Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 Générique
00:02 ...
00:03 -Bonjour, Anne-Sophie Joly. -Bonjour.
00:06 -Vous êtes présidente et fondatrice
00:08 du collectif national des associations d'obèses
00:11 et vous êtes engagée pour cette cause depuis 25 ans.
00:14 -C'est ça.
00:15 -Quel est le constat ?
00:17 Est-ce que vous avez vu que la situation a évolué
00:20 dans le bon sens ou pas ?
00:22 -Alors, sur le plaidoyer qu'on fait,
00:24 par rapport à d'autres pays européens,
00:27 voire d'autres pays mondiaux,
00:29 on a quand même sacrément avancé.
00:31 Moi, avec un regard de patiente et plutôt société civile,
00:34 je vais vous dire qu'on n'avance pas du tout assez vite
00:38 et que les chiffres de l'OMS, comme vous venez de les rappeler,
00:41 montrent qu'effectivement, c'est une pandémie
00:44 non transmissible mondiale,
00:46 qui est la quatrième cause de mortalité dans le monde,
00:49 évitable.
00:51 -Le titre de votre livre, je le rappelle,
00:53 j'ai pas choisi d'être grosse,
00:55 mais il était nécessaire, avant ça,
00:57 de rappeler dès le début que l'obésité, c'est une maladie.
01:01 -C'est une maladie reconnue par l'OMS depuis 1997.
01:04 Elle est marquée dans les recommandations
01:06 de la bonne pratique, donc la HHS,
01:09 en petit, dans un dossier,
01:11 avec également l'assurance maladie,
01:13 mais pour autant, ce qu'on réclame,
01:15 c'est que ça soit officiellement dit
01:18 par les plus hautes autorités en France
01:20 pour pouvoir, finalement, déstigmatiser la population
01:24 et puis faire en sorte que, finalement,
01:27 ça soit aussi inclus dans la formation
01:29 de tous les professionnels de santé,
01:31 en cursus initial et en formation continue,
01:34 pour mieux être pris en charge.
01:36 -On le dit depuis... On se connaît bien depuis longtemps.
01:39 Ca fait des années que vous dites ça.
01:41 Pourquoi ça coince ?
01:43 -Alors, j'ai ma petite idée,
01:45 c'est que l'obésité, c'est une des maladies...
01:49 Pour moi, c'est une maladie du tissu adipeux.
01:51 C'est pas avec fibrose,
01:53 qui, au lieu d'éliminer les toxines,
01:55 vous les gardez et déclenche 18 pathologies associées,
01:58 le Covid étant la 19e.
01:59 Je pense qu'il y a une histoire de "on fait quoi et comment ?"
02:03 Les solutions thérapeutiques,
02:05 est-ce qu'il y en a ?
02:07 Il y a la chirurgie bariatrique.
02:09 Là, on voit l'arrivée des médicaments.
02:11 Donc, avec l'ANSM, la Haute Autorité de Santé,
02:14 c'est que verrouiller que ces médicaments
02:17 qui vont arriver sur le marché
02:18 soient bien mis à destination de la population,
02:21 qui en a besoin ?
02:22 Parce que ce n'est pas...
02:24 Avec beaucoup d'humour, c'est pas un Smarties.
02:27 On va soigner une maladie.
02:28 Donc, il faut que ça soit très régulé.
02:31 Et il y a une histoire de dépenses financières.
02:34 -Bien sûr. -M. Le Maire.
02:35 -Allez le voir, je peux vous donner l'adresse.
02:38 -Il était en dessous de moi, au salon de l'agriculture.
02:41 J'ai intervenu au 1er étage,
02:43 il était juste à 3 m en dessous.
02:45 -Sur le pont ? -Oui, mais il y a un truc
02:47 qui s'appelle "garde du corps".
02:49 -Sécurité.
02:50 -C'est ça. Je vais pas le dire.
02:52 -Allez, à Bercy, ça s'appelle.
02:54 Vous vous trouverez facilement.
02:56 Au-delà des problèmes de santé,
02:58 vous évoquez la discrimination et la grossophobie
03:01 présente au quotidien, par exemple, dans le monde du travail.
03:05 Comment ça se traduit ?
03:06 -Dans le monde du travail,
03:08 il y a eu des études qui ont été faites par M. Amadieu,
03:11 c'est que deux personnes de stature normale,
03:14 enfin, de diplôme équivalent...
03:16 -A diplôme égal ?
03:18 -Finalement, la personne qui se retrouve
03:20 souffrant de surpoids et d'obésité
03:22 se retrouve avec l'équivalent de un ou deux diplômes en moins
03:26 sur des études supérieures.
03:28 -C'est terrible.
03:29 -Quoi que vous fassiez, ne serait-ce que l'oeil,
03:32 il y a des entreprises qui disent
03:34 que physiquement, vous ne correspondez pas
03:36 à ce que nous, on veut porter au sein de la société.
03:39 -C'est pas fini. Ce qui est étonnant dans ce livre,
03:42 que je vous invite à lire, c'est que vous évoquez
03:45 aussi une discrimination, une grossophobie,
03:48 si vous voulez, venant de la part des professionnels de santé.
03:51 Alors là, on se dit, mais pas eux !
03:54 Au moins, pas eux, eh bien, si.
03:56 Pas tous, hein. -Non, pas tous.
03:58 Dieu merci, pas tous.
03:59 Justement, parce que...
04:01 C'est une étude qui a été faite par un médecin
04:04 sur des internes en médecine,
04:05 où on avait environ 55 % des répondants
04:08 qui disaient qu'ils avaient un problème de discrimination
04:11 avec notre spécialité, finalement,
04:14 mais parce qu'ils ne sont pas formés,
04:16 ils ne sont pas informés, aussi.
04:18 Et qu'on manque encore à ce jour, même 25 ans après,
04:21 de matériel adapté, à commencer par les tensionnettes
04:24 et les brassards.
04:26 -Ah oui. -Les brocards,
04:28 les fauteuils roulants... -Oui, le matériel.
04:30 -Les IRM à champ ouvert.
04:32 Donc, en fait, moi, ce que je vois, c'est que,
04:35 OK, on fait le constat, maintenant, pitié,
04:37 il faut passer à l'action.
04:39 Je sais que ça fait 25 ans que je me répète,
04:42 donc je pense que ça va être Alzheimer,
04:44 mais on est dans l'intérêt de la société civile
04:47 et il nous faut l'égalité de prise en charge,
04:49 l'égalité humaine et l'égalité aux soins.
04:52 -Vous voyez le regard changer ?
04:54 On voit dans les défilés, même si c'est anecdotique,
04:57 mais il y a des défilés de lingerie,
04:59 des choses qu'on voyait pas du tout il y a 15 ans.
05:02 -C'est un travail de longue haleine.
05:04 -C'est vrai dans la pub, on voit ça, ça vient doucement.
05:07 -On a la chance, au CNAO,
05:09 d'être signataires de la charte de l'ARCOM,
05:12 la charte alimentaire.
05:13 C'est des choses qu'on a pu travailler,
05:15 et c'est des engagements que l'ARPP,
05:18 que le Conseil paritaire de la publicité a pris,
05:21 dans lequel je viens d'être inclue il y a peu de temps,
05:24 et je les remercie,
05:25 parce que c'est comme ça qu'on avance,
05:27 mais c'est un militantisme...
05:29 -Aux Etats-Unis, ils avancent énormément,
05:32 peut-être qu'on peut se caler sur eux.
05:34 -Oui, mais j'ai envie de vous dire,
05:36 après, il y a le fonctionnement interne des Etats
05:39 qui est propre à chacun,
05:41 et il faut se retrouver en Angleterre avec Johnson,
05:43 qui a eu le Covid et qui s'est dit "je risque de mourir",
05:47 donc on impulse,
05:48 d'où la nécessité d'avoir un véritable portage politique
05:51 au plus haut niveau, et j'invite le président de la République
05:55 de le faire. -Vous allez déposer une loi
05:57 bientôt, donc on se reverra.
05:59 Vous nous raconterez comment ça s'est passé.
06:01 Une dernière question.
06:03 Qu'est-ce que vous pensez des publicités
06:05 pour les régimes miracles qu'on voit à la télé
06:08 qui promettent des pertes de poids spectaculaires ?
06:11 Qu'en pensez-vous ?
06:12 -Je ne pense pas qu'on puisse soigner une maladie
06:15 à coup de publicité ou à coup de vente de produits
06:18 via Internet.
06:19 C'est une véritable maladie.
06:21 On vend du rêve, très clairement.
06:24 On ne vend pas de la réalité.
06:26 L'obésité, la prise en charge des régimes
06:28 doit être pluridisciplinaire dans le temps,
06:31 et pas autre chose.
06:32 -Bon, ça, c'est dit. Merci beaucoup, Anne-Sophie.
06:35 Alors, ça s'appelle, je vous le rappelle,
06:37 "La Choisie", "Lettre grosse",
06:39 c'est coécrit avec un journaliste spécialiste de santé
06:42 que nous connaissons aussi, Richard Zarzavadian,
06:45 et puis c'est publié chez "Solar".
06:48 Merci de votre visite.
06:49 -A très vite. -A bientôt, donc.
06:51 [Musique]