Yohann Barbe, porte-parole de la FNSEA est invité sur le plateau de Télématin. Ce mardi 13 février, il était reçu à Matignon, par le Premier ministre, le ministre de l'Agriculture et sa ministre déléguée. Yohann Barbe nous raconte ce rendez-vous et évoque la colère toujours présente des agriculteurs français.
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00:00 Bonjour Yohann Barbe.
00:01 Bonjour.
00:01 Alors hier vous étiez reçu par le Premier ministre à Matignon,
00:05 en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau
00:07 et de la nouvelle ministre déléguée Agnès Pannier-Onacher.
00:11 Comment ça s'est passé le rendez-vous hier ?
00:13 Hier on était effectivement assez surpris du bon côté,
00:16 c'est qu'on a compris quand même que le gouvernement
00:19 avait pris vraiment les choses plus à la légère.
00:22 On a mis dix jours pour comprendre ça,
00:24 c'est ça qui nous a fait perdre du temps, nous et le gouvernement.
00:27 Mais aujourd'hui on sent un gouvernement qui est prêt
00:28 à y aller vraiment dans le fond du sujet,
00:31 c'est-à-dire accompagner les agriculteurs vers quelque chose de mieux
00:33 au niveau de la simplification déjà administrative,
00:35 mais aussi pour donner envie aux agriculteurs d'entreprendre
00:39 et reconnaître la souveraineté alimentaire française rapidement.
00:42 Alors vous avez encore des demandes.
00:43 On sait que vous avez déjà obtenu 400 millions d'euros d'aide d'urgence,
00:47 des premières mesures de simplification,
00:50 le renforcement de la loi EGalim.
00:52 Alors le gouvernement a répondu à beaucoup de vos demandes,
00:55 mais vous en voulez encore ?
00:56 Est-ce que vous n'êtes pas un peu impatient ?
00:58 Est-ce que vous n'en demandez pas trop ?
01:00 Je ne pense pas qu'on en demande de trop.
01:01 Ça fait plusieurs mois qu'on demandait des choses au gouvernement.
01:03 On n'était pas entendus.
01:05 Donc les actions de ces dernières semaines ont permis d'ouvrir
01:07 vraiment l'ensemble des portes du gouvernement pour avancer.
01:11 Et aujourd'hui on sent vraiment le gouvernement vouloir aller vite,
01:13 puisque forcément on a le salon de l'agriculture.
01:15 Le salon de l'agriculture c'est une vitrine de l'agriculture et pas des politiques.
01:19 Donc nous ce qu'on veut c'est un salon qui soit
01:21 sous le respect des biens et des personnes, certes,
01:24 mais on ne voudrait pas qu'il soit sous pression
01:25 parce que le gouvernement ne nous aurait pas répondu
01:27 dans les délais qu'il nous avait promis lors des discours de Gabriel Attal.
01:31 C'est-à-dire que vous pourriez mener des actions au salon de l'agriculture ?
01:34 Alors mener des actions c'est un bien grand mot,
01:36 mais par contre on pourrait décliner les invitations
01:38 ou recevoir les politiques sur les stands FNSEA et Jeune Agricole.
01:41 Donc ne pas du tout vous rendre au salon de l'agriculture ?
01:43 On serait au salon de l'agriculture parce que je vous rappelle
01:45 que c'est la vitrine de l'agriculture, donc on est les premiers à être présents.
01:49 Et après on serait surtout au plus près de la population
01:52 qui nous soutient depuis le début de nos actions.
01:53 Qu'est-ce qui coince encore ?
01:55 Aujourd'hui ce qui coince c'est le calendrier,
01:57 c'est le pas de temps que le gouvernement veut,
01:59 on veut toujours nous amener du temps,
02:00 donc on a l'impression qu'on est sur un discours une fois de plus politique
02:03 qui amène les choses dans le temps
02:04 et pas une volonté de bouger les lignes à l'intérieur des lois françaises.
02:08 Donc nous ce qu'on veut vraiment aujourd'hui quand on parle de simplification sur la haie,
02:11 il a été annoncé qu'il y avait 14 mesures aujourd'hui qui encadraient les haies.
02:16 On nous avait parlé de passer rapidement à une seule mesure qui encadre,
02:19 on n'y est toujours pas, il n'y a même pas une seule écriture qui a commencé,
02:21 donc là on n'y est pas.
02:22 Pareil sur l'entretien des cours d'eau,
02:24 on n'a toujours pas les formulaires qui permettent d'accélérer les choses.
02:27 Mais est-ce que vous pensez qu'en quelques semaines,
02:29 on peut régler des décennies, des années de crise agricole ?
02:32 Ça semble un peu compliqué quand même.
02:34 Ce qui est compliqué c'est de tout régler en même temps et ça on en est bien conscient,
02:36 par contre on veut un calendrier clair
02:39 et on a obtenu notamment du Premier ministre hier un rendez-vous mensuel
02:42 pour suivre justement cette simplification administrative tout au long de l'année
02:47 et surtout avec un dernier temps fort qui aura lieu juste avant les élections européennes.
02:51 Je voulais revenir sur une de vos revendications qui a été entendue par le gouvernement,
02:56 c'est-à-dire pas de hausse sur le GNR, le gazole non routier,
02:59 et pourtant, ça avait été décidé, cette hausse du GNR,
03:04 par la FNSEA et le gouvernement,
03:07 et ensuite ça ressort un peu comme une revendication
03:09 et vous demandez l'annulation de la hausse.
03:11 Donc on a un peu l'impression qu'il y a un double discours dans votre syndicat.
03:14 Alors déjà on n'avait pas fait la demande au niveau national,
03:16 c'est bien nos bases qui font la demande,
03:18 donc c'était le réseau départemental qui a fait la demande.
03:20 Ça avait été décidé quand même avec la FNSEA.
03:22 Ça avait été décidé avec la FNSEA,
03:23 je vous rappelle que c'était un paquet global au niveau du projet de loi de finances,
03:26 donc le PLF,
03:27 et effectivement il avait été décidé avec le gouvernement
03:30 d'avoir une baisse de la détaxation du GNR,
03:34 donc ce gazole non routier,
03:35 et en le même temps on avait une compensation intégrale
03:38 par du crédit d'impôt pour justement investir dans la transition écologique.
03:42 Donc nous aujourd'hui on regrette parce que cet argent qu'on aurait pu mobiliser
03:45 pour aller vers une transition écologique,
03:47 il va falloir le trouver ailleurs.
03:48 Donc vous avez annoncé 400 millions aujourd'hui pour la transition écologique,
03:51 il va nous falloir de l'argent encore en plus,
03:54 et là on avait trouvé une solution qui paraissait intéressante
03:56 et le gouvernement a fermé cette porte,
03:58 puisque c'est un nouveau gouvernement,
03:59 je vous rappelle qu'on l'avait négocié avec l'ancienne première ministre,
04:02 et donc aujourd'hui il y a eu un choix qui a été fait de la part du gouvernement.
04:05 On en prend acte,
04:06 mais la réalité c'est que l'agriculture est prête à accepter et assumer les transitions.
04:10 Alors donc, vous avez manifesté au début du mois,
04:13 il y a eu des blocages et des manifestations etc.
04:16 et il y a eu notamment des dégâts.
04:18 Plusieurs milliers de dégâts, notamment dans l'Otegaon,
04:20 on l'a vu tout à l'heure dans le JT.
04:22 Vous n'avez pas l'impression de bénéficier d'une clémence de la part des autorités ?
04:28 Alors déjà je vais parler FNSOA, jeune agriculteur,
04:31 aujourd'hui on n'a pas des dégâts qui sont importés directement par la FNSOA.
04:36 Mais quand on bloque des autoroutes,
04:37 il y a quand même des sociétés autour, des gens qui travaillent.
04:40 Il y a des pertes commerciales, on est conscient.
04:42 Après c'est le système quand même à la française.
04:44 C'est-à-dire que c'est aux gens de payer ?
04:46 Ce n'est pas que c'est aux gens de payer.
04:47 Aujourd'hui le système à la française,
04:48 c'est qu'à chaque fois qu'on veut obtenir des choses,
04:50 il faut bloquer les choses.
04:51 Je vous rappelle les Gilets jaunes,
04:52 personne ne s'est posé la question qui allait payer.
04:55 Donc aujourd'hui la réalité c'est qu'effectivement,
04:57 on s'est fait entendre en bloquant les autoroutes.
05:00 Aujourd'hui on n'a pas dit qu'on ne payait pas de factures.
05:02 Pour l'instant on a une facture des sociétés d'autoroutes.
05:04 L'agriculture portera ses responsabilités.
05:06 C'est-à-dire que vous allez payer la facture, c'est ça ?
05:08 On n'a pas dit qu'on allait payer non plus.
05:09 On est en négociation pour trouver des solutions.
05:12 Et aujourd'hui ce qui est sûr,
05:13 c'est qu'on n'a pas fait de dégradation matérielle
05:16 et encore moins d'attaques aux forces de l'ordre.
05:17 On a vu quand même plusieurs images de débordements
05:20 et notamment dans les villes comme dans l'hôtel Garonne.
05:23 Mais ce n'était pas la FNSOA.
05:24 Donc vous remettez ça sur le dos des autres syndicats, c'est ça ?
05:27 Je ne remets pas ça sur le dos, c'est pour ça que je vous parle.
05:28 Moi aujourd'hui je suis porte-parole de la FNSOA
05:30 et en même temps des jeunes agriculteurs
05:32 puisqu'ils ne sont pas présents,
05:33 mais on était ensemble sur tous les blocages.
05:35 Donc je ne remets pas la cause aux autres.
05:37 Ce que je suis sûr, c'est que ce qu'on a opéré, nous,
05:39 FNSOA, jeunes agriculteurs,
05:40 on l'a fait dans le respect des biens et des personnes.
05:42 Donc vous êtes prêts à d'autres actions
05:43 si vous n'êtes pas entendu avant le Salon de l'agriculture.
05:46 Pour l'instant, vous avez le soutien de la population,
05:49 mais vous n'avez pas peur un peu du ras-le-bol
05:50 qui pourra arriver si vous commencez ?
05:52 C'est pour ça que les actions,
05:53 enfin tout le monde pense qu'on va ressortir notre acteur,
05:54 on ne les ressortira pas de la même façon.
05:56 C'est-à-dire ?
05:57 On changera de mode d'action.
05:58 Et aujourd'hui on a lancé un mode ordre,
05:59 par exemple déjà de retourner voir les préfectures
06:02 parce que ça c'est un point essentiel.
06:04 Les préfectures sont quand même un échéant essentiel pour nous
06:07 et pour nous il faut vraiment que les préfets prennent conscience
06:10 que l'agriculture est au cœur de leur territoire.
06:12 Donc si on n'est pas entendu au sein des préfectures,
06:15 nous retournerons plutôt voir les préfectures.
06:17 Merci Yoann Rabe d'avoir été avec nous ce matin.
06:19 Je rappelle que vous êtes porte-parole de la FNSEA.