• il y a 8 mois
La situation se tend aux urgences. Manque de soignants et de lits, temps d'attente interminables : la prise en charge se dégrade dans les hôpitaux français. Avec parfois des drames à l'arrivée. À Caen, les urgences de la clinique Saint-Martin sont fermées en raison d'un mouvement de grève, celles de la Polyclinique du Parc seront fermées pour six mois la nuit à partir du 1ᵉʳ mars, s'ajoute à cela la régulation mise en place à Lisieux avec le 15 depuis le début de la semaine. La crainte pour les syndicats est d'avoir un surplus d'activité au CHU de Caen. C'est ce que qui se vérifie déjà au sein de l'établissement de santé caennais, d'après Déborah Lelièvre, secrétaire générale CGT du CHU de Caen, invité de France Bleu Normandie ce matin à 8 h 15.

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Transcription
00:00 Le 6/9, France Bleu Normandie.
00:02 Il est 8h15, vous écoutez France Bleu Normandie,
00:07 on parle santé avec votre invitée, Louis Fontaine, ce matin,
00:10 Déborah Lelievre, secrétaire générale CGT du CHU de Caen.
00:14 Bonjour Déborah Lelievre.
00:15 Bonjour.
00:16 On vous a invité ce matin pour parler d'une situation de plus en plus pesante
00:20 pour l'hôpital français, les urgences pour tous ceux qui y travaillent,
00:23 notamment localement à Caen,
00:24 la fermeture des urgences de la clinique Saint-Martin à cause d'un mouvement de grève.
00:28 La semaine prochaine, ce sera autour de la polyclinique Duparc,
00:30 elles vont fermer pour 6 mois la nuit.
00:33 Qu'est-ce qu'il faut craindre pour le CHU de Caen ?
00:35 Inévitablement, il y aura des répercussions,
00:37 enfin, il y a déjà quelques répercussions sur les urgences du CHU
00:41 et pas seulement sur les urgences, dans les services aussi,
00:45 puisque les patients qui ont besoin de hospitalisation,
00:48 inévitablement, ont besoin de lits derrière.
00:51 Donc, voilà, ce sera à surveiller grandement,
00:56 surtout que la clinique Duparc appelle à un débriage ce matin.
01:00 Donc, voilà.
01:01 Vous commencez à être un peu débordée ?
01:04 Pour l'instant, ça va à peu près, je dirais,
01:07 c'est un peu plus compliqué qu'il y a quelques semaines,
01:10 surtout qu'on est dans la période hivernale,
01:13 donc forcément, c'est toujours un peu plus compliqué.
01:15 Il y a du renfort qui avait été programmé jusqu'au mois de mars,
01:18 mais après, ce sera terminé.
01:19 Donc, voilà, oui, ça pousse sur des périodes précises.
01:24 Voilà, on commence en effet...
01:27 Ce renfort, il est suffisant que vous évoquiez ?
01:30 Il a été suffisant jusqu'à encore il y a peu,
01:35 je dirais depuis 8-10 jours, ça commence à peiner,
01:40 surtout qu'on arrive sur la période des vacances scolaires à la fin de la semaine.
01:44 Il y a ce manque de soignants,
01:46 ça, on en parle depuis déjà pas mal de temps, de lits.
01:49 Il y a ce malaise, un malaise un peu persistant,
01:51 que vous le ressentez en tout cas, vous, au CHU ?
01:54 Oui, on le ressent déjà depuis un bon moment.
01:58 On le ressentait avant Covid, on le ressent même après.
02:03 Donc, en fait, ça, voilà, c'est le mal national des hôpitaux.
02:09 Et en effet, il faut vraiment cette prise de conscience que
02:13 les effectifs, les lits, la prise en charge, l'offre de soins,
02:19 tout ça est mis à mal, et c'est de plus en plus compliqué.
02:23 Vous êtes aide-soignante depuis 17 ans,
02:26 on a souvent parlé aussi du blouse des soignants,
02:28 des journées à rallonge, la fatigue mentale.
02:30 Comment vont tout simplement les soignants que vous côtoyez ?
02:33 Est-ce que ce qu'on est en train de vivre,
02:36 c'est une pierre en plus qui vient faire du mal, en fait, tout simplement aux soignants ?
02:41 Oui, c'est compliqué.
02:44 En effet, il y a ce blouse qui est dû aux conditions de travail qui sont mises à mal.
02:51 En plus, il y a la mise en place des 12 heures,
02:53 donc on sait très bien que travailler sur 12 heures, c'est compliqué quand on est rappelé,
02:57 parce que ça, ça n'a jamais cessé, finalement.
03:00 On nous change les plannings, on nous rappelle parce qu'il y a des arrêts de travail,
03:03 ou alors il faut modifier ses vacances.
03:06 Donc, voilà, tout ça fait que, en effet, le blouse des soignants est toujours prégnant,
03:11 il existe toujours, et je crois qu'il n'a jamais été résolu non plus.
03:19 En fait, je crois qu'il y a une lassitude de répéter des choses et que ce ne soit pas pris en compte.
03:25 Donc, il y a une résignation de la part de ces personnels hospitaliers.
03:30 Des personnels...
03:32 Quand on voit aussi la situation à Lisieux,
03:35 on a une régulation des urgences pour les adultes depuis le début de la semaine,
03:39 ça pourrait arriver, ça aussi, à Caen, ce genre de situation ?
03:43 J'espère pas, parce que là, ce sera très compliqué pour la population sur le territoire.
03:48 Il y a toujours la solution de déclencher le plan blanc,
03:51 pour au moins qu'il y ait un minimum de prise en charge.
03:56 Donc, voilà, mais en effet, si les urgences de Saint-Martin,
04:01 les urgences de la clinique du parc également,
04:05 diminuent leur activité, inévitablement,
04:09 ça va devenir très compliqué.
04:11 Et voilà, pourquoi pas, en effet, un ras-le-bol des agents du CHU au niveau des urgences,
04:18 de potentielles grèves à venir ?
04:20 Alors, pour l'instant, il n'en est pas question,
04:22 mais ça a déjà existé, ça a déjà été fait, alors pourquoi pas ?
04:26 L'ARS, vous avez sollicité l'Agence régionale de santé ?
04:29 Alors, on a des représentants à l'ARS au niveau de la CGT,
04:32 qui ont des réunions régulièrement avec l'ARS.
04:37 On a rarement de réponse de l'ARS.
04:40 Pareil, on sollicite nos directions par rapport à l'ARS, même au ministère.
04:45 Et voilà, ça fait des années que les réponses s'emvènent,
04:50 et qu'on n'a rien qui avance, on n'a déjà pas de ministre.
04:54 Dans le pire des cas, on parle même de certains décès aux urgences,
05:00 est-ce qu'on peut craindre de tels drames, en fait,
05:02 dans les années, dans les jours, dans les semaines à venir ?
05:05 Ça existe déjà, la semaine dernière, il y a un patient qui restait 10 jours,
05:10 qui venait pour des troubles psychiatriques en France, je ne sais plus dans quelle région.
05:14 Je pense qu'il s'est suicidé, il y a eu des décès en effet,
05:21 parce qu'en fait les effectifs sont pris ailleurs.
05:23 Donc on peut craindre la même chose à Caen ?
05:25 Ça peut arriver, c'est pas exclu, pourquoi pas ?
05:28 Je pense que c'est quelque chose qu'on ne doit pas exclure et qu'on doit prendre en compte.
05:32 Oui, c'est tellement dramatique, le système de santé est tellement dramatique,
05:36 qu'en effet, il faut prendre en considération ce drame qui pourrait éventuellement arriver.
05:44 Et puis, est-ce que ça arrive ?
05:45 Merci beaucoup Déborah Leliev, secrétaire générale CGT du CHU de Caen,
05:49 invité France Bleu et France 3 Normandie ce matin, merci à vous.

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