• il y a 10 mois
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Frédéric Francelle, porte-parole du "Collectif 19", répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à l'insécurité, à l'insalubrité, aux incivilités et au Crack qui gangrènent le quartier du 19e arrondissement de Paris.

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Transcription
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le membre et porte-parole du Collectif 19, Frédéric Francel.
00:09 Bonjour Frédéric Francel.
00:10 Bonjour.
00:11 Bienvenue sur Europe 1, le Collectif 19, pour 19e arrondissement au nord-est de Paris où vous vivez depuis des années.
00:17 Vous dénoncez l'omniprésence du krach, l'insalubrité, l'insécurité, les incivilités dans le quartier.
00:23 Alors, il y a eu un temps l'occupation du Jardin des Hôles par les toxicomanes, il y a eu celui de Forceval,
00:28 il y a le quartier de la Rotonde, aussi à la Villette.
00:30 Alors en ce moment, la scène du krach, elle a eu domicile dans la station du métro Stalingrad,
00:35 Stalingrad, pardon Frédéric Francel.
00:37 C'est une scène tournante finalement, cette scène du krach dans l'arrondissement.
00:40 Tout à fait.
00:41 En fait, le truc, c'est que la police a créé donc, enfin, les poursuites.
00:46 Donc du coup, comme ils les poursuivent, ils essayent de se cacher à d'autres endroits.
00:49 Comme M. Nunez a mis énormément de forces de police dans le quartier.
00:53 Donc, en fait, police de Paris, Laurent Nunez.
00:54 Tout à fait.
00:55 Il a mis plein de forces de police dans le quartier.
00:57 Donc, effectivement, ils sont traqués un petit peu partout.
00:59 Et pour éviter justement la police, et bien, ils se réfugient dans le métro ou dans des endroits plus éloignés.
01:05 Dans tous les interstices de la ville de toute façon.
01:07 C'est exactement ça.
01:08 Mais pour les auditeurs d'Europe 1 qui vous écoutent, Frédéric Francel,
01:11 qui ne connaissent pas forcément le 19ème arrondissement,
01:13 ça ressemble à quoi le krach dans le métro, le krach au quotidien en bas de chez soi, Frédéric Francel ?
01:20 Alors, c'est très très compliqué, parce que ce sont des personnes qui sont complètement, limite, déshumanisées.
01:25 Et qui sont surtout ailleurs, une fois qu'elles ont consommé leurs produits.
01:28 Ce qui fait qu'elles n'ont pas l'impression de vivre en société.
01:31 Donc, elles peuvent très bien déféquer devant vous, uriner, ça c'est en fait dans le meilleur des cas.
01:38 Mais ce qu'il y a, c'est que dans le métro, par exemple,
01:40 on peut les retrouver en train de faire la manche de façon très très agressive,
01:44 en train de menacer des gens.
01:46 Ils se courent après, ils s'invactivent, ils se hurlent dessus,
01:49 ils se battent parce que le produit n'est pas bon, il n'y en a pas assez, ou ceci ou cela.
01:52 Enfin, voilà, c'est ça, c'est une insécurité, enfin au moins un sentiment d'insécurité particulièrement élevé.
01:59 Parce que, justement, ils sont partout, et qu'on ne sait pas en fait ce qu'ils vont vouloir.
02:03 C'est soit ils vont vouloir vous prendre simplement un peu d'argent,
02:06 soit des fois ça ne va pas suffire, et puis ils ont juste envie de se défouler sur quelqu'un.
02:10 - Mais vous, ça vous est arrivé de vous faire agresser ?
02:12 - Oui, ça m'est déjà arrivé plusieurs fois, même récemment, donc c'était lundi dernier.
02:17 Je rentrais, il était 21h, ce n'était pas très tard non plus.
02:21 Et il y a une personne qui est venue m'ennuyer très fortement,
02:25 m'a suivi sur 200 mètres, jusqu'à ce que je me retourne et je lui dise
02:30 "Bon, ça finit maintenant, ça va mal se finir."
02:33 Donc là, à ce moment-là, il a effectivement abandonné,
02:35 parce qu'il voyait bien que j'étais plus fort, plus costaud,
02:37 et surtout beaucoup moins défoncé que lui.
02:40 - Mais vous êtes un homme, c'est une femme, des enfants, c'est très compliqué, des personnes âgées...
02:44 - C'est ça, c'est très compliqué, et moi je connais plein d'adhérents,
02:48 enfin de membres de notre collectif, qui ne sortent plus,
02:52 qui ne vont plus au cinéma, qui ne vont plus au théâtre, ni rien du tout,
02:55 parce qu'elles ne peuvent pas sortir, ou alors elles y vont,
02:58 mais en Uber, en taxi, d'une manière ou d'une autre.
03:01 - Interdit de voie publique dans son propre quartier ?
03:03 - Quasiment, oui, c'est ça.
03:05 - Alors, vous êtes combien dans le collectif ? Parce que c'est intéressant,
03:08 vous documentez tout ça au quotidien, c'est filmé, vous mettez ça sur les réseaux sociaux...
03:13 - On est assez nombreux, parce que le collectif 19, en plus, regroupe une trentaine d'associations,
03:17 un petit peu partout, dans divers arrondissements,
03:20 justement pour pouvoir vraiment documenter, à travers tous les arrondissements,
03:23 où sont les craqués, et qu'on ne nous prenne pas vraiment pour des imbéciles,
03:27 comme parfois, en fait, ça peut arriver.
03:29 - J'ai envie de vous dire, on vous croit, Frédéric Français.
03:31 - Oui, vous !
03:32 - Mais les pouvoirs publics, justement, parce que vous nous avez parlé du préfet de police, Laurent Nunez,
03:35 il y a un plan-crac qui est décrété depuis maintenant presque deux ans,
03:39 ça produit ses fruits, et est-ce que les choses avancent ?
03:42 - Ça avance assez doucement, parce que le problème du plan-crac,
03:45 c'est que quasiment tout l'argent a été dépensé pour les logers.
03:50 Nous, ce qu'on aurait bien aimé, c'est que...
03:52 - Pour les logers, c'est-à-dire ?
03:53 - Pour loger les craqués, c'est-à-dire qu'on nous explique, à longueur de journée,
03:56 que s'ils n'ont pas de logement, ils vont continuer à consommer encore plus.
04:00 - S'ils sont dans la rue, c'est parce qu'ils n'ont pas de toit, c'est ça l'idée ?
04:03 - S'ils consomment, c'est parce qu'ils sont dans la rue, et que du coup, ils vont consommer encore plus.
04:07 - Mais où sont-ils logés ?
04:09 - Dans des hôtels sociaux, à grands frais, où on paye très très cher.
04:13 Et en fait, nous, ce qu'on aurait préféré, c'est que cet argent soit investi dans un centre de désintoxication,
04:19 quelque chose dans l'idée, un centre de sevrage, ou dans des communautés thérapeutiques.
04:24 Parce que là, ce qu'ils font, c'est qu'ils les encadrent pour leur consommation,
04:29 mais ils ne les sortent pas de la rue.
04:31 Et il n'y a pas de volets présents sur nu du tout non plus,
04:34 donc du coup, comme ils les poursuivent aux quatre coins des quartiers...
04:36 - Je vais vous dire, s'ils les sortent de la rue, si on leur paye l'hôtel, le logement,
04:39 on les sort de la rue d'une certaine manière, Frédéric Françel.
04:41 - Oui, on les sort de la rue, mais ils y retournent aussi vite,
04:43 puisqu'ils ont en fait envie de consommer leurs produits.
04:46 Nous, l'idée, c'était vraiment de les sevrer, et qu'ils n'aient plus envie de recommencer à consommer.
04:50 - Les sortir de la drogue, plutôt que...
04:52 - C'est exactement ça, c'est les sortir de leur addiction.
04:54 C'est le seul moyen pour nous pour arriver à en sortir,
04:56 et pour que leur nombre décroisse au lieu d'augmenter tout le temps.
04:59 - Alors, il y a un volet de dealers, évidemment, parce que les toxicomanes,
05:02 il faut bien qu'ils s'approvisionnent quelque part.
05:04 Laurent Nunez, préfet de police, met en avant des chiffres.
05:06 Il dit, par exemple, 2022, on a interpellé 285 dealers.
05:10 L'an dernier, 491.
05:13 Alors, soit il y en a de plus en plus, soit on est plus efficace dans l'interpellation.
05:17 Mais vous le voyez, vous, ça, sur le terrain, Frédéric Françel ?
05:20 - Il y a plus de police, donc effectivement, comme il y a plus de policiers,
05:23 plus de patrouilles, plus de camions, forcément, ils font plus d'interpellations.
05:26 - Mais comme on dit, c'est vider la mer à la petite cuillère.
05:29 - En fait, ça ne suffit pas. Interpeller le dealer, c'est bien.
05:32 Mais encore faut-il que la justice derrière le condamne
05:35 à une peine vraiment dissuasive.
05:38 Et ça, en fait, c'est plus compliqué.
05:41 Parfois, les dealers n'écopent que de 6 mois avec sursis.
05:44 Et ça, ça nous pose un vrai problème.
05:46 - Qu'est-ce que vous pensez des salles de shoot, Frédéric Françel,
05:49 qu'on voit dans d'autres arrondissements,
05:51 qui sont présentées par les pouvoirs publics comme une solution ?
05:54 - Ça n'est absolument pas une solution, les salles de shoot.
05:56 Le problème, c'est qu'ils continuent à les encadrer dans leur consommation.
05:59 Ils ne cherchent pas à les sortir, ils ne cherchent pas à les sevrer.
06:02 Et surtout, ça marche pour les consommateurs d'héroïne,
06:05 mais ça ne marchera pas pour les consommateurs de crack.
06:07 - Pourquoi ?
06:08 - On a l'exemple, justement, en Suisse.
06:10 Il y a une salle de shoot qui s'appelle le K6,
06:12 et qui est connue de...
06:14 - Calozane, je crois, non ? Ou à Genève, je ne sais plus.
06:17 - Cette structure accueille depuis très longtemps
06:20 des consommateurs d'héroïne.
06:22 En revanche, avec les consommateurs de crack,
06:24 ils ont été interdits en novembre d'accéder à cette salle,
06:26 parce que leur consommation n'est pas identique
06:30 à celle des consommateurs d'héroïne.
06:32 Ils sont hyper excités une fois qu'ils ont consommé leurs produits,
06:35 donc ils n'arrivent pas à rester dans une salle,
06:37 ils ont tout le temps envie de bouger, ils sont surexcités.
06:39 Le consommateur d'héroïne, une fois qu'il a pris son héroïne,
06:42 il a envie de dormir.
06:43 Le consommateur de crack, il a envie de courir, de sauter,
06:45 et puis de reprendre du crack, surtout.
06:47 Donc le problème, c'est qu'ils vont peut-être l'accueillir
06:49 pour qu'il puisse consommer, mais ensuite,
06:51 il va ressortir pour aller agresser des gens,
06:53 pour retrouver du produit, pour revenir le consommer.
06:56 Donc ce n'est pas une solution pour nous.
06:58 - Mais vous avez l'impression que c'est insoluble,
07:00 ce problème du crack, Frédéric Fransel ?
07:02 - Non, ce n'est pas insoluble.
07:03 Ce qu'il faudrait, c'est adapter les solutions
07:06 pour qu'ils arrivent à les sortir de leur addiction.
07:09 Tant qu'on essaiera juste de les poursuivre,
07:12 ou de les encadrer dans leur consommation,
07:14 on n'en sortira pas, effectivement.
07:16 Par contre, si on essaye de les sortir, de les sevrer,
07:18 de les accompagner dans des communautés thérapeutiques,
07:20 à ce moment-là, on aura peut-être une chance d'en sortir.
07:22 - Merci à vous, Frédéric Fransel, d'être venu témoigner ce matin au micro d'Europe 1.
07:26 Au nom du collectif 19, on peut vous suivre sur les réseaux sociaux,
07:29 là on voit ce qui se passe en bas de chez vous au quotidien,
07:32 c'est assez effarant.
07:33 Merci à vous d'être venu sur Europe 1.
07:35 - Merci à vous de m'avoir invité.
07:36 - Je vous en prie, bonne journée.

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