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L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, qui avait fait abolir la peine capitale, est mort ce vendredi à l'âge de 95 ans. 

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Transcription
00:00 - Je vous coupe, Candice, je vous coupe, Roselyne,
00:03 puisqu'on apprend à l'instant la mort de Robert Badinter à l'âge de 95 ans.
00:07 C'est l'AFP qui donne cette information,
00:09 c'est une collaboratrice de Robert Badinter qui a donné cette information
00:12 à l'agence France Presse, Robert Badinter, je le disais, 95 ans,
00:15 ancien ministre de la Justice et évidemment Patrick Sos,
00:18 quand on parle de Robert Badinter, ça nous renvoie tout de suite à 1981,
00:22 l'abolition de la peine de mort.
00:24 C'était le combat de l'avis d'avocat, puis de l'avis de ministre de Robert Badinter.
00:29 - Oui, il a été un avocat, un ministre et un fils de déporté.
00:34 Et ces trois angles-là ont forgé la vie tellement riche de Robert Badinter.
00:40 Ça a été d'abord l'avocat, notamment, de Roger Bontemps,
00:43 l'un des détenus qui ont mené la mutinerie dans les années 70 à la prison de Clairvaux.
00:49 Il n'a pas réussi à sauver sa tête et juste après, il a tenté de nouveau
00:54 de prendre, d'être le défenseur d'hommes qui avaient tué, par exemple, des enfants.
00:59 On pense à Patrick Henry. Cette fois-là, il a obtenu à garder la tête de Patrick Henry.
01:05 Il devient ministre de la Justice de François Bitterrand et c'est là qu'il mène ce combat.
01:11 Et lorsque je dis aussi le troisième pilier, c'est-à-dire le fils de déporté,
01:15 c'est que son père est raflé par Klaus Barbie en 1943 à Lyon
01:21 et c'est Robert Badinter qui décide que Klaus Barbie, une fois qu'il va être amené en France,
01:27 va dormir dans la prison de Montluc, là où il y a eu tant de résistants suppliciés.
01:31 C'est lui qui va décider que le procès de Klaus Barbie sera également filmé
01:35 et c'est lui qui, également, va essayer de se battre contre tous les négationnistes
01:40 et aussi pour y revenir contre tous les tenants de la peine de mort.
01:45 Il a tenu bon. Il y a de temps en temps des sondages qui sont remis au goût du jour
01:49 pour savoir si finalement on ne pourrait pas y revenir et c'est la grande œuvre de sa vie.
01:53 La grande œuvre de sa vie. On revoit effectivement ce moment-là, ce discours-là
01:56 de Robert Badinter contre la peine de mort. Vous citiez Roger Bontemps,
01:59 alors ça nous renvoie effectivement au début des années 70,
02:01 c'est des noms qui nous renvoient au début des années 70, condamné à mort donc.
02:05 Et Badinter avait cet argument-là, Laurent Neumann, pour tous ceux qui n'étaient pas convaincus
02:09 par l'abolition de la peine de mort. Il disait "moi je l'ai vécu physiquement en fait,
02:12 je me suis retrouvé avec Roger Bontemps juste avant son exécution.
02:16 Le fait de vivre ça, disait Badinter, ça vous coupe toute envie de peine de mort en fait.
02:22 C'est inhumain.
02:23 Oui et j'ai eu la chance de le rencontrer, de parler de ces sujets-là avec lui.
02:28 Il se trouve qu'il habitait juste derrière le jardin du Luxembourg et il avait vu sur le Panthéon
02:35 et il parlait de cette époque-là avec des, comment dire, encore cette forme d'humanité
02:42 alors que les années avaient passé, c'est vraiment un géant qui disparaît.
02:47 Je pèse mes mots. C'est aussi une conscience morale parce qu'il y a effectivement,
02:54 Patrick vient de le dire, ce combat contre la peine de mort.
02:57 En 1981, quand Mitterrand devient président de la République, c'est lui qui a rédigé
03:02 toute une partie des 110 propositions et notamment cette question de la peine de mort.
03:08 Contre la vie de la population.
03:09 Absolument.
03:10 Contre l'opinion.
03:11 Il sait que cette idée-là est largement minoritaire dans l'opinion, mais il va se bagarrer pour cela.
03:17 Et puis effectivement, sur le négationnisme, on a oublié, mais avant la loi Guessot,
03:22 la loi Guessot c'est 1990, il fait condamner, lui, Robert Badinter, Robert Faurisson,
03:29 avant même que la loi Guessot soit votée démocratiquement par le Parlement français.
03:35 Et tous ces sujets-là, il les a portés pendant des années et même après avoir,
03:41 longtemps après avoir fini sa carrière politique, il a été effectivement ministre garde des Sceaux,
03:47 il a été au Conseil constitutionnel. Je n'exagère pas, c'est une conscience morale.
03:53 Et pour beaucoup de professeurs de droit, d'avocats, de responsables politiques,
03:58 qu'on soit d'ailleurs de gauche ou pas, Robert Badinter, c'est quelqu'un qui est au moins au niveau
04:05 de quelqu'un comme Simone Veil. Pas simplement par les idées qu'il a portées, mais par la vie qu'il a eue.
04:11 Et Patrick rappelait à juste titre que son père a été effectivement raflé à Lyon, déporté, mort dans les camps.
04:18 Une partie de sa famille a été également déportée et il portera tout cela toute sa vie.
04:24 Et surtout, il en témoignera. Et beaucoup d'étudiants en droit aujourd'hui relisent les textes de Robert Badinter,
04:33 les plaidoiries. Ces plaidoiries sont des modèles du genre. Franchement, c'est une grande perte.
04:40 Alors c'était un homme âgé, bien sûr, c'est sans doute le sens de la vie, mais c'est une immense perte.
04:47 Et je ne doute pas une seconde qu'il y aura pour Robert Badinter un hommage qui sera évidemment un hommage national.

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