SMART JOB - Emission du lundi 19 février

  • il y a 7 mois
Lundi 19 février 2024, SMART JOB reçoit Mackara Ouk (capitaine de vaisseau, commandant du service recrutement, Marine Nationale) , Marielle Barbe (coach, conférencière et auteure) et Flaubert Vuillier (fondateur, La Manufacture RH)
Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Ravi de vous retrouver dans Smart Job, votre rendez-vous emploi RH et management,
00:12 débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles.
00:15 Bien dans son job, on parle aujourd'hui avec Flaubert Vuillier, le fondateur de la manufacture.
00:20 Manager, loin des yeux, vous avez compris l'idée d'avoir un collaborateur qui télétravaille,
00:25 ce n'est pas si simple pour le manager, on en parlera avec lui dans quelques instants.
00:28 Un grand entretien aujourd'hui dans le cercle RH, comment recrute-t-on dans la Marine nationale ?
00:34 Un plan de recrutement 2024 est lancé et vous le verrez avec des innovations,
00:39 de l'image pour attirer justement les jeunes dans plein de métiers différents.
00:44 On accueillera dans quelques instants le commandant du service recrutement de la Marine nationale.
00:49 Et puis le livre de Smart Job, profession slasher.
00:52 Slasher, on va vous expliquer, c'est ceux qui passent d'un travail à un autre
00:56 ou qui parfois mélangent les emplois, on en parlera avec Marielle Barbe,
01:00 elle est coach conférencière, auteure du livre Profession Slasher aux éditions d'Iateno.
01:05 Voilà le programme, tout de suite c'est Bien dans son Job.
01:08 Bien dans son job pour parler des managers, mais alors des managers qui managent à distance.
01:24 Et on en parle avec Flaubert Vuillier. Bonjour Flaubert.
01:27 Bonjour Arnaud.
01:28 Ravi de vous accueillir, fondateur de la manufacture RH.
01:31 Et vous avez choisi de vous intéresser aux managers, mais managers loin des yeux,
01:36 c'est-à-dire celui qui a ses équipes, loin. Ce n'est pas simple.
01:39 Ce n'est pas simple, c'est même plutôt compliqué à la base.
01:43 Manager c'est quoi ? Manager déjà c'est fédérer autour d'un projet, une vision.
01:48 Manager c'est engager. Engager à ce que les collaboratrices, collaborateurs
01:52 donnent le meilleur d'eux-mêmes. Et puis manager c'est développer.
01:56 Développer les résultats de l'entreprise, développer l'engagement je le disais,
02:01 mais développer également les compétences des collaboratrices, collaborateurs.
02:04 Quand on est à distance, il y a notamment un sujet, c'est l'engagement.
02:08 Le manager doit vraiment travailler à engager ses équipes parce que l'engagement,
02:15 l'attachement à l'entreprise, quand on vit l'entreprise depuis sa cuisine ou son salon,
02:21 ça peut être un peu compliqué en effet.
02:24 Là on reste du côté manager parce qu'il y a aussi les angoisses existentielles du salarié
02:28 qui lui sont dérivées comme un oust polaire sur la banquise.
02:31 Mais le manager, qu'est-ce qu'il doit inventer, innover pour maintenir ce lien ?
02:37 Ce n'est pas si simple.
02:39 Non ce n'est pas simple. Après le manager, déjà le problème du télétravail,
02:43 c'est que ça va amplifier certaines choses. Le mauvais manager en présentiel
02:48 va devenir normalement un très mauvais manager en distanciel.
02:52 Encore plus pressant ?
02:54 À la fois parfois encore plus pressant, très dans le contrôle,
02:58 parce qu'il confond télétravail et travail devant la télé et il se dit
03:01 "Que fait mon collaborateur ? Il sort le chien, il vide le lave-vaisselle ou alors il bosse ?"
03:06 Ou alors à l'inverse, il va être dans le "laisser aller total".
03:09 "Vas-y gère, moi je ne suis pas là, je te laisse totalement gérer les choses"
03:13 et il va y avoir trop d'autonomie et en effet, tel l'ours polaire, le collaborateur va se perdre.
03:18 Vous dites qu'il faut avoir les bons outils. C'est quoi les bons outils, Flaubert,
03:21 justement pour maintenir ce lien d'appartenance et de continuer malgré tout à manager
03:26 sans avoir l'impression d'être fliqué ?
03:28 Alors déjà les bons outils, on peut commencer, il y a pas mal un panel d'outils.
03:34 Déjà définir une politique de communication. Alors c'est un bien grand mot, mais se dire
03:38 "Ok, on va utiliser le mail pour ça", quand il y a des pièces jointes, certains outils.
03:43 Le téléphone pour ça, il faut avoir un WhatsApp ou un Slack pour passer des informations assez rapidement.
03:50 Et puis évidemment, il faut avoir des dossiers partagés pour qu'on puisse interagir dessus.
03:55 Et il y a un outil qui est très très important, ça s'appelle la réunion.
03:59 Comment je réunis mes équipes ? Alors déjà que la réunion est un sujet en présentiel
04:03 où je pense que, j'ai pas de chiffre, mais à mon avis 50-60-70% des réunions sont mauvaises en présentiel,
04:09 en distanciel, attention. Donc là il faut maîtriser son outil de visioconférence,
04:13 il faut assister sur l'ordre du jour, le relevé de décision.
04:17 Bien cadrer les choses.
04:18 Bien cadrer les choses. On commence à l'heure, on finit à l'heure.
04:21 Juste une chose, tiens, définissons un ou deux objectifs. On se réunit, quand on va sortir,
04:26 on aura dû définir quoi ? Qu'est-ce qu'on aura solutionné ?
04:29 Et vous le dites bien, pensez à bien reformuler la fin de la réunion. On est bien d'accord sur ces deux points.
04:33 Parce que c'est des enjeux qu'on oublie souvent.
04:36 On oublie très souvent. Donc à distance, aller chercher celui ou celle qui a un peu moins l'habitude que les autres de prendre la parole.
04:43 Vous dites une chose intéressante parce que dans les rituels de l'entreprise, il y a ces réunionnites,
04:48 en partie des rituels, puis il y a la machine à café. Sauf que patatras, là on peut pas se prendre un café
04:52 puisque la personne est elle-même devant sa machine à café. Comment on fait ?
04:55 Alors la machine à café, c'est pour moi un endroit très important, un endroit stratégique.
05:00 D'ailleurs, c'est pas pour rien que les bons délégués syndicaux traînent souvent la machine à café
05:05 ou aiment bien avoir leur bureau juste à côté. Laisse traîner l'oreille. Il s'y dit plein de choses.
05:10 Moi j'ai vu des boîtes où il y avait le directeur général qui mettait son bureau devant la machine à café.
05:13 Mais c'est pas pour rien. Donc il s'y dit beaucoup de choses, on trouve beaucoup de solutions, on pointe des problèmes.
05:18 Donc quand on est à distance, il faut recréer cet esprit machine à café.
05:22 Et comment on fait pour recréer de l'informel quand on n'a pas le lieu ?
05:25 On peut très bien créer un café virtuel. Tiens, le matin, à telle heure, vient qui veut, on se fait un café virtuel à distance.
05:32 Une salle de pause virtuelle, ça existe. On se fait une salle de pause, chacun passe quand il veut, etc.
05:37 Voilà ces moments où il est très important de pouvoir laisser l'échange se créer, les solutions se trouver.
05:44 Ça c'est très important.
05:45 Un mot sur l'humain, parce que là on voit bien que l'idée, il faut créer comme ça cette espèce de convivialité,
05:49 c'est pas si simple quand même. Puis vous dites qu'il y a peut-être des choses simples humainement à faire.
05:54 Allô ? Comment tu vas, Flaubert ?
05:56 Exactement, ça c'est ce que j'appelle un moment de grâce managériale.
05:59 Et il faut savoir se l'offrir quand on est manager et l'offrir à son collaborateur.
06:03 C'est simple, on contacte son collaborateur ou sa collaboratrice pour une seule question, "comment vas-tu ?" Rien d'autre.
06:09 Et là après, on pose la question et on laisse s'opérer la magie.
06:13 Normalement, 9 fois sur 10, la personne va dire "au fait, pourquoi tu m'appelais ?"
06:17 "Ben pour rien, juste savoir comment t'allais."
06:19 Là, ça s'appelle Socrate, on est d'accord, c'est la maie intique.
06:22 C'est juste une petite question simple et qui normalement déverrouille des choses.
06:25 Exactement, cette maie utique qui fait qu'on va tirer les choses, on va accoucher peut-être d'autres choses,
06:29 mais en tous les cas on va créer une vraie relation.
06:31 Et ça c'est très important, qui plus est, quand on est à distance, pour créer l'engagement dont je parlais tout à l'heure.
06:37 Et puis on l'évoquait, ce collaborateur dérivant sur la banquise, il a l'impression quand même qu'un fil
06:41 vient le ramener doucement vers le continent quand même par cette question.
06:44 Il est relié à un humain.
06:46 L'homme est un animal social, mais quand il est loin de la meute, attention, il peut avoir tendance à avoir du mal à y revenir.
06:53 C'est à travers ces questions-là, à travers des réunions constructives, à travers des one-to-one
06:57 où on va creuser les choses, où on parle aussi également de lui, de sa vie, d'homme avec un grand H,
07:02 qu'on va créer ce fil et qu'on va le ramener à l'entreprise et qu'on va l'engager dans le projet commun.
07:08 Rien de plus important que l'humain, lorsque justement il n'y a plus d'humain.
07:11 Comme il n'y a plus d'humain, il faut en remettre.
07:13 Exactement, et la différence pour moi, y compris à cette époque d'IA, et je crois beaucoup à l'IA,
07:18 mais la différence c'est l'humain, ça j'en suis convaincu.
07:21 Passionnant. Merci Flaubert Vuillier de nous avoir rendu fondateur de la manufacture RH.
07:26 Merci de nous avoir fait un détour par les studios de Smart Job.
07:30 On tourne une page, place à notre débat qui est un grand entretien aujourd'hui.
07:34 On va parler de la Marine Nationale et de sa campagne de recrutement,
07:37 parce que évidemment la Marine Nationale, comme beaucoup de secteurs,
07:40 a besoin de recruter pas uniquement des fusillés marins commando,
07:43 mais aussi des techniciens, des mécaniciens, des ingénieurs.
07:46 On en parle tout de suite avec justement le RH.
08:01 Le cercle RH, un grand entretien aujourd'hui avec le commandant du service du recrutement de la Marine Nationale,
08:07 le capitaine de vaisseau Makara Houk. Ravi de vous accueillir.
08:12 Je vous ai présenté comme le RH, mais vous êtes évidemment dans la grande famille RH de la Marine Nationale.
08:18 Vous faites du recrutement. Vous étiez venu il y a un an déjà nous parler de cette campagne
08:22 et de vos campagnes de recrutement. D'abord un petit mot, parce qu'il s'est écoulé un an.
08:26 Vous avez réussi à recruter le nombre de marins que vous souhaitiez.
08:31 Et je précise, pas forcément des soldats qui vont tenir le FAMAS,
08:35 mais aussi tous les métiers que vous cherchiez il y a déjà un an.
08:38 Est-ce que vous avez réussi votre défi déjà ?
08:40 Oui, vous avez bien fait de le préciser, parce que notre métier, c'est avant tout de mettre en œuvre des bateaux, des sous-marins,
08:46 évidemment aussi des hélicoptères et des avions, mais c'est d'abord des bateaux et des sous-marins.
08:51 Alors en 2023, nous avions des objectifs de recrutement qui étaient très, très ambitieux.
08:56 Je suis très content de dire que nous avons réussi à les atteindre,
09:00 ce qui a permis de montrer d'abord que la marine était encore très attractive,
09:05 parce qu'on a fait plus 15% de candidats par rapport à l'année précédente.
09:10 Et puis ensuite, ce qui a permis de valider notre stratégie qui court depuis maintenant presque 4 ans et qui est payante.
09:19 On va regarder quelques images parce qu'on va parler justement de vos stratégies de recrutement,
09:23 parce qu'après tout, la Grande Muette, d'une manière générale, s'est modernisée.
09:26 Elle utilise tous les outils modernes pour donner envie aux jeunes de devenir un militaire, un marin de carrière.
09:33 Regardez ce court extrait et on se retrouve juste après.
09:37 [Musique]
09:40 [Musique]
10:08 Il y a quand même dans ce clip, réalisé d'ailleurs par vos services,
10:12 vous êtes accompagné par une agence de communication, mais ça c'est vous.
10:16 Oui, avec Insign depuis la fin de 2023.
10:19 Il y a quand même au début de ce clip, l'idée quand même que la marine, ça fait rêver, c'est le voyage.
10:24 C'est des couchers de soleil, c'est des levées de soleil, c'est le lointain.
10:29 Ça reste ça quand même.
10:30 Exactement, parce que la marine, même si vous le faites dans un métier qui, sur le papier, est le même qu'ailleurs,
10:36 c'est un environnement qui reste exceptionnel et puis surtout, c'est une véritable succession d'aventures.
10:41 C'est une aventure professionnelle, c'est une aventure géographique, c'est aussi une aventure humaine.
10:46 Vous faites électricien dans la marine, vous n'êtes pas là que pour connecter des câbles entre eux.
10:51 Vous pouvez à n'importe quel moment sauter dans votre tenue de pompier pour lutter contre un incendie.
10:58 Vous pouvez aussi être dans l'équipe de visite dans lequel vous allez faire le coup de main pour une opération de narcops par exemple.
11:04 Donc vous voyez, c'est très varié.
11:06 Opérationnel, c'est ça qui est intéressant.
11:07 C'est très opérationnel.
11:08 Intéressant aussi le volet, la variété, parce qu'on va se le dire droit dans les yeux, vous avez beaucoup de demandes.
11:16 Parce que ça fait rêver, ce sont des corps d'élite, les gros fumacos, les fusillés commandos marins.
11:21 Mais vous dites, on en a trop de ce côté-là et peut-être qu'on en a un peu moins sur les mécanos, sur tous ceux qui sont derrière.
11:28 Ça, c'est un enjeu pour vous quand même.
11:29 Oui, parce que comme c'est dit dans le clip, on a plus de 80 métiers différents.
11:32 C'est réellement des métiers qui ont une variété très forte.
11:37 Vous pouvez être aussi bien dans la restauration, vous pouvez être également dans la maintenance aéronautique,
11:43 vous pouvez être maintenant dans la cyber, vous pouvez être dans les technologies numériques et vous pouvez être dans le nucléaire.
11:48 Et c'est complètement différent.
11:50 Donc on a une offre qui est très variée, très attractive.
11:52 Et puis on a différents moyens de rentrer dans la marine.
11:55 Vous pouvez rentrer sur des contrats qui sont assez courts, 2 ans, pour voir si ça vous plaît.
12:00 Vous pouvez rentrer pour un contrat un peu plus long, 4 ans.
12:02 Et puis vous pouvez rentrer aussi après pour un contrat de 10 ans dans lequel vous allez être formé pour exercer des responsabilités d'encadrement tout de suite.
12:10 2024, 4000 recrutements, on est d'accord ?
12:12 Oui, on sera à plus de 4000 recrutements.
12:14 En 2024, on aura les mêmes ambitions qu'en 2023, qui sont les plus élevées qu'on a eues depuis la fin de la guerre froide.
12:21 Et on s'appuiera sur les mêmes piliers de notre stratégie qui sont d'un côté les partenariats,
12:27 c'est-à-dire trouver les partenaires qui vont nous amener les bons candidats pour toutes ces filières très particulières dans la marine,
12:34 puisque je vous ai dit qu'il y a 80 métiers différents.
12:36 Et puis de l'autre côté, l'ambassadorat, parce que ce qui nous rend convaincants, c'est de pouvoir rencontrer un marin.
12:42 J'ai été contacté il y a encore deux jours par un jeune Guillaume, qui est un jeune ingénieur, qui s'est tourné vers l'éducation nationale.
12:51 Et il a eu la chance d'embarquer sur le Charles de Gaulle pendant quelques jours.
12:55 Là, il m'a contacté parce qu'il a envie de rentrer.
12:58 Mais justement, cette particularité de la marine, parce que vous parlez de l'aventure, de la polyvalence des pays, parce qu'il faut quand même le dire, on voyage.
13:06 C'est aussi des contraintes, c'est aussi un enjeu.
13:09 - Ça veut dire qu'on consacre plusieurs mois et vous l'avez été. Vous avez été le commandant de plusieurs bateaux, la Fayette notamment et quelques autres.
13:16 Vous partez loin, on quitte sa famille. Ça fait partie du métier quand même.
13:21 - Oui, bien sûr. Mais je pense qu'aujourd'hui, ça répond à un besoin de se mettre un peu en danger, un peu d'aller au bout de soi-même.
13:30 On a une jeunesse qui a besoin de défis, qui a besoin de sens.
13:34 Nous, le métier qu'on exerce, c'est un métier justement qui permet d'aller jusqu'au bout de soi, de toucher ses limites, de voir jusqu'où on est capable d'aller.
13:41 Parce que relever des défis depuis son canapé avec des manettes, ce n'est pas difficile avec son téléphone portable.
13:48 Quand il s'agit d'aller comme ça loin, enfermé sur une boîte en métal, de voir combien on est capable de tenir.
13:56 Là, on peut dire qu'on a fait quelque chose dans sa vie.
13:58 - Et sûr, il faut le dire, sur des théâtres d'opération, parce qu'on voit le monde est incertain.
14:04 On voit le bateau qui s'engage là, pas très loin de la bande de Gaza. On voit des enjeux depuis la mer Rouge.
14:12 Donc, c'est aussi des enjeux où on va au-delà de l'aventure.
14:17 - Oui, tout à fait. Rentrer dans la marine, c'est répondre à un certain nombre de défis du monde moderne.
14:21 Parce que ce qui se passe sur l'eau, c'est souvent lointain. Donc, on ne le voit pas. Ce n'est pas notre quotidien.
14:26 Mais en revanche, la plupart de nos apprévisionnements passent par les voies maritimes.
14:30 Le monde est de plus en plus dangereux. Se réarment.
14:33 Et en particulier en mer, se jouent des jeux de confrontation, de puissance qui ne pourraient pas avoir lieu à terre.
14:40 La France, qui est un pays européen, mais qui a énormément de possessions outre-mer,
14:45 elle est également un acteur de ces jeux de pouvoir sur l'ensemble des océans.
14:50 - Les enjeux de modernité, parce que je trouve ça intéressant qu'on en parle un peu.
14:53 L'armée, il y a longtemps, a souvent été brocardée.
14:57 Là, aujourd'hui, on voit des outils archi-modernes. Vous êtes à la pointe.
15:01 Et ça, je pense aussi que vous le portez dans votre ADN de recruteur.
15:05 C'est important ? Ça attire les jeunes ? Ça fonctionne ?
15:07 - Oui, tout à fait. D'abord, parce que dans cette diversité de métiers qu'on offre,
15:12 et qui sont accessibles au plus grand nombre, parce que nous formons nous-mêmes les jeunes recrues,
15:16 il y a dedans des métiers extrêmement techniques, des métiers de pointe.
15:20 La marine est le deuxième opérateur de centrales nucléaires d'Europe.
15:24 - On transporte quand même les ogives nucléaires ?
15:28 - Je parle juste de la propulsion nucléaire.
15:30 - Que de la propulsion, pour faire se déplacer le sous-marin ?
15:32 - Voilà, les sous-marins et le porte-avions nucléaires, il faut des gens qui sont extrêmement qualifiés pour le faire.
15:38 Et d'ailleurs, qui sont extrêmement recherchés dans le monde civil.
15:41 Mais c'est le cas aussi d'autres domaines de pointe et nouveaux.
15:45 On "invente", on crée pas mal de métiers tous les ans.
15:50 En 2022, on en a créé une dizaine. Cette année, on en a créé cinq.
15:54 - Mais quels ?
15:55 - Alors par exemple, dans la propulsion nucléaire, on a séparé ceux qui faisaient la propulsion en soi
16:00 et ceux qui font la gestion des risques un peu plus à terre.
16:04 Dans les métiers du renseignement, on a créé six nouveaux métiers différents
16:10 pour prendre en compte la complexité.
16:14 De l'électronique, mais également des renseignements humains,
16:18 parce qu'il faut des gens qui sont très spécialisés dans le renseignement humain.
16:22 Mais c'est le cas dans d'autres domaines.
16:25 Par exemple, on va recruter cette année nos premiers marins
16:29 qui vont faire directement de la cyberdéfense dès leur entrée dans la marine.
16:33 Puisque jusqu'à présent, c'était une qualification qu'on développait ensuite.
16:37 - Vous les formez dès le départ.
16:39 Je veux devenir un homme du renseignement de la marine.
16:43 Vous nous amortissez une information, parce que je pensais que c'était que des hommes qui étaient au seul.
16:46 Vous nous dites "on fait aussi du renseignement dans la marine".
16:49 Je fais comment ? Je vais sur internet, j'envoie un mail directement au recruteur. Comment je fais ?
16:52 - Comme pour tous les métiers que nous vous offrons,
16:55 vous pouvez d'abord aller sur notre site, parce qu'il y a une mine d'or d'informations.
17:00 Mais le mieux encore, c'est de venir nous rencontrer, nous voir directement.
17:03 - Dans les bureaux ? - Soit dans les CIRFA.
17:05 Il y a 60 CIRFA en France métropolitaine et en Outre-mer.
17:09 Donc il y en a forcément un qui n'est pas très loin de chez vous.
17:11 Vous pouvez également essayer de rencontrer sur la plateforme "My job glasses"
17:16 des marins qui sont dans le domaine et qui vous expliqueront exactement ce qu'ils font.
17:20 Et vous pouvez aussi venir nous rencontrer sur des événements.
17:23 Ça peut être des grands événements à Paris, comme le salon de l'étudiant ou les StudiRama, mais c'est également en province.
17:29 - Quand je vous dis "Macaron Houck, commandant du service de recrutement de la Marine Nationale,
17:33 semaine des 4 jours, télétravail", je vous vois déjà sourire.
17:38 Ça ne marche pas ? - Si, on en a parlé avec votre invité précédent.
17:43 Ça ne marche pas quand vous êtes sur un bateau, un sous-marin.
17:47 Ça reste un métier qui est un métier de présence physique.
17:50 - D'engagement. - D'engagement, exactement.
17:53 Si vous êtes à la recherche d'authenticité, c'est-à-dire d'un métier qui est réel et palpable,
17:57 venez nous voir, venez chez nous.
18:00 Mais dans les états-majors, il y a du télétravail.
18:03 Et comme je l'expliquais à votre invité précédent, notre façon de fonctionner,
18:07 c'est que lorsqu'un bateau se déploie dans le monde, il est commandé, il est dirigé.
18:11 Et donc ça se fait à distance.
18:13 Et donc en fait, on a déjà une culture de management qui est tout à fait compatible avec le télétravail.
18:18 - Sans rentrer dans les 80 métiers, 14 activités, c'est pléthorique,
18:22 il y a tous les métiers dans la marine, ou presque, ça va de la restauration,
18:26 parce qu'il y a un vrai sujet sur la restauration et sa qualité.
18:29 Les rémunérations, parce que ça aussi c'est un enjeu, j'imagine,
18:32 je pousse le bureau d'un CIRFA ou d'un bureau de...
18:35 Bon, la première question c'est "Est-ce que tu aimes le voyage ? Est-ce que tu as envie de bouger ?"
18:38 Il va dire "Oui".
18:39 Puis ensuite, ce jeune garçon ou cette jeune femme va dire "Mais le salaire c'est... voilà, la solde c'est combien ?"
18:46 C'est le même niveau que, je dirais, dans le privé ? Comment ça se passe ?
18:49 - Alors c'est une grille qui est celle de la fonction publique.
18:53 L'avantage dans la marine, c'est que...
18:56 Alors déjà, dans toutes les armées, c'est que vous êtes payé dès votre premier jour de contrat.
19:00 Et ensuite, ce qui est spécifique à la marine, c'est que comme vous êtes souvent déployé, quand vous êtes sur des bateaux,
19:06 vous avez un certain nombre de primes qui vont avec, qui font qu'aujourd'hui, lorsque vous rentrez, vous êtes simple matelot,
19:12 vous vous êtes déjà à quasiment 1 600 euros par mois.
19:16 - Hors primes ?
19:17 - Non, non, avec les primes comprises lorsque vous êtes déployé.
19:21 - Matelot, c'est-à-dire le niveau de base ?
19:23 - Voilà. Ce qui fait que vous avez des contraintes, vous l'avez souligné tout à l'heure,
19:29 mais ce sont des contraintes qui sont reconnues, d'abord qui sont valorisantes,
19:33 et puis qui, derrière aussi, ouvrent droit à un certain nombre d'avantages.
19:37 - Un mot, vous allez tenir ce défi, là ? Parce qu'il y a, j'imagine, des salons,
19:41 vous allez venir sur les télévisions nous dire "vous en êtes où, là ?"
19:45 parce qu'on est au tout début de la phase de recrutement. Qu'est-ce que ça donne ?
19:48 - Alors non, la bataille pour 2024, elle a commencé il y a déjà 6 mois.
19:51 - 6 mois, mais vous en êtes où ?
19:52 - Parce qu'on en est où ? Eh bien, pour l'instant, on est au début des premiers contrats.
19:56 Et la bataille de 2024 s'annonce également difficile, mais c'est pour ça qu'on est là,
20:01 c'est pour pouvoir relever ce défi. Qu'est-ce qui va changer en 2024 ?
20:04 Alors, les objectifs sont les mêmes, je vous l'ai déjà dit.
20:07 En revanche, nous avons changé notre agence conseil,
20:10 et puis nous allons un peu adapter notre stratégie de communication.
20:15 Tout ce qui a été fait avant avec la société Radency a été validé, je l'ai dit tout à l'heure,
20:19 donc on va rester cohérent avec ça. En revanche, on va adopter,
20:23 vous allez bientôt voir notre nouvelle campagne, nouveau visuel,
20:27 je pense que vous allez être agréablement surpris.
20:29 - Je n'ai même pas vu, vous ne l'avez pas apporté.
20:30 - Alors, je ne peux pas la dévoiler.
20:31 - Ce n'est pas possible.
20:32 - Mais vous n'avez qu'à me réinviter lorsqu'elle sera lancée.
20:34 - Bien sûr, en exclusivité.
20:35 - Et donc, vous allez être, je pense, très agréablement surpris,
20:37 parce qu'à la fois, elle est différente, et de l'autre côté, les messages sont extrêmement cohérents.
20:43 On va continuer de marteler les mêmes, c'est-à-dire que rentrer dans la marine,
20:47 c'est pouvoir exercer un métier intéressant, valorisant, avec une formation, des perspectives d'avenir,
20:55 et on va un peu plus insister sur cet aspect de l'aventure, au pluriel, des aventures.
21:00 - On le redit avec la création de nouveaux métiers, c'est-à-dire que cette marine nationale,
21:04 elle évolue aussi avec les enjeux cyber, les enjeux de renseignement,
21:08 et tous les enjeux qui nous sont dévoilés dans l'actualité quotidienne.
21:13 Vous êtes un recruteur heureux, parce que ça ne vous manque pas, quand même ?
21:16 C'est une question un peu personnelle, mais...
21:18 - Alors, on ne peut pas vivre dans le passé. - Vous êtes à terre.
21:20 - Oui, mais ça, c'est sûr. - C'est dur pour un marin.
21:22 - J'ai adoré cette vie, mais on ne peut pas vivre dans le passé,
21:25 et aujourd'hui, réussir les objectifs de recrutement de la marine, c'est un défi qui m'enthousiasme.
21:30 - C'est votre bataille à vous. - Voilà, c'est ma bataille à moi.
21:32 Je suis entouré de collaborateurs qui sont extraordinaires, j'ai autour de moi une équipe qui est géniale.
21:37 On travaille avec une agence conseil qui est également, aujourd'hui, vraiment géniale aussi, Insign.
21:44 Vraiment, j'ai du plaisir à travailler avec eux, parce qu'on se comprend bien.
21:48 Et puis, on a plein de partenaires qui nous entourent, et avec lesquels on n'est pas juste dans un rapport transactionnel.
21:55 Ce sont vraiment des gens qui comprennent quel est notre ADN.
21:58 On parle aussi bien de MyJobGlasses, des jobs in real life, on va parler de la marque bleue, on va parler de Clinch, voilà.
22:06 Plein, plein, alors j'en oublie plein d'autres, et je m'en excuse auprès d'eux.
22:09 - Tout ce qui est plugué sur la marine, et qui fait que des jeunes vont pousser la porte.
22:13 - Et puis, tous les prescripteurs, les gens qui vont inciter les candidats à l'embauche vers leur choix,
22:24 qui peuvent être les parents, qui peuvent être les professeurs, qui sont extrêmement engagés,
22:28 tous les gens qui forment, qui sont dans l'insertion professionnelle, tous ces gens-là, ils nous accompagnent.
22:33 Et d'ailleurs, notre stratégie en 2024, elle va beaucoup plus s'adresser à eux, pour qu'ils nous aident.
22:38 - Merci Mackéraouc de nous avoir fait partager votre passion, parce qu'on voit vraiment qu'il y a de la passion,
22:43 vous êtes habité par cette mission, par cette bataille, c'est votre bataille.
22:46 - Merci beaucoup de m'avoir reçu.
22:47 - Commandant du service recrutement de la marine nationale SRM, et vous êtes capitaine de vaisseau,
22:51 parce que vous avez beaucoup navigué, vous avez "bourlingué" comme on dit.
22:54 Merci de nous avoir rendu visite, et puis vous reviendrez nous présenter la campagne,
22:57 bon elle ne sera pas en exclusivité, mais on la verra.
22:59 Merci, merci à vous, on termine notre émission avec Fonette sur l'emploi.
23:02 Avez-vous entendu parler du mot "slasher" ? Forcément que oui, on en parle.
23:07 [Musique]
23:19 Fonette sur l'emploi, c'est le livre de Smartjob pour parler d'un mot dont vous avez, j'en suis sûr,
23:24 entendu parler, les "slashers". On va en parler à travers ce livre.
23:28 Profession "Slasher", édition Diathéno, et j'accueille Marielle Barbe. Bonjour Marielle.
23:32 - Bonjour. Je m'accueille.
23:34 - Vous êtes coach, conférencière, vous êtes vraiment centrée sur ce sujet des "slashers"
23:38 et vous en faites un livre. D'abord pour le commun des mortels, un "slasher", c'est quoi ?
23:42 C'est quoi votre définition ?
23:43 - Alors, ce n'est pas ma définition. Le mot est rentré dans le Larousse en 2019,
23:47 et un "slasher", c'est une personne qui cumule plusieurs activités professionnelles à la fois.
23:53 Le Larousse précise spécifiquement des "millennials", notamment des "millennials",
23:59 question en quoi je ne suis pas d'accord parce que je vois des "slashers" de toutes les générations.
24:03 - Toutes générations, oui.
24:04 - Alors, évidemment, les "millennials", ils arrivent avec des aspirations à "slasher".
24:09 Ils "zappent", ils "slashent", c'est évident pour eux.
24:13 Donc, ils le revendiquent peut-être un peu plus fermement, mais en réalité,
24:16 j'en vois dans toutes les générations.
24:18 - Ça dit quoi à la fois de notre société et d'une personnalité ?
24:22 Parce qu'il y a un enjeu un peu psy, puis un enjeu un peu sociétal.
24:25 "Slasher", c'est parce qu'il a besoin de plusieurs métiers pour vivre,
24:27 parce qu'il a besoin de plus de revenus ou c'est parce qu'il a une vie tellement incroyable
24:31 qu'il fait plein de choses en même temps pour s'équilibrer ?
24:33 C'est quoi le... ?
24:34 - Je vais commencer par le méta.
24:36 Sans doute que c'est un vrai phénomène de société parce que 26% aujourd'hui d'actifs,
24:42 selon la dernière étude du salon SME, sont "slashers" en France.
24:47 Et ce qui en fait un phénomène de société, parce que ça a toujours existé,
24:50 voire avant, mes grands-pères étaient "slashers", la barre oblique n'existait pas.
24:55 - Je suis d'accord.
24:56 - Ils étaient agriculteurs et en même temps bûcherons et puis...
24:58 - Mais il n'était pas forcément par choix.
25:00 Il était pour faire bouillir la marmite par nécessité économique.
25:03 Ce qui en fait un phénomène de société aujourd'hui, c'est que 96% de ces 26% d'actifs le sont par choix.
25:12 Donc ça, c'est vraiment surprenant parce qu'on pourrait imaginer que,
25:15 dans un contexte de polycrise, dans un contexte de marché de travail assez tendu,
25:22 les personnes n'y vont par nécessité économique.
25:26 - Et vous, votre étude démontre quoi ? L'inverse ? Qu'on y va aussi par une forme de passion, de lassitude ?
25:32 - Voilà. Donc ce phénomène s'inscrit dans un contexte de métacrise, d'évolution du travail,
25:40 dans un contexte où une compétence qui durait 30 ans en 87, dure 2 ans aujourd'hui.
25:46 - Obsolescence programmée des métiers.
25:48 - Oui, la digitalisation du travail, la nomadisation qui a été embarquée par la crise du Covid,
25:53 la quête de sens embarquée par la crise du Covid, etc.
25:56 Donc tout ça favorise cette émergence fulgurante parce qu'en 2015-2016, on était à 16% d'actifs.
26:02 En 2022, on est à 26% d'actifs.
26:04 - Juste un mot, Marielle, vous qui connaissez ce sujet par cœur, c'est des cumulations de contrats,
26:08 ce sont des auto-entrepreneurs qui prennent un CDD. C'est quoi les outils ou les véhicules ?
26:13 - Il y a toutes les configurations.
26:14 Pour revenir au méta, je finis juste pour pouvoir arriver au psychologique et aux différentes formes de slashing.
26:21 Je pense qu'aujourd'hui, dans le monde du travail, ce qui fait qu'il y a cette émergence de slasher,
26:25 c'est que les actifs avancent comme des fusées dans leur vie personnelle.
26:29 On évolue tous, on se forme partout, on évolue comme une fusée.
26:34 Mais dans le monde du travail, on n'évolue pas au même rythme.
26:37 Donc il y a cette aspiration à faire évoluer l'évolution personnelle et l'évolution professionnelle.
26:41 Ensuite, vraiment le slasher, la personne qui a un profil multipotentiel,
26:48 elle est éminemment curieuse et elle a besoin d'une diversité professionnelle, un peu comme la nature.
26:55 C'est-à-dire, j'ai besoin de faire des choses qui m'appellent à ma tête, d'autres à mon cœur, d'autres à mon corps.
26:58 - Et qui la construisent à l'équilibre.
26:59 - Qui me construisent, qui me construisent en une forme de complétude,
27:02 où je ne vais pas laisser à la porte de mon entreprise ou de ma fiche de poste des choses qui sont essentielles pour moi,
27:07 pour mon plaisir, pour ma passion.
27:09 - Et pour un employeur, parce que vous pouvez avoir quelqu'un qui a son auto-entreprise, il y a eu même des problèmes juridiques.
27:13 - Oui, c'est bien le problème en France.
27:15 - Il y a un problème là.
27:16 - Oui, alors c'est un problème en France, mais en réalité ça peut être aussi un atout.
27:19 - Bien sûr.
27:20 - Il va falloir réfléchir, il va falloir que nos institutions, j'ai eu la chance de travailler l'année dernière avec France Travail,
27:24 Paul Emploi, ex-Paul Emploi, sur un gros projet d'études sur la polyactivité attractive.
27:31 Donc ça veut dire qu'on doit aussi, les pouvoirs publics vont devoir re-questionner,
27:35 quid des contrats, quid de la législation, etc.
27:38 Mais en réalité, si on regarde comme un atout, c'est vraiment un atout énorme pour les entreprises aujourd'hui,
27:44 pour répondre à tous ces gros enjeux RH.
27:48 - Merci Marielle Barbe, désolé, je serai restée avec vous plus longtemps, parce que c'est un sujet, vous avez raison,
27:54 il faut faire un débat, véritablement, parce que c'est un sujet de société,
27:58 qui est un peu une zone d'ombre, en tout cas, qui est une zone grise pour le moins.
28:01 - Il y a beaucoup de croyances, de représentations, de préjugés, et il y a beaucoup de leviers à activer.
28:08 - Marielle Barbe, auteure de ce livre "Profession Slasheur", je ne sais pas si on peut voir le livre,
28:12 voilà, il est là, avec une très belle couverture, édition,
28:15 Diathéno, coach conférencière, slasheuse et consultante, et très slasheuse à sa manière.
28:20 - Oui c'est ça.
28:21 - Merci de nous avoir rendu visite, c'est la fin de notre émission, merci à toute l'équipe, merci à Angèle à la réalisation,
28:26 merci à Thibault Ausson et merci à l'équipe de programmation, évidemment,
28:29 Nicolas Juchat, Alexis Mathieu et notre ami Victor, en stage dans l'équipe Bismarck.
28:36 Je vous dis à très très bientôt, bye bye.
28:38 (Générique)