RTL ÉVÉNEMENT - Rencontre avec une locataire congédiée en raison des JO

  • il y a 7 mois
C'est l'une des conséquences des Jeux olympiques selon l'Agence départementale d'information sur le logement : les résiliations de bail ont bondi de plus de 20% depuis le mois de janvier par rapport à 2023. Certains propriétaires trouvent plus lucratif de louer leur logement pendant deux semaines que pendant un ans. De nombreux locataires se retrouvent donc à la porte. Valentin Boissais a rencontré pour RTL une locataire congédiée de son appartement il y a tout juste quelques jours.
Regardez RTL Evènement du 20 février 2024 avec Valentin Boissais.
Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL événements.
00:06 Et l'événement ce matin sur RTL, ce sont ces locataires virés de leur domicile à cause des I.O.
00:11 Oui, virés. Vous l'avez bien entendu, les résiliations de bails ont en effet bondi de plus de 20%
00:16 depuis le mois de janvier par rapport à 2023 à Paris.
00:20 Ce sont les chiffres de l'ADIL, l'agence départementale d'information sur le logement.
00:24 Pour de nombreux propriétaires, c'est souvent plus lucratif de louer leur logement deux semaines plutôt qu'un an.
00:30 Bonjour Valentin Boisset.
00:31 Bonjour Amandine, bonjour à tous.
00:32 Vous avez justement rencontré une locataire mise à la porte de son appartement il y a quelques jours.
00:37 Oui, le rendez-vous est fixé devant la porte d'un deux pièces de 43 mètres carrés en plein coeur de Saint-Ouent à 10 minutes.
00:44 A pied se trouve la piscine olympique à 800 mètres. On entend ronronner le chantier du village des athlètes.
00:49 Mais voilà qu'il y a deux semaines, Margot, locataire, reçoit un appel de son agence immobilière.
00:54 Elle me dit la phrase "je vous appelle par correction".
00:57 Elle m'a annoncé que le propriétaire voulait récupérer l'appartement pour reloger son fils.
01:02 Je lui ai dit que c'était très bizarre que ce soit à trois mois des JO.
01:06 Et elle a changé de sujet.
01:06 Ce qui amène à un deuxième problème, c'est qu'il faut retrouver un appartement.
01:09 C'est complètement galère. J'ai regardé des annonces, je fais que ça et je trouve pas grand chose.
01:13 Sur les plateformes de location, ce genre de logement se loue aujourd'hui à plus de 500 euros la nuit pendant les JO.
01:19 Il est dans son droit, dans l'idée. Par contre, il est obligé de respecter des motifs.
01:22 Et donc c'est ça que l'on va potentiellement regarder.
01:25 Margot va donc se tourner vers un avocat pour vérifier la validité du motif.
01:29 Maître Virginie Odino, avocate spécialisée en droit immobilier, a reçu depuis début janvier une quinzaine de clients avec des dossiers similaires.
01:37 Saint-Ouen, 19ème, 18ème sont assez touchés.
01:40 J'ai également un dossier complètement avéré, puisque le bailleur propose un renouvellement de baille à son locataire.
01:46 Par contre, il demande clairement à son locataire de partir des locaux en juillet et août.
01:50 C'est manifestement pour remettre à la location pendant ces deux mois-là.
01:53 Et ça, c'est une pratique qui est interdite ?
01:55 Le locataire est dans les lieux, il n'a pas à devoir partir de chez lui pendant deux mois.
01:58 On est complètement hors champ légal.
02:01 Dans ce cas précis, les locataires espèrent des dommages et intérêts de la part de leur propriétaire.
02:05 Justement, Valentin, que peut-on faire si on sent qu'il y a un problème ?
02:08 Et bien plusieurs choses. D'abord, vérifier que le motif invoqué est valable.
02:12 Le propriétaire a le droit de congédier les locataires pour revendre, faire de gros travaux ou reloger sa famille.
02:18 Par exemple, une reprise pour loger un proche.
02:21 Il va falloir arriver à prouver que le bailleur invoque un motif qui en réalité n'est pas le vrai.
02:26 Obtenir une attestation éventuellement du proche sur laquelle il s'engage et atteste reprendre le bien.
02:30 Une enquête de voisinage a posteriori.
02:32 Pour se faire aider, il existe l'agence départementale d'information sur le logement à Paris, la DIL.
02:38 Elle a mis en place une ligne téléphonique uniquement dédiée à ce phénomène.
02:42 J'ai essayé d'appeler.
02:43 Bonjour et bienvenue à l'agence départementale d'information sur le logement de Paris.
02:47 5 appels avant vous. Le temps d'attente est d'approximativement de 60 minutes.
02:53 Et c'est comme ça toute la journée. Une ligne surchargée.
02:55 23% de signalement en plus depuis 2 mois.
02:58 Pierre-Louis Montero est chargé de mission à la DIL et selon lui, une grande partie des résiliations sont illégales.
03:04 Ce qu'on a pu constater, c'est qu'une partie assez conséquente, aux environs de 20% des congés qu'on a pu examiner, ne respectait pas ces règles de forme.
03:13 Et lorsque les règles ne sont pas respectées, des poursuites judiciaires sont donc possibles.
03:17 Dernière question, Valentin. Est-ce que ce phénomène avait été anticipé en France avant les JO ?
03:22 Eh bien le problème, selon la DIL, c'est qu'il n'existe pas vraiment en France d'organisme officiel contrôlant ce phénomène, qui s'accentue donc à quelques mois des JO.
03:31 Cela fait plus d'un an que nous interpellons les pouvoirs publics.
03:34 Hormis le locataire lésé, aucune administration ne contrôle le phénomène du congé d'ailleurs.
03:40 Le problème devient alors politique, puisque Yann Brossat, sénateur communiste parisien, a déposé au Sénat une proposition de loi de trêve olympique pour éviter un empilement de ces congés locatifs.
03:51 Notre objectif, c'est qu'il n'y ait pas d'expulsion locative pendant l'année 2024.
03:55 Il s'agit de locataires qui sont de bonne foi, qui payent leur loyer, qui seraient victimes de stratégies de leurs propriétaires visant à tirer profit des JO.
04:03 Une telle mesure ne serait pas inédite en France, puisqu'elle avait été mise en place, souvenez-vous, en 2020, à l'époque du Covid.
04:10 RTL événement signé Valentin...
04:12 [SILENCE]

Recommandée