• il y a 10 mois
Transcription
00:00 La question de la semaine, c'est est-ce que vous allez dire Dali ou Daaaaaaali
00:04 pour parler du nouveau film de Quentin Dupieux.
00:06 Maître, on peut faire une pause un peu là ?
00:09 Putain, quel enfer !
00:11 Ça va pas la tête ? T'es fou de le déranger comme ça, tu sais qui c'est ?
00:15 Dali est probablement...
00:19 On est là !
00:20 ... le seul artiste encore vivant sur cette planète.
00:24 Alors, déjà, un premier merci.
00:27 Merci parce que c'est pas un biopic.
00:29 C'est vraiment même un anti-biopic.
00:32 Si vous ne savez rien de Dali, vous n'apprendrez pas grand-chose
00:34 en allant voir le film de Quentin Dupieux.
00:36 Ça, c'est quand même formidable.
00:37 Il n'y a pas une date.
00:38 Il n'y a pas un effet Wikipédia.
00:40 Et puis, alors, on échappe à la mode contemporaine qui serait de raconter,
00:44 non pas Dali, mais la femme de Dali, puisque c'est ce que font un biopic sur deux maintenant.
00:48 Et donc, voilà, c'est vraiment une idée, une image, un portrait de Dali.
00:54 Je dirais la traduction de Dali au cinéma.
00:58 Et ce qui est très intéressant, c'est que Dupieux fait ça à travers une idée
01:02 de narration assez marrante qui est de prendre une journaliste,
01:05 pas très douée, il faut bien le dire, qui veut entreprendre,
01:08 de faire un documentaire sur Salvador Dali.
01:10 Et évidemment, elle est un peu gaffeuse.
01:13 Elle est un peu maladroite.
01:14 Et en plus, elle a quand même face à elle un personnage un peu compliqué,
01:17 ultra mégalo, qui va lui en faire voir des vertes et des pas mûrs.
01:20 Dali n'a pas de matériel cinématographique.
01:25 Comment comptez-vous interviewer Dali s'il n'y a pas de caméra ?
01:28 Ah non, non, non.
01:30 En fait, je travaille pour un magazine, donc c'est ça mon matériel.
01:33 Un calepin, un stylo.
01:35 Alors écoutez, vraiment, dans ce cas là, ça ne m'intéresse absolument pas du tout.
01:39 Bonne ronde.
01:41 Dali, Sisa, pour autant d'acteurs qui incarnent Salvador Dali.
01:45 Mais ce qui est très, très fort, c'est qu'il n'y a pas une scène, un acteur.
01:48 Donc, Quentin Dupieux aime bien les mélanger.
01:50 Et donc, il y a une scène qui démarre avec Jonathan Cohen,
01:52 qui va se poursuivre dans la même action avec Edouard Baer,
01:55 voir passer à Gilles Lelouch.
01:57 C'est ce côté d'aller-retour permanent, de mélange des différents acteurs
02:02 qui donne vraiment au film cet aspect extrêmement réjouissant.
02:05 On est constamment surpris.
02:06 On ne sait jamais à quel Dali il faut s'attendre.
02:08 C'est presque dommage qu'Anaïs Demoustier n'ait pas joué Dali,
02:11 qu'on lui ait pas mis une belle petite moustache.
02:14 Mais je ne sais pas du tout faire l'accent de Dali, c'est une catastrophe.
02:17 On ne sait juste pas.
02:18 Évidemment, c'est à qui fera le plus rouler les airs,
02:21 à qui sera le plus dingo.
02:23 Alors voilà, Edouard Baer, évidemment, a peut-être ma petite préférence.
02:27 Il est vraiment dément dans ce rôle-là, mais presque,
02:30 parce qu'on a l'impression que c'est très voisin d'un délire
02:33 qui pourrait avoir déjà lui, je ne sais pas, à la radio ou au cinéma.
02:37 Jonathan Cohen est très drôle, mais c'est très marrant de voir, en fait,
02:41 de les voir cohabiter et se succéder.
02:45 Oui, allô ?
02:46 Bonjour, Salvador.
02:47 Je ne vous entends pas, là, en ce moment même,
02:49 il y a une pluie de chiens morts.
02:51 Ça fait un vacarme diabolique sur le toit de ma maison.
02:54 Appelez-moi plus tard. Merci. Bonjour.
02:57 N'oublions pas qu'entre autres grandes œuvres,
03:01 Dali a quand même le co-auteur du film qui a lancé le surréalisme,
03:05 qui est un chien andalou.
03:06 Et il y a, c'est ça qui est très drôle à voir dans le film,
03:09 c'est de repérer les allusions à différentes œuvres de Dali
03:12 et notamment à ses films.
03:14 Et surtout, au film, le chien andalou a été co-réalisé par Louis Buñuel.
03:18 Et c'est un film où il y a énormément d'allusions au cinéma de Louis Buñuel,
03:22 parfois très transparentes, parfois beaucoup plus cryptées.
03:24 Comment raconter l'univers de la persistance de la mémoire,
03:29 qui est peut-être le tableau le plus célèbre de Salvador Dali,
03:32 celui qu'on appelle communément des montres molles ?
03:34 Eh bien, en donnant une idée molle du temps,
03:36 c'est-à-dire qu'il ne va pas du tout le montrer en train de peindre le tableau,
03:39 il ne va pas du tout gloser sur le tableau,
03:41 il va transposer complètement du pieu cette idée de mollesse du temps et d'élasticité.
03:46 Il va faire une séquence qui se déroule dans un hôtel,
03:49 où Dali marche.
03:51 Et il marche. Et il marche.
03:53 Et en fait, il a, je ne sais pas, 20 mètres à parcourir,
03:56 ça lui prend 10 minutes, c'est impossible.
03:58 Pendant ce temps-là, les actrices ont le temps de faire 10 000 trucs,
04:01 limite elles se font un brushing.
04:03 Eh bien, avec cette simple séquence de Dali qui marche dans un couloir,
04:07 tout à coup, on est propulsé dans l'univers, dans la peinture mentale de Dali.
04:13 Là, c'est sublime.
04:18 Ça, c'est Dali.
04:21 Dali, c'est très très très très bien.
04:24 Je me frise les moustaches, Dali, c'est très bien.
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