• il y a 9 mois
Les deux candidats les plus probables à la Maison Blanche sont sortis des rails la semaine dernière. Donald Trump parle même d'encourager les Russes à envahir les pays européens qui, selon lui, ne dépensent pas assez pour se défendre...Veut-il en finir avec l'OTAN ?
L'avis de Pierre-Yves Dugua, notre correspondant américain, sur le plateau de SMART BOURSE.

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Transcription
00:00 ...
00:10 - Nous enchaînons avec le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
00:13 un quart d'heure thématique qui, comme tous les lundis,
00:16 est un quart d'heure américain avec Pierre-Yves Dugas,
00:19 correspondant américain de Smart Bourse,
00:21 qui revient sur la campagne électorale qui se dessine aux Etats-Unis
00:25 avec un duel qui semble se former, un duel Joe Biden-Donald Trump.
00:29 ...
00:33 - Alors, on est probablement au début de ce qui va être
00:38 la plus longue campagne présidentielle de l'histoire de l'Amérique,
00:43 puisqu'on pense que maintenant,
00:45 Donald Trump aura l'investiture républicaine.
00:48 On ne voit pas très bien comment Nikki Haley
00:50 pourrait décrocher cette investiture.
00:53 Il y a toujours des possibilités pour que, bien sûr,
00:57 compte tenu des multiples problèmes judiciaires qui frappent
01:02 Donald Trump, qu'on ait un chambardement,
01:05 mais Donald Trump sera candidat et Joe Biden n'a pas d'adversaire.
01:11 Donc, vraisemblablement, c'est ce duel auquel nous allons assister,
01:17 un duel que les Américains ne souhaitent pas.
01:21 Et on avait, au cours des derniers jours,
01:24 ce que j'appellerais une espèce de sortie de rail
01:27 assez stupéfiante du point de vue médiatique
01:30 qui oblige une presse américaine qui est largement acquise à Joe Biden
01:35 à parler d'un sujet qui, jusqu'à présent,
01:38 n'était pas un sujet que la presse démocrate souhaitait mettre en avant,
01:43 à savoir celui du vieillissement inquiétant
01:46 et des difficultés d'expression,
01:48 des difficultés de rapport avec la réalité
01:51 que semble présenter et que présente, il faut le dire,
01:56 Joe Biden, qui est un monsieur de 81 ans,
01:59 qui, à l'occasion de la publication d'un rapport
02:03 qui écartait la possibilité qu'il soit poursuivi
02:07 pour l'utilisation de documents ultra-secrets qu'il avait gardés chez lui,
02:11 à l'occasion de ce rapport qui écarte ces poursuites,
02:15 a, disons-le, piqué une colère en direct au cours d'une conférence de presse,
02:21 conférence de presse dans laquelle il a insisté pour dire
02:24 "mais non, je n'ai aucun problème de mémoire,
02:27 la conclusion du procureur spécial selon laquelle
02:30 on ne doit pas mettre en cause ma bonne foi
02:36 parce que je suis un vieux monsieur qui ne sait plus très bien où il en est
02:40 et qu'aucun jury ne va me condamner,
02:42 ce qui est diffamatoire, qui ne correspond pas à la réalité.
02:46 Et ensuite, Joe Biden, en direct, est parti dans des considérations
02:54 qui ont montré que précisément sa mémoire lui faisait défaut
02:57 et on est un peu au-delà du simple lapsus
03:00 où l'on peut confondre Emmanuel Macron et François Mitterrand,
03:05 mais une fois de plus, Joe Biden a semblé être un monsieur fatigué,
03:09 ce qui va lui poser un problème dans cette longue campagne.
03:12 Et au même moment, ou quelques heures plus tard,
03:15 l'autre candidat vraisemblable, celui des Républicains,
03:19 Donald Trump, a tenu des propos stupéfiants en sortant de son script,
03:25 propos en gros qui disent
03:28 "si les Européens ne veulent pas davantage payer pour se défendre militairement,
03:33 je vais sortir de l'OTAN".
03:35 Alors là, c'est le choc dans les capitales européennes,
03:38 on sait que déjà depuis qu'il avait été élu pour diriger les États-Unis,
03:44 Donald Trump n'aimait pas l'OTAN,
03:46 qu'il considère que l'Amérique dépense trop d'argent pour défendre les Européens
03:50 et que les Européens en profitent pour être extrêmement agressifs
03:54 d'un point de vue commercial à l'égard des États-Unis.
03:56 Donald Trump est en train de donner un grand coup de pied dans la fourmilière
04:00 et cela fait monter au créneau les éléments du parti républicain
04:06 qui pourrait s'accorder de Donald Trump,
04:10 mais qui n'aime pas Donald Trump fondamentalement
04:13 parce que ce sont encore des républicains internationalistes
04:16 dans la tradition de Ronald Reagan,
04:19 le sénateur Rubio de Floride,
04:22 le sénateur Graham de Caroline du Sud,
04:24 le Wall Street Journal qui est dans un éditorial ce matin,
04:28 est extrêmement critique, encore plus que d'ordinaire,
04:31 des propos tenus par Donald Trump visant à dire
04:34 "écoutez, l'OTAN, on va s'en aller de l'OTAN
04:38 parce que les Européens ne veulent pas payer".
04:40 Alors la seule explication rationnelle que l'on pourrait trouver
04:44 à cette sortie spectaculaire de Donald Trump sur l'OTAN
04:49 serait de dire que c'est un moyen,
04:53 comme il l'a fait à l'égard de la Chine en matière commerciale,
04:56 de placer très très haut la barre,
04:58 de faire peur aux Européens dès maintenant
05:00 pour être en position de force en vue de négocier,
05:03 dans l'hypothèse où il était élu le 5 novembre,
05:06 une redistribution de la manière dont on finance
05:09 les dépenses militaires en Europe.
05:11 En conclusion de ce premier chapitre, Pierre-Yves Dugas,
05:15 on est face à un duel, vous nous l'avez dit,
05:18 dont les Américains ne veulent pas,
05:19 mais dont on a du mal à trouver un éventuel plan B aujourd'hui,
05:22 si je comprends bien.
05:24 Alors, je dirais, ces deux sorties de rail
05:27 reposent le problème qui est évident dans les sondages
05:32 du manque de popularité de ces deux candidats
05:35 qui ont besoin l'un de l'autre en plus,
05:38 c'est ça qui est extraordinaire.
05:39 Joe Biden ne sera pas élu si Donald Trump n'est pas en face de lui
05:43 et il est peu probable que Donald Trump puisse triompher
05:48 s'il avait en face de lui quelqu'un de plus jeune que Joe Biden.
05:54 On ne voit pas du tout côté démocrate
05:56 quel candidat pourrait remplacer Joe Biden.
06:00 En revanche, on ne doit pas écarter la possibilité
06:04 de l'arrivée d'un troisième candidat
06:07 qui soit ni républicain, ni démocrate,
06:10 et que l'on ait une triangulaire, nous en avons déjà parlé ici.
06:14 Joe Manchin, qui est un démocrate centriste,
06:18 plus que jamais est sur les starting blocks
06:21 et pourrait, mais il faut qu'il le fasse vite,
06:25 pourrait nous annoncer d'ici quelques semaines
06:28 qu'il a l'intention d'avoir les comités nécessaires
06:31 dans les 50 États américains pour se présenter comme troisième candidat.
06:35 Généralement, ces scénarios-là ne sont pas favorables
06:40 au troisième candidat, mais cette année,
06:42 tout peut basculer parce que les deux candidats "favoris"
06:47 selon les électeurs qui votent dans les primaires
06:50 sont en fait des candidats qui, pour l'opinion en général,
06:52 ne sont pas populaires.
06:54 Nouveau sujet avec vous, Pierre-Yves Duguay,
06:57 toujours aux États-Unis, de nouveaux cris d'alarme
07:00 sur l'endettement des États-Unis émergent,
07:03 et vous dites que ça ne semble pas inquiéter grand monde.
07:07 Non, c'est ça qui est stupéfiant,
07:09 très petit peu comme en France d'ailleurs.
07:11 Le sur-endettement, on aime en parler sur Bsmart,
07:15 dans quelques autres médias,
07:17 mais dans les campagnes électorales, on n'en parle pas beaucoup.
07:21 Le Congressional Budget Office, qui est le bureau du Congrès
07:26 qui est chargé de faire de l'analyse économique et budgétaire
07:29 sur les recettes et sur les dépenses,
07:32 qui n'est pas un organisme partisan,
07:34 qui n'a pas à obéir ni au Speaker de la Chambre,
07:38 ni à la Maison-Blanche, bien entendu,
07:40 fait, comme le veut la loi, publie régulièrement
07:43 des estimations de l'endettement à court terme
07:45 et des problèmes budgétaires que les États-Unis vont devoir résoudre.
07:50 Au même moment où, une fois de plus,
07:52 le CBO tire la sonnette d'alarme en disant
07:55 « le niveau d'endettement et le déficit budgétaire américain
07:59 continuent de se creuser, ça n'est pas soutenable,
08:01 on ne peut pas continuer comme ça pendant des années »,
08:04 d'autres voix se sont élevées pour le faire.
08:07 Jerome Powell, auquel la chaîne CBS avait dimanche dernier
08:11 posé la question, l'a redit, il l'avait dit de manière explicite
08:15 devant l'Economic Club de New York au mois d'octobre.
08:19 M. Tudor Jones, un des géants de l'industrie des hedge funds,
08:25 l'a dit également exactement dans les mêmes termes,
08:28 « il va falloir qu'on fasse quelque chose ».
08:31 Quelques chiffres pour vous donner quand même une idée
08:33 de l'aggravation de la situation.
08:36 Le poids du paiement des intérêts pour l'oncle Sam,
08:43 c'est plus de 2 milliards de dollars par jour.
08:47 D'ores et déjà, la charge de la dette dépasse
08:51 le poids des dépenses militaires,
08:53 on est pratiquement à 900 milliards de dollars.
08:58 Il est stupéfiant que, dans ce contexte-là,
09:01 on ne parle pas de cette question dans cette campagne électorale.
09:05 La réponse que donnent les Républicains
09:07 est toujours la même depuis 25 ans,
09:09 c'est de dire « oui, il y a un déficit budgétaire,
09:12 ça n'est pas bien, mais c'est parce que
09:15 l'État fédéral dépense trop ».
09:18 Les démocrates disent « c'est parce qu'on ne taxe pas assez les riches ».
09:21 En fait, ces deux explications pouvaient suffire
09:25 à résoudre le problème il y a 25 ans,
09:27 mais ça n'est plus possible aujourd'hui.
09:29 Il va falloir non seulement réduire les dépenses,
09:32 mais aussi augmenter les recettes.
09:35 Et la division partisane à Washington
09:39 est telle que ni les électeurs Républicains
09:43 ni les électeurs démocrates ne sont prêts à entendre ce discours.
09:47 Si je comprends bien, ce n'est pas cette année
09:49 que l'on verra le sujet de l'endettement des États-Unis
09:52 dans la campagne électorale, Pierre-Yves Dugas ?
09:55 On l'entendra sous l'angle partisan,
09:58 les démocrates disant « la seule solution,
10:00 c'est de faire payer les milliardaires »,
10:02 et les Républicains disant « la seule solution,
10:05 c'est de réduire le nombre de fonctionnaires ».
10:08 Si le déficit budgétaire se creuse,
10:10 si l'endettement américain augmente à un rythme
10:13 qui échappe à tout contrôle,
10:15 c'est malheureusement parce que
10:18 pratiquement 75% des dépenses fédérales
10:22 échappent au contrôle du Congrès
10:24 et elles interviennent dans la catégorie
10:27 des dépenses dites automatiques,
10:29 c'est-à-dire les budgets sociaux, la retraite, la santé,
10:32 social security, Medicare, Medicaid,
10:35 et le poids des intérêts.
10:37 Si l'on supprime Washington,
10:39 on ne résout pas le problème du déficit budgétaire américain
10:42 et c'est pourtant le discours que tiennent les Républicains
10:45 et le discours des démocrates qui consiste à dire
10:48 « on va augmenter les impôts des riches,
10:50 comme par hasard, à chaque fois qu'on augmente
10:52 les impôts des riches, on augmente mes impôts. »
10:54 Moi, je ne me savais pas riche.
10:56 Voilà, c'était le quart d'heure américain dans Smartbourse,
11:03 un quart d'heure avec Pierre-Yves Dugas,
11:05 correspondant américain de Smartbourse.
11:07 Merci à tous de nous avoir suivis
11:09 et on se retrouve demain à la même heure sur Bsmart.
11:12 [Musique]

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