Replay : discours d'Emmanuel Macron lors de la cérémonie nationale aux victimes des attaques du 7 octobre en Israël

  • il y a 8 mois

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Transcription
00:00 La cour des Invalides est trop étroite.
00:05 Quatre mois, jour pour jour, après.
00:12 Car nous sommes 68 millions de Français
00:16 endeuillés par les attaques terroristes du 7 octobre dernier.
00:21 68 millions, moins 40 de vies fauchées.
00:29 68 millions dont 6 vies blessées.
00:36 68 millions dont 4 vies à jamais meurtries par leur captivité.
00:44 68 millions dont 3 vies sont encore prisonnières
00:52 pour la libération desquelles nous luttons chaque jour.
00:56 Leurs chaises vides sont là.
01:01 Orion, Aurad, Ophir.
01:09 Les visages des suppliciés du 7 octobre nous tendent un miroir
01:15 où se reflète un peu de nous dans chacun d'eux.
01:21 De ce que nous étions, de ce que nous serons à leur âge,
01:26 de ce qu'ils ne seront jamais.
01:31 Ils n'avaient pas 20 ans.
01:35 Noïa comme Nathan ne les auront jamais.
01:39 Leurs traits qui s'affirment, leurs questions qui se bousculent,
01:43 Dieu, la vie, le monde.
01:48 Les hésitations et l'irrévérence, leurs regards comme des interrogations,
01:53 leur sourire en forme de promesse, mémoire de nos propres adolescences.
02:01 Ils n'avaient pas 30 ans.
02:05 Avidane, Valentin ou Naomi ne les auront jamais.
02:11 Des rêves pleins la tête, des études de droit ou d'informatique,
02:16 un métier, un grand amour,
02:23 des fiançailles, la foi ou l'athéisme, une guitare,
02:29 une planche de surf sur les vagues de la Méditerranée,
02:32 des idéaux dans la houle du monde.
02:37 Ils étaient dans la force de l'âge.
02:40 Céline, Marc, Elias ne vieilliront pas.
02:47 Leur chemin frayé a pris d'efforts, peuplé de projets, d'amis, d'enfants parfois,
02:54 et ce sourire qui n'aura pas eu le temps de marquer leur visage.
02:59 Ils avaient les tempes grises.
03:02 Pour Carmela, Jean-Paul et Afa, elles ne blanchiront plus.
03:09 Leur voix résonne encore, en hébreu comme en français,
03:13 leur voix qui se cassait par moments de tendresse ou de pudeur,
03:17 transmettant des récits puisés au fond des âges
03:21 que leur avaient livrés leurs propres grands-parents.
03:26 Leurs visages sont là, comme autant de vies interrompues.
03:34 Des histoires de familles où s'entrebâillait parfois un gouffre indicible
03:38 et où, comme l'odeur de l'espérance, le parfum des collines de Jérusalem
03:44 se mêlait à celui de sous-bois d'Ile-de-France ou des ruelles du Vieux-Port.
03:52 Le 7 octobre dernier, à l'aube, l'indicible a ressurgi des profondeurs de l'histoire.
04:03 Il était 6 heures au Festival Nova, à quelques kilomètres de la bande de Gaza,
04:11 où sous les banderoles et le ciel qui palissait s'achevaient 24 heures de fêtes et de retrouvailles.
04:19 Les jeunes qui dansaient là ne savaient pas qu'ils étaient dans la mâchoire de la mort déjà.
04:27 Des voitures, des motos hérissées d'armes allaient fondre sur eux.
04:34 Il était 6 heures et le Hamas lança par surprise l'attaque massive et odieuse,
04:45 le plus grand massacre antisémite de notre siècle.
04:51 Et dans les notes de musique d'un lieu de fête ont éclaté les tambours de l'enfer
04:56 et les téléphones de nos enfants qui jusque-là filmaient les joies de leur vie
05:01 sont devenus les boîtes noires de l'horreur.
05:03 Elles nous entreront, ces images.
05:07 Le ciel livide qui se zèbre de missiles.
05:11 Les brigades infernales qui écument le festival se répandent dans les plaines,
05:16 puis dans les villages, fracassent les portes, font irruption dans les foyers,
05:21 dans les chambres, sous les lits.
05:23 Les déflagrations, les cris de massacrons les juifs, les grenades, les hurlements, les pleurs,
05:31 puis le silence comme un linceul.
05:41 Le silence face à l'indicible.
05:46 La sidération face à la sauvagerie.
05:52 Les larmes face à la barbarie.
05:58 La barbarie.
06:01 Celle qui brûle et qui brise, qui abuse et qui tue.
06:06 Celle qui déchire les familles, abatte une petite fille parce qu'elle ralentit la colonne,
06:11 hape sur son chemin un enfant en pyjama, en tue un autre au creux même des bras de son père.
06:18 Celle qui nie la joie, l'art, la culture, la liberté de la fête.
06:26 Et nos cœurs se serrent aux échos du Bataclan, de Nice ou de Strasbourg.
06:32 La barbarie.
06:35 Celle qui fauche cette jeunesse à peine éclose,
06:38 qui ravage et qui boute souvent fort de convictions pacifistes,
06:42 et entendre la souffrance palestinienne que les terroristes ont piétinée en prétendant la défendre.
06:48 La barbarie.
06:51 Celle qui se nourrit d'antisémitisme et qui le propage.
06:57 Celle qui veut à Nile les détruire,
07:01 et qui pourtant ne peut empêcher des rayons de lumière au milieu de la nuit.
07:07 Les messages d'adieu
07:10 de ces jeunes qui savent qu'ils vont mourir
07:13 et qui envoient à leurs parents une dernière expression d'amour et de gratitude.
07:18 Cet homme qui s'interpose entre l'explosion d'une grenade et ses deux enfants,
07:23 sauvant leur vie au prix de la sienne.
07:27 Et le sacrifice de cet autre père,
07:30 qui n'était pas sur les lieux de l'attaque et qui, quand il a reçu l'appel de sa fille,
07:34 prise sous le feu des tirs à Nova,
07:37 a sauté dans sa voiture pour aller la chercher,
07:40 allant au-devant de la mort.
07:44 La barbarie est nos lumières.
07:49 Car ceux qui tuent par haine
07:53 trouveront toujours face à eux
07:56 ceux qui sont prêts à mourir par amour.
08:00 Et toujours ils verront s'élever contre notre pays
08:03 qui, ce 7 octobre, a été touché dans sa chair.
08:08 De Montpellier à Tel Aviv,
08:11 de Bordeaux au Negev,
08:13 les morts français du 7 octobre
08:16 n'étaient pas tous nés sur le sol de France.
08:21 Ils ne sont pas tombés sous le ciel de France.
08:26 Mais ils étaient de France.
08:29 De France parce qu'ils l'apportaient en eux
08:32 et que notre pays était partout où ils étaient.
08:36 De France parce qu'ils avaient l'exigence de l'idéal,
08:39 le goût de l'universel.
08:42 De France parce qu'ils aimaient notre pays
08:44 avec la force ardente de ceux qui,
08:46 en apprenant sa langue,
08:48 se plongeant dans sa culture,
08:50 ne quittent jamais.
08:52 Et en cette cour,
08:55 sur notre sol que certains n'avaient jamais foulé,
09:00 leurs visages sont là,
09:05 rappelant l'évidence de leur vie,
09:10 la trace ineffaçable qu'ils laissent dans les nôtres,
09:14 notre viatique pour l'éternité.
09:21 Leurs destins ne sont pas les seuls
09:23 que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer
09:26 dans cette tornade de souffrance qu'est la guerre.
09:30 Et toutes les vies se valent inestimables aux yeux de la France.
09:36 Et les vies que nous honorons aujourd'hui sont tombées,
09:40 victimes d'un terrorisme que nous combattons
09:43 sous toutes ses formes
09:45 et qui nous a frappés en plein coeur.
09:50 La France recueillant ses enfants
09:52 parmi d'autres de ses enfants,
09:54 dont elle n'oublie aucun,
09:57 refusant les séparations comme les divisions,
10:00 refusant l'esprit de mort, de chaos et de clivage
10:04 que nourrissent précisément les terroristes.
10:08 Jamais en nous,
10:10 nous ne laisserons prospérer l'esprit de revanche.
10:15 Et dans ces moments de deuil,
10:17 dans les épreuves du temps,
10:19 rien, jamais, ne doit nous diviser.
10:24 La France restera unie pour elle-même et pour les autres,
10:29 unie pour se tenir au-delà des destins et des différences
10:33 au sein de notre nation,
10:35 unie dans ces moments de souffrance
10:37 pour les Israéliens et les Palestiniens,
10:39 afin d'oeuvrer sans relâche
10:41 pour répondre aux aspirations,
10:43 à la paix et à la sécurité de tous au Proche-Orient.
10:48 "Beta Rahim", dit-on en Israël pour désigner les cimetières,
11:02 la maison de la vie.
11:06 Car pour ceux qui restent,
11:09 leur vie sera faite de ces absences,
11:16 une vie différente, un monde différent,
11:20 à l'aune du souvenir.
11:24 Et nous avons dès lors à habiter ce deuil,
11:29 non pas comme une victoire de la mort,
11:32 mais comme une invitation à leur trouver une place dans nos vies.
11:38 Et ils sont là, chacune et chacun,
11:42 pour nous rappeler que nos vies,
11:44 leur vie, méritent sans relâche
11:46 de nous battre contre les idées de haine,
11:48 de ne rien céder à un antisémitisme rampant,
11:52 désinhibé, ici comme là-bas.
11:55 Car rien ne le justifie, rien.
11:58 Car rien ne saurait justifier ni excuser ce terrorisme, rien.
12:06 Alors nous nous tenons là,
12:09 quatre mois après,
12:12 devant ces visages et ces chaises vides,
12:18 bouleversés de tristesse,
12:21 aux côtés des familles de ceux qui ne sont plus,
12:26 chargés d'affection aux côtés de ceux qui soignent leurs blessures
12:33 et ne cédant rien pour ramener ceux qui sont encore là-bas.
12:41 Sentiment mêlé que nous vivons ensemble, debout.
12:47 Car regardant ces visages,
12:50 nous savons que nous ne sommes pas juste 68 millions en ce jour.
12:59 Nous sommes beaucoup plus.
13:02 Un peuple épris de liberté,
13:07 de fraternité, de dignité.
13:13 Un peuple qui ne les oubliera jamais.

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