Hommage aux Français victimes du Hamas: Revoir le discours bouleversant du président Emmanuel Macron ce midi aux Invalides - VIDEO

  • il y a 6 mois
Hommage aux Français victimes du Hamas: Revoir le discours bouleversant du président Emmanuel Macron ce midi aux Invalides - VIDEO
Transcript
00:00 (...)
00:09 -La cour des Invalides est trop étroite.
00:12 4 mois, jour pour jour,
00:17 après.
00:20 Car nous sommes 68 millions de Français
00:24 endeuillés par les attaques terroristes
00:27 du 7 octobre dernier.
00:29 68 millions,
00:32 moins 40 de vies fauchées.
00:36 68 millions,
00:40 dont 6 vies blessées.
00:44 68 millions,
00:47 dont 4 vies à jamais meurtries par leur captivité.
00:52 68 millions,
00:58 dont 3 vies sont encore prisonnières
01:00 pour la libération desquelles nous luttons chaque jour.
01:04 Leurs chaises vides sont là.
01:07 Orion,
01:10 Aurad,
01:12 Ophir.
01:13 Les visages des suppliciés du 7 octobre
01:20 nous tendent un miroir
01:22 où se reflète un peu de nous dans chacun d'eux.
01:27 De ce que nous étions,
01:29 de ce que nous serons à leur âge,
01:31 de ce qu'ils ne seront jamais.
01:34 Ils n'avaient pas 20 ans.
01:39 Neuillard comme Nathan ne les auront jamais.
01:44 Leurs traits qui s'affirment,
01:46 leurs questions qui se bousculent,
01:48 Dieu, la vie, le monde.
01:54 Les hésitations et l'irrévérence,
01:56 leurs regards comme des interrogations,
01:58 leur sourire en forme de promesse,
02:01 mémoire de nos propres adolescences.
02:05 Ils n'avaient pas 30 ans.
02:09 Avidane, Valentin ou Naomi ne les auront jamais.
02:14 Des rêves pleins la tête,
02:18 des études de droit ou d'informatique,
02:21 un métier, un grand amour.
02:24 Des fiançailles, la foi ou l'athéisme,
02:32 une guitare, une planche de surf
02:35 sur les vagues de la Méditerranée,
02:37 des idéaux dans la houle du monde.
02:39 Ils étaient dans la force de l'âge.
02:45 Céline, Marc, Elias.
02:48 Céline, Marc, Elias ne vieilliront pas.
02:53 Leur chemin frayé a pris d'efforts,
02:57 peuplé de projets, d'amis, d'enfants parfois.
03:01 Et ce sourire qui n'aura pas eu le temps
03:03 de marquer leur visage.
03:06 Ils avaient les tempes grises.
03:09 Pour Carmela, Jean-Paul et Afa,
03:13 elles ne blanchiront plus.
03:17 Leur voix résonne encore en hébreu comme en français,
03:20 leur voix qui se cassait par moments
03:23 de tendresse ou de pudeur,
03:25 transmettant des récits puisés au fond des âges
03:28 que leur avaient livrés leurs propres grands-parents.
03:31 Leurs visages sont là,
03:36 comme autant de vies interrompues.
03:39 Des histoires de familles où s'entrebâillait parfois
03:44 un gouffre indicible
03:46 et où, comme l'odeur de l'espérance,
03:49 le parfum des collines de Jérusalem
03:51 se mêlait à celui de sous-bois d'Ile-de-France
03:54 ou des ruelles du Vieux-Port.
03:57 Le 7 octobre dernier,
04:01 à l'aube,
04:05 l'indicible a ressurgi des profondeurs de l'histoire.
04:09 Il était 6h au Festival Nova,
04:14 à quelques kilomètres de la bande de Gaza,
04:17 où, sous les banderoles et le ciel qui palissait,
04:21 s'achevaient 24 heures de fêtes et de retrouvailles.
04:24 Les jeunes qui dansaient là ne savaient pas
04:28 qu'ils étaient dans la mâchoire de la mort déjà.
04:31 Des voitures,
04:36 des motos hérissées d'armes allaient fondre sur eux.
04:39 Il était 6h.
04:44 Et le Hamas lança, par surprise,
04:47 l'attaque massive et odieuse,
04:51 le plus grand massacre antisémite de notre siècle.
04:55 Et dans les notes de musique d'un lieu de fête
05:00 ont éclaté les tambours de l'enfer.
05:03 Et les téléphones de nos enfants,
05:05 qui jusque-là filmaient les joies de leur vie,
05:07 sont devenues les boîtes noires de l'horreur.
05:09 Elles nous entreront, ces images.
05:13 Le ciel livide qui se zèbre de missiles.
05:16 Les brigades infernales qui écument le festival
05:20 se répandent dans les plaines, puis dans les villages,
05:24 fracassent les portes, font irruption dans les foyers,
05:27 dans les chambres, sous les lits.
05:29 Les déflagrations, les cris de "Massacrons les Juifs",
05:33 les grenades, les hurlements, les pleurs,
05:36 puis le silence.
05:41 Comme un linceul.
05:43 Le silence face à l'indicible.
05:51 La sidération face à la sauvagerie.
05:57 Les larmes face à la barbarie.
06:03 La barbarie.
06:06 Celle qui brûle et qui brise,
06:10 qui abuse et qui tue.
06:12 Celle qui déchire les familles,
06:15 abatte une petite fille parce qu'elle ralentit la colonne,
06:17 hape sur son chemin un enfant en pyjama,
06:20 en tue un autre au creux même des bras de son père.
06:23 Celle qui nie la joie, l'art, la culture,
06:28 la liberté de la fête.
06:31 Et nos cœurs se serrent aux échos du Bataclan,
06:34 de Nice ou de Strasbourg.
06:39 La barbarie.
06:41 Celle qui fauche cette jeunesse à peine éclose,
06:44 qui ravage et qui boute souvent fort de convictions pacifistes,
06:48 prêts à entendre la souffrance palestinienne
06:51 que les terroristes ont piétinée en prétendant la défendre.
06:54 La barbarie.
06:57 Celle qui se nourrit d'antisémitisme
07:01 et qui le propage.
07:04 Celle qui veut annihiler, détruire
07:08 et qui pourtant ne peut empêcher
07:10 des rayons de lumière au milieu de la nuit.
07:12 Les messages d'adieu
07:15 de ces jeunes qui savent qu'ils vont mourir
07:19 et qui envoient à leurs parents
07:21 une dernière expression d'amour et de gratitude.
07:24 Cet homme qui s'interpose
07:27 entre l'explosion d'une grenade et ses 2 enfants
07:30 sauvant leur vie au prix de la sienne.
07:33 Et le sacrifice de cet autre père
07:37 qui n'était pas sur les lieux de l'attaque
07:39 et qui, quand il a reçu l'appel de sa fille
07:41 prise sous le feu des tirs à Nova,
07:44 a sauté dans sa voiture pour aller la chercher
07:47 allant au-devant de la mort.
07:50 La barbarie
07:53 et nos lumières.
07:56 Car ceux qui tuent par haine
07:59 trouveront toujours face à eux
08:03 ceux qui sont prêts à mourir par amour.
08:06 Et toujours, ils verront s'élever contre eux notre pays
08:11 qui, ce 7 octobre, a été touché dans sa chair.
08:15 De Montpellier à Tel Aviv,
08:19 de Bordeaux au Negev,
08:21 les morts français du 7 octobre
08:23 n'étaient pas tous nés sur le sol de France.
08:28 Ils ne sont pas tombés sous le ciel de France,
08:33 mais ils étaient de France.
08:37 De France parce qu'ils la portaient en eux
08:40 et que notre pays était partout où ils étaient.
08:44 De France parce qu'ils avaient l'exigence de l'idéal,
08:47 le goût de l'universel.
08:50 De France parce qu'ils aimaient notre pays
08:52 avec la force ardente de ceux qui,
08:54 en apprenant sa langue, se plongeant dans sa culture,
08:57 ne quittent jamais.
09:00 Et en cette cour,
09:03 sur notre sol que certains n'avaient jamais foulé,
09:08 leurs visages sont là,
09:13 rappelant l'évidence de leur vie,
09:18 la trace ineffaçable qu'ils laissent dans les nôtres,
09:22 notre vie éthique pour l'éternité.
09:29 Leurs destins ne sont pas les seuls que le déchirement
09:31 du Moyen-Orient continue de broyer
09:34 dans cette tornade de souffrance qu'est la guerre.
09:38 Et toutes les vies se valent inestimables
09:41 aux yeux de la France.
09:44 Et les vies que nous honorons aujourd'hui sont tombées
09:48 victimes d'un terrorisme que nous combattons
09:51 sous toutes ses formes
09:53 et qui nous a frappés en plein coeur.
09:57 La France recueillant ses enfants parmi d'autres de ses enfants
10:01 dont elle n'oublie aucun,
10:04 refusant les séparations comme les divisions,
10:07 refusant l'esprit de mort, de chaos et de clivage
10:11 que nourrissent précisément les terroristes.
10:15 Jamais en nous, nous ne laisserons prospérer
10:18 l'esprit de revanche.
10:22 Et dans ces moments de deuil, dans les épreuves du temps,
10:26 rien, jamais, ne doit nous diviser.
10:32 La France restera unie pour elle-même et pour les autres,
10:36 unie pour se tenir au-delà des destins et des différences
10:40 au sein de notre nation,
10:42 unie dans ces moments de souffrance
10:44 pour les Israéliens et les Palestiniens
10:46 afin d'oeuvrer sans relâche
10:48 pour répondre aux aspirations à la paix
10:51 et à la sécurité de tous au Proche-Orient.
10:57 "Beta Rahim", dit-on en Israël
11:02 pour désigner les cimetières,
11:06 la maison de la vie.
11:11 Car pour ceux qui restent,
11:15 leur vie sera faite de ces absences,
11:20 une vie différente, un monde différent,
11:25 un monde différent à l'aune du souvenir.
11:32 Et nous avons dès lors à habiter ce deuil,
11:37 non pas comme une victoire de la mort,
11:39 mais comme une invitation
11:42 à leur trouver une place dans nos vies.
11:46 Et ils sont là, chacune et chacun,
11:50 pour nous rappeler que nos vies, leur vie,
11:53 est sans relâche de nous battre contre les idées de haine,
11:56 de ne rien céder à un antisémitisme rampant,
12:00 désinhibé ici comme là-bas.
12:03 Car rien ne le justifie, rien.
12:06 Car rien ne saurait justifier ni excuser ce terrorisme, rien.
12:13 Alors nous nous tenons là, 4 mois après,
12:19 devant ces visages et ces chaises vides,
12:25 bouleversés de tristesse
12:28 aux côtés des familles de ceux qui ne sont plus,
12:33 chargés d'affection aux côtés de ceux qui soignent leurs blessures
12:40 et ne cédant rien pour ramener ceux qui sont encore là-bas.
12:48 Sentiment mêlé que nous vivons ensemble, debout.
12:54 Car regardant ces visages,
12:58 nous savons que nous ne sommes pas juste 68 millions en ce jour.
13:06 Nous sommes beaucoup plus.
13:09 Un peuple,
13:12 épris de liberté, de fraternité, de dignité.
13:21 Un peuple qui ne les oubliera jamais.
13:30 Vive la République, vive la France.
13:34 ...
14:03 Merci.
14:04 [Bruit de voiture]

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