Surconsommation, pollution... 3 questions au député à l'origine de l'une des propositions de loi pour mieux réguler la "fast fashion".
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 04 mars 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 04 mars 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
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00:02 RTL
00:06 Les trois questions du petit matin.
00:08 Comment dissuader les clients d'acheter des t-shirts, des chemises, des pantalons en provenance du bout du monde et vendus à tout petit prix ici, chez nous en France ?
00:15 On pense à Chine, on pense à Timu. Bonjour Antoine Vermorel Marques.
00:19 Bonjour Jean-Pierre Florent.
00:21 Vous êtes député Les Républicains et auteur d'une proposition de loi pour mieux réguler la fast fashion, la mode jetable.
00:28 Vous dites qu'il faut que le made in France soit moins cher et que le made in China soit plus cher. Comment vous faites ?
00:34 C'est le système que l'on propose qui n'est pas une taxe supplémentaire mais qui est un bonus/malus.
00:40 Au même titre que vous avez un bonus/malus sur l'automobile, ce que l'on propose c'est qu'on ait aussi un bonus/malus sur les vêtements issus de la fast fashion.
00:47 Et que tous les vêtements qui effectivement sont produits dans des conditions sanitaires, sociales, environnementales qui ne respectent pas nos normes,
00:54 soient davantage taxés et qu'au contraire le made in France et le made in Europe soient davantage aidés grâce à un bonus.
01:00 Un bonus ou un malus de combien concrètement ? 5 euros ?
01:04 Un malus pouvant aller jusqu'à 5 euros par produit.
01:07 De façon à ce qu'effectivement tout ce qui est mode jetable acheté sur internet, qui sont souvent des vêtements à 2, 3, 4 euros,
01:15 le concept c'est vraiment j'achète un vêtement, je le porte une fois et ensuite je le jette.
01:19 Ce mode de consommation qui n'est pas durable, qui détruit nos emplois parce qu'il est aussi de plateformes qui n'en créent aucune en France
01:26 et les grandes faillites comme Camailleux ou d'autres sont aussi liées à ces grandes plateformes qui nous inondent aujourd'hui,
01:31 on puisse lutter contre de façon à rééquilibrer le marché.
01:34 Donc un t-shirt vendu aujourd'hui 4 euros, il coûterait combien si votre proposition de loi est adoptée ?
01:41 S'il ne respecte aucune norme sociale et environnementale, il pourrait coûter jusqu'à 9 euros.
01:45 Mais par contre, le t-shirt français qui est à 14 euros, lui, il pourrait avoir un bonus de 5 euros aussi et donc coûter 9 euros.
01:52 Et à la fin, entre le "Made in China" et le "Made in France" au même prix, vous allez choisir le "Made in France".
01:56 Ce sera mieux pour votre portefeuille, ce sera plus durable et ce sera encore davantage meilleur pour nos emplois français.
02:02 Alors c'est merveilleux, mais ce système de bonus malus, il existe déjà ?
02:05 C'est la loi AJEC, la loi anti-gaspillage et économie circulaire qui fait varier le prix ?
02:10 Alors c'est effectivement la loi AJEC, mais on est dépassé.
02:13 Elle a été votée il y a 5 ans, mais elle fait varier le prix jusqu'à 20%.
02:16 Et sur un t-shirt à 2 euros, faire varier le prix à 20%, ça vous le porte à 2,40 euros.
02:21 Ce n'est pas ça qui est suffisamment incitatif pour vous aider à acheter français et durable.
02:26 Et donc c'est pour ça qu'on propose de faire sauter ce seuil de 20% pour prendre un bonus malus de 5 euros par produit.
02:32 Vous visez qui là concrètement ?
02:35 Je vise toutes les entreprises asiatiques qui viennent inonder notre marché sans respecter nos normes.
02:41 Vous savez, c'est un peu le même sujet que nos agriculteurs.
02:43 On impose des normes aux industriels du textile et on laisse importer sur notre territoire des produits qui ne respectent pas ces normes-là.
02:50 Et ce sont des entreprises qui ne créent aucun emploi en France.
02:53 Moi, je viens d'un territoire, le territoire rouennais, où on a délocalisé toutes nos industries textiles dans les années 80.
02:58 Mais on avait encore des magasins.
03:00 Maintenant, on délocalise notre industrie textile.
03:02 Donc on ne crée plus de vêtements en Europe.
03:04 Mais en plus, on fait fermer nos magasins de centre-ville parce que ces achats se font uniquement par Internet,
03:09 en direct depuis Shanghai et livrés à 100% par avion, ce qui est catastrophique pour l'empreinte carbone du vêtement.
03:14 Donc vous ne visez pas les marques de textile, les marques françaises qui font fabriquer à l'étranger ?
03:21 Non, on cible uniquement les marques qui ne créent aucun emploi sur notre territoire.
03:24 Alors, vous avez entendu la directrice de communication de Chine en France qui dit
03:30 "on produit en petits lots", c'est-à-dire qu'on est à des niveaux de stock et d'invendus qui sont bien inférieurs à 10%,
03:36 alors que les acteurs traditionnels, eux, sont entre 20 et 40% d'invendus.
03:41 Mais le vrai problème de Chine et de l'ultra-fast fashion, c'est le nombre de produits mis en ligne.
03:46 Il faut bien savoir que l'ultra-fast fashion comme Chine, c'est 7000 nouveaux produits par jour
03:51 qui sont créés par l'intelligence artificielle pour vous inciter à surconsommer et donc surproduire.
03:57 Et c'est ce modèle-là qui ne nous convient pas aujourd'hui,
03:59 parce que comment vous voulez que votre magasin de proximité en centre-ville soit en mesure
04:04 de vous proposer 7000 nouveaux produits par jour ?
04:07 C'est simplement impossible et donc il faut qu'on arrive à réguler le marché
04:11 de façon tout simplement à inciter Chine à produire plus propre, plus vertueux,
04:15 à venir implanter ses usines en Europe,
04:18 et de façon à ce que nous, nous puissions créer de l'emploi et avoir des industriels qui, eux,
04:22 arrivent à relever la tête, parce qu'aujourd'hui, ils sont concurrencés de manière complètement déloyale par ce type de plateforme.
04:27 - Votre proposition, c'est pénaliser d'abord le client, non ?
04:31 - Ce n'est pas pénaliser d'abord le client, puisque c'est un système de bonus-malus.
04:34 - Justement, ce n'est pas une taxe, c'est à la charge du client ?
04:38 - Non, c'est à la charge du producteur, et si le producteur change son mode de production, il n'a pas de malus.
04:42 C'est vraiment ça l'idée, l'idée ce n'est pas d'interdire, l'idée c'est de réguler le marché.
04:46 On a un marché aujourd'hui qui crée de la pollution, qui a des externalités négatives,
04:51 et notre rôle c'est de les réinternaliser.
04:53 Et le jour où Chine change son mode de production, vient produire en France ou en Europe,
04:58 et vous fournit des vêtements plus durables, parce qu'aujourd'hui ce sont des vêtements,
05:01 comme on le disait en début d'interview, des vêtements issus de la mode jetable,
05:05 je porte une fois, je jette ensuite.
05:07 S'ils changent de modèle de production, alors ils auront un bonus,
05:10 et ça sera bénéfique pour vous, pour l'entreprise, pour l'emploi, et pour notre environnement.
05:14 - Vous dites chiche à Chine. Merci beaucoup Antoine Vermorel, député Les Républicains.
05:18 Merci d'avoir été avec nous sur RTL.
05:20 - Merci Jérôme Florent. - Bonne journée.
05:23 Retrouvez cette interview sur RTL.fr
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