• il y a 10 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui il revient sur l'appel à la grève des contrôleurs SNCF prévue du 16 au 18 février.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:01 - Europain, 11h-13h, Pascal Praud et vous.
00:06 [Musique]
00:08 - Voix 1, le TGV numéro 3635.
00:16 - Encore une grève à la SNCF pendant les vacances, mais galère en perspective.
00:20 La CGT et Sudrail ont maintenu leur appel à la grève des contrôleurs ce week-end,
00:23 malgré une dernière réunion avec la direction.
00:25 Mais les contrôleurs, ils ne conduisent pas les trains,
00:27 donc que les contrôleurs ne soient pas là, à la limite c'est peut-être mieux,
00:31 puisque les gens entreront dans le train sans payer, certains en tout cas.
00:37 Grève en plein milieu des vacances scolaires avec deux zones,
00:40 les contrôleurs font grève pour une hausse des salaires,
00:42 ils ont choisi comme toujours leur moment.
00:44 Bonjour M. Martin, vous êtes contrôleur à Paris, vous avez 23 ans.
00:47 - Bonjour Pascal Praud, bonjour à tous, où sommes-nous ?
00:49 - Est-ce que vous faites partie de ceux qui seront en grève ?
00:52 - Eh oui, pour la première fois de ma carrière, je fais partie de ceux qui seront en grève.
00:56 - Vous avez 23 ans en même temps, ça veut dire que vous commencez tôt.
00:59 - Oui, j'ai une année d'ancienneté à la SNCF.
01:04 - Mais pourquoi vous êtes en grève ?
01:06 - Alors, il y avait eu un mouvement de grève qui avait été initié
01:09 pendant les vacances de Noël-Décembre 2022, je pense que tout le monde s'en souvient.
01:13 La direction, à la suite de ça, avait fait de nombreuses promesses, de nombreuses avancées.
01:18 Aujourd'hui, plus d'un an et deux mois exactement après, elle ne le contenait pas,
01:22 il y a eu des avancées qui ont été faites, comme promis par l'entreprise.
01:26 Le reste n'y est pas.
01:27 Nous, ce qu'on demande aujourd'hui, c'est des véritables avancées.
01:32 La SNCF, aujourd'hui, vient de promettre 400 euros pour tout le monde.
01:36 C'est un mouvement qui est propre aux ASCT, donc les contrôleurs,
01:39 ce qu'on appelle les ASCT, les agents du service du commercial train.
01:42 Aujourd'hui, la boîte, elle inonde 400 euros de tous les salariés.
01:45 Pourquoi ? Alors que c'est un mouvement qui est local.
01:47 Pour essayer de remettre tout le monde au travail,
01:49 on s'est classé les vacances scolaires de la zone C.
01:51 En plus, la semaine prochaine, à la fin de semaine, il y a une nouvelle zone qui avance.
01:56 Donc l'entreprise, elle le dit bien,
01:58 on sait que notre directeur était ce matin sur le Rantel de vos collègues VRTL,
02:02 qui disait qu'un contrôleur, c'est permettre à 500 à 600 voyageurs de partir.
02:06 Eh bien, c'est bien là le problème.
02:08 On est indispensable à la marche du train.
02:12 On sait que sur un TGV, un train ne peut pas partir sans contrôleur.
02:14 Sur certains types de TVR, aujourd'hui, le contrôleur ne peut pas partir.
02:18 - J'entends bien tout ça, mais effectivement, je disais au second degré
02:21 que ce n'est pas les contrôleurs qui conduisent les trains,
02:23 mais qu'effectivement, on a besoin de contrôleurs, j'imagine, pour que le train parte.
02:26 Mais aujourd'hui, par exemple, pour qu'on comprenne votre situation,
02:29 vous gagnez combien annuellement ?
02:33 On va prendre le salaire annuel, Martin.
02:35 - Alors, c'est très particulier chez nous,
02:38 parce que c'est un système de traitement de base et d'éléments d'ingast.
02:41 - Combien vous avez déclaré, si vous voulez, en 2023 ?
02:45 - 38 000 euros. - 38 000 euros ?
02:48 - Oui, 38 000 euros, et seulement 24 000 euros de cotisation pour la retraite.
02:54 - Oui, mais écoutez, je veux bien que vous me parliez de la retraite,
02:56 vous avez 23 ans.
02:58 Oui, j'entends bien, mais des retraites, pareil, personne n'en aura.
03:01 Donc, de toute façon, vous gagnez donc 38 000 euros à 23 ans ?
03:05 Je ne pensais même pas qu'on gagnait aussi bien à la SNCF.
03:08 - C'est un système de prime, M. Pascal Proulx.
03:11 - Je trouve ça très bien, surtout.
03:13 Je trouve ça très bien, parce que c'est un bon salaire et je suis content pour vous.
03:16 - Quelle est votre formation, Martin ?
03:18 - J'ai un bac +2.
03:20 - Bac +2, dites donc.
03:22 Alors, vous êtes effectivement courageux, parce que j'imagine les horaires changent,
03:26 ce n'est pas forcément facile, mais en même temps...
03:28 - Voilà, c'est ça qui paye.
03:30 - Non, mais ça, ça paye le job, Martin.
03:32 - Si on prend mon traitement de base, il est à 1900 euros.
03:36 - Oui, mais c'est vrai pour un commercial.
03:40 Il y a plein de commerciaux qui sont en train de nous écouter,
03:42 et puis il y a le traitement de base, et puis après tu marches à la com.
03:45 Ce n'est pas gênant, d'ailleurs, de ça.
03:47 Parce que si on vous donnait les 38 000 euros,
03:49 vous ne feriez sans doute pas ce qu'on vous propose de faire avec des primes.
03:51 Donc vous le savez bien.
03:53 - Mais, c'est pas aujourd'hui l'objet de nos revendications principales.
03:57 - Mais vous demandez quoi, alors ?
03:59 - Plusieurs points.
04:01 Déjà, on demande des embauches supplémentaires.
04:05 Aujourd'hui, il y a beaucoup de trains qui partent avec un seul contrôleur.
04:07 On sait qu'aujourd'hui, il y a des problèmes de sûreté dans nos trains.
04:11 Il y a une délinquance supplémentaire.
04:13 - Ça s'entend, c'est un argument.
04:15 - Il y a un manque de civisme de nos voyageurs.
04:17 - Mais pourquoi vous faites la grève pendant les...
04:19 C'est ça qui ne s'entend pas.
04:21 C'est-à-dire que vous prenez...
04:23 Alors, je n'aime pas le mot "en otage", bien sûr,
04:25 parce qu'il faut le prendre avec précaution,
04:27 mais il y a des enfants qui rejoignent leurs parents parce qu'ils sont divorcés.
04:29 - D'accord, mais si on faisait la grève actuellement
04:31 pendant une période scolaire,
04:33 en plein milieu de la semaine, ça ne gênerait personne.
04:35 Et donc il n'y aurait pas de retraitement.
04:37 - Sauf avec le prix des bières, en plus.
04:39 - Ceux qui vous êtes des privilégiés,
04:41 parce que vous pouvez faire grève alors qu'il y a plein de gens...
04:43 - Aujourd'hui, on est des salariés du privé,
04:45 le statut de seminaux n'existe plus pour les nouveaux embauchés.
04:47 Aujourd'hui, on est des contractuels.
04:49 - Martin, vous êtes des privilégiés par rapport à d'autres.
04:51 - C'est la moindre des choses.
04:53 - Je réponds que vous êtes un privilégié parce que vous pouvez faire grève
04:55 alors que d'autres ne peuvent pas faire grève.
04:57 Ça s'appelle un privilège.
04:59 - Tout le monde peut faire grève en France,
05:01 c'est inscrit dans le droit constitutionnel.
05:03 - Les gens, ça ne gênera pas s'ils font grève.
05:05 Vous, ça gêne.
05:07 - C'est un mouvement qui est propre aux contrôleurs.
05:09 On veut aussi une meilleure reconnaissance de notre pénibilité dans les boulots.
05:13 OK, on a signé pour un métier qu'on sait qui sera en horaire décalé,
05:17 qui sera travailler des nuits, des extrêmes,
05:19 des extrêmes soirées, des jours fériés.
05:21 Mais ça, ça se paye.
05:23 Et c'est surtout que...
05:25 - 38 000 euros à 23 ans, je vous assure, vous n'êtes pas malheureux.
05:29 Pardonnez-moi de le dire comme ça, mais vous n'êtes pas malheureux.
05:33 - Je suis même étonné moi-même que...
05:37 - On fait partie de l'entreprise qui est l'une des plus rentables entreprises servilières d'Europe.
05:41 - Mais nous sommes d'accord, c'est très bien.
05:43 - Elle a d'années à voisiner les 2,5 à 3 milliards d'euros de bénéfices,
05:45 et que derrière, le compte n'y est pas.
05:47 Nous, on demande globalement 150 à 200 euros d'augmentation brute par mois,
05:52 sur le traitement de base, et qu'on arrête avec ce système de primes.
05:55 Là, on nous donne 400 euros par-ci, 400 euros par-là.
05:58 - Mais le primes, vous le savez bien, le problème des primes,
06:01 c'est qu'elles sont liées sans doute à la pénibilité.
06:04 Et s'il n'y a plus de primes, les gens ne voudront plus faire les choses qui sont un peu pénibles,
06:08 comme le décalage, comme le travail de nuit, vous le savez comme moi.
06:11 - Mais aujourd'hui, Monsieur Proulx, il y a un édition exceptionnelle à la SNCF,
06:14 pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, les primes ne sont pas reconnues.
06:18 - On marque une pause, Martin.
06:20 On marque une pause, il est formidable, Martin.
06:22 Mais vous saviez qu'on pouvait gagner aussi bien sa vie à 23 ans ?
06:25 - C'est 3 100 euros par mois à peu près.
06:28 - Il y a des journalistes qui ne gagnent pas ça.
06:31 - Qui gagnent la moitié.
06:33 - Bien sûr, il y a des journalistes.
06:35 J'ai donc dit bonjour à notre ami Fabrice.
06:38 - C'est ça, bonjour tout le monde.
06:40 - Vous allez enlever votre casquette.
06:41 - J'enlève ma casquette, mais je garde les sifflets aujourd'hui.
06:43 On sera à l'heure.
06:44 - Ah oui, pas terrible votre sifflet.
06:46 C'est un sifflet que vous avez volé dans une brocante.
06:49 J'imagine, c'est un vieux sifflet.
06:53 Et comment il va le boubouc ?
06:55 - Ah oui d'accord, il n'y a même plus de "Bonjour Olivier", c'est le boubouc.
06:59 - Comment il va le boubouc ?
07:00 - Ça va, tout va bien.
07:01 Il y a une belle surprise qui arrive.
07:03 - Il a mis son petit soupule des frères Jérémie.
07:06 - Bien sûr, couleur peau.
07:08 - Ouais, couleur peau.
07:10 C'est une couleur sans couleur que vous avez mis aujourd'hui.
07:15 - Vous connaissez Jesse Garonne, Pascal ?
07:17 C'est lundi, vous connaissez ça ?
07:19 - Oui.
07:20 - Bon, il y a une surprise tout à l'heure.
07:22 - Alors si Jesse Garonne vient dans ce studio.
07:24 - Je ne veux pas non plus trop en dire, mais on l'a convaincu.
07:26 Voilà, vous allez voir.
07:28 - C'est une belle surprise.
07:34 - Nos auditeurs ne vont pas être déçus, croyez-moi.
07:38 - Et vous préparez la Saint-Valentin pour demain ?
07:40 - Ah oui, je suis dessus là.
07:42 Je cherche quelqu'un pour la faire avec moi.
07:43 - Vous êtes dessus.
07:44 C'est agréable, c'est chic.
07:46 - C'est l'innocent, mais oui.
07:47 - Bon, allez, la pause.
07:49 - Vous écoutez Pascal Frodo, 11h à 13h sur Europe 1
07:51 et vous réagissez en composant ce numéro non surtaxé.
07:53 A tout de suite.
07:54 - Pas de voyage, nous sommes avec Axel Persson
08:09 et en parallèle du contrôleur Martin, avec lequel nous étions.
08:14 Il y a également le conducteur de train et secrétaire général
08:17 CGT Cheminot de Trappes et Rambouillet
08:19 qui appellent à élargir le mouvement.
08:21 Bonjour M. Persson.
08:23 - Bonjour.
08:24 - Et merci d'être avec nous.
08:26 Vous souhaitez également faire grève ce week-end
08:28 pour des raisons salariales ?
08:30 - Alors, moi je suis conducteur de train
08:32 et je ne serai pas en grève ce week-end.
08:35 Mais bien évidemment, je soutiens sans aucune réserve
08:37 le mouvement qui a été entamé par nos collègues contrôleurs
08:41 qui ont des revendications spécifiques,
08:43 mais qui s'inscrivent dans un cadre bien plus large
08:45 dans lequel on se reconnaît tous, pas que les cheminots d'ailleurs.
08:47 Nos revendications salariales et sur les conditions de travail
08:50 et sur les conditions de départ en retraite,
08:52 c'est quelque chose que l'ensemble des salariés du pays subissent
08:54 et à ce titre-là, évidemment, ils méritent tous nos soutiens
08:57 et je l'espère qu'on les rejoindra en temps voulu.
09:00 - Alors, je vous propose d'écouter Jean-Pierre Farandou,
09:02 il est le patron de la SNCF et il était ce matin sur Radio-Télé Luxembourg.
09:06 - Les priorités que j'ai données à SNCF Voyageurs
09:08 qui va organiser tout ça, c'est d'aller partout.
09:11 Il y aura une conductivité de service sur toutes les villes françaises
09:13 qui seront desservies parce qu'on sait que c'est la période des vacances.
09:16 C'est pour ça que je regrette pour les français, franchement, je suis chagriné.
09:19 Je regrette vraiment que la SNCF puisse pas être complètement au rendez-vous.
09:22 On va raisonner en termes de priorité.
09:24 D'ailleurs, je me bâche qu'au dernier moment.
09:25 Si aujourd'hui j'arrive à convaincre un contrôleur de ne pas faire grève,
09:28 c'est 500 français de plus qui peuvent partir en vacances.
09:31 - Ce qui m'ennuie un peu, M. Person, c'est qu'on parlait avec Martin
09:34 et on lui demandait sa situation financière.
09:35 Il a 23 ans, il gagne 38 000 euros.
09:37 Il a déclaré l'année dernière 38 000 euros comme contrôleur.
09:40 Ça fait 3 100 euros brut par personne à 23 ans.
09:43 Je suis sûr qu'il y a beaucoup de gens qui aimeraient gagner ça.
09:45 Je ne sais pas vous, le conducteur de train que vous êtes.
09:47 Vous êtes conducteur TGV ou conducteur d'autres trains ?
09:51 - Non, je suis conducteur sur la ligne NEU du Transilien
09:54 et aussi bientôt sur les TER, les trains corail qui vont vers le Nord.
09:57 - Et vous avez quel âge, M. Person ?
09:59 - Oui.
10:00 - Vous avez quel âge ?
10:01 - Moi, j'ai 34 ans.
10:02 - 34 ans.
10:03 Et c'est indiscret de vous demander ce que vous avez déclaré en 2023, annuellement ?
10:07 - Non, ce n'est pas du tout indiscret.
10:09 Moi, je suis à peu près à 2 400 euros par mois.
10:12 Je dis bien à peu près parce que ça varie d'un mois à l'autre.
10:15 - 2 400 euros bruts ou nets ?
10:17 - Nets avec les primes comprises.
10:19 Ça varie évidemment en fonction des déplacements, des heures de nuit, des débouchés.
10:23 - Donc vous, vous gagnez moins comme conducteur de train qu'un contrôleur à la SNCF ?
10:27 - Ça dépend parce que j'imagine que le collègue qui a annoncé ce salaire
10:31 doit faire plus de déplacements.
10:32 J'imagine qu'il est peut-être au TGV.
10:34 Je ne sais pas d'ailleurs.
10:35 Ça dépend parce que les salaires sont très individualisés
10:38 en fonction de notamment l'exposition aux heures de nuit,
10:40 les déplacements, de longue durée, la durée des déplacements.
10:42 Puisqu'une bonne partie de cette rémunération qu'il a déclarée
10:45 sont en fait des indemnités qui servent à notamment rembourser
10:48 les frais engagés pendant les déplacements.
10:49 Un peu à la manière des bruts.
10:50 - Non, non, ça je ne pense pas.
10:51 Ce n'est pas des indemnités.
10:52 Tu ne déclares pas sur ta feuille d'impôt des indemnités de déplacement.
10:56 - Ah, justement, ça dépend.
10:58 Ça dépend desquelles ?
10:59 Il y a une partie qui est déclarée, une autre partie qui est exonérée.
11:02 Et donc ça dépend en fait.
11:04 Une partie l'est, une autre partie ne l'est pas.
11:06 - Donc tu déclares tes revenus sur ta feuille d'impôt,
11:11 mais tu ne déclares pas tes frais que tu reçois pour avancer,
11:14 que sais-je, un sandwich ?
11:16 - Non, parce que ça ne fonctionne pas de cette façon-là.
11:18 C'est-à-dire que nous, il n'y a pas de manière,
11:20 pour du moins ces métiers-là,
11:21 ce n'est pas une feuille de déplacement qu'on remplit
11:23 et ensuite on se fait rembourser les frais.
11:25 C'est un forfait qui dépend de la durée du déplacement.
11:27 Donc ça dépend de la durée du moment où on part de la résidence
11:30 et le moment où on revient le lendemain.
11:32 Et ensuite il y a un forfait qui est calculé.
11:33 Et une partie de ces allocations sont imposables
11:35 et une autre partie ne l'est pas.
11:37 D'ailleurs ça a d'ailleurs fait l'objet de conflits
11:39 il y a une vingtaine d'années déjà.
11:41 Puisqu'en effet, il y a 20-30 ans,
11:43 aucune de ces allocations n'était imposable.
11:46 Donc ça a d'ailleurs fait l'objet d'un conflit
11:48 il y a presque 30 ans.
11:49 J'étais à peine né à l'époque d'ailleurs.
11:51 - Monsieur Axel Persson, conducteur en train
11:56 et secrétaire général CGT Chemineau.
11:58 Je vais vous faire écouter,
12:00 je vais vous faire dialoguer plus exactement avec Annick.
12:02 Je vous préviens, parce qu'Annick nous appelle régulièrement
12:04 et elle est généralement assez remontée
12:06 contre ceux qui prennent les voyageurs,
12:09 même si l'expression n'est pas belle,
12:12 en otage durant les vacances.
12:15 Alors je vais passer la parole à Annick.
12:17 Bonjour Annick !
12:18 - Bonjour Pascal !
12:19 - Et vous avez écouté Martin,
12:21 vous avez écouté Monsieur Persson
12:23 et je crois que vous n'êtes pas très contente
12:25 de ce que vous avez entendu.
12:26 - Mais je suis offusquée monsieur de ce que j'entends.
12:28 Mais offusquée !
12:29 Mais dans quel monde vivent-ils ces gens-là ?
12:31 Dans quel monde vivent-ils ?
12:33 Enfin franchement, 38 000 euros à 23 ans
12:35 pour un bac +2 ?
12:37 Non mais écoutez, on privatise la SNCF et puis c'est tout !
12:40 C'est la seule chose à faire.
12:41 Quelle est la dette de la SNCF ?
12:43 Combien est-ce que l'Etat remet au pot tous les ans ?
12:45 Combien ?
12:47 Non mais en fait dans quel monde est-ce qu'on vit ?
12:49 Avec 3 000 milliards de dettes qu'on a ?
12:51 - Alors qui répond ? Martin ou Monsieur Persson ?
12:54 - Moi je m'en fiche, je m'en fiche, l'un l'autre il est même.
12:56 Ce sont les mêmes.
12:58 - Allez, Monsieur Persson vous répond Annick.
13:00 - Oui s'il veut, s'il veut ce sont les mêmes.
13:02 - Je réponds.
13:03 C'est-à-dire que à la question de la dette de la SNCF,
13:06 disons que l'année dernière la SNCF a déclaré 2,3 milliards de profits,
13:10 je dis bien de profits,
13:11 et dans une bonne partie en effet reversés en dividendes
13:13 auprès de l'Etat qui est l'actionnaire unique pour l'instant.
13:16 Quant à la privatisation qu'elle appelle de ses voeux,
13:18 en fait elle est déjà en cours.
13:19 Aujourd'hui justement la SNCF, qu'elle appelle encore un peu par abus de langage,
13:22 n'existe plus puisque maintenant le chemin de fer est composé
13:24 de différentes sociétés anonymes,
13:26 donc justement de droits privés comme n'importe quelle autre entreprise,
13:28 et fonctionne comme n'importe quelle autre entreprise privée.
13:30 Mais quand elle demande quel monde en vie,
13:32 moi je vous réponds dans lequel monde en vie,
13:33 c'est-à-dire le même que n'importe quel salarié,
13:35 c'est-à-dire que si vous voulez vous faire respecter,
13:37 si vous voulez imposer des augmentations de salaires,
13:39 si vous voulez vous faire respecter,
13:40 ben vous faites grève et vous mobilisez.
13:42 Il y a tous ceux qui aujourd'hui refusent d'accepter cette situation,
13:46 ben vous vous battez.
13:47 Mais ceux qui l'acceptent, ben en fait vous continuez pas à vous mouiller.
13:50 - Non mais vous rigolez ou quoi là ?
13:52 Vous rigolez là ?
13:54 - Non je ne rigole pas,
13:55 par contre je ne m'excuserai certainement pas d'être en grève.
13:57 - Tout le monde n'a pas les moyens de faire grève.
13:59 - D'ailleurs mes enfants aussi qui vont partir en vacances
14:02 ne pourront pas prendre le train ce week-end.
14:04 - Oui c'est ça, vous allez pas me faire pleurer non ?
14:06 Vous allez quand même pas me faire pleurer non ?
14:08 Heureusement que je ne prends jamais le train,
14:10 mais heureusement, j'ai mieux prendre l'avion, ça coûte moins cher.
14:12 Ça coûte vraiment moins cher.
14:13 C'est vrai qu'on a des compagnies privées, ça c'est sûr.
14:16 - C'est bien connu, les pilotes et les contrôleurs arrière ne font jamais grève.
14:18 C'est bien connu.
14:19 - Ben à tous les cas, j'ai pas de problème quand je prends l'avion monsieur.
14:22 Il y a assez de sociétés privées.
14:23 - Mais donc en fait on a une actrice qui me dit qu'elle ne prend jamais le train
14:26 et qui se merde contre les grèves sur un mauvais transport qu'elle n'utilise pas.
14:28 - Ben évidemment, parce que je pense aux autres.
14:30 - Je pense aux autres, je pense aux gens qui vont partir en vacances dans une semaine.
14:34 - Je pense à tous ces gens-là.
14:35 - Je vais continuer à l'engager.
14:36 - Je pense à tous ces gens-là qui vont normalement aller faire du ski cette semaine.
14:39 Je pense à eux, mais pas à moi parce que je prendrai pas le train, certainement pas.
14:43 - Bon, ben écoutez...
14:44 - Ben tant mieux, ça veut dire que vous ne serez pas perturbés par la grève.
14:46 - Non mais je pense aux autres monsieur.
14:48 - Et d'ailleurs je tiendrai aussi à préciser que
14:50 pour les salariés aujourd'hui qui gueulent quand il y a des grèves,
14:54 je tiendrai quand même à leur rappeler que les congés payants ont été généralisés suite à des grèves.
14:58 Notamment les grèves de 1936, les grèves de 1968.
15:00 - Non mais là c'est bon, ça fait un siècle monsieur.
15:02 - Vous allez pas nous embêter comme ça pendant votre état.
15:04 - Aujourd'hui je pense que c'est des gens hypocrites.
15:07 - Vous savez quelle est la dette de la France ? Vous le savez ?
15:11 Vous le savez ? Quelle est la dette de la France ?
15:13 - Ah ben vous allez me le dire la dette de la France et vous allez m'expliquer en quoi nous les salariés nous sommes responsables.
15:17 - Plus de 3 000 milliards monsieur.
15:18 - Et à quel prix on va rembourser ces 3 000 milliards ?
15:21 - A quel prix ?
15:22 - Alors arrêtez, arrêtez !
15:24 - 38 000 euros annuels ? Non mais franchement à 23 ans ?
15:27 - Non mais c'est pas possible !
15:28 - N'importe quel salarié en France s'offuse de ce que vous nous racontez.
15:33 - Vous devriez avoir honte de parler de ça, honte !
15:35 - Et honte de faire la grève.
15:37 - Bon, ben écoutez, tout est dit si j'ose dire, chacun a pu s'exprimer.
15:41 Ce qui est vrai, monsieur Persson, c'est que convenez que le salarié que vous êtes a avec la grève un rapport de force que n'a pas par exemple un salarié d'une boulangerie.
15:55 C'est ainsi, mais on le sait, donc vous en profitez, bon, vous êtes dans votre rôle, si j'ose dire, vous en profitez, ça s'appelle un privilège.
16:06 Bon, et vous allez au bout de votre privilège.
16:08 - Si vous le dites en fait, parce que le privilège d'un point de vue historique renvoie à des pouvoirs mébéciaux qui sont devenus par la noblesse et le clergé.
16:15 - Et vous le savez bien, non ?
16:17 - Justement d'une classe qui ne détient pas le pouvoir.
16:19 En revanche, ce que je peux dire, c'est qu'aujourd'hui il y a des grèves qui ont lieu dans tout un intérêt d'entreprise, y compris dans des entreprises où les salariés sont très mal payés.
16:27 Et aujourd'hui la seule façon d'imposer de l'augmentation de salaire, qu'on soit au chemin de fer wire, c'est de se mobiliser et de l'imposer la satisfaction.
16:33 - En tout cas, c'est un privilège, même si ce n'est pas un privilège au sens de l'ancien régime, bien évidemment.
16:41 Je vous remercie à M. Persson de ce petit cours d'histoire que vous m'avez administré.
16:45 Mais c'est un privilège puisque les autres n'auront pas cette possibilité. C'est tout.
16:49 - Alors, le droit de grève est constitutionnel. Tous les salariés ont le droit de grève.
16:55 Donc, ce n'est pas par définition un privilège.
16:57 - Mais M. Persson, je vous répète...
17:00 - Le droit de grève étant constitutionnel, il ne peut de facto ne pas être considéré comme un privilège.
17:06 - M. Persson, demander à une boulangerie où il y a 4 personnes, demander à un employé de faire grève, vous verrez si c'est le même employé qu'à la SNCF.
17:17 Vous verrez. Vous n'êtes pas sérieux de dire ça.
17:19 - Vous me dites "vous verrez".
17:20 - Vous n'êtes pas sérieux de dire ça.
17:22 - Mais moi, je le crois.
17:23 - Y compris les PME, vous en avez assez des grèves qui ont accamoulié un de mon salaire.
17:27 Je ne vois pas le procès qui est fait.
17:29 - Je vous assure, tous les auditeurs le comprennent. Ils ont très bien compris l'affaire de ce que je disais.
17:35 Et puis chacun, je vous dis, utilise les rapports de force qu'il a. C'est l'avis de l'entreprise.
17:41 Mais le rapport de force des contrôleurs avec la SNCF n'est pas le même que le rapport de force de ce boulanger avec son patron boulanger.
17:48 Il est 11h27. Qu'est-ce que nous faisons ?
17:50 On a terminé avec ce sujet ? Nous avons terminé avec ce sujet.
17:53 Je remercie M. Persson. Je remercie beaucoup Martin, contrôleur à Paris.
17:58 Et vraiment, je le félicite de cette belle entrée dans la carrière professionnelle.
18:02 Parce que 38 000 euros à 23 ans comme contrôleur, c'est beau.
18:06 Et je remercie Annick qui ne prendra pas le train. Vous ne prendrez pas le chemin de fer, Annick.
18:11 - Qui est très remontée. Qui est très remontée.
18:14 - Comme ça, vous partirez en voiture à Nice avec votre mari sans sortir de la voiture.
18:18 - Oui, oui, oui.
18:20 - En faisant un direct. Parce qu'Annick fait un Paris-Nice direct.
18:27 C'est votre mari qui conduit. Il n'a même pas le droit de descendre pour se promener 2 secondes.
18:31 - Et elle grille parfois les feux rouges.
18:33 - Oui, alors sur l'autoroute, il y en a moins. Je sais que vous n'y allez pas, M. Boubouk, sur les autoroutes.
18:39 - Ah non.
18:40 - Mais bon, a priori, il n'y a pas de feux rouges.
18:42 Bon, Annick, restez avec nous parce qu'on vous dira un petit coucou pour savoir comment se passent vos vacances avec vos petits-enfants peut-être.
18:47 - Et bien voilà, merci.
18:49 - On revient tout de suite pour que vous nous parliez de votre vie. Moi, jamais, je ne vais pas vous parler de notre vie.
18:53 - De votre vie.
18:54 - De notre vie. La vôtre, exactement. A tout de suite.
18:56 - 11h-13h, c'est Pascal Froy et vous. Très bonne matinée sur Europa.
18:59 Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21.

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