CGT Le grand écart entre théorie et pratique syndicale sur la souffrance au travail

  • il y a 7 mois
CGT Le grand écart entre théorie et pratique syndicale sur la souffrance au travail



Le Vent Se Lève, RUFFIN, BINET, MERCIER : LE CHOIX DU MAL-TRAVAIL

Quels sont les coûts et les causes de ce mal-travail ? Qui en sont les coupables ?
Comment en sortir et obtenir de nouveaux droits pour l’ensemble des salariés au sein de l’entreprise ? Comment faire en sorte que les habitants de ce pays puissent bien vivre de leur travail, et surtout, bien le vivre ?

Le Vent Se Lève reçoit Sophie Binet (secrétaire générale de la CGT), Isabelle Mercier (secrétaire nationale de la CFDT en charge du travail) et François Ruffin (député de la Somme) pour un grand débat autour de ces questions.
Transcript
00:00 [Générique]
00:15 [Tic-tac]
00:23 Je viens de visionner un colloque sur le mal-travail organisé par Levant-Solev.
00:28 À l'ordre du jour, souffrance au travail, doublement du nombre des déclarations d'inaptitude faites par la médecine du travail, augmentation des burn-out, ce sont des conséquences du mal-travail.
00:39 Ce colloque recevait Sophie Binet, Isabelle Mercier et François Ruffin pour un grand débat autour de ces questions.
00:45 Une des intervenantes, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a tenu les propos suivants.
00:51 — Alors d'abord, je veux dire que j'ai un point de désaccord avec le livre, qui, alors je sais plus quel est le numéro de chapitre, qui dit que, au nom d'un prétendu compromis fordiste,
01:01 les syndicats se seraient désintéressés du travail. Alors le compromis fordiste, pour celles et ceux qui ne sauraient pas ce que c'est, c'est l'idée selon laquelle
01:09 on aurait fait un compromis à un moment avec le patronat, en échange d'augmentation de salaire, on aurait abandonné la bataille sur l'organisation du travail, les conditions de travail, etc.
01:19 C'est pour ça que j'ai commencé mon propos en citant le Conseil national de la résistance, qui mettait à l'ordre du jour la question de l'intervention des travailleurs
01:29 dans la gestion, dans l'orientation de l'économie, avec la bataille pour avoir la création des comités d'entreprise.
01:36 C'est pour montrer que ce compromis fordiste, ça n'a jamais été un compromis pour la CGT, et qu'on s'est toujours battus pour avoir notre mot à dire
01:44 sur l'orientation de notre travail et l'organisation de notre travail, et que le patronat l'a évidemment toujours refusé.
01:52 À l'encroire, la CGT aurait toujours combattu les mauvaises conditions de travail sans entrer dans le jeu du compromis.
01:58 Or, la sociologue du travail, Daniel Lénard, a un point de vue vraiment différent. Voilà ce que l'on pouvait lire dans ce livre
02:04 « Syndicalisme et santé au travail, ouvrage collectif d'universitaires ».
02:09 Les syndicats, la CGT notamment, ont longtemps eu à l'égard des questions de santé au travail des positions plutôt fuyantes.
02:16 Durant la période des Trente Glorieuses, les syndicats ne cherchaient pas tant à éradiquer les sources de danger ou de pénibilité,
02:22 mais plutôt à la menayer. Dès qu'ils décelaient un nouveau risque ou une nouvelle contrainte, ils montaient au créneau pour arracher une prime
02:30 permettant de dédommager les salariés. La période des Trente Glorieuses a vu se multiplier les primes.
02:36 Primes de travail en équipe, primes de nuit, primes d'insalubrité, primes de toxicité, etc.
02:42 L'idée étant qu'il fallait que les ouvriers puissent compenser les désagréments vécus au travail par une meilleure qualité de vie hors travail
02:49 grâce à des revenus plus élevés. Mais c'était aussi une manière de faire payer les patrons.
02:54 Il n'était pas question pour les syndicats de coopérer avec le patronat pour améliorer l'organisation du travail et contribuer à la pérennité de l'exploitation capitaliste.
03:02 Arracher les compensations financières les plus importantes pour indemniser les salariés des risques encourus et des pénibilités subies,
03:09 c'était aussi une manière de faire reconnaître publiquement, officiellement, qu'ils étaient collectivement victimes des dégradations de la qualité de vie au travail
03:17 en raison d'une recherche excessive de productivité et de rentabilité. De façon plus générale, ces syndicats focalisaient les mobilisations et les luttes autour de ce principe de dédommagement
03:27 en cherchant systématiquement à arracher les augmentations de salaires qu'ils obtenaient d'ailleurs grâce à la combativité des salariés qui agissaient au sein des mobilisations solidaires,
03:36 dont les collectifs de travail que nous avons évoqués étant de bons vecteurs.
03:42 Au cours de cette période étranglorieuse, les pénibilités et les atteintes à l'intégrité physique et mentale des travailleurs étaient donc analysées, vécues et traitées
03:51 comme les symptômes et les conséquences d'une mise au travail capitaliste condamnable dont les salariés étaient les victimes, mais des victimes capables de s'opposer de différentes façons et par différents moyens sur d'autres plans.
04:02 Et ces primes ont vraiment existé depuis longtemps en témoignent les traces qu'elles ont laissées tant dans le contentieux que dans les accords collectifs.
04:09 Primes de travail en équipe seulement en 3 contentieux, mais primes de nuit 170, primes d'insalubrité 41,
04:18 primes de toxicité, pas de contentieux, mais juste un accord d'entreprise signé en 2021 par tous les syndicats de l'entreprise.
04:25 Sophie Binet a donc préféré dans ce colloque donner une image théorique du positionnement syndical dans l'appréhension de la lutte contre les mauvaises conditions de travail et la souffrance au travail en se fondant sur les buts du CNR.
04:36 Mais les syndicats et sections syndicales ont donc pendant des décennies préféré signer des accords avec les employeurs
04:43 tenant à monnayer la souffrance au travail contre compensation sonnante et trébuchante à court terme, comment les emblâmer.
04:49 Il est plus vendeur électoralement dans l'entreprise d'obtenir une prime que de se battre pendant des mois ou plus,
04:55 sans espoir garanti de résultat pour tenter de faire baisser la souffrance au travail.
05:00 Ces accords renvoyaient les conséquences à long terme de la souffrance et des risques, au détriment de l'assurance maladie qui a dû les traiter.
05:07 Cela pose la question de la responsabilité des accords collectifs, dont les conséquences seront à la charge d'une tierce partie non signataires de ces accords,
05:15 mais en plus, sans en être avertis et sans droit de regard ou d'opposition.
05:19 Vous pouvez visionner cet intéressant colloque qui pose des questions qui touchent tous les travailleurs.
05:24 Quels sont les coûts et les causes du maltravail ? La fin des CHLCT ? Qui en sont les coupables ?
05:30 Comment en sortir et obtenir de nouveaux droits pour l'ensemble des salariés au sein de l'entreprise ?
05:35 Comment faire en sorte que les habitants de ce pays puissent bien vivre de leur travail et surtout bien le vivre ?
05:40 Deux heures d'informations sur le monde peu reluisant du travail à voir absolument à cette adresse.
05:45 [Musique]

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