• il y a 9 mois
Ecoutez l'interview du président-directeur général du groupe E. Leclerc.

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00:00 7h42, il est sans doute l'un des patrons de la grande distribution parmi les plus critiques
00:05 ces dernières semaines.
00:06 Amandine Bégaud, vous recevez ce matin Michel-Édouard Leclerc.
00:08 Michel-Édouard Leclerc, on a découvert un nouveau mot hier, enfin nous en tout cas,
00:13 la chipflation, contraction de chip, de "chip" plutôt et d'inflation en clair.
00:17 Certaines marques n'hésitent pas à remplacer les ingrédients par des substituts moins
00:22 chers dans certains produits de moindre qualité, sans pour autant baisser les prix.
00:26 L'association de consommateurs Foodwatch a identifié au moins 6 produits de grandes
00:31 marques, notamment des bâtonnets de surimi qui contiennent 11% de poissons en moins mais
00:35 dont le prix a bondi de 40%.
00:37 Ça existe, vous le confirmez ?
00:39 C'est la première fois que j'entends cette expression, je connaissais "shrinkflation".
00:43 Oui, alors ça c'était, on baissait la quantité, là on baisse la qualité.
00:47 Et bien franchement je ne connais pas, ce n'est pas un sujet en soi, ça doit être
00:52 très marginal, mais de toute façon, cette idée de changer les ingrédients selon leur
00:59 cherté, c'est une idée qui est pratiquée dans toute l'industrie, mais aussi dans toute
01:03 la restauration, dans les cantines.
01:05 On a enlevé depuis deux ans les poissons les plus chers pour mettre à la place quand même
01:10 du poisson, au lieu de mettre du lieu jaune ou du lieu noir, on met du taco.
01:14 Sans en informer le consommateur.
01:16 Et à la maison, tout le monde fait ça ?
01:18 Si, bien sûr, parce que les menus sont transparents, dans la restauration vous voyez bien.
01:24 Oui, mais par exemple en grande distribution, il n'y a pas marqué "le paquet de surimis",
01:28 il n'y a pas marqué "attention on a mis moins de poisson".
01:30 Ça c'est de la responsabilité de l'industrie, franchement je n'en ai pas vu, donc c'est
01:33 vous qui… le Food Watch va m'écrire de toute façon, mais si ce n'est pas transparent,
01:39 ce n'est pas bien.
01:40 Si ce n'est pas transparent, ce n'est pas bien, ça veut dire par exemple, sur la
01:44 shrinkflation, vous dites "il faudrait que ce soit affiché et que ce soit obligatoire".
01:47 Je dis ça toujours à mes copains journalistes, les journaux ne changent pas de prix quand
01:53 ils changent de pagination, quand le papier augmente ou pendant l'été par exemple,
01:57 vous voyez ? Donc tout le monde adapte les contenus au prix des choses.
02:04 C'est du bon sens en fait, presque, ce que vous nous dites.
02:06 Oui, du moment que ce soit transparent, que ce soit clair, il n'y a pas trop de prix.
02:10 Et le consommateur qui a l'impression de se faire avoir, il a tort.
02:13 Après, je n'aime pas trop qu'on fasse ça parce que du coup, ça fait perdre les
02:18 repères et je pense que dans des moments où l'inflation est forte, mais cyclique,
02:24 les consommateurs ne s'y retrouvent pas.
02:26 C'est comme une mauvaise promo, une fausse promo ou des fausses soldes, il faut limiter
02:30 ça.
02:31 Donc il faudrait afficher ça, vous l'évoquiez pour la shrinkflation, le fait qu'on diminue
02:35 la quantité des produits sans bouger le prix, c'est à qui de l'afficher ? À l'industriel,
02:39 à la grande surface ?
02:40 C'est à celui qui le fait.
02:41 C'est à celui qui fait, donc l'industriel.
02:42 Donc quand le gouvernement veut l'imposer aux grandes surfaces, il a tort ?
02:46 C'est-à-dire que ça nous fait prendre la responsabilité de l'industriel, on ne le
02:50 sait pas forcément.
02:51 L'industriel est rarement transparent.
02:54 Enfin, pardon, je ne veux pas faire une polémique de corps à corps, mais si l'industriel
03:01 n'a pas prévenu, c'est difficile pour le distributeur d'en assumer la responsabilité.
03:05 Transparence, vous avez prononcé ce mot à plusieurs reprises et on a beaucoup entendu
03:09 les agriculteurs dire ces dernières semaines qu'ils n'étaient pas rémunérés au juste
03:13 prix.
03:14 Alors je vous ai apporté une bouteille de lait.
03:15 Elle n'a pas été achetée chez Leclerc, mais c'est un litre de lait marque distributeur.
03:20 Le président des jeunes agriculteurs qui était à votre place il y a une dizaine de
03:23 jours nous disait que cette bouteille de lait, en tout cas son contenu, ça coûte aux producteurs
03:28 49 centimes à produire et on leur achète 40 centimes.
03:33 Vous, j'ai regardé hier sur internet, ce litre de lait, il est vendu 1 euro pour la
03:37 marque au distributeur dans vos magasins.
03:39 Combien touche le producteur ?
03:40 Le producteur ne vend pas des bouteilles.
03:43 Il vend le contenu.
03:45 Il vend du lait à un transformateur.
03:48 Leclerc, Carrefour, on achète à Danone, à Lactalis, des bouteilles, mais du litre
03:56 de lait du fournisseur, il n'est pas fait que du lait de consommation.
03:58 Il est aussi fait de la poudre de lait, on prend du lactose, on envoie de la caséline
04:03 de lait en Chine.
04:04 Un groupe comme Lactalis transforme son lait.
04:07 Et moi, je ne sais pas, à partir du lait que j'achète pour revendre aux consommateurs,
04:13 je ne sais pas ce qui revient aux agriculteurs.
04:14 C'est-à-dire que le lait marque-distributeur vendu chez Leclerc ?
04:18 100% de mon lait marque-distributeur, il est français.
04:22 Oui, mais vous ne savez pas combien ?
04:23 Non, parce que la loi prétend que ça protège les agriculteurs, mais en fait, la loi a autorisé
04:29 une option pour l'industriel qui est utilisée par 70% des industriels de ne pas nous dire
04:35 la part qui revient à l'agriculteur.
04:37 Vous trouvez ça normal ?
04:38 Non.
04:39 C'est une des réformes à faire pour cette loi, avant même d'en parler, de la contrôler,
04:45 etc.
04:46 C'est de faire en sorte que les industriels disent très clairement la part qui revient
04:52 à l'agriculteur.
04:53 Il faudrait que dans la séquence, aucun contrat entre l'industriel et la distribution ne
04:58 soit clôturé sans que l'industriel ne se soit engagé avec le producteur sur un prix
05:03 de rémunération.
05:04 C'est ce que dit aussi Thierry Cotillard d'Intermarché.
05:06 C'est ce que nous souhaiterions.
05:08 Et c'est ce que fait, c'est qu'ils pâteront.
05:09 C'est-à-dire qu'ils affichent le prix, bien sûr, de leur bouteille, 1,20€ en moyenne.
05:15 C'est un peu plus.
05:16 Et ils affichent l'agriculteur, le producteur de lait touche 59 centimes, ils mettent la
05:23 TVA, etc.
05:24 J'ai vu qu'il y avait un directeur de magasin Leclerc dans le Nord qui avait fait ça pour
05:27 les endives, le sachet d'endives.
05:29 Il s'appelle Pocher.
05:31 Il s'appelle Pocher, exactement.
05:32 Il vend son sachet d'endives, 3,49€.
05:34 Et sur le sachet, il y a marqué 2,40€ pour le producteur, 96 centimes pour le magasin,
05:39 13 centimes pour la TVA.
05:40 Il faudrait faire ça tout le temps ? Oui.
05:42 Alors le distributeur peut le faire quand le producteur est d'accord avec lui.
05:45 Ça marche pas mal pour les alliances locales, pour les producteurs qui sont autour de nous.
05:49 Ça ne vaut pas que pour Leclerc.
05:50 Il y a aussi dans les filières Carrefour des gens qui font ça et qui le font bien.
05:54 Intermarché est aussi industriel et quelques fois il le fait.
05:58 Il faudrait le généraliser.
05:59 Vous appelez ce matin à ce que ce soit généralisé ?
06:01 Voilà, j'appelle à ce que ça puisse être généralisé.
06:04 Après pour ça, il faut que toutes les parties soient d'accord.
06:06 Séquilpatron est un promoteur très chouette de ça.
06:10 Nous sommes le deuxième débouché de Séquilpatron.
06:13 Le premier c'est encore Carrefour, mais on court très vite derrière.
06:16 Et il y a aussi Fairfrance.
06:19 C'est aussi une coopérative de producteurs de lait français qui rémunère mieux le producteur
06:27 et qui permet au consommateur de savoir où part son argent.
06:29 On ne saura pas combien ?
06:32 Je ne sais pas.
06:33 Vous ne savez pas ?
06:34 Non, mais non.
06:35 Vous ne vous êtes jamais renseigné ?
06:36 Vous avez été pointé du doigt quand même.
06:38 Mais c'est ça qui est extraordinaire.
06:39 Vous avez été attaqué pour ça.
06:40 Il y a un côté faux cul dans tous ces débats.
06:41 C'est-à-dire que dans la loi, les députés, tout en disant "le producteur doit savoir",
06:48 a écrit un amendement, ou je ne sais pas, une partie du texte, qui dit que l'industriel
06:52 n'est pas obligé de dire.
06:54 Et donc il peut simplement fournir une certification de son commissaire au compte, dont on n'a
06:58 rien à foutre, parce que ça ne dit pas véritablement le prix de l'agriculteur.
07:04 Mais Bruno Le Maire est d'accord avec nous là-dessus.
07:06 C'est un débat entre parlementaires, entre parlementaires plutôt lobby de la grande
07:13 industrie et qui ont été relais de ces malfaçons.
07:18 Je trouve que cette loi, d'abord, il faudrait l'améliorer.
07:21 La transparence, c'est la première demande.
07:24 La deuxième demande, si vous me permettez de s'en faire un coup, c'est qu'avant de
07:27 dire qu'elle soit appliquée dans l'Europe, il faudrait peut-être qu'elle soit appliquée
07:31 en France.
07:32 Est-ce que vous savez qu'il n'y a que 40% des acheteurs qui appliquent la loi Galim ?
07:37 40% des acheteurs ? Alors attendez, les acheteurs, vous parlez d'eux ?
07:41 Par exemple, la restauration n'applique pas la loi Galim, l'exportation n'applique pas
07:46 la loi Galim, les grossistes n'appliquent pas la loi Galim et beaucoup de filières
07:50 agricoles elles-mêmes ont demandé à s'extraire de l'application de la loi Galim.
07:55 Donc, ça fait beaucoup de monde qui dit "ouah ouah, la distribution ne respecte pas la loi",
08:01 mais eux-mêmes s'en exonèrent et parmi lesquels les céréaliers.
08:06 Les céréaliers se sont exonérés de la loi Galim.
08:10 Alors, c'est technique, je ne veux pas vous inonder, mais je veux vous dire un truc qui
08:13 nous a mis les boules chez tous les salariés de la distribution.
08:17 On a quand même 600 000 personnes qui travaillent pendant qu'on était cerné par le monde
08:22 agricole.
08:23 Le préfet, le ministre de l'Intérieur a dit "Ringis, on ne touche pas, c'est le poumon
08:28 alimentaire de la France".
08:30 Alors que Ringis, personne n'applique la loi Galim, personne n'est transparent sur les
08:34 conditions d'achat.
08:35 C'est le premier lieu d'importation en France.
08:38 Ringis, poumon alimentaire de Paris, on n'y touche pas, ils ne pratiquent pas la loi.
08:43 Par contre, n'importe quel hypermarché ou centre commercial en province était bloqué.
08:48 Vous voyez, ça c'est des trucs, c'est le numéro 2, appliquons la loi Galim pour tout
08:52 le monde.
08:53 Sur l'origine des produits, ça aussi c'est une histoire de transparence.
08:56 On a découvert qu'il y avait plein de produits en rayon qui venaient d'étrangers, pas soumis
09:00 aux mêmes règles.
09:01 Pourquoi est-ce qu'on ne met pas en gros l'origine des produits ?
09:03 Si, c'est justement pour ça que vous les découvrez.
09:05 On met en gros aux Français, mais alors quand c'est, par exemple Olivier Devers nous parlait
09:09 l'autre jour de sauce tomate, dont les tomates sont produites en Chine, c'est marqué en
09:12 minuscule et encore, on ne peut pas le distinguer.
09:16 Donc je suis d'accord avec Olivier Devers, il faut le mettre gros sur notre marque, Eco
09:20 Plus, on l'a mis en gros et c'est comme ça qu'on s'est fait tacler.
09:23 À un moment donné, sur le beurre tendre, où il n'y avait plus de matière grasse en
09:28 France, Leclerc a mis sur Eco Plus, Union Européenne, Irlande, parce qu'on a complété
09:33 du beurre français.
09:34 - Sauf que ce n'est pas super clair, vous citez le beurre par exemple, les deux beurres
09:39 en question, le beurre français et celui qui vient d'Irlande, ils se ressemblent quand
09:42 même beaucoup.
09:43 - Non, franchement, c'est l'étiquette qui change, elle était grosse, franchement, je
09:47 ne suis pas un type à me défiler, ce que j'ai trouvé extraordinaire, c'est que personne
09:52 ne remarque que sur le beurre président, c'est écrit la même chose, que sur le beurre Lidl,
09:56 c'est écrit la même chose.
09:57 C'était une période en France où il n'y avait plus de beurre tendre, donc dans les
10:00 passations de marché, effectivement, à ce moment-là, c'est un temps très court, c'était
10:06 l'Irlande qui a été fournisseur.
10:07 Mais je voudrais rappeler quand même qu'aujourd'hui, 100% du lait de Leclerc, du lait de consommation
10:14 Leclerc, il est français.
10:16 - 100% ? Achetez, vous espérez au bon prix ?
10:19 - Je ne peux pas répondre à toutes les questions à la fois.
10:23 Provenance, 100% du lait, marque-repaire, Délice, Leclerc, c'est des millions de litres,
10:28 200 millions, c'est que français, d'accord ? Le porc chez Leclerc, c'est que français.
10:33 La viande rouge, c'est que Leclerc.
10:35 La viande fraîche, c'est que Leclerc.
10:37 Les produits à base de lait, c'est 84% de...
10:41 Parce qu'après, il y a des combinaisons avec des fruits exotiques, c'est français.
10:45 Donc oui, je suis un bon patriote, fois deux bretons, on ne me prendra pas en défaut.
10:49 - Juste d'un mot, vous aviez promis de casser la gueule à l'inflation, ce sont vos mots
10:53 et je les reprends.
10:54 Mon chariot que je paye aujourd'hui, 100 euros dans un mois, dans deux mois, ça va être
10:58 combien ? 102, 103 ? - Vous voulez quoi ?
11:00 - Non mais je vous demande ! - Non mais c'est une bonne question, parce
11:02 que moi en ce moment, je suis un peu parano, vous voyez, on est dans la distribution, on
11:05 est un peu parano.
11:06 Vous voulez que ça baisse ou vous voulez que ça monte pour les agriculteurs ?
11:08 - Merci beaucoup Michel-Edouard Leclerc.
11:10 - Moi je veux que ça baisse, sans baisser le revenu des agriculteurs et je vais gagner
11:14 cette bataille.
11:15 - Merci beaucoup.
11:16 - 100% du lait et de la viande fraîche sont françaises d'origine, vient de nous dire
11:20 Michel-Edouard Leclerc.
11:21 Dans ces magasins, vous restez avec nous, vous êtes dans le Léphilippe Caverivière
11:23 dans un instant.
11:24 On vous parle du wokisme, qu'est-ce que ce mot veut dire ? Fantasme de la droite, réalité
11:29 ? Réponse dans un instant avec la politologue Chloé Morin qui est notre invitée.
11:32 RTL Matin, jusqu'à 9h.
11:37 Cuir Center, vous vous voyez comment dans votre nouveau canapé Cuir Center ? En train
11:42 de jouer avec vos enfants ou devant votre série préférée ? Non, chez Cuir Center,
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11:56 Détails sur cuircenter.com.
11:57 Lidl, réélu encore et encore, meilleure chaîne de magasins de l'année dans la catégorie
12:02 fruits et légumes.
12:03 Allô patron, elles sont à 3,49 euros.
12:04 Les pommes de terre ? Oui, en ce moment le filet de 5 kilos origine France est à 3,49
12:08 euros.
12:09 Ils sont encore et toujours moins chers que nous.
12:11 Oui, et ça nous fait 70 centimes le kilo.
12:13 Lidl, trop fort sur les prix et c'est vous qui le dites.
12:15 Études Cantare Prométhée avril 2023.
12:18 Catégorie 1, nature de consommation, calibre 40-70, diverses variétés selon arrivage
12:22 en supermarché, traitement antigerminatif après récolte, origine France.
12:26 Plus d'informations sur Lidl.fr.
12:28 Un impact à réparer ? Un pare-brise à remplacer ? Avec Carglass, c'est simple.
12:33 Vous choisissez l'heure et le lieu qui vous conviennent le mieux.
12:35 Et oui, vous pouvez choisir de venir en centre, mais on vient aussi chez vous.
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12:52 N'oubliez pas Carglass.fr.
12:54 Carglass répare, Carglass remplace.
12:56 Condition sur Carglass.fr.
12:58 7h, 9h, RTL Matin.
13:00 8h21, bonjour Chloé Morin.
13:04 Bonjour.
13:05 Merci d'être avec nous ce matin sur RTL.
13:06 Vous êtes politologue, vous avez conseillé nos premiers ministres Jean-Marc Ayrault et
13:09 Manuel Valls.
13:10 Et vous publiez aux éditions Fayard quand il aura 20 ans sous titre à ceux qui éteignent
13:14 les lumières.
13:15 Avant d'évoquer votre livre, Chloé Morin, parlons de l'actualité.
13:18 François Bayrou renonce à rentrer au gouvernement dans une déclaration à l'agence France
13:21 Radio-Canada.
13:22 Le patron du modem ne mâche pas ses mots.
13:23 Une différence d'approche rédhibitoire, une démarche d'humiliation.
13:26 "Je ne me reconnais pas dans ce qu'ils sont en train de faire", a-t-il dit à ses troupes.
13:30 C'est une crise qui s'ouvre au gouvernement ?
13:32 Oui, possiblement.
13:33 Ça veut dire que la majorité, qui est déjà relative, va encore se rétrécir.
13:39 Donc la vraie question, en réalité, c'est est-ce qu'il a dans le viseur 2027, est-ce
13:44 qu'il est prêt à faire une sorte de rupture pour partir en campagne ?
13:48 On voit bien que les uns et les autres sont déjà sur la ligne de départ pour 2027.
13:51 Donc c'est ça la question.
13:53 Ou est-ce qu'Emmanuel Macron va arriver à se rabibocher avec lui et faire encore un
13:58 petit peu de chemin avec lui ?
13:59 Justement, on a passé quatre jours quand même à s'interroger sur son arrivée dans
14:02 divers postes, donc celui de l'éducation nationale.
14:05 Qu'est-ce que ça nous dit, un, de lui, deux, de la méthode Macron ?
14:08 De lui, ça veut dire, ça dit qu'il est très indépendant et c'est peut-être le
14:13 seul au sein de la majorité, parce qu'il considère, et sans doute a raison, qu'il
14:19 a en partie fait la victoire d'Emmanuel Macron en 2017.
14:21 Et donc il prend des libertés, c'est pas la première fois qu'il critique, parfois
14:25 même vertement, Emmanuel Macron, sur la méthode comme sur le fond.
14:28 Donc ça dit son autonomie, son indépendance.
14:32 Vous nous dites que ça reste un véritable indépendant, c'est ça ?
14:34 Je pense qu'il l'a toujours...
14:35 Que ça agace ou non, qu'on le suive ou pas, enfin voilà.
14:37 Je pense qu'il peut agacer dans la majorité, mais oui, je pense que c'est l'un des seuls
14:41 au sein de la majorité qui est capable d'avoir cette liberté-là.
14:45 Il faut par ailleurs évoquer le procès de Nicolas Bedos.
14:48 L'acteur et réalisateur est jugé aujourd'hui pour agression sexuelle en état d'ivresse.
14:51 Une jeune femme de 25 ans ayant déposé plainte en juin 2023, Nicolas Bedos évoque un geste
14:56 accidentel.
14:57 Vous avez souvent dénoncé le traitement médiatique qu'il a subi.
15:00 Expliquez-nous.
15:01 Oui, alors il faut revenir à ce qui s'est passé.
15:04 Il y a eu une plainte qui a été déposée contre Nicolas Bedos et qui va, comme vous
15:10 l'avez dit, être jugée.
15:12 Mais en parallèle, il se trouve qu'il avait tourné une série avec des acteurs français
15:16 très connus, Jean Dujardin, Sherlock Gainsbourg, Pierre Arditi.
15:20 Et cette série devait être diffusée par Amazon à l'automne dernier.
15:24 Et lorsque la plainte a été déposée, donc évidemment il n'était pas encore condamné
15:29 ni rien, eh bien Amazon a interdit au casting du film de faire la moindre promotion.
15:36 Donc aujourd'hui, si vous allez sur la plateforme Amazon, vous pouvez regarder la série.
15:39 Mais elle est un peu planquée d'ailleurs, elle n'est pas vraiment mise en avant.
15:43 Et il n'y a eu ni affichage, ni promotion.
15:47 Vous n'avez pas fait d'interview de Jean Dujardin à ce sujet, etc. parce qu'Amazon
15:51 l'a demandé.
15:52 Et ça, c'est à mes yeux extrêmement problématique parce que l'affaire judiciaire de Nicolas
15:58 Bedos, le réalisateur, ne devrait pas engager la punition collective.
16:01 Et puis par ailleurs, y compris lui, est présumé innocent.
16:05 Donc ça veut dire qu'en termes de demain, est-ce qu'on va arrêter de diffuser dans
16:09 les médias tous les films, toutes les oeuvres, toutes les interviews de gens qui sont visés
16:15 par des plaintes ? C'est ça que ça pose comme question.
16:17 Alors, je vais au cœur de votre livre quand il aura 20 ans.
16:20 Je vous cite "Notre société est bousculée par une nébuleuse de pensées minoritaires
16:24 dont nous connaissons très mal les contours, le wokisme".
16:26 Alors d'abord, je crois qu'il faut quand même rappeler à nos auditeurs ce qu'on
16:30 appelle le wokisme aujourd'hui.
16:32 Oui, parce qu'en fait, il n'y a que 25% des Français qui savent vraiment ce que
16:36 c'est que le wokisme.
16:37 Alors qu'on en entend parler toute la journée.
16:39 Et le but de ce livre, c'est justement d'essayer d'éclaircir ça.
16:43 Alors le "wok", ça veut dire éveillé et ça vient du mouvement des droits civiques
16:47 américains.
16:48 Donc c'est quelque chose d'extrêmement...
16:50 Enfin, ce sont des combats extrêmement nobles et positifs.
16:53 Aujourd'hui, ce qu'on appelle le wokisme, à mes yeux, ça n'est pas le fait d'être
16:59 éveillé aux discriminations parce que je crois, enfin j'ose espérer qu'on est tous
17:02 éveillé aux discriminations.
17:03 C'est plus ce qu'on le pense, oui.
17:05 Donc lorsqu'on parle de wokisme, on parle, à mon sens en tout cas, d'une vision du monde
17:11 qui divise le monde entre les dominants et les dominés.
17:13 Les dominants, c'est l'homme, les hommes, les blancs, les occidentaux, les anciens pays
17:21 colonisateurs, etc.
17:22 Les dominés, c'est toutes les populations qui subissent des discriminations, qui ont
17:26 été colonisées.
17:27 Effective.
17:28 Et le but, c'est de renverser le rapport de domination raciale, sexuelle, capitaliste,
17:33 etc.
17:34 Et pour ce faire, pour renverser ce rapport de domination, à peu près tous les moyens
17:38 sont bons.
17:39 Et c'est là que le problème se pose.
17:42 C'est-à-dire qu'on parlait à l'instant de la présomption d'innocence, on s'en fout.
17:45 La justice, d'ailleurs, on s'en moque.
17:48 La liberté d'expression, on s'en moque aussi.
17:52 C'est-à-dire que quand on considère que quelqu'un prononce des paroles offensantes
17:56 à l'égard d'une religion, d'une minorité quelconque, on a le droit de la faire taire.
18:00 La liberté de création, c'est pareil.
18:03 C'est-à-dire qu'on efface des œuvres, on réécrit des livres, on réécrit des
18:08 films.
18:09 C'est le wokisme ou on est déjà en train de changer de société ?
18:11 En tout cas, c'est un processus qui est à l'œuvre, y compris en France.
18:17 Aux États-Unis, il est beaucoup plus avancé.
18:21 En France, il y a des endroits où il y en a plus que d'autres.
18:27 Je dénonçais le wokisme dans le cinéma français.
18:30 Heureusement, il y a des sujets dans les universités.
18:33 Heureusement, on est quand même très loin que cette idéologie qui n'en est pas une,
18:39 qui est une nébuleuse de pensée, comme je disais, domine.
18:42 Mais il faut faire attention.
18:44 Mais il n'y a rien à garder du wokisme, tout est acheté.
18:46 Ah non, il y a des choses à garder.
18:48 J'essaie d'expliquer ça parce qu'en réalité, derrière ça, il y a des intentions
18:53 qui sont extrêmement louables parce qu'on parle de lutter contre les discriminations.
18:57 On parle de la lutte pour la justice.
19:00 Et il ne faut surtout pas tout jeter.
19:04 Le risque que je pointe, c'est qu'à force de faire n'importe quoi au nom de l'égalité,
19:10 on risque de créer dans la population, dans l'opinion, un rejet de l'ensemble des combats
19:15 pour l'égalité.
19:16 Et c'est ce risque que j'essaie de pointer, notamment à gauche, pour dire attention
19:20 parce que si vous caricaturez vos propres combats, ils seront demain balayés.

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