Franck Zal est biologiste marin. Il a découvert, grâce à un ver qu’on trouve sur les plages de Bretagne, une molécule qui permet de sauver des vies dans le monde entier. ⚕️
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00:00 Aujourd'hui on est capable de faire du sang en poudre lyophilisée.
00:03 Quand on donne son sang, on ne peut le garder que 42 jours à 4°C.
00:05 Nous avec cette molécule, c'est 50 dates de péremption sans tipage sanguin.
00:09 Donc une révolution médicale monstrueuse.
00:11 C'est aussi puissant que la pénicilline.
00:12 Et ils me disent "mais vous savez, on recherche ça depuis plus de 40 ans
00:15 pour faire un transporteur d'oxygène universel pour la santé humaine".
00:18 Et vous, vous êtes en train de me dire qu'il y en a plein sur les plages de Bretagne.
00:20 Bonjour, je suis biologiste marin,
00:22 j'ai découvert dans un verre que l'on trouve sur les plages en Bretagne,
00:25 une molécule qui sert à oxygéner.
00:27 Et avec cette molécule, on sauve des vies dans le monde entier.
00:29 Aujourd'hui c'est une révolution médicale.
00:31 Alors, ce n'est pas un rêve, on a déjà sauvé plus de 600 personnes.
00:35 On m'appelle d'Inde, je décroche et on me dit "voilà,
00:37 on a besoin de votre technologie en Inde,
00:39 parce qu'on a une personne qui a pris un câble 11 000 volts des deux bras,
00:42 il a été amputé, donc il n'a plus de bras.
00:44 Et est-ce que votre molécule marche pour la transplantation de bras ?"
00:47 Écoutez, je n'en sais rien, je ne l'ai jamais fait.
00:49 Mais par contre, je voyais l'universalité du système.
00:52 Oui, ça va probablement marcher, puisque ça va oxygéner les tissus.
00:56 Et donc j'envoie le produit, en un temps record en fait,
00:58 on a les autorisations en Inde, et là c'est incroyable.
01:00 Donc je suis quasiment en ligne l'opération,
01:04 je vois un donneur qui rentre dans un bloc opératoire,
01:07 40-50 chirurgiens dans le bloc opératoire
01:09 qui prélèvent les deux avant-bras du donneur.
01:11 Ils sont posés sur une table,
01:12 et puis on commence à les perfuser avec la molécule de l'arénicol.
01:15 On voit tout d'un coup le bras qui est posé sur la table,
01:18 et puis on voit le bras qui devient tout rose,
01:21 et puis on observe les mouvements des doigts,
01:23 alors que le bras n'est pas connecté.
01:25 Et en fait, on a redonné vie à un bras cadavérique.
01:28 Tout simplement, encore une fois, il n'y a rien de magique,
01:30 il n'y a rien de miraculeux,
01:31 c'est tout simplement parce que les cellules du doigt
01:34 ont eu l'oxygène nécessaire à leur métabolisme,
01:36 et donc ils ont commencé à bouger.
01:38 En fait, l'oxygène, c'est un peu le carburant que vous mettez dans votre voiture.
01:41 S'il n'y a pas de carburant dans votre voiture, vous allez tomber en panne.
01:44 S'il n'y a pas d'oxygène, vous allez mourir.
01:45 Comment j'ai trouvé cette molécule ?
01:46 Donc je suis un scientifique,
01:48 donc moi ce qui m'intéressait, c'est les milieux extrêmes marins.
01:51 La plage est un milieu extrême marin parce que,
01:53 alors quand tu vas sur la plage, tu mets ta serviette, tu vas te baigner,
01:57 c'est un endroit sympa.
01:58 Mais en fait, quand tu es un invertébré et que tu vis dans le sable,
02:00 tu es sujet à la marée, marée haute, marée basse.
02:02 La question qui m'intéressait,
02:04 c'est comment il est capable de respirer entre la marée haute et la marée basse.
02:07 Ça ne m'intéressait que moi.
02:08 D'ailleurs, les gens me disaient,
02:09 les gens du CNRS n'ont pas autre chose à faire
02:11 que de s'intéresser à une question basique comme celle-là.
02:12 Et en fait, pour moi, répondre à cette question,
02:15 comment le vert est capable de respirer entre la marée haute et la marée basse,
02:18 je me suis tout de suite focalisé sur le sang de cet animal
02:21 et j'ai trouvé cette molécule qui est encore une fois l'ancêtre de nos globules rouges.
02:24 Il faut savoir également que ce vert,
02:26 en fait ce que j'ai montré, c'est qu'à marée basse, il arrête de respirer.
02:28 Donc il arrête pendant 6 heures de respirer
02:30 et il vit avec son stock d'oxygène qu'il a fixé sur ces petites molécules d'hémoglobine.
02:33 En fait, cette molécule d'hémoglobine, c'est comme la bouteille d'oxygène d'un plongeur.
02:37 Et il faut savoir que l'arée Nicole, c'est le champion du monde d'apnée,
02:39 il est capable d'arrêter de respirer pendant 6 heures, alors que Guillaume Nery,
02:43 le champion du monde d'apnée, c'est uniquement 11 minutes.
02:45 Alors en fait, quand j'ai fait cette découverte,
02:46 tu sais, tu ne te lèves pas un matin,
02:48 "Eureka, j'ai trouvé quelque chose qui va révolutionner la médecine".
02:51 Donc quand j'ai fait cette découverte, ça a commencé à parler
02:53 et puis en fait, c'est arrivé à un club savant qui s'appelle le club du globule rouge.
02:57 Et j'avais trouvé quelque chose, une hémoglobine qui n'était pas dans un globule rouge.
02:59 Donc convocation à Paris dans ce club savant,
03:02 je me retrouve un samedi matin dans un congrès de médecins,
03:05 on me dit "Ah, c'est toi qui vas parler du buzuk, du verre marin qui vient de Bretagne".
03:08 Donc ils rigolaient et puis finalement, je commence ma conférence
03:12 et puis donc les rires commencent à se calmer.
03:15 À la fin, ils viennent me voir en me disant "Monsieur Zahal, ce n'est pas possible,
03:17 vous n'avez pas trouvé ça".
03:18 Et moi naïvement, parce que je venais de la Bretagne et puis c'était ma recherche,
03:21 "Bah si, si, on a en plus plein sur les plages de Bretagne".
03:23 Et ils me disent "Mais vous savez, on recherche ça depuis plus de 40 ans
03:26 pour faire un transporteur d'oxygène universel pour la santé humaine
03:29 et vous, vous êtes en train de me dire qu'il y en a plein sur les plages de Bretagne".
03:31 Et donc ça m'a fait quitter le CNRS en fait en 2007.
03:34 Je démissionne de la fonction publique pour amener cette molécule au chevet du patient.
03:37 Donc j'ai fait tout le développement de la découverte jusqu'au produit dans le bloc opératoire.
03:41 Alors cette molécule, comme c'est un transporteur d'oxygène,
03:43 n'importe quelle cellule de ton corps, un tissu, un organe
03:47 ou un organisme dans sa totalité a besoin d'oxygène.
03:50 Donc quand on utilise cette molécule pour la grève d'organe,
03:53 on va utiliser ce transporteur d'oxygène pour un rein, un cœur, un pancréas, un poumon, etc.
03:58 Donc on a à l'extérieur de l'organe.
04:00 Et cette molécule va distribuer de l'oxygène de façon physiologique au greffon
04:03 pour lui faire croire qu'il est toujours connecté.
04:05 Ce qui permet de le garder en vie même à l'extérieur du corps du patient.
04:10 Et donc ça, ça s'applique en fait à des organes solides,
04:13 les greffons dont je viens de parler, mais également sur des organes composites,
04:16 une face, un bras, des mains, en fait, où on a besoin d'aller les conserver et les transplanter.
04:21 Ensuite, cette molécule, elle a des capacités, donc elle est 250 fois plus petite qu'un globule rouge.
04:25 Donc elle peut passer même quand il y a des zones où la circulation est réduite.
04:28 Et surtout, elle est 40 fois plus oxygénante que nos hémoglobines à nous.
04:32 Donc elle répond à un tas de pathologies.
04:34 C'est aussi puissant que la pénicilline.
04:36 La pénicilline, tu sais, c'est Flemming qui l'a trouvé.
04:38 Quand il a trouvé la pénicilline dans un simple champignon, tout le monde prenait pour un fou.
04:41 La greffe, en fait, c'est une course contre la montre.
04:43 Quand tu déconnectes un cœur chez un donneur, tu as 4 heures pour aller le regreffer.
04:46 Et donc avec cette molécule, on a un gain de temps monstrueux.
04:49 Aujourd'hui, on a montré qu'un poumon, par exemple, tu pouvais le garder 48 heures au lieu de 6 heures.
04:54 Donc ça veut dire que les poumons peuvent faire le tour du monde pour aller trouver le bon receveur.
04:59 Un rat, en fait, on a montré que des cellules rénales pouvaient être conservées pendant 7 jours au lieu de 12 heures.
05:04 La transplantation d'organes, aujourd'hui, n'est plus une urgence absolue.
05:07 On peut programmer la transplantation grâce à cette molécule-là.
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