Best of 2024 de l'émission #FaceAMichelOnfray.
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00:00Face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1, Michel, on a parlé de la gauche, on a parlé des républicains et de la droite.
00:05Parlons maintenant du Rassemblement National.
00:07Marine Le Pen est arrivée, le parti de Jornal Barnela et Marine Le Pen est arrivé largement en tête lors de ces élections européennes.
00:13Marine Le Pen est désormais en campagne pour les législatives.
00:15Elle était en déplacement cette semaine à Hennin-Beaumont.
00:18Elle a promis un gouvernement d'union nationale en cas de victoire, dit-elle, pour sortir la France de l'ornière.
00:24On va l'écouter et je vous passe la parole ensuite.
00:26— Nous sommes dans un très bon état d'esprit, vous l'imaginez. Nous avons la possibilité de gagner ces élections,
00:34de faire un gouvernement d'union nationale avec calme et sérénité. Il faut sortir la France de l'ornière.
00:42Et face à un bloc extrêmement inquiétant, c'est celui de la NUPES 2, qui est pire que la NUPES 1,
00:50eh bien moi, j'appelle tous les Français à se mobiliser, à venir nous aider pour le pays, pour envoyer une équipe qui va faire gagner 3 ans à la France.
01:01— Voilà pour Marine Le Pen à Hennin-Beaumont. Michel Onfray, un gouvernement d'union nationale, est-ce que c'est possible ?
01:08— Non, parce que je pense que les deux opposants, enfin le bloc macronien et le bloc insoumis, ne sont pas pour l'union nationale.
01:16Ils n'aiment pas la France, ils n'aiment pas les Français, ils n'aiment pas les résultats des votes.
01:19Après tout, il y a un résultat de vote. Les gens ont voté. — Ils veulent s'asseoir dessus.
01:23— Ils descendent dans la rue, ils expliquent qu'ils vont mettre le bazar, qu'ils vont mettre le feu, que c'est interdit,
01:28qu'à un moment donné, on se dit que vous êtes des démocrates et que vous méprisez le vote des électeurs.
01:32Votez autre chose, votez autrement. Évitez les gens qui n'ont pas voté à aller voter pour que vous ayez peut-être une représentativité élargie.
01:39Peut-être d'ailleurs les gens qui ont compris, moi le premier, qu'il y avait peut-être une possibilité, effectivement, d'être entendus,
01:47car le problème, c'est que les gens ne sont pas entendus depuis des années. En 92, il s'agissait, au moment du traité de Maastricht,
01:52de choisir entre une idée et une opposition à cette idée. L'Europe de Maastricht, ça n'existait pas.
01:58Ce serait la fin du chômage, de la misère, de la pauvreté, etc. Bon. C'est facile d'embobiner les gens et de leur présenter l'idée
02:04comme la bonne idée. En face, on aurait des nationalistes, d'autant qu'il y avait Jean-Marie Le Pen.
02:09La fameuse antifrance dont les antifrançais nous disent qu'ils en sont fiers, bon, dont acte, puisqu'effectivement,
02:14l'antifrance se présente comme l'antifrance. Il y aura eux. Et puis, il y aura, effectivement, une autre antifrance,
02:19qui est la France de Maastricht, en disant « Vivement un État fédéral dans lequel Bruxelles pourra piloter tout seul,
02:24indépendamment des peuples ». Et puis, on aura, de l'autre côté, une espèce de vieille France old school, un peu nationale.
02:30Est-ce que Marine Le Pen est capable d'avoir des idées qui ne soient pas indexées sur la perspective de la présidentielle ?
02:36C'est aussi ça. J'ai cru comprendre qu'ils étaient déjà en train d'enterrer le projet qui était le leur d'en finir avec la loi sur les retraites.
02:44Alors, on se dit « Ah, ça commence déjà, le reniement ? ». C'est pas comme on sait que ça commence déjà.
02:47— Attendons les programmes. — Non, non, mais moi, j'ai lu ça dans Le Monde. Un journal qui...
02:51— Alors ça, vraiment, si c'est dans Le Monde... C'est vrai. — C'est pas suspect d'être... Donc la chose nous a été dite. Ça commence.
02:58Alors bon, on le voit bien. C'est reniement sur toute la ligne. Ça manque de gaullisme. Et souvent, à Paris...
03:05Enfin en France, c'est souvent Paris. Et Paris, c'est souvent Saint-Germain-des-Prés. Et on a une espèce de...
03:09— Pas tout le temps. — Pardon ? — Pas tout le temps. — Pas tout le temps. Mais... Enfin oui, vous avez raison.
03:14Mais on a vraiment l'impression qu'un ou deux arrondissements à Paris décident de ce qu'est vraiment le bon goût français.
03:18Puis ça se retrouve dans les pages du Monde, dans les pages littéraires, etc., etc. Et moi, je me souviens d'une époque
03:23où il y avait cette espèce de vitalité, des glissants, des chats-moiseaux, enfin de Raphaël Confiant, de toute cette espèce d'école,
03:31si je puis dire, mais anti-iaise, où on voyait une autre façon d'habiter la langue française, plus vivante, plus intéressante.
03:36C'est-à-dire qu'à Paris, on était centré sur soi-même, sur ses petites histoires, sur ses petits problèmes personnels, d'égo, de narcissisme et autres.
03:43Donc là-bas, ils étaient capables d'avoir quelque chose de vaste, de puissant, etc. Et on peut imaginer qu'il y a des pays qui peuvent nourrir
03:50par leur francophonie la francophonie française, ce qui est en assez mauvais état, je dirais. — Bien sûr.
03:54— Parce que nous, on n'aime pas beaucoup... Enfin ceux qui nous gouvernent n'aiment pas la France, maltraitent le français,
03:59ne font pas ce qu'il faut pour ça. Donc il y a un moment donné où on devrait pouvoir dire « Allons voir », là où des leçons sont susceptibles
04:05d'être données. Moi, qui suis normand depuis 1 000 ans, je dis beaucoup que l'un des plus grands normands s'appelait Léopold Sedar Senghor.
04:11— Exactement. — Parce que venant du Sénégal, il avait écrit un livre sur la normanditude, disait-il, la normandité, etc.
04:18En fait, il a fait des très belles pages pour nous expliquer ce qu'était la Normandie, parce que pour moi, je dis...
04:22J'ai peut-être 1 000 ans de présence en Normandie. Mais pour moi, un normand, c'est quelqu'un qui aime la Normandie et puis qui y vit.
04:26C'est la même chose pour moi avec un Français. On n'a pas besoin d'avoir des quartiers de noblesse. On s'en moque éperdument que les gens soient juifs,
04:33communistes, musulmans, de droite, de gauche, blanc, noir, etc. Un Français, c'est quelqu'un qui aime la France et qui vit en France
04:38et qui veut contribuer au rayonnement de la France. Il peut être là depuis 6 mois. Il peut être là depuis 1 000 ans.
04:43Eh bien la francophonie, c'est ça. C'est une langue qui nous permet ce travail-là, ce travail d'amour de la France, de sa poésie, de sa musique,
04:49y compris le rap dont on dit beaucoup de mal ces temps-ci, y compris cette façon d'habiter la langue que permettent un certain nombre de rappeurs.
04:56Alors il y a le rap, le slam, qui est une façon de pratiquer un certain type de poésie. Puis après, il y a le contenu.
05:02— Bien sûr. Après, il y a les paroles. — On apprécie tous les contenus.
05:05— Ça vous plaît aussi. Les nouveaux mots du dico, ceux qui sont rentrés dans le Robert et le Larousse, avec notamment l'entrée de tiktokers,
05:11sapiosexuels, afro-descendants, neuro-atypiques. Il y a beaucoup de nouveaux mots comme ça.
05:18Qu'est-ce que ça dit, en réalité, de l'évolution de notre langage ? Ça l'enrichit ou c'est la pauvrie pour vous, Michel Onfray ?
05:25— Alors les deux en même temps, parce que je crois qu'un dictionnaire, il ne grossit pas d'année en année. Il fait toujours le même poids, le même volume.
05:31— Donc il y a des mots qui sortent. — Oui. Et c'est ça qui serait intéressant, je pense, de faire aussi une espèce de contre-théorie de ça en disant
05:38« Bon, d'accord, sapiosexuel, on voit bien. Mais qu'est-ce qui a disparu ? Quel mot a disparu ? » Je pense que le langage évolue, la vie évolue, la cité évolue, etc.
05:50Il est normal qu'on crée des mots, qu'on les fasse rentrer dans le dictionnaire. C'est la vie d'une langue. Mais je pense qu'on gagne en mots d'actualité,
05:59ce qui n'est pas terrible, et on perd probablement en mots de précision. Il y a probablement des mots très techniques que plus personne n'utilise.
06:05Prenez un livre, par exemple. Il y a 6 ou 7 mots pour qualifier le dos, la tranche, etc. Enfin bon, tous ces mots-là.
06:11Vous prenez un tonneau, c'est la même chose, la douelle, la bonde, etc. Les gens, ils savent plus les choses là, parce qu'un tonneau, vous savez vaguement ce que c'est.
06:18Donc je pense qu'on appauvrit un vieux fond et qu'on modernise avec le vocabulaire du jour. Mais en même temps, ce sont des idées intéressantes,
06:27les idées qu'une femme puisse s'intéresser sexuellement par un homme intelligent, par exemple. Il n'y avait pas de mots pour dire ça.
06:32— Mais il y a souvent des contractions de mots aussi. On met deux mots en un seul. — Par exemple ?
06:37— Sapios sexuel, afro-descendant, voilà. En fait, on contracte.
06:41— Oui, mais ça, vous savez, toutes l'étymologie, c'est ça. C'est-à-dire qu'il y a un mélange de grec, de latin.
06:46Et on vous fabrique des mots comme ça. Aristocratie, par exemple, c'est le pouvoir des meilleurs. Ce sont deux mots grecs.
06:53On fabrique des collisions. Alors aujourd'hui, on fabrique des collisions avec de l'anglais, assez probablement, parce qu'évidemment,
06:58quand vous avez du grec ou du latin, c'est qu'il y a eu un empire grec, un empire romain. C'est qu'il y a eu une puissance grecque hélénistique.
07:04Aujourd'hui, vous avez une puissance anglo-saxonne, puisque ce sont eux qui font la loi planétaire.
07:08Et je pense pas qu'il y ait vraiment beaucoup de mots russes ou chinois, par exemple, qui entrent dans le dictionnaire.
07:12Mais en revanche, beaucoup de mots qui procèdent du vocabulaire anglo-saxon.
07:15— Bon. Écoutez, en tout cas, vive la francophonie, vive le français, cette langue vivante, si belle...
07:19— Bien sûr, bien sûr. — ...à écrire, à parler.
07:21— Que vous parliez si bien. — Bon. Je crois qu'on écoute maintenant la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brompillet,
07:25qui était notre invitée cette semaine. Elle estime, elle, que les universités ne sont pas des lieux de militantisme effréné. On l'écoute.
07:32— C'est inacceptable. C'est intolérable. Les universités, les grandes écoles sont des lieux d'apprentissage.
07:39C'est des lieux où l'on forme notre jeunesse. Et ces lieux ne doivent pas devenir des lieux où, d'une part, on transforme ces lieux en lieux de militantisme effréné.
07:54Et on voit que l'AMFI a été rebaptisé. Ça, ça n'est pas acceptable.
07:59— C'est une évidence que ces lieux... Pourtant, le sont des lieux de militantisme effréné, nos universités et nos facs.
08:05— Depuis toujours. L'université, c'est fait pour ça. C'est fait pour porter l'idéologie dominante. On pense pas à l'université. On reproduit.
08:11C'est-à-dire que moi, quand j'y étais, c'était l'époque structuraliste. On n'avait pas intérêt à ne pas être structuraliste.
08:15Il fallait défendre Deleuze, Foucault, etc., Guattari, tous ces gens-là. Et puis moi, j'avais mon vieux maître Lucien Gerfagnon qui disait
08:21« Pour la bonne vieille méthode érudite, lisez, travaillez, faites des recherches personnelles, ne vous occupez pas de tout ça, ça passera ».
08:29J'ai raison. Sauf que l'université a été marxiste, elle a été lacanienne, elle a été structuraliste, elle est aujourd'hui wokiste.
08:35Je rappelle quand même que dans les années 30, Hitler est au pouvoir en 1933. Au bac français, on a choisi un texte d'Heidegger, philosophe nazi.
08:43Et c'est Nisan qui dit « Peut-être qu'on pourrait trouver un autre philosophe, quand même, que de présenter un philosophe nazi antisémite au bac de français dans les années 30.
08:53Tout de même, est-ce qu'on pourrait pas faire les choses autrement ? »
08:55Non, moi, je suis pas étonné. Ce sont des endroits de cooptation. Bourdieu avait fait des belles analyses de tout ça.
08:59Ce sont des endroits de cooptation où on ne coopte pas des gens qui sont des mavericks, comme on dit, c'est-à-dire le cheval qui court à côté du troupeau, de la bande.
09:08Non, non, il faut absolument être dans la bande. Et puis après, ça change.
09:11– Donc de l'embriganement, c'est ce que vous n'avez pas créé là.
09:13– Oui, j'ai eu des profs qui ont été communistes. Regardez Foucault, il a été communiste. Après ça, il a été gauchiste.
09:17Après ça, il a été islamo-gauchiste. Après, il finissait libéral. Au moment où il est mort, il travaillait avec le MEDEF.
09:22Et donc, voilà quelqu'un qui a épousé, sans oublier les Solers, par exemple, qui lui aussi a démarré au PC, a été maoïste, a fini chez Balladur,
09:31en passant par la défense du catholicisme. Toutes ces institutions, elles ne défendent que les pensées dominantes.
09:36Et d'ailleurs, elles criminalisent les pensées qui ne sont pas des pensées dominantes.
09:39Elles interdisent l'université. Pensez que Camus était prof d'université.
09:42Dès qu'il y a eu une pensée libre, elle ne s'est pas exprimée dans l'université.
09:45Nietzsche n'était pas professeur d'université. Qu'est-ce que c'est qu'un génocide ?
09:48C'est de dire détruisez-les tous. Détruisez-les tous.
09:52Israël n'a pas dit détruisez-les tous. Ce n'est pas compliqué.
09:55Sinon, Israël descendait avec ses avions et bombardait la bande de Gaza du nord au sud.
10:00Et puis, il n'y avait plus personne. Il n'y avait plus aucun palestinien.
10:03Ça, ça se serait appelé, dans la bande de Gaza, ça se serait appelé un génocide.
10:06Ce n'est pas un génocide que de mener une guerre dans laquelle, effectivement, hélas, hélas...
10:11Déclenché par la masse, on le rappelle.
10:13Mais ça s'appelle une guerre dans laquelle il y a des victimes civiles.
10:16Je rappelle que la totalité des victimes, peut-être moins de 2 ou 3 personnes,
10:20mais du 7 octobre, c'étaient des civils.
10:22C'étaient des gamins, des jeunes, des gens de 20 ans qui s'en vont danser,
10:25qui s'en vont faire la fête, qui boivent un coup.
10:27Et puis, ils ne sont pas des militaires.
10:30Il y avait même des kiboutz dans lesquels des palestiniens travaillaient.
10:33Ce n'était quand même pas non plus que des colons méchants, etc.
10:36Donc, il y a un moment donné où il faudrait un peu plus de mesures,
10:38un peu plus de sens de l'histoire, un peu moins d'idéologie,
10:41pour faire savoir qu'il est un peu facile, de son fauteuil en France,
10:45de donner des leçons à Israël en disant « génocide par-ci, génocide par-là »,
10:49quand on n'est pas capable de dire qu'il y a eu un génocide des Vendéens,
10:52dont Robespierre et les siens avaient fait savoir à l'époque
10:54qu'il fallait tous les détruire parce qu'ils étaient Vendéens.
10:57Personne ne dit « il faut détruire les palestiniens parce qu'ils sont musulmans »
11:03et détruisez-les tous.
11:04Ça, ça serait véritablement un génocide.
11:06Évidemment, je parlerais de génocide et je m'opposerais à ce génocide.
11:09Ici, c'est une guerre qui a été déclenchée.
11:11Déclenchée par le Hamas.
11:13On ne peut pas déclencher une guerre et puis après dire
11:15« vous êtes méchants dans votre façon de répondre à la guerre que nous avons déclarée ».
11:18Ben oui, mais c'est vous qui l'avez déclenchée.
11:20Et je pense d'ailleurs, ça c'est peut-être à mettre au pot commun de la réflexion,
11:25que cette guerre-là, elle a été voulue par le Hamas.
11:29Le Hamas voulait que Netanyahou réagisse comme ça.
11:32C'est un piège.
11:34C'est un piège.
11:35Et peut-être qu'on pourrait demander à ce que Netanyahou quitte le pouvoir
11:38et que des élections soient organisées pour que les Israéliens choisissent un gouvernement de guerre.
11:42Et pas forcément cet homme qui est jugé parti et qui a des intérêts dans l'aventure.
11:45Il a besoin, lui, que ça continue la guerre.
11:47Je pense que la communauté internationale s'honorerait de dire
11:50« on refait des élections pour que vous ayez un chef de guerre
11:52et ce chef de guerre, vous allez le choisir. »
11:54C'est peut-être pas Netanyahou.
11:55Et si ce chef de guerre, il veut vraiment radicaliser la guerre, il la radicalisera.
11:59Et s'il veut la paix et qu'il a les moyens de la paix, il le fera aussi.
12:02Ça s'appelle la démocratie.
12:03On va juste encore évoquer le cas de Marine Le Pen.
12:05Mais alors, côté judiciaire, parce qu'il y a eu cette semaine la fin du procès
12:08dans le cadre des assistants du Parlement européen, qui étaient à l'époque du Front national.
12:13Elle s'est exprimée à l'issue des désutances.
12:15Ses avocats ont plaidé.
12:16On sait que dans les réquisitions, il y a eu un jugement extrêmement dur demandé.
12:21C'est-à-dire une peine de prison, une amende et également une peine d'inéligibilité,
12:27je vais y arriver, exécutoire.
12:29Écoutons Marine Le Pen à la sortie de l'audience.
12:32J'ai dit que c'était un procès qui était fait par des politiques à des politiques,
12:38voire à la politique.
12:40Et je crois que ça a été révélé de manière lumineuse par maître Bousselu.
12:48Voilà pour Marine Le Pen.
12:50Est-ce que c'est catastrophique pour vous ?
12:52Ce qui est catastrophique, c'est que la justice ne soit plus juste,
12:55mais qu'elle soit politique, que ce soit une justice idéologique,
12:58parce que ça, c'est ce qui caractérise les régimes totalitaires.
13:00Tout le monde sait qu'à l'époque soviétique, la justice n'était pas neutre.
13:04Tout le monde sait qu'à l'époque nazie, la justice n'était pas neutre.
13:06Tout le monde sait qu'à l'époque de Franco,
13:08quels que soient les régimes autoritaires, de droite, de gauche, d'extrême droite, d'extrême gauche, etc.,
13:11la justice est aux ordres.
13:13Là, on voit bien qu'une certaine justice est aux ordres.
13:15Cette façon de dire, on ne veut pas que le peuple vote pour vous,
13:19et d'une certaine manière, on va se débrouiller pour que vous ne puissiez pas être présente à des élections,
13:24comme ça c'est la meilleure façon de faire de telle sorte que le peuple ne vote pas pour vous,
13:27c'est gros comme une maison, ça n'abuse personne.
13:29On a vu que d'autres, François Bayrou par exemple, s'en était sorti un peu mieux.
13:33Alors il ne s'agit pas non plus de dire qu'elle a le droit de faire ce qu'elle veut, quand elle veut, comme elle veut.
13:37Elle a fait des choses qui sont répréhensibles d'un point de vue juridique.
13:39Donc elle soit jugée.
13:41Je ne suis pas contre la justice, je suis pour une justice juste,
13:43et pas pour une justice politicienne, pour une justice idéologique.
13:47Là on voit bien que tout est fait, et on aura tout d'ici les prochaines élections,
13:51quelles qu'elles soient, mais présidentielle en particulier,
13:56tout sera fait pour la faire tomber, comme tout avait été fait pour faire tomber Nicolas Sarkozy,
13:59tout avait été fait pour faire tomber François Fillon,
14:01et comme par hasard, rien n'est fait pour faire tomber Jean-Luc Mélenchon.
14:05Et effectivement, il y a dans les textes sacrés de quoi faire son marché.
14:10Que ce soit dans la Torah, l'Ancien Testament ou le Nouveau Testament,
14:13ou dans le Coran, on peut choisir des textes qui vont nous permettre
14:16de défendre une option violente ou une option pacifiste.
14:19Il y a dans le Nouveau Testament des invitations à la violence.
14:23Jésus avec un fouet qui chasse les marchands du temple,
14:26ce n'est pas le Jésus qui nous dit qu'il faut tendre notre joue.
14:29Donc il y a eu tout un travail de civilisation, la civilisation judéo-chrétienne,
14:32pour nous faire savoir que, même s'il y a eu des croisades,
14:35le Jésus pour tout le monde, c'était le Jésus du pardon des offenses,
14:39c'était le Jésus de l'autre joue tendue.
14:42Il y a dans le Coran, effectivement, matière à un islam de paix,
14:46et de fraternité, et de tolérance.
14:49Et puis, il y a aussi dans l'islam, nombre de surates et de versets
14:52qui sont extrêmement violents et belliqueux, et qui nous disent
14:55que si on est violent et belliqueux, on obtient son paradis.
14:58Ça, c'est problématique, parce qu'effectivement, il y a une logique
15:01du pardon dans le christianisme, et il y a une logique de la vengeance
15:04dans l'islam. Il a été dit à un moment donné
15:07qu'il ne pouvait pas être question de crimes d'honneur,
15:10que c'était des crimes de déshonneur.
15:13C'est une formule qui est dit, on parlait de crimes d'honneur
15:16chez Mselyne, moi je dis que ce sont des crimes de déshonneur.
15:19Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
15:22Il a dit crimes d'horreur, qui pour moi ne veut rien dire.
15:25Pour moi, c'est honneur-déshonneur.
15:28Oui, parce qu'il n'y a pas un honneur.
15:31Ça, c'est l'erreur de la Révolution française, de laisser croire
15:34que nous sommes universels, qu'on est tellement géniaux, nous les Français,
15:37qu'on a dit la vérité pour toujours et pour tout le monde,
15:40et que nous avons une bonne conception du droit, de la liberté, du féminisme,
15:43de toute cette gauche qui rend possible les guerres de la Révolution française
15:46et puis ensuite le colonialisme et l'universalisme.
15:49Moi, je ne suis pas universaliste, je pense qu'il y a un honneur musulman
15:52et que les musulmans procèdent d'une civilisation arabe,
15:55pour certains, pas tous.
15:58On peut être musulman et ne pas procéder d'une civilisation arabe,
16:01je renvoie à l'Iran, la Perse.
16:04Ça peut être la même chose en Afghanistan ou au Pakistan.
16:07Nous, on pense trop souvent que l'islam, c'est finalement l'islam de l'Afrique du Nord
16:10c'est plus compliqué que ça.
16:13Il y a donc une tradition arabo-musulmane qui fait qu'à un moment donné,
16:16au moment de l'Égypte, dans les années 600,
16:19on a une civilisation qui devient une civilisation islamique.
16:22Mais avant, il y a une civilisation qui est une civilisation arabe,
16:25qui est une civilisation de tradition chevaleresque, on a le sens de l'honneur.
16:28Je ne juge pas, il y a ceux qui nous disent que l'islam c'est tellement formidable,
16:31il y a des gens qui nous disent que l'islam c'est une telle catastrophe,
16:34le philosophe dit mais c'est quoi exactement l'islam ?
16:37Est-ce qu'on peut réfléchir sur ce que signifie l'honneur ?
16:40Il y a une conception de l'honneur arabo-musulmane
16:43qui n'est pas la conception de l'honneur judéo-chrétienne, la nôtre.
16:46Parlons quand même des traditions chrétiennes,
16:49parce qu'on est à quelques jours de Noël et il y a de nombreuses mairies
16:52qui sont encore l'objet de recours juridique après l'installation de crèches
16:55ou dans les mairies ou juste à proximité,
16:58je pense notamment à Robert Ménard à Béziers
17:01qui chaque année installe cette crèche parce que
17:04il y a des milliers d'habitants de sa commune qui viennent visiter cette crèche
17:07de la nativité, quelle que soit leur religion parce que
17:10c'est important. Est-ce qu'il y a un acharnement
17:13à lutter contre les symboles chrétiens aujourd'hui dans notre pays Michel ?
17:16Evidemment, de la part de militants qui sont minoritaires
17:19parce que moi j'ai plein d'amis athées
17:22qui ne croient évidemment pas en Dieu mais qui ayant des petits-enfants
17:25par exemple, c'est mon cas, peuvent faire un sapin,
17:28mettre des boules, faire une crèche etc. en disant
17:31c'est culturel, c'est cultuel mais c'est aussi culturel.
17:34Mais tous ceux qui nous disent, y compris Jacques Chirac,
17:37qu'il n'y a pas de racines judéo-chrétiennes à la France
17:40sont des gens qui vont dans ce sens-là.
17:43Le pape a dit des choses intéressantes en dehors de la démographie,
17:46il a parlé d'une redéfinition de la laïcité. C'est très intéressant.
17:49Oui, j'ai oublié de vous interroger là-dessus.
17:52Il dit qu'il ne faut pas opposer la culture chrétienne
17:55à la culture laïque.
17:58C'est intéressant qu'on puisse dire que ça se repense un concept.
18:01J'ai fait ma thèse avec une professeure de philosophie juridique,
18:04Madame Gueillard, et donc on a travaillé la question
18:07de la philosophie politique et juridique et elle avait une espèce de religion
18:10de la loi. Et moi je lui disais toujours que j'ai la religion du peuple.
18:13Et la loi c'est le peuple. La loi elle se défait.
18:16Jadis on envoyait sous la guillotine les femmes
18:19qui étaient des avorteuses comme on disait.
18:22Et aujourd'hui on rembourse l'avortement avec la sécurité sociale.
18:25Donc il s'est passé des choses entre deux.
18:28Et heureusement qu'on a touché à cette loi comme on a touché à d'autres lois.
18:31Donc on doit pouvoir aujourd'hui toucher à des lois.
18:34Et quand on dit 1905, la séparation des églises et de l'Etat,
18:37on dit oui, 1905, combien y avait-il de musulmans ?
18:40Combien de mosquées en France ?
18:43Et donc il y a à réfléchir sur ce concept.
18:46Il est ancien, mais il faut le penser de manière nouvelle.
18:49On a toujours la laïcité très étroite. Les gens n'ont aucun signe.
18:52Moi je ne veux pas que par exemple on puisse ne pas porter la kippa en France.
18:55Et d'une certaine manière le voile c'est la même chose.
18:58Ce qui est important c'est ce qu'on a dans la tête,
19:01c'est pas ce qu'on a sur la tête.
19:04Je connais des femmes qui portent le voile et qui ont une tête bien faite,
19:07intelligente, républicaine et française.
19:10Et puis d'autres qui ne portent pas le voile, d'abord parce qu'ils sont des garçons
19:13et qui eux sont des gens qui détestent la France, la République, etc.
19:16Si on veut pacifier, il faut effectivement que la laïcité soit repensée.
19:20Et repensée à partir des étymologies, repensée à partir de l'histoire,
19:23repensée à partir de l'évolution de la France.
19:26Pour faire de telle sorte que ce ne soit pas oui à tout ou non à tout.
19:29Donc la République n'est pas en péril
19:32quand on a installé une crèche dans une mairie.
19:35Et puis par ailleurs, si un maire a envie de fêter la rupture du Ramadan,
19:38il peut le faire. Et quand le président de la République
19:41a allumé la bougie de Ranoukka, par exemple, à l'Elysée,
19:44il y a des gens qui disent que ça ne se fait pas, que ce n'est pas le lieu, etc.
19:47Quand les communautés sont diverses et multiples en France,
19:50un chef de l'État, c'est quelqu'un qui doit les respecter tous
19:53et qui peut aussi les honorer tous, mais toutes.
19:56Ce n'est pas celui qui, par exemple, dit je vais transgresser la loi millénaire
19:59qui interdit par exemple à un roi ou un chef d'État d'aller parler
20:02dans l'enceinte de Notre-Dame.
20:05Un tout petit mot quand même de la visite du pape François en Corse.
20:08Ça a été un événement assez exceptionnel,
20:11une grande liesse, une grande joie partagée par les Corses
20:14puisque c'est une visite placée sous le signe de la piété populaire.
20:17Il a évoqué un certain nombre de choses.
20:20Le pape, on va d'abord l'écouter, parlait des enfants.
20:23Il a été très surpris de voir qu'il y ait autant d'enfants autour de lui.
20:26Écoutez ce qu'il en a dit.
20:29Je voudrais souligner une chose.
20:32Avez-vous vu le nombre d'enfants en Corse ?
20:35C'est une terre qui fait des enfants.
20:38Pensez à d'autres voyages où vous ne les avez pas vus.
20:41Que ce soit au Timor-Oriental ou ici,
20:44j'ai été heureux de voir un peuple qui fait des enfants.
20:47C'est l'avenir.
20:50Et je vous remercie beaucoup pour votre travail.
20:53Merci.
20:56Nous voilà pour le pape dans l'avion de retour.
20:59C'était R Corsica qui l'a ramené jusqu'à Rome.
21:02Il a dit, alors ça évidemment, il souligne la vitalité démographique de la Corse
21:05parce qu'il sait bien que le grand nombre d'enfants
21:08c'est la chute de la natalité.
21:11Il a parlé aussi beaucoup des aînés.
21:14Il a dit, occupez-vous de vos aînés.
21:17Ils sont la sagesse du peuple.
21:20Vous êtes d'accord avec ces notions ?
21:23Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le fait de faire des enfants.
21:26Je ne pense pas qu'il en ait fait beaucoup.
21:29C'est la théorie du célibat qu'il faut poser aussi.
21:32Jésus n'a jamais invité à être célibataire.
21:35C'est Saint Paul qui l'invite.
21:38Mais là, sur la question de la natalité ?
21:41S'il veut qu'on fasse des enfants, il faudrait peut-être qu'il s'en occupe autrement.
21:44En Israël, il y a une dizaine de jours, eux aussi font beaucoup d'enfants.
21:47Ils ont bien raison, parce qu'un peuple qui croit à son identité fait des enfants.
21:50Il croit à son identité, donc il croit à son futur.
21:53Je parle du peuple corse.
21:56Il pense à son avenir, il croit à son avenir, il sait qu'il a un passé.
21:59Il y a une tradition forte en Corse.
22:03Il y a des traditions littéraires.
22:06Il y a un vieux droit, le droit de l'avant d'État.
22:09J'ai travaillé cette question-là à une époque.
22:12Il y a une identité corse, c'est évident.
22:15Ils ont bien raison.
22:18Comme les Bretons ont raison d'être fiers.
22:21Comme les Normandes n'ont pas raison de ne pas l'être.
22:24Comme les gens de Savoyard.
22:27Il a raison sur cette question de faire des enfants.
22:30Cette question de démographie a bien été abordée par Pierre Chaunut.
22:33Démographe et historien important de Caen,
22:36qui a travaillé et vivait à Caen.
22:39Son fils Emmanuel est un dessinateur aujourd'hui.
22:42Il a abordé cette question de la démographie.
22:45Le pape a raison d'aborder la question de la démographie de cette manière-là.
22:48En disant que si vous faites des enfants, c'est que vous avez une santé identitaire.
22:51Faire des enfants, c'est manifester une santé identitaire.
22:54Sur la question des anciens, il a raison.
22:57Occupez-vous de vos anciens, ne les abandonnez pas dans les Ehpad.
23:00J'ai connu une époque, quand j'étais enfant, où les parents âgés,
23:03enfin pas forcément âgés, mais malades,
23:06on pouvait être plus facilement malade rapidement, vers la soixantaine,
23:09et on était chez les enfants, pour le meilleur et pour le pire.
23:12Les parents étaient dans les maisons familiales.
23:15Aujourd'hui, ils sont dans des usines à crever,
23:18comme disait Tachan, un chanteur que j'aimais beaucoup.
23:21C'est terrible.
23:24On sait aussi que le grand âge pose d'autres questions,
23:27aussi sur le long terme, aux familles.
23:30L'espérance de vie s'allonge, et le grand âge,
23:33et les maladies, notamment de démence sénile,
23:36posent des vrais problèmes aussi aux familles.
23:39Les familles qui sont promptes à envoyer pépère et mère à l'Ehpad,
23:42sont promptes aussi, à l'échelle notaire, rapidement, quand l'héritage est là.
23:45Ce n'est pas antinomique, au contraire.
23:48Si on se débarrasse des personnes âgées rapidement, en se disant
23:51qu'ils vont venir à la voir de temps en temps,
23:54mais quand même, le jour où il y a la mort,
23:57au notaire, on pose les bonnes questions.
24:00Il y a le droit d'hériter des grands-parents ou des parents,
24:03mais il n'y a pas le devoir de s'occuper de ses parents.
24:06Ma mère vient d'avoir 90 ans, le 1er novembre.
24:09J'ai plaisir à honorer mon père et ma mère,
24:12comme on nous apprenait à le faire.
24:15On ne le fait plus, aujourd'hui.
24:18On a fait la visite à ses parents, puis on dit
24:21qu'ils ne me reconnaissaient pas.
24:24Mais personne n'envisage de garder les anciens à la maison.
24:27En France, c'est vrai. C'est plus frais en Italie, en Espagne, au Portugal.
24:30Tradition méditerranéenne, tradition arabe.
24:33Les Arabes sont islamiques et musulmanes.
24:36On s'occupe de leurs anciens.
24:39On les honore.
24:42Vous avez été choqué, Michel, par des photos de Madonna et du pape François.
24:45Des photos fabriquées par l'intelligence artificielle.
24:48On va quand même le noter.
24:51La star de la pop s'est amusée avec l'intelligence artificielle
24:54à inventer des clichés du pape collé serré contre elle.
24:57Ça vous a choqué ?
25:00C'est la reine de la provoque.
25:03Non, ce n'est pas choqué.
25:06Je ne vous aurai pas repris sur le mot.
25:09Ça m'a interpellé d'un point de vue intellectuel.
25:12On ne croira plus les images.
25:15On peut fabriquer les images qu'on veut.
25:18D'ailleurs, j'ai un livre à paraitre.
25:21On m'a dit que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas fait photographier.
25:24On a pris un contact avec une photographe qui m'a photographié.
25:27Après, sur son ordinateur, elle m'a dit qu'on allait enlever ceci, enlever cela.
25:30On vous a retouché, Michel Onfray ?
25:33Je n'ai pas consenti au fait qu'on me retouche.
25:36J'ai dit non, c'est moi.
25:39Ceci dit, pour le reste, un peu le doublement.
25:42Je dis non, vous laissez, on ne va pas faire semblant.
25:45J'ai la tête que j'ai.
25:48Ce n'est pas la vérité.
25:51Une photo retouchée aujourd'hui,
25:54nombre de photos sont retouchées.
25:57Il faut que ce soit à l'avantage de tel ou tel.
26:00La post-vérité dont nous parlons en philosophie,
26:03ça paraît compliqué.
26:06C'est un peu trivial,
26:09mais elle est quasiment en train de faire un french kiss au pape,
26:12cette dame avec une photo qui est saisissante de vérité ou de réalité.
26:15C'est vieux.
26:18Quand le communisme estimait que le camarade Trotsky n'était plus présentable,
26:21on l'effaçait sur les photos.
26:24C'était un vieux travail de photographe.
26:27Au moment où on faisait des tirages, on effaçait et il n'y avait plus rien.
26:30C'est vieux, cette histoire.
26:33C'est même vieux quand on repeint.
26:36On fait des repentirs, des braguettes au nez.
26:39On faisait des braguettes à Adam qui était tout nu.
26:42Il y avait des peintres dont le boulot consistait à faire passer une feuille
26:45comme par hasard juste au bon endroit.
26:48L'idée de cacher la réalité parce qu'elle est choquante
26:51ou éventuellement de fabriquer une autre réalité,
26:54voire de critiquer une réalité parce qu'elle se bat, cette femme,
26:57contre la politique du corps, disons-le comme ça,
27:00sexuelle, de l'Église, en disant que je fais une provocation.
27:03C'est toujours le problème que j'ai avec le fait de blesser des gens.
27:06Le fameux droit au blasphème.
27:09Je suis pour le droit au blasphème, mais pour le devoir de ne pas en user.
27:12On peut blesser des gens, on peut blesser des croyants.
27:15Je sais que j'ai pu blesser des croyants en écrivant ma théorie de Jésus
27:18ou me traiter d'athéologie,
27:21mais je ne savais pas qu'on pouvait blesser des gens
27:24en disant que Jésus n'avait pas existé historiquement
27:27mais qu'il était le produit d'un assemblage textuel
27:30à partir de l'Ancien Testament.
27:33Mais je n'ai pas fait des choses volontairement pour blesser.
27:36Je pense qu'aujourd'hui, on peut faire des photos comme celle-ci pour nuire.
27:39C'est ça qui est le plus problématique.
27:42Vous faites se rencontrer des gens en disant que vous avez vu
27:45telle personne politique, elle serrait la main de Bachar el-Assad.
27:48C'est vrai, c'est pas vrai, c'est peut-être vrai, mais ça peut être aussi faux.
27:51Et ça va très vite, une photo.
27:55Elle le prendra, c'est évident.
27:58Tous ceux qui aujourd'hui nous disent qu'elle ne peut pas faire ceci ou cela,
28:01je dis souvent que le premier qui traverse l'Atlantique
28:04ou qui traverse la Manche en avion avec du balsin
28:07et des choses comme ça, Blériot et autres,
28:10ce sont des gens qui sont séparés de 60 ans du vol du Concorde.
28:13C'est-à-dire d'un vol supersonique
28:16qui permet d'emmener, de faire un vol commercial.
28:1960 ans, c'est pas grand-chose.
28:22À 60 ans d'intelligence artificielle, vous verrez ce qu'elle sera capable de faire,
28:25parce qu'elle se nourrit d'elle-même.
28:28Donc moins les gens connaissent, moins elle est puissante.
28:31Plus ils connaissent, plus ils l'utilisent, plus ils l'utilisent, plus elle est puissante.
28:34Puis on aura des calculs, des ordinateurs quantiques ou des choses comme ça
28:37qui font que ça pensera aussi vite qu'un humain, ce genre de machine.
28:40Quand on dira que cette machine pense par toi-même,
28:43c'est l'apprenti sorcier, le balai qui finit par fonctionner tout seul,
28:46il y a un moment donné où on ne pourra plus retenir tout ça.
28:49Il y a du bien, il y a du mal dans cette intelligence artificielle.
28:52Elle est capable de faire des choses extraordinaires.
28:55Elle peut calculer des planètes et découvrir des planètes.
28:58Elle peut faire des diagnostics médicaux et les faire beaucoup mieux
29:01que les 100 meilleurs médecins français ou planétaires, par exemple.
29:04Elle peut trouver des choses. Elle peut trouver des molécules.
29:07Elle peut, à partir de l'ensemble des molécules qui existent,
29:10inventer des médicaments que les humains n'auront pas trouvés.
29:13Donc ça, c'est formidable. Mais si ça n'est pas soutenu par la morale,
29:16science sans conscience n'est que ruine de l'âme, disait Rabelais,
29:19c'est ça. Une science sans conscience, c'est la ruine de l'âme.
29:22S'il vous dit que l'intelligence artificielle, c'est formidable,
29:25s'il n'y a pas d'éthique derrière, ça va être la pire des choses.
29:28Il y a des éthiques qui sont sans effet sur un certain nombre
29:31d'esprits sataniques, disons-le.
29:34Donald Trump, ça ne nous a pas échappé, a été élu 47e président des Etats-Unis,
29:37déjouant tous les pronostics. On va y revenir.
29:40Il a été élu sur trois idées très simples.
29:43Premièrement, à l'Amérique. Deuxièmement, redonner du pouvoir d'achat à ses concitoyens.
29:46Et troisièmement, contrôler les frontières des Etats-Unis.
29:49On va juste écouter, remercier ses électeurs, affirmer que c'est un mouvement
29:52de fond qui l'a porté au pouvoir, et puis je vous passe la parole.
29:55D'abord, Donald Trump.
29:58Et je pense qu'on peut dire que c'est le plus grand mouvement politique
30:01qui n'ait jamais existé dans notre pays, et même au-delà.
30:08Nous arrivons à un nouveau niveau de notre mouvement politique.
30:13Car nous allons aider notre pays, car il a besoin d'aide.
30:21Nous allons nous occuper de la frontière.
30:29Nous avons écrit l'histoire cette nuit.
30:32Voilà pour Donald Trump, Michel Onfray. Comment est-ce que vous analysez cette victoire de Donald Trump ?
30:36C'est la victoire d'un souverainiste contre les mondialistes.
30:39Donc ceux qui pensent encore en termes de droite et de gauche,
30:42pensent toujours qu'on peut réfléchir en termes de droite et de gauche,
30:45parce qu'il y a une droite souverainiste et une droite mondialiste,
30:48une gauche souverainiste et une gauche mondialiste.
30:51Et lui, effectivement, il est là en train de nous dire,
30:54America first, l'Amérique d'abord, les Américains d'abord.
30:57Je trouve qu'il a entièrement raison.
31:00Le chef d'État est fait pour cheffer un État, quand il reste un État.
31:03Il est là pour défendre ses concitoyens.
31:06C'est très exactement le contraire en France, où c'est l'Europe d'abord,
31:09et c'est sûrement pas les Français dont je n'ai pas l'intention de m'occuper.
31:12Je m'occupe de l'Europe, nous dit Emmanuel Macron.
31:15Moi je suis là pour défendre les Américains et les Américains qui souffrent.
31:18Effectivement, il défend cette idée qu'on doit pouvoir disposer de frontières,
31:21pour pouvoir contrôler.
31:24Il ne dit pas qu'on ne veut pas d'étrangers, qu'on ne veut pas d'immigrants.
31:27Il ne dit pas ça. Il dit que ceux qui entrent doivent être connus comme entrants
31:30et ils doivent entrer pour des raisons légalement.
31:33Il fait juste éloge de la légalité.
31:36Quand un communiste dit qu'il est fasciste, comme Mediapart dit qu'il est fasciste...
31:39L'humanité avait fait ça une.
31:42Quand le fascisme est rouge, ils adorent.
31:45Mais ce fascisme-là, ils le fantasment.
31:48Parce que finalement, il a été quatre ans au pouvoir, que je sache.
31:51Donc on ne va pas dire qu'il sera, il n'a pas été.
31:54Je ne vois pas pourquoi quelqu'un aurait attendu quatre années au pouvoir
31:57pour devenir fasciste, en étant réélu une seconde fois.
32:00Il y a eu l'assaut du Capitole, qui a quand même posé un certain nombre de questions.
32:03Non, ça aussi, c'est une lecture qui est faite et qu'il a laissé faire.
32:06Et puis les portes ont été ouvertes.
32:09Il y a des gens qui étaient consentants à tout ça.
32:12La théorie du « c'était un coup d'État », « il a voulu mettre par terre l'État de droit »,
32:15tout ça, c'est le narratif des mondialistes qui veulent absolument
32:18qu'il soit d'extrême droite, qu'il soit fasciste, qu'il soit homophobe,
32:21qu'il ait l'intention de reprendre les déportations.
32:24J'ai entendu des commentateurs journalistes...
32:27En parlant de migrants, bien sûr.
32:30En parlant des déportations, on parlait des rafles.
32:33Je me suis dit, ça y est, c'est reparti.
32:36C'est le même lexique, le champ lexical qu'on connaît.
32:39Mais bien sûr, c'est-à-dire que c'est la même chose en France.
32:42On connaît exactement les mêmes problèmes avec la France.
32:45Moi, je pense que ce sont les chefs d'État qui ne disent pas « mon peuple d'abord »,
32:48qui devraient aller en haut de cour de justice.
32:51Je ne parle pas de la suite, mais qui devraient aller en haut de cour de justice
32:54parce qu'on devrait leur dire « vous avez des contahentes, vous avez été élu par le peuple,
32:57donc vous n'allez pas demander au peuple qu'il vous mette à cette place.
33:00Une fois que vous êtes à cette place, faire de telle sorte que le peuple, vous allez le mettre à la poubelle. »
33:03Genre, je ne parle même pas de 1992, on n'a pas le temps pour que je puisse défendre ma thèse sur Maastricht,
33:09mais 2005, 2008.
33:12Cette façon de mépriser le peuple, on l'a vu.
33:15C'est la revanche des sans-dents, et c'est formidable.
33:18J'adore le sourire des sans-dents.
33:20Et des gilets jaunes américains, en quelque sorte.
33:22Bien sûr, c'est complètement ça.
33:25Les journalistes sont des faiseurs d'opinion, vous le savez bien.
33:28Ils l'étaient.
33:29Non, non, non, aux États-Unis.
33:31Ils se sont trompés complètement aux États-Unis.
33:3290% de la pression, oui.
33:33Et ici, alors, je ne vous parle pas de la France.
33:35Comment, finalement, l'humanité nous dit des choses qui ne sont évidemment pas ce que dit Libération,
33:39encore que, ce que dit, disons, le Figaro, etc.
33:42Mais finalement, au bout du compte, ils nous disent tous « votez Macron ».
33:45Donc, en fait, ils sont en train de formater une opinion,
33:47ils font semblant de dire qu'on est très opposés.
33:49Vous voyez comment Mélenchon embrasse quasiment sur la bouche Macron quand il le rencontre à Marseille.
33:52Finalement, Mélenchon défend les thèses du patronat français sur l'immigration.
33:57Enfin, bon, tout ce monde-là s'entend très bien.
34:00Et d'un seul coup, vous avez un Trump qui dit « moi, je mets un coup de pied dans tout ça ».
34:03Tous ces gens qui sont tellement respectueux du climat, des coops, etc.,
34:07qu'ils voyagent en jet privé pour aller d'une capitale européenne à une autre capitale
34:11pour aller dans leur maison privée de Rome avant de repartir à Tokyo.
34:16Tout ça avec leur avion privé en défendant, évidemment, les thèses écologiques.
34:20Le français, enfin l'américain moyen à qui on dit « arrêtez de polluer avec votre 4x4 bruyant et votre diesel »
34:28pendant que ces gens-là font le tour du monde avec des yachts, des avions privés, etc.
34:32Donc, à un moment donné, ces gens-là ont dit « on en a marre de votre insolence, de votre arrogance, de votre suffisance ».
34:37Et donc, je veux juste dire qu'effectivement, les journalistes fabriquent l'opinion,
34:40les sondages fabriquent l'opinion aussi.
34:42Cette façon de dire touche-touche, c'est vraiment coude-à-coude.
34:45Mais en même temps, vous avez deux ou trois points qui permettent de dire
34:48c'est un peu au-dessus, un peu en dessous.
34:50Si vous dites c'est touche-touche, deux en plus, deux en moins, deux en plus, deux en moins,
34:53ça fait quatre points d'écart, vous avez toujours raison, c'est obligatoire.
34:56Et puis, vous avez un raz-de-marée.
34:58Obama nous a dit « on va mettre un temps fou pour compter les résultats, ça va être difficile ».
35:03Très serré, très très serré.
35:05Très très serré.
35:06Donc, évidemment, ça permet de retrouver quelques urnes perdues,
35:09de faire de telle sorte que, tiens, d'un seul coup, il y avait une urne républicaine
35:12et elle est devenue une urne démocrate.
35:14Et puis, ces fameuses machines, vous appuyez sur un bouton, vous ne savez pas où ça part,
35:16puis après, vous dites, voilà, vote démocrate.
35:18Tiens, c'est drôle, j'avais appuyé républicain.
35:20Donc, toute cette propagande qui a été faite par les Obama, les Clinton, les Biden, Kamala Harris,
35:26tout ça, c'est un monde qui méprise le peuple.
35:28Et le peuple dit, eh ben non, nous, on veut celui-là.
35:32Alors, il a des qualités, des défauts, on est au courant,
35:35mais c'est quelqu'un qui dit « je vais mettre des frontières, je vais vous protéger, on va, pensez à vous ».
35:41Et puis, c'est surtout un anti-wokiste.
35:44On y arrive. J'aimerais juste qu'on reparle de cette révolte du peuple.
35:47Est-ce que vous analysez cette victoire de Trump comme telle, comme une révolte du peuple contre les élites ?
35:52On va juste écouter quelques Français, interrogés cette semaine par nos équipes.
35:56On leur a posé cette question simple.
35:58S'agit-il, selon vous, d'une révolte populaire et démocratique contre les élites ?
36:02Écoutez leur réponse sur CNews et Europe 1.
36:05Je le comprends, oui, tout à fait.
36:07Les inégalités se creusent entre le monde élitiste et le peuple.
36:12On a le même problème, mais à beaucoup moins grande échelle.
36:15Oui, nous, les élites, nous sommes trop déconnectés de la réalité du terrain.
36:19Je ne suis pas très Trump, même pas du tout, mais il fait partie de…
36:24Il a parlé correctement aux Américains, tout simplement.
36:27C'est ce qu'ils voulaient entendre, c'est le nationalisme, le pays avant tout.
36:32Les élites vivent, je pense, dans un monde qui leur est propre,
36:35un monde où l'argent ne compte pas,
36:38alors qu'aujourd'hui, les peuples des démocraties sont beaucoup touchés par la crise
36:44et je pense qu'en fait, l'argent compte beaucoup pour eux.
36:48Qu'ils parlent à une autre Amérique, celle qui travaille,
36:50c'est un peu au fond l'Amérique des gilets jaunes, et ça, on peut comprendre ici.
36:55Alors bien sûr, le personnage, il peut des fois laisser à désirer,
36:58mais il parle aux gens simple, et ça, ça parle.
37:01C'est intéressant ce que disent les Français.
37:02Bien sûr.
37:03Ils ont tout compris, comme toujours.
37:04Forcément, les Français, ce que vous avez choisi sur un trottoir,
37:07je suis d'accord avec ce que ce monsieur dit, bien sûr.
37:09C'est le président des gilets jaunes.
37:11Le problème des gilets jaunes, c'est qu'ils se sont fait avoir avec Mélenchon,
37:14la CGT, le PC, etc., qui ont récupéré cette colère,
37:17qui était une colère de Girondines, c'est-à-dire en province.
37:20C'était sur les ronds-points des villes ou des sous-préfectures de province.
37:23Et puis d'un seul coup, Mélenchon, qui avait commencé par cracher dessus,
37:25avec Coquerel dans la salle des Quatre Colonnes,
37:28ils se sont dit, oh là là, il y a quelque chose à récupérer ici.
37:30Allons-y, allons maintenant derrière les gilets jaunes.
37:34Mais c'est une voie qui est restée là.
37:36C'est une voie qui est restée en travers de la gorge,
37:37si je puis me permettre l'expression, avec les gilets jaunes.
37:39Et il manque en France quelqu'un qui pourrait donner de la force,
37:43de la puissance à cette voie.
37:45– Il n'y a pas de Trump français, Michel Enfray.
37:47– Non.
37:48– Personne n'est comparable à Donald Trump.
37:50– Non, c'est pour ça qu'on a cherché, on a dit,
37:52dans l'invectif, dans la grossièreté, il fait songer à Jean-Luc Mélenchon.
37:56D'autres ont dit, ah mais non, plutôt à Jean-Marie Le Pen.
37:58Mais non, c'est plutôt Marine Le Pen. Non, pas du tout.
38:00Je pense que tous ces gens-là, Marine Le Pen et Mélenchon compris,
38:03sont des gens qui veulent rester dans la configuration européenne.
38:06Donc si vous restez dans la configuration européenne,
38:08vous n'avez pas le choix d'obéir à la nation française ou au peuple souverain.
38:12Vous obéissez à ce que l'Europe vous propose.
38:15Donc il faudrait quelqu'un qui dise, les Français d'abord,
38:18j'en entends aucun le dire, et qui nous dise,
38:20on va faire une politique qui sera prioritaire pour les Français.
38:24On va aider les Français, aimer les Français, c'est le peuple français.
38:28Et puis après, si d'autres veulent venir de partout de la planète,
38:30c'est leur affaire.
38:31Mais peut-être qu'on leur dira que ce n'est pas forcément l'hôtel, obligatoirement.
38:34Et là, je ne vois personne, dans les grands candidats susceptibles.
38:37Mais c'est peut-être l'heure pour que quelqu'un...
38:39Quelqu'un se lève.
38:40Immerge.
38:41Un tout petit mot sur le célèbre politologue américain Francis Fukuyama,
38:44qui a récemment exprimé que l'élection de Donald Trump,
38:48c'était le rejet décisif du libéralisme.
38:51C'est à peu près l'inverse de ce qu'il a dit depuis 20 ans.
38:53Formidable.
38:54Et ça, j'ai adoré ça.
38:56qui reprend ces thèses qui ont été données dans un journal aux États-Unis.
39:01Et en deux mots, Francis Fukuyama, c'est quelqu'un qui nous disait
39:04qu'après la chute du mur de Berlin, le libéralisme allait triompher,
39:07que rien n'allait s'opposer au triomphe planétaire du libéralisme.
39:10Et vous aviez en face de lui Samuel Huntington, qui avait un livre.
39:13Ça, ça s'appelait « La fin de l'histoire et le dernier homme » pour Fukuyama.
39:16Et pour Samuel Huntington, il y avait un autre livre
39:18qui était « Le choc des civilisations ».
39:20Et Huntington, lui, disait non, il y a des blocs de civilisations
39:23qui sont des blocs spirituels et religieux.
39:25Et de fait, si vous mettez de côté tout ce qui est religieux,
39:29vous ne comprenez pas grand-chose à la géopolitique.
39:31C'est-à-dire la Chine est confucienne, l'Inde est hindouiste,
39:34l'Europe est judéo-chrétienne, mais même dans l'Europe judéo-chrétienne,
39:37vous avez des catholiques, mais vous avez des protestants,
39:39vous avez aussi des chrétiens orthodoxes.
39:41Et ce qu'il se passe en Ukraine avec la Russie a à voir également
39:44avec les conciles théologiques que les gens ne connaissent pas.
39:46Mais pendant dix siècles, les conciles ont fait la loi.
39:49Et il y a un substrat spirituel aux conflits de civilisation,
39:53aux guerres de civilisation.
39:54Moi, je défends Huntington depuis le début.
39:56Et je me souviens, j'étais chez Grasset à l'époque,
39:58j'étais évidemment un dangereux personnage,
40:00puisqu'il fallait absolument défendre, il fallait m'inquiéter,
40:03le penseur du libéralisme.
40:04Et voilà cet homme qui nous dit, je suis un peu trompé.
40:07Ce n'est pas vraiment comme ça que les choses se sont passées.
40:09Il y a quand même quelqu'un qui nous dit à un moment donné
40:11qu'il a mésestimé l'impuissance de l'islam
40:13en disant que l'islam n'était pas capable de gouverner.
40:15L'islam est au pouvoir depuis 1974 en Iran
40:18et dans plein d'autres pays du monde, le Pakistan, etc.
40:22Et ils gouvernent.
40:23Et ils ont une aspiration à gouverner.
40:25Et l'ouma a une aspiration planétaire, gouvernement.
40:28Donc l'idée que Fukuyama ait pu dire autant de bêtises
40:30qu'il ait pu être soutenu par tous les défenseurs de Kamala Harris en France,
40:34Saint-Germain-des-Prés, la gauche bobo, etc.
40:37Tous ces gens-là qui nous disaient,
40:38Huntington, il crée les conflits.
40:40Mais non, Huntington, ce n'est pas le cancérologue qui crée le cancer,
40:42c'est celui qui diagnostique le cancer.
40:44Huntington, il disait, c'est comme ça que ça va se passer.
40:46Et ça se passe effectivement comme ça.
40:48Les blocs spirituels sont des blocs géopolitiques aujourd'hui.
40:52On est en face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
40:54On va écouter donc le général de Gaulle, Michel,
40:56lorsqu'il a sollicité les Français par référendum
40:58pour approuver l'élection du président de la République au suffrage universel 1962.
41:03On écoute le général de Gaulle en 1962.
41:05Il a clairement corrélé la réponse des Français à la suite de son action.
41:09Archive.
41:10Quant à moi, chaque oui de chacune de celles,
41:19de chacun de ceux qui me l'aura donné,
41:24me sera la preuve directe de sa confiance et de son encouragement.
41:31Or, croyez-moi, j'en ai besoin pour ce que je puis faire encore.
41:40Comme hier, j'en avais besoin pour ce que j'ai déjà fait.
41:46Ce sont donc vos réponses qui me diront, le 28 octobre,
41:54si je peux et si je dois poursuivre ma tâche.
42:01Voilà pour le général de Gaulle, Michel Onfray.
42:03On voit bien que là, il dit, c'est où vous me dites oui, où je m'en vais.
42:06Et il n'y a pas de demi-mesure.
42:07C'est le génie de la Ve République de réunir la monarchie et la République.
42:13La monarchie, c'est le pouvoir d'un seul.
42:15D'où le suffrage universel.
42:16J'ai vu que c'est 1962, c'est l'élection du président de la République au suffrage universel direct.
42:20Il dit que la volonté du peuple va générer la désignation d'une personne.
42:25Cette personne n'a pas des droits, mais des devoirs à l'endroit du peuple.
42:29C'est le contraire de Macron, qui pense que parce qu'il a été élu, il a tous les droits sur le peuple.
42:33Le général de Gaulle dit, ça me donne des devoirs.
42:35Moyennant quoi, si je perds ce contrat social entre vous et moi, je suis le monarque,
42:39mais en même temps, la République, c'est que vous disposez de la guillotine.
42:42La guillotine, c'est quoi ? Les élections.
42:44Vous votez contre moi, contre moi, mon parti, mes représentants, etc.
42:48ou ceux qui se réclament de moi, je m'en vais.
42:50Et c'est le coup de génie.
42:51Parce que voilà un homme qui dit, mais moi, je suis à votre service.
42:54Ce n'est pas quelqu'un qui dit, comme Macron, la France, la France, c'est moi.
42:57Et si je perds, je reste.
42:58Non, il dit, si je perds, c'est que vous ne voulez pas de moi.
43:00Si vous ne voulez pas de moi, je m'en vais.
43:02La souveraineté vous revient.
43:03La souveraineté populaire, c'est ça.
43:04La démocratie, on apprenait ça jadis à l'école.
43:06Pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple.
43:08Et le général de Gaulle dit, ce pouvoir, il le dit en 62, à cette date,
43:12doit culminer dans un homme qui, lui, a des devoirs.
43:15C'est-à-dire, il dit, mais je ne suis pas investi des pleins pouvoirs.
43:19Je suis investi du pouvoir que la souveraineté nationale m'aura donné,
43:23que le peuple m'aura donné.
43:25Et aujourd'hui, le peuple passe à la trappe.
43:27Et plus personne n'aurait ce courage-là.
43:28Aujourd'hui, plus personne n'a ce courage-là.
43:30De dire, vous votez contre moi, je m'en vais.
43:34Bien sûr.
43:35Et c'est d'ailleurs pourquoi il y a tant d'instituts de sondage,
43:37et pourquoi il y a tant de conseillers en communication.
43:39Parce qu'il s'agit d'aller...
43:41Alors là, pour le coup, c'est ça le populisme.
43:42Et c'est ça la démagogie.
43:43On utilise le mot n'importe comment.
43:45Mais la démagogie, c'est l'art de séduire le peuple.
43:47Donc on dit, mais que pensez-vous ?
43:49Ah, c'est très exactement ce que je pense.
43:50Vous êtes d'accord sur quoi ? Sur ce sujet ?
43:53Vous êtes pour ou contre la peine de mort ?
43:54Ah, c'est bizarre, moi également.
43:56C'est ça le démagogue.
43:57Le général de Gaulle, il dit, moi je pense ça.
43:59Vous voulez, vous prenez.
44:00Vous voulez pas, ne prenez pas.
44:01Quand le 18 juin, il fait l'appel,
44:03il n'a pas demandé à un institut de sondage ou à des conseillers en communication
44:06combien de gens allaient répondre en disant
44:08vous avez été 0,6% à dire que vous viendriez me rejoindre,
44:11donc je ne fais pas cet appel le 18 juin.
44:13Il y va, et il dit, j'en appelle à l'histoire.
44:15Personne n'en appelle plus à l'histoire.
44:16Personne n'en appelle plus au peuple.
44:18Et le peuple aujourd'hui, il est berné.
44:20Il est subjugué.
44:21A chaque fois qu'on lui demande sa voix,
44:23c'est la plupart du temps pour lui mettre une gifle
44:25dès qu'on aura vu qu'il a mal voté.
44:27Comment vous la voyez, vous, la solution
44:29pour que la concorde nationale revienne d'une façon ou d'une autre ?
44:36Je pense que la structure psychique d'Emmanuel Macron
44:38est ainsi faite qu'il ne changera pas.
44:40Et qu'il n'écoute pas, il n'a pas le souci d'autrui.
44:43Je ne vais pas dire qu'il n'admit la France ni les Français,
44:45vous me reprendrez l'idée.
44:46Non, voilà, je reprendrai l'idée.
44:48On ne pourra pas changer ce personnage
44:50à qui il reste trois années d'exercice du pouvoir.
44:54Je ne pense pas qu'on puisse continuer
44:56après que les gens aient fini par comprendre
44:59qu'effectivement, voter, ne pas voter, ça ne sert à rien
45:01puisque de toute façon, les votes, quand ils ne correspondent pas
45:04à son désir, sont mis à la poubelle.
45:06Ça va être problématique.
45:07Je pense qu'il y a des gens qui ont intérêt
45:09à ce que ça se passe mal pendant ces trois années.
45:11D'abord, il y a une année pendant laquelle
45:13il ne va pas pouvoir dissoudre.
45:14Pendant une année, tous les partis politiques
45:17vont lui mener une vie dure, terriblement.
45:19Sauf peut-être Marine Le Pen qui dira
45:21« j'attends et mon tour viendra »,
45:23pendant que les autres diront « on y va, on y va, on y va ».
45:25C'est-à-dire qu'il y a une stratégie en permanence
45:28de « arrivons sur Matignon, embastillons le Premier ministre,
45:32arrêtons les trains, interdisons les avions,
45:34coupons les robinets d'essence », ce genre de choses.
45:37Il va y avoir tout ça ?
45:38Il va faire quoi Emmanuel Macron pendant tout ce temps-là ?
45:40Je vois ça mal.
45:41Je pense que s'il y avait un soupçon de gaullisme chez lui,
45:43peut-être, je ne sais pas ce que pense Brigitte Macron.
45:46Je ne sais pas ce qu'elle pense, cette femme,
45:48de la dérive de son homme, de son mari.
45:51Elle doit être seule, elle aussi,
45:53parce que j'ai assez confiance en elle.
45:55Je pense que ça me paraît être une belle personne.
45:57Et je pense qu'Emmanuel Macron est dans une solitude incroyable
46:00et il semble n'écouter personne.
46:02Mais il y a un moment donné où il faudrait lui dire
46:04« mais pour les Français, pour la France,
46:06et pour toi-même, et pour l'histoire, laisse ta place.
46:08Laisse ta place, tu as échoué.
46:10Fais confiance au peuple. »
46:12Quand il dit « oh, mais moi, j'ai confiance au peuple. »
46:14Vous vous souvenez quand il a dit « il ne faut pas avoir peur
46:16d'aller demander au peuple son avis. »
46:18Après, quand on demande son avis au peuple
46:20et que le peuple dit « ben oui, mais non, on ne veut pas de toi. »
46:22Là, il dit « le peuple s'est trompé. »
46:23C'est l'époque où il disait « vous n'avez qu'à venir me chercher. »
46:25Et quand on vient chercher, là, il y a des cordons de police,
46:27il y a des choses, on ne peut pas aller les chercher véritablement.
46:29Pour terminer, vous citez l'éclésiaste Michel.
46:31C'est une merveilleuse phrase. Laquelle ?
46:33« Malheur à la ville dont le prince est un enfant. »
46:36C'est un peu le cas de notre pays.
46:38En amont.
46:40Merci Michel Onfray.
46:42C'est déjà terminé.
46:44Merci pour cette belle saison qu'on a passée ensemble.
46:46C'est moi qui vous remercie.
46:48Merci à tous ceux qui nous écoutent.
46:50Et qui nous regardent, auditeurs et téléspectateurs.
46:52On repeint ces news, ils sont de plus en plus nombreux.
46:54Donc on les remercie du fond du cœur.
46:56Et puis on se retrouve à la rentrée.
46:58On redémarre une nouvelle saison de Face à Michel Onfray.