• il y a 2 mois
Xerfi Canal a reçu Henri-Jacques Citroën, famille Citroën, Vice-Président de l’ADIT et conseiller du commerce extérieur, pour parler d'un "alliage sociétal" pour redonner un élan à la France.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Henri-Jacques Citroën, vous êtes vice-président de l'ADIT, vous êtes conseiller
00:14du commerce extérieur de la France. Interview dans le Figaro et vous nous dites qu'il
00:20faut forger un alliage sociétal pour redonner un élan à la France. Qu'entendez-vous
00:25par un alliage sociétal ? Ça me fait raconter une histoire qui remonte
00:30à une vingtaine d'années quand j'habitais le Vénézuela. Je conseillais un certain
00:35nombre d'entreprises, de grandes entreprises françaises dans le domaine des relations
00:40institutionnelles, la communication, la RSE. Je conseillais en particulier Total, aujourd'hui
00:45Total Energy qui était un très gros investisseur au Vénézuela qui venait d'arriver et qui
00:51m'avait contacté parce qu'au départ il voulait que je leur crée leur réseau
00:55de relations, ce que j'ai commencé à faire, c'était une période assez intense.
00:59Et puis on a créé évidemment un gros département RSE, puis on a lâché les employés du département
01:06RSE dans la nature et donc ils contactaient les gens ici et là pour voir un peu comment
01:10est-ce qu'on pouvait se rapprocher des populations dans les régions où on allait
01:13travailler. Et en fait ils revenaient avec ce qu'on appelait les shopping lists, la
01:17garde nationale qui a besoin de pièces de rechange, tiens, le maire, est-ce que tu
01:21peux me réparer l'école, tiens. Et donc on pensait faire bien les choses comme ça
01:26en satisfaisant les besoins. Et puis un jour, il y a eu un gros incident, il y a une communauté
01:34voisine à qui on a confié un contrat, démontage d'un rig de forage, de transport et remontage
01:41qui se présente pour commencer son travail. Une autre communauté n'était pas contente
01:44parce qu'elle n'avait pas eu le contrat, elle commence à discuter entre elles et puis
01:47il y a un type qui sort son pistolet, qui tire dans le tas, deux morts, trois blessés.
01:51Donc on s'est dit, on n'a rien, c'est la catastrophe. Puis on n'a rien vu venir,
01:56on ne comprend rien ce qui se passe en fait, il faut qu'on sache un peu plus ce qui se
01:59passe dans notre environnement. Puis on consulte un certain nombre de personnes qui connaissaient
02:04le sujet, puis on tombe sur une dame qui était la reine des associations tripartites comme on
02:11disait, donc les entreprises, les communautés voisines et les autorités locales qui nous
02:15disent écoutez, ce n'est pas du tout comme ça qu'il faut s'y prendre, il faut vraiment que
02:19vous connaissiez de manière intensive, exhaustive, les parties prenantes de votre environnement
02:28politique, économique et social. Donc vous allez voir le curé du village, les chefs des pompiers,
02:34les leaders des bidonvilles, tous les gens qui vous entourent, d'ailleurs pour se présenter,
02:39pour saluer les gens, pour se connaître et puis pour savoir quels sont leurs besoins et
02:44puis quels sont les moyens dont ils disposent. Parce que l'idée de la manœuvre, c'est qu'une
02:48fois qu'on connaît toutes ces parties prenantes, c'est d'entamer des dialogues avec tout le monde
02:52pour arriver à créer des alliances qui vont se matérialiser dans des projets concrets dans
02:57lesquels chacun apporte du sien. Ce n'est plus simplement l'entreprise qui fait un chèque,
03:00chacun va apporter du sien. Et donc vous voyez, en mettant pratiquement peu d'argent sur la table,
03:08mais en étant l'organisateur et puis en créant quelque chose, voilà. Et donc c'est pour ça que
03:13j'ai utilisé le terme, après je me suis dit, alliage sociétal. Parce que moi qui ai vendu
03:17pendant très longtemps des produits chirurgiques de l'acier et donc des alliages, un alliage c'est
03:24un ensemble d'éléments que vous mettez ensemble, donc vous fusionnez pour arriver à un certain
03:30nombre de qualités pour l'acier en question. Et donc là je me suis dit, là c'est pareil,
03:35il y a des gens de diverses origines, de divers horizons, de diverses professions. On va les
03:46mettre ensemble et puis on va se connaître et on va dialoguer et on va dialoguer dans le temps. Et
03:51je peux vous dire une chose, et ça vous pouvez consulter toutes les entreprises pour qui on a
03:55fait ce travail au Venezuela, on a eu la paix sociale absolue pendant toutes ces années alors
04:01qu'on était en pleine révolution de Chavez. Donc quand il y a une révolution, les choses par
04:06définition sont bouleversées. En plus de ça, quand il y a une révolution, il y a beaucoup d'acteurs
04:12qui apparaissent. Vous avez des milices, vous avez les cercles bolivariens, vous aviez des gens qui
04:18étaient formés à Cuba, des syndicats qui apparaissaient de nulle part et tout. Et tout le
04:22monde est là, tout le monde veut jouer un rôle et vous dites mais qui est qui, qui fait quoi et
04:26comment je gère tout ça ? Et donc on a réussi, donc on l'a fait pour Total, mais on l'a fait pour
04:32Lafarge, on l'a fait pour Veolia, il y a quelques années on l'a fait pour Lactalis, pour Morel et
04:38Promes. On a réussi à vraiment créer une paix sociale et une tranquillité et une confiance
04:46avec tous les gens qui vous entourent. Bien sûr, merci Henri-Jacques Citroën. Merci pour vos questions.

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