Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il revient sur la journée nationale des aidants qui se déroule ce 6 octobre. Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
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00:00 - Pascal Prohevo, merci de nous rejoindre sur Europe 1 avec Pascal Prohevo jusqu'à 13h et vendredi thématique aujourd'hui d'Europe 1, la journée nationale des aidants Pascal.
00:07 - Effectivement, puisque c'est des situations souvent très compliquées, on est tous aujourd'hui
00:12 concernés par cela parce qu'on a nos parents qui vivent de plus en plus vieux,
00:18 notamment les enfants qui sont nés dans les années 60,
00:22 ont des parents généralement qui étaient nés dans les années 30 et ce sont des gens qui ont passé 85,
00:29 90 ans et parfois dans le couple, et bien il y en a un qui a fait un AVC, qui est particulièrement malade,
00:35 qui peut souffrir d'une maladie grave,
00:38 que sais-je, et vous avez une personne à côté qui aide et on s'aperçoit que ces aidants sont dans un état parfois
00:46 psychologique et physique qui est, disons-le,
00:49 dramatique. Alors on est avec Charles. Bonjour Charles. - Bonjour Pascal. - Vous êtes
00:56 enseignant, vous habitez Montpellier. Est-ce que vous vous considérez comme un aidant et si c'est le cas, de qui ?
01:02 - Alors je suis un aidant effectivement de ma maman, de ma mère. - Votre mère a quel âge ?
01:08 - Elle a 80 ans. Elle a eu 80 ans au mois de janvier. - Elle est jeune j'ai envie de dire, 80 ans.
01:13 - Et oui, mais sa pathologie c'est Alzheimer.
01:18 Voilà donc ça s'est déclaré, ça a commencé un tout petit peu à se déclarer en 2015-2016 je dirais.
01:26 Et
01:27 malheureusement comme c'est des maladies évolutives, ça n'a fait que s'accroître et évidemment
01:31 en s'accroissant, ça n'a fait qu'accroître aussi les difficultés pour l'entourage et notamment moi puisque je suis fils unique.
01:37 Donc
01:39 bon voilà, j'ai envie de vous dire que déjà émotionnellement parlant c'est très compliqué
01:43 parce que c'est une maladie qui fait peur à tout le monde.
01:46 Moi-même j'avais très peur de cette maladie par rapport à mon entourage, pour mes proches du moins.
01:55 Et en fait quand cette maladie arrive au début vous ne voulez pas le voir, c'est-à-dire que vous ne voulez même pas faire de
02:02 diagnostic auprès d'un neurologue etc parce que vous avez peur justement qu'on pose un diagnostic.
02:07 Et du coup au début j'ai mis une espèce de chape par dessus en mettant ces oublis sur le compte de l'inattention, de la déconcentration.
02:15 Puis après il y a des choses qui vous paraissent évidentes.
02:18 Le jour où ma mère venait me voir trois quatre fois par semaine à la maison, elle prenait le tram, elle était
02:25 hyperactive, elle était indépendante etc. Jusqu'au jour où elle est venue de moins en moins et jusqu'à ce qu'elle ne vienne plus du tout.
02:31 Et jusqu'à ce que je découvre un jour que dans son sac il y avait ma date de naissance, la sienne etc.
02:36 marquée sur un papier.
02:38 Et là ce jour là je me suis dit qu'il y avait réellement un problème parce que ces premiers bugs c'est
02:42 me demander par exemple, m'appeler plusieurs fois pour la même raison, plusieurs fois dans la journée.
02:47 Donc moi au début je mettais ça sur le compte de la déconcentration puis après il a bien fallu que je me rende à l'évidence.
02:53 Voilà mais j'ai envie de vous dire que sur le plan émotionnel c'est des claques les unes après les autres.
02:57 Parce que d'abord c'est la découverte en quelque sorte de la pathologie et puis après c'est ce que ça entraîne comme
03:04 conséquence pour elle déjà bien sûr et surtout et pour l'entourage. Et moi en tant que fils unique
03:10 j'ai envie de vous dire que j'ai
03:13 beaucoup souffert émotionnellement et ça continue. Mais j'ai envie de vous dire qu'avec le temps c'est comme tout.
03:20 Dès qu'on a des coups durs dans la vie on finit par s'endurcir et on finit par se résoudre.
03:25 Même si au début on l'accepte pas, on finit par l'accepter.
03:28 Mais voilà je suis passé par des phases très compliquées.
03:32 Il faut vous dire aussi que cette maladie fait que vous perdez énormément de moyens.
03:37 Notamment ne serait-ce que les choses élémentaires, la toilette etc. Ma mère ne se douchait plus.
03:42 Au début je lui disais "mais maman il faut que tu te douches, prends-moi, tu te douches". Elle me disait "oui oui oui oui" puis elle ne le faisait pas.
03:48 Et donc j'ai dû moi
03:50 pendant des mois, pendant plus d'un an
03:53 la prendre à la maison et la doucher.
03:56 Et quand je dis la doucher c'est que je me retrouvais quand même dans la douche,
04:01 dans la salle de bain si vous voulez avec ma mère qui était nue etc. Alors qu'elle m'a élevé dans une pudeur absolument extrême.
04:08 J'avais jamais vu ma mère nue avant. C'était quelque chose qui était un de ses
04:16 caractéristiques de cette maladie. Et c'est là où vous vous apercevez que cette maladie en fait
04:19 il faut vous faire à l'idée que vous avez affaire petit à petit à une personne qui est complètement désinhibée,
04:26 qui n'est plus la personne que vous avez connue
04:29 durant toute votre vie. Et donc
04:32 je faisais ce que les infirmières libérales ne faisaient pas, puisqu'elles faisaient des tournées mais elles n'avaient pas le temps de se garder auprès
04:38 de quelqu'un ou d'une personne qui ne voulait pas
04:42 par exemple faire ta toilette, se déshabiller. Il aurait fallu être patient, il aurait fallu rester sur place mais
04:47 lorsqu'elles ont une tournée à faire, elles ne le font pas. Et donc la seule personne qui pouvait s'en acquitter c'était moi.
04:52 - Et Charles, je ne vous ai pas interrompu parce que ce que vous dites est extrêmement émouvant.
04:57 Charles, vraiment émouvant et en même temps que vous parliez, chacun de nous peut se dire est-ce qu'il serait capable
05:04 de faire la même chose et je n'en suis pas sûr pour tout vous dire.
05:09 Je voudrais qu'on écoute Aurore Berger, elle est ministre des Solidarités et des Familles. Elle était invitée de Romain Desarbres ce matin à 8h10
05:15 sur Europe 1 et sur CNews. Écoutons-la.
05:18 - C'est la garantie de la promesse du président de la République, à minima,
05:21 15 jours de répit par an pour les aidants. Des places pour de l'accueil temporaire, si vous avez besoin par exemple vous-même de souffler,
05:28 vous-même par exemple d'être opéré et que vous avez besoin de laisser la personne que vous aimez et que vous aidez.
05:33 - Quand on se trompe d'un malade d'Alzheimer par exemple, on peut le laisser une journée.
05:36 - Évidemment, c'est de l'accueil temporaire, de l'accueil de jour. Quand vous avez un enfant en situation de handicap,
05:41 c'est aussi pouvoir parfois souffler un peu le week-end, souffler un peu pendant les vacances.
05:45 Donc on crée 6000 nouvelles places, accueil temporaire, week-end ou pendant les vacances.
05:51 Ce qui va faire que d'ici la fin du quinquennat, on aura ce qu'on appelle 40 000 places de répit dans notre pays.
05:57 En plus évidemment de toutes celles et ceux qui sont accueillis parfois dans des établissements spécialisés
06:02 au regard évidemment de la nécessité due à leur santé ou parfois leur handicap.
06:06 - Le témoignage de Charles qui raconte qu'il prenait une douche avec sa mère qui était nue dans la baignoire
06:13 et qui souffrait d'Alzheimer, évidemment très puissant.
06:16 Et Fabrice, notre réalisateur, me disait à l'oreillette que lui-même avait été confronté à une situation de ce type.
06:25 J'ai dit à Fabrice, est-ce que vous souhaitez rapporter ce qui est nos vies à tous d'ailleurs aujourd'hui Fabrice ?
06:33 - Absolument.
06:34 - En tout cas ce qui peut l'être.
06:35 - J'ai eu la douleur de ma maman à la charnière d'âge 17 ans, 18 ans, un âge un petit peu difficile,
06:43 où ma maman a eu une tumeur au cerveau, elle est partie assez vite.
06:46 Et on a été aidé, il y avait ce qu'on appelait l'hospitalisation à domicile,
06:49 mais mon père a préféré la garder jusqu'au dernier moment à la maison.
06:52 Et on n'avait pas beaucoup d'aide, donc j'ai aidé ma maman la nuit à aller aux toilettes, lui faire prendre la douche.
06:59 C'est pour ça que là j'ai un petit peu la gorge nouée d'en reparler.
07:02 Je me rappelle des souvenirs, j'en veux pas à mon père, mais je pense que je ferais pas vivre la même chose à mes enfants.
07:07 Je pense que dans ce cas-là, moi je m'organiserais pour ma mort et ma suite, pour pas faire vivre ça à mes enfants.
07:13 Mais je regrette pas quelque part, j'en veux pas à mon père, mais c'est assez douloureux.
07:17 Et c'est très difficile effectivement de faire prendre une douche à sa maman, de lui faire sa toilette intime, de vivre ces moments-là.
07:25 - C'est un sujet où chacun réagit avec sa propre sensibilité.
07:33 Charles, votre maman aujourd'hui, elle est où ?
07:37 - Alors il arrive un moment, si vous voulez, où les choses ne sont plus gérables, même avec la meilleure volonté du monde.
07:45 Parce qu'il faut vous dire aussi que ça a des impacts sur le langage.
07:48 Ma mère parlait espagnol et français, elle a perdu le français.
07:52 Elle est plus du tout capable de faire la moindre phrase en français.
07:56 Elle est plus capable même en espagnol de nommer des choses.
08:00 Donc en fait au début il y a ce qu'on appelle des mauvalises, mais après l'impact sur le langage...
08:04 - Mais elle est où aujourd'hui ?
08:06 - Alors elle est où aujourd'hui, je vous réponds.
08:08 Donc en fait je l'ai placée en EHPAD parce que je n'avais absolument pas la possibilité de faire autrement.
08:14 - Mais j'imagine. Mais l'EHPAD vous coûte combien chaque mois ?
08:18 - Oh là, l'EHPAD vous savez en moyenne c'est dans les 3 000 euros par mois.
08:22 - Oui mais alors vous avez les moyens de payer 3 000 euros chaque mois pour votre mère ?
08:25 - Non, je n'ai pas les moyens avec mon salaire d'enseignant, vous vous doutez.
08:30 Après, il faut savoir que ma maman a travaillé toute sa vie.
08:36 Au début elle a fait des ménages, après elle a été cuisinière, etc.
08:40 Elle n'a jamais eu d'arrêt de maladie, elle n'a jamais été au chômage, elle a toujours...
08:44 - Donc elle a une retraite ?
08:46 - Alors elle a une retraite mais elle était au minimum, elle n'avait même pas le minimum de vieillesse.
08:51 Et donc j'ai fait entre guillemets des papiers pour qu'elle ait droit à ce minimum de vieillesse.
08:56 - Donc elle a 1 000 euros à peu près qui est payé par le minimum ?
08:59 - Même pas, même pas, elle est dans les 900...
09:01 - Et le reste, elle avait une maison que vous avez vendue ?
09:04 - Pas du tout, rien, aucun bien.
09:06 - Mais alors les 2 000 euros, qui les paye ?
09:08 - Alors je vous explique, du coup, la retraite de ma mère, il la ponctionne au maximum,
09:17 il lui laisse simplement 10% d'argent de poche, ok ?
09:21 Donc ça c'est la base.
09:23 Et ensuite il faut faire une demande au CCAS pour avoir l'aide sociale.
09:29 - D'accord, et c'est l'aide sociale.
09:31 Alors vous allez nous l'expliquer après la pause,
09:33 parce que ça je pense qu'il y a beaucoup de gens qui sont à l'écoute de cela,
09:37 pour savoir comment c'est possible.
09:39 Merci beaucoup, à tout de suite.
09:41 - Il est midi 22, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
09:43 - Europe 1, Pascal Praud.
09:45 - Et la vendredi thématique d'Europe 1, journée nationale des aidants,
09:48 vous témoignez au 0180 29 21 avec Pascal Praud, comme Charles, que nous avons au téléphone.
09:52 - Dans ce cas dit Fabrice, tout à l'heure, notre réalisateur, il y a quelque chose de très fort,
09:56 je trouve, c'est "je ne voudrais pas, je n'imposerais pas à mes enfants
10:00 de faire ce que j'ai fait moi-même il y a 30 ou 40 ans".
10:03 Mais c'est vrai que la vie était différente de ce point de vue là.
10:06 Elle était plus rude, je trouve, parfois dans les rapports, comme ça, dans les familles.
10:10 Aujourd'hui, il y a plus de souplesse, j'espère en tout cas, et on se comprend mieux,
10:14 et on sait peut-être des choses qu'il faut faire et peut-être ne pas faire.
10:18 Charles, je vais vous remercier, mais je veux vraiment que vous me disiez,
10:22 votre mère est donc dans un EHPAD, il y a 1000 euros ou moins de 1000 euros
10:25 qui sont payés évidemment par sa retraite, et puis le reste, 2000 euros,
10:29 c'est les organismes sociaux qui, parce qu'elle n'a pas beaucoup d'argent,
10:34 parce que personne ne peut payer, prennent la différence, c'est ça ?
10:37 C'est ça. Alors en fait, ce qui se passe, c'est qu'eux prennent la différence,
10:40 mais il faut savoir que si ma mère a une assurance vie ou quelque chose comme ça,
10:44 à son décès, ils fonctionneront absolument, ils fonctionneront,
10:48 ce qu'il y reste entre guillemets d'économie, et qui à la base, évidemment,
10:52 m'était naturellement destinée, donc il faut faire une croix là-dessus.
10:55 Et moi, en tant qu'enfant, je suis ce qu'on appelle un obligé alimentaire.
10:59 C'est-à-dire qu'ils regardent mes dépenses, alors là aussi, le calcul,
11:04 des fois, est un peu scabreux, parce qu'il y a des dépenses
11:07 qui ne prennent pas en compte, alors qu'elles sont réelles,
11:10 et que ça impacte évidemment mon budget, mais du coup, j'ai une somme
11:13 à verser tous les mois, et elle est déterminée, alors voilà,
11:17 c'est toujours des sommes rondes, donc c'est assez particulier,
11:20 et donc on paye par trimestre, etc., donc c'est vrai que depuis que ma maman
11:23 est malade, j'ai envie de vous dire que je suis impacté également.
11:27 - J'imagine, sur le plan financier. Je vous remercie beaucoup, Charles,
11:30 parce que régulièrement, vous nous appelez, c'est la première fois
11:33 que vous parlez, généralement, vous parlez des sujets d'éducation
11:36 et des sujets sociétaux, et là, c'est un sujet, effectivement,
11:39 qui vous touche directement, et vraiment, je vous remercie de la qualité
11:41 de votre témoignage, qui nous a vraiment beaucoup émus.
11:44 On est également avec Caroline, Caroline, elle est aidante.
11:47 Bonjour, Caroline, aidante familiale, vous avez un fils autiste,
11:51 vous l'avez aidé pendant 22 ans, et la vie n'a pas été simple, Caroline.
11:56 Bonjour.
11:57 - Bonjour, Pascal Praud, bonjour à tous, merci de me donner la parole.
12:01 Effectivement, j'ai un fils autiste, un handicap qui ne se voit pas facilement,
12:06 qui est évidemment différent des gens qui sont en fauteuil roulant
12:10 ou d'autres problèmes, mais qui est très, très lourd à gérer,
12:14 parce qu'on a le regard des autres, on a des difficultés,
12:18 parce que ce sont des enfants qui demandent énormément de complexité,
12:24 donc beaucoup de choses à apporter, donc moi j'ai dû diminuer mon temps de travail,
12:29 j'ai dû ensuite travailler à mi-temps pour m'adapter à aider mon enfant,
12:35 parce que quand il est autiste et qu'on prononce le nom autiste,
12:39 toutes les portes se ferment, personne ne veut le garder
12:42 quand il est petit chez les loulous, il n'est pas reçu dans les structures,
12:48 crèches et compagnie, parce que ça va gêner les autres enfants.
12:51 L'école maternelle vous dit "j'en veux plus, il faut le mettre dans une structure spécialisée",
12:56 donc qui trinque ? Les parents, les aidants,
13:00 parce que dans ces cas-là, c'est à nous de nous rendre disponibles.
13:03 - Et aujourd'hui, il a quel âge votre fils ?
13:06 - Maintenant, il a 23 ans.
13:08 - Et votre vie affective a été percutée par ça ?
13:13 - Alors, malheureusement, nous on l'a su très tard,
13:17 c'était à l'époque où les diagnostics n'étaient pas précoces,
13:21 donc Yanis, après m'être bagarrée avec les médecins,
13:25 parce que c'était moi qui étais une maman trop envahissante,
13:29 et c'était dans ma tête que ça se passait,
13:31 j'ai dû pousser des portes bien fort afin d'obtenir enfin des rendez-vous
13:36 pour qu'il passe dans le centre ressources autisme, où on fait les diagnostics.
13:41 - Et je crois que votre famille vous a tourné le dos ?
13:44 - Et voilà, on a su qu'il était autiste,
13:48 et le papa est parti, parce que je pense qu'il n'arrivait pas à gérer,
13:52 et puis bizarrement dans la famille, ma maman a aussi...
13:56 - Et son père est quand même présent d'une manière ou d'une autre ?
13:58 - ...un petit-fils, parce que c'était lourd à porter,
14:00 et puis c'était surtout une honte,
14:02 parce que les gens d'un certain âge n'acceptent pas bien le handicap,
14:06 et ma sœur, directrice d'école,
14:08 elle a été pendant 15 ans sans me parler.
14:10 - Bon, c'est un calvaire.
14:13 Caroline, restez avec nous, parce que ce qui m'intéressait dans votre témoignage,
14:16 ici, si j'ose dire, c'est l'attitude du père,
14:19 est-ce qu'il revoit quand même son fils d'une manière ou d'une autre aujourd'hui ?
14:22 À tout de suite.
14:24 - Il est midi 29, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
14:26 - Pascal Praud et vous.
14:27 - Et vous appelez au 01 80 20 39 21 jusqu'à 13h avec Pascal Praud.
14:30 - On termine avec Caroline, qui raconte effectivement
14:34 une histoire de vie qui peut nous surprendre,
14:37 et on parle évidemment des aidants,
14:39 aujourd'hui, qui est une thématique d'Europe 1.
14:42 Vous avez un fils qui est autiste,
14:44 votre mari, manifestement, vous a quitté
14:47 parce qu'il avait du mal à accepter,
14:50 ou en tout cas à s'occuper de cet enfant,
14:52 c'est ce que vous nous disiez en tout cas.
14:54 Je voulais savoir s'il est présent d'une manière ou d'une autre,
14:56 ou si vous avez toujours un contact avec lui ?
14:59 - Alors, pour faciliter les choses, il est parti vivre à Maurice.
15:03 - Il est parti vivre, pardonnez-moi ?
15:05 - À Lille-Maurice.
15:06 - À Lille-Maurice.
15:08 - Voilà, donc on ne fait pas beaucoup plus loin.
15:11 Donc vous imaginez bien que dans ces cas-là,
15:14 les premières années, ça s'est passé,
15:17 mon fils a été dénotiqué en 2004,
15:20 il est parti en 2008.
15:22 Ça n'a jamais été un père présent
15:27 parce qu'il avait une grosse difficulté à accepter le handicap.
15:32 Comme 80% des pères, et tout handicap confondu,
15:36 bien souvent les mamans se retrouvent seules.
15:39 - C'est vrai.
15:40 - Donc ça veut dire diminuer son temps de travail,
15:44 diminuer sa situation sociale,
15:47 sa vie est impactée dans tous les sens du terme,
15:53 parce que vous vous retrouvez avec une maison à payer seule,
15:56 vous vous retrouvez avec toutes les difficultés du quotidien,
15:59 seule à gérer,
16:00 et en plus avec un enfant qui est porteur d'autisme.
16:03 - Mais vous êtes une mère courage, Caroline.
16:06 - Effectivement, il n'a été pas présent du tout.
16:07 Aujourd'hui, il n'est plus présent du tout.
16:09 Ça fait à peu près six ans que mon fils ne l'a pas vu.
16:12 Il n'a jamais participé à aucun frais pour son fils.
16:17 Je l'ai toujours toute assumée seule.
16:19 Je ne le regrette pas parce que ça a été mon combat.
16:22 Et aujourd'hui, heureusement, il vit dans son propre appartement
16:27 et il est épanoui dans sa vie aujourd'hui.
16:30 Mais effectivement, je ne veux pas me lancer de fleurs,
16:33 mais il faut être une maman courage,
16:35 armée jusqu'aux dents pour faire face au quotidien.
16:38 Et c'est loin d'être évident, effectivement.
16:40 Et être aidant, effectivement,
16:42 moi j'ai eu plein d'impacts sur des problèmes de santé.
16:46 Vous savez, quand on dit on en a plein le dos.
16:48 J'ai eu deux opérations graves du dos,
16:52 ce qui m'a en plus fait perdre mon travail.
16:55 Donc vous voyez, c'est vraiment, je veux dire, un cercle vicieux.
16:59 - Bien sûr, bien sûr.
17:00 Mais aujourd'hui, alors, quelle est votre situation ?
17:02 - C'est qu'en fin de compte, ça impacte tout sur notre vie.
17:05 Tout.
17:06 - Quelle est votre situation aujourd'hui ?
17:08 Quand vous dites j'ai perdu mon travail,
17:10 vous êtes dans la vie professionnelle ?
17:12 - Alors j'étais photographe, j'étais photographe dans une grosse société.
17:15 J'ai perdu mon travail parce que je faisais énormément de route.
17:19 Et être photographe, ce n'est pas seulement avoir un appareil photo.
17:23 On a énormément de matériel à porter.
17:25 Et malheureusement, j'ai eu des gros problèmes du dos
17:29 et la médecine du travail m'a déclaré inapte.
17:32 Et bien, quand on est photographe,
17:34 on n'a pas trop le choix.
17:36 Il n'y a pas grand chose à faire d'autre.
17:38 Donc j'ai essayé de me tourner évidemment vers d'autres travails.
17:41 Et malheureusement, j'étais trop affaiblie suite à ces deux opérations.
17:46 Et là, à la houre actuelle, je n'ai plus de travail.
17:49 - Écoutez, Caroline, j'imagine que la vie n'est pas simple.
17:54 - Alors la vie n'est pas simple, mais vous voyez, en fin de compte,
17:57 je crois qu'il faut devenir lueur d'espoir aux parents en se disant...
18:03 - Ah, j'ai l'impression que la liaison s'est coupée.
18:08 Caroline, vous n'avez pas de ressources ?
18:13 - Alors actuellement, je n'ai aucune ressource.
18:16 Évidemment, je retrouvais un compagnon entre guillemets,
18:19 je lui ai accroché.
18:21 Mais bon, il connaissait bien évidemment la situation.
18:25 Voilà.
18:26 Mais effectivement, aujourd'hui, je n'ai aucun ressource.
18:30 Et merci, monsieur Macron, puisque en fin de compte, avec la MDPH,
18:34 on bénéficiait normalement d'une aide quand on avait supporté,
18:38 en tant qu'aidant, un enfant handicapé à être 5 ans avant l'âge à la retraite.
18:44 Tout ça a été supprimé.
18:45 Donc j'ai la double peine.
18:47 - Merci.
18:48 Merci et bon courage à vous.
18:50 Merci.
18:51 - Mais il faut donner une note positive.
18:54 - Il s'appelle comment, votre fils ?
18:56 - Mon fils est heureux, c'est le principal.
18:58 - Il s'appelle comment, votre fils ?
18:59 - Yanis.
19:00 - Yanis.
19:01 Eh bien, merci de ce témoignage.
19:04 On va marquer, me dit Sabri.
19:06 - Merci à vous.
19:07 - Mais non, merci à vous.
19:08 On va marquer une pause.