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00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:02 Le livre du jour, Nicolas Caro, ce matin, vous avez choisi le roman de Frank Buiss.
00:08 Oui, Frank Buiss, l'auteur corézien de « Né d'aucune femme, grossir le ciel », son dernier, « L'homme peuplé »
00:13 vient d'être publié au Livre de Poche. « L'homme peuplé », c'est un peu ce que disait Walt Whitman.
00:17 « I contain multitude », je contiens la multitude sous-entendue en chacun de nous.
00:21 Vive différentes facettes, différentes histoires et finalement une foule.
00:24 C'est un peu l'idée de ce roman qui commence avec l'arrivée d'Harry,
00:27 un romancier à succès, dans un petit hameau au milieu de l'hiver.
00:30 Sa maison est fétuste, il fait froid, il s'endort en se roulant en boule dans la cuisine à côté d'un vieux radiateur.
00:36 Que fait-il là ?
00:37 En fait, il vient d'acheter cette ferme sur un coup de tête.
00:39 Il est parti pour retrouver un sens à ce qu'il écrit.
00:41 Alors, il débarque dans cette maison, dans son jus.
00:44 Mais vraiment, la vieille dame qui vivait là est morte, la maison a été laissée dans l'état,
00:47 le lit est juste défait, comme si elle venait d'en sortir, les pantoufles sont encore là.
00:51 C'est un peu glauque comme ambiance, mais il veut sortir du monde pour réfléchir.
00:54 Il en a marre d'écrire ses petits romans sympathiques bien conventionnels.
00:57 Il voudrait créer une œuvre, une vraie, alors c'est un roman qui parle de la création littéraire.
01:02 Un peu, mais pas seulement.
01:03 Il a un voisin, Harry Caleb, il s'appelle le voisin.
01:06 Un type très étrange, moitié sourcier, moitié guérisseur.
01:09 Quand on le suit, on assiste à des flashbacks avec sa mère qui entretient avec lui une relation pas très saine.
01:13 Il y a Sophia aussi qui tient l'épicerie, puis un chien qui s'appelle le chien.
01:17 Et des choses inquiétantes surviennent, tout ça sur fond de neige et de froid.
01:20 C'est du Frank Buiss, je ne peux pas dire mieux.
01:22 Un mélange de thriller, de suspense, de réflexion et d'atmosphère.
01:25 Très important l'atmosphère chez Frank Buiss.
01:28 L'homme peuplé, donc le dernier Frank Buiss.
01:30 Merci beaucoup Nicolas Caro.
01:32 La sortie de la semaine à présent, c'est au théâtre Marie Gickel.
01:36 Merteuil, Merteuil.
01:38 La suite imaginée pour les planches, des liaisons dangereuses.
01:41 Le fameux roman épistolaire de Chauderlot de Laclos, dont Baudelaire disait que c'était un livre qui brûle comme de la glace.
01:47 Merteuil donc, et c'est donc la machiavélique marquise que l'on va retrouver.
01:51 Oui, elle nous avait manqué cette marquise qui formette avec le Vicomte de Valmont,
01:54 le couple de libertins prêts à tout pour déshonorer leur monde.
01:58 Alors les liaisons dangereuses s'achevaient sur la mort de Valmont et l'exil de la marquise de Merteuil.
02:03 Ils avaient quand même réussi leur petit coup diabolique, faire tomber la jeune ingénue Cécile de Volange dans les bras de Valmont.
02:09 Alors qu'elle est promise à un ancien amant de la marquise de Merteuil nommé Gercourt.
02:13 Et donc, Cocu, avant son mariage, j'espère que vous avez suivi.
02:16 Oui, oui, monsieur.
02:17 Et que je ne divulgage pas trop ce monument de la littérature.
02:21 Donc nous voici, 15 ans après ce scandale, la marquise apparaît sur scène dans sa robe bouffante
02:26 et toujours son air suffisant, face à elle, son ancienne victime Cécile de Volange, venue régler ses comptes.
02:32 Vous et le Vicomte, vous êtes bien amusés cet été-là, en gâchant notre villégiature de la manière la plus ignominieuse qui soit.
02:39 Oh, ce sont ces quelques semaines d'été à la campagne !
02:42 Oh, mais reconnaissez qu'elles vous ont servi d'apprentissage !
02:46 Si je me souviens bien, vos jours roses du mois de juin ont pâli vers la fin août.
02:52 Un huis clos où les deux femmes, incarnées impeccablement par Marjorie Franski,
02:58 est aussi la doubleuse de Cameron Diaz au passage.
03:01 Et Chloé Berthier, elles reprennent l'histoire de la clôture sans voix d'Épique dans une langue précieuse
03:06 et évoquent ensemble le regretté Valmont.
03:09 Salomé Villiers a signé cette mise en scène simple et efficace.
03:12 On a peut-être un peu perdu aujourd'hui ce goût des mots.
03:15 Et c'est pour ça que dans la pièce Merteuil, on a autant de retours positifs des spectateurs.
03:21 On se délecte de cette langue et de ce duel de mots, toujours dit avec énormément d'humour et énormément d'élégance.
03:28 Voilà une langue aiguisée, vous l'avez compris, dans un décor du temps des Lumières,
03:32 au service du retour d'un des plus grands personnages de notre littérature.
03:37 Merteuil à découvrir au Théâtre Parisien du Lucerner avant une tournée de Nantes à Avignon
03:43 et des dates comme ça jusqu'en 2025. Merci Marie Gickel.
03:47 Vous êtes diabolique maîtresse, mais y'a-t-il plus d'assets mécréants qui vous haïssent ?
03:51 Pourtant, ils ont été vos amis.
03:53 Ils ont été, et ils le sont encore. Ils le seront à jamais.
03:57 Si ma haine ira à eux, leur amour ira à moi.
04:00 Dieu vous entend maîtresse.
04:02 Y'a moins de liaisons dangereuses dans votre pièce Marie.
04:05 C'était pas les inconnues, c'était les nuls.
04:08 C'était les liaisons... comment elles s'appellent ?
04:10 Les liaisons dangereuses. Et les inconnues c'était les liaisons vachement dangereuses.
04:14 Voilà, dans une version plus action combat.
04:16 Merci beaucoup les amis. Merci beaucoup. A demain.