Benjamin Clouet, Président de Macondo, collectif écologiste de Montarnaud, menacé d'expulsion

  • il y a 8 mois
Un collectif écologiste menacé d'expulsion à Montarnaud. Le collectif Macondo se trouve en pleine garrigue et n'est pas raccordé à l'eau. Le risque incendie est donc elevé.
Le maire souhaite donc l'expulser, et une procédure judiciaire a été déclenchée.

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Transcription
00:00 14 sur France Bleu Héro, merci de nous avoir choisi ce jeudi matin, nous sommes Guillaume avec Benjamin Clouet qui est le président de Macondo,
00:06 un collectif écologiste de Montarno. - Bonjour Benjamin Clouet, merci d'être venu nous rejoindre.
00:12 Macondo, collectif Macondo, un tiers-lieu basse technologie, c'est comme ça que vous vous définissez un peu,
00:19 qui existe depuis
00:22 2018 au Masdieux donc, qui est un petit lieu dit de la commune de Montarno,
00:28 classé Natura 2000, et que le maire de Montarno souhaite vous voir
00:33 libéré aujourd'hui en fait, il souhaite vous voir partir, quitter les lieux au plus vite, c'est ça ?
00:38 - Effectivement. - Un vrai conflit vous oppose, depuis combien de temps maintenant ce conflit ?
00:42 - Alors au début il nous a reçus cordialement quand il est arrivé en fonction, nous ça faisait déjà trois ans qu'on était sur le projet.
00:48 - Oui parce que
00:50 Jean-Pierre Pugence, je le précise, maire de Montarno depuis 2020. - Effectivement. - C'était une autre équipe municipale avant lui.
00:57 Durant deux ans, les deux premières années, c'était plutôt cordial, on se voyait tous les mois, il nous disait qu'il voulait
01:02 régler quelques soucis, enfin voilà, il y avait des petits détails administratifs qu'il y aurait à régler, notamment l'approvisionnement en eau du site.
01:11 Alors nous,
01:13 on s'en est jamais plein, parce que c'est une des parties de la sobriété, c'est de récupérer de l'eau de pluie notamment, donc on se
01:18 débrouillait très bien comme ça, et il y a eu un événement qui est
01:22 l'obtention d'une subvention, on était lauréat de manufactures de proximité.
01:26 C'est une subvention très conséquente, c'est 250 000 euros aidés de l'état, du ministère de la cohésion des territoires et de
01:33 l'environnement, et donc on a touché ces subventions et là ça a mis un peu le feu aux poudres,
01:39 alors on ne sait pas pour quelle raison, mais en tout cas à partir de là on est entré dans un conflit ouvert.
01:43 - Alors on va rappeler ce qu'est Macondo aujourd'hui, donc c'est un collectif qui regroupe à la fois des associations
01:48 à vocation écologique, écologistes, je sais pas trop comment il faut le dire, des sociétés coopératives
01:54 aussi, et vous même par exemple vous êtes patron de l'entreprise EcoSec qui est installée sur le site de Macondo.
01:59 - Effectivement c'est assez particulier parce que c'est le premier tiers lieu à ma connaissance en Occitanie qui s'est ouvert à la base par cinq coopératives
02:06 certaines qui sont connues, qui ont pitié sur eux comme Enercop ou
02:10 la menuiserie collaborative, et donc en tant que coopérative de production
02:15 on a fait le constat que sur Montpellier il y avait beaucoup d'accompagnement sur le tertiaire ou sur le tourisme, mais sur la production
02:23 de biens
02:25 de "manufacturés"
02:26 et notamment dirigés vers l'écologie, il n'y avait pas de foncier et donc on s'est monté comme ça.
02:32 - Tu dis ça parce que l'image que certains pourraient avoir s'ils ne vous connaissent pas c'est d'une bande de squatters
02:36 qui vivent un peu comme ça, proche de la nature, c'est pas ça Macondo ?
02:40 - Alors on invite tout le monde à venir nous voir, notamment tous les vendredis midi on fait un peu des repas partagés
02:44 et pour venir voir qu'en fait on est des coopératives, donc des scopes, c'est-à-dire que les entreprises...
02:52 - Vous avez bénéficié de subventions publiques, de subventions de l'Etat, vous venez de le dire...
02:55 - Tout à fait, on est accompagnés, on a des louanges de tous les institutionnels qui sont venus,
02:59 et à commencer par la région qui nous soutient très fortement depuis dix ans maintenant,
03:03 et qui nous on est des enfants du processus de l'économie sociale et solidaire de l'Occitanie.
03:09 - Vous êtes combien de personnes sur site ? Combien de structures différentes ?
03:13 - On est huit structures différentes,
03:15 alors une des règles pour rentrer dans Macondo c'est de faire partie de l'économie sociale et solidaire,
03:19 donc soit d'être une coopérative, soit d'être une association.
03:21 Et donc on est aujourd'hui 27 emplois, dont 600 en insertion,
03:25 et on reçoit en permanence une quinzaine de jeunes déscolarisés,
03:28 dans le cadre d'une école qu'on héberge, qui s'appelle l'école ETHRE,
03:32 et qui est, le constat de cette école c'est de dire,
03:34 il y a 200 000, 200 000, 300 000 jeunes qui sortent sans emploi entre 18 et 25 ans,
03:40 il y a des besoins considéraux sur la transition écologique, comment on arrive à faire matcher les deux ?
03:44 Donc c'est une école de la transition écologique.
03:45 - Alors sauf que quand vous êtes arrivé en 2018, vous êtes arrivé sur un terrain où il n'y avait rien,
03:50 donc classé en zone nature à 2000, je le rappelle, il n'y avait rien, il n'y avait pas d'électricité,
03:54 il n'y a pas d'eau courante, et donc,
03:58 vous bénéficiez à l'époque de la part de l'ancienne municipalité de Montarnou,
04:01 de ce qu'on appelle un permis à construire.
04:03 - Alors au-delà de... - Un bail à construire, pardon, c'est pas du tout la même chose.
04:06 - Un bail à construction, en fait l'idée c'est de dire,
04:08 la municipalité n'a ni l'argent, ni le savoir-faire pour aménager un site comme ça,
04:13 donc on va le confier à des gens pendant 30 ans, là dans ce cadre-là,
04:17 vous allez financer et construire l'ensemble de ce qu'on a mis dans le plan local d'Urbanisme,
04:24 et dans 30 ans vous le redonnerez à la municipalité.
04:27 Et alors, c'est pas seulement la municipalité, puisque ce terrain est sur un domaine qui s'appelle le Ciad,
04:33 et qui dépend des 4 communes alentours, Murville-les-Montpelliers, Saint-Georges,
04:37 et donc c'est à lui, pardon, Murville-les-Montpelliers, Saint-Georges, Montarnou et Saint-Paul-les-Valmales,
04:42 et ces 4 communautés ont voté par deux fois dans des assemblées,
04:45 à l'unanimité, sur l'installation du projet Macondo, et en leur donnant aussi un permis de construire.
04:51 - Alors sauf que la nouvelle majorité, issue des élections de 2020,
04:55 et donc le maire de Montarnou, Jean-Pierre Pugence, vous demande maintenant de partir,
04:58 parce qu'il dit que vous occupez le site en toute illégalité,
05:03 enfin en toute illégalité, d'abord que le problème c'est que vous n'êtes pas raccordé à l'eau,
05:07 et donc qu'il y a un risque d'incendie, parce que vous êtes en pleine guérille,
05:10 et lui ne veut pas porter la responsabilité si demain il y a un incendie,
05:13 d'éventuels blessés, victimes, et donc il vous demande de quitter les lieux,
05:17 pour cette raison là, d'autant dit-il que vous n'avez jamais déposé de permis de construire.
05:22 - Alors il y a un permis de construire valant une vision qui est un peu technique,
05:26 qui est un permis de construire qui vaut sur différentes parcelles, sur différentes communes.
05:29 C'était utilisé auparavant, alors moi je l'ai découvert aussi,
05:33 parce que je n'ai pas un doctorat en urbanisme avant d'installer le projet, je suis entrepreneur,
05:37 et vous imaginez bien, en fait tous ces arguments là sont fallacieux,
05:41 vous imaginez bien qu'on lève par un million d'argent public,
05:43 avec 250 000 euros de prêts de la société aujourd'hui, coopérative Macondo qui gère le site,
05:49 sans avoir tous les papiers nécessaires à cela.
05:51 Donc en fait ça a été un argument après l'autre,
05:53 quand c'était pas le risque d'incendie c'était le PLU, quand c'était pas le PLU,
05:56 donc on a tout démonté, et nous ce qu'on a dit, écoutez,
05:58 si c'est comme ça, allons devant la justice, allons devant la justice monsieur Pujins,
06:03 et aujourd'hui il ne veut pas, il n'y a aucune procédure qui est en cours,
06:06 à part nous mettre une astreinte de 500 euros.
06:08 - Jean-Pierre Pujins ne remet pas sur le fond votre projet en question,
06:11 il dit même que c'est un projet respectable,
06:13 mais il y a la forme et la forme n'est pas respectée,
06:15 et il dit par exemple les soutiens que l'État ou la région ont pu accorder à Macondo,
06:19 ils sont sur le projet mais pas sur la construction, c'est ce que dit le maire de Montpellier.
06:23 - Aujourd'hui le soutien, enfin moi je veux bien, monsieur Pujins n'est jamais venu sur site,
06:27 vous imaginez, enfin on a des gens en responsabilité,
06:29 qui peuvent détruire un projet qui a mis 6 ans à se construire,
06:33 qui a levé un million d'argent, qui a 27 emplois,
06:35 il est à 1 km à vol d'oiseau, il ne s'est jamais déplacé pour qu'on lui manque le projet.
06:39 Vous voyez, il appelle tous ses amis, on se retrouve au vœu du maire de Montarno,
06:44 avec monsieur Soto et monsieur Delafosse,
06:46 monsieur Delafosse qui annonce publiquement que,
06:49 monsieur Jean-Pierre Pujins, mon ami de toujours,
06:52 une fois qu'on aura mis fin à cette occupation illicite du site,
06:55 nous ferons un projet en commun.
06:57 Donc là le poteau rose est sorti en fait le jour de ces vœux de Montarno,
07:00 et il y a un projet... - Est-ce que vous voulez dire que
07:01 tous ces vélus ont une idée derrière la tête ?
07:03 - En tout cas ils ont annoncé qu'il y aura un projet en commun une fois qu'ils nous auront viré.
07:06 Donc s'il vous plaît, et monsieur Delafosse je l'invite aussi,
07:09 avant de prendre fait et cause pour votre ami monsieur Pujins,
07:12 s'il vous plaît venez sur site, nous vous recevons quand vous voulez,
07:15 on vous montrera les acteurs et ce qu'on y fait.
07:17 - Alors je passise juste à ce stade que Jean-Pierre Pujins semble à contacter,
07:21 maire de Montarno, je l'ai eu hier au téléphone,
07:22 on lui a proposé de s'exprimer sur ce dossier,
07:24 il n'a pas souhaité le faire en l'état, j'imagine qu'il nous écoute.
07:29 Très concrètement il vous a adressé il y a quelques jours en main propre un arrêté
07:33 qui fixe la date du 1er mars et dit-il "vous n'avez pas quitté les lieux à compter du 1er mars,
07:38 ce sera une astreinte de 500 euros par jour".
07:41 Ça risque de vous coûter très cher cette histoire quand même, non ?
07:43 - Effectivement, ça risque de coûter très cher aux contribuables aussi.
07:47 Parce qu'en fait on est accompagné par de l'argent public,
07:50 et en fait c'est des gens qui ont eu,
07:53 vous savez monsieur Pujins il était pendant plus de 15 ans président d'Héros Habitat,
07:56 c'est des gens qui ont eu le chéquier de la République pendant tellement de temps
07:59 que de mettre à mal un projet qui a eu 1 million d'argent public investi,
08:03 ils font ça d'un revers de main avec une espèce de légèreté
08:07 qui moi me désarçonne dans une époque où tout le monde doit se restreindre.
08:10 - Vous comptez résister comment ? Est-ce que vous êtes en capacité de résister ?
08:14 Ou est-ce que vous êtes prêt administrativement à faire ce qu'il faut
08:16 pour éventuellement régler ce létige ?
08:18 - Aujourd'hui on est sous le choc, clairement,
08:20 et moi en tant que président je me sens,
08:22 enfin c'est très difficile à porter la responsabilité
08:25 d'avoir embarqué tellement de gens dans ce projet-là,
08:27 et d'aujourd'hui de devoir leur dire "vous devez partir et vous débrouillez tout seul".
08:31 On ne sait pas encore ce qui va se passer,
08:33 mais c'est d'une telle tristesse de ne pas vouloir aller devant une décision de justice.
08:40 - Vous vous demandez qu'il y ait un juge qui se statue ?
08:42 - Demain qu'il y ait un juge qui se statue en fait, c'est tout.
08:44 - Merci Benjamin Cloé, président de Macondo, d'être venu ce matin au micro du 6-9.
08:49 Merci à vous.
08:50 Vous pourrez réécouter cette interview comme toutes les autres en allant sur le site francebleu.fr.
08:55 Il est 8h23, dans un instant on a rendez-vous avec la petite histoire du jour de Léopoldine Dufour,
08:59 qui va nous expliquer pourquoi la forme des bouteilles de musca de Frontinière a cette forme.

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