Mayotte : L'abolition du droit du sol, la solution pour régler les problèmes de l'île ?

  • il y a 7 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la suppression du droit du sol à Mayotte et des problèmes du 101e département français.
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00:00 Il est 18h02, nous sommes sur Europe 1 et sur CNews avec Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1.
00:05 Bonsoir. - Bonsoir Laurence.
00:06 - Rachel Khan, essayiste et juriste, bonsoir. - Bonsoir Laurence.
00:08 - Joseph Macé-Scaron, qui est essayiste et consultant, bonsoir mon cher Joseph. - Bonsoir Laurence.
00:12 - Kevin Bossuet, professeur d'histoire en Bonlieu-Paris, merci d'être là. - Bonsoir Laurence.
00:16 - Et François Pipponi, ancien député. - Bonsoir Laurence.
00:18 - On va commencer évidemment par Mayotte, par ce droit du sol, cette arme ultime, comme je le disais,
00:23 a été brandie ce week-end par Gérald Darmanin pour tenter de stopper cette pression migratoire venue des Comores. On rejoint sur place notre envoyée spéciale, Célia Barotte.
00:30 Célia, qui nous résume un tout petit peu ce qui s'est passé pendant le week-end.
00:34 Gérald Darmanin est venu et pourtant les barrages de circulation sont maintenus.
00:40 Les maorais sont donc mitigés suite aux annonces de Gérald Darmanin.
00:43 Les collectifs citoyens, les forces vives de Mayotte attendent que les annonces du ministre de l'Intérieur soient rédigées dans un document écrit,
00:51 que ces annonces soient officialisées.
00:53 Le ministre de l'Intérieur a annoncé plusieurs mesures comme l'évacuation du camp Cavani, la fin du droit du sol à Mayotte,
00:59 le durcissement des conditions du regroupement familial ou encore la limitation drastique des titres de séjour.
01:05 Gérald Darmanin a profité de sa venue à Mayotte pour lancer l'opération Wambushu 2.
01:10 15 membres du GIGN sont arrivés à Mayotte.
01:13 Des opérations d'interpellation vont être menées pour lutter contre la délinquance mais aussi pour lutter contre l'immigration irrégulière.
01:20 Marie Guevenoux, la nouvelle ministre déléguée chargée des Outre-mer, a promis de revenir dans un mois pour faire un point sur la situation.
01:27 Merci Célia Barraud pour ce point complet.
01:29 Le droit du sol, François Puponi, à chaque fois que ce mot est prononcé,
01:33 c'est vrai que ça a fait des réactions et des polémiques sans fin à gauche, on va écouter Manuel Bompard qui était ce matin notre invité,
01:39 mais à droite aussi parce que chacun demande la généralisation de l'abolition du droit du sol.
01:45 C'est un sujet tabou dont on n'ose pas parler depuis les années 80, on n'osait plus en parler.
01:49 Pourquoi depuis les années 80 ? Parce que depuis que la gauche est arrivée au pouvoir.
01:53 Jean-Marie Le Pen qui disait "il faut revenir au droit du sol, il faut empêcher, regardez ce qui va se passer dans notre pays"
01:57 et la gauche disait "non, non, pas du tout, il ne faut surtout pas toucher à ce principe sacro-saint qui est une des valeurs de notre République".
02:04 Là, Gérald Darmanin hier dit officiellement que le gouvernement est prêt à demander au Parlement de revenir, pour Mayotte pour l'instant, sur le problème du droit du sol.
02:12 C'est donc un débat qui est relancé et on voit bien la stratégie qui est celle du gouvernement derrière.
02:17 Sera-t-il capable de faire voter ce texte ? On verra bien, mais c'est effectivement...
02:21 Oui, il y a beaucoup de questions sur le vote de ce texte par le Parlement.
02:24 Un tabou qui tombe, mais ce n'est pas fait... Enfin, ça a été voulu penser pour que le débat s'anime dans notre pays.
02:30 Estelle Youssoufa vient de nous rejoindre, bonsoir, vous êtes députée de Mayotte, merci beaucoup d'être là.
02:34 Merci à vous.
02:35 Vous êtes venue régulièrement sur nos plateaux pour dénoncer la situation à Mayotte, qui est absolument inacceptable, je l'évoquais il y a quelques instants.
02:41 L'abolition du droit du sol, c'est la solution miracle pour régler tous les problèmes de Mayotte ou pas, madame Youssoufa ?
02:46 Il n'y a pas de solution miracle pour régler 20 ans d'incurie, ça c'est clair.
02:50 Par contre, mettre fin à la pompe aspirante en abolissant le droit du sol, c'est le seul moyen d'empêcher l'afflux quotidien de centaines de migrants qui débarquent sur nos plages.
03:02 Il y a combien de bébés qui naissent à la maternité, par exemple ?
03:05 On est à 12 000 naissances par an, plus de 900 dans les bidonvilles, et le seul objet, c'est 90% de ces naissances sont le fait de mères étrangères,
03:15 qui sont automatiquement protégées et inexpulsables parce qu'elles ont un enfant potentiellement français.
03:22 Donc c'est ça le sujet de l'abolition du droit du sol, ça veut dire fin de la délivrance automatique de visas pour elles, c'est 90% des visas qui sont délivrés à Mayotte.
03:31 C'est des mères qui ont fait des bébés papiers, et puis qui...
03:37 Des bébés papiers ?
03:39 Nous on les appelle comme ça parce que ces enfants, quand elles sont arrêtées, elles disent "ce ne sont pas les miens" pour qu'ils restent sur le territoire,
03:51 et ces mères réapparaissent quand ils ont 16, 17, 18 ans.
03:55 Donc ils sont abandonnés ?
03:56 Ils sont abandonnés, c'est pour ça qu'on est avec des dizaines de milliers d'enfants isolés, seuls à Mayotte.
04:00 C'est-à-dire que vraiment on a besoin de solutions radicales parce que la situation est gravissime.
04:06 J'entends tout à fait, vous avez raison M. Pifoni, c'est un énorme pari pour l'exécutif, mais en fait j'ai besoin de vous dire que ça sera les masques.
04:16 Les vrais faux amis de Mayotte, ceux qui sont en train d'utiliser Mayotte toute la journée pour se gargariser...
04:23 À droite comme à gauche.
04:24 Bah oui, d'un éventuel risque, ou qu'à gauche, quand ils sont aux abonnés absents, quand on n'a pas d'eau, quand on n'a pas droit à l'éducation, à la justice, etc.
04:33 Ou alors de faire peur à M. et Mme Michur, leur disant "ce qui se passe à Mayotte, ça se passe chez vous".
04:40 Mais non, ce qui se passe chez vous, c'est pas des jeunes avec des machettes, en fait.
04:43 Il faut quand même comprendre que chez vous, c'est pas des enfants qui vont sous protection de la gendarmerie à l'école.
04:48 J'ai vu des bus scolaires blindés, c'est ça ?
04:52 Les bus scolaires, les bus des soignants à Mayotte vont au travail sous protection de la gendarmerie.
04:58 La gendarmerie peut pas protéger tout le monde, donc chacun, tout le monde au centre de cette table risque sa peau quand on va faire ses courses, envoie ses gosses à l'école, va travailler.
05:06 C'est pas ça ici.
05:08 Moi, je suis surtout touchée par la compassion du reste du pays, la population qui est scandalisée par ce qui se passe à Mayotte.
05:17 Mais il va falloir que tous dans l'hémicycle, comme au Sénat, on prenne nos responsabilités.
05:23 Il va pas falloir utiliser les Européennes pour que Mayotte soit l'otage de toutes les positions politiciennes des Arizos, parce que je vois les Twitters de tout le monde là.
05:31 Je rappelle qu'à Mayotte, la plupart des élus locaux sont des élus LR.
05:36 Il va falloir qu'ils rappellent deux, trois trucs à Paris et que Mme Le Pen se souvienne des scores qu'elle fait à Mayotte,
05:42 parce que les électeurs maorais ont placé beaucoup de confiance en elle.
05:47 Et donc, à un moment, il va falloir que tout le monde assume de dire qu'on est des partis de gouvernement.
05:52 Mais en fait, soit vous êtes tout le temps dans toute opposition à toute solution,
05:56 soit quand il y a une solution constructive, d'où qu'elle vienne, on y travaille.
06:01 Moi, travailler avec l'exécutif, je rappelle que je fais partie de l'opposition, c'est quand même pas écrit sur mon fond que je vais travailler avec.
06:06 On va revenir sur le droit du sol dans un instant. Joseph, je vois que ça vous intéresse beaucoup.
06:11 Moi, ça me passionne parce que, oui, vraiment, en 1986, j'ai fait la connaissance d'un monsieur qui s'appelait,
06:21 je dis, M. Henri Jean-Baptiste, qui vous dit certainement...
06:24 Un grand monsieur, oui.
06:25 Un grand monsieur, un grand monsieur qui avait vraiment Mayotte au cœur.
06:29 Et quand je vous entends, j'ai l'impression de l'entendre.
06:32 Donc, oui, ça me dit quelque chose.
06:35 Et voyez, en 1986, ce type de problématique, nous sommes en 2023, s'il n'y a pas l'illustration...
06:41 2024, Joseph.
06:43 2024, oui, mais parfois avec eux, on ne sait plus.
06:45 Non, mais 2024, et franchement, on se dit, mais c'est juste pas possible.
06:50 Vraiment, rien n'a été fait.
06:52 Deux petits points.
06:53 Premier point, quand je lis dans le journal Le Monde, je vais vous donner la phrase exacte.
06:58 L'exécutif choisit de relancer le droit du sol.
07:02 Ben non, c'est pas l'exécutif qui choisit.
07:04 Le droit du sol ou le droit du sang ?
07:05 Non, la question du droit du sol.
07:07 Ah oui, la question du droit du sang.
07:08 Mais oui, il est écrit, l'exécutif choisit de relancer le droit du sol.
07:11 Mais c'est pas l'exécutif qui choisit, c'est le réel.
07:14 C'est ce que madame vient d'exprimer.
07:16 Et partout, vous allez évidemment, bien sûr, entendre ça.
07:19 C'est un des deux points.
07:20 Deuxièmement, on va nous sereiner partout, parce que comme les gens sont un peu paresseux,
07:23 on va nous sereiner partout que si on enlève le droit du sol,
07:26 ce sera un coût porté aux valeurs de la République.
07:29 Parce que je disais...
07:30 Juste petite chose, pour les gens qui nous écoutent,
07:32 le droit du sol a été... c'est un édit de Louis X le Hutin, le 3 juillet 1315.
07:39 Voilà, c'est le droit du sol, c'est la monarchie qui l'a institué en France.
07:43 Donc franchement, pour trouver valeur républicaine, il faut trouver autre chose.
07:46 Et le code civil en 1851 pour fournir les rangs de l'armée, comme je le disais.
07:49 Kevin Bossuet, professeur d'histoire géo.
07:51 En voulant...
07:52 Il a écrivé, mais c'était...
07:53 Histoire, pas géo, pardon.
07:55 En voulant apporter la misère du monde, on a en fait importé à Mayotte
07:59 la culture de la machette et la destruction de nos services publics.
08:03 Quand j'entends la gauche sans-frontieriste nous dire que
08:06 la remise en cause du droit du sol, c'est horrible,
08:09 mais regardez ce qui se passe à Mayotte.
08:11 En ne voulant pas mettre en place des frontières,
08:13 on recrée des petites frontières.
08:15 En voulant les gens chez eux recréer des frontières à travers
08:18 notamment des barbelés, à travers des barreaux aux fenêtres.
08:22 Il y a des établissements scolaires en effet qui ont rehaussé leurs murs,
08:25 qui se protègent comme ils peuvent.
08:27 Et surtout, la destruction des services publics,
08:29 parce qu'il y a une surpopulation scolaire à Mayotte
08:32 qui a des conséquences notamment sur le service public de l'éducation,
08:35 avec parfois des rotations dans les écoles,
08:38 où une partie des élèves va à l'école le matin,
08:40 une autre partie l'après-midi,
08:42 et un enseignement qui est compliqué.
08:44 Trois chiffres quand même moi qui m'ont marqué.
08:46 Quand vous prenez le niveau des élèves en fin de troisième,
08:49 70 % n'ont pas les capacités requises en fin de sixième,
08:56 et c'est plus de 90 % au niveau des mathématiques.
09:00 Donc c'est quand même incroyable.
09:01 Et 10 % des élèves qui sont bacheliers à Mayotte
09:05 ne peuvent pas suivre des études supérieures
09:08 parce qu'ils n'en ont pas de niveau.
09:10 Donc vous voyez bien qu'une immigration non contrôlée
09:12 aboutit à la destruction de notre service public.
09:15 Ce que vous ne dites pas, c'est que 80 % des élèves
09:18 sont étrangers dans nos classes.
09:20 Ce sont des élèves qui n'ont jamais mis les pieds dans une école,
09:23 qui découvrent ce qu'est un livre,
09:25 comment on se comporte en classe.
09:27 Et en fait, moi j'entends tout à fait,
09:29 et à Mayotte on n'a pas de leçons à recevoir en humanité,
09:32 au grand principe.
09:33 La moitié de la population est étrangère,
09:35 l'accueil on sait faire.
09:36 Ce qu'on dit c'est qu'on n'y arrive plus.
09:38 Parce que vous ne pouvez pas faire de politique publique
09:40 quand vous ne savez pas vous compter.
09:42 Quand vous ne contribuez pas au service public,
09:45 parce qu'en fait vous n'êtes pas imposés,
09:47 vous ne contribuez pas, c'est un pacte républicain,
09:49 c'est qu'on met tous au pot.
09:51 Mais en fait le système, il implose.
09:53 Donc effectivement, nous, ce qui nous désespère,
09:56 c'est d'en arriver à ce point de saturation
10:00 et d'entendre que dans l'hexagone, ça va être
10:03 un débat qui n'a rien à voir avec la réalité.
10:06 Moi je le dis, et vraiment avec gravité,
10:09 la situation à Mayotte est tellement grave
10:12 que soit ça passe, soit ça casse.
10:14 Soit ça passe ici, soit ça casse à Mayotte.
10:16 Et ce n'est pas une figure de style
10:18 "là on est dans un climat insurrectionnel".
10:20 Le ministre de l'Intérieur propose six mois
10:23 pour travailler sur le projet de Mayotte,
10:25 la réforme constitutionnelle, en prenant un risque énorme.
10:28 Le mouvement social va probablement,
10:33 je l'espère, lui donner ces six mois.
10:35 Mais c'est tout.
10:37 Mais on danse sur un volcan.
10:39 C'est tout. Après, les gens vont tirer leur conclusion.
10:41 Ils vous regardent, ils nous regardent.
10:43 Et ils vont dire "si les politiques ont capitulé,
10:45 ils nous tournent le dos, la France tourne en dos".
10:47 On va se débrouiller tout de suite.
10:48 Et donc on perd le département.
10:50 On s'en putera du territoire national.
10:52 Et qu'ils vous repassent la parole,
10:53 on entendra notamment Manuel Bompard dire,
10:55 demander à ce que tous ces mineurs étrangers
10:58 dont vous parlez, qui sont sur le sol de Mayotte,
11:01 soient exfiltrés sur la métropole.
11:05 Et puis on verra un sondage.
11:07 Est-ce que les Français sont d'accord
11:08 avec l'abolition du droit du sol,
11:09 et à Mayotte, et sur l'ensemble du territoire ?
11:11 Réponse dans un instant, dans Punchline, CNews Europe.

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