• il y a 9 mois
Au cours de cet entretien exceptionnel, découvrez un Alain Delon intime et authentique comme jamais auparavant.

L'acteur légendaire se livre à cœur ouvert sur :

Sa carrière extraordinaire : Delon retrace son parcours exceptionnel, de ses débuts au cinéma à ses rôles les plus marquants, en passant par ses collaborations avec les plus grands réalisateurs.
Sa vie privée : Delon évoque ses relations amoureuses, ses succès et ses échecs, ses joies et ses peines, avec une franchise et une émotion rares.
Ses engagements : Delon parle de ses convictions politiques et sociales, de son combat pour la défense des animaux, et de son regard sur le monde d'aujourd'hui.
Ses projets d'avenir : Delon partage ses ambitions et ses rêves pour l'avenir, tant sur le plan personnel que professionnel.

Un moment unique de partage avec un homme d'exception qui a marqué l'histoire du cinéma français.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:25 Bonjour, c'est un grand privilège ce matin pour l'avant-dernière émission de Théo Café
00:30 de recevoir une figure emblématique du cinéma, c'est une légende, c'est une icône.
00:34 C'est Alain Delon qui est avec nous. Alain Delon qui est un homme complexe,
00:39 qui est un homme plein de paradoxes et pendant 40 minutes,
00:42 il va se confier sur le plateau de Théo Café.
00:45 Bonjour Alain Delon, merci d'être là.
00:47 Ça me fait très plaisir de vous rencontrer. On s'embrasse ?
00:52 - Bon d'accord, dès le départ. - Dès le départ.
00:56 - Merci Catherine, merci. - Merci d'être là.
00:59 Alain, vous êtes assez rare sur les plateaux de télé.
01:04 - C'est vrai, c'est vrai. - Qu'est-ce que vous attendez, vous, d'une interview ?
01:09 - J'attends d'abord ce qu'on va me demander. - Certes, mais ensuite,
01:13 pourquoi vous acceptez une interview plus qu'une autre ?
01:17 - C'est parce que j'ai vu ce que vous avez fait avec ma fille
01:19 et que j'ai eu envie de venir et d'essayer de faire la même chose.
01:23 J'en ai vu d'autres, mais surtout celle avec ma fille.
01:26 Et ça fait très, très plaisir à ma fille que je sois là.
01:28 - On salue Anoushka. Est-ce que vous êtes une star, un mythe, une icône, une légende ?
01:34 - Je suis un mythe vivant. Et c'est très rare.
01:37 Parce que souvent, vous voyez, je veux dire, des annonces de la publicité ou autre chose,
01:40 ce sont des mythes, mais des mythes disparus.
01:43 Et moi, il m'arrive encore de faire un peu de publicité ou des vues à gauche, à droite,
01:46 et je suis vivant. Pardonnez-moi l'expression. Bien vivant.
01:51 - Quand est-ce que vous avez souffert, et le plus souffert,
01:54 de l'intrusion de la presse dans votre vie privée ?
01:57 - À toute ma carrière. - Ah oui, tout du long.
01:59 - Tout du long, oui. Si je n'étais rien ni personne, j'aurais pas ce problème.
02:03 Donc, il faut le savoir, il faut jouer avec. - Et l'accepter.
02:06 - Et l'accepter parce que ça fait partie de votre métier.
02:09 - Vous savez, Alain Delon dit, être adulte, c'est avoir pardonné à ses parents.
02:14 Est-ce que vous avez pardonné aux vôtres ?
02:17 - C'est une bonne question. Pas tout.
02:21 Depuis, maintenant, oui, mais pendant longtemps, non.
02:24 - Il y a cette photo, je crois que c'est celle que vous préférez.
02:30 - Ah, c'est la série que je préfère.
02:33 C'est moi dans ma petite baignoire avec ma mère, évidemment, elle est tellement belle.
02:37 Ma mère est d'une beauté.
02:39 Je veux pas dire que je suis beau, mais je peux vous dire que je dois tout à ma mère.
02:43 Et quand on la voit comme ça, je veux dire...
02:46 Je sais, alors ça a évidemment ce souvenir pour moi, c'est impérissable.
02:50 J'en ai beaucoup sur mes murs à la campagne, avec maman.
02:54 - À 4 ans, vos parents ont divorcé, vous êtes placé en nourrice.
03:00 Vous étiez devenu gênant pour vos parents ?
03:04 - Ah, vous y allez sec. Non, ce qu'il faut d'abord savoir, Catherine,
03:08 c'est que quand j'avais 4 ans, c'était une autre époque.
03:13 Oh, tu as vu les deux personnes, là ?
03:17 Ils ont divorcé, dis donc.
03:19 - On les montrait du doigt. - On les montrait du doigt.
03:21 Aujourd'hui, on montre du doigt, ça fait 25 ans qu'ils sont ensemble.
03:26 - À l'inverse. - Oui, c'est l'inverse.
03:29 Et à l'époque, divorcer, c'était très rare aussi, pas comme maintenant.
03:34 Et effectivement, j'étais devenu un enfant gênant d'abord
03:38 parce que j'étais un enfant de l'amour, de mon père et de ma mère.
03:43 Et puis, j'étais le seul, je n'ai aucun frère, je n'ai aucune soeur,
03:47 je n'ai que des demis, et ça m'a toujours manqué et dérangé.
03:51 Et il fut un moment où je me suis aperçu très clairement, effectivement,
03:55 que je gênais un peu, que c'était dur.
03:58 - Vous êtes construit sans l'aide de vos parents.
04:01 Est-ce que vous diriez même que vous vous êtes construit en opposition à vos parents ?
04:07 - Je ne me suis pas construit en opposition à mes parents,
04:10 je me suis construit sans penser à mes parents.
04:13 Et je me suis construit là où on m'a mis, c'est-à-dire dans des pensions.
04:18 Pension École des Frères Fréquennes, École...
04:21 Un peu de tout, puisque j'ai changé de pension en pension, puisque j'étais intenable.
04:25 Comme vous l'avez dit tout à l'heure, j'étais seul.
04:28 Et j'avais l'impression de vivre seul, de me défendre seul.
04:32 Heureusement, on me nourrissait à l'école,
04:35 sinon je ne sais pas comment je me serais nourri.
04:38 Mais j'étais seul, voilà.
04:40 Et même si j'étais entouré de camarades, de copains,
04:43 ils ne savaient pas ce que je pensais et ce que j'avais dans ma tête.
04:46 Moi, je pensais à une famille qui n'était pas là,
04:48 je pensais au dimanche où ils sortaient, moi je restais consigné.
04:51 Pendant trois mois, ils sortaient, et puis voilà.
04:54 Donc c'était ma réflexion personnelle et ma vie personnelle.
04:58 Des vraies blessures d'enfance ?
05:00 Ce ne sont pas des blessures d'enfance, parce que c'est beaucoup plus tard qu'on réalise ces blessures.
05:04 On les vit dans l'enfance, mais on les réalise plus tard.
05:08 Vous n'êtes pas majeur, vous avez 17 ans, et vos parents acceptent que vous partiez en Indochine.
05:14 C'est un nouvel abandon pour vous ? Votre vie, en définitive, leur indifférait ?
05:19 Je ne pouvais pas partir sans l'autorisation de mes parents.
05:25 Et ce pourquoi je leur ai voulu longtemps,
05:30 c'est d'avoir donné l'autorisation que leur fils, 17 ans, parte en Indochine.
05:37 Et ce que ça représente comme danger, évidemment.
05:39 Est-ce que comme danger ou sans danger ?
05:41 Je crois, un enfant de 17 ans n'est pas pour partir faire la guerre en Indochine.
05:47 Sur le moment, c'est assez spécial, parce que je souhaitais qu'ils acceptent.
05:53 Je voulais qu'ils acceptent, j'avais besoin qu'ils acceptent.
05:56 C'est après, beaucoup après que j'ai compris, je me suis dit "mais comment ils ont accepté ça ?"
06:01 De signer pour que je parte, et ça m'a poursuivi très longtemps dans ma vie.
06:05 Vous avez été, vous Alain Delon, en situation de tirer sur des gens ?
06:10 Oui. Oui, oui, je n'ai pas tellement envie de vous en parler,
06:15 parce que ce n'était pas très bien et très beau,
06:18 mais vous savez, lorsque vous faites, appelons la guerre ou la guérilla,
06:23 c'est vous ou lui.
06:26 Il n'y a pas le choix.
06:28 Il n'y a pas le choix.
06:29 Sinon, je ne serais pas là, j'ai des amis qui ne sont pas là,
06:33 moi je suis là, mais j'en ai qui sont restés.
06:37 Vous rentrez à Paris, vous vous installez à Pigalle,
06:42 et là vous allez exercer plein de petits boulots.
06:46 Quel a été celui qui a été le plus marquant ?
06:50 Non, j'ai travaillé au HAL où je devais débarrasser des camions.
06:54 Garçon de café ?
06:55 Ça j'ai fait garçon de café après, mais avant on faisait des petits boulots.
07:00 Je l'ai vécu à Pigalle où je l'ai vécu quand même dans des conditions assez,
07:04 disons "agréables" entre guillemets, vous le savez.
07:07 Vous avez vécu de vos charmes ?
07:09 Oui.
07:10 C'était une belle période ?
07:13 C'était de toute façon mieux que Saigon.
07:17 Mais oui, il paraît que j'avais des charmes,
07:20 je ne le savais pas à ce point-là et j'en ai profité,
07:23 sans rien demander, c'est venu à moi, sans que je le demande et sans que je l'attende,
07:28 puisque j'étais garçon de café, j'étais là, je visais le soir dans la rue.
07:33 Et puis j'étais moi-même le premier surpris,
07:36 puis après j'y ai pris, je vous le dis, j'y ai pris goût.
07:39 Si cela avait duré, je ne serais pas avec vous.
07:42 En 1957, Yves Allégret, le réalisateur, vous offre votre premier rôle.
07:47 Et les circonstances sont quand même assez amusantes,
07:51 parce que c'est sa femme qui le consulte et qui lui dit
07:58 "il faut donner un rôle à Alain Delon" alors que vous aviez tous les deux une histoire.
08:05 Vous étiez l'amant de la femme d'Yves Allégret.
08:08 Oui, elle était amoureuse de moi, elle avait, on ne s'est rien dit, sous 12 ans de plus que moi.
08:15 Et elle voulait absolument qu'elle m'impose auprès de son mari.
08:19 Ce qui vous fait souvent dire d'ailleurs Alain Delon que vous devez tout aux femmes.
08:23 Dans ce domaine, oui, absolument.
08:26 La suite est racontée par Alexandre Agard.
08:29 D'un seul coup, on vous met une étiquette et vous êtes Delon.
08:32 Et vous êtes obligé de continuer à l'être, il faut le jouer, il faut l'être, il faut le rester, le demeurer.
08:37 Mais comment devient-on une telle création de cinéma ?
08:40 Volonté, talent, beauté, Alain Delon est surtout un homme pressé, très pressé.
08:44 Causer c'est pas mon fort. Allez, il faut qu'on roule.
08:47 Il débute sur les chapeaux de roue en 1957 et se fait vite remarquer dans plein soleil.
08:51 Ça y est, Delon est lancé.
08:53 Mais c'est Visconti qui donne un vrai coup d'accélérateur à sa carrière.
08:56 Et Alain Delon ne ménage ni ses efforts, ni les coups à prendre pour se glisser dans la peau de Rocco.
09:01 Vraiment, je veux avoir l'air d'un vrai boxeur, il faut que je m'entraîne et que je suive l'entraînement d'un vrai boxeur.
09:06 C'est pour ça que tous les matins, je suis là, 2h, 3h.
09:09 Alain Delon, c'est un corps en mouvement, un instinct animal, presque un fauve.
09:12 Il deviendra donc le guépard, l'un des félins les plus rapides au monde.
09:15 Hasard ou coïncidence ?
09:17 Après cette palme d'oracane, Delon enchaîne et tourne avec les plus grands.
09:20 Melville, Antonioni, Losey pour l'un de ses plus beaux rôles.
09:23 Allo ?
09:25 Allo, Robert Klein ?
09:27 Il côtoie Jean Gabin, Lino Ventura, Romy Schneider, Mireille Dark, Belmondo.
09:32 Il excelle dans les rôles de voyou et de flic, joue les héros masqués ou les anti-héros pour oublier.
09:37 Avec un César de meilleurs acteurs à la clé.
09:39 Alain Delon pour "Notre histoire".
09:41 Qui n'ira même pas chercher.
09:43 Il est à l'image de son personnage dans "L'homme pressé", un homme qui veut vivre plusieurs vies en une.
09:48 Il se lance donc dans la chanson avec Dalida et la production de cinéma.
09:52 Un acteur naît et ne restera qu'un interprète, mais jamais un créateur.
09:57 Donc si vous voulez, pour moi, la production, c'est ma forme de création.
10:00 Une véritable rage d'entreprendre qui le pousse aussi à réaliser 2 films et à créer sa propre marque.
10:05 Qui vont des montres, des vêtements, des lunettes.
10:07 Mais Alain Delon est aussi l'icône d'un parfum mythique.
10:11 Quand le cinéma s'essouffle, il devient héros policier pour la télé.
10:14 Il remonte sur les planches avec sa fille.
10:16 On a un peu raté notre coup hier soir, non ?
10:19 Tu te couvres ?
10:21 Mais Alain Delon n'aura pas raté son final dans une super production tout en dérision.
10:25 Tu t'inquiètes pas.
10:27 Pas ce mouraille, c'est un rédimortel.
10:30 Pour longtemps.
10:32 La dérision, ça vous connaît un peu ?
10:39 Avec moi, oui.
10:41 La dérision, non. On m'y a forcé, on m'y a mis.
10:45 On me l'a demandé, mais c'était pas à la base.
10:48 C'était pas ma force, si vous voulez.
10:53 Dans la vie.
10:55 C'est magnifique ce que j'ai vu.
10:57 Vous pouvez pas savoir l'impression que ça me fait.
10:59 Revoir une vie comme ça, il faut l'avoir fait pour le voir, le croire.
11:05 C'est très surprenant pour moi.
11:07 Est-ce que vous revoyez vos films ?
11:09 Non. Je vais vous dire, je revois certains films,
11:12 mais la majorité, je ne les revois pas pour une raison tout simple.
11:15 Je vous donne un exemple.
11:17 Le premier exemple.
11:18 Je ne peux pas voir la piscine.
11:20 Je ne peux pas voir la piscine à cause de Romy qui n'est plus là.
11:23 À cause de René qui n'est plus là.
11:25 À cause de Doré qui n'est plus là.
11:27 Et d'autres crochets.
11:28 Et surtout parce que je ne peux plus me voir.
11:31 À chaque fois que je vais parler à Romy,
11:33 j'avance le dialogue avant qu'il arrive sur l'écran.
11:36 Je ne peux pas. C'est trop.
11:37 Quel est le rôle que vous avez joué, que vous avez interprété,
11:40 et qui est vraiment très distancié de vous,
11:44 qui vous reconnaissez pas ?
11:47 Monsieur Klein.
11:48 Monsieur Klein.
11:49 Monsieur Klein, parce que tous les autres films,
11:52 je vous ai toujours expliqué que je ne jouais pas dans mes films, je vivais.
11:55 Et souvent les spectateurs ou les amis me disent,
11:59 j'ai vu ça dans tel film, qu'est-ce que c'est toi ?
12:01 Mais c'est incroyable.
12:02 Et là c'est toi.
12:03 Je dis, mais attends, c'est moi où ?
12:05 Bah je sais pas, partout, tout ce que je vois comme film,
12:07 j'ai l'impression que c'est toi, que c'est pas le personnage, c'est toi.
12:10 Je dis oui parce que je ne suis pas un professionnel,
12:13 je n'ai jamais appris ce métier.
12:15 Mes rôles, je les vis, je ne les joue pas.
12:18 Donc c'est parce que je les vis.
12:20 Alors vous prenez Plein Soleil si vous voulez, oui c'est moi.
12:23 Le guépard c'est moi, Rocco c'est moi, mais voilà.
12:27 Visconti avait 30 ans de plus que vous,
12:30 il était subjugué par vous,
12:32 mais néanmoins il savait vous soumettre.
12:35 Ce que j'aime avec moi, c'est qu'on soit très durs.
12:38 Parce qu'il ne faut surtout pas me laisser aller.
12:41 Et je dois dire que j'ai eu la chance avec des hommes comme René ou comme Visconti,
12:45 c'est que c'est des gens qui ne vous laissent jamais aller.
12:47 C'est-à-dire qu'ils ne vous laissent pas faire ce que vous voulez,
12:49 mais qui se servant de votre personnalité, vous dictent ce qu'il faut faire.
12:55 Et ça j'ai besoin, j'ai besoin qu'on me tienne, j'ai besoin, je ne sais pas,
12:58 c'est comme, je ne vais pas me comparer à un pur sang ou à un cheval de course,
13:03 mais c'est la même chose, quand vous êtes sur un cheval,
13:05 c'est vous qui devez commander, ce n'est pas lui.
13:07 Ceux et celles qui vous tiennent tête, vous les estimez davantage que les autres ?
13:12 Quand vous dites celles, vous pensez à qui ? À des actrices ?
13:16 Oui, des partenaires, des...
13:18 Non, je suis du... Non, non, je fais le métier sans aucune discussion.
13:24 Vous savez, je n'ai jamais pris une leçon, je n'ai jamais pris un cours,
13:29 et j'ai l'habitude, c'est pour ça que je vous le dis avec des gens comme Visconti,
13:32 comme Loseux, comme les autres, j'avais besoin...
13:35 Je suis... Un jour, dans mon premier film, Edwidge Foyer a déclaré
13:40 "C'est un pur sang et on n'arrête pas un pur sang dans sa course".
13:43 C'est un peu ce que disait Visconti, il faut me driver, je suis prêt à tout,
13:47 mais il faut qu'on me dise où aller, il faut qu'on me dise quoi faire,
13:50 parce que je ne sais pas, je ne connais pas ce métier, je ne le connaissais pas.
13:54 Qu'est-ce que je dois faire ? Là, je voudrais que tu...
13:56 Ok, d'accord, mais dites-moi.
13:58 Et moi, quand je faisais ce que me disait Clément, par exemple,
14:01 René Clément, qui est mon maître absolu, qui est le plus grand directeur,
14:05 directeur d'acteurs que j'ai connu, le plus grand monteur et metteur en scène,
14:10 il me demandait quelque chose, il me disait "Alain, j'aimerais que tu fasses ça".
14:13 Et on tournait la scène et à la fin, il me bouleversait parce qu'il me dit
14:17 "Je te remercie, tu m'as donné ce que je te voulais, je te remercie Alain".
14:21 Je lui disais "Non, merci, pardon".
14:23 Ça me bouleversait parce qu'il me remerciait.
14:25 Est-ce que la caméra, c'est une amie pour vous ?
14:28 Ah, c'est plus qu'une amie, c'est tout.
14:31 La caméra, c'est vos yeux en ce moment.
14:34 Si je parle là, je ne vous parle pas, si je tourne, je ne tourne pas,
14:37 je tourne là, dans vos yeux.
14:39 Je peux tout faire si vos yeux sont la caméra.
14:42 Je peux rire, je peux pleurer, je peux vous insulter, je peux vous aimer,
14:46 je peux tout faire, dans vos yeux.
14:49 Elle vous manque cette caméra ?
14:51 À crever.
14:53 Ah oui.
14:55 Elle me manque parce qu'elle me manque comme quelque chose qui m'a fait vivre toute ma vie,
14:59 qui m'a donné telle joie, de tel plaisir, de telle saveur,
15:02 de telles émotions que j'en ai besoin quelque part.
15:08 Mais une caméra, ça ne suffit pas.
15:10 Comme disait Gabin, pour avoir une caméra en face de soi, il faut avoir une histoire.
15:14 Ça donne l'impression, quand je vous écoute, que vous avez toujours été docile sur les plateaux.
15:19 J'ai toujours été très docile, sauf avec les cons, excusez-moi,
15:23 où j'étais très dur et très méchant.
15:26 C'est la réputation que j'ai, c'est ce qui reste.
15:28 Mais ma vraie réputation, elle est avec les bons.
15:31 J'ai connu beaucoup plus de bons,
15:33 mais il m'est arrivé de connaître des gens qui n'avaient rien à faire dans ce métier.
15:38 Et là, j'ai été terrible.
15:39 J'ai dit "pouche-toi, je vais le faire à ta place".
15:41 Ça m'est arrivé.
15:42 Mais c'est beaucoup moins nombreux que ceux qui m'ont fait travailler.
15:45 Est-ce qu'à l'Indolo, vous avez été souvent trahi par les gens ?
15:49 Vous parlez cinéma, là ?
15:50 Oui, plus largement.
15:52 Oui.
15:54 À quoi vous attribuez ça ? Pourquoi ?
15:56 Autant que vous n'êtes pas un naïf.
15:58 Je pourrais vous dire à ma connerie,
15:59 ou je pourrais vous dire à ma gentillesse, simplement,
16:01 ou à mon affection pour les gens, à ma crédibilité pour certains,
16:06 et à quel point je suis capable de me tromper, d'aller trop loin.
16:10 J'étais souvent...
16:12 Vous savez, entre guillemets, on ne prend qu'à ceux qui ont.
16:18 J'ai toujours eu tout.
16:19 On m'a beaucoup pris, c'est vrai, mais c'est ma nature.
16:24 Vous-même, à l'inverse, est-ce que vous avez regretté parfois
16:27 d'avoir des attitudes blessantes avec des personnes ?
16:31 Ça m'est sûrement arrivé d'avoir quelques attitudes blessantes, bien sûr,
16:35 ou des mots fâcheux, mais en général, c'était jamais gratuit.
16:40 Souvent et toujours pratiquement justifié.
16:43 Mais peut-être que mon vocabulaire dépassait ma pensée
16:46 ou dépensait mon expression, et à ce moment-là, ça devenait très dur.
16:50 Vous savez vous excuser ?
16:51 Oui, absolument. Absolument.
16:54 Non, je ne m'excuse plus que ça, je suis demandé pardon.
16:57 Parce que là, écoute, j'ai fait une connerie, je te demande pardon, vraiment.
17:00 Je regrette ce que je t'ai dit, je regrette ce que je t'ai fait.
17:03 Ça, c'est mon premier point, sûrement.
17:06 Vous savez que vous impressionnez dans la vie, vous impressionnez les gens,
17:10 vous le savez. Est-ce que vous vous en servez ?
17:12 Est-ce que vous en abusez, peut-être, même ?
17:14 Non, je ne sais pas si j'impressionne les gens.
17:16 Ce que je sais, c'est que l'acteur impressionne les gens.
17:20 Et vous, particulièrement ?
17:22 Parce que je suis cet acteur, parce que je porte le nom que je porte.
17:26 Et je veux dire, vous le voyez dans les yeux des gens,
17:28 vous le voyez dans le comportement des gens.
17:30 C'est vrai que lorsque moi je demande quelque chose,
17:33 ou un rendez-vous ou autre chose, ça va plus vite que M. Dupont.
17:36 C'est vrai. Ça, je le sais et je sais le faire.
17:39 Mathilde Amé a été une de vos partenaires dans la série Fabio Montal.
17:44 Oui.
17:45 Et Mathilde Amé a ce souvenir.
17:49 Quand je l'ai rencontrée, j'ai eu peur.
17:52 Un trac terrible.
17:54 Il a été avec moi un très bon collègue de travail.
17:58 Il était très, très, très respecté, admiré.
18:02 Les gens faisaient le silence absolu quand la caméra était sur lui.
18:07 Et bien entendu, réflexe quasi normal, je dirais,
18:11 quand la caméra se retournait sur moi,
18:13 les gens se remettaient à vivre à peu près normalement.
18:15 Et je me souviendrai toujours qu'il a crié très fort en disant
18:20 « Là aussi, il va falloir faire le silence, parce que là, elle va tourner. »
18:24 Et c'est la première fois qu'un homme prenait ma défense
18:29 de façon aussi claire sur toute une équipe
18:34 pour qu'on me respecte aussi.
18:37 Ça m'avait beaucoup touchée.
18:42 Ça me touche beaucoup ce qu'elle a dit.
18:45 C'est intéressant ce que dit Mathilda.
18:47 C'est-à-dire que vous, vous pouvez prendre partie pour quelqu'un.
18:51 Vous pouvez prendre la défense de quelqu'un sur un plateau.
18:54 Oui, mais j'ai appris ça de Jean Gomgabin, vous savez.
18:58 Il y a des gens qui se fichaient de vous.
19:01 Sur un plateau, souvent, vous devez donner un regard.
19:04 La caméra est là et vous devez donner un regard
19:06 parce que c'est une scène à deux.
19:08 Certains se détachaient de ça.
19:10 Et Gomgabin venait fou.
19:12 Gomgabin donnait son regard sur chaque plan.
19:14 Il était là et il l'imposait à l'autre.
19:17 Quand on tournait sur l'autre et pas sur lui.
19:19 Et ça, je l'ai appris de Gomgabin.
19:21 C'est donner le regard.
19:23 C'est le minimum des politesses et du professionnalisme.
19:27 C'est que quelqu'un qui a fait sa scène
19:30 et qui s'adresse à vous, qui est pris en gros plan,
19:33 vous regarde vous et vous jouez avec lui.
19:35 Sinon, il regarde quoi ?
19:37 Vous l'avez toujours fait, ça ?
19:39 Parce que moi, j'ai lu certaines choses
19:41 ou certains partenaires qui disent au contraire,
19:44 pour nous mettre un peu en difficulté,
19:47 ils regardaient au-dessus.
19:48 Non, non, jamais.
19:50 Ça, c'est les bruits qu'on raconte, mais jamais.
19:52 Je peux vous le dire, professionnellement,
19:55 on n'est pas obligé de m'aimer
19:57 ou d'aimer ce que je suis ou ce que je fais.
20:00 Mais professionnellement,
20:02 je suis indiscutable, je suis intouchable
20:04 et je ne permets pas parce que je suis comme ça, mon professeur.
20:07 Vous avez tourné avec Belmondo, avec Bardot,
20:09 avec Jeanne Fonda, enfin, avec Gabin Ventura,
20:11 avec Benoît, avec tout le monde, etc.
20:13 Avec quel partenaire, homme ou femme,
20:16 vous avez préféré travailler ?
20:18 Pratiquement avec tout le monde,
20:21 mais disons, homme ou femme,
20:23 je dirais Jeanne Moreau, en femme.
20:25 - Ah oui, pourquoi ? - Parce que Jeanne était fabuleuse.
20:29 J'ai très peu tourné avec elle
20:31 et elle était extraordinaire, Jeanne.
20:33 Elle me conseillait parce qu'elle avait une carrière
20:36 bien avant la mienne.
20:38 Pour moi, elle était quelque chose d'exceptionnel.
20:41 C'était très, très beau.
20:43 Et Simone Signoret aussi.
20:45 Très, très important pour moi, Simone Signoret.
20:48 - Avec des liens très forts, tous les deux ?
20:50 - Avec des liens très forts.
20:51 Et puis, je vous raconte une anecdote,
20:53 je peux le faire maintenant puisqu'ils ne sont plus là,
20:55 qui m'a toujours bouleversé.
20:57 Je tournais avec elle et Yves était en Amérique,
21:00 il avait une petite aventure, je le dis
21:02 et tout le monde l'a su, avec Marilyn, vous le savez.
21:06 Et je me souviens, je l'accompagnais dans sa chambre le soir
21:12 et je la couchais un peu et je restais avec elle,
21:15 j'assis sur son lit jusqu'à ce qu'elle se rende en parce que
21:18 elle me racontait sa vie, elle pleurait,
21:21 elle me dit "Mais tu sais, je suis tellement heureux
21:24 parce qu'il est tellement heureux, ça me fait tellement plaisir,
21:27 ça me fait tellement du bien, ça me bouleverse".
21:31 - Elle avait une telle tolérance ?
21:33 - Non, non, pas de tolérance, elle crevait.
21:35 - Ah oui ?
21:36 - Elle crevait, j'attendais.
21:37 - Elle en souffrait, normalement.
21:38 - Elle en souffrait.
21:39 "Mais je suis tellement heureux, il est tellement heureux,
21:41 c'est bien, c'est formidable".
21:43 Et je l'accompagnais tous les soirs comme ça jusqu'au moment
21:45 où elle s'endorme, tellement ça me fait de la peine,
21:47 tellement ça me faisait du mal et elle rêve d'en s'endormir
21:50 et je suis parti chez moi.
21:51 - Elle était réalisatrice, c'est une femme qui a partagé
21:54 votre vie durant 15 ans, c'est Mireille Dark.
21:57 - Ah.
21:58 - Elle était...
21:59 - Elle était réalisatrice de télévision.
22:01 - De documentaire, oui.
22:02 Et c'était en 2005, elle était sur ce plateau, "Thé au café"
22:05 et elle répondait à la question "Est-ce que vous n'idéalisez pas Alain Delon ?"
22:10 - Je ne l'idéalise pas, je parle avec lui, c'est un homme
22:13 que j'ai en face de moi, c'est quelqu'un...
22:15 - Mais qui vous a fait du mal.
22:16 - Pourquoi ? Parce qu'il m'a quittée ?
22:19 Si il ne m'avait pas quittée, aujourd'hui, il y a beaucoup de choses
22:24 que je n'aurais pas faites.
22:25 Donc je trouve qu'on a été sincères tous les deux.
22:29 - Vous vous avez pardonné ?
22:31 - Oh oui, complètement, bien sûr.
22:34 Bien sûr, et puis je pense que ça aurait été terrible
22:38 de se dire des choses aussi fortes, aussi belles,
22:41 qu'on a pu s'en dire, et puis d'un seul coup, d'éronner.
22:45 Je trouve qu'il y a un autre langage, il y a une autre manière
22:49 de se retrouver.
22:52 Il y a une autre façon de cheminer l'un à côté de l'autre.
22:56 - Je ne peux pas aller ici en pauvre-le-rez.
23:01 Je ne peux pas, je ne peux pas avoir de limite comme ça,
23:05 c'est trop dur.
23:06 Je ne sais pas si vous le savez, pourquoi nous nous sommes quittés,
23:10 la vérité, avec Mireille.
23:12 Parce qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfant.
23:15 Et Mireille, on lui avait dit, je ne sais pas,
23:18 vous le connaissez sûrement mieux que moi,
23:20 le médecin lui avait dit, il m'avait dit, si elle a un enfant...
23:23 - Pour des raisons de fragilité cardiaque.
23:25 - Non, autre chose.
23:27 Elle peut mourir.
23:29 Et elle n'a pas pu avoir d'enfant parce qu'elle pourrait mourir
23:32 en donnant un enfant.
23:33 Je ne pouvais pas demander à une femme d'avoir un enfant
23:36 pour mourir dans l'heure qui suit.
23:38 Et c'est un peu ce qui a fait qu'on s'est quittés.
23:41 - Est-ce que vous vous êtes, Alain, mal comporté avec les femmes ?
23:45 - Ça m'est arrivé souvent, sûrement quelques fois, oui.
23:49 - Des comportements un peu machistes ?
23:52 - Je ne sais pas ce que vous appelez machiste.
23:54 Une gifle, c'est machiste, oui, j'ai dû être machiste.
23:57 J'en ai pris aussi, vous savez, même des femmes.
24:00 Mais je n'ai jamais, non, je n'ai pas le genre à casser quelqu'un,
24:04 surtout pas une femme qu'on aime.
24:06 - Mais des femmes, d'ailleurs, vous avez dit,
24:08 je mourrais sans les avoir comprises.
24:10 Elles sont compliquées ?
24:12 - Très compliquées.
24:14 - Et vous croyez que les hommes ne le sont pas ?
24:16 - Ah, je n'ai pas dit ça, je vous le demande.
24:18 - Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes amoureux et accompagné ?
24:23 - J'ai un chien que j'aime passionnément avec moi.
24:27 Il est le chien de ma fin de vie.
24:30 Parce que je ne veux pas mourir et laisser un chien derrière moi.
24:33 J'en ai eu 50 dans ma vie qui sont enterrés près de moi.
24:37 Mais celui-là, il aura 12 ans, j'en aurai 90.
24:41 Je ne veux pas qu'il y en ait d'autres.
24:43 Il n'a pas de femme, pas d'enfant, il n'a rien.
24:46 C'est mon seul chien, c'est le chien de ma fin de vie.
24:49 C'est pour moi capital et très important.
24:52 - Quelle relation, Alain, vous avez aujourd'hui avec vos enfants ?
24:58 - Ah, ça c'est très dur.
25:00 C'est très dur parce que ce ne sont pas des relations que j'ai,
25:02 ce sont des relations qu'ils ont ou qu'ils n'ont pas.
25:08 Vous savez qui est leur père.
25:10 J'ai une fille qui est l'amour de ma vie.
25:13 Peut-être même un peu trop par rapport aux autres,
25:16 que ça peut heurter quelquefois.
25:18 Je l'ai peut-être aidé comme je n'ai pas assez aidé les autres.
25:22 Les autres sont des garçons, c'est vrai.
25:25 Ils en ont peut-être souffert, c'est vrai, pardonnez-moi.
25:28 Mais c'est très difficile.
25:32 - Ça vous rend triste ?
25:35 - Ça me rend triste parce que d'abord, j'en ai besoin de leur présence et de leur amour.
25:40 Et parce que je sais aussi, je l'aurais dit il y a plusieurs fois,
25:43 je leur ai dit "vous allez en crever un jour, je ne serai plus là,
25:46 et vous allez vraiment en crever et dire "j'ai été con, je n'ai pas fait ça, je n'ai pas fait ça".
25:50 - Mais c'est peut-être vous qui ne faites pas bien les choses.
25:53 - Peut-être, demandez-leur.
25:56 Je ne crois pas.
25:59 - Anoushka est effectivement très proche de vous.
26:03 Elle nous l'a dit et elle témoigne, Anoushka, pour vous.
26:08 Elle témoigne sur vous, Alain Delon.
26:11 - Les souvenirs que j'ai de lui en papa, c'est parfois un peu absent quand même,
26:20 parce que c'est vrai qu'il travaillait beaucoup,
26:22 mais dans les moments où il était là, assez rigolo en fait.
26:26 Il était plutôt dans l'amusement, nous emmener sur les plateaux, au théâtre,
26:31 ou d'un coup il nous embarquait dans l'hélicoptère pour la journée
26:34 parce qu'il avait un truc à faire. Ouais, c'était cool.
26:37 C'est ma mère qui nous mettait un peu la pression pour l'école et ce genre de choses
26:40 et quand on arrivait avec une mauvaise note, lui rigolait et disait
26:43 "Ah, vous êtes bien les enfants de votre père".
26:45 Donc c'était vraiment celui avec qui on rigolait.
26:48 Je ne sais pas si je le voyais comme un héros quand j'étais petite.
26:51 Après, je le voyais, enfin moi j'étais hyper fière que mon père soit Zorro.
26:54 On ne faisait pas vraiment la part des choses,
26:57 donc mon père, ce n'était pas mon père, c'était Zorro.
27:00 On a un rapport assez fusionnel, on s'appelle souvent, on s'écrit,
27:06 on s'envoie des petites photos et tout.
27:09 Je me suis sentie, je me sens toujours un peu trop aimée parfois.
27:14 En tant qu'adolescente et après dans ma vie de femme aussi,
27:16 parfois c'est compliqué, parce que parfois c'est trop.
27:20 Je ne suis pas sûre qu'il soit plus apaisé qu'avant, non.
27:24 Sauf que ça m'a beaucoup affectée étant petite
27:28 et maintenant j'apprends à prendre du recul
27:32 et me rendre compte que c'est sa vie, ce n'est pas la mienne et toujours tourmentée.
27:35 Les gens hypersensibles le cachent souvent.
27:37 Derrière un caractère fermé ou quelqu'un qui sourit excessivement,
27:42 ça se planque tout ça.
27:44 C'est un gentil, mais pour qui il a envie d'être gentil en fait ?
27:47 C'est un malin aussi, il est malin, gentil et tout.
27:50 On a été tellement surprotégés, on vivait tellement dans une bulle
27:54 que je n'ai pas réalisé tout de suite qui il était,
27:57 que je n'ai pas réalisé qu'on avait peut-être un peu plus de sou que d'autres,
28:00 parce qu'on vivait vachement à l'écart.
28:02 Tout ça, c'est des trucs dont je me suis rendue compte très tard
28:05 et même le temps qui passe, je me suis rendue compte très tard.
28:07 Après, ça m'a fait un traumatisme, vraiment.
28:09 Ça m'a traumatisée sur la mort, parce que je me suis dit
28:11 "Mon Dieu, mon père, il peut partir avant tout le monde, c'est l'horreur."
28:13 Parce qu'il est vieux, plus vieux que les autres papas de mes copines à l'école.
28:17 Donc c'était forcément compliqué.
28:19 Je crois qu'on a 50-40 ans de différence.
28:21 Quand il me dit qu'il sera tranquille quand il sera mort, ça me stresse.
28:25 Maintenant je l'accepte, mais je ne le comprends pas.
28:28 Voilà, ça c'est encore une différence qu'on a.
28:32 Il a juste un caractère qui est comme ça, qui est un peu noir et sombre.
28:36 Donc on n'y peut rien.
28:38 Qu'est-ce qui vous attache à elle d'une manière aussi viscérale ?
28:43 Je ne peux pas vous répondre précisément.
28:48 Je crois que tous les hommes ici présents ou ailleurs vous répondront.
28:52 Quand un père a une fille, vous savez ce que c'est qu'une fille pour un père ?
28:56 Non, vous ne le savez pas.
28:58 Vous savez peut-être ce que c'est qu'un fils pour une mère.
29:01 Moi je vous dis ce que c'est qu'une fille, votre première fille, la plus âgée pour un père.
29:05 C'est tout.
29:07 Si un metteur en scène ou un réalisateur harcelait votre fille, comment vous réagiriez, Alain ?
29:15 Je le tue.
29:17 Moi je serais terrible.
29:20 Non, non, mais je vous le dis franchement, je serais terrible.
29:26 La promotion au canapé ça a toujours existé au cinéma ?
29:29 Je ne sais pas, je ne sais pas vraiment.
29:33 Moi je n'ai jamais porté de jupe alors je suis arrivé avec mon fusil.
29:37 Je ne connais pas la promotion au canapé.
29:39 Tu t'offres à moi et je te donne le rôle ?
29:42 Écoutez, j'ai l'air peut-être con, mais pour moi ça m'était étranger.
29:47 Je ne vois pas les gens que j'ai connus, avec qui j'ai travaillé,
29:52 je ne les vois pas disant à quelqu'un "tu t'offres à moi".
29:55 Je ne vois pas Clément disant à quelqu'un "vous vous offrez à moi, je vous offre le rôle"
29:58 ou Visconti ou Melville ou qui vous voulez, ou Doré.
30:03 Je ne vois pas.
30:04 Je vois plus un acteur disant à une débutante
30:09 "si on a des rapports, je te ferai faire le film"
30:13 Je ne sais pas, mais je ne vois pas un metteur en scène, non.
30:16 Vous, vous êtes toujours tombé amoureux de vos partenaires
30:20 parce qu'il y a certains comédiens, certains acteurs qui disent
30:23 "il faut être amoureux de ses partenaires pour bien jouer".
30:26 Non, non, écoutez, alors moi j'ai très mal joué
30:29 parce que je n'ai pas été amoureux de tous mes partenaires,
30:31 toutes mes partenaires loin de là.
30:33 Mais je dois dire que c'est...
30:36 quand on joue, quand on vit un rôle, comme moi je le vis,
30:39 si c'est une belle histoire d'amour, c'est difficile évidemment de ne pas tomber dedans.
30:49 Romy qui a été un de mes premiers amours, puisqu'on avait le même âge,
30:53 elle aurait 80 ans maintenant, c'était naturel, c'était vraiment de l'amour,
30:58 c'était un amour de jeunesse et d'enfant et on s'est vraiment aimés.
31:02 Est-il vrai que vous vous êtes séparés d'elle d'une manière un peu brutale ?
31:07 C'est faux, tout ce qu'on a raconté, les lettres, tout ça, ça n'existe pas.
31:11 Le bouquet de fleurs ?
31:12 Ça n'existe pas du tout, absolument pas.
31:15 Est-ce que vous aimeriez des funérailles à la manière de Johnny Hallyday, de Charles Aznavour ?
31:20 Non, non, non, alors surtout pas.
31:22 Là, aujourd'hui, vous dites non.
31:25 Ah mais aujourd'hui et demain, je dis non.
31:28 Et vous avez donné des consignes dans ce sens-là ?
31:31 Je n'ai pas donné de consignes dans ce sens-là,
31:33 parce que dans ce sens-là, on sait où je serai enterré,
31:37 mais il n'y a aucune consigne, on m'enterre comme tout le monde,
31:41 mais surtout pas comme les personnes que vous avez citées, non.
31:45 Vous croyez en Dieu ?
31:47 Non.
31:48 Qu'est-ce qu'il y a derrière, alors ?
31:50 Je crois en Marie.
31:52 J'aime Marie.
31:54 J'ai une passion folle pour Marie.
31:57 D'où vient cette passion ?
31:59 Comme ça, parce que c'est la femme au monde qui, pour moi, représente le plus,
32:02 c'est la femme au monde que j'aime le plus,
32:04 c'est la femme au monde qui me fait le plus penser,
32:06 et sûrement celle à qui je m'adresse le plus souvent.
32:09 Comment vous faites appel alors à Marie dans votre vie personnelle et votre vie quotidienne ?
32:15 Ça ne vous regarde pas d'abord, et ensuite je lui parle, c'est moi je lui parle.
32:19 Je lui parle, c'est moi seul, et je lui dis ce que j'ai à lui dire.
32:25 Marie, c'est comme une mère, c'est comme votre mère ?
32:31 Ah, c'est plus comme ma mère, oui. Vous allez rire.
32:37 Vous avez quelque chose dans votre poche ?
32:39 Marie.
32:41 Elle vous accompagne en permanence ?
32:44 Partout.
32:45 Parce qu'elle a existé, parce qu'elle a été ce qu'elle a été,
32:50 elle a fait ce qu'elle a fait, et elle continue à le faire,
32:55 et que c'est la seule qui m'écoute et qui souvent me donne raison.
32:59 Je ne dirais pas plus.
33:02 Je vais vous entraîner au dos à dos.
33:05 Deux ados avec vous Alain Delon et des réponses du Tac au Tac.
33:10 Est-ce que vous aimeriez être votre ami ?
33:12 Oui.
33:14 À qui vous aimeriez dire pardon ?
33:17 Sûrement à beaucoup de monde.
33:21 Dans un couple, un tue-l'amour ?
33:24 Réduit-pitoyant, la tromperie.
33:27 Quel âge vous aimeriez avoir ?
33:32 Je suis heureux d'avoir l'âge que j'aime et j'aimerais en avoir 45.
33:35 L'amour, c'est mieux avant, pendant, après ?
33:40 Tout le temps.
33:42 Avez-vous menti au cours de cet entretien ?
33:45 Je ne crois pas.
33:47 Est-ce que vous auriez aimé naître femme ?
33:51 Oui.
33:53 Pourquoi ?
33:55 Parce que j'aimerais être une femme.
33:58 Maintenant, je crois que je suis une femme.
34:01 Maintenant que je connais la vie d'un homme, j'aurais aimé connaître la vie d'une femme.
34:05 La dernière fois que l'on vous a dit "je t'aime" ?
34:08 On me l'a écrit, il y a quelques jours.
34:13 Quel épitaphe vous aimeriez voir sur votre tombe ?
34:18 J'ai aimé souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j'ai aimé.
34:25 C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
34:31 Est-ce que vous avez déjà utilisé du Viagra ?
34:34 Oui, à son début.
34:38 C'est bien ?
34:40 Oui, ça ne m'a pas changé grand-chose, mais je voulais voir.
34:43 Qui aimeriez-vous retrouver dans l'au-delà ?
34:47 Mireille.
34:49 Un ami vous dit qu'il a tué. Est-ce que vous le dénoncez ?
34:57 Je lui dirais comme Climenceau, ou Ellarme.
35:04 Si je vous dis "parole, parole" ?
35:10 Dalida ? Oh mon Dieu, je l'ai aimé.
35:14 Tu es pour moi la seule musique qui fait danser les étoiles sur les dunes.
35:18 Si tu n'existais pas déjà, je t'inventerais.
35:26 Je suis un peu comme un animal, un peu comme un animal.
35:39 Je ne suis pas pour moi, mais tu peux bien les offrir à une autre
35:44 qui aime les étoiles sur les dunes.
35:48 Les mots tendres enrobés de douceur se posent sur ma plage,
35:55 mais jamais sur mon cœur.
35:58 Juste une parole, que tu aies belle, je la veux.
36:02 Parole, parole, parole, que tu aies belle.
36:06 Parole, mais que tu aies belle.
36:09 Et je le pensais.
36:12 On s'est beaucoup aimé.
36:15 Je voulais vous offrir ces fleurs.
36:18 Ah bon ?
36:19 Il est rare d'offrir des fleurs.
36:21 J'aime bien qu'une femme m'offre des fleurs.
36:23 Voilà, et je sais que vous les aimez.
36:25 C'est Anushka qui nous a indiqué que vous aimiez ces fleurs,
36:30 qui ont une odeur particulière.
36:34 C'est vrai. Merci Catherine.
36:37 Merci infiniment.
36:41 Merci beaucoup Alain, merci.
36:43 C'était bien de vous avoir pour cet avant-dernier été au café.
36:49 C'est vrai que c'est un plaisir d'avoir bavardé avec vous,
36:55 d'avoir revisité aussi votre vie.
36:58 Vous aimez les retours en arrière ou ça vous fait très mal ?
37:02 Non, ça me fait mal et ça dépend avec qui.
37:04 Je pense que là, notre retour en arrière,
37:09 il n'y aura peut-être pas de suite.
37:11 Je n'ai plus envie de ça.
37:14 Je ne suis pas avec n'importe qui.
37:16 Merci.
37:18 Samedi prochain, ce sera le 1er décembre.
37:23 Ce sera une date marquante pour nous.
37:26 En effet, on vous proposera une émission exceptionnelle.
37:29 On retrouvera bien sûr tous ceux qui sont passés sur ce plateau Thé au Café.
37:34 Ce plateau, il est très habité par vous, par des hommes, par des femmes,
37:38 par des gens de talent, par des artistes, par des écrivains,
37:41 par des hommes, par des femmes politiques.
37:44 Regardez le nombre de personnes que nous avons rencontrées ici même,
37:49 avec lesquelles nous avons devisé, avec lesquelles nous avons ri aussi,
37:54 nous avons pleuré et le dernier chiffre, ce sera 1 752 émissions.
38:00 Alors ne ratez pas cette émission aussi de la semaine prochaine, 1er décembre.
38:05 Merci de votre fidélité, merci de votre confiance
38:08 et merci beaucoup Alain de nous avoir accompagnés durant ces 40 minutes.
38:13 C'est moi qui vous remercie. Merci.
38:15 Merci beaucoup.
38:16 À toute l'équipe, merci.
38:18 Portez-vous bien.
38:19 Et on termine par un petit selfie.
38:21 Allez, et puis l'émission, elle est rediffusée cette nuit,
38:23 vous pouvez la revoir aussi en replay.
38:25 Au revoir et merci beaucoup.
38:27 (Musique)
38:30 (Musique)

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