L’entretien de Vladimir Poutine accordé au journaliste américain Tucker Carlson est une allégorie de nos temps agités. L’inaptitude des médias du Système à faire leur travail pour tendre le micro sans se muer en juges, conjuguée à une société liquide et pressée a dessiné le chemin du succès pour les médias alternatifs. Grâce à des canaux alternatifs et tout particulièrement Twitter dit X d’Elon Musk, Tucker Carlson est donc parvenu à réaliser l’entretien qui a mis les élites occidentales aux abois.
Au fil de plus de deux heures d’entretien, le président russe a littéralement pris les rênes pour reprendre le fil de l’Histoire et s’inscrire dans le temps long. Une Histoire dans laquelle Vladimir Poutine a replacé la Russie, l’Union Soviétique et l’Ukraine mais aussi le récent conflit suscité par les Etats-Unis et leur bras de l’OTAN, que l’Ukraine ne pourrait jamais gagner. Vladimir Poutine dénonce le rôle de la CIA dans des opérations de déstabilisation, du Caucase à Nord Stream et Maïdan en passant par la Serbie et bien d’autres. À ce titre, il évoque à demi-mot l’Etat profond qui dépasse de loin le vieillissant Joe Biden. Un entretien marquant par les réactions qu’il a suscitées mais aussi par son ton et son rythme qui tranchent radicalement avec les pénibles exercices de communication des dirigeants occidentaux.
François Martin est diplômé de l’ESSEC, fort d’un MBA à HEC, auditeur de l’INHESJ et de l’IHEDN et parle 6 langues. Également essayiste et géopolitologue, il a fondé plusieurs cercles de réflexion en la matière, notamment à HEC mais aussi le Cercle Eleutheria avec Paul-Marie Coûteaux. Il a également publié plusieurs ouvrages dont "L’Ukraine : un basculement du monde", publié aux éditions Jean-Cyrille Godefroy (disponible ici https://boutiquetvl.fr/notre-selection/francois-martin-l-ukraine-et-le-basculement-du-monde).
Au fil de plus de deux heures d’entretien, le président russe a littéralement pris les rênes pour reprendre le fil de l’Histoire et s’inscrire dans le temps long. Une Histoire dans laquelle Vladimir Poutine a replacé la Russie, l’Union Soviétique et l’Ukraine mais aussi le récent conflit suscité par les Etats-Unis et leur bras de l’OTAN, que l’Ukraine ne pourrait jamais gagner. Vladimir Poutine dénonce le rôle de la CIA dans des opérations de déstabilisation, du Caucase à Nord Stream et Maïdan en passant par la Serbie et bien d’autres. À ce titre, il évoque à demi-mot l’Etat profond qui dépasse de loin le vieillissant Joe Biden. Un entretien marquant par les réactions qu’il a suscitées mais aussi par son ton et son rythme qui tranchent radicalement avec les pénibles exercices de communication des dirigeants occidentaux.
François Martin est diplômé de l’ESSEC, fort d’un MBA à HEC, auditeur de l’INHESJ et de l’IHEDN et parle 6 langues. Également essayiste et géopolitologue, il a fondé plusieurs cercles de réflexion en la matière, notamment à HEC mais aussi le Cercle Eleutheria avec Paul-Marie Coûteaux. Il a également publié plusieurs ouvrages dont "L’Ukraine : un basculement du monde", publié aux éditions Jean-Cyrille Godefroy (disponible ici https://boutiquetvl.fr/notre-selection/francois-martin-l-ukraine-et-le-basculement-du-monde).
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00 [Générique]
00:00:15 Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du samedi politique.
00:00:19 Cette semaine, nous allons nous concentrer uniquement sur ce phénomène, cet entretien de Vladimir Poutine
00:00:25 accordé au journaliste américain Tucker Carlson.
00:00:28 Nous allons parler de tout cela, de comment ça s'est organisé et de ce qu'il faut bien sûr
00:00:33 retenir et comprendre de ces plus de deux heures d'entretien.
00:00:38 Mais avant toute chose, vous le savez, je compte sur vous pour le succès de cette émission.
00:00:41 Aussi, n'oubliez pas de partager bien sûr cette vidéo, mais aussi de la commenter juste en bas,
00:00:47 de cliquer sur le pouce en l'air et de vous abonner à la chaîne ou de vérifier que vous l'êtes toujours.
00:00:52 On se retrouve tout de suite après le clin d'œil.
00:00:54 [Générique]
00:00:57 Retrouvez le samedi politique avec la collection Terre de France.
00:01:00 100% des bénéfices aux services d'agriculteurs, de familles, de militaires et d'écoles rurales.
00:01:06 [Générique]
00:01:14 Et à mes côtés aujourd'hui pour cette émission, François Martin.
00:01:16 Bonjour Élise.
00:01:17 Bonjour monsieur.
00:01:17 Merci beaucoup d'être avec nous et d'avoir répondu à l'appel de TVL.
00:01:20 Merci de m'avoir invité.
00:01:21 Je vais prendre, avec plaisir, je vais prendre quelques instants pour vous présenter.
00:01:25 Vous êtes diplômé de l'ESSEC et Forda MBA et HEC.
00:01:28 Vous êtes également auditeur de l'INEGI et de l'IHEDN.
00:01:32 Oui, c'est ça.
00:01:32 Vous avez, on pourrait dire, une double casquette, pour ne pas dire triple ou quadruple.
00:01:37 Vous avez travaillé dans le commerce international pendant près de 40 ans.
00:01:41 Vous parlez 6 langues.
00:01:42 Oui.
00:01:42 Mais vous avez également une trajectoire de journaliste, d'essayiste, d'auteur, de géopolitologue.
00:01:48 C'est ça.
00:01:48 Et vous avez fondé d'ailleurs plusieurs cercles de réflexion sur ce domaine,
00:01:52 notamment celui avec Paul-Marie Couteau, "Le Cercle et l'Euteria".
00:01:56 C'est ça.
00:01:57 Et vous avez publié plusieurs ouvrages, mais je ne donnerai le nom que du dernier,
00:02:02 publié chez Jean-Cyril Gautrefoy, "L'Ukraine, un basculement du monde".
00:02:06 Et cet ouvrage est, bien entendu, chers amis, disponible sur le site de TVL,
00:02:10 sur tvl.fr à la rubrique "boutique".
00:02:13 Alors, François Martin, d'abord, merci d'avoir regardé cet entretien,
00:02:17 puisque, pour parler en toute transparence, nous sommes vendredi matin.
00:02:21 C'est vrai qu'il a été diffusé il n'y a que quelques heures.
00:02:23 Oui, j'ai passé un petit bout de la nuit, oui.
00:02:25 Voilà.
00:02:26 Peut-être commençons avec Tucker Carlson, ce fameux journaliste américain,
00:02:31 qui a été viré, ou du moins dont le départ a été négocié avec Fox News.
00:02:36 C'est ça.
00:02:37 Qui est Tucker Carlson ?
00:02:38 Alors, écoutez, c'est un des journalistes vedettes,
00:02:42 mais moi, ce qui m'a frappé, surtout par rapport à lui,
00:02:46 alors, on dit qu'il est proche de Trump, je ne sais pas.
00:02:49 Je ne sais pas s'il était en service commandé, plus ou moins.
00:02:52 Ça m'aurait semblé maladroit de la part de Trump,
00:02:54 dans les circonstances actuelles, donc je ne pense pas que ce soit le cas.
00:02:57 D'un autre côté, Trump n'a pas dû lui dire "n'y va pas",
00:03:00 d'abord parce que ce n'était pas son rôle,
00:03:03 et ensuite parce que je pense que ça rentre dans la philosophie de Trump
00:03:06 de casser les barrières et de renouer les relations avec la Russie.
00:03:11 Mais surtout, ce qui était absolument frappant,
00:03:13 c'était les réactions outrées de l'Occident global.
00:03:18 "Il ne faut pas qu'il y aille",
00:03:20 "On va lui fermer les portes de l'Europe", etc.
00:03:23 Enfin, je ne sais pas, mais moi, si j'étais dans un camp
00:03:27 et que j'avais, entre guillemets, un espion
00:03:30 qui aille essayer de lire dans la tête de mon adversaire
00:03:33 pour savoir ce qu'il pense, ce qu'il veut, etc.,
00:03:35 j'applaudirais des deux mains au fait qu'il y aille,
00:03:38 et surtout qu'il le fasse de façon ouverte.
00:03:40 Je veux dire, ça traduit de notre part,
00:03:43 de la part de notre système médiatique et de la part de nos élites,
00:03:47 une vision absolument défensive des choses.
00:03:51 On ne veut pas connaître son adversaire, on ne veut rien savoir.
00:03:54 C'est la meilleure façon de perdre une guerre.
00:03:56 – C'est ce qu'on est un peu en train de faire.
00:03:58 – C'est exactement ce qu'on est en train de faire.
00:04:00 C'est tout à fait frappant.
00:04:02 Je lui ai raconté une petite histoire, un jour, il y a très longtemps,
00:04:06 j'avais un ami qui m'avait dit
00:04:08 "S'il n'en reste qu'un dans le réduit breton, je serai celui-là".
00:04:12 J'ai trouvé que c'était la phrase la plus tragique
00:04:15 qu'on m'avait jamais dite.
00:04:17 Parce que moi, je m'appelle François-Xavier,
00:04:19 mon saint patron c'est Saint-François-Xavier,
00:04:21 le gars qui est au Moluc en train de mourir,
00:04:23 et qui se demande comment il va pouvoir faire
00:04:26 pour aller au Japon pour aller convertir les Japonais.
00:04:28 Ça c'est la vision, entre la vision positive
00:04:32 de celui qui veut connaître,
00:04:34 qui veut sans départir de son patriotisme ou de son identité,
00:04:38 et celui qui dit "Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas savoir,
00:04:41 je ne veux pas savoir qui est en face", etc.
00:04:44 Et je trouve qu'on est exactement dans ce cadre-là,
00:04:48 et c'est un signe de décadence en fait.
00:04:52 – Et alors ce qui est très surprenant, c'est que Tucker Carlson
00:04:55 a dit que ce projet d'entretien avec Vladimir Poutine
00:04:57 remontait à long temps, et d'ailleurs, selon lui,
00:05:00 il a été espionné par les services américains,
00:05:02 et ça a d'ailleurs fait, j'allais dire, capoter
00:05:04 les premières tentatives d'entretien de Vladimir Poutine.
00:05:07 – Oui, oui, semble-t-il, enfin je ne connais pas les arcanes,
00:05:11 mais je ne suis absolument pas étonné.
00:05:13 Mais si vous voulez, dans ce cadre-là, il y a,
00:05:18 bon, on sait très bien que l'Europe est dans une phase
00:05:21 de vassalisation profonde vis-à-vis des États-Unis,
00:05:24 mais si vous voulez, on n'a pas le droit de confondre,
00:05:27 surtout les élites, l'analyse d'une part et la propagande de l'autre.
00:05:32 Qu'un pays se serve de la propagande, et surtout en cas de guerre,
00:05:36 dans la propagande de guerre, ça peut se comprendre,
00:05:38 mais vous n'avez pas le droit, si vous pensez que votre adversaire
00:05:42 que vous êtes en faiblesse dans tel ou tel domaine,
00:05:45 de ne pas le dire parce que la propagande vous l'interdit.
00:05:48 Quand vous faites ça, vous êtes en danger.
00:05:51 Et aujourd'hui, il est clair que la propagande américaine
00:05:54 s'appuie énormément sur l'Europe, on pourra d'ailleurs en reparler après,
00:05:58 parce que les signes actuels sont, à mon avis, manifestes,
00:06:03 à cause du fait que l'Ukraine est en train de perdre la guerre,
00:06:07 on peut le dire tout de suite d'ailleurs.
00:06:09 Vous avez deux façons d'envisager les choses,
00:06:11 la première c'est de se dire, comme l'OTAN ne peut pas nous protéger,
00:06:14 sortons de l'OTAN ou dégageons-nous de l'OTAN.
00:06:17 La deuxième, c'est comme, il dit la même chose au départ,
00:06:21 comme la Russie est en train de gagner,
00:06:24 jamais nous n'avons autant eu besoin de l'OTAN qu'aujourd'hui.
00:06:28 Donc, on est dans une phase très claire d'hystérisation de l'Europe,
00:06:33 Poutine est à nos portes, etc.
00:06:35 Question à laquelle Poutine répond à un moment donné d'ailleurs.
00:06:38 – Absolument.
00:06:39 – Il dit, mais qu'est-ce que vous voulez que j'aille faire dans les Pays-Baltes ?
00:06:44 Enfin, qu'est-ce que ça lui apporterait aujourd'hui,
00:06:47 où il a tout son pays à développer, y compris l'Ukraine d'ailleurs,
00:06:52 où la partie de l'Ukraine qui va annexer,
00:06:55 pourquoi est-ce qu'il irait créer les conditions d'une guerre mondiale avec la Pologne ?
00:07:00 Donc, on est dans un système d'hystérisation totale, piloté par les Américains,
00:07:06 et je trouve que la façon dont on a envisagé le fait d'essayer d'interdire à Carlson
00:07:15 et puis le fait ensuite de le dénigrer comme on fait,
00:07:19 est tout à fait typique de cette stratégie mise en œuvre de façon volontaire par l'Amérique.
00:07:27 – Alors, ce qui est quand même assez incroyable,
00:07:29 c'est que c'est un entretien de chef d'État, de tout temps ça a eu lieu,
00:07:33 et ça a quand même fait réagir les instances européennes.
00:07:35 Je vous propose de regarder tout de suite le porte-parole de la Commission européenne.
00:07:40 – Je peux dire, en plus de tout ça, qu'il n'y a en ce moment pas de discussions
00:07:45 dans les corps de l'UE qui sont liées à cette personne spécifique,
00:07:49 la personne américaine dont vous avez mentionné son nom, qui est en Moscou.
00:07:53 Mais les États-Unis, quand ils voient qu'ils veulent sanctionner quelqu'un d'autre,
00:07:58 en plus de celui dont nous avons déjà sanctionné,
00:08:00 ils peuvent toujours proposer une proposition,
00:08:02 le baisser avec des évidences, et quand tout le monde s'y comprend,
00:08:05 alors la décision est adoptée.
00:08:07 [Musique]
00:08:13 – Alors quelle est votre réaction ?
00:08:15 – Ça a eu rire, ça a eu rire de s'en dire,
00:08:17 "Ah mais nous n'avons pas de discussion à propos de cette personne,
00:08:20 on ne va même pas citer le nom de Carlson",
00:08:23 enfin je veux dire, on est vraiment dans ce que je disais tout à l'heure,
00:08:26 je ne veux pas savoir, je ne veux pas dire,
00:08:28 à la limite je ne veux même pas savoir si cet événement a eu lieu,
00:08:31 enfin c'est incroyable.
00:08:32 – Mais est-ce que la simple réflexion de se dire potentiellement
00:08:36 qu'on pourrait sanctionner Tucker Carlson
00:08:38 pour avoir été interrogé Vladimir Poutine,
00:08:40 je ne sache pas que les États-Unis sont en guerre contre la Russie,
00:08:43 je ne sache pas non plus qu'une Union Européenne est en guerre contre…
00:08:46 – On ne cesse de le dire, de dire effectivement qu'on n'est pas en guerre,
00:08:50 donc là il y a une contradiction totale dans notre système,
00:08:55 donc ça veut bien dire qu'on n'est effectivement…
00:09:05 on ne peut pas tenir durablement une stratégie qui est celle-là,
00:09:10 qui est une stratégie de diabolisation de la Russie,
00:09:12 d'ailleurs j'explique dans la première partie de mon livre
00:09:15 qu'une des raisons, je pense, un des cadeaux principaux
00:09:19 qu'on a fait à Vladimir Poutine, c'est la diabolisation,
00:09:22 non seulement de lui, mais des Russes, d'Ostoyevski, etc.
00:09:28 parce qu'on a resserré la population autour de Poutine
00:09:33 et lui est rentré dans ce conflit avec 130 000 soldats,
00:09:38 c'est-à-dire très peu, quand on sait que Hitler a envahi la Pologne
00:09:41 avec 1,5 million de soldats, alors que la Pologne est deux fois plus petite
00:09:45 que l'Ukraine, et là il rentre avec 120 000 ou 130 000 soldats, pourquoi ?
00:09:53 D'une part parce qu'il veut montrer qu'il est prudent,
00:09:57 donc il pousse quelques pions en disant "on va voir ce qui va se passer",
00:10:00 il dit "je vais montrer aux contreparties que je ne veux pas annexer l'Ukraine,
00:10:07 mais ce que je veux c'est remettre en route un processus de Minsk 3",
00:10:12 donc voilà, et le troisième c'est "je ne suis pas sûr d'avoir ma population derrière moi
00:10:18 pour un conflit de longue durée et de haute intensité".
00:10:21 – Et un conflit fratricide en plus.
00:10:22 – En plus fratricide, donc ça veut dire "je ne suis pas sûr",
00:10:26 et nous on répond à ça au lieu d'essayer de dédramatiser au contraire le conflit,
00:10:31 ce qui aurait été intelligent, pour essayer de susciter des critiques internes
00:10:35 à travers des relais contre Poutine de l'intérieur,
00:10:39 on dit "mais Poutine est méchant, les Russes sont méchants,
00:10:42 les écrivains sont méchants, ils sont tous méchants".
00:10:45 – Oui, la patrie du diable quoi.
00:10:46 – Donc en fait, le Graal dont avait besoin Poutine
00:10:50 pour transformer cette opération de politique étrangère
00:10:54 en une opération de politique interne, c'est-à-dire de défense de la patrie,
00:10:58 on lui a amené ça sur un plateau en disant "Vadi, sers-toi".
00:11:01 – Alors François Martin, je vous propose à présent d'aller sur le fond de cet entretien
00:11:06 et aussi sur la forme, peut-être pour commencer quelque chose qui saute aux yeux,
00:11:10 déjà la durée de cet entretien, 2h05, posé très rapidement comme une conversation,
00:11:15 voire même presque un cours pour commencer cet entretien d'histoire
00:11:19 que Vladimir Poutine donnait à Tucker Carlson.
00:11:22 Vladimir Poutine remonte à 862, un temps, j'allais dire,
00:11:27 que les États-Unis auraient bien du mal à commenter
00:11:29 en ce qui concerne leur propre histoire, bien entendu,
00:11:32 et c'est bien sûr pour cette raison que Vladimir Poutine le fait.
00:11:34 – Bien sûr, il ne le fait pas que pour ça, mais d'abord…
00:11:37 – Rappelons aussi, peut-être, si je peux me permettre,
00:11:39 que Vladimir Poutine a connu Clinton, Bush, les deux mandats d'Obama,
00:11:45 Trump, Biden, du côté français, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron,
00:11:49 puisqu'il est en poste depuis 2000,
00:11:52 on a l'impression que la Russie est la patrie du temps long.
00:11:55 – Oui, oui, absolument, absolument.
00:11:57 Alors d'abord, il faut dire qu'il est très malin,
00:11:59 parce qu'il ne veut pas rentrer dans une espèce de "punching ball",
00:12:02 donc il lui dit au début "est-ce que vous voulez une conversation sérieuse
00:12:05 ou vous voulez un talk show ?"
00:12:07 Alors l'autre, évidemment, dit "une conversation sérieuse".
00:12:09 Bon, ben à ce moment-là, asseyez-vous, restez tranquilles,
00:12:12 je vais vous faire un cours.
00:12:13 Donc il se pose en professeur, donc il le met dans son système, déjà.
00:12:19 Donc il a parfaitement compris comment fonctionne le système occidental
00:12:23 et il ne rentre pas dedans.
00:12:25 – C'est ce qu'il avait déjà fait, juste après l'entrée des troupes russes en Ukraine,
00:12:29 il avait déjà expliqué l'histoire de l'Ukraine, de l'Union soviétique, etc.
00:12:33 C'est quelque chose de très important pour lui.
00:12:35 – Voilà, et il se pose comme un dirigeant à l'ancienne,
00:12:38 c'est-à-dire qu'il connaît parfaitement l'histoire, les peuples,
00:12:41 les relations, les Hongrois, les rapports entre les Polonais, etc.
00:12:45 Nos rois devaient être de même nature,
00:12:48 ils devaient connaître parfaitement, en plus, les populations locales,
00:12:53 les régions, etc.
00:12:56 Le système diplomatique de leurs adversaires, qui étaient leurs cousins d'ailleurs.
00:13:00 Donc on est vraiment dans un dirigeant, avec un dirigeant à l'ancienne,
00:13:05 comme de Gaulle en fait, ou comme Assane II, ou des gens comme ça,
00:13:08 avec une culture énorme.
00:13:10 Et la différence par rapport à nos propres dirigeants est tout à fait manifeste.
00:13:16 Mais l'autre point, c'est celui que vous évoquez,
00:13:18 c'est-à-dire, il ne rentre absolument pas,
00:13:21 alors qu'il sait qu'elle va être vue par des dizaines de millions de personnes,
00:13:24 il ne rentre absolument pas dans le jeu médiatique qui consiste à…
00:13:29 ça ne l'intéresse pas.
00:13:31 Lui, il a une vision, et il développe sa vision, et il passe 30 minutes à ça.
00:13:37 Et ça, c'est ce que vous dites, c'est-à-dire, moi, dans mes voyages en Afrique,
00:13:41 les Africains ont l'habitudee de dire,
00:13:43 "Vous, vous avez la montre, mais nous, nous avons le temps."
00:13:47 Et il a le temps.
00:13:49 Il a le temps pour faire sa guerre, il a le temps pour expliquer,
00:13:52 il a le temps, il a la distance.
00:13:54 Entre Moscou et Vladivostok, il y a 9h30 d'avion.
00:13:58 9h30 d'avion.
00:14:00 – Si je peux me permettre, cette parenthèse que vous venez de faire
00:14:02 avec le continent africain, elle est très importante aussi
00:14:04 pour expliquer les relations qui se dégradent entre l'Occident et l'Afrique,
00:14:07 et les relations qui s'améliorent entre la Russie et l'Afrique.
00:14:10 – Bien sûr, mais bien sûr, tout à fait, tout à fait.
00:14:12 Tout en disant que, moi qui connais très bien l'Afrique,
00:14:15 je suis né au Congo, j'ai vécu au Sénégal, au Maroc,
00:14:18 après j'ai travaillé 40 ans, et dans mes 10 dernières années de travail,
00:14:22 j'ai fait 44 voyages au Nigeria, pour dire que je connais bien ce pays.
00:14:26 Il n'y a pas d'animosité vis-à-vis de la France, vis-à-vis des Africains.
00:14:31 Ce qu'ils n'aiment pas, c'est la politique que nous menons aujourd'hui,
00:14:35 la politique de nos gouvernements actuellement,
00:14:37 qui essayent de les convertir, en gros, ils essayent d'en faire des…
00:14:45 ou des "wokistes", ou bien des…
00:14:50 eux sont conservateurs, si vous voulez, et ils veulent le rester,
00:14:54 et ils sont comme ça.
00:14:55 Donc, c'est ça qui leur pose problème, mais fondamentalement,
00:15:02 ils n'ont pas de… moi j'ai jamais eu, en 40 ans,
00:15:06 une remarque d'un seul Africain qui me disait "vous les Français", etc.
00:15:11 Donc, c'est nous qui avons changé, je dirais.
00:15:13 C'est nous qui sommes devenus… comment ça s'appelle ?
00:15:21 Progressistes, en fait.
00:15:22 C'est nous qui sommes devenus progressistes.
00:15:24 Voilà, c'est ça le problème.
00:15:26 Et c'est un des problèmes de la fracture culturelle.
00:15:28 C'est peut-être le principal problème de la fracture culturelle.
00:15:30 – Dans le choc des mondes, quelque part.
00:15:31 – Voilà, entre nord et sud, c'est ça.
00:15:33 – On a le sentiment aussi que, dans cette rétrospective historique
00:15:36 que fait Vladimir Poutine, il revient aussi, évidemment,
00:15:39 à la question presque centrale, j'allais dire, de la question ukrainienne,
00:15:42 de l'OTAN, et il revient donc à cette notion d'expansion,
00:15:46 d'extension de l'OTAN à ses portes.
00:15:49 – Oui, oui, bien sûr.
00:15:52 Carlson prend l'air un peu étonné.
00:15:54 Alors, je ne comprends pas comment Carlson peut être étonné,
00:15:57 parce qu'en fait, la séquence est absolument limpide,
00:16:02 et il dit qu'au début, il veut une architecture de sécurité,
00:16:08 et qu'en réponse, les Américains bombardent la Serbie,
00:16:12 ce qui a été le choc initial, et puis ensuite, il y a toute cette série-là,
00:16:16 et en fait, la ligne rouge est franchie en 2008, au sommet de l'OTAN,
00:16:21 c'est le sommet de Bucharest, où on dit, la prochaine étape,
00:16:28 alors qu'il avait dit précédemment, 6 mois avant, je crois,
00:16:31 la Géorgie et l'Ukraine, non, et en 2008, on dit,
00:16:36 la prochaine étape, c'est la Géorgie et l'Ukraine.
00:16:41 Et 6 mois après, ça se passe en janvier ou février,
00:16:44 et en juillet, la Géorgie attaque l'Ossétie du Sud,
00:16:48 ce n'est pas l'Ossétie qui a attaqué, c'est Sakhachvili qui attaque.
00:16:52 Et lui, il répond, et 40 km avant d'arriver à Tbilisi, il repart.
00:17:00 Donc, d'abord, ce n'est pas Sarko qui a provoqué ça,
00:17:04 Sarko a fait un peu de cinéma autour de ça,
00:17:09 je ne dis pas qu'il a été totalement inutile,
00:17:11 mais moi je suis persuadé que Poutine n'avait pas plus besoin
00:17:14 d'aller à Tbilisi que d'aller à Kiev.
00:17:17 Il n'allait pas se faire prendre, à prendre la ville,
00:17:22 être obligé de la gérer, etc.
00:17:23 Visiblement, il n'a aucune intention de se vietnamiser,
00:17:27 ni dans un cas ni dans l'autre, voilà, c'est ça que je dirais.
00:17:30 – Ce qui est intéressant, là, sur cette question de l'OTAN qui avance,
00:17:33 c'est qu'on a en Occident, avec les médias occidentaux,
00:17:36 une rhétorique de cette Russie belliciste,
00:17:40 et là, dans ce qu'explique Vladimir Poutine, ce n'est pas du tout ça.
00:17:43 Il explique, lui, qu'il était plutôt dans une position défensive,
00:17:47 avec, face à lui, des gens qui avançaient.
00:17:49 – Bien sûr, il n'y a qu'à regarder l'histoire, si vous voulez.
00:17:53 On fait commencer le conflit le 24 février,
00:17:56 mais ça, c'est la façon, je dirais, occidentalo-médiatique
00:18:00 qui consiste à couper le premier acte,
00:18:03 et de faire commencer au début du deuxième acte,
00:18:05 quand le type rentre dans la maison, mais il faut regarder la géopolitique,
00:18:09 et l'histoire, il faut regarder tout ce qui se passe.
00:18:12 Il suffit de lever un peu le nez du guidon,
00:18:15 pour se rendre compte que le processus, c'est effectivement un processus géopolitique,
00:18:20 qui consiste à attaquer la Russie.
00:18:22 Pourquoi ? Parce qu'en fait, alors ça, c'est une chose,
00:18:26 je pense que ça vaut la peine d'expliquer un peu,
00:18:28 parce que c'est vraiment important, si vous voulez.
00:18:30 Au moment où naît la puissance américaine au départ,
00:18:34 vous avez dans la ville, dans le quartier, vous avez un bar,
00:18:37 qui s'appelle le bar de l'Europe,
00:18:39 et vous avez tous les petits caïds qui sont à coudées,
00:18:42 l'espagnol, le français, l'anglais,
00:18:45 alors, il commence à claquer la figure de l'anglais, pour commencer,
00:18:51 bon, avec l'aide de la France.
00:18:53 Après, il claque la figure de l'espagnol,
00:18:55 il lui pique le nouveau Mexique, etc.
00:19:00 Ensuite, ils battent l'allemand et l'italien.
00:19:05 Donc, pour eux, c'est…
00:19:09 Quelle vision ils ont de l'Europe, depuis le début ?
00:19:13 Or, l'Europe, c'est le cœur, je dirais, culturel, économique,
00:19:19 traditionnel, historique du monde, au départ.
00:19:23 Alors, vous avez l'Amérique d'un côté,
00:19:26 et vous avez la Russie de l'autre.
00:19:28 Alors, pour l'Amérique, l'Europe leur appartient.
00:19:32 Et pour les Russes, ils appartiennent à l'Europe.
00:19:36 Donc, c'est, je dirais, c'est presque Rome et Carthage, si vous voulez.
00:19:46 Il y a l'Europe au milieu.
00:19:50 Donc, il est impossible que cette rivalité ne se termine pas
00:19:56 par la disparition de l'un des deux empires, à mon avis.
00:19:59 Et ça, Poutine ne le dit pas.
00:20:02 Et je pense qu'il a essayé, je pense qu'il n'est pas assez bête
00:20:07 pour ne pas avoir compris cette espèce de…
00:20:11 – D'incompatibilité.
00:20:12 – D'incompatibilité fondamentale.
00:20:14 Mais lui, son jeu, c'est d'essayer de se rapprocher de l'Ouest.
00:20:18 Mais si vous voulez, pour moi, je l'explique dans mon livre,
00:20:22 je pense qu'on a eu le tort de considérer que la Deuxième Guerre mondiale
00:20:25 s'arrêtait en 1945, en fait.
00:20:28 Pour moi, la Deuxième Guerre mondiale s'arrête en 1991.
00:20:31 Parce que le véritable ennemi des Américains,
00:20:35 ce n'est pas l'Allemagne, c'est la Russie.
00:20:38 Parce que la Russie a la profondeur de champ,
00:20:40 elle a une idéologie absolument toxique par rapport au libéralisme,
00:20:43 ce qui est le marxisme.
00:20:45 Elle a la profondeur de champ politique, géographique,
00:20:49 elle a toutes les ressources possibles et imaginables.
00:20:51 Donc si vous voulez, c'est la Russie qu'il faut faire tomber.
00:20:54 Et au moment où la Russie tombe, enfin, où le système soviétique tombe,
00:20:58 à ce moment-là, il faut, mais impérativement,
00:21:01 recréer sous une autre formule d'une autre, un rideau de fer.
00:21:04 Parce que sinon, la Russie, qui est redevenue présentable,
00:21:09 se mettra avec l'Allemagne, la France, etc.
00:21:12 et fera pièce aux États-Unis et mangera le morceau
00:21:15 que les États-Unis considèrent depuis presque leur création
00:21:19 comme leur appartenant.
00:21:21 Donc il faut, la Troisième Guerre mondiale,
00:21:23 elle commence en 1991 au moment où finit la deuxième.
00:21:26 Et la meilleure preuve de ça, c'est qu'il y a quelques années,
00:21:30 il y a eu un ou deux ans, il y a eu un article d'un conseiller de Poutine
00:21:35 qui s'appelle Glazyev, Sergei Glazyev,
00:21:37 qui est celui qui avait monté le système des 5 R,
00:21:41 vous savez, des monnaies, les 5 monnaies, l'euro-pi, etc.
00:21:46 Les 5 R, bon.
00:21:48 Et Glazyev a écrit un livre il y a 15 ans,
00:21:53 disant "la Troisième Guerre mondiale aura lieu
00:21:56 et les États-Unis ne la perdront".
00:21:58 Ça veut dire quoi ?
00:21:59 Ça veut dire que dans l'esprit de tous les intellectuels russes,
00:22:02 la Troisième Guerre mondiale, sous une forme qui peut être militaire ou non,
00:22:07 c'est inévitable, pour cette raison même que je viens d'expliquer.
00:22:11 Eux le savent, mais nous on ne le sait pas,
00:22:14 parce qu'on ne veut pas le savoir, parce qu'on vit enfermés dans notre système
00:22:17 et qu'on ne veut surtout pas regarder à la fenêtre
00:22:19 pour savoir qu'est-ce que veulent et qu'est-ce que disent
00:22:21 et qu'est-ce que pensent les gens d'en face.
00:22:23 C'est ça le problème.
00:22:24 Mais eux le savent, et aujourd'hui on est dedans.
00:22:27 Mais si on ne comprend pas cette double rivalité avec l'Europe au milieu,
00:22:33 on ne peut pas comprendre ça.
00:22:35 Ça ne s'arrêtera pas.
00:22:37 Ça peut prendre des formes moins belliqueuses, mais ça ne s'arrêtera pas.
00:22:42 C'est pour ça aussi que je pense, on anticipe un peu,
00:22:45 qu'en fait il n'y aura pas de paix.
00:22:47 Il ne peut pas y avoir de paix.
00:22:49 Non pas parce que les Russes ne le veulent pas,
00:22:51 mais parce que les Américains ne le veulent pas.
00:22:53 Parce que la notion du rideau de fer tombe.
00:22:55 C'est pas possible.
00:22:57 On reviendra sur les discussions de paix un petit peu plus tard si vous voulez bien.
00:23:00 J'aimerais revenir sur un petit détail qui n'est pas un détail,
00:23:03 c'est que Vladimir Poutine parle des États-Unis, parle évidemment de l'Europe.
00:23:07 À aucun moment la France n'est évoquée sinon dans l'irrespect finalement des accords de Minsk.
00:23:13 Et il y a toutefois un point qui m'a particulièrement interpellée dans tout cet entretien,
00:23:18 c'est la discrétion que Vladimir Poutine…
00:23:22 Il joue d'ailleurs un petit peu avec cette discrétion
00:23:24 en expliquant à Tucker Carlson des anecdotes de ses rencontres avec les dirigeants politiques,
00:23:29 mais il refuse de retranscrire les propos de ses homologues.
00:23:32 Et évidemment ça fait écho à une séquence que l'on a bien connue en France avec Emmanuel Macron.
00:23:37 Je vous propose de la regarder rapidement.
00:23:39 Ce ne sont pas les séparatistes qui vont faire les propositions sur les lois ukrainiennes.
00:24:08 – Alors cette séquence avait été beaucoup commentée.
00:24:11 Je ne sais pas ce qui est le plus terrible,
00:24:13 si c'est la façon d'Emmanuel Macron de s'exprimer alors que c'est un échange diplomatique,
00:24:17 ou si c'est l'équipe qui est censée conseiller Emmanuel Macron qui s'esclaffe à côté.
00:24:23 On a l'impression qu'on dit quand même chez les Bisounours…
00:24:26 – Non, non, mais cette séquence est absolument ahurissante.
00:24:29 Elle me fait penser dans le genre immodestie et incompétence
00:24:35 à la séquence avec le président du Burkina Faso et l'histoire du…
00:24:41 – De la climatisation.
00:24:42 – De la climatisation, enfin je veux dire, c'est inconcevable.
00:24:46 Mais pour répondre à votre question,
00:24:48 Poutine lui a une attitude qui est très responsable et il n'insulte jamais l'avenir.
00:24:54 Donc il n'insulte jamais l'avenir parce qu'il se dit toujours,
00:24:58 parce qu'il est dans le temps long,
00:25:00 qu'il peut avoir à un moment donné la nécessité ou l'envie
00:25:06 de se réconcilier ou de revenir avec les dirigeants occidentaux.
00:25:11 Donc ce jour-là, quand il, par exemple, supposons qu'il a serré la main de Biden,
00:25:16 à aucun moment il a dit "Biden ce clown, ce vieux schnock", etc.
00:25:20 Jamais on n'a entendu ça de sa part.
00:25:23 Il est toujours respectueux.
00:25:24 Donc il n'insulte jamais l'avenir.
00:25:26 Et c'est la différence avec nous, et là encore on est dans le temps long
00:25:31 que vous disiez tout à l'heure, nous on est dans le temps court.
00:25:33 Alors si on peut faire une petite blague pour s'attirer quelques voix,
00:25:38 quelques semaines, alors nous on est dans la médiatisation permanente,
00:25:44 si vous voulez, ce n'est pas de la politique.
00:25:46 – Dans la communication quoi.
00:25:47 – Oui c'est ça, c'est ça, ce n'est pas de la politique.
00:25:49 – Vous avez évoqué il y a quelques minutes,
00:25:52 cette question des négociations de paix, qui, on l'a bien compris,
00:25:56 selon vous n'auront pas lieu.
00:25:58 J'aimerais qu'on revienne sur une séquence toute particulière
00:26:01 dans l'entretien de Vladimir Poutine avec Tucker Carlson,
00:26:04 où il évoque des discussions de paix au tout début,
00:26:08 après l'entrée des troupes russes en Ukraine.
00:26:11 On l'écoute tout de suite.
00:26:13 [Vidéo]
00:26:42 – Alors ça c'est très intéressant,
00:26:44 et notamment parce que Vladimir Poutine dit "l'enfer le sait".
00:26:48 Si on sort de la question des négociations, c'est très intéressant,
00:26:51 et ça fait aussi écho à la fin de l'entretien de Tucker Carlson
00:26:54 et de Vladimir Poutine, où Vladimir Poutine revient
00:26:56 à la chrétienté de la Russie, aux liens qu'il devrait y avoir encore
00:27:00 avec la grande Europe, etc.
00:27:02 – Absolument, absolument.
00:27:03 Alors, en fait la séquence, quand il dit "je ne comprends pas",
00:27:06 en fait c'est très facile à comprendre.
00:27:08 C'est la même raison qui pousse notre bien-aimé Le Maire,
00:27:14 qui dit "on va les faire tomber la genoue".
00:27:21 Nous les connaissions tellement mal, et nous les connaissons tellement mal,
00:27:26 et c'est là où je reviens à cette différence
00:27:30 entre l'analyse et la propagande.
00:27:33 On est tellement mangé par la propagande,
00:27:36 et tellement peu enclin à la véritable analyse,
00:27:39 qu'on a pu penser que ce pays-là, qui avait des ressources énormes
00:27:43 en face de la Chine, plus on savait les efforts qu'ils avaient faits
00:27:47 pour s'adapter après les sanctions de 2014, etc.,
00:27:50 allait tomber comme la Grèce en quelques semaines.
00:27:54 C'est pour ça que Boris Johnson est venu au moment
00:28:01 où les discussions d'Istanbul étaient arrivées à un point définitif,
00:28:07 puisque Poutine avait approuvé le document.
00:28:10 – Et le représentant ukrainien aussi.
00:28:12 – Et le représentant ukrainien aussi.
00:28:14 – C'est quand même incroyable.
00:28:15 – Donc on était d'accord.
00:28:17 – Les deux belligérants étaient d'accord.
00:28:19 – Voilà, voilà, et en fait, si c'est ça qui se passe,
00:28:23 je reviens à l'objectif stratégique américain
00:28:27 qui consiste à affaiblir ou à détruire la Russie dans le cadre
00:28:31 de leurs problèmes géopolitiques par rapport à la Russie, n'est pas rempli.
00:28:36 Donc il faut que la guerre ait lieu, il faut à défaut que la Russie tombe,
00:28:40 qu'elle s'affaiblisse durablement, c'est ça qui doit se passer.
00:28:46 – Mais comment les États-Unis…
00:28:48 – Je termine juste.
00:28:49 – Excusez-moi.
00:28:50 – Boris Johnson arrive et lui dit "t'inquiète pas, ils vont tomber,
00:28:52 et on va t'aider".
00:28:54 Je pense que c'est à ça qu'il faut attribuer en partie
00:28:58 l'immense aptitude de Zelensky à maximaliser toujours son propos,
00:29:07 ses besoins, etc.
00:29:09 En fait, il y a une grande animosité vis-à-vis de ses partenaires de l'Ouest
00:29:14 dont il pense qu'ils l'ont laissé tomber, en fait, ils l'ont manipulé.
00:29:18 – Ils lui ont empêché de faire la paix et après ils lui empêchent de faire la guerre.
00:29:21 – Oui, ils lui ont dit "t'inquiète pas, on donnera ce qu'il faut"
00:29:24 et en fait, il n'a pas ce qu'il faut.
00:29:27 Alors, peut-être que lui ne fait pas non plus ce qu'il faut pour gagner la guerre
00:29:30 et peut-être qu'elle n'était pas gagnable.
00:29:32 À mon avis, elle n'était pas gagnable, parce que vous ne faites pas la guerre
00:29:35 avec des équipements de briquet de broc, etc.
00:29:38 Mais si vous voulez, au départ, je pense qu'on lui a dit "t'inquiète pas, ça va le faire"
00:29:46 et après, maintenant, on lui dit "ben écoute, ça ne le fait plus".
00:29:49 Alors lui, il a du mal, je pense qu'il a deux os qui ont du mal à valer.
00:29:55 L'un, c'est l'armée russe et l'autre, c'est le soutien des Occidentaux.
00:30:00 Mais celui qui lui fait le plus mal, à mon avis, c'est le soutien des Occidentaux.
00:30:05 – Alors, Tucker Carlson explique et demande à Vladimir Poutine,
00:30:11 à un moment, s'il est toujours enclin aux négociations de paix avec l'Ukraine,
00:30:17 mais il lui dit finalement "si vous négociez la paix,
00:30:19 ce ne sera pas avec Volodymyr Zelensky, c'est quand même quelque chose de très fort,
00:30:23 mais c'est avec Joe Biden".
00:30:26 Et alors Vladimir Poutine répond d'une façon très originale.
00:30:30 Je vous propose qu'on le revoie.
00:30:32 – Oui.
00:30:33 [Voix en anglais]
00:30:46 [Générique]
00:30:52 – Alors, on avrait… vous disiez tout à l'heure,
00:30:54 il n'est pas insultant à l'égard de Joe Biden.
00:30:56 – Pas du tout.
00:30:57 – Bon, il le réduit quand même à portion congrue, là.
00:30:59 – Oui, un peu, oui, oui, oui.
00:31:01 Oui, oui, oui, oui, oui.
00:31:02 Mais si vous voulez, il n'y a pas d'insulte.
00:31:04 – Non, il n'y a pas d'insulte.
00:31:05 – C'est fait d'une façon…
00:31:06 – On comprend que ce n'est pas lui l'interlocuteur non plus.
00:31:08 – Oui, c'est ça.
00:31:09 Ben oui, oui, oui, oui.
00:31:10 Et puis en même temps, je pense qu'il est tributaire d'une situation
00:31:17 qui dépasse la simple question de Joe Biden,
00:31:20 ou de, comme on l'a dit en fait, ou de Zelensky.
00:31:24 Lui, en fait, il guéroit contre cette poussée occidentale depuis 24 ans,
00:31:31 depuis sa prise de pouvoir.
00:31:33 Il n'a cessé de dire "vous ne pouvez pas aller plus loin,
00:31:37 vous ne pouvez pas aller plus loin,
00:31:39 maintenant on a franchi la ligne rouge".
00:31:41 Et il a attendu pendant tout ce temps.
00:31:43 Ça montre bien aujourd'hui quel conquérant qui veut bouffer
00:31:48 les pays aux alentours, attend 23 ans ou 24 ans
00:31:53 pour leur déclarer la guerre, et ce n'est pas encore le cas.
00:31:58 Donc nos accusations comme quoi les Russes vont être nos ennemis pour toujours,
00:32:06 ça ne tient pas, ça ne tient pas du tout.
00:32:10 Restons quelques minutes sur Joe Biden, tout de même, si vous voulez bien,
00:32:15 on a le sentiment quand même à plusieurs reprises,
00:32:17 quand Vladimir Poutine évoque les États-Unis,
00:32:20 qu'il va dans le sens d'une question que de plus en plus de gens se posent aujourd'hui,
00:32:27 en Occident et pas qu'en Occident, la preuve, c'est qui dirige les États-Unis.
00:32:31 Oui, c'est ça.
00:32:32 Parce que si en plus de deux ans, enfin on va arriver à deux ans,
00:32:36 à l'anniversaire de la deuxième année de l'entrée des troupes russes en Ukraine,
00:32:39 si dans tout ce temps il n'y a pas eu d'échange direct avec Joe Biden,
00:32:43 on n'imagine pas qu'il n'y ait pas eu d'échange direct entre la Russie et les États-Unis pour autant.
00:32:47 Oui, en fait il est possible qu'il y en ait eu, je pense que ça sera assez logique qu'il y en ait eu.
00:32:52 Simplement encore une fois, comme Poutine ne veut pas mettre son interlocuteur dans l'embarras
00:32:58 en disant "ah ben on s'est déjà parlé la semaine dernière", etc.
00:33:02 Donc il garde le mutisme sur les conversations à partir du moment où elles ne sont pas officielles,
00:33:10 où elles n'ont pas été ensuite officialisées.
00:33:13 Donc on ne sait pas s'il va parler ou non.
00:33:15 En tout cas, ce qui est sûr, c'est un peu un faux problème,
00:33:18 parce qu'entre les services diplomatiques ou les services secrets russes et américains,
00:33:24 ça se parle tout le temps, comme dans toutes les guerres d'ailleurs.
00:33:28 Dans toutes les guerres, les belligérants, même pendant la deuxième guerre mondiale.
00:33:32 On a quand même cette impression nette que Vladimir Poutine,
00:33:36 encore une fois, dégrade un petit peu l'image de Joe Biden
00:33:41 en disant finalement qu'il est quand même moins important que le sous-entendant
00:33:44 de son poste de président des États-Unis.
00:33:46 Et alors c'est d'autant plus dramatique que concomitamment,
00:33:49 Joe Biden est en train de répondre à une conférence de presse avec des journalistes
00:33:53 sur des rumeurs d'une santé mentale de plus en plus précaire,
00:33:58 avec un procureur qui a dit "bon oui, peut-être qu'il a commis telle ou telle chose,
00:34:03 et tel est tel impair, mais bon, concrètement, sa mémoire lui fait défaut".
00:34:06 Et là, c'est terrible. On regarde ça aussi, ces images,
00:34:09 et encore un impair de Joe Biden.
00:34:11 [Musique]
00:34:29 Donc là, ça devient quand même très très problématique.
00:34:31 On a un Joe Biden qui explique qu'il a parlé au président égyptien, Al-Sisi,
00:34:36 sauf qu'au lieu de dire l'Égypte, il dit le Mexique.
00:34:39 Il y a quelques jours, quand il voulait parler d'Emmanuel Macron,
00:34:42 il avait parlé de Mitterrand.
00:34:43 Oui, oui, oui.
00:34:44 Ça devient très difficile.
00:34:45 Oui, ça l'était déjà. Il n'y a que nous.
00:34:48 On aurait eu le dixième de ça de la part de Poutine.
00:34:51 Tous les médias occidentaux auraient fait des gordes chaudes depuis deux ans,
00:34:57 en disant "mais il est fou, il est gâteux, il est ci, il est ça, etc."
00:35:01 Et là, on a l'air de faire comme si le type qui tombe dans les escaliers
00:35:08 en descendant de son avion, qui ne sait pas par où il faut descendre de l'estrade, etc.,
00:35:13 alors que c'est le président de la plus puissante nation du monde,
00:35:20 comme si c'était finalement, sinon normal, du moins acceptable.
00:35:25 Plus fortes raisons qu'en Occident, on parle des triples cancers de Poutine, etc.
00:35:29 Voilà, c'est ça.
00:35:31 Sans aucun fondement.
00:35:32 Mais là, encore une fois, Poutine reste, n'insulte pas l'avenir.
00:35:38 Une des caractéristiques de cet homme, c'est la patience, et l'autre, c'est la prudence.
00:35:43 Il est très prudent. Il est toujours très prudent dans ce qu'il fait.
00:35:47 Alors que, je crois que dans son dossier du KGB, il avait été considéré comme réformable.
00:35:56 Il est quand même rentré, mais le point principal, c'était un type qui n'avait pas,
00:36:01 qui était considéré comme n'ayant pas aucun sens de la peur, en fait.
00:36:06 Pas de sens du risque.
00:36:09 Prêt à prendre n'importe quel risque, à n'importe quel moment.
00:36:12 Donc, ça veut dire que, ou il a beaucoup évolué, ou il a les deux,
00:36:17 ce qui le rend exceptionnel, de toute façon.
00:36:20 Mais il est toujours très prudent.
00:36:23 Là, il est très prudent vis-à-vis de Carlson.
00:36:26 – Très mesuré, toujours. – Très mesuré, toujours.
00:36:28 Il n'insulte jamais l'avenir.
00:36:30 – Ce qu'on a vu également dans cet entretien, là, on a vu tout à l'heure,
00:36:34 Tucker Carlson s'est clafé, un côté Yankee, dans cet entretien,
00:36:38 du présentateur et journaliste, face à un Vladimir Poutine
00:36:41 beaucoup plus retenu dans ses prises de parole,
00:36:45 avec des sourires très, très en coin, etc.
00:36:48 C'est d'ailleurs intéressant, c'est un peu le choc des cultures, là aussi.
00:36:51 – C'est ça, absolument.
00:36:53 – On voit une autre séquence, qui est sans doute celle qui laissera
00:36:56 le plus de traces, c'est la séquence sur Nord Stream, on va la revoir tout de suite.
00:36:59 – Oui, oui, oui.
00:37:00 – Qui a explosé Nord Stream ?
00:37:02 – Vous, bien sûr.
00:37:06 J'étais occupé ce jour-là.
00:37:08 – Vous avez…
00:37:10 – Je n'ai pas explosé Nord Stream.
00:37:13 Merci, en tout cas.
00:37:15 – Vous avez un alibi, peut-être ?
00:37:17 – Vous, personnellement, avez un alibi, mais la CIA n'a pas de talon.
00:37:21 [Générique]
00:37:27 – Alors, on disait tout à l'heure qu'il parlait peu de Joe Biden
00:37:31 en tant que dirigeant avec qui on pouvait s'entretenir.
00:37:35 En revanche, il parle de la CIA à plusieurs reprises,
00:37:38 et notamment pour le sabotage de Nord Stream.
00:37:40 – Oui, bien sûr, bien sûr.
00:37:41 Mais si vous voulez, alors là, il faut revenir à la base.
00:37:44 Cette région de la Baltique est l'une des plus surveillées au monde,
00:37:48 si ce n'est la plus surveillée au monde.
00:37:50 Donc vous avez des capteurs à tous les endroits, à toutes les profondeurs.
00:37:53 Donc il n'y a pas un poisson qui peut traverser
00:37:56 sans qu'il soit repéré quelque part.
00:37:58 Donc qui peut penser que qui que ce soit d'autre que les Américains
00:38:04 ou quelqu'un qui le fait pour le compte des Américains
00:38:07 puisse faire ce sabotage sans qu'on soit au courant.
00:38:16 Ce n'est pas possible.
00:38:18 – Dans l'Entretien, Poutine, il dit, il y a deux points qui doivent se conjuguer.
00:38:24 L'intérêt de détruire Nord Stream et la capacité à le faire.
00:38:28 – Voilà, exactement.
00:38:29 – Et pour ces deux points, il n'y a pas grand monde qui peut se porter comme ça.
00:38:32 – Bien sûr, bien sûr.
00:38:33 En plus, si vous regardez le timing, je crois,
00:38:36 il y a deux points importants, c'est que je pense, de mémoire,
00:38:40 le Nord Stream éclate la veille ou le lendemain du jour
00:38:47 de l'inauguration du pipeline Norvège-Pologne.
00:38:52 Voilà.
00:38:53 Et au moment où ça explose, un homme politique polonais,
00:38:58 qui est un député je crois, qui dit "Thank you, America".
00:39:02 Et après le tweet est enlevé.
00:39:05 Donc, ça fait aucun doute.
00:39:07 Et l'autre chose qui est intéressante à remarquer,
00:39:10 c'est que dans son article, le journaliste américain qui a élevé le…
00:39:19 – Seymour Hersh.
00:39:20 – Seymour Hersh, dit, me semble-t-il, que la conception du dossier,
00:39:28 enfin du dossier, elle date de juin 2021.
00:39:32 C'est-à-dire bien avant la guerre. La guerre, c'est février 2022.
00:39:37 – Mais Joe Biden avait dit qu'il ne laisserait pas de toute façon
00:39:39 fonctionner Nord Stream.
00:39:40 – Oui, absolument.
00:39:41 Mais si vous voulez, si c'est conçu à partir de juin 2021,
00:39:45 la conception est faite à ce moment-là, ça veut dire qu'en fait,
00:39:49 la véritable personne qu'il faut punir, ce ne sont pas les Russes,
00:39:53 ce sont les Allemands.
00:39:57 Les États-Unis poursuivent dans cette guerre deux objectifs contradictoires,
00:40:05 comme ils l'ont fait pendant la Deuxième Guerre mondiale,
00:40:08 qu'en fait le livre d'Eric Branca, "L'ami américain",
00:40:14 où en même temps, ils négocient, ils se servent des Russes,
00:40:20 ou ils s'allient aux Russes pour battre les nazis,
00:40:23 et en même temps, ils négocient avec les nazis
00:40:26 pour essayer de retourner les nazis pour aller combattre les Russes.
00:40:30 Ils font ça, donc ils poursuivent les deux en même temps.
00:40:32 Ils financent l'OAS et le FLN en même temps.
00:40:35 Ils financent le Shah et Khomeini en même temps.
00:40:38 Et là, ils poursuivent deux objectifs en parallèle,
00:40:41 l'un c'est de battre la Russie, ou de moins, d'affaiblir la Russie,
00:40:45 parce que je pense qu'ils savent qu'ils ne peuvent pas la battre militairement,
00:40:48 puisque si vous battez militairement un pays qui est le premier pays nucléaire au monde,
00:40:55 vous êtes en danger, donc vous ne pouvez pas le faire.
00:40:58 Donc c'est aussi pour ça qu'ils ont joué avec Zelensky,
00:41:02 pour lui donner suffisamment pour ne pas perdre,
00:41:04 mais jamais suffisamment pour gagner, parce que c'est trop dangereux.
00:41:07 Par contre, on peut affaiblir, c'est ce qu'ils pensaient,
00:41:10 économiquement, etc.
00:41:12 Mais si vous voulez, et l'autre objectif, c'est de manger l'Europe.
00:41:16 – Et comment on vit l'Europe ? Il faut commencer par l'Allemagne.
00:41:19 – Voilà, en commençant par l'Allemagne, lequel des deux était prioritaire en fait ?
00:41:23 Alors, je dis qu'ils ont deux proies, mais il y en a une qui se défend,
00:41:28 et l'autre qui ne se défend pas.
00:41:30 Laquelle vont-ils manger ? Et laquelle sont-ils en train de manger ?
00:41:33 C'est celle qui ne se défend pas. – Bien sûr.
00:41:35 – Donc on est en plein dans ce truc-là, et c'est l'Allemagne le problème,
00:41:41 parce que l'Allemagne a monté un système, qui est celui monté par Schroder,
00:41:48 et ensuite poursuivi par Mme Merkel, mais c'est Schroder,
00:41:53 avec la relation privilégiée avec les Etats-Unis,
00:41:58 disant "on vous tient l'Europe pour votre compte, on investit partout, etc.,
00:42:03 on vous maintient l'Europe sous votre coupe".
00:42:05 En contrepartie de ça, on fait le business avec la Chine,
00:42:10 40% des exportations de Volkswagen, c'était en Chine, je ne sais pas combien d'ans.
00:42:15 Et on reçoit le gaz, donc on a la pieuvre, on a les matières premières,
00:42:21 on a le commerce extérieur, et on a l'appui politique.
00:42:26 Mais c'est la martingale parfaite, ça. Il ne faut jamais toucher à ça.
00:42:31 Jamais. Le jour où vous dites "ben finalement, je rentre dans le coup des sanctions",
00:42:36 vous perdez le gaz, vous perdez tout, parce que vous perdez la compétitivité industrielle,
00:42:40 vous perdez votre relation relativement équilibrée avec les Etats-Unis,
00:42:44 parce que vous pouvez dire "écoutez, nous, on vous maintient la situation,
00:42:51 mais en contrepartie, on exige d'acheter notre gaz aux Russes".
00:42:56 Bon, ça tient, même si les présidents successifs n'étaient pas contents,
00:43:00 qu'on fasse Trump, etc.
00:43:03 Donc là, il y a une punition de l'Allemagne, je pense qu'on peut le lire comme ça,
00:43:07 et pas dans le cadre d'une guerre, mais une punition de l'Allemagne,
00:43:10 parce que l'Allemagne doit rentrer dans le giron et faire, etc.
00:43:15 D'autant plus qu'il y a un deuxième prétendant qui est la Pologne,
00:43:18 qui est là derrière en disant "moi, je suis ton véritable ami", etc.
00:43:21 Les Allemands, etc. Donc il y a un espèce de jeu entre, je dirais,
00:43:25 l'ancienne maîtresse et la nouvelle, je dirais, on peut dire ça un peu comme ça,
00:43:29 qui est assez intéressant à observer.
00:43:31 Et les Allemands, là-dedans, n'ont aucune politique, ni pour se défendre,
00:43:39 ni ils sont aux abonnés absents, quoi.
00:43:42 C'est grave, c'est grave pour l'Allemagne, c'est grave pour l'Europe, évidemment.
00:43:46 – Bien sûr.
00:43:47 – Mais ça sert les intérêts américains dans le cadre de la prédation,
00:43:51 et je pense que dans les années qui viennent, à cause de la fracture,
00:43:57 actuellement, qui est en train de se créer entre Nord et Sud,
00:44:02 avec l'Ukraine, avec Gaza, avec l'Afrique, avec d'autres conflits, etc.
00:44:07 à cause de cette fracture grandissante qui est le véritable danger,
00:44:12 si l'Occident commence à s'appauvrir, la prédation,
00:44:20 le maillon faible dans les 50 ans qui viennent, c'est nous, hein.
00:44:25 C'est pas compliqué à comprendre, ça.
00:44:28 C'est nous, le maillon faible.
00:44:30 Moi, je fais partie de l'association HEC,
00:44:35 où j'ai un club géopolitique que j'anime depuis 17 ans,
00:44:40 mais moi, j'entends rien sur les questions riches-pauvres,
00:44:45 qui est le grand problème de demain, la fracture sociale,
00:44:49 j'ai rien sur comment protéger nos entreprises contre les prédations,
00:44:53 parce que les Américains, ça va être, mais tout le monde va s'y mettre,
00:44:56 les Chinois, etc., pour nous manger,
00:44:58 comment est-ce qu'on fait pour protéger notre capital, etc.
00:45:01 Ce que je vois, c'est, ah, il faut qu'on soit vert, il faut qu'on soit inclusif,
00:45:05 mais ça, c'est pas les problèmes de demain, ça.
00:45:08 Les vrais problèmes de demain, c'est ceux que la géopolitique nous montre,
00:45:13 ils sont limpides.
00:45:16 - Alors ça, c'est très intéressant.
00:45:18 - On a des élites qui regardent à l'intérieur d'eux-mêmes,
00:45:20 au lieu de regarder le monde, si vous voulez.
00:45:22 - C'est très intéressant, parce que ça va rejoindre l'autre question
00:45:24 que je voulais vous reposer, avec, finalement, ce recul,
00:45:28 un petit peu, de l'importance de Joe Biden dans les propos de Vladimir Poutine.
00:45:31 C'est une mise en avant, à plusieurs reprises, de l'importance de la CIA,
00:45:35 de l'importance des opérations de déstabilisation.
00:45:37 On a parlé tout à l'heure de la Serbie, mais on peut parler,
00:45:39 et c'est ce que fait Vladimir Poutine, notamment, de Meydan,
00:45:43 cette fameuse révolution démocratique de 2014, dont on sait...
00:45:48 - C'est ça, dans laquelle le gouvernement, Mme Victoria Nuland,
00:45:53 annonce le prochain gouvernement post-révolutionnaire,
00:45:58 dix jours avant la dite révolution.
00:46:00 - Bien sûr.
00:46:01 - Donc quand vous annoncez le gouvernement qu'il y aura après la révolution,
00:46:04 alors que la révolution n'a pas eu lieu, c'est que c'est vous qui l'organisez.
00:46:07 - Qui l'organisez, bien sûr.
00:46:08 - Et en plus, on met, je le rappelle toujours, comme ministre des Finances,
00:46:12 la chargée du poste économique de l'ambassade des États-Unis à Kiev,
00:46:16 à qui on donne la nationalité ukrainienne, le jour de son intronisation.
00:46:20 Alors si après, on me dit que l'Ukraine est un pays libre et souverain,
00:46:24 c'est un pays, en fait, c'est une entité qui est colonisée
00:46:28 par les Américains depuis 2014.
00:46:31 C'est ça que ça veut dire.
00:46:33 On n'est pas dans un cadre démocratique et libre,
00:46:36 d'autant qu'il y a trois millions de personnes qui sont ceux
00:46:39 qui habitent le Donbass, qui ont le droit de vote,
00:46:42 mais qui ne peuvent pas voter parce qu'on les bombarde tous les jours.
00:46:44 Donc où est la démocratie dans tout ça ?
00:46:47 - Bien sûr.
00:46:48 Mais sur ces opérations de déstabilisation, c'est très intéressant.
00:46:52 On peut faire un lien direct avec ce que vous venez d'expliquer.
00:46:55 Ces chercheurs, ces gens qui pensent l'avenir en France et en Europe,
00:47:01 qui s'arrêtent sur des questions dites vertes, en plus,
00:47:04 parce qu'il y aurait beaucoup à dire sur le caractère écologique de leurs mesures,
00:47:07 sur les questions de diversité, d'inclusion, de LGBT, etc.
00:47:12 Mais d'où ça vient tout ça ?
00:47:14 D'où ça vient tout ça finalement, ces exigences qui n'ont plus rien à voir
00:47:17 avec les exigences économiques, les exigences prioritaires
00:47:20 qui devraient être celles des grands patrons ?
00:47:22 Est-ce que ça aussi, ce n'est pas une entreprise de déstabilisation
00:47:24 qui nous vient de France antique ?
00:47:26 - Je dirais que ce n'est pas une entreprise de déstabilisation.
00:47:30 Je vais vous dire, d'abord, on ne comprend plus le cadre dans lequel on est,
00:47:37 parce qu'on pense qu'on vit dans un cadre démocratique.
00:47:40 Ne dites pas à ma mère que nous sommes dans un système oligarchique,
00:47:46 elle croit encore que nous sommes en démocratie.
00:47:48 On n'est plus dans un système démocratique.
00:47:50 Quand j'allais en Pologne en 1981, Jaruzelski faisait envoyer toute la viande en Russie.
00:47:56 Et les Polonais, ils mangeaient des patates bouillies avec de la mortadelle et de la margarine.
00:48:05 Bon, il n'y a pas un Polonais qui se serait dit,
00:48:08 "Enfin Jaruzelski, il ne sert pas les intérêts de son peuple."
00:48:12 Si on avait prononcé cette phrase, les Polonais seraient roulés par terre du rire.
00:48:17 Jaruzelski, ce n'est pas ça qu'il y avait dans sa tête.
00:48:21 C'est "Comment est-ce que je fais pour me maintenir dans le système oligarchique
00:48:26 de ceux qui m'ont placé là où je suis ?"
00:48:28 Macron aujourd'hui et les dirigeants européens, visiblement, ils pensent comme ça en fait.
00:48:32 La démocratie est un alibi, mais on a bien vu qu'on invalide ceux dont on n'a pas besoin,
00:48:38 on pousse ceux dont on a besoin, on met toute la presse au service d'eux, etc.
00:48:42 Donc, ils ne raisonnent pas en disant "Mais de quoi mon peuple a-t-il besoin ?"
00:48:46 Ils se disent "De quoi, que dois-je faire pour me faire adouber par les Américains, par la Commission ?
00:48:53 Quel est mon agenda personnel demain ? Est-ce que je veux être président de l'Europe ou de la Commission, etc.
00:48:58 ou de telle grande entité, etc.
00:49:01 On n'est pas du tout dans un système de ce type, de type démocratique.
00:49:06 Alors que nous, on raisonne encore comme ça parce que notre histoire est celle-là.
00:49:11 Mais on a changé de paradigme et on ne s'en est pas aperçu.
00:49:14 Alors nous vivons tous les syndromes du système oligarchique et ploutocratique.
00:49:21 Mais nous ne le voyons pas. Il faut ouvrir les yeux.
00:49:25 Où est la parole politique ?
00:49:28 Quand vous avez un chef et que vous avez un système politique, vous avez une parole politique.
00:49:32 Aujourd'hui, vous n'avez pas une parole politique, vous avez une parole avec une expression, je dirais, dogmatique.
00:49:43 Ça, ce n'est pas une parole politique, c'est une parole dogmatique.
00:49:47 Ce n'est pas pareil. On pourrait multiplier les critiques de la société.
00:49:55 Ce que l'on disait sur les élites qui regardent à l'intérieur d'elles-mêmes et je rejoins ce que vous disiez.
00:50:03 Je pense que ces injonctions, qui sont celles à sauver la planète, etc.
00:50:11 Ce sont le même genre de mantra que ce qu'on entendait à l'époque dans les pays de l'Est.
00:50:18 Où ils disaient, ah oui, mais l'avenir radieux du socialisme, etc.
00:50:22 C'est une façon de gérer l'entre-soi dans un système où on est de plus en plus seul face au peuple.
00:50:32 Les gens qui n'arrivent pas à finir leur mois, ils ne se disent pas, comment est-ce que je vais sauver la planète dans 100 ans ?
00:50:40 Ils se disent, comment je vais faire pour éduquer mes enfants ?
00:50:44 Ils ne se demandent pas si c'est inclusif ou pas inclusif.
00:50:48 Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas une manifestation des fiertés gays dans leur village ?
00:50:58 Ce n'est pas ça leur préoccupation.
00:51:00 Ce sont des préoccupations qui sont typiquement élitistes et bourgeoises.
00:51:04 Et qui sont maintenues pour essayer de maintenir une certaine forme de cohésion dans un système qui ne fonctionne plus.
00:51:12 Je reprends Guy Lui en disant ça.
00:51:14 C'est ce que pense Guy Lui.
00:51:16 Bien sûr. On voit dans cet entretien que Donald Trump est évoqué une fois.
00:51:22 Vladimir Poutine dit qu'il entretenait des bonnes relations avec lui, pas forcément politiques,
00:51:27 mais qu'ils avaient des capacités à s'entendre et à discuter.
00:51:30 À l'instar de Bush Jr. d'ailleurs, c'est assez surprenant qu'il dise ça.
00:51:35 Même Bush 6, oui.
00:51:36 Puisqu'on ne peut pas dire que Bush était très isolationniste, contrairement à Donald Trump.
00:51:40 Est-ce qu'on est dans une année électorale américaine,
00:51:43 avec un bilan que Vladimir Poutine n'a pas oublié de rappeler,
00:51:47 un bilan américain catastrophique, avec une crise migratoire, une crise financière ?
00:51:51 Je me souviens de la séquence. Carlson est là et Carlson…
00:51:54 On va la regarder rapidement.
00:51:56 Vous avez des problèmes sur la frontière, des problèmes avec la migration,
00:52:00 des problèmes avec la dette nationale, plus de 33 trillions de dollars.
00:52:05 Vous n'avez rien de mieux à faire, alors vous devriez vous battre en Ukraine ?
00:52:08 Vous ne pouvez pas faire ça en Ukraine ?
00:52:10 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:12 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:14 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:16 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:18 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:20 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:22 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:24 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:26 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:28 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:30 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:32 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:34 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:36 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:38 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:40 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:42 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:44 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:46 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:48 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:50 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:52 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:54 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:56 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:52:58 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:53:00 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:53:02 Vous n'avez rien de mieux à faire en Ukraine ?
00:53:04 Avec le conflit israélo-palestinien,
00:53:06 grand absent de cet entretien.
00:53:08 Oui, oui, tout à fait.
00:53:10 Mais Carlson ne lui pose pas la question.
00:53:12 Absolument pas.
00:53:14 Il ne veut pas mélanger les choses.
00:53:16 Écoutez, alors, moi je suis un peu partagé.
00:53:18 De toute façon, je pense que rien ne peut être pire que Biden.
00:53:22 De toute façon.
00:53:24 Bon, donc de toute façon, si c'est Trump,
00:53:26 il y aura au moins de la décision.
00:53:28 Et quand Trump dit qu'il fera la paix en 24 heures,
00:53:32 je le crois possible.
00:53:34 Je pense qu'il n'a pas pu faire ce qu'il voulait faire,
00:53:38 ni par rapport à l'état profond,
00:53:40 ni par rapport à une politique de réconciliation avec la Russie,
00:53:44 parce qu'on lui a collé dans les pattes
00:53:46 cette histoire de Russie.
00:53:50 De collusion, oui.
00:53:52 Voilà, de collusion avec la Russie,
00:53:54 qui n'existait pas.
00:53:56 Donc en fait, son premier mandat,
00:53:58 il a eu les mains un peu liées par ça.
00:54:00 Donc, Trump c'est un homme, ça a été dit souvent,
00:54:04 c'est un homme de deal.
00:54:06 Il aime bien faire des deals.
00:54:08 C'est en fait un type assez pacifique.
00:54:10 Donc il va aller le voir, il dit "bon, alors maintenant,
00:54:12 c'est quoi la situation ?"
00:54:14 Alors, entre autres points,
00:54:18 moi je pense qu'une des raisons pour lesquelles
00:54:22 Poutine est si prudent,
00:54:24 il ne s'engage pas, c'est que de toute façon,
00:54:26 il veut Kramatorsk et Odessa.
00:54:28 Il dit "je veux dénazifier",
00:54:30 parce qu'il ne veut pas dire
00:54:32 "moi, je serais tranquille quand j'aurais mangé
00:54:34 la bande de terre jusqu'à Odessa et qu'il restera en Ukraine".
00:54:38 – Quand je vous aurais fait un mille-accès à la mer Noire.
00:54:40 – Voilà, donc à ce moment-là, on ne parlera plus
00:54:42 de démilitarisation de l'Ukraine,
00:54:44 parce que l'Ukraine sera démilitarisée de fait.
00:54:46 Et en plus, à ce moment-là, si les Polonais
00:54:48 et les Hongrois veulent leur petit bout
00:54:50 qui leur appartient, qu'ils le prennent.
00:54:52 En gros, il ne le dit pas, mais c'est ça qui fait comprendre.
00:54:56 Donc voilà.
00:55:02 – Mais vous pensez que le retour de Trump
00:55:06 pourra transformer tout ?
00:55:08 – Non, je pense qu'il y aura un deal assez facile,
00:55:12 il partira du fait de la situation présente,
00:55:16 il dira "bon, maintenant, deux choses l'une,
00:55:20 où c'est la guerre, il y a trois solutions.
00:55:24 C'est ou la guerre, il y en a quatre,
00:55:28 c'est ou la guerre mondiale, ou la paix.
00:55:30 Mais si c'est la paix, il n'y aura pas de paix,
00:55:32 parce que s'il y a une paix, le lendemain matin,
00:55:36 Macron et Scholl sont à Moscou en disant "redonne-moi du gaz,
00:55:40 ce n'est pas cher", puisqu'on est en paix.
00:55:42 – Donc ça n'ira pas aux États-Unis ?
00:55:44 – Non, ça ne plaira pas aux États-Unis,
00:55:46 ça je pense que Trump n'en voudra pas.
00:55:48 Donc on aura une situation à la coréenne,
00:55:50 ça c'est la troisième,
00:55:52 et elle peut être de deux sortes,
00:55:54 elle peut être relativement pacifique,
00:55:56 c'est-à-dire on ne se tire pas dessus,
00:55:58 mais on ne fait pas la paix,
00:56:00 mais on reste sur nos positions.
00:56:02 Et la quatrième, c'est, on entretient un système
00:56:06 d'hystérisation de l'Occident,
00:56:12 de telle sorte de garder l'Occident sous notre coupe,
00:56:16 et que l'Occident, surtout, ne mette pas en cause l'OTAN,
00:56:18 puisque plus on hystérise, plus on rend l'OTAN indispensable.
00:56:22 Et moi je pense que Trump chercherait plutôt la troisième,
00:56:28 parce qu'elle a alimenté les conflits,
00:56:32 fondamentalement ça ne l'intéresse pas.
00:56:34 Ce qui l'intéresse lui, c'est sa grande affaire,
00:56:36 c'est l'État profond, c'est de virer l'État profond américain,
00:56:38 donc je pense qu'il cherchera un deal,
00:56:40 il leur dira "bon, il essaiera d'obtenir
00:56:42 qu'on fasse donner ça une ville internationale,
00:56:46 en fonction à ce que garder l'accès à la mer,
00:56:48 mais s'il n'y arrive pas, je pense qu'il dira "bon, c'est comme ça,
00:56:50 de toute façon, il n'a pas grand chose à jouer,
00:56:54 dans un an, quand la victoire de la Russie sera consolidée,
00:57:00 qu'est-ce qu'il aura à présenter pour dire "si vous ne faites pas ça, je fais ça" ?
00:57:04 Il ne va pas les menacer d'une guerre nucléaire,
00:57:06 donc à mon avis, ça va se terminer comme ça.
00:57:10 Par contre, le problème à Gaza est très différent,
00:57:14 puisqu'on sait que Trump est encore beaucoup plus, je dirais,
00:57:18 pro-israélien que ne l'est Biden,
00:57:22 mais moi, si on vient un tout petit peu là-dessus,
00:57:26 je ne suis pas si pessimiste sur l'issue du conflit israélo-palestinien qu'on le dit aujourd'hui.
00:57:32 Moi je pense que, et ça, les analystes qui connaissent vraiment la situation du conflit
00:57:38 disent tous, les vrais analystes, que en fait,
00:57:42 l'armée israélienne a beaucoup, beaucoup de difficultés à Gaza,
00:57:47 et qu'il y a probablement plusieurs milliers de morts,
00:57:50 alors qu'on en annonce quelques centaines.
00:57:52 Et ça, c'est un chiffre que les presses occidentales ne reprennent pas,
00:57:57 or il est fondamental, parce que si le coup de la guerre est prohibitif,
00:58:01 ça veut dire qu'il faut dealer.
00:58:04 On ne peut pas continuer…
00:58:08 Netanyahou fait de la gonflette en disant "on va aller jusqu'au bout, on va aller jusqu'au bout",
00:58:11 mais s'il a 2000 morts ou 3000 morts…
00:58:15 Sa population va l'empêcher d'aller jusqu'au bout.
00:58:17 Bien sûr, d'autre part, et l'autre grand tic-tac, tic-tac, tic-tac,
00:58:22 c'est les nombres de morts par la fin.
00:58:25 Oui, la crise humanitaire.
00:58:27 L'UNRWA a annoncé qu'il y avait 300 000 personnes en danger de mort par famine.
00:58:33 Si dans un mois…
00:58:34 À Gaza, vous voulez dire.
00:58:35 À Gaza.
00:58:36 Si dans un mois, l'UNRWA annonce qu'il n'y a pas 30 000 morts, mettons,
00:58:41 mais 130 000 morts dont 100 000 morts par famine,
00:58:45 pour Israël, c'est fini.
00:58:49 La guerre est finie.
00:58:51 Le monde entier ne pourra pas faire autrement que de voter les sanctions, etc.
00:58:56 Même les États-Unis ?
00:58:58 Imaginez qu'ils annoncent qu'il y ait 150 000 morts, dont 100 000 morts, par famine.
00:59:03 Vous imaginez que les Américains puissent ne pas voter les sanctions contre Israël pour que ça s'arrête ?
00:59:09 Ce n'est pas possible.
00:59:10 Ce n'est pas possible.
00:59:11 Je n'entends pas dire ça, mais on oublie les gens…
00:59:15 Alors, au départ, le risque, c'était les morts par la soif.
00:59:19 J'ai pensé depuis le début qu'Israël ne pouvait pas continuer,
00:59:24 parce que la soif, c'est dans 15 jours, 3 semaines, etc.
00:59:28 C'est très rapide.
00:59:29 Et il a rétabli l'électricité, donc l'eau.
00:59:32 Donc les puits refonctionnent depuis le 4 janvier.
00:59:35 Donc il s'est donné du temps.
00:59:37 Mais si vous voulez, à un moment donné, il faut qu'ils résolvent le problème de la famine,
00:59:41 surtout dans le nord, où comme les combats ont lieu aujourd'hui à Cagnes-Nesse,
00:59:45 les gens du nord ne peuvent pas aller s'approvisionner au sud.
00:59:48 Donc ils n'ont rien.
00:59:50 Ils n'ont rien à bouffer depuis peut-être un mois.
00:59:54 Donc ça, c'est une situation qui est intenable à terme.
00:59:58 C'est aussi pour ça que je pense que quelque part,
01:00:00 Israël va avoir intérêt, contrairement à ce qu'il dit,
01:00:03 à avoir un vrai cessez-le-feu,
01:00:08 ne serait-ce que pour qu'on puisse réapprovisionner les gens
01:00:11 qui n'ont rien à manger, pour faire durer le conflit.
01:00:16 Ce qu'il ne veut pas, c'est qu'on passe d'un seul coup dans une phase politique.
01:00:20 C'est là la vraie différence.
01:00:22 Lui, il veut qu'on fasse une trêve et qu'après on refasse la guerre après.
01:00:29 Et les autres veulent que ça s'arrête.
01:00:31 – J'aimerais fermer cette parenthèse, François Martin,
01:00:34 parce que malheureusement il faudrait ouvrir une autre émission
01:00:37 pour le conflit israélo-palestinien.
01:00:39 – Mais bon, c'est vrai qu'il faut en apporter un peu.
01:00:41 Alors pour répondre à votre question sur Trump, là-dedans,
01:00:46 où en sera le conflit au moment où Trump arrivera au pouvoir ?
01:00:50 – S'il arrive au pouvoir.
01:00:52 – S'il arrive au pouvoir, je pense qu'il y a quand même toutes les chances.
01:00:56 Je pense que comme c'est quand même un type réaliste,
01:00:59 il a essayé de faire les accords d'Abraham sans tenir compte des Palestiniens
01:01:03 et la bombe palestinienne lui a explosé à la figure.
01:01:05 Mais maintenant qu'elle est là, il dira bon, maintenant ils donnaient leur place
01:01:09 et puis on ne parlera plus.
01:01:11 On ne reviendra pas en arrière, sauf si les Israéliens attrapent Yassin Noir
01:01:19 et qu'il libère les otages dans les deux semaines qui viennent.
01:01:22 Mais je n'y crois pas, si vous voulez.
01:01:24 Et sinon, qu'est-ce que vous voulez qu'ils fassent ?
01:01:26 Il faudra bien qu'ils prennent la situation telle qu'elle est,
01:01:29 d'autant que ses partenaires saoudiens et les autres ont dit maintenant,
01:01:32 pour nous c'est les deux États ou rien.
01:01:35 Donc ils ont pris position.
01:01:37 Et Ben Salmane a pris position il y a deux jours, de façon extrêmement ferme,
01:01:40 en disant c'est les deux États ou rien.
01:01:43 Alors qu'il était resté sur une très prudente réserve jusqu'ici.
01:01:48 Lui aussi, pour ne pas insulter l'avenir, ce qui prouve que c'est un bon dirigeant,
01:01:53 il ne s'est pas précipité en disant "la Palestine etc.", il est resté là.
01:01:56 Mais maintenant qu'il se positionne, il dit "c'est les deux États,
01:01:59 donc vous faites comme vous voulez mais il faut arriver là".
01:02:02 Donc je pense que Trump sera obligé de prendre en compte
01:02:07 la situation internationale telle qu'elle s'est exprimée.
01:02:12 La structure de sortie de crise, la crise n'est pas finie,
01:02:15 mais la structure de sortie de crise, elle est claire.
01:02:19 – Je vous remercie beaucoup François Martin d'avoir apporté vos lumières
01:02:22 pour décrypter cet entretien et décrypter un peu ce grand échiquier qu'est le monde.
01:02:27 Merci à tous de nous avoir suivis.
01:02:29 Je vous rappelle, si vous souhaitez faire l'acquisition du livre de François Martin
01:02:32 "L'Ukraine, un basculement du monde",
01:02:34 publié aux éditions Jean-Cyril Gaudefroy, c'est possible.
01:02:37 Vous pouvez aller sur la boutique de TVL sur TVL.fr.
01:02:41 En attendant, n'oubliez pas chers amis que je compte toujours sur vous
01:02:43 pour le succès de cette émission et pour une audience toujours plus importante.
01:02:47 Alors n'oubliez pas de partager ce contenu,
01:02:50 de laisser vos commentaires auxquels je réponds systématiquement.
01:02:53 N'oubliez pas de cliquer sur le pouce en l'air pour améliorer le référencement
01:02:57 et bien sûr de vous abonner si ce n'est pas déjà fait.
01:03:01 Chers amis, passez une bonne fin de semaine.
01:03:03 Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine
01:03:05 pour un nouveau numéro du "Samedi politique".
01:03:07 – Et merci beaucoup. – Merci à vous monsieur.
01:03:09 Merci. À la semaine prochaine.
01:03:11 [Générique de fin]