Crise à Mayotte : la ministre déléguée chargée des Outre-mer est l'invitée d'Hélène Zélany

  • il y a 8 mois

Du lundi au jeudi, Hélène Zelany reçoit un invité au centre de l'actualité.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00 *Sonnerie de téléphone*
00:02 Europe 1 Soir
00:04 19h20
00:06 Hélène Zellany
00:08 19h20, merci à tous ceux d'entre vous qui nous rejoignent sur Europe 1.
00:11 On va reprendre des nouvelles de ce qui se passe à Mayotte,
00:14 où vous le savez la situation migratoire et sécuritaire reste extrêmement tendue.
00:18 Nous sommes avec Marie Guevenou, qui est ministre déléguée aux Outre-mer.
00:22 Bonsoir. - Bonsoir.
00:23 Merci beaucoup de venir en direct dans Europe 1 Soir,
00:26 d'autant que vous revenez tout juste d'une nouvelle visite à Mayotte.
00:29 Vous me disiez que vous avez atterri très tôt ce matin.
00:32 Alors on en parle moins dans l'Hexagone,
00:34 mais on aimerait bien savoir, vous, ce que vous avez vu.
00:38 On en parle moins parce que probablement que la situation est en train de se détendre un peu à Mayotte.
00:43 Il y a 15 jours, quand j'y suis allé, 3 jours après avoir été nommé au gouvernement,
00:47 il y avait 30 barrages sur l'île.
00:49 Et puis, quand nous sommes arrivés avec Gérald Darmain, on a fait des annonces très fortes.
00:54 Fin du droit du sol, réduction drastique des titres de séjour
00:58 notamment à titre familial,
01:01 et puis fin des titres de séjour territorialisés,
01:04 qui était une demande principale des collectifs sur les barrages de Mahoré.
01:08 Depuis, la situation se détend.
01:10 On est ensuite, à l'issue de ce déplacement il y a 15 jours, passé une quinzaine de barrages.
01:14 Et puis là, aujourd'hui, on est à 5 barrages sur l'île.
01:17 Donc l'île n'est plus congestionnée comme elle l'était auparavant.
01:21 Mais on ne peut pas dire que la vie des Mahorais a pu reprendre normalement.
01:24 La vie des Mahorais, elle est difficile avant les barrages,
01:28 et elle est difficile pendant les barrages,
01:31 et on va essayer de faire en sorte qu'elle s'améliore après.
01:34 Mais elle est de toute façon très difficile.
01:37 Pourquoi ? L'île de Mayotte, c'est tout petit, c'est 370 km².
01:42 Ça se situe à 70 km des côtes comoriennes,
01:47 avec des mouvements migratoires extrêmement forts,
01:50 où des étrangers issus des Comores prennent des petits bateaux pour faire 70 km.
01:58 Venir s'installer à Mayotte, 101e département français,
02:03 et puis pouvoir bénéficier, parce que par exemple,
02:07 on y est parent d'un enfant français, puisque né sur le sol français,
02:12 des titres de séjour, du droit du sol, des titres de séjour à terme,
02:15 puis ensuite d'un certain nombre de prestations sociales,
02:18 qui vont avec le titre de séjour.
02:20 Et donc c'est ça que l'on veut couper en mettant fin au droit du sol,
02:23 on veut couper cette attractivité.
02:25 Qu'est-ce que vous ont dit les Mahorais que vous avez pu rencontrer ?
02:29 Les Mahorais que l'on rencontre, ils vivent dans la peur, très simplement.
02:35 C'est insupportable.
02:37 C'est insupportable, évidemment.
02:39 D'abord, la population sur l'île de Mayotte vit, pour 70% d'entre elles,
02:44 sous le seuil de pauvreté.
02:46 C'est le département le plus pauvre de France,
02:49 le département le plus pauvre d'Europe même.
02:51 Donc il y a beaucoup de précarité, déjà.
02:53 Les mouvements migratoires que je vous ai décrits apportent
02:57 de la pauvreté supplémentaire, et puis, vu qu'ils sont très nombreux,
03:00 ça apporte beaucoup de tensions et des faits d'insécurité,
03:04 de criminalité extrêmement forts.
03:06 Donc il faut que l'État, qui est fortement mobilisé,
03:09 il y a plus de policiers au sommet de la crise à Mayotte
03:12 qu'il y en a dans les villes de Lille, Lyon et Marseille réunies.
03:15 Donc l'État joue son rôle.
03:17 - Ça c'est intéressant.
03:19 Alors, vous dites que l'État joue son rôle,
03:21 mais vous dites aussi que les forces de l'ordre ne peuvent pas agir
03:23 comme elles veulent sur la délinquance et l'immigration.
03:26 Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:27 - C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand vous avez une île
03:30 qui est saturée par une trentaine de barrages,
03:32 une quinzaine de barrages, ou même, actuellement,
03:34 beaucoup moins, mais qui est quand même
03:38 avec des problématiques d'ordre public massive,
03:40 que font les services de l'État ?
03:44 Que fait le préfet ? Que font les forces de l'ordre ?
03:46 Elles sont d'abord concentrées sur la levée des barrages,
03:49 sur la capacité à faire à nouveau circuler les biens et les marchandises,
03:53 et accompagner un certain nombre de sujets
03:55 qui se créent ou qui s'aggravent,
03:58 qui s'amplifient du fait des barrages.
04:00 - Donc c'est une histoire de priorité pour l'instant.
04:02 - Exactement. C'est-à-dire que, je pense qu'il faut être clair,
04:06 le gouvernement comprend, il entend la logique mahoraise
04:11 qui consiste à vouloir faire des barrages
04:13 pour attirer l'attention des pouvoirs publics.
04:16 Et on l'entend très bien.
04:18 Maintenant, il faut aussi comprendre qu'en tenant ces barrages,
04:22 on aggrave aussi des situations qui sont déjà extrêmement graves.
04:26 Par exemple, le ramassage des ordures ménagères,
04:29 il n'est plus possible depuis quatre semaines maintenant, à Mayotte.
04:33 Et donc quand vous ne ramassez pas les ordures ménagères,
04:35 dans une zone géographique avec des risques épidémiques,
04:41 que ce soit le choléra par exemple,
04:44 - Et puis des gens qui vivent dans une totale précarité.
04:46 - Et des gens qui vivent dans une totale précarité,
04:48 et bien évidemment, ça ne facilite pas les choses.
04:51 Et les populations mahoraises qui tiennent ces barrages,
04:54 certaines d'entre elles, mais ça reste une minorité,
04:56 puisque aujourd'hui, tous les élus vont appeler à la lever des barrages,
05:00 et la plupart des collectifs vont appeler à la lever des barrages.
05:02 Donc encore une fois, il y a une détente.
05:03 Mais il y a encore quelques personnes, au fond,
05:06 je ne les juge pas en disant ça, mais qui sont radicalisées,
05:09 - Des jusqu'au-boutifs.
05:10 - Qui disent "ça ne peut pas être pire".
05:13 Mais en fait, si, ça peut être pire.
05:15 Donc il faut vraiment lever ces barrages.
05:17 - Marie Guevenoue, ministre déléguée aux Outre-mer,
05:19 je le disais, vous rentrez à l'instant de Mayotte.
05:21 Je voulais qu'on parle aussi de ces 300 migrants,
05:24 venus de Somalie, du Congo, du Rwanda,
05:28 qui ont été évacués de Mayotte.
05:30 C'est justement leur installation qui avait déclenché
05:33 la colère de ces collectifs d'habitants dont on parlait à l'instant.
05:37 200 de ces migrants africains sont arrivés hier matin
05:40 en France métropolitaine, et ils sont hébergés
05:43 au moins jusqu'à la mi-mars dans un château
05:45 qui appartient à l'État, et qui se situe dans les Yvelines,
05:48 à Tiverval-Grignon précisément.
05:50 Ça ne plaît pas du tout à Jordan Bardella,
05:53 le président du RN.
05:54 Voilà ce qu'il a écrit sur les réseaux sociaux.
05:56 "Entrez clandestinement à Mayotte,
05:58 vous pourrez être rapatriés en métropole
06:00 et logés dans un château du XVIIe siècle."
06:03 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
06:04 D'abord il ne s'agit pas de migrants.
06:07 Les 300 personnes dont on parle ont le statut de réfugiés.
06:11 D'accord ?
06:12 Donc ça veut dire quoi ?
06:13 Ça veut dire qu'ils sont arrivés à Mayotte,
06:15 leur situation a été examinée.
06:17 Ils bénéficient du statut de réfugiés ?
06:20 Ils bénéficient du statut de réfugiés
06:21 parce qu'ils sont originaires de pays
06:25 où se déroulent des guerres civiles
06:27 et dans lesquels leur vie est menacée.
06:30 Et donc, de ce fait, ils ont le statut de réfugiés.
06:33 Et on a fait en sorte que ces 300 personnes
06:38 viennent pas, alors même qu'ils ont le statut de réfugiés,
06:43 qu'ils peuvent être insérés, qu'ils peuvent travailler,
06:45 puissent être répartis en hexagone
06:48 au vu de la situation mahoraise.
06:51 Au fond, on est un territoire national
06:54 avec des outre-mer,
06:57 et la charge doit être partagée.
06:59 Et elle ne peut pas poser essentiellement sur Mayotte.
07:02 Ça veut dire qu'il y a d'autres réfugiés venus de Mayotte
07:05 qui vont arriver dans l'hexagone ?
07:07 À ce stade, non.
07:10 Mais, ce qui doit être dénoncé,
07:16 c'est que le Front National,
07:19 ou le Rassemblement National, si vous voulez,
07:23 passe beaucoup de temps à dire aux Mahorais qu'il est avec eux.
07:28 Nous, au gouvernement, on essaie de trouver des solutions.
07:31 Concrètes, pour une situation extrêmement difficile.
07:35 Donc on ne peut pas à la fois dire aux Mahorais,
07:38 comme Jordan Bardella, qu'on est avec eux,
07:41 et en fait ne pas être avec eux
07:44 quand il s'agit de trouver des solutions concrètes.
07:46 Comme d'ailleurs, on ne peut pas, comme le fait Jordan Bardella,
07:49 venir à l'hommage au Panthéon
07:54 pour l'entrée de Manukyan,
07:57 qui était un réfugié,
07:59 et puis ensuite dire au fond que les réfugiés,
08:02 quand ils ne viennent pas du bon endroit,
08:05 ça pose problème.
08:06 On ne peut pas avoir des doubles discours.
08:08 Ce n'est pas possible.
08:09 Je vous remercie beaucoup Marie Guevenou,
08:10 ministre déléguée aux Outre-mer.
08:12 Merci d'avoir été l'invité d'Europe un soir.
08:15 Dans un instant, retour sur cette mesure très polémique,
08:18 la fin du permis de conduire à vie.
08:19 Finalement, le Parlement européen n'a pas voté
08:22 la visite médicale obligatoire tous les 15 ans.
08:25 N'hésitez pas à réagir au 01-80-20-39-21.
08:28 [Musique]

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