Robert Badinter, ancien ministre de la Justice, s'est éteint à l'âge de 95 ans. Le 17 septembre 1981, quelques mois après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle, il prononçait un discours historique pour demander à l'Assemblée nationale d'approuver le projet de loi sur l'abolition de la peine de mort. Extrait.
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00:00 J'ai l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée Nationale
00:08 l'abolition de la peine de mort en France.
00:11 Et je dis simplement en rappelant la phrase de Jaurès, puisqu'elle évidence en vous sa parole n'est pas éteinte.
00:23 La peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis 2000 ans a pensé de plus haut et rêvé de plus noble.
00:34 Elle est contraire à la foi, à l'esprit du christianisme et à l'esprit de la révolution.
00:41 Ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une double conviction.
00:48 La première est qu'il existe des hommes totalement coupables, c'est-à-dire des hommes totalement responsables de leurs actes.
00:59 Et la deuxième, c'est qu'il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité, au point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là doit mourir.
01:13 Eh bien, arrivé à cet âge de ma vie, l'une et l'autre affirmation me paraissent également erronées.
01:24 Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n'est point d'homme en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement.
01:40 Et quant à la justice, aussi prudente soit-elle, aussi mesurée, anvoissée que soient les femmes et les hommes qui jugent,
01:54 rien ne peut changer que cette justice soit humaine et par conséquent faillible.