• il y a 9 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Il est très exactement 8h moins le quart, c'est ici matin sur France Bleu, Belfort Montbéliard, sur France 3, Franche-Comté, Canal 32 de la TNT.
00:07 Un nouveau casse-tête en perspective pour les Nord-Franc-Comtois qui avaient prévu de partir en vacances ce week-end avec le train,
00:13 appel à la grève relayé par deux syndicats. Nous sommes ce matin avec un représentant du syndicat Sud Rail dans le Nord-Franche-Comté, Natacha Gradur.
00:19 Bonjour Mathieu Rollin.
00:20 Oui bonjour, vous m'entendez bien.
00:22 Merci beaucoup, oui merci d'avoir accepté notre invitation ce matin.
00:25 Vous êtes conducteur de TER depuis près de 20 ans dans le Nord-Franche-Comté sur la ligne Belfort-Mulhouse.
00:30 Un week-end de chasse et croisée de vacances scolaires, c'est le meilleur moyen pour une grève ? Selon vous, le meilleur moment ?
00:36 En tout cas, il n'y a pas de bon moment pour une grève.
00:39 A chaque fois qu'on en fait une, ça embête les gens, soit au travail, soit pour aller à l'école, pour les jeunes, soit pour aller en vacances.
00:47 Donc comme on est un service public, dès qu'on s'arrête de travailler, malheureusement c'est impactant pour les usagers.
00:52 Je vous confirme effectivement que ça embête les gens.
00:55 On a des témoignages sur les réseaux sociaux, notamment de tous ceux qui n'ont pas le choix et qui doivent aller travailler.
01:00 Et qui donc, eux, ne travaillent pas en même temps que vous, sauf qu'ils ne choisissent pas.
01:04 Est-ce qu'il n'y a pas d'autre moyen ? Est-ce que vous ne pouvez pas faire la grève des contrôles de billets ?
01:08 Alors non, cette grève des contrôles des billets, c'est une grève qui interdite la grève des pinces.
01:14 Parce que ça touche à l'argent des caisses, donc ça s'apparente à du vol et c'est puni de licenciement.
01:20 Le seul moyen d'établir un rapport de force avec son employeur, qui est légal, qui est reconnu, qui est constitutionnel, c'est la grève.
01:27 C'est la force des travailleurs.
01:29 C'est malheureusement, quand il n'y a pas de négociation, quand le patron nous ignore, il n'y a qu'une seule chose à arrêter.
01:36 Que ce soit à la SNCF ou ailleurs, c'est d'arrêter de travailler.
01:39 Et heureusement, c'est un droit syndical qu'on a obtenu il y a très longtemps, que nos anciens ont obtenu.
01:45 Et qu'il faut respecter, parce que le droit de grève, c'est quelque chose de très important aujourd'hui,
01:50 pour compenser un peu le pouvoir exubérant qu'a un employeur sur un employé.
01:53 Il y en a pourtant des négociations à la SNCF, depuis un certain temps, ce n'est pas le premier mouvement de grève.
01:59 Le patron de SNCF, Voyageurs, parle d'un mouvement social incompréhensible.
02:03 Le ministre des Transports aussi, et selon lui, des primes, des hausses de salaire ont été accordées,
02:08 qui ont largement bénéficié aux contrôleurs.
02:11 Il y a une prime de 400 euros qui a été annoncée pour le mois de février.
02:13 Ça ne suffit pas selon vous, par rapport aussi à l'ensemble des Français ?
02:17 Alors déjà, nous on demande du salaire.
02:21 Généralement, dans nos luttes depuis quelques temps, et toutes les négociations qu'il y a eu,
02:25 au niveau des NAO de 2022, les primes, une fois dans l'année, de 400 euros,
02:30 ce n'est pas ça qui vous permet de faire le plein d'essence aujourd'hui, et de remplir votre caddie.
02:35 Nous, on veut des augmentations de salaire, qui comptent aussi ensuite pour la retraite,
02:40 qui éventuellement, en cas de longue maladie, continuent d'être touchées, etc.
02:44 Il faut savoir quand même que ce mouvement-là, c'est un mouvement qui est spécifique pour les contrôleurs,
02:50 qui ont, lors d'un mouvement qui a été initié en dehors des syndicats par le CNA,
02:57 le Collectif National ASCT, c'est l'autre nom des contrôleurs ASCT,
03:01 en décembre 2022, il y a eu des engagements qui ont été pris par l'entreprise,
03:05 sur les parcours pros, sur la reconnaissance de la pénibilité, avec un aménagement de fin de carrière,
03:10 sur les salaires, et qui n'ont pas été respectés.
03:12 Ne serait-ce que de rencontrer les organisations syndicales,
03:15 pendant le premier SMS de 2023, ne serait-ce que de les rencontrer pour mettre en place
03:19 ce qui a été dit, ces engagements, cette rencontre n'a pas eu lieu, la direction n'a pas accepté.
03:24 - Vous le précisez justement, votre syndicat Sudray n'est pas à l'origine de ce mouvement,
03:28 qui a d'abord été porté par un collectif de contrôleurs, qui ne peut pas déposer de préavis,
03:32 qui n'est donc pas représentatif, l'ACGT et Sudray ont décidé de les couvrir, en quelque sorte,
03:37 donc ça veut dire qu'une petite partie de salariés mécontents à la SNCF
03:40 peut lancer une grève qui bloque un million de voyageurs.
03:42 - En fait, ce n'est pas une petite partie quand même,
03:46 parce qu'il y a quand même à peu près 9000 contrôleurs en France aujourd'hui,
03:50 c'est un corps de métier qui a des revendications très précises, et qui les a portées.
03:56 Donc, via ce collectif national, et en effet, un collectif national, ça ne peut pas poser de préavis, etc.
04:04 Donc, Sudray en tête a accepté de mettre l'outil syndical au profit de ces contrôleurs.
04:12 Il faut savoir qu'il y a la semaine prochaine, une grève des aiguilleurs.
04:18 C'est-à-dire qu'il y a une autre catégorie professionnelle, un autre métier dans la SNCF
04:24 qui va, elle aussi, faire grève, et qui est très bloquante, très impactante.
04:27 Si les aiguilleurs se mettent en grève, ça va être pareil, ça va être un gros blocage.
04:32 Mais il faut savoir quand même que nous, on a en ligne de mire
04:36 l'augmentation générale de 400 euros pour toutes et tous, tous les cheminots,
04:40 quel que soit leur poste, quel que soit leur métier,
04:43 et que peut-être on va frapper aussi pendant les JO cette année.
04:47 Parce que, voilà, on pense que là, les dernières NAO,
04:50 avec une augmentation d'environ 1,8% seulement, c'est-à-dire sous l'inflation,
04:55 avec des gens qui sont payés sous le SMIC, j'ai encore une fiche de paye
04:59 d'une collée contrôleuse qui est à 1617 bruts.
05:02 Donc, ce n'est pas possible, on n'arrive pas juste à finir le mois.
05:06 Et donc, on se bat avec la seule arme qu'on a, c'est la grève.
05:09 - Ici, matin, il est 8h moins 10, comment s'organiser face à la grève de la SNCF ?
05:14 Êtes-vous pénalisé ? Comprenez-vous le mouvement des cheminots ?
05:18 Appelez-nous, dès maintenant, profitez-en, la lignée est ouverte à 0384 22 82 82.
05:23 - Nous sommes toujours avec vous Arnaud Relin, merci d'avoir accepté notre invitation.
05:26 Vous êtes conducteur TER sur la ligne Belfort-Mulhouse.
05:29 Je vous propose néanmoins d'écouter le témoignage de la FNOT,
05:33 qui représente les usagers des transports dans notre région Bourgogne-Franche-Comté,
05:37 qui met en garde d'une certaine manière les cheminots.
05:40 - Alors, évidemment, ça accentue ce manque de bien-confiance,
05:43 et moi je dirais même que c'est, en tout cas pour ce type de conflit en période de vacances scolaires,
05:49 c'est un manque de considération vis-à-vis des usagers.
05:52 On s'aperçoit que les conflits sont toujours dans une période un peu critique en matière de vacances,
06:01 et que ça pénalise énormément les usagers, évidemment.
06:04 Il faut surtout que le dialogue social reprenne d'une manière sereine au sein de la maison SNCF.
06:10 C'est un besoin à la fois pour le personnel et pour les usagers.
06:14 - Vous l'avez dit, Mathieu Rollin, vous êtes un service public,
06:17 donc nécessairement quand vous faites grève, ça a des impacts.
06:20 Mais encore une fois, pourquoi pendant les vacances ? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres moments ?
06:24 - Comme je vous l'ai dit, imaginez qu'on fasse ça pendant la rentrée des classes.
06:29 On nous dirait "non, là vous êtes en train d'embêter les jeunes qui vont à la rentrée,
06:33 si ça se passe pendant le bac".
06:35 Ah oui, mais il y a ceux qui passent le bac la semaine, il y a ceux qui travaillent.
06:39 C'est ainsi.
06:40 Et moi je trouve le monsieur de la fenote là, il est très correct dans ce qu'il dit.
06:45 Il a tout à fait raison, et ça fait plaisir à personne de faire grève,
06:48 parce qu'on perd de l'argent, et puis nous ça nous embête.
06:50 En fait on a ça chevillé au corps, vous savez le service public,
06:53 on le fait tous les jours, on galère tous les jours,
06:55 mais on fait de notre mieux pour que les trains roulent en toute sécurité et à l'heure.
06:58 Donc quand on fait grève, c'est vraiment quand on n'a pas d'autre solution.
07:02 Et il a raison, il faudrait vraiment reprendre le dialogue social,
07:05 et reprendre une discussion sérieuse autour des engagements qui ont été pris avec la SNCF.
07:10 Et aujourd'hui c'est tout le contraire.
07:12 Et qu'est-ce qu'il vous faudrait pour arrêter ce mouvement ?
07:14 Parce que vous menacez quand même les Jeux Olympiques, là ça va encore être une autre histoire.
07:17 Qu'est-ce qu'il vous faut pour arrêter ce mouvement assez rapidement ?
07:20 Nous les revendications sur les ASCT, pour ce mouvement là, de ce week-end,
07:24 eux ils veulent être deux par TGV.
07:26 Et contrôleurs.
07:27 Oui, deux contrôleurs, pardon.
07:29 Ils veulent être deux par TGV, ils veulent du parcours pro de TER vers TGV,
07:35 ils veulent que ça continue.
07:36 Ils veulent la reconnaissance de la pénibilité, donc avec des aménagements de fin de carrière.
07:40 Il faut savoir qu'ils sont en travail décalé,
07:42 donc c'est sûr que quand on approche les 55-60 ans...
07:45 Ils ont également normalement des primes pour cela.
07:47 Et en quelques mots, les prévisions TER chez nous pour ce week-end,
07:50 vous vous serez en grève à partir de ce soir ?
07:52 Moi je suis conducteur, alors non, je ne serai pas en grève.
07:55 Mais les prévisions sont de seulement à peu près 8 trains supprimés sur 10 au niveau de TGV,
08:02 et 7 sur 10 au niveau de TER.
08:05 Merci beaucoup, pardon, allez-y.
08:07 Donc oui, en effet, la grève va être très très suivie,
08:11 et il va y avoir sans doute une suite qui a déjà été annoncée par les contrôleurs en avril, au mois d'avril.
08:17 Merci beaucoup Mathieu Rolin d'avoir accepté notre invitation ce matin
08:20 pour parler de cette grève SNCF qui court à partir de ce soir jusqu'à lundi.
08:24 Bonne journée.
08:25 Merci à vous aussi.
08:26 Vous pouvez retrouver cet entretien sur l'application ICI par France Bleu et France 3.
08:30 Vous écoutez France Bleu, Belleforme, en bas de la rue.

Recommandations