Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 *Musique*
00:02 - Bon, bah alors vous êtes réalisateur, vous êtes également auteur,
00:06 qu'est-ce qui vous a donné comme ça envie de rendre hommage à ceux que vous avez appelés,
00:10 alors je cite, "les scientifiques les plus fous de l'histoire",
00:13 pas tous français d'ailleurs, il y en a dans le monde entier.
00:16 - Ah oui, dans le monde entier, en fait avec ma co-autrice, Lauriane Geffroy,
00:18 on a fait beaucoup de reportages sur les sciences,
00:20 et en fait on a croisé pas mal de scientifiques au bord de la quête de l'impossible,
00:26 et c'est vraiment, les savants fous en fait c'est une espèce de statut de graal,
00:30 de grade ultime du savant qui a été très très loin pour s'impliquer,
00:34 pour même physiquement prendre des risques,
00:36 trouver, se poser des questions que personne ne se posait.
00:38 - Mais c'est nous qui les appelons les savants fous, ils s'appellent pas comme ça.
00:43 - Non, non c'est plutôt une appellation qui a été célébrée dans la pop culture,
00:48 mais en fait c'est vrai que Nietzsche par exemple parlait de philosophie à coup de marteau,
00:52 et là il y a vraiment des gens qui en termes de science, en termes de savoir,
00:55 qui ont fait avancer la connaissance, à coup de marteau parfois,
00:58 dirigée sur eux-mêmes en fait.
00:59 - Ah oui, justement, on va y revenir, on a pioché quelques exemples,
01:02 il y en a beaucoup dans votre livre, on commence avec,
01:05 donc des scientifiques ont fait des découvertes un peu par hasard,
01:08 je pense en particulier à un traitement toujours utilisé aujourd'hui d'ailleurs.
01:12 - Oui, c'est un certain Alexander Fleming, un biologiste écossais,
01:17 qui un jour a trouvé chez lui dans son laboratoire une culture de staphylococque,
01:21 des bactéries très dangereuses, et une partie de sa culture était morte,
01:24 et il a découvert qu'un champignon, une moisissure s'était déposée là,
01:28 et que cette moisissure qui a été plus tard baptisée,
01:30 qui a été identifiée sous le nom de Penicillium notatum,
01:35 elle s'est devenue la pénicilline, en fait un puissant antibiotique,
01:39 et cette moisissure est arrivée là par le biais d'un monte-plat
01:42 depuis un autre laboratoire voisin, d'un chercheur, d'un autre chercheur,
01:47 peut-être fou lui-même, je ne sais pas,
01:48 qui travaillait sur l'influence des moisissures et des champignons sur l'asthme.
01:51 - Oui, mais est-ce qu'on peut lui attribuer la mention de la pénicilline,
01:55 parce qu'elle était vendue ? C'est ce qu'il en a fait peut-être, non ?
02:00 - Oui, on va lui enlever la découverte, tant pis.
02:03 - Ah ouais ? - Non, je plaisante.
02:04 - Ah bon ? - Non, non, non.
02:06 Non, non, bien sûr, lui, il a vu ça, il a constaté,
02:09 et puis il a fait les travaux derrière.
02:10 - Ah oui, oui.
02:11 - Et puis après, ça a été d'ailleurs une quête assez compliquée pour trouver,
02:15 en fait, il y a notamment l'armée américaine qui s'est mise à chercher
02:17 pendant la Deuxième Guerre mondiale, un peu partout sur le globe,
02:20 tout ce qui était pourri, en gros, des tas de moisissures et de champignons,
02:23 pour regarder s'ils n'étaient pas un petit peu comme cette moisissure initiale,
02:27 pour produire plus de pénicilline, beaucoup plus,
02:29 parce que les soldats américains, notamment,
02:31 pendant la Deuxième Guerre mondiale, avaient évidemment besoin de médicaments.
02:34 - OK, il y a aussi ceux qui donnent de leur personne, quitte à se mettre en danger.
02:39 Il y en a quelques-uns aussi, non ?
02:41 - Oui, alors on peut citer Henry Head, un neurologue.
02:46 Alors lui, il a constaté que parfois, quand les gens avaient des nerfs sectionnés,
02:50 ils avaient des symptômes contradictoires.
02:52 Parfois, ils éprouvaient des douleurs et parfois, ils éprouvaient des pertes de sensations.
02:55 Donc il s'est dit, en fait, pour savoir, il faut que je le fasse sur moi.
02:58 - Non.
02:59 - Voilà. Donc il a demandé à ses assistants de couper quelques petits nerfs.
03:02 Et les nerfs repoussent. Donc il a noté, voilà, ce qui se passe, ce qu'il avait trouvé.
03:06 - C'est-à-dire qu'il avait le bras comme ça, puis il notait pour voir comment ça faisait ?
03:10 - Oui, je pense qu'il a surtout noté ce qu'il ressentait,
03:12 en espérant que ça ne prenne pas trop de temps pour repousser.
03:14 Et il a dressé une première nomenclature de différents types de sensations, en fait.
03:18 Ça, c'était au début du XXe siècle. Donc c'est un peu primitif.
03:21 On trouve ça primitif, nous, aujourd'hui.
03:23 - Ah oui, il y en a à Tau qui ont fait des choses étonnantes, dont on se sert encore aujourd'hui.
03:27 Alors parfois, là, on sourit, mais parfois, c'est tragique.
03:30 L'invention du parachute, vous voyez où on va en venir ?
03:35 - Oui. Alors malheureusement, c'était un rêveur, je pense, Franz Reichelt.
03:40 Parce que lui, c'est peut-être le savant fou, le moins savant, initialement, de tous,
03:45 parce que c'était un tailleur. C'était un tailleur autrichien, naturalisé français,
03:49 qui était un tailleur pour dames, qui travaillait à Place de l'Opéra, ou près de l'Opéra.
03:54 Et il avait un rêve qui était de... Son rêve, c'était l'aviation.
03:58 Il voulait construire, fabriquer, inventer une combinaison parachute
04:02 qu'un aviateur pourrait déployer instantanément en cas de problème.
04:06 - On est en quelle année, là ? - 1912.
04:08 Donc l'aviation, c'était encore... - Un peu chiant.
04:10 - Encore une aventure. Et malheureusement, sans avoir fait de tests préalables,
04:14 c'est peut-être là où un vrai scientifique aurait peut-être fait étapes par étapes.
04:20 Et malheureusement, il a voulu tester sa combinaison, 1er étage de la Tour Eiffel.
04:25 - Non, mais le 1er étage de la Tour Eiffel, si vous n'êtes jamais venu à Paris, c'est très haut.
04:29 - C'est très haut. C'est trop haut pour ce genre de combinaison, qui ressemble à une tente bouffante...
04:33 - On le voit, là ? - ...qu'on a même du mal à déployer en camping.
04:36 - Voilà, c'est un peu... C'est dur d'imaginer quelqu'un faire ça.
04:39 - Alors qu'aujourd'hui, ça existe. En plus, on voit des hommes comme ça voler...
04:43 - Il y a des ailes volantes, oui. J'ai un ami qui est un ancien champion de ça.
04:46 - C'est dangereux, quand même. - C'est dangereux, mais voilà.
04:48 Donc je pense qu'il ferait pas ça, parce qu'il connaît...
04:51 - Mais cette image, ne me dites pas que ça a été filmé à l'époque, non ?
04:54 - Si, si. - Non, mais on le voit sauter ?
04:57 - On le voit sauter. Donc vous êtes pas obligés de regarder jusqu'au bout.
04:59 - Ah non, non, non. - On le voit sauter.
05:01 - Oui, évidemment. Alors, vous racontez aussi que Léonard de Vinci
05:06 avait, lui, vraiment réussi à mettre au point un modèle de parachute,
05:10 mais c'était quelques siècles avant.
05:12 - 1480, donc quand même pas mal de siècles avant.
05:16 Mais alors, lui, il avait pas ce rêve de l'aviation.
05:19 Il avait pas la contrainte d'avoir une espèce de combinaison pliable,
05:21 collée au corps, qui a coûté la vie, en fait, à Reichelt,
05:24 puisque c'est sa contrainte qui lui a posé ce problème-là.
05:28 Donc de Vinci, lui, il avait imaginé une structure beaucoup plus grosse
05:31 avec des armatures en bois, une espèce de pyramide de 7 mètres,
05:34 7 mètres de côté, 7 mètres de hauteur.
05:36 Voilà, on voit un petit peu le croquis.
05:38 Et évidemment, il l'a pas testé.
05:41 C'était une espèce de chimère prospective, comme il en a imaginé beaucoup.
05:46 Et ça a été testé véritablement par quelqu'un qui a réalisé ce prototype en 2008,
05:50 un vrai parachutiste, qui, lui, connaissait les contraintes du saut, etc.
05:55 Peut-être qu'il avait même un autre parachute de protection, ça, je ne sais pas.
05:59 Et qui a réussi à sauter d'une hauteur de 650 mètres, je crois.
06:03 - Pas mal. - Pas mal.
06:05 - Ah non, c'est bien.
06:06 - Avec le... Voilà, on voit la pyramide.
06:08 - En respectant également le schéma fait par Léonard de Montaigne.
06:11 - Oui, tout à fait, en respectant les notes et les dimensions de...
06:14 - À partir des croquis de Vinci, là ? - C'est faux, hein.
06:17 - C'est pas mal, ça. - C'est pas mal.
06:19 - Il aurait dû essayer. - C'est pas du tout plié.
06:22 - Si vous faites une initiation au parachute, vous n'aurez pas ce truc-là.
06:25 - Non, pas tout à fait. Ça sera plutôt une coupole.
06:27 - Voilà. - Ouais. Enfin, c'est pas mal.
06:29 Dans votre livre aussi, pour les tintinophiles,
06:33 ils découvriront que le célèbre professeur Tournesol, le copain de Tintin, il a existé.
06:39 - Oui, en fait, Hergé s'est inspiré d'un savant des années 30,
06:43 Auguste Piccard, avec deux C, qui était un inventeur, un physicien et un explorateur.
06:51 Il a exploré les très hautes altitudes et les très grandes profondeurs
06:55 en inventant une des capsules hermétiques, hermétiques pour monter très, très haut.
06:59 Il a battu un record. Il est monté, je crois, jusqu'à 16 000 m d'altitude dans les années 30.
07:05 Donc, c'était du jamais vu. Et puis, il a inventé le batiscafe,
07:09 qui lui est fait, évidemment, pour descendre très, très profond,
07:12 et dont les premières performances ont été réalisées grâce à son fils.
07:15 En fait, il a engendré une espèce de dynastie, les Piccard, d'explorateurs et d'inventeurs.
07:20 - Et ça continue aujourd'hui encore dans la famille Piccard ?
07:22 - Oui, parce que son fils, Claude Piccard, non, pardon...
07:27 - Cherchez son prénom. Auguste. - Oui, enfin, c'est un Piccard.
07:29 Non, il y a eu Auguste. Il y a eu... Bon, le deuxième, j'oublie son prénom.
07:33 - Oui. - Et le dernier, c'est Bertrand.
07:34 Donc, le deuxième a piloté et réalisé des records dans la fosse des Mariannes.
07:39 Il est descendu jusqu'à -10 000 m, quelque chose comme ça.
07:42 - Oui, mais le professeur tourne le sol aussi, hein ?
07:44 - Ah ben, le professeur, oui, mais lui, on lui a...
07:47 Lui, il est dans la sphère de la fiction, donc il a peut-être fait des choses plus folles encore.
07:51 Mais c'est vrai qu'Auguste Piccard avait un peu le même look.
07:53 Il avait les petites têtes, les bûches... - Oui, non, mais exactement.
07:55 Je voulais dire, il avait une tête de professeur tourne le sol.
07:57 - Complètement, oui. Et on connaît peut-être mieux Bertrand Piccard, le petit-fils.
08:01 - Ah ben voilà, c'est celui-là dont je cherchais le prénom.
08:03 Bertrand. - Qui, lui, a réalisé le premier tour du monde sans escale en ballon
08:10 et le premier tour du monde aussi en avion solaire, le fameux Solar Impulse.
08:15 - Oui, oui, bien sûr, c'est un Piccard lui aussi.
08:17 - C'est récent, c'est en 2016 ou 2017, quelque chose comme ça.
08:19 - Bon, il y en a d'autres, hein, bien sûr.
08:21 Vous regarderez ça dans "Les scientifiques les plus fous de l'histoire".
08:25 Tiens, c'est une collection dirigée par Alain Bauer.
08:27 Je ne savais pas qu'il dirigeait ce genre de...
08:29 Notre criminologue célèbre.
08:31 C'est publié chez First Edition et c'est écrit par...
08:35 Alors, c'est Lauriane Geoffroy et Jean-Pierre Courbat qui est là.
08:38 - Voilà, c'est ça. Merci beaucoup. - Merci beaucoup de votre...
08:40 de votre vie.