L'édito de Paul Sugy : «Salon de l'Agriculture : où est passée la gauche ?»

  • il y a 7 mois
Dans son édito du 04/03/2024, Paul Sugy revient sur l'absence flagrante des élus de gauche au Salon de l'Agriculture et en particulier celle de Jean-Luc Mélenchon.

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Transcription
00:00 - Oui Romain, une déambulation au Salon de l'agriculture, on dit souvent plus long que toutes les études des meilleurs instituts de sondage
00:04 et on peut commencer par là.
00:05 Tous les politiques s'y rendent, dit-on, tous, non.
00:08 Un irréductible refuse depuis 10 ans d'y mettre les pieds, de qui s'agit-il ?
00:11 Bien sûr de Jean-Luc Mélenchon.
00:13 Rien que ce choix en dit long sur la fracture qui s'est creusée entre la France insoumise
00:17 et donc son chef de file et le reste du pays.
00:19 Jean-Luc Mélenchon n'y va pas, il envoie ses lieutenants à la place
00:22 car il s'en prend au productivisme agricole dont le Salon serait selon lui la grand-messe.
00:26 Il faut dire aussi qu'il n'y a pas toujours été bien reçu lorsqu'il y mettait les pieds
00:30 et que probablement ça sera encore le cas aujourd'hui.
00:33 Pour le reste, donc à l'exception de Fabien Roussel dont la visite a été un peu plus animée que les autres,
00:37 la gauche est allée au Salon plutôt dans l'indifférence générale.
00:41 Marie Toussaint et Marine Tondelier y sont allées pour Europe Écologie Les Verts sans même qu'on les reconnaisse.
00:45 Le parisien a fait un article très drôle où il expliquait que les gens se demandaient
00:48 qui était la dame avec les journalistes autour.
00:50 Mais souvent les gens ne savaient pas.
00:51 Raphaël Glucksmann, donc aussi pour l'indifférence.
00:54 Manon Aubry n'a surtout bénéficié d'un peu de lumière que parce qu'elle y a débattu avec François-Xavier Bellamy.
00:59 Mais c'est vrai que le face-à-face entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella,
01:03 qu'on a beaucoup commenté sur ce plateau,
01:04 éclipsant au passage aussi un peu Gabriel Attal, a semblé plus incontournable que jamais.
01:09 Marion Maréchal et Marine Le Pen ont été aussi à le reçu en rockstar.
01:13 Les Républicains ont défilé si nombreux qu'on ne pouvait simplement pas mettre un pied dans le Salon
01:16 sans les croiser au détour d'un stand.
01:18 Alors donc la présence du chef de l'État puis des délégations de droite
01:22 ont un peu éclipsé celle des élus, des candidats de gauche si on vous suit bien ?
01:26 Oui c'est ça et elles ont focalisé une attention médiatique plus forte.
01:29 La vraie question en réalité depuis plusieurs semaines,
01:31 pas seulement au sein de l'agriculture, c'est tout simplement où est passée la gauche ?
01:34 On se le demande. Alors à trois mois des élections européennes dans les sondages,
01:37 on a déjà la réponse, la gauche est loin derrière.
01:39 Le grand duel entre l'ERN et la majorité écrase tout.
01:43 Mais selon la plupart des instituts de sondage,
01:44 aucune liste de gauche ne dépasse pour l'heure les 10%
01:46 et surtout le total cumulé arrive à peine à rassembler un quart des électeurs.
01:51 Et au-delà des sondages, c'est un peu comme si de façon générale
01:54 la campagne avait commencé par un faux départ partout à gauche.
01:56 Europe Écologie, l'EVER qui s'était lancée très tôt,
01:59 n'a finalement jamais réussi à installer véritablement sa candidate.
02:02 Au-delà du fait qu'on ne reconnaît pas Marie Toussaint au sein de l'agriculture,
02:04 elle peine à installer une stature politique
02:08 au-delà de cette figure un peu d'étudiante branchée écolo-friendly
02:10 qu'elle affiche sur les plateaux de télévision.
02:12 Manon Aubry pour la France Insoumise multiplie courageusement les fronts
02:15 mais sa présence médiatique ne suffit pas à redonner du souffle
02:18 à un mouvement qui semble un peu asphyxié depuis le 7 octobre
02:21 et ses positions internationales tenues depuis
02:24 qui ont fâché évidemment une bonne partie du pays.
02:27 Finalement c'est peut-être Raphaël Glucksmann la star,
02:29 celui en tous les cas sur lequel le plus d'espoir se focalise,
02:33 sur lequel s'agrège aussi de vieilles gloires
02:35 comme Daniel Cohn-Bendit ou José Bové.
02:37 Sa personnalité fait un peu parler
02:38 mais ça ne se traduit pas pour le moment de manière électorale
02:41 dans les instituts de sondage.
02:42 Bref, à gauche, de toute façon, on ne se bat que pour des miettes du gâteau.
02:46 - Alors comment en est-on arrivé là Paul ?
02:48 Les dernières séquences d'actualité n'ont pas vraiment profité à la gauche.
02:51 Alors on a beaucoup parlé de la crise agricole
02:53 qui a été incarnée par un peu le sein de l'agriculture
02:57 comme étant le moment fort de l'expression de cette crise.
02:59 Et c'est vrai que la crise du monde agricole
03:01 a mis les écologistes face à leur contradiction,
03:03 en tous les cas face aux conséquences parfois délétères de leur programme.
03:06 Et puis prenez en retour, comme le fait la France Insoumise,
03:08 le retour peu ou prou du colco stalinien.
03:11 Ce n'est pas non plus une mesure plébiscitée par les agriculteurs.
03:13 Et puis s'agissant du reste,
03:15 qu'est-ce qu'apporte la gauche dans le débat public,
03:16 notamment sur les questions de société, une vision progressiste
03:19 qu'Emmanuel Macron a préemptée,
03:20 puisque tout à l'heure il va faire voter,
03:22 en tout cas il va s'attribuer la gloire
03:24 de l'inscription de la constitutionnalisation de l'IVG.
03:27 Donc en plus la gauche n'a plus grand-chose à apporter de neuf
03:29 par rapport à Emmanuel Macron qui fait très bien le travail tout seul.
03:31 [Musique]
03:35 [SILENCE]

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