• il y a 9 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:12 Bonjour à tous et bienvenue dans Face au territoire en direct sur TV5Monte,
00:16 vous le savez, dans 200 pays et en 22 langues,
00:19 avec nos partenaires de Ouest France, de Nice Matin de 20 minutes,
00:22 de France Antille, du magazine Le Point et de Géostratégie magazine.
00:27 Voilà, mon invité ce matin c'est Michel Onfray.
00:29 Merci d'être avec nous Michel Onfray.
00:31 Bonjour et bienvenue, vous êtes philosophe, bien sûr, nul ne l'ignore,
00:34 essayiste et fondateur de Front Populaire,
00:36 votre revue, on en parlera tout au long de cette émission.
00:39 Première question d'actualité, c'est la constitutionnalisation de l'IVG,
00:43 émotion et larme hier au Sénat après l'adoption de cette inscription de l'IVG dans la Constitution,
00:50 dans les mêmes termes qu'à l'Assemblée Nationale.
00:53 Ça ouvre la voie bien sûr au Congrès qui aura lieu à Versailles lundi.
00:57 Que pensez-vous de cette constitutionnalisation de l'IVG ?
01:00 Est-ce nécessaire au fond ?
01:02 Non, je ne vois pas du tout l'intérêt de passer du temps sur ce sujet,
01:05 de perdre de l'énergie, de mobiliser autant de monde.
01:09 Personne ne met en péril l'avortement, personne aujourd'hui en France.
01:13 C'est une opération politique ?
01:14 Oui bien sûr.
01:15 Un coup de com ?
01:15 Oui bien sûr, c'est-à-dire qu'il n'y a pas un parti politique aujourd'hui
01:18 qui soit susceptible d'arriver au pouvoir qui nous dise
01:20 dans mon programme il y aura l'abolition, l'interdiction de l'IVG,
01:25 le non remboursement de l'IVG, personne ne dit ça.
01:27 Ça se dit chez certains militants, qui sont des militants d'extrême droite pour le coup,
01:31 des catholiques intégristes qui défendent cette idée-là.
01:34 C'est une opinion, on peut la combattre.
01:36 Et puis expliquer effectivement que ça n'est pas en péril
01:39 et que la constitution c'est quand même important,
01:41 d'inscrire dans le marbre de la constitution quelque chose.
01:43 Donc il n'y a pas de péril.
01:45 Alors il faut absolument que Marine Le Pen soit fascisée,
01:48 soit extrême-droitisée et qu'on nous dise qu'elle met en péril
01:51 cette question de l'avortement et que si elle arrive au pouvoir,
01:54 son premier travail, ce serait de l'abolir, etc.
01:56 Et si c'était dans son programme, ça se saurait.
01:59 Et elle a même fait savoir qu'elle était plutôt pour l'avortement.
02:01 Donc je pense que la vraie question c'est pourquoi y a-t-il
02:04 plus de 200 000 avortements par an ? C'est ça le vrai problème.
02:06 Alors qu'il y a des préservatifs dans les distributeurs partout,
02:09 dans les gares, qu'on peut accéder facilement à la contraception,
02:13 et qu'il y a des plannings familiaux qui font très bien tout ce travail de prévention.
02:17 Pourquoi est-ce que malgré le fait qu'on puisse accéder
02:20 aux préservatifs assez facilement, il y a toujours autant d'avortements ?
02:23 - Quant aux États-Unis, certains États remettent en question l'IVG.
02:28 Est-ce qu'on n'est pas en réaction par rapport à ça au fond ?
02:32 Est-ce qu'il n'y a pas dans l'opinion publique un espèce de courant
02:35 un peu paranoïaque là-dessus ?
02:37 - Mais oui, je ne comprends pas que la France ait oublié qu'elle était la France.
02:40 La France, ce n'est pas les États-Unis, la France, ce n'est pas l'Ukraine, etc.
02:43 Enfin, je dirais, moi je suis souverainiste.
02:45 Je pense que chaque pays doit pouvoir décider de sa politique
02:48 et librement et de manière autonome.
02:51 Donc ça n'est pas parce que dans certains États républicains
02:53 et pas du tout aux États-Unis, dans certains États, c'est fédéral,
02:57 donc effectivement, ici dans un État, vous avez la peine de mort,
03:00 dans un autre État, vous ne l'avez pas.
03:01 Ici, vous avez effectivement un problème avec l'avortement
03:04 et d'autres disent "mais il n'y a aucun problème".
03:06 Certains puissent défendre par exemple la consommation des drogues, d'autres pas.
03:09 Donc ce n'est pas du tout la même chose.
03:10 Donc on nous fait peur en nous disant "attention les femmes,
03:13 vous allez perdre l'avortement".
03:15 Pas du tout. Moi, je suis sur la ligne de Simone Veil.
03:18 J'aimerais qu'on puisse la lire ou l'écouter ou se souvenir
03:21 de ce qu'elle a dit à cette époque-là.
03:22 Elle a dit "ça ne doit pas devenir un moyen de contraception".
03:25 C'est une chose terrible, c'est une chose extrêmement traumatisante pour les femmes.
03:28 Donc je ne comprends pas.
03:29 Quelles que soient les années, on est toujours à ce niveau de 200 000 avortements.
03:35 Je crois qu'on pourrait faire une politique de prévention en disant
03:38 "évitez d'en arriver là, ça n'est pas un geste banal".
03:41 C'est Michel Onfray qui est notre invité ce matin,
03:43 dans Face au territoire, dans un instant, Stéphane Vernet de West France.
03:48 Bonjour Stéphane Vernet, vous dirigez la rédaction de West France à Paris.
03:52 Dans un instant, on va interviewer Michel Onfray ensemble.
03:56 Mais le dessinateur et collaborateur de West France a une question à poser à Michel Onfray.
04:00 C'est une tradition dans cette émission. On écoute chou nu.
04:04 Michel Onfray, bonjour.
04:07 Mieux que quiconque, vous connaissez le monde paysan.
04:10 Vous êtes le fils d'un ouvrier agricole et vous vivez encore
04:14 dans votre village natal, Chambois, dans l'Orne.
04:18 Samedi dernier, le grand débat s'est transformé en grande débâcle
04:22 et on a plus vu de poulet que de vache pour l'inauguration du Salon de l'Agriculture.
04:29 Voici ma question. Face à l'immense détresse du monde paysan,
04:34 qui connaît une vague de suicides sans précédent,
04:37 faut-il mettre en place une année blanche ?
04:41 Oui, je suis entièrement d'accord avec cette idée-là.
04:44 Je suis proudhonien. Ma gauche est proudhonienne.
04:48 C'est celle de la Gironde et pas des Jacobins. C'est celle des provinces.
04:52 J'aime pas le mot "territoire". Pardonnez-moi, mais ce n'est pas le sens de l'hospitalité.
04:56 C'est un mot des éthologues, des gens qui étudient les animaux.
05:01 Les animaux ont des territoires. Il y a des animaux de territoire.
05:05 Ils font leur petit pipi, leur petit caca en disant
05:07 "Cet espace m'appartient et je suis le mâle dominant dans ce territoire".
05:11 Non, les provinces. C'est pour les provinces, le mot "provinces".
05:13 Donc oui, je suis un provincial. Je ne suis pas un Parisien.
05:16 – La France d'en bas, disait Rapha.
05:18 – C'était un bon concept. Je pense qu'il avait raison.
05:20 Il faisait partie de la France d'en haut.
05:22 Et c'est aussi un Jacobin, Rapha.
05:24 Et comme Ségolène Royal et comme Alain Juppé en son temps.
05:27 C'est-à-dire que ce sont des gens qui ont le modèle Jacobin en tête
05:29 et qui, quand ils défendent les régions, défendent les régions sur le principe Jacobin.
05:32 Non, il faut défendre les régions sur le principe Girondin.
05:34 – Stéphane Bernay.
05:35 – Michel Enfray, comment vous avez perçu les images qui nous sont parvenues
05:37 à l'inauguration avec un président de la République sifflé, hué, chahuté,
05:41 bousculé le samedi.
05:43 Et puis un Jordan Bardella qui passe le dimanche,
05:45 il coyou autour de lui, mais pour des selfies.
05:48 Quelle est votre lecture de cette séquence-là ?
05:51 – D'abord, il y a un capital personnel négatif à l'endroit d'Emmanuel Macron.
05:55 Parce que quand on voit la haine que ce monsieur suscite,
05:59 on se dit que ce n'est pas sa politique.
06:01 – C'est sa personne pour lui, qui cristallise les choses.
06:04 – Gabriel Attal, il va deux ou trois jours plus tard, il ne se passe rien.
06:07 Tout se passe bien, on fait des photos avec Gabriel Attal.
06:09 Je ne pense pas qu'il y ait l'épaisseur d'un papier de cigarette
06:11 entre la politique chez Gabriel Attal et la politique chez Emmanuel Macron.
06:15 Ils défendent les mêmes idées, le même monde.
06:17 Simplement, ce n'est pas le même style.
06:19 Et je pense qu'il paye cette idée du "moi je traverse la rue,
06:22 j'ai envie d'emmerder les Français".
06:24 – C'est ces petites phrases qui payent le sentiment.
06:25 – Oui, jupitérien.
06:26 – Non, ce n'est pas l'aspect jupitérien, au contraire.
06:28 Les Français, ils aimeraient un président vraiment jupitérien.
06:31 Jupiter, il ne dit pas une chose et son contraire.
06:33 Jupiter, il ne dit pas "attention, il faut faire attention à ne pas blesser les Russes".
06:36 Et puis, quelques temps plus tard,
06:37 on envisage d'envoyer des soldats français en Ukraine.
06:41 Jupiter, ce n'est pas ça.
06:42 Je pense au contraire que les Français, ils aiment bien Jupiter.
06:45 Ils ont aimé Louis XIV, ils ont aimé le général de Gaulle.
06:48 Ils ont aimé Robespierre pour certains, à leur temps.
06:50 Il y a une grande tradition jacobine, hélas.
06:52 Mais je crois que ce n'est pas la politique qu'on a attaquée,
06:55 puisque Gabriel Attal et lui portent la même politique.
06:58 C'est l'homme avec cette espèce d'arrogance et de suffisance
07:01 qu'il a parfois à l'endroit des gens simples et modèles.
07:02 – C'est l'homme, ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas la politique.
07:04 Mais vous n'y voyez pas aussi une espèce de marque de déconnexion du pouvoir ?
07:07 – Si, vous avez raison.
07:09 – Où est-ce qu'on en est du rapport entre les villes et les campagnes,
07:11 entre Paris, la province, entre ce pouvoir et les Français d'une manière générale ?
07:16 – Vous savez, quand on fait l'histoire des jacqueries dans la province,
07:19 dans les provinces, pendant des années, des siècles même,
07:21 on s'aperçoit qu'elles ont toutes été durement matées.
07:23 Et que quand vous faites ça pendant un certain nombre de siècles,
07:25 il y a un moment donné où vous obtenez la Révolution française.
07:28 C'est un peu comme ça que ça fonctionne.
07:29 C'est-à-dire qu'on ne peut pas ne pas entendre les gens.
07:32 Alors il se fait que Emmanuel Macron, il écoute les gens,
07:34 il prend des notes et puis après il leur donne des leçons.
07:37 Il tutoie les gens, il est grossier, il utilise des mots du vocabulaire trivial,
07:41 voire déconné, emmerdé, etc.
07:43 Bon, et c'est pas ça les Français.
07:46 Je pense que les Français, ils sont dans le désir de restaurer vraiment la politique.
07:51 Du genre, vous nous sollicitez, vous nous demandez,
07:53 on vous dit ce qu'on pense et puis vous, vous êtes là pour incarner la pensée du peuple.
07:56 Le français, c'est ça la démocratie, c'est quand même le pouvoir du peuple,
07:59 par le peuple, pour le peuple.
08:00 C'est pas le pouvoir de quelqu'un, d'une élite, maastrichtienne je dirais,
08:04 qui elle a décidé que de toute façon faisait l'économie du peuple.
08:07 En 2005, il y a eu une espèce de coup d'État.
08:09 C'est-à-dire qu'on dit aux Français, que pensez-vous du traité européen ?
08:11 Et là ils disent, non on n'est pas contre l'Europe,
08:13 on est contre cette Europe libérale, donc on vote contre.
08:16 Et là on dit en 2008, vous l'aurez quand même.
08:17 Et on envoie les représentants du peuple contre le peuple.
08:20 Vous connaissez l'histoire, le Congrès vote en disant,
08:22 le référendum, on le met à la poubelle, comme s'il n'avait pas existé.
08:25 C'est une rupture du lien social qui est terrible.
08:28 Et donc Emmanuel Macron, il incarne ça.
08:30 Il incarne cette idée que c'est d'abord l'Europe, maastrichtienne,
08:33 et puis après éventuellement la France.
08:35 – Mais au-delà des questions d'Europe, de politique,
08:37 de personnalité d'Emmanuel Macron, il y a aussi une vraie crise du monde rural.
08:40 Est-ce qu'on n'est pas en train d'assister à une disparition programmée,
08:44 orchestrée, organisée, de la ruralité, du monde paysan, une France qui change ?
08:50 – Vous avez raison, on pourrait même remonter au 6 juin 1944,
08:54 au moment de la libération, quand les Américains arrivent sur les plages de Normandie.
08:58 Il y a un plan Marshall par la suite pour reconstruire la France.
09:00 Mon père était ouvrier agricole, comme vous l'avez dit,
09:02 c'est-à-dire il laboure avec les chevaux.
09:04 Et puis après on lui dit maintenant, vous allez avoir un tracteur.
09:06 – C'est les tracteurs qui arrivent.
09:07 – Voilà, tracteurs, industrialisation, mécanisation, produits chimiques,
09:10 engrais, un tronc, etc. – Une autre agriculture.
09:13 – Voilà.
09:14 – Là on est en train également de changer de modèle ?
09:16 – Oui, absolument. Et ça n'est pas dit. C'est là qu'est le problème.
09:19 C'est-à-dire qu'effectivement l'Europe…
09:20 – Mais ça génère une angoisse qui se traduit par la crise, par ce qu'on voit aussi.
09:24 – Parce qu'effectivement les paysans nous le disent concrètement.
09:26 Ce sont des gens qui sont justement terre à terre, au sens premier du terme,
09:29 et qui nous disent "l'Europe c'est ça pour nous".
09:31 L'Europe c'est que, on nous dit "vous allez produire des poulets comme ça,
09:34 vous avez un paquet de directives qui vous expliquent comment il faut vous y prendre".
09:38 Et puis on vous dit "on va vous envoyer quand même sur le marché
09:40 des poulets ukrainiens qui ont trois ans de congélation
09:43 et qui éventuellement ont été nourris à la dioxine".
09:45 Et plutôt que de faire des grandes théories sur l'Europe,
09:47 ils nous disent "c'est ça pour nous l'Europe".
09:49 C'est-à-dire une concurrence qui n'est pas libre et qui est faussée.
09:51 Et c'est même une concurrence avec les pays de l'Amérique du Sud.
09:54 Et on se dit finalement sur les tables des cantines,
09:57 les enfants mangent parfois de la viande qui vient d'Argentine,
09:59 alors qu'un paysan est en train de se pendre dans la commune.
10:02 – Le paradoxe c'est que la solution elle est peut-être aussi au niveau européen.
10:04 Est-ce qu'il faut aller voter pour le 9 juin, etc. ?
10:06 Est-ce qu'on peut là changer cette Europe, réformer la PAC, transformer les règles ?
10:10 – Non, je ne crois pas.
10:12 C'est pour ça que c'est une espèce de poudre aux yeux.
10:15 L'Europe fonctionne indépendamment des élections.
10:18 C'est très bien que Marine Le Pen, si elle arrive en tête,
10:21 de toute façon elle sera minoritaire.
10:23 Et puis elle sera minorisée, elle et les gens qui lui ressemblent en Europe.
10:26 Parce que de toute façon, il y a un plan.
10:27 Et vous avez raison de dire qu'il y a le désir d'en finir avec la paysannerie
10:30 telle qu'elle existe depuis Virgile.
10:32 C'est-à-dire le paysan romain qui a eu le contact avec la nature,
10:35 qui est dans la logique des saisons, etc.
10:37 On va aujourd'hui vers une disparition de la paysannerie.
10:40 Ce serait un peu long à expliquer, mais enfin quand vous avez les écologistes
10:43 qui nous parlent de bien-être animal, tout le monde est pour le bien-être animal.
10:45 Personne ne veut faire souffrir des poulets en batterie, etc.
10:48 Donc on vous dit au nom du bien-être animal,
10:50 nous allons vous fabriquer de la viande sans animaux.
10:52 On va faire du clonage de cellules.
10:54 Et on va faire de la viande cellulaire.
10:56 Donc vous prenez une cellule, en laboratoire, ça coûte très cher,
10:59 je veux dire, ça coûte très cher, y compris en énergie.
11:01 Et vous allez fabriquer du steak,
11:04 qui n'aura pas eu derrière lui un animal qui aura souffert.
11:06 Mais qui fait ça ? L'industrie. Plus besoin de paysans.
11:09 Vous avez des grosses usines, on a des grosses usines
11:11 qui, à partir de cellules souches, ou de cellules pas forcément souches,
11:14 vont cloner une espèce de viande tumorale, ce seront des tumeurs,
11:17 et on mangera de la viande qui sera fabriquée en laboratoire.
11:21 – Bon appétit, ce matin, nous on se font Michel Onfray d'en face au territoire.
11:24 À la Une de Ouest-France, Stéphane Vernet.
11:26 – L'IVG qui va rentrer dans la Constitution.
11:29 – Vous en êtes tout ému d'ailleurs.
11:31 Merci. Stéphane Vernet qui dirige la rédaction de Ouest-France à Paris,
11:34 et dans un instant, Florale Hernandez, de 20 minutes sur ce plateau.
11:38 [Générique]
11:41 – Bonjour Florale Hernandez, vous êtes le rédacteur en chef de 20 minutes,
11:45 les élections européennes sous le ciel de la jeunesse.
11:48 – Oui, 27, 28 ans, 34 ans, 36 ans, 37 ans, 38 ans, 44 ans,
11:54 ce sont les âges des différentes têtes de liste aux élections européennes,
11:58 pour le PCF, LR, le RN, LFI, ou… – Quel est votre âge ?
12:01 – Un petit peu plus, je suis juste entre 38 et 44, voilà.
12:06 – Michel Offray, qu'est-ce que vous pensez de ce jeunisme,
12:09 ou de cette jeunesse des candidats, des têtes de liste pour les élections européennes ?
12:13 – Moi je suis assez bluffé par leur capacité, leur intelligence, leur rhétorique,
12:18 leur compétence, la capacité à intégrer des dossiers, on a des gens brillants,
12:23 vraiment brillants. – C'est pas simplement dans la com, comme on dit ?
12:26 – Si, on a besoin de… oui, non, mais je veux dire,
12:29 la communication, ça suppose qu'on soit brillants,
12:32 et si vous êtes extrêmement doués, mais que vous n'êtes pas très clair,
12:36 je songe par exemple à Michel Rocard jadis,
12:38 qui était vraiment un personnage problématique,
12:40 on pouvait même s'en moquer un petit peu,
12:42 là aujourd'hui vous avez des jeunes fluides, intelligents,
12:44 et vous leur donnez n'importe quel… vous faites n'importe quelle demande chiffrée
12:48 en leur demandant, je ne sais pas combien il y a de sous-marins nucléaires français,
12:51 ils sont capables de vous répondre, etc.
12:53 Et vous vous dites, mais est-ce que derrière tout ça,
12:55 il y a vraiment un projet de société et un projet national, un projet de nation ?
12:59 Est-ce que c'est bon pour la France ?
13:01 Non, on sait très bien qu'aujourd'hui les gens qui font de la politique,
13:03 ils font de la politique pour être élus, ou qu'ils font de la politique pour être réélus,
13:06 c'est la grande question de Machiavel, comment faire pour accéder au pouvoir ?
13:09 Et quand on est au pouvoir, comment faire pour s'y maintenir ?
13:11 Réponse de Machiavel, ayez la ruse du renard et la force du lion,
13:15 et ça ira bien comme ça.
13:17 Moi je n'entends jamais parler de la France, ou alors pour faire semblant,
13:20 mais ils sont tous là en train de nous expliquer que ceux-là sont des fascistes,
13:23 qu'eux sont dans la raison, que ceux-ci ont tort parce que… et ceux-là, etc.
13:27 Et on se dit, mais qui parle de la France en disant
13:29 c'est bon pour la France ou c'est pas bon pour la France ?
13:31 Et quid de la France dans cette aventure ?
13:33 C'est-à-dire qu'on a un jeune personnel politique assez brillant,
13:35 mais qui n'a pas le souci de la nation, qui n'a pas le souci du peuple,
13:38 qui n'a pas le souci de l'histoire, de l'inscription de la France dans l'histoire,
13:42 dans l'histoire de France, dans l'histoire de l'Europe, dans l'histoire du monde.
13:45 Non, ce sont des gens qui disent, la prochaine échéance,
13:47 ce sont par exemple les élections européennes.
13:49 Donc tout est fait pour les élections européennes.
13:51 – Il dit souvent la présidentielle, surtout.
13:53 – Bien sûr, il y a des élections qui sont intermédiaires.
13:55 La vraie élection, c'est celle du président de la République,
13:58 et entre deux, on essaie de tester, c'est une espèce de façon
14:00 de prendre la température de la nation.
14:02 Alors vous avez les législatives, vous avez les municipales,
14:04 et puis on fait des savants calculs pour expliquer
14:07 que c'est pas exactement la même chose, que les chiffres de l'Europe
14:09 c'est pas la même chose, ce sont pas les mêmes enjeux.
14:11 Mais tout le monde comprend très bien qu'on a affaire
14:13 à ce que le général De Gaulle appelait des politiciens,
14:15 c'est-à-dire des gens qui vraiment font profession de politique
14:18 alors que la politique c'est quand même le peuple, la nation, la France.
14:21 – Qu'en est-il pour vous, pour ces élections européennes ?
14:24 Parce qu'en septembre 2022, sur Sud Radio,
14:26 vous disiez qu'il y aurait une liste Front Populaire.
14:29 En 2023, sur Europe 1, lors d'une interview,
14:33 Nicolas Dupont-Aignan est poussé dans ses retranchements,
14:36 en disant "oui, peut-être Michel Onfray pour porter la liste de boule à France".
14:41 Vous y allez ou non sur une liste, sur votre liste ?
14:43 – Moi j'ai jamais dit qu'il y aurait une liste.
14:45 On a parlé au conditionnel quand on avait fait une rencontre à Uzès,
14:48 et comme le fait l'Agence France-Presse assez régulièrement,
14:51 elle transforme les conditionnels en futur,
14:53 elle nous dit "il y aura une liste".
14:54 Non, nous avons songé aux conditions de possibilité d'une liste,
14:57 en disant "ça coûte combien ?"
14:59 – Et vous avez renoncé à cause des problèmes d'argent ?
15:01 – Non, pas seulement, il faut une incarnation.
15:04 – Et vous n'étiez pas prêt à ça ?
15:05 – Ah ben moi non, moi je ne fais pas de la politique politicienne,
15:08 ça ne m'intéresse pas d'être élu en disant "je me présente"
15:11 et puis il y a une espèce de signature.
15:12 – Vous auriez choisi qui dans l'idéal, si ça avait été le cas ?
15:14 – Non mais moi j'ai pensé à des personnes.
15:16 – Qui par exemple ?
15:17 – Non je ne vais pas vous dire, ça ne s'est pas fait.
15:19 Et après la personne en question, vous allez l'inviter,
15:22 lui demander pourquoi, etc.
15:24 – Tout à fait, je vous confirme.
15:26 – Ah oui ?
15:27 – Et rejoindre une liste non plus ?
15:28 – Non plus, non non.
15:29 Non non, d'abord parce que, qui disait ça ?
15:33 C'est le Big Bd qui disait qu'il faut monter dans un avion
15:35 pour pouvoir le détourner, d'ailleurs je lui avais répondu
15:37 qu'on avait bien vu qu'il était monté dans l'avion
15:39 mais on n'avait pas vu l'avion détourner.
15:40 Et je pense que quand on est dans l'Europe,
15:42 on ne peut rien faire contre l'Europe, tout est fait pour ça.
15:44 D'ailleurs tout est fait pour que les peuples ne puissent pas
15:46 avoir la main sur l'Europe.
15:47 Pensez bien que tous les opposants, quand ils sont élus
15:49 au Parlement européen, n'ont pas la main non plus,
15:52 puisque la présidence est donnée à quelqu'un
15:54 qui est nommé et pas élu, et que ça se fait quand même.
15:57 Qui a décidé par exemple que l'Europe allait faire la guerre
16:00 en Ukraine contre la Russie ?
16:02 Qui a décidé ? Pas de peuple, aucun peuple n'a été sollicité.
16:05 Vous avez une petite commission un peu invisible qui dit "on y va".
16:08 Et comme Emmanuel Macron qui dit "on n'exclut pas d'envoyer des troupes".
16:10 Vous dites "mais qui décide de quoi dans cette affaire ?"
16:12 Il y a quand même un peuple.
16:13 Donc nous avons songé à Front Populaire à une liste souverainiste
16:17 au-delà des partis.
16:18 Parce que je n'ai pas envie de Filippo,
16:20 je n'ai pas envie de Dupont-Aignan.
16:22 - Ah déjà ça y est, on a caché deux noms qui n'y seraient pas.
16:25 - Non mais moi je n'ai jamais dit que je ferais quoi que ce soit
16:28 avec ces gens-là, sûrement pas.
16:29 Je suis gaulliste moi, c'est-à-dire que je ne comprends pas par exemple
16:32 que Nicolas Dupont-Aignan qui nous dit qu'il est gaulliste
16:34 se soit essayé aux élections pendant des années
16:36 et qu'à chaque fois il fasse des scores ridicules.
16:38 Il y a un moment donné où on se retire.
16:40 On a vraiment envie de faire de la politique politicienne
16:42 mais si on dit "ça ne marche pas avec les Français",
16:44 les Français ne veulent pas de moi, donc j'arrête.
16:46 - Oui, d'autant que dans un récent sondage de Ipsos le Parisien ce lundi,
16:52 dans le top 3 des personnalités de moins de 45 ans
16:55 qui inspirent le plus confiance, au 18-25, donc c'est quand même sur une cible,
16:59 on retrouve deux personnes d'extrême droite,
17:01 Jordan Bardella en première position, Marion Maréchal en troisième position,
17:05 Gabriel Attal en deux.
17:07 Vous êtes surpris qu'aujourd'hui, puisqu'il y a 20 ans, ce n'était pas le cas,
17:11 la jeunesse soit en confiance avec l'extrême droite ?
17:16 - La jeunesse française vous voulez dire ?
17:19 - Jeunesse française, oui.
17:21 - Je ne sais pas, je n'ai pas vraiment de chiffres.
17:23 - En 2002, on a bien vu que la jeunesse française n'était pas inspirée par le Front National.
17:28 C'était un vieux monsieur qui le représentait.
17:30 Aujourd'hui c'est des jeunes gens de 30-34 ans qui le représentent.
17:34 - Non mais la jeunesse, pour moi, ça n'existe pas.
17:36 C'est-à-dire que si vous dites la jeunesse, je ne sais pas,
17:39 en sortant de l'école normale supérieure, vous allez faire un micro-trottoir là-bas,
17:42 la jeunesse si vous allez dans mon village natal à Chambois, là,
17:45 la jeunesse si, etc. ce n'est pas exactement la même chose.
17:48 La jeunesse étudiante, je ne pense pas qu'elle suive beaucoup les thèses du RN.
17:53 - Vous vous sentez jeune vous-même ou pas ?
17:55 - Non, non, moi je me sens maintenant très vieux, oui.
17:57 Ça me paraît évident.
17:59 - Merci Florian Hernandez, Denis Caro, qui est directeur des rédactions du groupe Nice,
18:02 qui est en Corse actuellement, en duplex, a une question à vous poser. On l'écoute.
18:07 - Bonjour Michel Oufray, le processus d'autonomie de la Corse progresse.
18:11 Une nouvelle réunion au ministère de l'Intérieur a permis des avancées en début de semaine.
18:15 Vous qui avez défendu dans une précédente émission le génie des provinces,
18:19 est-ce que vous êtes favorable à cette autonomie ?
18:22 Et est-ce que vous pensez que ce processus pourra aller à son terme ?
18:25 - Je pense qu'Emmanuel Macron fait de la politique politicienne avec la Corse
18:30 et que la Corse mérite mieux que ça.
18:32 J'ai créé une université populaire à Ajaccio il y a une vingtaine d'années
18:35 et j'avais fait savoir à l'époque qu'il y avait effectivement un génie corse aussi,
18:38 un génie du peuple corse et un génie corse.
18:40 Que Rousseau déjà, Jean-Jacques, pas Sandrine,
18:42 que Jean-Jacques Rousseau avait déjà pensé à une constitution pour l'Europe
18:45 et je leur avais dit à l'époque, il existait encore Jacques Derrida et Pierre Bourdieu par exemple,
18:49 qu'il s'honorerait les Corses de dire "Mais vous qui êtes les grands intellectuels mondiaux,
18:54 français mondiaux à l'époque, qu'est-ce que vous feriez pour la Corse ?
18:57 Quel type de constitution pourriez-vous faire pour les provinces pour que nous puissions faire nation ?
19:03 Moi je suis un girondin comme je le dis souvent, c'est-à-dire que je pense que je suis allé en Guyane,
19:07 je suis allé en Martinique, je suis allé en Corse,
19:09 c'est pas exactement la même chose, l'Alsace et la Guyane et puis la Corse et Saint-Pierre-et-Miquelon par exemple.
19:14 Donc il y a un moment donné où on doit pouvoir prendre en compte les subjectivités
19:17 et j'aimerais que la Corse puisse être un laboratoire.
19:19 Plutôt que de dire "On va vous donner une autonomie, l'indépendance"
19:21 si on sait à quoi ressemble l'autonomie dans ces cas-là,
19:23 on va dire "Vous allez pouvoir décider du remplirage des chemins et puis de l'éclairage public"
19:27 mais c'est pas vraiment ça l'autonomie.
19:29 Moi j'aimerais que la Corse puisse dire "Voilà on a un projet d'autonomie,
19:32 on a un projet philosophique, culturel, voilà à quoi ça pourrait ressembler
19:35 et cette région pourrait être pilote.
19:37 La Corse pourrait être pilote dans ce que pourrait être une France des régions et pas des territoires.
19:42 Autre région et pas des territoires, Michel Onfray et Cyril Boutier qui est directeur éditorial de France Antille.
19:47 Notre partenaire a une question à vous poser, il est à Fort-de-France, lui on l'écoute.
19:51 Bonjour Michel Onfray.
19:53 Cette semaine le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a reçu les élus de Corse
19:58 pour parler d'autonomie et d'un texte en prévision d'une révision constitutionnelle.
20:03 Les mêmes demandes sont formulées par les élus d'autres territoires d'Outre-mer,
20:07 notamment ceux des Antilles et de la Guyane.
20:10 Pensez-vous que cette accession à davantage d'autonomie puisse être de nature
20:15 à retisser des liens souvent distendus entre nos territoires et l'État ?
20:21 Oui, je le pense vraiment, j'ai un peu répondu précédemment.
20:26 Je pense effectivement, pour connaître un peu la Martinique,
20:29 qu'il y a une spécificité, une subjectivité, une façon d'être et que déjà il y a des tolérances.
20:33 On sait très bien que les préfets ne se comportent pas de la même manière
20:36 quand ils sont dans une région plutôt que dans une autre.
20:38 Mais là encore, on doit pouvoir dire au peuple antillais,
20:42 parce qu'il y a des peuples pour faire un peuple.
20:45 Et ça c'est la jurisprudence un peu jacobine qui nous dit que ça n'est pas possible ou pensable.
20:48 Moi je pense que c'est le contraire.
20:49 Si on veut un nouveau contrat social, il faut qu'on puisse partir de la base,
20:52 que ce soit pas Paris qui fasse la loi en permanence,
20:54 mais qu'on puisse dire ici nous avons des besoins qui ne sont pas les mêmes.
20:57 J'ai vu par exemple en Guyane, en forêt amazonienne, des façons de se comporter
21:02 qui ne sont pas susceptibles d'être comparées à la façon dont on a de se comporter
21:05 dans le 6e arrondissement à Paris.
21:07 Et comme chacun sait, la Guyane, comme vous dites, est française.
21:10 La forêt amazonienne, une partie en tout cas l'est.
21:12 – Absolument.
21:13 – On va recourir…
21:14 – La France est une grande frontière commune avec…
21:16 – Absolument, et sur le continent américain, on l'oublie souvent.
21:18 La une de 20 minutes, rapidement, on le voit, c'est donc le piège Hadon.
21:24 Il s'agit d'une une sur la grande distribution.
21:27 Et puis la une de Nice matin, tout de suite qu'on va passer,
21:30 voilà des faits qui rapportent gouraud, on le voit, Nice matin.
21:34 Voilà, dans un instant, Armel Le Goff du Point sur ce plateau.
21:36 [Musique]
21:39 – Bonjour, Armel Le Goff, vous dirigez la rédaction du Point, directrice adjointe.
21:43 – Oui, alors un sujet qui peut paraître anecdotique,
21:46 mais je pense qu'il ne l'est pas tant que ça.
21:48 Depuis plusieurs années, dans la presse et dans les réseaux sociaux,
21:51 on voit fleurir des témoignages de voyageurs
21:54 qui se disent incommodés par la présence d'enfants.
21:57 Qu'est-ce que vous pensez de ce mouvement qu'on qualifie du mouvement No Kids ?
22:01 Qu'est-ce que ça évoque chez vous ?
22:03 – Ne pas faire d'enfants, on voulait dire, d'après vous.
22:04 – Non, le fait que de plus en plus de gens soient incommodés
22:07 par la présence d'enfants dans les espaces publics.
22:09 – Ah oui, c'est un problème de parents, de parents mal élevés.
22:13 Et ce ne sont pas les enfants qui sont mal élevés,
22:15 ce sont les parents qui sont mal élevés.
22:16 Moi, on l'a dit, je vis en Normandie, donc je suis souvent dans le train.
22:20 – Les enfants sont mieux élevés en Normandie ?
22:22 – Non, non, non, je vous dis que c'est justement parce que j'utilise le train
22:25 que je sais qu'effectivement, on peut avoir affaire à des enfants très bien élevés,
22:28 à des enfants très mal élevés,
22:29 mais ce ne sont pas les enfants qui sont problématiques.
22:31 C'est-à-dire que quand les parents ont l'impression
22:33 qu'ils peuvent faire de la pédagogie positive à haute voix dans un wagon
22:37 et pendant deux heures en nous expliquant, en lisant des histoires à des enfants
22:40 et en lisant l'histoire à la totalité du compartiment,
22:43 on se dit "oui, il y a un problème, mais pas avec les enfants".
22:45 Si les enfants, moi j'ai des petits-enfants,
22:47 on leur apprend à parler tout bas par exemple.
22:49 On leur dit "ben non, tu vas apprendre à parler tout bas".
22:51 Et moi, je ne suis pas de ceux qui interviennent dans la vie des gens
22:54 en disant "écoutez, vous êtes en train de me gâcher la totalité de mon voyage,
22:57 moi je travaille dans le train".
22:58 Et quand on est sur un carré là avec quatre personnes
23:00 et qu'il y a trois personnes qui ont décidé de faire de la pédagogie positive
23:04 et de jouer tout haut et de raconter des histoires,
23:06 on ne peut plus travailler.
23:07 – Donc c'est plus un problème d'éducation des parents
23:10 que véritablement d'un souci qu'on aurait aujourd'hui en tant qu'individu
23:14 avec l'altérité, avec ceux qui ne se comportent pas de la même façon que nous ?
23:19 Puisque les enfants par définition se comportent quand même différemment.
23:22 – Les enfants se comportent comme les parents leur disent qu'il faut se comporter.
23:25 Si vous leur dites par exemple "ils ne veulent pas dire bonjour, laissez faire".
23:29 Ils ne veulent pas dire "bonjour, au revoir, s'il vous plaît, merci, et alors, c'est pas grave".
23:32 Si c'est grave, c'est comme ça qu'on apprend la morale.
23:35 La morale ce n'est pas "autrui existe", c'est juste de lui dire
23:37 "puisqu'autrui existe, fais-lui savoir que tu as vu qu'il existait".
23:40 Donc "s'il te plaît, pardon, merci, au revoir" ou de se dire "on va parler tout bas".
23:44 Et j'ai parfois devant moi dans le train des parents qui disent "oui, oui, oui".
23:47 Ils parlent tout bas et je me dis "bravo".
23:49 Parfois il m'est arrivé de me dire, je ne fais pas ça non plus,
23:51 mais de dire "je vous félicite d'avoir si bien élevé vos enfants
23:54 parce que pendant trois heures de train, ça a pu être agréable de voyager avec vous
23:58 parce que vous avez été formidables".
23:59 – Tu as vu ce qu'a dit Michel Onfray, tu as vu ce qu'il a dit ?
24:01 – Non mais il y a une façon, vous avez raison, de dire aussi qu'autrui n'existe pas.
24:04 Ceux qui écoutent de la musique très fort,
24:06 ceux qui te parlent au téléphone pendant la totalité du voyage…
24:08 – Ça a empiré ça Michel Onfray ?
24:10 – Oui, parce qu'il n'y a pas de sanctions possibles.
24:13 Quand vous avez quelqu'un qui passe, un contrôleur qui passe,
24:17 ce que vous voulez qu'il dise, il vous dit "mettez plus bas votre musique".
24:20 La personne en question peut monter dans les créneaux en devenant violente.
24:23 Ou alors dire "oui" et puis une fois que le contrôleur est passé,
24:26 remettre à fond etc. ce que vous voulez faire dans ces cas-là.
24:29 – Un sujet qui est en lien, Mazarin Pajot vient de publier un ouvrage de philosophie
24:33 "Vivre sans", une philosophie du manque.
24:36 Et en fait on est de plus en plus dans une société où on propose
24:40 des voyages sans enfants, des mois sans alcool, une alimentation sans gluten.
24:47 Qu'est-ce que vous pensez de ce mouvement ?
24:49 Est-ce que c'est quelque chose…
24:50 – Une vie sans oxygène ?
24:51 – Une vie sans oxygène, voilà.
24:53 – Qu'est-ce que ça évoque chez vous ?
24:55 – Ça dépend, c'est pas la même chose de dire un mois sans alcool
24:58 et puis de dire des vacances sans enfants par exemple,
25:01 c'est pas exactement la même chose.
25:02 – Mais ça devient des outils marketing quand même.
25:04 – Bien sûr, mais je comprends aussi en même temps que des gens
25:06 qui ont 8-15 jours de vacances, par an n'aient pas envie de se retrouver
25:10 dans un endroit où les enfants vont faire un bazar complet
25:13 parce que ce seront des gens modestes,
25:15 ils ne peuvent pas se louer une maison personnelle
25:17 et qu'ils sont dans un endroit où il y a une dizaine d'enfants
25:19 et où la dizaine d'enfants fait la loi et c'est terrible,
25:22 vous ne pouvez pas vous reposer, etc.
25:24 Je conçois très bien, moi je suis très contractuel et libéral
25:27 au sens 18e siècle du terme, c'est-à-dire qu'on propose, les gens disposent.
25:31 Si vous dites "moi je veux des vacances tranquilles, sans enfants, sans ceci, sans cela",
25:35 très bien, vous faites une proposition, les gens l'acceptent ou ne l'acceptent pas.
25:39 On n'a pas forcément envie de supporter les enfants d'autrui
25:42 quand on est en vacances dans un club de vacances par exemple.
25:45 – Vous êtes un grand-père comment ? Vous n'alliez pas de vos petits-enfants ?
25:47 – Un peu gaga, mais j'ose espérer que tous les grands-pères sont gaga.
25:51 – C'est bien d'être un grand-père gaga, c'est bien pour les enfants.
25:55 – Oui, c'est un vrai bonheur.
25:57 Donc on a une mission de transmettre, des tâches aussi,
26:00 on a envie, moi j'adore quand on va chercher des escargots la nuit.
26:04 – Vous les amenez à chercher des escargots la nuit chez vous ? Dans l'ordre ?
26:08 – Bien sûr, Armel Le Goffre.
26:10 – Je reviens quand même sur ce sujet des enfants,
26:12 puisqu'on voit que de plus en plus quand même les enfants
26:14 sont exclus de l'espace public, de la rue, on les protège beaucoup plus,
26:19 du coup peut-être que ça diminue leur nombre d'interactions
26:21 et leur capacité à s'adapter aux adultes, à l'altérité eux-mêmes.
26:25 Et puis on a un président qui parle de la nécessité
26:28 d'un réarmement démographique le 16 janvier.
26:31 Qu'est-ce que ça évoque chez vous ce terme très guerrier
26:34 pour réinsuffler la natalité du pays ?
26:39 – C'est difficile de dire "faites des enfants désormais" quoi,
26:42 c'est pas possible d'inviter les gens de cette manière-là
26:45 et le soir un couple dit "ah on ferait peut-être bien un enfant,
26:48 ce serait bien pour réarmer la France", ça n'a aucun sens quoi.
26:50 Je pense qu'il faut arrêter de détester la France,
26:53 arrêter de dire que c'est un pays sans culture,
26:55 arrêter de dire que nous n'avons été que des collaborateurs,
26:57 que des vichistes, que des pétinistes, que des colonisateurs etc.
27:00 – C'est ça qui donnera envie aux couples de faire des enfants,
27:03 d'aimer le pays dans lequel ils vivent.
27:05 – D'aimer le pays, d'aimer leurs prochains, d'aimer leurs voisins,
27:07 d'arrêter de détester tout le monde en disant "celui-là est un pétiniste,
27:11 celui-là est un pétiniste".
27:12 – C'est une autopiste ça Michel Onfray,
27:13 est-ce que ça peut arriver dans le monde que nous connaissons aujourd'hui
27:16 avec ce qu'on voit ?
27:17 – Écoutez on a une ministre de la Culture qui peut disposer des moyens,
27:21 pleinement des moyens pour dire "ben maintenant voilà ce qu'on va faire,
27:23 pas faire" et voilà, on a aussi un droit français,
27:26 on a aussi un chef de l'État qui ne devrait pas dire un certain nombre de choses,
27:29 un chef de l'État français ne peut pas dire "il n'y a pas de culture française",
27:32 c'est pas possible de dire une chose pareille, c'est la même chose à l'école.
27:35 Si vous dites à l'école effectivement qu'on va supprimer des grands pans de l'histoire de France
27:40 parce qu'elle est peut-être honorable à ce moment-là
27:43 et que vous allez faire un focus sur un moment de l'histoire de France
27:46 qui n'est pas forcément agréable…
27:48 – Vous pensez à la panthéonisation de Manouchian par exemple ?
27:50 – Non, oui.
27:51 – Parce que par exemple c'est un bel exemple ça, de l'histoire de France.
27:53 – Non, non, je trouve que c'est un exemple de propagande.
27:55 – Pourquoi ?
27:56 – C'est de la propagande.
27:57 – C'est-à-dire ?
27:58 – Vous avez entendu parler du pacte germano-soviétique pendant la panthéonisation ?
28:01 Deux années les communistes ont collaboré avec les nazis.
28:04 – Mais c'est pas le sujet, c'est justement l'engagement d'un homme et d'un groupe…
28:07 – Le chef de l'État nous a parlé du bel idéal communiste.
28:10 Moi je veux bien qu'il y ait un bel idéal communiste.
28:12 100 millions de morts il fait ce bel idéal communiste.
28:14 Je veux bien qu'on nous parle des communistes en disant
28:16 "les communistes ont été résistants" mais des communistes juifs.
28:19 – Et étrangers.
28:20 – C'est pas exactement la même chose.
28:21 Juifs et étrangers.
28:22 C'est-à-dire que eux, les juifs, ils savaient très vite qu'ils avaient intérêt.
28:24 – C'est quand même emblématique du mouvement qu'ont pu avoir beaucoup
28:27 justement de militants communistes à l'époque.
28:29 – Non, pas à l'époque, après 1941.
28:30 C'est-à-dire pendant deux ans ils collent la borde.
28:32 Il y a quand même un moment donné où s'ils voulaient vraiment faire de l'histoire,
28:35 alors ou vous le dites ou vous ne le dites pas,
28:38 mais pour ne pas le dire, débrouillez-vous pour trouver quelqu'un d'autre à panthéoniser.
28:41 – Une du point qui va vous plaire Michel Onfray à mon avis,
28:44 – Oui, c'est le cirque du Roi Soleil.
28:47 – C'est une une à la Libé ça.
28:49 – Oui peut-être, en tout cas qui considère que l'État
28:53 est l'entreprise la moins bien dirigée de France.
28:56 Emmanuel Macron parle de l'arc républicain duquel…
28:59 – Qui a décidé de la une.
29:01 – Le Rassemblement National,
29:03 puis il parle des prix planchers pendant le Salon de l'Agriculture en dépit,
29:07 sans en avoir averti l'ensemble de son gouvernement.
29:11 Donc voilà, il dispose visiblement d'un certain nombre de décisions politiques.
29:16 – L'État entreprise la moins bien dirigée de France.
29:19 Qui a décidé de la une ?
29:21 – Ses collégiales.
29:22 – Merci Hermène Le Goff qui a écrit ça
29:24 de la rédaction du Point d'Or dans un instant.
29:25 Tom Benoît de Géostratégie magazine sur ce plateau.
29:28 [Générique]
29:31 Bonjour Tom Benoît, vous dirigez Géostratégie magazine du groupe La Font Presse
29:36 et c'est le libéralisme économique qui va nous occuper maintenant.
29:39 – Absolument, on va aborder le sujet ukrainien également.
29:41 Bonjour Michel Onfray.
29:42 – Bonjour.
29:43 – Pour démarrer sur le libéralisme, la sédimentation de règles,
29:46 de lois et de taxes également, motivantes ou ayant pour objet de condamner,
29:51 n'a jamais été aussi considérable, particulièrement sur le sol européen.
29:55 Est-ce qu'on ne manque pas d'un caractère libéral en Europe aujourd'hui ?
30:00 – Il faudrait s'entendre sur ce que signifie le mot libéral
30:03 parce qu'entre sa signification au 18ème siècle qui est plutôt sympathique…
30:06 – Au sens de Locke ou d'Adam Smith.
30:08 – Là c'est autre chose que le libéralisme aujourd'hui.
30:10 C'est-à-dire qu'à cette époque-là, vous avez la plupart du temps
30:13 une monarchie assez autoritaire.
30:15 Enfin on réagit à la monarchie autoritaire de 2014 par exemple.
30:18 Et puis on se dit que si on pouvait être un peu plus libre dans l'éducation,
30:21 dans la presse, dans l'édition, dans le journalisme etc.
30:24 ce serait quand même pas plus mal.
30:25 – Même sur les sujets purement économiques.
30:27 – Ou l'économie bien sûr, laisser faire, laisser passer etc.
30:30 – La main invisible.
30:31 – La main invisible.
30:32 En ce sens, alors moi je ne crois pas à la main invisible.
30:34 Mais ça c'est un libéralisme qui ne va pas contre ma fibre libertaire.
30:38 Je ne suis pas contre ça.
30:39 Si le libéralisme c'est de dire "le marché fait la loi"
30:42 alors allons-y, mais vraiment.
30:43 C'est-à-dire qu'on a un néolibéralisme.
30:45 Et ce n'est pas exactement la même chose.
30:47 C'est-à-dire que c'est l'État maastrichtien qui impose le libéralisme.
30:50 Ça ne marche pas.
30:51 – Ça, ça n'est plus du libéralisme.
30:52 – C'est de la supercherie.
30:53 – Absolument.
30:54 – Et ce n'est pas du libéralisme.
30:55 – Non, non, parce qu'à ce moment-là, regardez par exemple,
30:57 l'ensemble de la presse française n'existe que parce qu'elle est subventionnée par l'État.
31:00 Vous supprimez les subventions, plus libérez…
31:02 – Vous parlez de l'économie aussi.
31:03 – Pardon ?
31:04 – Oui bien sûr.
31:05 – Vous parlez de l'économie, on parlait des agriculteurs,
31:06 on pourrait multiplier les exemples.
31:08 – Oui, oui, à partir du moment où des libéraux se font subventionner par l'État,
31:13 il y a un moment où on dit, soit vous êtes des libéraux à ce moment-là,
31:15 refusez les subventions d'État.
31:17 Et c'est l'économie de marché qui régit le marché,
31:19 mais ce n'est pas l'État ou les subventions de l'État.
31:21 Je pense à Hubert Weidrin qui m'avait dit à la sortie d'un entretien,
31:24 il y a quelques années, un an environ,
31:26 que les mouvements alter-mondialistes avaient été accaparés,
31:29 pour ainsi dire, mais pas au sens négatif, par la gauche,
31:32 et qu'aujourd'hui nous voyons des mouvements alter-mondialistes de droite.
31:35 C'est un sentiment que vous avez ?
31:37 Est-ce qu'il y a un mouvement de droite aujourd'hui
31:39 qui peut être caractérisé mais qui est opposé au néolibéralisme ?
31:43 – C'est compliqué droite-gauche aujourd'hui.
31:45 Je pense que la droite et la gauche sont fractionnées
31:48 par des souverainistes et des gens qui ne le sont pas.
31:50 Donc ça fait deux parties, mais dans les deux parties,
31:52 deux parties encore, et ça fait vraiment quatre gros blocs.
31:54 Peut-être même un cinquième avec des gens qui ne votent plus du tout.
31:57 Et donc il faut composer avec ça.
31:59 Et il y a un moment donné où on se dit, effectivement,
32:01 il y a une droite souverainiste, une gauche souverainiste,
32:03 c'est un peu le problème que nous avons à Front Populaire.
32:05 – Mais est-ce que vous êtes toujours un homme de gauche ?
32:07 – Moi je le pense.
32:08 C'est-à-dire que si vous dites,
32:10 je ne suis pas socialiste comme Hollande l'était,
32:13 je ne suis pas communiste comme Fabien Roussel,
32:16 je ne suis pas de gauche comme Jean-Luc Mélenchon,
32:18 on dit, ah ben si vous n'êtes pas de ces gauches-là,
32:20 c'est que vous n'êtes pas de gauche, si vous n'êtes pas de gauche,
32:22 c'est que vous êtes de droite, si vous êtes de droite,
32:24 c'est que vous êtes d'extrême droite.
32:25 Je dis, mais la gauche prodonienne, elle existe, et elle est invisible.
32:27 – La gauche prodonienne, c'est la gauche socialiste, pour ainsi dire.
32:30 – Non, non, non, non, c'est une gauche, justement,
32:33 de l'invisibilité des territoires.
32:35 Une gauche qu'on voit dans les campagnes.
32:37 – On revient des régions 1 ce matin, exceptionnellement.
32:39 – Je veux bien.
32:40 – Les territoires ont été proscrits y a vraiment.
32:42 – Ou vous pouvez dire, on va fabriquer, et on pourrait faire encore plus ce genre de choses,
32:45 fabriquer par exemple des maisons de retraite,
32:47 ou on pourrait dire, plutôt que de voir ces espèces d'usines à crever,
32:50 comme disait Henri Tachand.
32:51 – C'est social ça également, fabriquer des maisons de retraite,
32:53 construire des maisons de retraite, c'est essentiel, c'est un problème de société,
32:55 mais au-delà de ça, Proudhon était le père d'un socialisme, pour ainsi dire.
32:58 – Oui, c'est le mien.
32:59 – Donc vous êtes socialiste, à l'échelle on dirait.
33:01 – Oui, socialiste français, comme on l'était au 19e siècle.
33:03 – Le socialisme, la dépense publique qui gère à l'encontre de l'économie de marché,
33:07 pour ainsi dire, des pans entiers de la société,
33:09 au-delà même du régalien et de l'essentiel,
33:11 comme la santé publique, l'éducation, la justice, c'est ça le socialisme ?
33:15 – Non, oui, ça ne laisse pas de côté ces parties-là,
33:18 c'est-à-dire qu'effectivement il y a un temps régalien et on ne peut pas non plus…
33:23 – Est-ce qu'il y a plus de générosité aussi ?
33:25 – A gauche qu'à droite ?
33:27 – Dans les mots oui, mais dans la réalité sûrement pas.
33:29 Moi j'aimerais que tous les gens qui veulent accueillir aujourd'hui,
33:32 qui veulent que l'État français, que la nation française,
33:35 que le peuple français accueille des migrants,
33:37 commencent par le faire eux-mêmes.
33:39 C'est ça aussi ma façon d'être libéral, en disant que chaque militant de la France insoumise
33:43 ait chez lui une, deux ou trois personnes qui sont des migrants.
33:46 Que l'Église catholique qui nous fait l'éloge de l'immigration en disant
33:49 "accueillez-les tous", ouvre ses presbytères, ouvre ses sacristies,
33:52 ouvre ses églises et qu'on les accueille.
33:54 C'est bien de dire "nous allons décider de l'usage de l'argent des français",
33:57 mais que les gens commencent par dire
33:59 "je pense qu'il y a une maison de vacances, Jean-Luc Mélenchon par exemple,
34:03 et bien qu'il accueille des migrants",
34:05 qu'on commence par être crédible.
34:07 – Vous imaginez vraiment à La Lanterne à Versailles,
34:10 qui est la résidence du président de la République le week-end,
34:12 qu'il puisse y avoir des corps de migrants,
34:14 est-ce que ce n'est pas totalement utopiste de dire ça ?
34:16 – Non, je ne dis pas ça, je dis juste que les gens,
34:18 vous me parlez de la générosité de la gauche,
34:20 je dis que la gauche commence par être généreuse concrètement en l'étant,
34:23 quand on est soi-même un militant, et à ce moment-là il sera crédible,
34:25 plutôt que de dire "la générosité ce sera avec votre argent".
34:28 C'est facile d'être généreux avec l'argent du contribuable,
34:30 c'est facile d'être généreux avec l'argent des paysans
34:32 qui crèvent la faim et qui sont hyper taxés,
34:34 cet argent revient et puis on leur dit
34:36 "ben voilà on va pouvoir accueillir comme ça des migrants".
34:38 Moi je crois aussi à l'exemplarité, et à ce moment-là,
34:41 si vraiment tous les gens de gauche, si vraiment tous les écologistes,
34:44 vous savez tous ces écologistes qui ont 8 moteurs à la maison,
34:46 des moteurs de moto, des moteurs de voiture, des moteurs de van,
34:50 des moteurs de jet-ski, des moteurs etc.
34:53 Moi je veux bien qu'on défende la préservation de la planète,
34:57 mais dans ces cas-là on n'a rien dans son garage.
34:59 – Pour terminer sur le libéralisme, Michel Onfray,
35:01 avant d'aborder le sujet ukrainien, Francis Fukuyama
35:04 parlait de la fin de l'histoire et le dernier homme,
35:06 à la fin des années 80, début 90,
35:08 c'est-à-dire l'avènement des démocraties libérales.
35:11 La dernière démocratie libérale c'est les États-Unis aujourd'hui.
35:14 Est-ce que vous êtes rendu aux États-Unis récemment ?
35:17 – Je ne pense pas que ce soit la dernière grande démocratie libérale,
35:20 ça ne fonctionne pas vraiment comme ça, c'est plus compliqué.
35:22 – Le business, au sens prosaïque du terme, fonctionne beaucoup mieux
35:24 qu'en Europe ou dans d'autres parties comme la Chine émergente ?
35:27 – Alors les États-Unis, moi je suis allé plusieurs fois dans plusieurs endroits
35:30 et c'est vrai que côte Est, côte Ouest, ce n'est pas la même chose.
35:32 Le Texas ce n'est pas la même chose que…
35:34 – C'est le poumon économique des États-Unis, 11% du PIB américain, le Texas.
35:39 – Oui, oui, non mais je veux dire la mentalité, la façon d'être,
35:42 on se le disait tout à l'heure sur la question de la peine de mort,
35:44 sur la question de l'avortement, c'est très explosé,
35:47 ce n'est pas un État vraiment à proprement parler, c'est un État fédéral,
35:50 donc c'est difficile de dire les États-Unis,
35:52 c'est beaucoup plus compliqué que ça.
35:54 Il y a des endroits aux États-Unis où moi j'apprécie de me trouver,
35:58 puis d'autre part, vous avez intérêt plutôt à être riche, bien portant, jeune, etc.
36:02 quand vous habitez New York.
36:03 – Un État libéral, naturellement.
36:05 – On a une minute donc, vite.
36:06 – Le sujet ukrainien, donc sur le sujet ukrainien,
36:08 et on va s'adresser au souverainiste que vous êtes,
36:11 Emmanuel Macron parlait récemment de l'envoi de troupes
36:14 qui ne l'exclut pas en Ukraine, qu'est-ce que vous en pensez,
36:17 quel est votre point de vue à ce propos ?
36:19 – Je vais dire la une du point, c'est-à-dire que ce personnage décide tout seul
36:22 des guerres que la France pourrait mener.
36:24 Moi ça, ceci dit, vous allez me dire, il a l'exemple de Mitterrand,
36:26 il a l'exemple des autres, il a l'exemple de tous les chefs d'État,
36:29 de Sarkozy en Libye, de Hollande au Mali,
36:33 où on décide d'un seul coup d'envoyer les troupes en disant "on va se trouver là-bas".
36:37 Alors évidemment, c'est toujours pour les droits de l'homme,
36:39 c'est toujours pour de bonnes raisons, or ce sont de mauvaises raisons.
36:42 Le souverainiste que je suis estime qu'il y a des guerres un peu partout sur la planète,
36:46 je ne sais pas combien, peut-être une centaine, ce qui m'intéresse, moi, c'est la France.
36:50 Est-ce que c'est bon pour la France ou est-ce que c'est mauvais pour la France ?
36:53 Moi je crois que c'est mauvais pour la France de faire des guerres qui ne sont pas les siennes.
36:57 Mais c'est une guerre coloniale, impérialiste,
36:59 entre l'impérialisme russe et l'impérialisme américain,
37:02 je pense que le général De Gaulle aurait dit ni l'un ni l'autre.
37:04 – La une de Géostratégie Magazine.
37:06 – Alors, un hors-série qui sort cette semaine sur la corruption,
37:09 et particulièrement la corruption des généraux en Algérie,
37:12 la corruption également aux Émirats Arabes Unis, en Libye,
37:16 et en une Youssef Badja entrepreneur qui a été victime de la corruption des généraux
37:21 qui maîtrise naturellement beaucoup de marchés, notamment dans l'import-export.
37:24 – Merci Thomas Baudouin, directeur de la rédaction de Géostratégie.
37:26 Et puis je signale un livre aux éditions La Fond, Presse,
37:29 le livre de Claude Brevelly qui était un grand personnage de la télévision,
37:33 qui a présenté "Le 20h" qui a été correspondant également à Rome pendant 7 ans,
37:37 qui a connu 3 papes, je l'admire beaucoup pour ça.
37:39 – Qui est contributeur de Géostratégie Magazine.
37:41 – 4 vérités d'un grand journaliste de télévision,
37:43 le titre c'est "Ralbol de fermer ma gueule", ça devrait vous plaire Michel Onfray.
37:46 – Oui absolument.
37:47 – Ce n'est pas votre cas, hein ? – De ?
37:49 – Fermez votre gueule. – Vous donnez à voir, Ralbol.
37:51 [Rires]
37:52 – Michel Onfray qui est notre invité ce matin, un mot Michel Onfray,
37:55 Emmanuel Macron, que vous critiquez beaucoup etc.
37:57 Vous l'avez déjà rencontré en tête à tête, il vous a invité un petit déjeuner,
38:00 pour se confronter à vous ou pas ?
38:02 – Non, non, il fait même tout ce qu'il faut pour ne pas se confronter à moi.
38:05 Il a un moment donné rassemblé des intellectuels, j'ai évidemment pas été invité,
38:09 mais il a bien raison d'ailleurs, parce que je ne dirais pas, c'est un personnage.
38:12 – Pourquoi une discussion avec lui serait intéressante pour vous en tout cas ?
38:16 – Il va commencer par me taper l'épaule en me disant "ah cher Michel Onfray,
38:19 je suis très heureux de vous rencontrer, vous allez voir,
38:21 je ne suis pas l'homme que vous dites, moi j'aime beaucoup, je vous lis etc."
38:24 Non, je ne suis pas sensible.
38:26 – Il n'a pas de crédibilité pour vous ? – Non, non, c'est un grand séducteur,
38:29 mais moi je sais comment fonctionne la séduction de ces gens-là,
38:32 c'est la séduction des serpents, donc non, non, peut-être après,
38:35 quand il ne sera plus président de la République s'il veut,
38:38 mais pas pendant, moi je n'ai jamais rencontré de chef d'État
38:41 pendant qu'ils sont chef d'État et puis…
38:43 – Jamais au cas, pendant leur fonction ?
38:45 – Ah non, jamais invité non plus, mais c'est très bien,
38:47 mais c'est mon honneur de ne pas avoir été invité par ces gens-là,
38:50 c'est aussi mon honneur d'être blacklisté ici, là ou ailleurs,
38:52 pas chez vous d'ailleurs, je vous remercie pour votre hospitalité,
38:55 mais non, je pense que j'ai choisi mon camp, moi ce n'est pas le camp de ces gens-là.
38:59 Vous savez Albert Camus avait été invité par le président de la République
39:02 et sa mère lui avait dit "ce ne sont pas des gens de notre monde, n'y va pas, n'y est pas allé".
39:07 – Vous ne vous sentez pas du monde politique non plus ?
39:09 – Ah non, sûrement pas, non, non, je suis du côté des gens,
39:12 moi j'aime bien les gens, j'aime bien les écouter, les entendre,
39:15 leur parler, les chauffeurs de taxi, les gens que je croise partout.
39:19 – Vous ne voyez pas de politique en privé ?
39:21 – Non. – Des hommes politiques ?
39:22 – Non. – Ou des femmes politiques ?
39:23 – Non, non, invité par personne, c'est-à-dire j'ai fait jadis un livre de bioéthique
39:27 qui s'appelait "Fairies anatomiques" et j'aurais pu être invité par des gens de gauche,
39:31 à l'époque je n'étais pas catalogué comme étant d'extrême droite,
39:34 pour parler de la bioéthique en disant "mais qu'est-ce que la gauche peut faire ?"
39:37 Aujourd'hui la gauche en est arrivée à justifier le fait qu'on puisse faire des enfants
39:40 dans des utérus artificiels ou dans des utérus de femmes qui prêtent leurs utérus
39:44 pour pouvoir vendre et acheter des enfants,
39:46 moi je pense que la bioéthique de gauche c'était possible, c'était pensable,
39:49 c'est devenu une espèce de bioéthique de droite, pour le coup d'extrême droite,
39:52 ça s'appelle l'eugénisme et la gauche défend cet eugénisme-là.
39:55 – Merci, merci Michel Offray.
39:58 Je crois que vous partez pour le salon de l'agriculture maintenant, dans un instant.
40:01 Voilà, jeudi prochain nous recevrons quelqu'un dont on disait
40:04 qu'il pouvait être Premier ministre, il ne l'est pas,
40:06 c'est par contre un ancien ministre de l'agriculture,
40:08 donc on discutera évidemment avec lui et on l'interviewera sur le salon de l'agriculture,
40:12 c'est Julien Denormandie qui sera notre invité d'En face au territoire.
40:15 Merci Michel Offray d'être venu ce matin, merci Tom Benoît,
40:18 et le programme continue sur TV5 Monde à jeudi.
40:21 [Générique]

Recommandations