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L'UFC-Que Choisir dénonce des dépassements d'honoraires de plus en plus nombreux : plus d'un spécialiste sur deux le pratique. Pour bien comprendre, les explications de notre journaliste Mathilde Piqué, et Marc Morel , directeur général de France Asso Santé, union des associations d'usagers de la santé.
Regardez L'invité de RTL Midi du 23 février 2024 avec Agnès Bonfillon et Vincent Parizot.

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00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Vincent Parézot.
00:07 Pour les gynécologues, le tarif de base de la sécurité sociale c'est 30 euros,
00:11 alors que la consultation moyenne à Paris c'est 80,50 euros.
00:15 Voilà, l'UFC Que Choisir qui dénonce ainsi des dépassements d'honoraires de plus en plus nombreux,
00:20 plus d'un spécialiste sur deux le pratique.
00:24 Alors on en a déjà parlé hier dans les auditeurs ont la parole,
00:26 mais vous avez été si nombreux à réagir qu'on met vraiment, j'allais dire, l'accent sur ce phénomène.
00:32 Et pour bien tout comprendre Mathilde Piquet, le spécialiste, dites-nous tout d'abord,
00:36 est-ce qu'il peut décider du tarif de sa consultation comme il l'entend ?
00:39 Eh bien oui, mais il y a quand même quelques règles.
00:42 En fait, chaque spécialiste signe un contrat avec l'assurance maladie.
00:46 C'est ce document qui fixe ses tarifs en fonction de trois secteurs différents.
00:50 Et le praticien est totalement libre de choisir celui qu'il veut appliquer.
00:54 En secteur 1, pas de dépassement d'honoraires.
00:56 Le spécialiste doit respecter le tarif défini par l'assurance maladie.
01:00 Par exemple, 29 euros pour un pédiatre.
01:03 La sécurité sociale vous rembourse 70% et votre mutuel 30%.
01:07 Pour un rendez-vous chez un spécialiste de secteur 2, il va falloir regarder d'un peu plus près.
01:12 Les dépassements d'honoraires sont autorisés, mais encadrés, pas plus du double des tarifs de base.
01:17 La grosse différence pour votre porte-monnaie, c'est que le remboursement de la sécurité sociale sera moins important.
01:22 Imaginons que vous consultiez un ophtalmo.
01:25 En secteur 1, la sécurité sociale rembourse 21,50 euros, contre 15 en secteur 2.
01:30 Et puis, dernier cas de figure, celui où vous devez être les plus vigilants.
01:34 Le secteur 3 n'a aucun encadrement des honoraires.
01:37 Et vous serez très peu remboursé par la sécurité sociale, 1,22 euros, quel que soit le spécialiste.
01:42 Il faudra alors compter sur votre mutuel.
01:44 Certains contrats couvrent le dépassement d'honoraires, mais les cotisations sont souvent plus élevées.
01:49 Merci Mathilde, on continue à en parler avec Marc Morel, directeur général de France Asso Santé,
01:54 union des associations d'usagers de la santé.
01:57 Bonjour Monsieur.
01:58 Bonjour.
01:59 Selon vous, les dépassements d'honoraires, on a entendu Mathilde à l'instant,
02:03 peuvent-ils pousser les patients à moins consulter ?
02:07 Évidemment qu'ils peuvent pousser les patients à moins consulter,
02:10 puisque beaucoup de personnes ont des difficultés financières.
02:14 Et selon le niveau du dépassement, les personnes sont obligées de renoncer à des soins
02:20 qu'elles pourraient faire si elles étaient remboursées intégralement.
02:23 Ça veut dire quoi ? Que c'est un enjeu de santé publique dont on parle ?
02:26 Évidemment, c'est un enjeu majeur de santé publique.
02:29 Et ce d'autant plus qu'à Paris, on peut décider de choisir ou pas,
02:33 éventuellement un médecin avec ou sans dépassement,
02:35 mais dans beaucoup de zones, les personnes n'ont pas le choix.
02:38 On n'est pas en train finalement de parler de la médecine à deux vitesses.
02:42 Ceux qui ont les moyens d'aller voir des spécialistes et des autres ?
02:45 Ah si, tout à fait. C'est une médecine évidemment à deux vitesses,
02:49 et ce d'autant plus que, comme je vous dis, dans certaines zones,
02:52 et notamment les déserts médicaux, il n'y a pas le choix.
02:54 Les personnes, si elles veulent voir un spécialiste,
02:56 elles ne peuvent voir qu'un spécialiste avec des dépassements d'honoraire.
02:59 Alors, quelle solution apporter à cette problématique selon vous ?
03:02 Bonne question. La solution, c'est de réguler les dépassements.
03:05 Aujourd'hui, il y a plus de deux tiers des spécialistes qui s'installent en secteur 2,
03:11 c'est-à-dire qu'ils peuvent faire des dépassements.
03:13 Et donc, de fait, ça met un certain nombre de personnes soit à devoir payer ces dépassements
03:18 sans même pouvoir les discuter, soit à renoncer à des soins
03:22 ou à essayer de trouver des spécialistes plus loin.
03:24 Enfin bon, tout ça, c'est très compliqué.
03:26 En fait, ça éloigne un certain nombre de personnes du soin.
03:29 Donc, la solution, c'est de réguler les dépassements, de les encadrer,
03:32 voire de les interdire, ou alors, autre solution,
03:35 trouver des systèmes qui les prennent en charge.
03:37 Mais de toute façon, que ce soit les mutuelles qui les prennent en charge,
03:40 que ce soit les personnes qui les payent, les mutuelles, après, elles augmentent leurs tarifs.
03:43 Donc, vous voyez, c'est une espèce de course folle
03:45 où le patient est toujours perdant dans l'histoire.
03:48 Mais réguler les dépassements, les spécialistes répondent,
03:51 écoutez, nous, on estime qu'on n'est pas assez payé.
03:54 Oui, alors ça, nous, on n'a jamais dit qu'il ne fallait pas augmenter les médecins, si vous voulez.
03:58 Pourquoi pas ? Mais à ce moment-là, il faut augmenter le tarif de base.
04:02 C'est-à-dire qu'en fait, l'assurance maladie revalorise un certain nombre de professionnels
04:05 en regardant, parce que là aussi, il y a beaucoup d'inégalités.
04:08 Il y a une inégalité entre certaines spécialités, les radiologues, etc.
04:12 Bon, nous, ce n'est pas notre sujet de fond que le, je dirais, la revalorisation du revenu des médecins.
04:18 Parce que, en moyenne, quand même, les médecins ont des revenus très conséquents.
04:21 Mais on peut discuter, ici ou là, de telles spécialités. Il n'y a pas de sujet.
04:25 À ce moment-là, effectivement, c'est mieux de revaloriser.
04:28 Et c'est pris en charge par l'assurance maladie, selon le système que vous connaissez.
04:31 C'est-à-dire, une grosse part par l'assurance maladie et le reste par les mutuelles.
04:36 Et ça évite, évidemment, des espèces de glissements, d'augmentation des dépassements.
04:42 Mais quand vous regardez de façon précise qui fait des dépassements,
04:46 ce n'est pas toujours ceux qui gagnent le moins qui font des dépassements non plus.
04:49 Donc, vous voyez, ce n'est pas si simple, on va dire.
04:51 Est-ce que vous arrivez à vous faire entendre, parce que là, on a une étude qui sort de la part de l'UFC,
04:55 que choisir. On fait un constat. Très bien. On l'a déjà fait, ce constat. Ce n'est pas nouveau.
04:59 On le refera peut-être, encore. Est-ce que les choses peuvent bouger ?
05:03 Je ne sais pas, mais en tous les cas, elles doivent bouger.
05:06 Il y a des choses qui ont été faites dans le passé.
05:09 C'est vrai qu'on est assez mécontent, parce qu'il y avait un observatoire
05:12 qui devait être mis en place auprès de l'assurance maladie, qui n'a jamais fonctionné.
05:16 Et je pense que les pouvoirs publics, peut-être pour avoir une forme de paix sociale avec les professionnels,
05:21 laissent un peu glisser la chose.
05:24 Donc, ferme un peu les yeux, tout en sachant, parce qu'ils sont tout à fait au fait des choses,
05:29 qu'il y a un véritable souci.
05:30 Et comme je vous disais, depuis 2020, il y a plus de deux tiers des spécialistes qui s'installent en secteur 2.
05:36 Ça ne peut que créer des problèmes pour les personnes. C'est impossible, sinon.
05:40 Et donc, vous, vous avez décidé de bouger, là, maintenant, dans les prochains jours ?
05:44 Alors, dans les prochains jours, bon, ce serait un petit peu, je dirais, faux de dire ça.
05:48 Mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne cesse de le dénoncer.
05:51 On le fait remonter et on leur demande de prendre un certain nombre de décisions.
05:55 Mais nous, si vous voulez, avant de s'attaquer au sujet des dépassements, c'est s'attaquer au sujet des déserts médicaux,
06:02 puisque l'essentiel, c'est que les personnes aient des procédés de santé en face de leurs demandes.
06:06 Merci beaucoup d'avoir été l'invité de RTL midi, Marc Morel.
06:10 Je rappelle que vous êtes le directeur général de France Asso Santé.
06:13 Évidemment, on peut continuer à en parler, comme hier, au 3210.
06:18 On vous attend, vos réactions, vos témoignages, que vous soyez médecin ou patient.
06:22 3, 2, 1, zéro. Dans un instant, clic-clac, Kodak, c'est le retour de l'argentique.
06:29 - Vous faites de la pub, là ? - Non, c'est une expression, vous savez.
06:32 RTL midi.
06:35 N'oublie pas.

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