du blé notamment, en excédant pour l'exporter,
00:43:31 mais on ne s'autorise pas à produire ce dont on manque,
00:43:33 c'est-à-dire des protéines.
00:43:35 Alors que les protéines ont le gros avantage dans une rotation plus écologique,
00:43:39 c'est dans une ferme céréalière,
00:43:41 quand on fait des rotations de protéagineux avec des graminés,
00:43:44 enfin des céréales, on améliore le fonctionnement de l'exploitation,
00:43:47 on diminue l'utilisation d'un train de pesticides
00:43:49 et c'est une des solutions du problème.
00:43:51 Et on accepte ce dérèglement stupide et…
00:43:56 – Si on peut rajouter, quand on fait des soja,
00:44:00 on n'a pas besoin de nitrate d'ammonium.
00:44:02 – Et quand on fait une légumineuse, soja, pois, févral,
00:44:06 l'usine pour les plantes herbacées,
00:44:10 on n'a plus besoin de ce nitrate d'ammonium.
00:44:14 – Ce fut un paradoxe finalement,
00:44:16 parce que les américains nous vendaient du soja
00:44:18 sans pouvoir utiliser du nitrate d'ammonium,
00:44:21 et nous, par la spécialisation,
00:44:23 parce que vous l'aviez évoqué dans des émissions que vous faisiez,
00:44:28 nous on s'est spécialisé justement
00:44:30 par des cultures très gourmandes en nitrate d'ammonium.
00:44:33 – Voilà, c'est ça.
00:44:34 Lequel nitrate d'ammonium est responsable de gaz à effet de serre
00:44:37 en quantité phénoménale,
00:44:39 donc au lieu de solutionner le problème, on l'aggrave.
00:44:41 Alors que les solutions sont très simples en fait.
00:44:43 Les solutions sont très simples.
00:44:45 Et peut-être que je vais plutôt intervenir plus tard
00:44:48 pour parler plus de la bio ou des choses comme ça,
00:44:50 comme pour nous c'est une des solutions au problème.
00:44:52 – Avec plaisir, on va en parler ça dans la deuxième partie.
00:44:54 Mais là j'aimerais me faire un instant un petit peu
00:44:56 l'avocat du diable dans cette émission.
00:44:58 Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui expliquent quand même
00:45:00 que malgré tout c'est aux agriculteurs d'être compétitifs
00:45:03 et qu'on ne peut pas se permettre dans le monde d'aujourd'hui
00:45:06 de subventionner cette activité qui est réalisée moins cher ailleurs ?
00:45:10 – C'est simple. – C'est une réalité ça non ?
00:45:12 – Oui mais la question c'est qu'est-ce que les gens veulent manger ?
00:45:15 Parce que nous les paysans, comme vous l'avez dit justement,
00:45:18 sont plutôt dociles, c'est-à-dire qu'ils ont toujours fait
00:45:21 ce que les pouvoirs publics ont demandé en fait,
00:45:23 au fur et à mesure des réformes agricoles.
00:45:25 – Vous voulez un gros business ?
00:45:27 – Oui, on est d'accord.
00:45:29 Et en fait, comment dire, excusez-moi j'ai perdu le fil.
00:45:33 – Oui, ce que les gens veulent manger aujourd'hui.
00:45:35 – Oui, ce que les gens veulent manger aujourd'hui,
00:45:37 c'est que nous on nous demande tout un tas de normes
00:45:39 et les paysans ne sont pas fermés au fait de produire mieux.
00:45:41 Par contre ce qu'ils veulent c'est pouvoir en vivre en fait.
00:45:44 Donc on ne peut pas nous demander de produire mieux ou en bio,
00:45:48 d'avoir une agriculture plus vertueuse pour avoir une meilleure alimentation
00:45:52 et à côté de ça de faire rentrer des produits qui ne suivissent pas ces normes,
00:45:56 qui en plus ne sont pas produits avec les mêmes coûts de main d'œuvre
00:45:59 et les mêmes changes sociales, on ne peut pas faire face à ça.
00:46:02 On ne peut pas les mains attacher dans le dos, donc on ne peut pas gagner.
00:46:05 C'est très très compliqué.
00:46:07 [Applaudissements]
00:46:12 – Vous diriez tous aujourd'hui que votre profession est en péril aujourd'hui ?
00:46:15 – C'est évident.
00:46:17 – Alors si ça continue comme ça, oui.
00:46:19 Si ça continue comme ça, oui, si on ne change rien
00:46:21 et si on continue sur le même modèle qu'on a développé tous les 70 ou 80 ans,
00:46:25 c'est voué à l'échec.
00:46:27 Si on veut se comparer par rapport aux autres, on sera toujours moins compétitif.
00:46:30 On aura toujours de la pomme d'Afrique du Sud qui sera plus compétitive,
00:46:33 des protéginodes sud-américains de fermes de 40 000 hectares
00:46:35 qui seront plus compétitifs, de la viande bovine du sud de l'Espagne
00:46:38 ou des États-Unis ou du Canada dans des filottes de 20 000 bovins
00:46:41 qui seront plus compétitifs.
00:46:43 Et puis on peut multiplier comme ça pour le vin, pour plein de choses.
00:46:45 Donc de toute façon, est-ce qu'on continue sur des produits à faible valeur ajoutée
00:46:49 qui se comparent aux produits mondiaux ou est-ce qu'on essaye d'élever la gamme
00:46:53 et dans ce cas, ça nous donne droit à interdire les importations
00:46:56 des produits bas de gamme qui ne sont plus compétitifs et socialement,
00:47:00 et sanitairement et acceptablement pour faire vie de notre agriculture française ?
00:47:06 – On en revient au problème de la souveraineté en plus alimentaire qui se pose.
00:47:10 La question c'est qu'avant, j'entends bien que les gens n'ont pas des portes-monnaies sans fonds
00:47:15 et que voilà, entre l'inflation et le reste c'est très compliqué pour tout le monde,
00:47:19 mais c'est au pouvoir public, on peut envoyer des milliards d'aides à l'Ukraine.
00:47:22 – Oui, t'as des milliards là, j'ai entendu, et 150 millions pour les agriculteurs.
00:47:27 – Pour ce qu'on donne à l'Union Européenne pour la politique agricole commune,
00:47:30 on donne à peu près, juste pour l'agriculture, 13 milliards par an,
00:47:33 on en reprend 9,5, enfin on parle de beaucoup d'argent qui pourrait solutionner ce problème
00:47:37 parce que la souveraineté alimentaire ça doit être un objectif et ça a un coût.
00:47:40 On ne peut pas passer à côté de ça, c'est pas possible.
00:47:44 On ne peut pas suicider notre pays au nom du grand capital, ça n'a aucun sens.
00:47:48 – Vous avez le sentiment tous d'être abandonnés ici, par les pouvoirs publics ? Alexandre ?
00:47:53 – Oui, abandonnés par les pouvoirs publics, oui et non.
00:47:58 Je dirais qu'on est la quatrième roue du carrosse, enfin la cinquième roue du carrosse, excusez-moi.
00:48:04 Mais c'est surtout les charges norminatives qui nous donnent.
00:48:11 C'est que l'Europe nous donne des normes à faire
00:48:13 et la France nous en remet encore une couche pour faire mieux que mieux.
00:48:18 Et le problème il est là, donc on n'est pas forcément abandonnés.
00:48:21 Et ça ils n'oublient pas de nous en mettre des normes,
00:48:23 donc ils ne nous abandonnent pas de ce côté-là, croyez-moi.
00:48:26 Donc on ne peut pas dire abandonnés financièrement parlant,
00:48:30 oui on peut dire qu'on est abandonnés,
00:48:33 mais pour revenir au prix agricole il nous faut des prix, ça c'est évident.
00:48:38 Il faut mieux manger, ça c'est évident aussi, mais il y a le pouvoir d'achat des gens.
00:48:43 Quand on voit que le salaire cette année au mois de janvier des gens qui gagnent le SMIC,
00:48:49 ils ont été augmentés de 1,3%, ça n'a rien à voir avec l'inflation qu'on a aujourd'hui.
00:48:56 Comment voulez-vous que les gens achètent correctement à manger et de la bonne qualité ?
00:49:01 Quand on a le pouvoir d'achat des gens c'est primordial.
00:49:05 Si il n'y a pas de gens qui achètent de la nourriture,
00:49:09 on pourra faire ce qu'on veut avec notre camelote, on ne la vendra jamais.
00:49:13 Donc il faut redonner du pouvoir d'achat aux gens,
00:49:15 et pour donner du pouvoir d'achat aux gens il faut que les charges diminuent aussi.
00:49:19 Quand un patron augmente, quand un salarié gagne 1 500 euros,
00:49:25 le patron il va l'augmenter de 100 euros, ça va lui coûter 300 euros à côté.
00:49:29 Donc ce n'est plus possible tout ça, c'est tout un enchevretrement de choses
00:49:34 qui font que nous les agriculteurs effectivement,
00:49:37 comme tous les gens ils ont besoin de manger,
00:49:39 eh bien ça devient compliqué de trouver une rationalité quelque part.
00:49:47 – C'est complètement vrai, notre système il arrive en bout de course.
00:49:51 On produit de moins en moins de qualité,
00:49:55 les gens achètent de plus en plus des produits bas de gamme,
00:50:00 ils se nourrissent mal, ils tombent malades, ça coûte cher,
00:50:03 et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite, et ainsi de suite.
00:50:05 On ne met pas ce système-là en cause, on ne met pas du tout ce système-là en cause,
00:50:08 et on refuse de le faire parce qu'il y en a plein qui en vivent de ça,
00:50:10 il y en a plein qui en vivent de ça.
00:50:12 Ce n'est pas les paysans mais c'est les autres.
00:50:14 – Les entreprises chimiques, à un moment on disait que c'était…
00:50:17 vous étiez pris en otage aussi par les produits chimiques,
00:50:19 les pesticides, tous ces trucs-là, enfin je ne sais pas si…
00:50:22 – Ils savent comment faire, ils savent comment faire pour rendre les paysans indépendants.
00:50:25 – Moi ça fait 23 ans que je n'en utilise plus du tout, tout va très bien,
00:50:28 tout va très bien sur ma ferme.
00:50:29 – Vous n'en utilisez plus tous ou vous continuez ?
00:50:31 – En bio, en biopome, les variétés qui se développent aujourd'hui
00:50:37 sont moins gourmandes en 10 pesticides de synthèse
00:50:43 et sont plus résistantes à des maladies, on tend vers du mieux.
00:50:47 Le problème c'est que la guerre de l'étalage nous fait qu'on est en concurrence,
00:50:52 le consommateur comme M. l'a dit, il pousse son caddie,
00:50:56 il a son portefeuille, il ne peut pas payer plus,
00:51:00 donc il va toujours consommer, il va rechercher malgré tout,
00:51:05 à son insu j'ai envie de dire, du prix.
00:51:08 Et il sait très bien que ce n'est pas bien mais il faut qu'il mange au quotidien.
00:51:12 Alors la filière bio en pomme, je dis "fin" là parce que c'est celle que je connais le mieux,
00:51:18 et j'amènerai une nuance tout à l'heure, la pomme ce n'est pas nécessairement l'Afrique du Sud
00:51:23 parce que les importations sont beaucoup plus chères
00:51:25 et c'est en décalage de 6 mois avec les hémisphères.
00:51:29 Mais c'est surtout que la principale concurrence elle est intra-européenne
00:51:34 et surtout les nouveaux pays de l'Est qui sont rentrés
00:51:39 avec des coûts de production imbattables, l'essentiel de la pomme,
00:51:43 enfin des productions c'est la main d'œuvre, elle est bradée
00:51:46 et les Polonais ont des Ukrainiens qui viennent ramasser à 200,
00:51:52 200, allez on va dire 300 euros du mois.
00:51:55 Quand il n'y a pas de la pomme qui rentre de l'Ukraine dans la Pologne
00:51:59 et puis des productions de la pomme polonaise qui viennent,
00:52:01 enfin c'est un effet domino des marchés.
00:52:04 Et ça, je veux dire l'étalage c'est le ring, c'est le combat.
00:52:10 Et le combat, on nous dit la population veut du mieux,
00:52:14 oui on le met, il est plus cher, mais le consommateur avec son portefeuille
00:52:19 ne peut pas le payer.
00:52:21 Et de ce côté-là, il n'y a pas de protectionnisme.
00:52:25 – Le produit vendu en France l'année dernière c'est le Coca-Cola,
00:52:28 le produit le plus vendu en France l'année dernière c'est le Coca-Cola.
00:52:30 Et ce n'est pas les milieux aisés qui achètent du Coca-Cola,
00:52:32 c'est quand même les milieux défavorisés.
00:52:34 Ils trouvent tout à fait normal de consommer entre 6 et 12 bouteilles
00:52:37 d'un litre et demi de Coca-Cola tous les jours.
00:52:39 Et là, il y a de l'argent pour ça.
00:52:40 Donc c'est aussi une question de dédication.
00:52:41 Tant qu'on permettra aux gens d'avoir de la merde à pas cher,
00:52:43 ils achèteront de la merde à pas cher.
00:52:45 Et là, il y a des décisions à prendre par rapport à ça.
00:52:47 Et sinon, on ne s'en sortira pas.
00:52:50 Ça ne se dit pas devant une chaîne de télévision,
00:52:52 mais n'empêche que ceux qui mettent le plus d'argent dans les nourritures,
00:52:54 ce n'est pas les gens aisés, c'est les gens défavorisés.
00:52:57 Et qui achètent beaucoup, beaucoup, beaucoup de plats cuisinés,
00:53:00 sur-cuisinés, prêts, prêts à cuisiner.
00:53:02 Il n'y a plus que le micro-ondes qui sert.
00:53:04 Ceux qui ne pêchent plus de carottes.
00:53:05 Moi, j'ai une amap à la maison.
00:53:06 Association de maintien pour l'université agricole paysanne.
00:53:08 C'est que des gens éduqués, qui viennent dans une amap,
00:53:10 qui font le choix d'avoir des légumes en direct du jardinier.
00:53:12 Que c'est le jardinier qui fait leur panier de légumes de saison,
00:53:14 et 100% saison, et jamais décalé.
00:53:16 Mais les gens qui comprennent cette culture-là,
00:53:19 si vous avez du temps à perdre,
00:53:21 vous passez une demi-heure à la sortie d'un supermarché,
00:53:22 vous verrez que l'Arcadie, il est rempli de barquettes en polystyrène,
00:53:25 qui sortent de toutes les usines de plats cuisinés de France,
00:53:27 dans lesquelles on a rajouté plein de saloperies,
00:53:29 pour arriver à les consommer trois semaines après la fabrication.
00:53:31 Et que ça, on ne s'en sort pas.
00:53:32 Et quand on fait le coût total de tout ça,
00:53:34 ces gens-là finalement dépensent plus d'argent dans la nourriture que les autres.
00:53:38 Donc ce n'est pas forcément une question de coût,
00:53:39 c'est une question d'éducation.
00:53:40 Alors attention, il y a des familles monoparentales ou des étudiants,
00:53:43 pour qui effectivement, les fins de mois sont très très durs.
00:53:45 Mais quand on analyse vraiment,
00:53:46 ceux qui mettent le plus d'argent dans la nourriture,
00:53:48 et notamment dans tous ces sodas, ces boissons gazeuses et tout,
00:53:50 et bien voilà quoi.
00:53:51 Les boissons gazeuses, c'est une bouteille de Coca, c'est 33 paires de sucre.
00:53:54 Et est-ce qu'on va continuer de supporter ça longtemps sans réagir ?
00:53:56 Mais Coca-Cola, il faut lui faire plaisir,
00:53:57 la ministre des sports a dit qu'il fallait louer Coca-Cola,
00:54:00 parce que c'était un gros sponsor des Jeux Olympiques.
00:54:02 [Applaudissements]
00:54:09 – C'est vrai que c'est remarquable ce que vous venez de dire Philippe,
00:54:11 parce que justement, on associe souvent monde paysan et tradition.
00:54:15 Est-ce que vous, vous avez la sensation aujourd'hui
00:54:17 d'être les gardiens d'une tradition qui se perd ?
00:54:20 – On parle des Gaulois, Alexandre.
00:54:23 – Oui, on entend beaucoup que le monde paysan,
00:54:27 c'est un monde de droite et conservateur, c'est vrai ça ou pas ?
00:54:30 – Oui, parce que par l'attachement à la terre, c'est historique.
00:54:37 La religion catholique est très imprégnée aussi dans le milieu agricole,
00:54:42 il ne faut pas le nier.
00:54:43 – Donc ça c'est une réalité, Alexandre ?
00:54:44 – Oui, et puis par rapport au capital, on travaille sur un capital,
00:54:48 aujourd'hui mon capital de l'exploitation c'est un million d'euros.
00:54:53 Donc c'est vrai que ça fait un gros capital, des fois on a des réflexions,
00:54:57 si tu ne gagnes pas ta vie, tu n'as qu'à vendre ta ferme,
00:54:59 et puis tu seras riche, tu pourras continuer ta vie comme ça.
00:55:02 Non mais ma ferme, c'est mon outil de travail, donc c'est là le problème.
00:55:07 – C'est votre vie quoi.
00:55:08 – C'est quand même des problèmes, vas-y, viens près.
00:55:11 – Je voulais amener une nuance, vous avez dit juste avant,
00:55:15 que les paysans seraient de droite.
00:55:17 – On entend souvent dire que c'est un milieu de droite conservateur, est-ce que c'est…
00:55:21 – Moi j'ai envie de vous dire, il y a une boussole, une boussole du bon sens.
00:55:26 Cette flèche elle indique toujours le bon sens, par contre c'est le plateau lui qui bouge.
00:55:31 Si vous voyez à peu près la métaphore que je veux vous faire comprendre.
00:55:36 Je veux dire, le bon sens, lui il ne varie pas, il ne bouge pas.
00:55:43 Par contre les partis politiques, eux ils bougent, dans les idées, dans…
00:55:49 – Si vous prenez sur ce plan-là, qu'est-ce que c'est aujourd'hui,
00:55:53 du moins aux yeux des grands médias, qu'est-ce que c'est être de droite aujourd'hui ?
00:55:57 Le simple fait d'aimer sa terre et d'être patriote,
00:56:00 mais patriote dans le sens tout à fait noble du terme, c'est un crime presque.
00:56:04 [Applaudissements]
00:56:06 On est presque un nazi.
00:56:08 [Applaudissements]
00:56:13 Les paysans pour beaucoup ils reprennent une exploitation familiale,
00:56:17 donc ils sont hyper attachés à leur terroir.
00:56:19 Dans les idées politiques, si on prend, je ne sais pas ce qu'était le communisme
00:56:24 à sa grande époque, je ne parle pas de ce que c'est maintenant.
00:56:29 Je ne sais pas, il y a beaucoup d'idées dans lesquelles la plupart des paysans
00:56:32 que je connais se retrouvent, mais je parle du communisme avant Georges Marchais.
00:56:37 Après c'est fini.
00:56:39 – Le capital, c'est un capital qui se transmet, et d'ailleurs là-dessus,
00:56:44 dans les médias, ils ne donnent pas les vraies informations,
00:56:46 ils parlent du bénéfice agricole, des revenus agricoles,
00:56:49 ils balancent ça sur les grandes antennes.
00:56:51 C'est un bénéfice d'entreprise qui sert à rémunérer les capitaux engagés,
00:56:55 qui sert à réinvestir, garder une mâche de sécurité,
00:56:58 et ensuite on se prélève un salaire.
00:57:01 Et ça, ça sert de base de cotisation sociale.
00:57:04 Et le problème il est là, il faudrait réformer le système fiscal
00:57:07 et revenir à un modèle à l'IS, où on sera imposé,
00:57:10 sur notre mutualité sociale agricole, sur nos salaires réels,
00:57:14 et non sur le bénéfice de l'entreprise.
00:57:16 Parce que le bénéfice de l'entreprise, ce n'est pas notre salaire.
00:57:19 Et les journalistes, ils confondent le bénéfice de l'entreprise agricole
00:57:23 avec notre salaire.
00:57:25 Et concernant au patrimoine, il faudrait exonérer des droits de succession
00:57:29 parce que c'est des capitaux lourds, lents, qui rapportent,
00:57:32 des fois ils sont négatifs, ou ils rapportent 1%,
00:57:35 donc ça se transmet aux enfants ou à des voisins.
00:57:38 Mais si vous imposez un capital comme ça, déjà qu'on ne dégage pas de revenus,
00:57:42 vous ne pouvez pas imposer du capital agricole.
00:57:45 C'est un investissement lourd.
00:57:47 Vous savez que la plupart des gens qui rentrent dans les sociétés,
00:57:50 ils ressortent, la moyenne, vous allez voir sur Infogreffe,
00:57:54 c'est entre 70 et 110 000.
00:57:56 La plupart c'est 100 000.
00:57:58 Ils rentrent dans une société pour 100 000 euros.
00:58:00 Vous savez, si quelqu'un a travaillé pendant 43 ans
00:58:03 pour sortir avec 100 000 euros,
00:58:05 vous ramenez ça au mois, ça ne fait pas lourd.
00:58:08 Donc quand on parle de capital, il faut savoir de quoi on parle.
00:58:12 Après l'agriculteur, vous allez me dire, il a sa maison, pas toujours,
00:58:15 des fois la maison, elle n'est même pas à lui, elle est en location.
00:58:18 Et après quand il a des terres, il est lourd.
00:58:20 L'allocation des terres, vous n'allez pas en faire fortune à louer des terres.
00:58:23 Ça rapporte plus de 2 fois moins que de louer du logement.
00:58:27 Après, ce que je voudrais revenir, c'est sur le choix des consommateurs.
00:58:31 On dit que les consommateurs sont responsables.
00:58:34 On a passé des hausses déjà à la grande distribution.
00:58:37 Sarkozy l'avait fait et d'autres.
00:58:39 Il ne nous reste que 6,50 euros sur un panier de 100 euros.
00:58:42 Entre les 6,50 euros et les 100 euros, il y a des petites souris.
00:58:45 Tant qu'on encadrera pas la grande distribution et l'agroalimentaire,
00:58:51 on est foutu.
00:58:53 Il y a conflit d'intérêts.
00:58:55 À chaque fois qu'il y a une crise, le gouvernement invite la FNSEA.
00:58:59 Les animaux qui viennent d'Amérique du Sud,
00:59:02 ils sont nourris par des aliments du groupe Avril.
00:59:04 Il y a une société qui nourrit des animaux là-bas.
00:59:07 On parle des échanges en Nouvelle-Zélande.
00:59:09 Ils ont une compagnie aérienne là-bas qui vend du vin dans les avions.
00:59:13 Ils nourrissent les animaux aussi là-bas.
00:59:15 Donc, je veux dire, il y a conflit d'intérêts.
00:59:18 On ne peut pas être à la tête.
00:59:19 Le secrétaire général de la CFDT ne peut pas être en même temps
00:59:22 président de Renault, Peugeot et Michelin.
00:59:24 C'est là qu'il y a un problème.
00:59:26 Donc, nous, pourquoi on est morts ?
00:59:29 On est morts parce que, si vous voulez,
00:59:31 pays par pays, ils nous mettent en compétition,
00:59:34 les multinationales de l'agroalimentaire, avec les GMS.
00:59:38 Donc, on est sur un prix mondialisé.
00:59:40 Du lait, des fruits, tout ça.
00:59:42 Ils nous mettent en compétition sur la base d'un genre
00:59:45 de produit intérieur brut mondialisé.
00:59:47 Et nous, dans nos exploitations,
00:59:49 quand vous faites intervenir un mécanicien, un vétérinaire,
00:59:52 lui, il est sur un produit intérieur brut territorialisé.
00:59:55 C'est-à-dire que moi, le véto, quand il vient chez moi,
00:59:58 je pourrais lui dire "Ah ben attends, j'ai été voir,
01:00:00 j'ai vu en Roumanie, il est à 10 euros de l'heure.
01:00:02 Moi, je te donne 10 euros de l'heure, sinon tu repars de ma ferme."
01:00:05 Il va dire "Ecoute, moi mon gars, 10 euros de l'heure,
01:00:07 je te soigne pas ma vache."
01:00:08 Donc voilà.
01:00:09 Donc, ce contraste, il est là.
01:00:11 On a quelques oligopoles qui nous mettent en compétition,
01:00:14 comme tu l'as bien dit, sur les fruits, sur tout.
01:00:16 Et ils vont sur Internet, ils disent "Nous, soit tu vends ce prix-là,
01:00:19 comme il l'a dit tout à l'heure, autrement ton camion,
01:00:22 tu peux le foutre à la poubelle.
01:00:23 Moi, j'en ai trouvé en Pologne ou en Inde.
01:00:25 Et même si on avait les mêmes normes, on ne tiendrait pas.
01:00:29 Imaginez-vous qu'il y a un gars que je connais dans le monde,
01:00:32 il livre sa coopérative en conventionnel,
01:00:35 il livre ses bananes sur une barque,
01:00:37 il est au bord d'un fleuve, en Amérique du Sud,
01:00:39 2 euros les 100 kilos.
01:00:41 Qui est capable, en Europe, de livrer des bananes
01:00:45 à 2 euros les 100 kilos ?
01:00:46 C'est absolument impossible.
01:00:48 Le gars, il vit dans une cabane en bois, bon, je passe des détails,
01:00:51 il n'a pas de sécurité sociale,
01:00:53 il n'a pas la cinquième semaine de congé payée,
01:00:55 et puis il n'a pas les écrans plats dans sa maison, on est d'accord.
01:00:58 Mais 2 euros les 100 kilos, qui peut se battre avec ça ?
01:01:01 Personne.
01:01:02 – Allez, pour terminer ce premier débat, juste question toute simple,
01:01:06 souveraineté alimentaire et transition écologique,
01:01:08 est-ce que ces deux objectifs sont compatibles d'après vous ?
01:01:11 – Oui.
01:01:12 – Oui ?
01:01:13 – Moi, je dirais que oui, c'est juste, une fois de plus,
01:01:15 si le gouvernement met en place un protectionnisme
01:01:18 pour qu'on puisse conserver notre souveraineté alimentaire,
01:01:20 bien sûr que oui.
01:01:21 C'est juste une volonté des pouvoirs publics.
01:01:23 Mais ça se heurte à Bruxelles,
01:01:25 et au fait que les politiques décident de servir à quelque chose, en fait.
01:01:28 – Allez, on termine ce premier débat,
01:01:30 et je vous remercie encore une fois d'être là,
01:01:32 tous présents avec des avis passionnants,
01:01:35 et néanmoins différents parfois, justement.
01:01:37 Alors, ce soir, on tient un salut aussi à Ignace,
01:01:40 notre dessinateur chérie à Abistro Liberté.
01:01:45 Alors, je vous montre sa dernière production.
01:01:48 Ce soir, au programme Pinard et sauciflard,
01:01:50 bien franchouillard, autant dire qu'ici, vous êtes chez vous.
01:01:53 On applaudit Ignace, 79 agriculteurs en garde à vue
01:01:57 pour avoir investi le marché de Rungis,
01:01:59 tolérance zéro pour les délinquants.
01:02:02 Joli.
01:02:03 [Applaudissements]
01:02:05 Qui c'est déjà le petit youtubeur à côté de vous ?
01:02:08 C'est Papacito.
01:02:10 1m95 et 95 kilos tout de même.
01:02:12 Non, c'est pas Papacito, mais c'est un de ses plus gros amis.
01:02:15 [Applaudissements]
01:02:17 Le sketch qui faisait hurler de rire hier et pleurer aujourd'hui,
01:02:21 eh bien, je crois qu'un pot paysan.
01:02:25 – Ah, je suis qu'un pot paysan.
01:02:26 – Ah, je suis qu'un pot paysan, pardon.
01:02:27 – Un pot paysan.
01:02:28 – Voilà, eh bien merci, on l'applaudit.
01:02:30 [Applaudissements]
01:02:31 Et enfin, les deux derniers,
01:02:33 lui, il collabore avec les agriculteurs,
01:02:35 vous bêchez, vous semez, vous plantez,
01:02:37 et moi je récolte évidemment avec une caricature de l'Union Européenne.
01:02:41 Et enfin, l'Union Européenne donne 50 milliards à l'Ukraine,
01:02:44 ça tombe bien, vous qui voulez du blé, vous aurez de l'Ukrainien.
01:02:48 Je vous laisse la responsabilité.
01:02:50 On se retrouve dans un instant pour le second débat
01:02:53 de ce Bistro Liberté spécial paysan.
01:02:55 [Générique]
01:02:59 La souveraineté alimentaire de la France et de l'Europe,
01:03:02 une chimère ? Faut-il en finir avec le libre-échange ?
01:03:05 Peut-on assurer souveraineté alimentaire et transition écologique ?
01:03:10 [Générique]
01:03:13 Voilà.
01:03:14 [Applaudissements]
01:03:15 On est toujours aussi bien entourés
01:03:18 avec un plateau d'invités exceptionnels ce soir.
01:03:21 Ils sont venus quasiment de toute la France.
01:03:23 En tout cas, merci vraiment à eux, on peut vraiment encore les applaudir.
01:03:26 [Applaudissements]
01:03:32 Et c'est la première fois, vraiment, je vous le redis,
01:03:34 que je vois le public applaudir autant.
01:03:36 Et vraiment, je tiens à le dire, vous êtes vraiment notre fierté.
01:03:39 Donc je pense qu'il faut vraiment vous rendre hommage.
01:03:41 Et on est content, à notre petit niveau sur TVL,
01:03:43 de le faire ce soir.
01:03:44 [Applaudissements]
01:03:45 Donc, si vous le voulez bien, pour ce second débat,
01:03:48 on va à présent faire le bilan, en tout cas, on va commencer,
01:03:51 si vous le voulez bien, par essayer de faire un peu le bilan
01:03:53 de cette crise agricole à 15 jours à peine, un peu plus,
01:03:56 du Salon de l'Agriculture.
01:03:57 Est-ce qu'on peut dire tout d'abord que cette crise,
01:03:59 elle aura été un véritable électrochoc pour la société française
01:04:02 et le monde politique ?
01:04:03 Est-ce qu'au final, voilà, quel bilan vous en tirez, Alexandre ?
01:04:07 – Oui, de toute façon, oui, ça fait bouger les choses énormément.
01:04:10 Déjà, on parlait tout à l'heure de la transparence des médias,
01:04:14 qui ne parlaient pas, déjà, en Allemagne,
01:04:17 ils y sont déjà depuis le 15 décembre.
01:04:19 Il faut penser qu'il y a tous les paysans européens,
01:04:22 en grande partie, qui sont en manifestation.
01:04:26 Il y a l'Allemagne, la Belgique, la Hollande, l'Espagne,
01:04:30 le Portugal, maintenant, qui s'y est mis,
01:04:32 l'Italie qui s'y est mis aussi,
01:04:34 l'Irlande aussi, qui bouge aussi,
01:04:38 tout ça, ça bouge de plus en plus,
01:04:40 donc c'est évident que les gens commencent à prendre conscience.
01:04:42 – Alors c'était quoi, justement, les objectifs de cette mobilisation pour vous ?
01:04:46 – Tout le monde a les mêmes problèmes.
01:04:48 Le plus gros problème, c'est Bruxelles.
01:04:51 De toute façon, ça, c'est le noyau, c'est Bruxelles,
01:04:57 et il faut absolument arriver à le détrôner.
01:05:00 Par un Frexit, un Brexit, un Bruxite, j'en sais rien,
01:05:03 mais il faut arriver à mettre tout ça à plat.
01:05:06 – Vous êtes tous d'accord ici, là-dessus ?
01:05:08 [Applaudissements]
01:05:11 – Ah, je vois Philippe qui a l'air un petit peu de hochette.
01:05:14 – Je n'ai pas dit qu'il fallait tout détruire.
01:05:16 – Il faut avoir une méthode pour reconstruire,
01:05:18 mais il faut absolument.
01:05:20 On a trop de normes.
01:05:22 – C'est pas Bruxelles qui vous…
01:05:23 – Alors attention sur les normes,
01:05:24 moi en bio, je n'ai pas de problème avec les normes.
01:05:26 Je n'ai aucun problème avec les normes.
01:05:28 Les normes azote, je m'en fous, je suis nettement en dessous, forcément.
01:05:31 Sauf qu'on m'oblige à faire un cahier d'épandage,
01:05:33 alors que chez les bio, il ne devrait pas y avoir besoin de cahier d'épandage.
01:05:35 Sauf qu'on est dans un pays où on ne veut pas favoriser l'agriculture biologique,
01:05:38 donc on impose les mêmes contraintes administratives au bio qu'au conventionnel,
01:05:42 mais on n'a pas de problème avec les pesticides,
01:05:44 moi j'en mets zéro sur ma ferme.
01:05:46 On n'a pas de problème avec les engrais, j'en mets zéro.
01:05:48 Et puis il faut bien avoir en tête que ces normes-là,
01:05:50 elles sont plus faites pour aider l'agriculture à évoluer vers le mieux
01:05:53 qu'à aller vers le moins bien.
01:05:55 Le problème c'est que les paysans, quand ils ont des normes
01:05:57 et qu'ils ne sont pas rémunérés, ils pètent un câble.
01:05:59 C'est ce qui s'est passé.
01:06:01 Les normes sont acceptables à partir du moment où ils sont correctement rémunérés.
01:06:04 – Oui, effectivement, tu as quand même le dossier PAC.
01:06:09 – Oui.
01:06:11 – Le dossier PAC, ce n'est quand même pas toujours simple.
01:06:13 – C'est un enchevretement, mais nous on devrait pas…
01:06:15 – Maintenant, faut pas oublier.
01:06:16 – Moi j'ai 27 km de haies sur ma ferme, ça ne pose aucun problème,
01:06:18 et j'ai un fils de 29 ans qui va même en replanter d'autres.
01:06:21 Il va même faire de l'agroforesterie dans les grandes parcelles.
01:06:23 On a deux de grandes parcelles, il va planter des rangées d'arbres dans le milieu,
01:06:25 pendant qu'il y en a d'autres qui vont continuer de les arracher.
01:06:27 – Chez nous, on en plante aussi, mais c'est quand même un vrai casse-tête.
01:06:33 – On a un monde de l'agrobusiness qui est cosmétique.
01:06:35 – C'est quand même un gros casse-tête, on est obligé
01:06:37 d'y planter à certains endroits, pas à d'autres,
01:06:39 parce que ça arrange les chasseurs, parce qu'il y a ceci, il y a cela.
01:06:42 Il y a des problèmes d'arrosage, il y a des problèmes de routes,
01:06:44 il y a des problèmes de lignes électriques, il y a toujours des problèmes.
01:06:47 Donc nous, on en plante, mais c'est quand même un casse-tête et c'est un gros problème.
01:06:54 Bon, il y a la PAC, il y a Global Gap pour vendre nos fruits et légumes,
01:07:01 vous devez aussi les avoir, le dossier Global Cap,
01:07:04 je pourrais vous le laisser d'ailleurs, parce que j'ai tout imprimé,
01:07:07 toutes les réglementations que j'ai trouvées, je vous les imprimerai,
01:07:10 je vous les laisserai à la fin de l'émission, comme ça vous pourrez,
01:07:13 si vous voulez, vous inspirez, voir un petit peu les charges que c'est,
01:07:16 mais Global Cap, c'est des usines à gaz à monter.
01:07:19 Alors qu'est-ce que c'est ? C'est des normes qui viennent de,
01:07:23 comment, suite à Egalim, c'est ça, pour les prix des fruits et légumes,
01:07:29 je ne me souviens plus du nom.
01:07:30 – Egalim.
01:07:31 – Egalim, c'est ça.
01:07:32 Et donc ça, c'est du côté agricole, et les industriels ou les agroalimentaires
01:07:39 ou le marché du frais nous demandent un cahier des charges pour vendre nos produits.
01:07:45 Si on n'a pas cette agrégation-là, c'est comme une ISO 9001 ou 9002,
01:07:49 et donc il nous faut ce… et bien ça, ça nous coûte 1000 euros tous les ans,
01:07:53 et en plus de ça, les dossiers, c'est infernal à remplir.
01:07:57 Maintenant, il y a des entreprises spécialisées qui viennent dans nos fermes
01:08:01 et on paye pour pouvoir faire ça.
01:08:03 – Christian, j'aimerais que tout le monde nous donne son avis sur le fameux Frexit ou pas,
01:08:06 enfin en tout cas, Christian.
01:08:08 – Frexit ou pas Frexit, c'est surtout l'Europe, pour le Frexit, pas nécessairement.
01:08:14 – Enfin, c'est émancipé de l'Europe.
01:08:17 – L'Europe doit changer sa feuille de route.
01:08:20 Aujourd'hui, elle a fait "farm to fork" avec une volonté de baisser la production de -20%,
01:08:26 mais c'est une moyenne.
01:08:28 Il y aura des pays qui auront des baisses de production
01:08:30 et des zones dans le pays beaucoup plus fortes que d'autres.
01:08:34 En fait, comme dit Grégoire, c'est le prix.
01:08:40 Les normes, j'ai envie de dire, on tend vers la qualité,
01:08:45 pour le consommateur, pour la sécurité du consommateur.
01:08:48 Mais quand on le met sur l'étalage en concurrence,
01:08:51 c'est comme si on mettait sur l'étalage un Doliprane fait avec une norme
01:08:56 et un Doliprane avec une autre norme où on met dedans de l'arsenic.
01:09:01 J'ai envie d'exagérer parce que c'est moins cher pour le produire.
01:09:04 C'est ça qui n'est pas normal.
01:09:07 On met en concurrence l'absurde.
01:09:10 Et ça, c'est infernal.
01:09:12 Demain, est-ce qu'on pourra mettre en concurrence notre avionneur Airbus ?
01:09:17 Parce que la Chine va produire de la copie de l'Airbus à deux fois moins cher.
01:09:25 Pourquoi ? Demain, on dirait pas.
01:09:27 On va acheter plutôt de l'avion chinois plutôt que Airbus.
01:09:30 – C'est ce qui arrivera.
01:09:31 – On ne tracasserait pas.
01:09:32 Ça va durer longtemps, mais ça va arriver.
01:09:34 [Applaudissements]
01:09:38 – Ce que j'en dirais, c'est que le Frexit…
01:09:41 Alors moi, je n'ai rien contre le principe d'une Union européenne,
01:09:44 mais dans l'idée telle que De Gaulle l'a voulu au départ.
01:09:48 L'Union européenne comme elle est maintenant, de toute façon c'est simple,
01:09:51 on a fait la preuve de ce que je vais dire par les pays qui manifestent.
01:09:55 C'est-à-dire que l'Union européenne, il faut de mon point de vue,
01:09:58 soit taper du poing sur la table, mais je ne pense pas que Macron ait la main assez ferme.
01:10:02 Donc il faut soit un leader pour taper du poing sur la table
01:10:05 et dire "on change ça ou on s'en va", soit tout simplement partir
01:10:08 et la refonder avec les pays frontaliers, utiles.
01:10:13 Je n'ai rien contre les Bulgares, mais qu'est-ce qu'on fait avec la Bulgarie ?
01:10:18 Qu'est-ce qu'on fait à 27 ?
01:10:20 [Applaudissements]
01:10:22 Parce que le fond du problème, c'est que donc on parle de ces accords
01:10:25 de libre-échange avec le monde entier, et après on nous dit
01:10:28 "on va renégocier les traités".
01:10:30 Mais on l'a vu par exemple pour l'Ukraine avec la Hongrie,
01:10:34 n'importe quel pays peut bloquer un accord vu qu'il faut l'unanimité.
01:10:39 Je pense que tout le monde est conscient que les pays les plus pauvres
01:10:42 de l'Union européenne sont encore plus faciles à piloter
01:10:46 pour les grandes puissances étrangères, et donc peuvent être,
01:10:50 par le biais d'accords autres, peuvent servir les intérêts de la Chine,
01:10:53 des États-Unis, de la Russie, et donc nous bloquer en fait.
01:10:56 Parce que ça fait leur jeu, techniquement.
01:10:59 Et ça, soit il faut quitter, soit il faut forcer et dire
01:11:02 "on change ça ou on se casse".
01:11:03 Parce que si la France sort de l'Union européenne, ça va être compliqué pour l'UE.
01:11:06 – D'ailleurs ce droit de veto que tu parles, il veut être remis en cause.
01:11:10 – Excuse-moi.
01:11:12 – Vas-y, vas-y Alexandre.
01:11:14 – L'Espagne pour l'électricité, elle est sortie.
01:11:17 L'Espagne, ils ont dit "non, on n'est pas d'accord",
01:11:20 et les Espagnols aujourd'hui, ils ont de l'électricité
01:11:23 qui est beaucoup moins chère que nous en Europe.
01:11:25 Donc il y a des possibilités de faire quelque chose.
01:11:27 C'est une question gouvernementale, et il faut que notre président,
01:11:31 il dise "non, maintenant, il faut le pouvoir".
01:11:34 – Les artisans, pour les boulangers par exemple,
01:11:37 combien il y a de boulangers depuis un an ou deux qui ferment leurs portes
01:11:41 parce que les coûts de l'énergie sont délirants,
01:11:43 alors qu'on la produit à pas cher ?
01:11:45 Mais pour des règlements européens complètement débiles,
01:11:47 on s'oblige d'acheter ce qu'on produit pas cher, cher, ça n'a aucun sens.
01:11:51 Et donc au final, c'est déjà tous les citoyens français
01:11:53 qui payent ça à des prix débiles.
01:11:55 – Finalement, il y a des gagnants et des perdants de la politique agricole européenne.
01:11:58 – Agricole et de la politique européenne en général,
01:12:00 moi j'ai du mal à voir où elle sert le peuple français
01:12:02 ou les peuples européens en général.
01:12:04 – Toute l'industrie agroalimentaire ou chimique, ou comment les groupes…
01:12:11 – Ils sont gagnants.
01:12:12 – Eux, ils sont gagnants, c'est naturellement, ils sont tous gagnants.
01:12:14 C'est la base qui n'est pas gagnante, c'est la base.
01:12:17 – On va laisser parler Philippe avant.
01:12:19 – Bon, alors, question, allez-y.
01:12:21 – Je voulais rebondir justement sur l'électricité.
01:12:23 Un fabuleux exemple dans notre domaine,
01:12:25 parce qu'on a des installations frigorifiques,
01:12:27 donc ça tourne avec de l'électricité.
01:12:30 Les grands groupes qui ont une puissance de feu importante de négociation
01:12:35 ont pu accepter une augmentation de leur facture de, je veux dire,
01:12:40 50% de plus, guerre plus, avec de la négo, avec de la concurrence, etc.
01:12:48 Ceux qui n'avaient pas le choix, qui n'ont pas accès à ce…
01:12:52 parce que, en fait, ces grands groupes, on leur proposait un tarif très intéressant,
01:12:57 mais il fallait financièrement avancer en trésorerie,
01:13:01 il fallait une avance financière du contrat de 3 mois, 6 mois, ça dépend des…
01:13:08 qui peut aujourd'hui avancer une future dépense qui n'est pas encore là.
01:13:12 Donc ça demandait des fonds très importants.
01:13:15 Et toutes les exploitations qui sont artisanales et petites,
01:13:19 elles étaient au moins de 36 KVA ou au 42 KVA légèrement élevés,
01:13:24 elles n'ont pas eu le choix que de se prendre 300, 400, 500% dans la figure.
01:13:29 Et là, mon cas, je ne vais pas me cacher, je n'ai rien stocké,
01:13:34 parce que c'était prohibitif.
01:13:36 Dès le premier mois, je me prenais 5 mois de consommation.
01:13:39 Donc j'ai vendu Bord-Verger.
01:13:41 Bord-Verger, c'est l'aventure, c'est…
01:13:46 On a en fait favorisé la financiarisation de cet état de fait.
01:13:53 On est en train de détruire l'artisanat de production.
01:13:56 – Sur le bilan, pardon, je vais me revenir à cette question de départ,
01:13:59 le bilan de cette crise et de ces manifestations,
01:14:01 est-ce qu'on ne peut pas dire aussi que le milieu agricole,
01:14:04 enfin des paysans et des agriculteurs, il est assez hétérogène, divisé,
01:14:08 parce que finalement, est-ce que ça vous a rassemblé plus ?
01:14:12 – Non, parce que…
01:14:14 Bon, certes, il n'y a pas une agriculture, mais il y a des agriculteurs.
01:14:17 – Il a fait de l'ESOA, je vous sentais très critique tout à l'heure.
01:14:19 – Mais si vous voulez, il y a beaucoup de journalistes qui disent,
01:14:21 en agriculture, comme c'est disparate, il y a beaucoup de modèles agricoles,
01:14:26 certains poussent le bouchon en disant,
01:14:28 c'est impossible de connaître un coût de production.
01:14:31 Ça, c'est prendre les gens pour des imbéciles.
01:14:33 Les gens qui sont mécaniciens, les gens qui sont boulangers,
01:14:35 les gens qui sont couvreurs, ils font des devis,
01:14:38 ils connaissent le coût de production.
01:14:40 Faire croire que nous, en agriculture, on ne pourrait pas mettre un coût de production,
01:14:43 ceux qui s'expriment comme ça sur les plateaux,
01:14:45 c'est qu'ils sont tout simplement des grands mondialistes,
01:14:48 et ils sont pour la théorie de Ricardo des coûts comparatifs,
01:14:51 pour mettre les paysans en compétition sur la planète.
01:14:54 Moi, je voudrais vous rappeler déjà que dans le monde,
01:14:56 80% des gens pauvres sont des paysans.
01:14:59 Jamais l'oubliez ça, déjà.
01:15:01 Et après, ce qui nous a tués, c'est bien la libre circulation des biens,
01:15:07 des hommes, des marchandises et des capitaux,
01:15:09 mais surtout des capitaux,
01:15:11 qui permet à des centrales d'achat et des entreprises agroalimentaires,
01:15:14 qui, je le regrette, sont main dans la main avec le syndicat FDSEA,
01:15:19 je le regrette, nous mettent en compétition.
01:15:22 Après, au niveau de l'Union européenne,
01:15:24 la politique de l'Union européenne, elle n'est pas bonne du tout,
01:15:27 mais comme on a mis en place, avec ce libre-échange,
01:15:32 on a mis l'Union européenne, nous, nos pays européens,
01:15:35 en compétition sur le monde entier,
01:15:37 on a perdu notre industrie, on a perdu le textile, la chaussure,
01:15:41 comme on est en train de perdre notre agriculture, la sidérurgie,
01:15:44 on perd notre agriculture, justement par la théorie de Ricardo,
01:15:48 Thomas Piketty l'explique très bien ça, l'économiste dans ses livres.
01:15:51 Alors après, quand on perd des pans entiers de l'industrie et de l'agriculture,
01:15:55 on fait ce que j'appelle du travail parasitaire,
01:15:58 d'où mon collègue qui dit qu'il y a beaucoup de papiers, beaucoup de normes.
01:16:01 Parce qu'après, on n'a plus qu'un secteur tertiaire,
01:16:04 donc les gens, il faut bien qu'ils fassent quelque chose.
01:16:06 Donc ils contrôlent celui qui est devant, et puis ils contrôlent le contrôleur,
01:16:09 puis le contrôleur, il cherche une nouvelle idée pour créer une nouvelle norme,
01:16:12 les gens, il faut qu'ils fassent quelque chose.
01:16:14 Quand on n'a plus d'industrie et plus d'agriculture,
01:16:16 on crée du travail parasitaire,
01:16:18 et l'Union européenne, elle est en train de s'enliser avec ça.
01:16:21 Alors après, les gens disent, certains disent Frexit, pas Frexit,
01:16:25 le Frexit c'est un moyen institutionnel pour sortir de l'Europe,
01:16:29 prendre son indépendance.
01:16:31 Est-ce que derrière après, parce qu'il faut savoir ce qu'on fait derrière,
01:16:34 si on reste dans la politique de l'OMC avec les traités de libre-échange,
01:16:37 qu'on reste sur la base du libre-échange,
01:16:39 et non sur la base de la coopération entre les États,
01:16:42 comme le prévoit par exemple la Charte de la Havane de 1947,
01:16:45 où c'est la coopération entre les États,
01:16:47 moi je crois qu'avant de dire, il faut Frexit ou pas Frexit,
01:16:51 il faut savoir si on a des hommes d'État qui acceptent de vendre l'agriculture
01:16:56 pour les voitures allemandes, pour l'industrie, pour Airbus,
01:16:59 pour tout ça, parce que nous on est une monnaie d'échange.
01:17:01 Donc il faut savoir s'il y a des hommes d'État qui veulent garder une souveraineté,
01:17:04 jusqu'à quel seuil ils veulent nous descendre,
01:17:07 nous descendre la souveraineté de la France.
01:17:10 On est à plus de 30% aujourd'hui de notre alimentation globale qu'on importe,
01:17:14 60% dans les moutons, 71% dans les fruits,
01:17:18 50% dans les poulets, jusqu'où ils veulent aller,
01:17:21 parce que ça ils l'acceptent, tous les pro-européens et tout,
01:17:24 pour aller prendre en Amérique du Sud et tout, nous mettre en compétition.
01:17:28 Et ça c'est une volonté politique, parce qu'ils sont bien,
01:17:32 depuis le début que l'Union Européenne est créée,
01:17:34 ils violent les traités de libre-échange, pardon, ils violent le traité européen.
01:17:39 Dans le traité européen, il est écrit, dans la constitution du traité européen,
01:17:43 qu'il est interdit de racheter des dettes d'Etat.
01:17:46 Ils ont racheté plus de 4 000 milliards d'euros de dettes des Etats de l'Union Européenne,
01:17:51 environ 25% des dettes des Etats, des Etats membres.
01:17:54 Pour ça, ils ont violé les traités, ça ne gênait personne,
01:17:57 ni Madame Van Der Leyen, ni personne.
01:18:00 Là, ils ont passé, ils ont dit "on abote".
01:18:02 Voilà, c'était pas dans la constitution, c'est interdit.
01:18:05 Les Allemands étaient contre, la cour de Karlsruhe,
01:18:07 les Allemands, ils ont tiré la sonnette d'alarme,
01:18:09 plein de fois à cause de ça, du rachat des dettes des Etats.
01:18:12 Donc, comme quoi, c'est bien des volontés politiques,
01:18:15 puisqu'il a eu le respect de Paul, le traité.
01:18:17 Donc, est-ce qu'on veut garder une agriculture en Europe,
01:18:20 avec, en n'étant pas plus idiot que les autres,
01:18:23 les Américains, ils se protègent,
01:18:25 au Canada, il y a un système de gestion de l'offre,
01:18:28 où les agriculteurs gagnent leur vie,
01:18:30 et pourtant, ils font partie d'un traité de libre-échange,
01:18:33 avec le Mexique et les Etats-Unis.
01:18:35 Mais le gouvernement canadien, il a dit "stop, moi, terminé".
01:18:37 Reprenons l'exemple de la Suisse.
01:18:39 La Suisse, il se protège.
01:18:41 Donc, est-ce que nous, on est plus idiot que les autres ?
01:18:44 Bah, moi, je sais pas.
01:18:45 Si on n'a pas d'hommes d'Etat, en fait, j'ai l'impression qu'aujourd'hui,
01:18:48 on a des chefs d'appareil, des chefs de parti.
01:18:51 Des chefs qui font des combines politiciennes pour être élus.
01:18:54 Mais on n'a pas de chef d'Etat.
01:18:56 Et si on avait un chef d'Etat comme on a eu De Gaulle,
01:18:59 si on avait un chef d'Etat comme on a eu De Gaulle,
01:19:02 je pense qu'on pourrait redresser la France et l'Europe.
01:19:05 Parce qu'un chef d'Etat, il n'a pas d'amis, il n'a que des intérêts.
01:19:08 Donc, il faut des chefs d'Etat qui défendent nos intérêts.
01:19:11 [Applaudissements]
01:19:13 – On a souvent fait la comparaison dans cette mobilisation
01:19:16 entre le mouvement des Gilets jaunes et celui des agriculteurs.
01:19:19 Elle est juste ou pas cette comparaison, après vous ?
01:19:21 – Bah, c'est quand même plus fédéré que… enfin, plus fédéré, plus…
01:19:24 – Mais y'a pas de leader, hein, on en parle.
01:19:26 – En fait, moi, je pense, parce que pour ce que vous disiez,
01:19:29 justement, ça permet… – Y'en a 5 nouveaux ce soir.
01:19:31 – Non, mais ça permet d'unir le monde…
01:19:34 Parce qu'en fait, déjà, vous parlez de ce mouvement agricole au passé,
01:19:37 c'est fini, les gens sont repartis parce qu'on n'a pas…
01:19:39 – Il s'est un peu éteint, pardon, mais on a la pression…
01:19:41 – Non, mais pourquoi il s'est éteint ?
01:19:43 – Non, il est pas éteint, il est en bon jeu.
01:19:45 – Non, mais il faut que vous imaginez que ceux qui ont été en tête de gondole,
01:19:48 à qui il faut rendre hommage quand même, c'est-à-dire la coordination du 47,
01:19:53 donc ceux d'Agin, en gros, qui ont fait un travail colossal.
01:19:57 Les mecs, ils ont passé 15 jours non-stop sur les blocages.
01:20:00 Ils ont des fermes à faire tenir, y'a personne qui les indemnise,
01:20:03 la fatigue physique et mentale, il faut que les mecs…
01:20:07 – Il est en pause, ça veut dire qu'il peut repartir là-dessus.
01:20:09 – Ah, mais ça veut dire que… – Ça va pas…
01:20:11 – Excuse-moi, mais vous parlez du salon de l'agriculture,
01:20:15 ça va pas se terminer au salon de l'agriculture,
01:20:17 ça va aller beaucoup plus loin, vous allez voir.
01:20:19 – De toute façon, il faut trouver une solution,
01:20:21 parce que là, les propositions d'Attal pour reprendre…
01:20:26 alors, je rins à César, ce qui est à César, ce qu'a dit une chaîne
01:20:30 qui s'appelle "La ferme du vieux tilleul",
01:20:34 c'est le dernier repas du condamné à mort, en fait, qu'il nous a donné.
01:20:38 Donc, ça ne suffit pas, ça ne résout rien, donc ça peut pas s'arrêter.
01:20:43 Donc, il est évident que ça va continuer, mais l'intérêt qu'il y a pour le monde agricole,
01:20:46 c'est que les gens se sont fédérés de manière…
01:20:51 à politique, c'est pas le mot, mais sans suivre un syndicat,
01:20:55 et en fait, la FNSEA…
01:20:57 alors, je n'ai rien contre les militants de base ou départementaux des FNSEA,
01:21:01 je parle vraiment du noyau qui chapote nationalement.
01:21:05 On savait, j'assume mes propos, que c'était des ordures,
01:21:08 là, ils l'ont prouvé deux fois, ils l'ont prouvé deux fois comment ?
01:21:11 Ils l'ont prouvé deux fois au tout début des manifs,
01:21:13 en appelant à arrêter les manifs, et ils se sont fait cracher dessus,
01:21:17 et après, ils ont essayé de suivre l'impulsion qui était amenée
01:21:21 par tout le monde, mais on va dire, en tête de pont, la coordination rurale,
01:21:25 ils ont arrivé à récupérer ça à leur nom, et ils l'ont fait de manière grossière,
01:21:30 puisqu'il y a un document qui est sorti, qui a été sur tous les médias,
01:21:33 et que tout le monde peut trouver, où en gros, les leaders de la FNSEA
01:21:37 sont allés pleurer à Macron, pour lui dire d'arrêter la coordination rurale
01:21:41 qui montait pour Rungis, alors que le but n'avait jamais été de détruire
01:21:44 quoi que ce soit, mais de les bloquer, parce qu'ils ne voulaient pas
01:21:47 que ça fédère et qu'eux perdent leur place, parce qu'ils tiennent le haut du panier
01:21:51 depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sans interruption.
01:21:54 Et là, en fait, la base n'est pas contente.
01:21:57 Je peux vous dire que chez la FNSEA ou les jeunes agriculteurs,
01:22:00 c'est un peu la même chose de mon point de vue, vu qu'ils s'unissent
01:22:02 pour toutes les élections, les gens ne sont pas contents,
01:22:05 les gens risquent soit de changer de syndicat, soit tout simplement de plus l'humilité.
01:22:10 – C'est pas un syndicat représentatif ?
01:22:12 – Pour moi, il pèse, en fait, pour des raisons qui ont été évoquées
01:22:15 par mes collègues tout à l'heure, il pèse pour des raisons de combine,
01:22:21 parce que comme l'ont dit mes collègues, pour avoir accès à des terres,
01:22:23 bon, ça s'améliore un peu, mais depuis toujours, si on n'est pas syndiqué
01:22:27 avec eux ou pas bien avec eux, c'est plus compliqué.
01:22:30 Et puis, il y a aussi le poids des traditions dans le milieu rural,
01:22:34 c'est-à-dire que si vous reprenez votre ferme et qu'il y a votre père
01:22:36 et votre grand-père qui bossent avec vous tous les jours,
01:22:38 déjà vous ne prenez pas les directions exactement que vous voulez,
01:22:40 parce que c'est quand même encore eux qui décident un peu,
01:22:42 même s'ils sont à la retraite.
01:22:43 Et après, si votre père et votre grand-père ont milité pendant 50 ans
01:22:46 dans le même syndicat, si vous, vous voulez changer, compliqué.
01:22:50 – Monsieur Bourillaud, ce qu'il faut bien faire comprendre aux gens,
01:22:55 l'organisation, si vous voulez, de la représentation agricole
01:22:59 qu'on a aujourd'hui, grosso modo, 90% des fonds sont accaparés
01:23:08 par l'AFNESOA et ses satellites, parce que c'est une myriade
01:23:12 phénoménale de satellites, vous avez des cotisations syndicales
01:23:17 volontaires obligatoires sur la serrale par exemple.
01:23:21 Et c'est les coopératives qui les collectent et qui les reversent
01:23:25 et souvent, on a une organisation dans notre syndicat,
01:23:30 souvent les gens disent "bon, je veux…", on ne vous propose pas en fait
01:23:35 la possibilité de dire "bon, je les oriente plutôt vers ce syndicat
01:23:40 ou vers l'autre", pratiquement tout est envoyé à la FOB, la GPM,
01:23:49 tout ça, le truc du maïs, c'est tout ça.
01:23:51 – Les cotisations volontaires obligatoires.
01:23:53 – Donc 90% des fonds, quelque part public, décidés par la loi,
01:23:59 va à l'organisation FNSEA, ça représente plus de 100 millions,
01:24:04 je n'ai pas fait le chiffre, je pense que c'est lourd, c'est très lourd,
01:24:08 j'avais vu un chiffre, rien que la GPM, c'était très très important.
01:24:13 Évidemment, ils ont les moyens de peser, de financer, de la communication,
01:24:21 voilà, et nous de l'autre côté…
01:24:23 – Et bien, Guillaume, c'est la France qui vient de dépasser la base…
01:24:25 – C'est important, monsieur Moriaux, c'est très important ce que vous venez de dire.
01:24:27 – Et nous de l'autre côté, Coordination rurale, Confédération Pisane,
01:24:31 on ramasse les miettes.
01:24:32 – C'est très important ce que vous venez de dire.
01:24:34 – Et vous avez des financements locaux, des régions en fonction des tendances.
01:24:39 – Les cotisations volontaires obligatoires, pour que les auditeurs comprennent,
01:24:43 c'est sur chaque animal qu'on vend, chaque céréale, quand il faut planter de la vigne ou autre,
01:24:48 il y a un prélèvement qui est fait pour les interprofessions dont ils ont la main,
01:24:52 cotisation volontaire obligatoire, et pour vous dire que la cogestion,
01:24:56 elle est totale, c'est un décret de 1975,
01:25:00 donc c'était Valéry Giscard d'Estaing en 1975, il a été élu en 1974.
01:25:04 Donc vous voyez les politiques, c'est un décret validé au Sénat,
01:25:07 les politiques les ont toujours accompagnés, c'est le bras armé des politiques.
01:25:12 Donc quand ils font des manifs, ils vont chasser les Gilets jaunes,
01:25:15 mais ils ne vont jamais chasser la FNSEA, jamais, jamais.
01:25:18 D'ailleurs, ça devrait choquer les gens en France,
01:25:21 regardez les dégâts qui ont été faits par la FNSEA depuis la préfecture
01:25:25 Alexis Gourvenek en Bretagne, qui avait fait brûler la préfecture de Saint-Brieuc,
01:25:29 depuis ces années-là surtout, les années 60, regardez le nombre de dégâts
01:25:34 qu'ils ont fait sur le territoire, avec le groupe Vinci, les autoroutes,
01:25:38 les plateformes des grandes surfaces, etc. Ils n'ont jamais payé.
01:25:42 Essayez de faire ça, essayez, demandez à un mouvement enseignant,
01:25:47 ou étudiant, ou du BTP de faire ça, vous allez voir,
01:25:51 vous allez vous retrouver en cabane.
01:25:53 – En tout cas, on peut dire que les syndicats ont été un peu dépassés
01:25:56 par leur base, vous dites ça, pas vrai ?
01:25:58 – Pour moi, surtout la FED, parce qu'en fait, ils ont perdu la main,
01:26:01 ils ont appelé à l'arrêt des manifs dès le début,
01:26:03 ils ont complètement perdu la main, et là, ils ont essayé de faire
01:26:05 une récupération qui est juste grossière, donc les gens sont partis se reposer,
01:26:10 certains très, très en colère, il y a des endroits où ça a un peu viré au pugilat,
01:26:16 mais non, moi je vois des paysans que je connais, la base n'est pas contente du tout,
01:26:22 et quel que soit le syndicat, mais les gens sont remontés
01:26:25 contre les leaders de la FNSE, ça je peux vous le certifier.
01:26:29 – Quel que soit le syndicat, il y a un moyen quand même de rééquilibrer tout ça,
01:26:33 c'est que dans moins d'un an, il y a des élections aux chambres d'agriculture,
01:26:35 et ce serait bien que pour une fois, il y ait un peu de sang d'œuf
01:26:38 qui rentre dans ces chambres d'agriculture, en sachant que jusqu'à maintenant,
01:26:41 quand on avait 51%, ça c'est la FNSE qui avait réussi à faire passer ça il y a 25 ans,
01:26:45 avec 51% des voix, ils avaient droit à 80% des sièges,
01:26:48 et avec 51% des voix, ils avaient 51% des subventions,
01:26:52 mais là depuis deux mois, apparemment, ils se sont aussi octroyés le droit
01:26:55 d'avoir 80% des subventions, donc s'il y a des chambres d'agriculture
01:26:58 qui leur échappaient, ce serait 80% des subventions qui leur échapperaient.
01:27:02 Mais derrière tout ça, il y a quand même effectivement,
01:27:04 le financement des syndicats en France, il y avait un rapport
01:27:07 de la Cour des comptes très fourni là-dessus.
01:27:10 – Le rapport Perucho.
01:27:11 – Voilà, sur les syndicats, les députés de gauche ont décidé d'enterrer le rapport
01:27:18 parce qu'il ne fallait pas qu'on sache comment les syndicats de gauche étaient financés,
01:27:22 les syndicats ouvriers de gauche et la droite ont décidé d'enterrer le rapport
01:27:26 parce qu'il ne fallait pas qu'on sache comment la FNSE a été financée.
01:27:28 En tout cas, les autres syndicats, il n'y a pas de problème sur leur financement,
01:27:31 c'est leur adhésion, point barre.
01:27:32 Et puis quelques miettes, mais qui sont vraiment ridicules.
01:27:36 Et c'est vrai que c'est un gros problème par rapport à l'évolution un petit peu,
01:27:39 parce que les gens de la FNSE ont le droit d'adhérer à la FNSEA,
01:27:43 si la FNSEA avec ses cotisations, ça ne me pose aucun problème,
01:27:46 mais en fait les cotisations, c'est 5% de leur budget
01:27:49 et le reste c'est que de l'argent plus ou moins détourné.
01:27:51 Officiellement, c'est-à-dire que toutes les chambres d'agriculture,
01:27:54 tous les ans, avouent un budget pour la FNSEA et les autres syndicats ont droit à rien.
01:27:58 Pourquoi ? On n'en sait rien, c'est officiellement devant le préfet.
01:28:00 – En tout cas, une chose est claire, ce mouvement,
01:28:02 on a l'impression quand même que le pouvoir politique ne l'avait pas vu venir.
01:28:05 Moi j'ai envie de vous demander, on est d'accord là-dessus.
01:28:07 – Ils sont bien bêtes, parce que quand même c'était évident,
01:28:10 parce que le coût du GNR s'était annoncé depuis pas mal de temps
01:28:13 et c'était évident que ça allait être le bordel au moment du G6.
01:28:16 – Le GNR, il ne faut pas oublier, les gens ne sont peut-être pas au courant,
01:28:19 – Redisque le GNR pour les continuités.
01:28:21 – C'est le gazole non routier, pardon, c'est le rouge qu'on met dans les tracteurs.
01:28:25 La FNSEA avait signé l'accord avant, au mois de septembre,
01:28:28 il avait dit qu'il était d'accord, parce que pour renforcer la filière
01:28:31 biocarburant ou Erno Rousseau dans le groupe Avril.
01:28:34 Et après, quand ils ont été débordés par la base
01:28:36 et que la coordination rurale et d'autres se sont mis avec des indépendants,
01:28:40 c'est là qu'ils sont revenus dans le mouvement.
01:28:42 Et au départ, ils ne voulaient pas manifester, ils attendaient le salon.
01:28:46 – Et alors, justement, moi, maintenant, j'ai une question un peu sensible à vous poser,
01:28:49 et là, j'aimerais que vous me répondiez très franchement.
01:28:51 Est-ce que cette crise, ce n'est pas aussi le signe que dans ce pays,
01:28:54 il faut bloquer ou être violent pour que le pouvoir politique entende ?
01:28:58 Est-ce que ce n'est pas ça la leçon finalement ?
01:29:00 Alors là-dessus, répondez-moi franchement.
01:29:02 – Ce n'est pas d'aujourd'hui, ce n'est pas d'aujourd'hui.
01:29:04 Si vous me parlez des grands, grands changements
01:29:06 qui ne sont arrivés que par du pacifisme,
01:29:08 même Gandhi qu'on nous voit toujours comme…
01:29:10 – Un enfant.
01:29:12 – Quand vous regardez ce qui s'est passé en Inde sous Gandhi,
01:29:14 il n'y a pas eu que du pacifisme.
01:29:16 Le pacifisme, c'est très bien.
01:29:17 Idéalement, dans un monde où on est respecté, écoutez,
01:29:19 où il y a un débat et où à la fin, on fait ce qu'on a décidé en débat,
01:29:22 oui, là, dans ce monde-là, il n'y a pas besoin de violence.
01:29:24 Mais dans un monde où on n'en a rien à foutre de nous,
01:29:26 où on nous invisibilise, et où c'est un mec qui est actionnaire
01:29:30 de X grandes firmes qui parlent au nom des paysans,
01:29:33 oui, là, ça ne peut pas marcher autrement.
01:29:35 Malheureusement, c'est regrettable, on n'appelle pas à la violence
01:29:37 ou quoi que ce soit, mais malheureusement, pour se faire entendre,
01:29:40 s'il y a d'autres solutions, on les cherche.
01:29:42 [Applaudissements]
01:29:47 – Je vois Philippe qui est…
01:29:49 – Ça va, ça va, Philippe, non, non, là-dessus…
01:29:51 – Tu parles de Père Espinvie ou pas ?
01:29:53 – Oui, oui, j'ai 58 ans, je n'y parlais pas, je ne l'ai fait pas,
01:29:57 mais oui, oui, il y a des combats, j'en ai mené,
01:30:00 à chaque fois qu'on a gagné, ça n'a jamais été dans la dentelle.
01:30:06 Je fais partie de celui de Notre-Dame-des-Landes par exemple,
01:30:09 Notre-Dame-des-Landes, c'était pacifiste au début,
01:30:11 et tant que c'était pacifiste, la presse n'en parlait pas,
01:30:13 et le jour où ça commençait à être un petit peu plus violent,
01:30:15 la presse a commencé à en parler, et puis voilà,
01:30:17 il faut s'imposer pour avoir le dernier mot, et sinon on n'y arrive pas.
01:30:20 C'est un petit peu quand même le problème,
01:30:22 notre démocratie reste une fausse démocratie,
01:30:24 c'est-à-dire qu'à partir du moment où on donne les pleins pouvoirs à un homme,
01:30:27 si cet homme-là n'accepte pas d'aller devant le peuple
01:30:30 pour créer des vrais référendums sur tel ou tel sujet,
01:30:34 quand il sent que ça va être chaud,
01:30:36 de toute façon ça ne fonctionnera jamais.
01:30:38 – Il a du mal avec la notion de référendum.
01:30:40 – Mais beaucoup de pays ont du mal, et on a quelques exemples de pays
01:30:42 qui l'ont, cette notion de référendum, et ça se passe très très bien,
01:30:44 et il n'y a jamais de conflit, il n'y a jamais de conflit dans ces pays-là,
01:30:47 et c'est quand même pas compliqué à mettre en place.
01:30:49 Ceci dit, on peut parler de l'avenir, peut-être que c'est à la fin,
01:30:53 et ce sera la conclusion.
01:30:55 – J'aimerais d'abord qu'on parle un peu aussi de ce que vous avez pensé
01:30:58 des annonces et surtout des nombreuses promesses formulées par Gabriel Attal,
01:31:01 notre nouveau Premier ministre.
01:31:03 – Dalida, pas de problème.
01:31:05 – Dalida ? – Parole et parole.
01:31:07 – Ah oui, d'accord.
01:31:09 [Applaudissements]
01:31:14 Vous n'y croyez pas aux promesses de…
01:31:16 – Ce n'est pas dans leur… je cherche le terme.
01:31:20 – Si vous voulez, le problème, on peut le résumer en deux minutes,
01:31:24 il faut redéfinir la chaîne de valeur, entre le départ de la ferme
01:31:28 et l'arrivée dans les grandes surfaces,
01:31:30 il faut redéfinir la chaîne de valeur,
01:31:32 il faut encadrer l'agroalimentaire et la grande distribution.
01:31:35 Si on ne redéfinit pas la chaîne de valeur, je vais vous provoquer,
01:31:40 on donnerait notre marchandise,
01:31:42 mais comme consommateur, il la paierait cher quand même.
01:31:45 – Il la paierait même chère.
01:31:47 – Même si on la donnait.
01:31:49 Donc entre les deux, les souris dansent.
01:31:51 Et ça, il n'y a aucun gouvernement qui a voulu mettre son nez
01:31:54 dans les souris qui dansent, entre les deux.
01:31:56 – Michel-Édouard Leclerc, vous ne voudriez pas débattre avec lui un jour ?
01:31:59 Vous pourriez ou pas ?
01:32:01 – Je serais à débattre avec Michel-Édouard Leclerc.
01:32:03 – Il s'en sort bien.
01:32:05 – Il est dans son rôle.
01:32:07 – Le problème c'est les politiques qui refusent d'appliquer la loi EGalim,
01:32:09 point barre, de faire une loi EGalim qui sert vraiment à quelque chose.
01:32:13 Mais tant qu'on a un ministre de l'économie qui dit
01:32:15 "oui, il faut des produits de base, mais moins cher possible"
01:32:17 – Déjà il ne sait pas ce qu'il veut faire un hectare,
01:32:19 donc lui il a un peu du mal.
01:32:21 – Non mais il a gagné un genou l'économie russe, il faut lui donner un peu les chers couleurs.
01:32:24 [Rires et applaudissements]
01:32:26 – Il faut la note qu'il a mise à EGalim.
01:32:28 – La plupart des agriculteurs, on ne vend pas nos produits à Édouard Leclerc.
01:32:31 On le vend à l'agroalimentaire et à des coopératives.
01:32:34 Et après Bruno Le Maire, il faut quand même, pas qu'on oublie Bruno Le Maire,
01:32:38 notre cher ministre de l'agriculture, ancien ministre de l'agriculture Bruno Le Maire,
01:32:42 il a quand même fait très fort, c'est un super costaud,
01:32:45 en une nuit à l'Assemblée nationale, il a donné nos références laitières aux industriels.
01:32:50 À Lactalis, Sodia, L'Agrigal, on avait des références laitières qui s'appelaient les quotas laitiers.
01:32:55 – Ça veut dire quoi donner les quotas ?
01:32:57 – À Bruno Le Maire, on avait des volumes de production qui étaient gérés,
01:32:59 qui s'appelaient des quotas laitiers, mis en place en 1984 par Michel Rocard,
01:33:03 mais qui étaient européens, c'était une gestion des volumes européennes.
01:33:06 Et ils ont fait pour déréguler, comme l'a dit Philippe tout à l'heure,
01:33:09 nous faire produire plus, bien sûr pour effondrer les prix, en Europe.
01:33:13 – Et alors quel était le mal à avoir…
01:33:14 – Et M. Bruno Le Maire, lui en une nuit à l'Assemblée nationale,
01:33:17 c'était un genre de licence qu'on avait, parce que ça nous donnait,
01:33:20 on ne va pas dire qu'on était riches, mais ça nous donnait une valeur économique.
01:33:23 Notre droit à produire référence par exploitation,
01:33:27 qui était rattaché à la terre, au sol, lui en une nuit à l'Assemblée nationale,
01:33:31 il l'a donné à l'actalis, à Sodial, à Agrial, à Saventia, bravo M. Le Maire, bravo.
01:33:37 – Le haut de bilan, avant il avait une valeur, le lendemain zéro.
01:33:42 – Voilà.
01:33:43 – Techniquement, c'était, en exploitation, elle avait plus de…
01:33:48 enfin elle était négative en valeur.
01:33:51 – C'est vrai que quand on revient aux promesses, la fête,
01:33:54 moi le premier truc que j'ai envie de dire,
01:33:55 c'est comment ça se fait que ces mesures, elles n'aient pas été mises en place plus tôt ?
01:33:58 Comment vous expliquez ça ?
01:34:00 – Moi je l'explique par le manque de véritable opposition.
01:34:06 On n'a pas droit au chapitre.
01:34:08 À l'Assemblée nationale, même s'il y a une majorité, il y a une opposition.
01:34:12 Elle le dit, elle le clame.
01:34:14 Il y a des échanges, il y a des débats.
01:34:16 Là, il n'y a pas de débat.
01:34:18 – La seule politique qui vaille.
01:34:19 Ça décide et ça applique.
01:34:21 – D'après Macron, le bilan de Macron,
01:34:24 il a privatisé tout ce qui rapportait de l'argent à l'État.
01:34:26 "Français des jeux" a rapporté 13 milliards d'euros nets par an à l'État.
01:34:29 On a un État qui est en déficit de 3 000 milliards d'euros.
01:34:32 Quand il est arrivé, on était à 2 100 milliards d'euros d'endettement.
01:34:35 Maintenant, on est à 3 000 milliards d'euros, plus 700 milliards par rapport à la gestion Covid.
01:34:40 Dramatique de la gestion Covid.
01:34:42 Cette année encore, 2023, on est à plus de 140 milliards de déficit.
01:34:46 Plus ça va, plus ça augmente.
01:34:48 Quand on a une entreprise en déficit,
01:34:50 on garde les activités qui rapportent et on élimine les activités qui ne rapportent pas.
01:34:53 Depuis que Macron est président, "Français des jeux" privatisé 13 milliards d'euros nets par an.
01:34:57 On l'a mis dans le secteur public, enfin, aux actionnaires.
01:35:00 Un autre exemple, EDF, 50 milliards de déficit.
01:35:03 Le seul truc qui rapporte à EDF, c'était les barrages hydroélectriques.
01:35:06 Il les a privatisés pour ses copains et il a gardé à EDF tout ce qui perdait de l'argent.
01:35:11 Pourquoi ils acceptent l'augmentation de l'électricité ?
01:35:13 [Applaudissements]
01:35:14 Pourquoi ils acceptent l'augmentation de l'électricité ?
01:35:16 Parce qu'en fait, indexé sur le gaz naturel de Poutine,
01:35:20 c'est parce qu'en fait, ils espèrent que ça va permettre à EDF de résoudre son déficit
01:35:23 sans qu'on ait à s'en occuper.
01:35:24 Mais effectivement, quand on enlève à EDF le seul truc qui lui rapporte,
01:35:27 EDF ne peut pas s'en sortir.
01:35:28 Je loue le courage du...
01:35:30 Et puis en plus, tous les revendeurs d'électricité
01:35:32 qui avaient fait des contrats avec les agriculteurs et les industriels,
01:35:34 eux en plus, ils empochent un maximum de pognon
01:35:36 sans jamais avoir eu à se poser la question de savoir comment on produisait un kilo...
01:35:38 – C'est bien de vous parler de Macron, parce que le rôle de Macron dans cette crise,
01:35:40 vous avez trouvé comment ? – Un kilowatt d'électricité.
01:35:42 – Le rôle de Macron dans cette crise.
01:35:44 – Mais ce mec-là, il est pour le libéralisme, il est pour le libre-échange,
01:35:46 il est exactement comme Lamy qui était commissaire européen
01:35:48 et qui s'occupait de ce qu'elle a négocié.
01:35:50 Tous nos traités européens, qui représentaient l'Europe dans toutes les négociations du GATT
01:35:54 et qui à chaque fois a fait des négociations en notre défaveur.
01:35:57 Et ce mec-là, on ne l'entend plus d'ailleurs, Lamy, je ne le vois plus,
01:35:59 Pascal Lamy, on ne le voit plus, mais c'est ce mec-là qui est responsable
01:36:01 de tout ce qui nous arrive aujourd'hui en partie,
01:36:03 qui avait tous les pleins pouvoirs et qui se permettait de faire tout ce qu'il pouvait.
01:36:06 Moi l'Europe, je suis pour, mais pas avec des mecs comme ça, pas avec des mecs comme ça.
01:36:09 – C'est pour ça que je dis tout à l'heure, il faut un Bruxelles ou un France.
01:36:13 Il faut arriver à éliminer tout ce qu'il y a là-bas.
01:36:17 Et puis après, il faut avoir des solutions pour reconstruire.
01:36:20 Là, je suis entièrement d'accord avec toi, il ne faut pas tout foutre par terre
01:36:23 pour foutre par terre et puis derrière ne pas reconstruire.
01:36:25 Mais il faut, de toute façon, on sera obligé de passer par là.
01:36:29 – Il n'y a pas de solution. – Non, demain, ce sera le lendemain d'hier,
01:36:31 ça on le sait, mais n'empêche qu'on a des gens quand même qui continuent
01:36:34 d'édapider le seul truc qui nous reste.
01:36:36 Le seul truc qui reste à privatiser à Macron, et je vous le donne en mille,
01:36:38 c'est les aéroports de Paris. Ils sont rentables.
01:36:41 Il y a plein d'aéroports de province qui sont déficitaires,
01:36:43 ne vous inquiétez pas, on va les garder.
01:36:45 Les aéroports de Paris sont privatisables.
01:36:47 Il a commencé la privatisation en début de premier mandat,
01:36:50 c'était les Chinois qui allaient l'avoir, ça allait échapper à ses copains,
01:36:52 donc il a suspendu la privatisation.
01:36:54 Je vous garantis qu'avant la fin de son mandat, il va remettre ça sur le tapis
01:36:57 et faire en sorte de bétonner la transition pour que ce soit ses copains qui l'aient.
01:37:00 Donc à partir du moment où on a des gens comme ça au pouvoir,
01:37:03 on ne pourra jamais s'en servir.
01:37:04 – Alors en l'occurrence, il a plutôt été absent sur ces prises.
01:37:06 – Vous avez vu comment il traite les paysans et comment on peut nous ignorer.
01:37:12 C'est-à-dire que Macron, il est allé de voyage en voyage en voyage.
01:37:16 – Il est allé en Suède je crois.
01:37:18 – Voilà, en Inde, après en Suède, etc.
01:37:20 – C'est sympa qu'il ait été bien reçu.
01:37:22 – Il a été en Inde vendre la technologie Safran pour les moteurs d'avion.
01:37:26 – Ça vous a choqué ça qu'il parte pendant qu'il y avait cette crise à l'étranger ?
01:37:32 – Ça me paraît… oui.
01:37:34 – On voit l'importance qu'il accorde à la souveraineté alimentaire de son pays
01:37:37 et au monde agricole.
01:37:38 [Applaudissements]
01:37:41 Et après, on a eu en plus Macron qui, quand il a fini par prendre la parole
01:37:44 sur le monde agricole, le même jour qu'Attal a annoncé sa deuxième vague de mesures,
01:37:49 qui nous a expliqué que lui, il était pour le monde agricole,
01:37:52 qu'il se battait pour nous, et le même jour, il signait un accord d'augmentation
01:37:57 d'envoi de produits de l'Ukraine qui inonde le marché européen.
01:38:01 Et je tiens à dire d'ailleurs, pour ce qu'on disait tout à l'heure,
01:38:04 que le consommateur, certes, son portefeuille n'est pas sans fond,
01:38:08 mais si les gens savaient comment sont produits les aliments qu'ils mangent,
01:38:13 par exemple qui viennent d'Ukraine, je pense qu'ils ne mangeraient pas.
01:38:16 [Rires]
01:38:17 [Applaudissements]
01:38:19 – Le soutien de la population, c'est vital, vous l'avez là,
01:38:23 vous n'avez pas peur de le perdre ?
01:38:26 – C'est compliqué parce qu'on est un peu sur le fil du rasoir,
01:38:31 on est sur le fil du rasoir, c'est un petit peu comme les Gilets jaunes,
01:38:34 on avait 70%, 80% de la population avec eux, et ça s'est retourné
01:38:42 parce que justement, il y a eu de la casse qui a été faite sur Paris et tout.
01:38:46 Donc nous, il faut qu'on fasse très attention aussi à…
01:38:49 – Mais il y a une différence pour nous quand même,
01:38:51 c'est que ça, cette différence, c'est un combat à mener dans les médias,
01:38:55 c'est qu'il faut qu'on explique aux gens ce que c'est la souveraineté alimentaire.
01:38:57 Si les gens comprennent ça, alors bien sûr je ne souhaite pas
01:39:00 qu'il y ait de violence de mort, c'est évident, mais si les gens soutiennent ça,
01:39:03 il pourrait y avoir n'importe quelle violence qui resterait de notre côté
01:39:06 parce que c'est leur intérêt à eux, c'est leur survie à eux.
01:39:09 – Mais là, il y a un autre sujet aussi quand même, c'est qu'au jour d'aujourd'hui,
01:39:13 nous on est là et il y a les transporteurs, il y a les BTP,
01:39:16 il ne faut pas oublier non plus que le ministère de l'Agriculture et de la Pêche,
01:39:20 il y a les pêcheurs aussi qui sont sérieusement dans la merde,
01:39:23 il faut appeler un chat un chat, donc tous ces gens-là,
01:39:27 ils sont prêts à revenir aussi, à se mobiliser avec nous,
01:39:32 et il y a les taxis, il y a les infirmières, donc ça peut faire bloc
01:39:37 et effectivement, là, on ne sait plus trop où on va.
01:39:40 Après, ça peut basculer, les violences, comment ça va tourner, on ne sait plus.
01:39:45 Il y en a qui parlent de révolution, de guerre civile,
01:39:49 on est sur le fil du rasoir en ce moment, on est sur le fil du rasoir
01:39:53 et pour ça, le Salon de l'Agriculture, ça va être une étape,
01:39:57 mais à mon avis derrière, il y a les élections européennes…
01:39:59 – Tous les politiques vont défiler au Salon de l'Agriculture.
01:40:01 – À mon avis, mais ils ne vont peut-être pas tous y aller quand même,
01:40:03 parce qu'ils vont peut-être avoir des…
01:40:05 – Ah bon, c'est qu'il serait mal reçu là Macron au Salon de l'Agriculture ?
01:40:08 – Il va avoir une sacrée escorte de boucliers en quelque sorte.
01:40:11 – Non, parce qu'il a été ramené du CRS autour de lui, oui, je pense.
01:40:14 Mais il y a les élections européennes, derrière, il y a les jeux de la paix.
01:40:18 – Ah, je me suis dit, j'allais te demander qu'aussi…
01:40:20 – Alors, parlons, vous avez bien fait de le rappeler, les élections européennes, bien sûr,
01:40:23 c'est qui l'homme politique aujourd'hui qui, à vos yeux,
01:40:25 représente le mieux le monde agricole ?
01:40:27 Tiens, si vous pouvez, là.
01:40:29 Ah, c'est une question, je sais, délicate, mais est-ce qu'il y en a ?
01:40:32 – Jean Lassalle. – Celui qui a envie.
01:40:33 – Alors Jean Lassalle, j'ai reçu d'ailleurs il y a quelque temps, oui, c'est lui pour vous ?
01:40:38 – Il en est issu en tout cas.
01:40:40 – En tout cas, un icône.
01:40:41 – Vous aimeriez qu'il soit candidat à l'Europe ?
01:40:42 – Peut-être pas politique, mais un icône.
01:40:44 – Après, c'est une question de programme, de tout ce qu'on veut,
01:40:47 mais celui qui comprend en tout cas ce que c'est la vie des paysans
01:40:50 et ce que c'est le monde agricole, c'est lui.
01:40:52 – Je peux le dire, on recevra Jean Lassalle dans le prochain Bistro Liberté.
01:40:54 – Non, non, non.
01:40:55 – Je pense qu'effectivement, c'est un homme, maintenant, ce pauvre homme,
01:40:58 il a quand même beaucoup lutté pour l'agriculture, pour faire évoluer.
01:41:04 – Il est légitime.
01:41:05 – Voilà, il est tout à fait légitime là-dedans.
01:41:07 Maintenant, à force, on vieillit, on vieillit, on vieillit,
01:41:10 et puis on a beau avoir la volonté de le faire…
01:41:12 – Moi, je souhaite être président, il me l'a dit, moi.
01:41:14 – Oui, oui, d'accord, mais bon, c'est comme…
01:41:17 – En tout cas, c'est un meilleur ministre de l'agriculture que Bruno Le Maire.
01:41:19 – Ah, ben ça, c'est sûr et certain, ça, c'est sûr et certain.
01:41:22 – Qu'est-ce que vous attendez des prochaines élections ?
01:41:24 – Il faut revenir sur des programmes souverainistes,
01:41:27 parce que la souveraineté, c'est la primauté du politique sur l'économique.
01:41:31 Si ce ne sont pas des programmes souverainistes, ça ne fonctionnera pas,
01:41:34 ça sera le libre-échange à tout va.
01:41:36 Pourquoi Emmanuel Macron, il fait ça ?
01:41:38 Il fait ça comme a fait Hollande, Sarkozy et tous les autres.
01:41:40 Eux, ils résonnent purement et simplement en libre-échange mondialiste, économique.
01:41:46 Donc, en termes économiques, l'industrie agroalimentaire, c'est 220 milliards d'euros.
01:41:50 Nous, c'est 76 milliards d'euros.
01:41:52 Donc, 76 milliards d'euros sur 2 500 milliards d'euros
01:41:55 du produit intérieur brut de la France, il se dit, ceux-là,
01:41:58 à la limite, si j'importe 50% de mon alimentation, c'est pas un problème,
01:42:02 parce que je vais vendre des avions, je vais vendre les nouvelles technologies françaises
01:42:06 qu'on a, tout notre savoir-faire qu'on a, ça, on est capable de l'exporter.
01:42:10 Donc, en contrepartie, les perdants, c'est ceux qui ont des moutons,
01:42:13 des canards ou des cochons.
01:42:14 La preuve, souvent, la réflexion est venue,
01:42:17 vous n'allez pas nous emmerder avec vos vaches et vos cochons.
01:42:19 C'est connu, ça.
01:42:21 Donc, à partir de là, ils décident de faire des choix politiques,
01:42:24 sachant que ce qu'ils n'ont pas pris en ligne de compte,
01:42:27 c'est qu'il y a le ratio économique, mais l'agriculture,
01:42:31 bon, la souveraineté, d'abord, les gens mangent trois fois par jour,
01:42:35 mais il y a l'entretien du territoire qui va avec, qu'on fait gratuitement.
01:42:38 [Applaudissements]
01:42:40 – Vous voyez, vous avez quelqu'un qui applaudit, donc…
01:42:43 [Rires]
01:42:45 On va arriver bientôt au terme de cette émission,
01:42:48 j'aimerais vous poser une question assez générale,
01:42:50 qu'est-ce que vous pensez des années à venir ?
01:42:53 Est-ce que vous pensez que le monde agricole va aller mieux
01:42:55 dans les années à venir ?
01:42:56 Et plus largement, j'aimerais vous demander comment, d'après vous,
01:42:59 on peut réhabiliter ce noble métier de paysan ?
01:43:02 Alors, Alexandre…
01:43:03 – Excusez-moi, déjà, ça va être compliqué.
01:43:05 – D'abord, vous pensez que ça va aller mieux ou pas ?
01:43:07 Ou il va falloir encore se battre pour que ça aille ?
01:43:09 – Je ne pense pas que ça aille mieux, parce que, déjà,
01:43:11 pour la simple et bonne raison, c'est qu'il y a 30-40% d'agriculteurs
01:43:16 qui ont plus de 50 ans, donc ces gens-là, ils vont se passer…
01:43:19 – Oui, il y a un enjeu démographique.
01:43:21 – Il y a un enjeu démographique qui va se passer.
01:43:23 – Il y a un vieillissement plus qu'inquiétant de la population agricole.
01:43:25 – Exactement, donc comment, moi, mon exploitation agricole,
01:43:27 je vais la céder à ma fille.
01:43:28 Enfin, je vais la céder, je vais la donner à ma fille,
01:43:30 je ne vais pas la vendre, parce qu'elle sera incapable de la payer.
01:43:33 Donc, hormis d'aller à la banque, d'être endetté toute sa vie…
01:43:36 – Et les frais de succession aussi, d'ailleurs, au passage.
01:43:38 – Ah ben les frais de succession, je sais ce que c'est, moi.
01:43:40 – Vous allez être obligé d'en vendre une partie
01:43:42 pour payer les frais de succession.
01:43:43 – Oui, oui, non mais c'est infernal.
01:43:46 Mais déjà, ça, il y a déjà…
01:43:48 Alors, comment on va être mangé derrière ?
01:43:50 Les exploitations, est-ce qu'elles vont être avalées
01:43:52 par encore des plus grosses exploitations, par le trichement,
01:43:55 parce qu'on a parlé tout à l'heure des bureaux de structure
01:43:59 qui n'ont plus de rôle aujourd'hui, la SAFER et tout ça ?
01:44:02 Maintenant, les gros exploitants, ils arrivent à passer
01:44:05 à travers les mailles du filet, et à ce que ça ne passe plus
01:44:08 aux bureaux de structure.
01:44:09 Donc, par le biais de sociétés, de holding, etc.,
01:44:12 ils rachètent des exploitations agricoles
01:44:14 sans même que ça passe par le bureau des structures.
01:44:16 Donc, c'est très difficile d'installer des jeunes.
01:44:18 Déjà, le… enfin, je ne sais pas, toi, tu es jeune agriculteur, mais…
01:44:22 – Oui, mais… En fait, moi, je ne sais pas si on va forcément vers le pire,
01:44:29 parce que de toute façon, soit on va vers le pire
01:44:31 et on perd la souveraineté alimentaire et il n'y aura plus de paysans,
01:44:34 soit on fait une vraie réforme…
01:44:37 Ça veut dire qu'il faut faire soit des états généraux de l'agriculture,
01:44:39 soit créer une… ce que j'ai entendu, l'idée n'est pas de moi,
01:44:43 de créer une exception agriculturelle française,
01:44:46 à même titre que la culture, pour garantir notre souveraineté alimentaire
01:44:51 et surtout réformer l'accès aux fonciers, parce que l'accès aux fonciers,
01:44:54 des jeunes qui veulent s'installer, moi, pour être passé par ce cursus-là,
01:44:58 mes grands-parents étaient paysans, mais pas mes parents,
01:45:00 pour être passé par ce cursus-là, il y en a énormément qui ont envie d'y aller.
01:45:04 Mais le problème, c'est que c'est impossible, justement,
01:45:06 par rapport à la spéculation, dont est spécialiste M. Rousseau,
01:45:09 le président de la FEDE.
01:45:10 – Bien sûr, bien sûr.
01:45:11 – Ça c'est à réformer.
01:45:12 – À un jeune, aujourd'hui, que vous croiseriez, justement,
01:45:15 au sein de l'agriculture, pour l'inciter à être paysan, vous lui direz quoi ?
01:45:18 – Moi, je pense que… alors c'est peut-être idiot ce que je vais dire,
01:45:21 mais moi, je pense que ça ne s'incite même pas,
01:45:23 parce qu'en fait, c'est un métier qu'on ne fait pas pour l'argent,
01:45:26 soit dans les jeunes, soit après, il faut faire un stage, en fait.
01:45:30 C'est un métier qu'on fait, c'est un choix de vie, en fait.
01:45:32 C'est pour ça que tous, on ne demande pas, en fait,
01:45:34 on ne demande pas à gagner 25 000 euros par mois,
01:45:36 ce n'est pas l'objectif, on demande à vivre dignement de notre métier.
01:45:40 Ce n'est pas le problème de compter les heures ou de…
01:45:42 [Applaudissements]
01:45:44 Mais, moi, le jeune, je ne lui dirais pas de ne pas y aller.
01:45:47 Après, c'est sûr qu'il y a des productions où c'est très, très compliqué,
01:45:50 mais ça, maintenant, c'est simple, soit on va arriver à faire bouger les choses
01:45:53 en lâchant rien, et l'État français finira par prendre des décisions,
01:45:56 comme ça s'est fait ailleurs, et on sauvera l'agriculture française
01:45:59 et la souveraineté alimentaire, soit la paysannerie va disparaître
01:46:04 et servira juste de vitrine pour les touristes,
01:46:06 et le peuple français va vivre des années très, très, très compliquées.
01:46:10 Partagez cette analyse aussi, Christian, Philippe.
01:46:13 Globalement, oui, l'exception…
01:46:16 On est optimistes, je vais parier, vas-y, vas-y.
01:46:19 L'exception agricole que nous a parlé Attal, c'est pour pas dire,
01:46:24 et nommer le mot, exceptionnel.
01:46:27 C'est-à-dire, s'il dit qu'il faut une agriculture…
01:46:33 Ah, j'ai perdu le fil.
01:46:35 Une exception agriculturelle, il n'a pas dit le mot,
01:46:41 parce que ça fait référence à la création de la coordination rurale,
01:46:45 qui était Jacques Légnon à l'époque, et d'autres fondateurs,
01:46:48 et c'était la base, c'était l'exception agriculturelle.
01:46:52 Donc ça fait 30 ans qu'elle est là, et bon,
01:46:56 il n'a pas voulu dire le mot pour faire référence, sans doute,
01:46:59 mais aujourd'hui, oui, il faut une exception agriculturelle,
01:47:02 comme les Suisses ont une exception, et beaucoup d'autres pays,
01:47:06 le Canada et d'autres.
01:47:08 – Philippe Boulet.
01:47:09 – Alors, si on continue sur le schéma actuel, c'est une catastrophe.
01:47:12 J'ai un fils de 16 ans qui est en école d'agriculture.
01:47:14 Il y a des dizaines de milliers de jeunes en école d'agriculture en France,
01:47:17 aujourd'hui, si on leur pose la question, est-ce qu'ils veulent s'installer,
01:47:20 il y en a très peu qui veulent s'installer, ils veulent vivre sous le dos des paysans.
01:47:23 Voilà, parce qu'ils se rendent compte que c'est trop dur,
01:47:25 que c'est trop cher, que nani, que nanana.
01:47:28 Donc de toute façon, transmettre les fermes qui sont devenues énormes,
01:47:32 elles sont intransmissibles.
01:47:33 La première mesure que, comment il s'appelle le ministre de l'agriculture ?
01:47:38 – Monsieur Frenaud.
01:47:39 – Frenaud a annoncé mardi de la semaine dernière à l'Assemblée nationale,
01:47:43 c'était qu'effectivement, il allait simplifier les formalités administratives
01:47:46 pour les installations classées, c'est-à-dire que permettre
01:47:49 un maximum de fermes de 1000 vaches, un maximum de porcheries à 4000 truies,
01:47:52 et voilà, ça ne lui pose aucun problème d'annoncer ça,
01:47:55 comme si c'était ça l'avenir de l'agriculture française.
01:47:57 Aujourd'hui, ça ne fait pas rêver les jeunes de s'installer dans ce genre,
01:48:00 à part quelques-uns, ça ne fait rêver personne.
01:48:03 Aujourd'hui, nous, dans notre département, il y a un jeune sur deux
01:48:06 qui rêve de s'installer en agriculture biologique.
01:48:08 Et encore, une production qui est en crise, mais malgré tout,
01:48:11 ils disent "si moi je suis paysan, ce sera pour faire de la bio".
01:48:13 On n'a plus assez de jeunes parmi nos enfants agriculteurs
01:48:17 pour assurer le renouvellement, donc il va falloir,
01:48:19 effectivement, on convainc d'autres de revenir au métier.
01:48:22 C'est forcément plus compliqué, et il y a forcément un taux d'échec,
01:48:25 mais ce taux d'échec, il faut l'accepter.
01:48:27 Quand il y en a un sur deux qui vient d'un néo rural,
01:48:29 qui s'installe en agriculture, qui échoue dans les 5 ans,
01:48:32 qui s'arrête dans les 5 ans, il faut dire qu'il y en a un sur deux qui continue.
01:48:35 C'est plutôt comme ça qu'il faut voir les choses.
01:48:37 Et ça va être ça le renouvellement de l'agriculture.
01:48:39 Que l'agriculture industrielle française ne sera jamais compétitive
01:48:43 par rapport à l'agriculture industrielle du monde entier.
01:48:45 Et que la seule façon de pouvoir se démarquer,
01:48:49 c'est de faire de l'agriculture de qualité.
01:48:51 Je ne vais pas parler d'une chose, parce que c'est très polémique
01:48:53 dans la tête de ceux qui n'ont jamais observé ça,
01:48:55 c'est que moi j'ai 23 ans d'agriculture biologique derrière moi,
01:48:57 c'est qu'en 23 ans je n'ai jamais eu une céréale qui a une maladie cryptogamique.
01:49:01 Les paysans français, les agriculteurs français sont obligés
01:49:04 de traiter leurs céréales avec des fongicides,
01:49:06 parce que toutes les céréales aujourd'hui cultivées en agriculture conventionnelle
01:49:09 attrapent des maladies cryptogamiques qui ont des noms compliqués
01:49:12 comme la fusariose, la septériose, la rhincosporiose, la rouille brune,
01:49:15 la rouille jaune et un tas d'autres, le piétin et ainsi de suite.
01:49:18 C'est des maladies qui se développent sur les céréales
01:49:20 et qui détruisent les feuilles et comme les feuilles sont détruites,
01:49:22 il n'y a plus de chlorophylle et comme il n'y a plus de chlorophylle,
01:49:24 il n'y a plus de nourrissement du grain.
01:49:27 Et donc le grain ne peut plus grossir et les céréales ne produisent rien.
01:49:30 Tous les agriculteurs conventionnels en France utilisent des fongicides.
01:49:33 Certains en utilisent un, très peu en utilisent deux,
01:49:37 énormément en utilisent trois, quatre ou cinq traitements fongicides par céréale.
01:49:41 Moi ça fait 23 ans que je suis en bio, j'ai acheté un tracteur récemment,
01:49:44 le gars il était rendu à 5 fongicides parce que le technicien de la coopérative,
01:49:47 il lui avait dit qu'il fallait mettre 5 fongicides.
01:49:48 Moi je suis en bio depuis 23 ans, je n'ai jamais eu une maladie cryptogamique
01:49:51 sur les céréales tout simplement parce qu'en arrêtant les engrais chimiques,
01:49:53 on arrête les maladies cryptogamiques.
01:49:55 Ça c'est toujours pas enseigné en école d'agriculture.
01:49:57 Mon fils qui a 16 ans, il a le même programme d'enseignement
01:50:00 dans le lycée agricole où je suis passé il y a 43 ans que moi aujourd'hui.
01:50:05 Ça n'a pas évolué du tout et ça n'a pas évolué pourquoi ?
01:50:07 Parce que l'enseignement agricole, il est assuré par une commission nationale,
01:50:11 le programme d'enseignement agricole, il est assuré par une commission nationale
01:50:14 dans laquelle toutes les familles politiques agricoles siégeaient à une époque.
01:50:16 Depuis quand Macron est arrivé au pouvoir, quelques semaines après être arrivé,
01:50:19 il a revisité la composition de cette commission agricole,
01:50:22 aujourd'hui il n'y a plus qu'à FNSEA et le MEDEF qui siège.
01:50:25 On peut se dire qu'est-ce que le MEDEF fout là-dedans ?
01:50:27 Parce que l'avenir d'agriculture selon eux, c'est des grandes fermes avec des robots.
01:50:30 Donc il n'y a plus besoin d'agriculture familiale,
01:50:32 il n'y a plus besoin d'agriculture paysanne, il y aura juste des grandes fermes
01:50:34 avec des robots qui font le travail pour nourrir les gens.
01:50:36 C'est ça la construction de l'agriculture qu'ils ont.
01:50:38 Donc il y a des manifestations, pourquoi Attal n'a annoncé aucune mesure valable,
01:50:41 pourquoi il ne s'est toujours pas attaqué aux mesures de libre-échange ?
01:50:43 C'est parce qu'il n'a pas envie de le faire, il n'a surtout pas envie de le faire.
01:50:46 Il veut que ça continue comme ça et qu'on continue d'importer un maximum
01:50:48 de produits à pas cher du monde entier parce que c'est ce qu'il faut pour nourrir les gens.
01:50:51 C'est ça dans leur tête en fait.
01:50:53 Et nous, on considère que ce n'est pas ça.
01:50:55 Moi je considère que si les gens prennent conscience,
01:50:57 j'ai l'habitude de comparer les vaches avec les humains,
01:51:00 les vaches ça a beau être des herbivores et nous on a beau être des omnivores,
01:51:02 on a 80% de gènes en commun avec les vaches.
01:51:04 Moi j'en ai 125 à la maison, je les ai nourries en agriculture très intensive
01:51:07 au début de ma carrière et maintenant en agriculture biologique.
01:51:10 Je n'ai par exemple pas eu de visite vétérinaire en 2023
01:51:14 pour mes 125 vaches laitières.
01:51:17 C'est la première fois en 58 ans que ça arrive sur la ferme.
01:51:19 C'est-à-dire que quand les animaux sont nourris en bio,
01:51:23 tout va bien pour eux, tout va presque très bien pour eux.
01:51:26 J'ai des vaches de 17 ans, j'ai des vaches de 16 ans,
01:51:28 mes deux comptables ont fait la remarque il y a deux mois,
01:51:30 elles m'ont dit "mais t'as des vaches de 17 ans, des vaches de 16 ans, des vaches de 15 ans"
01:51:33 ben je dis "oui" et elles m'ont dit "mais elles font encore des veaux"
01:51:35 ben je dis "oui" alors c'est comme si on demandait à une grand-mère de 90 ans
01:51:37 de continuer à faire des enfants.
01:51:39 Eh ben moi mes vaches en bio, qui n'ont connu que la bio,
01:51:41 elles sont capables de produire des veaux, voilà tout simplement,
01:51:44 c'est ça la bio pour moi.
01:51:46 – Des vaches françaises.
01:51:47 – Oui, mais c'est la même chose pour les humains.
01:51:49 C'est la même chose pour les humains.
01:51:51 – Non elles sont d'abord des vaches françaises.
01:51:54 – La médecine généraliste qui dit "rien ne prouve que la bio est meilleure pour les gens
01:51:58 que la nourriture conventionnelle"
01:52:00 eh ben moi je suis désolé, mes vaches qui mangent bio, ça va, elles vivent.
01:52:03 Aujourd'hui une vache laitière en France, Statistique Nationale contre laitiers,
01:52:06 c'est 2,1 veaux dans sa carrière, à 5 ans une vache elle meurt en moyenne,
01:52:09 chez moi c'est 17 ans.
01:52:10 Voilà, c'est pareil pour les humains, je suis désolé de vous le dire,
01:52:13 mais c'est ça l'avenir, et donc c'est une façon de nous démarquer,
01:52:16 et c'est une façon d'ancrer l'agriculture,
01:52:18 et de faire en sorte qu'on conserve une agriculture familiale,
01:52:20 parce que celle-là, elle se fait pas avec des machines et des robots.
01:52:23 – On va arriver bientôt, pourtant malheureusement,
01:52:26 tu n'arrives pas à vivre correctement de ton…
01:52:29 – Parce que depuis 3 ans j'ai livré mon lien à Biolay,
01:52:31 Biolay avait augmenté le nombre de conversions pour faire face à la loi Egalim,
01:52:35 la loi Egalim prévoyait au 1er janvier 2022 qu'il y ait 20% de bio
01:52:37 dans les cantines scolaires et les collectivités,
01:52:39 cette loi-là n'a pas été appliquée, on est qu'à 3,5 ou 5% de bio
01:52:42 dans les cantines scolaires, moi j'ai un neveu qui s'est fait arrêter
01:52:45 pendant le confinement, parce qu'il n'avait pas le masque,
01:52:47 tout seul à randonner sur la voie verte sur 1 km, il a payé 135 euros d'amende.
01:52:50 Quand les cantines scolaires ne mettent pas 20% de bio dans les cantines scolaires,
01:52:53 ça ne pose aucun problème au gouvernement, si on mettait 20% de bio
01:52:55 dans les cantines scolaires, Biolay vendrait son lait sans problème.
01:52:57 Et le problème c'est que comme Biolay n'arrive pas à vendre son lait,
01:52:59 ça fait 3 ans que je suis payé 3 centimes de moins que mes voisins conventionnels,
01:53:03 et 6 centimes de moins… voilà.
01:53:06 – C'est pareil pour le CIRER, l'autre jour.
01:53:08 – Mais ça c'est juste une décision politique, si la loi Egalim avait été appliquée,
01:53:11 il n'y aurait aucun problème.
01:53:13 – Allez, on va terminer bientôt cette émission, d'abord les dessins d'Ignace,
01:53:17 le dernier, "L'élevage de bovins menacés",
01:53:20 pensez à vous reconvertir dans l'élevage d'insectes,
01:53:22 et on voit, je pense que c'est Klaus Schwab, le patron du forum de Davos.
01:53:27 [Applaudissements]
01:53:28 Bravo Ignace.
01:53:30 Et puis, alors il y a sur, je pense que c'est Pierre Guillaume,
01:53:33 "Vous l'éleveur de cochons à l'heure du grand emplacement,
01:53:35 faudra penser à vous recycler", je devine que c'est quoi, c'est qui ?
01:53:40 C'est un imam, c'est ça ?
01:53:41 – Un islamiste.
01:53:42 – Voilà, d'accord.
01:53:43 Bon, écoute, merci.
01:53:44 Alors justement, avant de terminer cette émission,
01:53:46 on ne veut pas s'empêcher, on a la chance de la voir avec nous,
01:53:48 tout à l'heure, on a parlé un peu de Papacito, qui est votre grand ami,
01:53:51 je crois, Pierre Guillaume, et qui a été un de vos grands soutiens.
01:53:54 Comment ça se passe dans votre village de Montjoie, dans le Tarn-et-Garonne,
01:53:59 est-ce que c'est toujours aussi compliqué avec le maire de la commune ?
01:54:01 – Alors avec le maire c'est toujours aussi compliqué.
01:54:03 – On rappelle, en deux mots là, parce qu'on arrive…
01:54:06 – Alors pour faire très vite, tout part d'une banale histoire d'accès à ma propriété,
01:54:11 et avec un maire que, et j'assume mes propos, je qualifie publiquement de corrompu,
01:54:16 qui a servi les intérêts de son maître britannique,
01:54:19 et qui a fait une différence de traitement phénoménale dans sa commune,
01:54:24 au lieu de régler…
01:54:25 – Alors, c'est ça.
01:54:26 – Oui, tout à fait, au lieu de régler les choses très simplement,
01:54:29 en faisant appliquer la loi, et derrière, en nous mettant dos à dos,
01:54:33 pour qu'on s'entende, pour trouver une sortie de crise.
01:54:36 Et donc le but à grand renfort de grosses dépenses d'argent a été de me couler,
01:54:42 tout ça appuyé par un second oligarque,
01:54:44 parce que cet anglais est extrêmement riche et puissant,
01:54:47 lié à la famille royale, etc.
01:54:49 Et appuyé par un deuxième oligarque, qui est le maître de l'Occitanie,
01:54:54 à savoir Jean-Michel Baillé, que lui, une fois de plus,
01:54:56 j'assume moi aussi la responsabilité de mes propos,
01:54:59 que j'appelle affectueusement le "bip" prescrit.
01:55:02 – Et là, ça engage…
01:55:04 – Ah, mais ça engage ma responsabilité, et vraiment, qu'ils viennent me chercher,
01:55:08 je l'attends.
01:55:09 – Et il t'attaque ?
01:55:11 – Non, mais au tribunal, en toute légalité, on peut aller jouer sur le sujet,
01:55:14 il y a des photos très embêtantes.
01:55:16 Mais il y a prescription, c'est la magie de la loi.
01:55:20 Donc, en gros, j'ai vécu à peu près tout ce qu'on peut vivre comme embêtement,
01:55:24 c'est-à-dire six contrôles sur prise, l'année de mon installation,
01:55:28 privation d'électricité pendant six mois,
01:55:30 qui a démarré une semaine avant l'attrait vivernal,
01:55:32 jusqu'à ce que le préfet ordonne qu'on me le remette,
01:55:34 tentative d'assassinat, et j'en passe.
01:55:36 Tout ce qu'on dit est étayé et prouvé,
01:55:38 j'invite les gens à voir les vidéos qu'on a faites avec Papacito sur Youtube,
01:55:43 elles y sont encore, ou sur Odyssée,
01:55:45 et à regarder sur, soit l'Arche de Montjoie,
01:55:48 qui est la petite chaîne Youtube qu'on a pu créer récemment,
01:55:51 soit sur la "Ferme des cochons-les-nœuds",
01:55:53 qui est le nom de mon exploitation, qu'on trouve sur Instagram,
01:55:55 où les gens pourront voir toutes les vidéos, mes confrontations avec le maire,
01:55:58 se faire leur propre opinion, et soutenir s'ils le veulent la pétition.
01:56:02 – Oui, on peut vous soutenir.
01:56:03 – Il y a une pétition pour demander, en fait, tout simplement,
01:56:05 que je vais envoyer derrière à tous les pouvoirs publics,
01:56:07 pour demander si j'ai un accès décent à mon exploitation,
01:56:10 parce qu'en fait on m'a donné les permis pour devenir paysan,
01:56:12 on m'a donné les permis de construire,
01:56:14 mais on se moque littéralement de moi depuis six ans et demi,
01:56:18 par rapport à la qualité de l'accès à ma propriété,
01:56:21 en ayant fait moult magouille avec ce Britannique,
01:56:24 pour que lui récupère un chemin goudronné,
01:56:26 qu'il avait privatisé avec mur, colonne, portail,
01:56:29 le tout sans aucun permis de construire.
01:56:31 Et pour vous donner une idée, je fais court,
01:56:33 le maire a été jusqu'à saisir la cour de cassation,
01:56:36 après avoir perdu, pour faire remettre un portail privé
01:56:39 sur un chemin public, au frais de la commune.
01:56:41 C'est quand même assez taquin pour être souligné.
01:56:43 Et tout ce qu'on dit, en fait, ça fait plus de deux ans
01:56:46 qu'on a réussi à médiatiser la chose,
01:56:47 parce qu'aucun média de gauche n'a voulu me donner la parole,
01:56:50 ça fait deux ans qu'on a réussi à médiatiser ça,
01:56:53 on n'a jamais eu un procès en diffamation.
01:56:55 C'est quand même étonnant,
01:56:56 parce que pourtant on balance des choses très coquines,
01:56:58 mais tout ce qu'on dit est sourcé.
01:57:00 Et j'en profite d'avoir l'honneur d'être ici,
01:57:02 pour dire toute mon amitié et mon soutien à Hugo,
01:57:05 qui est comme un frère pour moi, un papacito,
01:57:08 avec qui j'ai des liens…
01:57:10 – Il est d'ailleurs invité ici, s'il le souhaite.
01:57:12 – En tout cas, je pense que ça n'arrivera pas avant son procès,
01:57:15 et je ne peux pas, puisque nous n'avons même pas le droit
01:57:17 de communiquer jusqu'au 28 février où il aura son procès,
01:57:20 alors que je ne suis pas mis en cause.
01:57:22 Ça c'est probable, mais je ne suis pas mis en cause.
01:57:24 Il est mis en cause seul,
01:57:26 il lui est interdit de communiquer avec moi
01:57:27 ou de se rendre au village de Montjoie jusqu'au 28 février,
01:57:30 pour des motifs qui sont lunaires.
01:57:32 – Il y a TVL, c'est bien.
01:57:33 – Voilà, tout à fait.
01:57:34 Donc je le salue, il a toute mon amitié et mon amour,
01:57:37 et je prie pour lui, pour les échéances judiciaires qui arrivent.
01:57:41 – Eh bien en tout cas, on continuera de suivre.
01:57:48 Allez, mot de la fin.
01:57:50 – Félix, bien sûr.
01:57:51 – Allez, un petit mot de conclusion pour chacun de vous.
01:57:54 – Eh bien moi, la conclusion, je dirais…
01:57:56 – On a 10 minutes, vraiment, derrière les carabes.
01:57:58 – On a un ancien ministre de l'Agriculture, Edgar Pisani,
01:58:00 fondateur de la politique agricole commune,
01:58:02 qui avait dit, soit une politique a fonctionné,
01:58:05 il faut savoir la faire évoluer, soit elle n'a pas fonctionné,
01:58:08 il faut savoir en changer.
01:58:09 – Ou partir.
01:58:10 – Ou partir.
01:58:11 Il est grand temps d'en changer, donc pour la changer,
01:58:13 il faut encadrer, comme je l'ai dit, l'agroalimentaire
01:58:16 et les grandes surfaces, faire des échanges avec les pays
01:58:19 sur la base de la coopération et revenir à l'échelon des territoires
01:58:23 pour conserver des fermes familiales avec du local et du bio.
01:58:27 Et c'est faisable, c'est une décision politique, tout simplement.
01:58:30 – Alexandre.
01:58:31 – Eh bien moi, je suis gaulois et je dis que malheureusement,
01:58:36 la France est morte mais que les Français ne le savent pas encore.
01:58:39 Et peut-être que d'ici quelques années, on reviendra à la Gaule.
01:58:43 Parce que franchement, je suis très très pessimiste et voilà.
01:58:50 – Bon, eh bien sur ces paroles, Christian.
01:58:53 – Mais il faut refondre de fond en comble la représentation syndicale,
01:59:00 parce que comme je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est très scandaleux.
01:59:04 Je fais un parallèle à ce qu'il avait dit, il n'y a que la FNSEA,
01:59:08 parce qu'ils ont les moyens d'indemniser les gens pour se déplacer.
01:59:12 Nous, c'est sur nos fonds et notre temps.
01:59:15 Le truc du remplacement, ce qu'il nous donne, c'est dérisoire.
01:59:21 Donc déjà, si on pouvait déjà remettre de l'ordre là-dedans,
01:59:26 et évidemment une exception agriculturelle à mettre en place et rapidement.
01:59:31 Sinon les jeunes, c'est le glas de l'agriculture.
01:59:35 – Philippe Boulet, le mot de la fin vous revient.
01:59:38 – L'agriculture doit évoluer, dans le bon sens.
01:59:48 Il faut accepter les normes qui nous permettent d'évoluer dans le bon sens
01:59:52 et refuser celles qui nous mènent à notre perte.
01:59:56 Et pour que l'agriculture française ait un avenir,
02:00:01 il faut forcément qu'elle soit de qualité,
02:00:04 qu'elle fournisse le marché intérieur avant de fournir l'exportation.
02:00:09 Et puis que les paysans…
02:00:11 C'est un métier extraordinaire, extraordinaire,
02:00:13 que moi je transmets à mes enfants, que j'espère que vous transmettez tous.
02:00:16 Et qu'il n'y a pas plus important, il n'y a pas plus riche,
02:00:20 il n'y a pas plus valorisant que de produire un manger de qualité
02:00:23 pour nos concitoyens.
02:00:25 [Applaudissements]
02:00:30 – Comme l'a dit Alexandre, moi je pense qu'on va vers des temps très compliqués.
02:00:35 Par contre, personnellement, je suis peut-être naïf,
02:00:37 mais je crois à la France éternelle.
02:00:39 Et je pense qu'en fait, les gouvernements, les empires vont et viennent,
02:00:43 mais les peuples restent, et l'histoire en témoigne.
02:00:46 Et je pense que ce que ça coûtera, ce sera sûrement très dur,
02:00:50 et il y aura sûrement des jours très très très compliqués.
02:00:53 Mais je pense que la France redeviendra la France.
02:00:56 – Du sang vert. – Du sang vert, c'est exactement.
02:00:58 [Applaudissements]
02:01:01 Moi je pense que ces bonnes paroles méritent un cadeau.
02:01:06 Donc c'est un peu Noël tous les jours ici à TVL,
02:01:09 avec Bistrot Liberté et notre dessinateur Ignace.
02:01:13 Alors, il vous a qu'en côté, c'est la tradition, un portrait à chacun de vous.
02:01:16 Donc Pierre-Guillaume, vous êtes le premier, ben voilà, je vous le donne.
02:01:18 Donc je vous laisse le regarder, si vous voulez le montrer à la caméra en même temps.
02:01:22 Le deuxième, il est pour Alexandre, Pâtes,
02:01:24 donc je vous demande aussi chacun l'un après l'autre de le montrer.
02:01:27 Christian, ben voilà, on peut l'applaudir.
02:01:30 [Applaudissements]
02:01:33 Christian, il est pour vous, je vous laisse l'ouvrir.
02:01:35 Philippe Grégoire, il est pour vous.
02:01:37 Et enfin, Philippe Boulet, je vous laisse tous les…
02:01:40 Voilà, alors Alexandre, va montrer-le à la caméra.
02:01:43 Voilà, magnifique.
02:01:45 Christian, voilà, Philippe, ben voilà.
02:01:50 Écoutez, c'est très…
02:01:52 Et le dernier, donc si vous aussi…
02:01:55 [Applaudissements]
02:01:58 Si vous aussi, vous souhaitez une caricature, un portrait, rien de plus simple,
02:02:01 vous allez sur le site dessigniasse.com qui va apparaître en bas de l'écran.
02:02:05 J'en profite aussi, s'il vous plaît, un petit peu d'attention, c'est important les amis.
02:02:09 Si vous avez dans votre entourage des jeunes en études supérieures,
02:02:13 n'hésitez surtout pas à leur parler des listes cocardes étudiantes,
02:02:17 éminemment représentées par notre Charles Mathieu, qui est spécialiste du bar ici.
02:02:22 Voilà, on peut l'applaudir.
02:02:26 Pour les élections du CRUS, c'est un syndicat patriote et enraciné
02:02:33 qui présente partout en France des candidats.
02:02:36 Les élections se tiennent uniquement jusqu'à demain.
02:02:38 Et la cocarde donc est présente dans la majorité des CRUS.
02:02:42 Donc pour une jeunesse anticonformiste, eh bien votez la cocarde étudiante.
02:02:46 Voilà, on peut l'applaudir.
02:02:48 Et enfin, bien sûr, on remercie toute l'équipe,
02:02:52 parce que c'est un gros barnum quand même, Bistrot Liberté, organisé.
02:02:57 Donc on est nombreux.
02:02:58 D'abord Raphaël à la réalisation.
02:03:00 Au son, Pierre, qui avait beaucoup à gérer aujourd'hui.
02:03:06 Au cadrage, Marine, Mathilde et Sébastien, pardon, Maxime.
02:03:12 Marine, elle est à la production avec Arnaud et Martial.
02:03:17 On peut les applaudir, bien sûr.
02:03:19 [Applaudissements]
02:03:22 Et bien sûr, je l'ai dit, Maxime donc également.
02:03:26 Et enfin, tout à l'heure, j'ai un peu vendu la mèche,
02:03:28 mais vous m'avez tendu la perche.
02:03:29 Surtout, soyez bien présents pour notre prochain Bistrot Liberté.
02:03:32 On aura un invité exceptionnel, qui est assez rare sur les plateaux médias.
02:03:37 Il s'agira en effet de Jean Lassalle.
02:03:39 Donc on lui transmettra, écoutez, vos messages de soutien.
02:03:42 Je pense qu'il sera particulièrement sensible,
02:03:44 d'autant plus qu'on ne sait toujours pas s'il se présente ou pas aux européennes.
02:03:47 Donc je pense que là, on va un petit peu le pousser.
02:03:50 Merci à tous. On se retrouve dans 15 jours. Bye bye.
02:03:52 [Musique]
02:04:06 [Générique]