Qui va s'emparer de la rente productive de l'intelligence artificielle ? [Olivier Passet]

  • il y a 6 mois
Qui va capter la rente de l’IA ? La puissance de sa diffusion, son caractère générique, font que toute organisation aujourd'hui est concernée par son usage. Elle bouscule toutes les pratiques et amène à reprofiler les métiers, le design des organisations et des chaînes de valeur. Avec dans un premier temps, des acteurs producteurs de l’IA qui captent l’essentiel de la rente technologique, puis une promesse de gains de productivité chez les utilisateurs qui redéfinit le partage de la valeur entre travail et capital, entre qualifications et entre les entreprises elles-mêmes. [...]

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00:00 [Générique]
00:09 Qui va capter la rente de l'IA ?
00:11 La puissance de sa diffusion, son caractère générique font que toute organisation aujourd'hui est concernée par son usage.
00:18 Elle bouscule toutes les pratiques et amène à reprofiler les métiers, le design des organisations et des chaînes de valeur.
00:25 Avec dans un premier temps des acteurs producteurs de l'IA qui captent l'essentiel de la rente technologique,
00:32 puis une promesse de gain de productivité chez les utilisateurs qui redéfinit le partage de la valeur entre travail et capital,
00:40 entre qualifications et entre les entreprises elles-mêmes.
00:44 Concernant le premier aspect, celui de la captation de la rente producteur, l'histoire est déjà en marche.
00:50 Les GAFAM ou autres géants du net américain sont à la manœuvre et maîtres du jeu.
00:56 Microsoft et Google en tête, fort de leur alliance à la finance.
01:01 Avec d'un côté le capital risk qui surfinance les startups et de l'autre des géants surcotés qui cofinancent et intègrent les pépites prometteuses à leur écosystème,
01:11 à l'instar du français Mistral, déjà en partenariat avec Microsoft.
01:16 En l'état, l'accélération IA n'est pas une disruption qui ébranle les positions acquises.
01:22 Elle rallume certes la concurrence et redéfinit le partage de la valeur entre les mastodontes, mais il est peu probable qu'elle fasse des morts.
01:30 Des groupes comme Meta ou Amazon bénéficient de l'accélération de l'IA quand on aurait pu les croire bousculés.
01:38 Et même Apple n'est que peu malmenée en bourse par son retard à l'allumage.
01:42 Leur complémentarité les protège car l'IA entraîne dans son sillage tout l'écosystème du cloud, en passant par les semi-conducteurs jusqu'au ciblage publicitaire plus performant.
01:53 Grand donneur d'ordre, les GAFAM tirent toute la chaîne de valeur, comme en témoigne l'embrasement boursier de Nvidia, positionné en amont sur les puces.
02:03 Aujourd'hui, l'heure est à la concentration de la rente technologique et au vu de l'envolée des profits des GAFAM,
02:10 multipliés par 4,3 en 10 ans, et plus généralement de la tech, ce sont les États-Unis qui jouent gagnant.
02:17 La captation des gains de productivité liés à l'utilisation de l'IA est plus délicate à décrypter.
02:24 D'une part parce que, comme pour l'Internet, il n'est pas exclu que l'on voit l'IA partout, sauf dans la productivité.
02:31 Pourquoi ? Parce que ce tournant impératif crée d'abord de nouvelles astreintes et de nouveaux coûts fixes,
02:38 en mobilisant des compétences de pointe et des prestations externalisées rares et coûteuses.
02:44 Le consulting, les sociétés informatiques s'y engouffrent, déployant tous les outils marketing pour vendre des solutions,
02:51 dont le mimétisme ne permet pas toujours aux entreprises de créer un avantage concurrentiel.
02:56 Derrière les GAFAM, ce sont donc ces prestataires B2B spécialisés qui extraient la rente,
03:03 avec un pouvoir de négociation tel que dans un premier temps cela se fait souvent au détriment des entreprises utilisatrices.
03:11 Car pour qu'il y ait retour sur investissement, il faut une reconfiguration des produits, des métiers et des organisations, un processus à infusion lente.
03:22 L'IA génératif, produit d'appel spectaculaire, n'apportera des gains valorisables sur un marché que sous condition.
03:30 Elle permet aux organisations de fluidifier l'engorgement de data généré par le net, de démultiplier les chats et les synthèses.
03:38 Cet accélérateur pallie d'abord les dysfonctionnements issus de la prolifération de l'information et de la communication,
03:45 plus qu'il ne réduit le temps qui y est dédié.
03:48 Et seules les entreprises capables d'y adosser une amélioration de leur output pourront capter de la valeur.
03:55 L'IA, dans son acception large, augmente incontestablement l'efficacité des professions hautement qualifiées,
04:02 mobilisant des corpus de connaissances complexes (métiers juridiques, scientifiques, médecine, enseignement, programmation, etc.).
04:09 Mais là aussi, il s'agit moins d'une substitution de l'homme par l'outil,
04:14 que d'une opportunité de réaffecter un temps aujourd'hui gangréné par des tâches répétitives ou lentes, sur le cœur de métier et la relation humaine.
04:23 Avec pour promesse une amélioration des services, des externalités, une réduction des files d'attente, mais dont la valorisation par le marché n'a rien d'évident.
04:34 Et au fond, ce sont les professions de qualification intermédiaire, dans la gestion, la comptabilité par exemple,
04:40 mais aussi les métiers peu qualifiés de manutention, de sécurité, de logistique,
04:45 qui sont en première ligne d'une alliance toujours plus efficace entre les machines et l'intelligence.
04:52 Et si demain les entreprises doivent extraire une rente, ce sera d'abord par l'automatisation des services,
04:58 et au détriment des qualifications faibles ou intermédiaires.
05:02 [Musique]

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