• il y a 9 mois
Transcription
00:00 Il n'est pas un quartier de Paris qui ne recèle une trace de l'histoire coloniale.
00:04 Actuellement, devant le musée de l'histoire de l'immigration à Porte Dorée à Paris XIIe,
00:08 en réalité, c'est l'ancien palais des colonies.
00:10 Ce palais des colonies a été édifié pour exalter l'œuvre coloniale de la France en 1931
00:16 pour la grande exposition coloniale internationale qui a rassemblé 8 millions de Français.
00:20 On venait voir ces braves colonisés qui étaient en général infiniment reconnaissants
00:24 à la France de leur avoir permis d'accéder à la civilisation.
00:28 Nous sommes ici devant une mosquée que l'on appelle traditionnellement la mosquée de Paris.
00:33 D'abord parce que c'est la plus grande mosquée de la capitale
00:36 et en plus parce que ça fut la première.
00:38 Cette mosquée est un remerciement fait par les autorités françaises
00:42 aux soldats maghrébins qui sont morts ou qui ont combattu,
00:45 et ceux qui sont morts pendant la Première Guerre mondiale.
00:47 C'est un cadeau tout à fait paternaliste.
00:49 Il y a devant le siège de l'Assemblée nationale
00:53 quatre grands personnages qui ont illustré l'histoire de ce pays,
00:56 parmi lesquels Colbert, très controversé pour la particularité
01:00 qu'il a été le père de l'esprit de ce qu'on appelait le Code noir.
01:03 Le Code noir était une codification en quelque sorte de la traite négrière.
01:07 Du début du XVIIe siècle jusqu'à 1848,
01:10 il y a eu donc cette pratique amominable qui consistait à aller chercher en Afrique noire des esclaves
01:15 et de les emmener en Amérique pour les contraindre au travail forcé
01:18 dans des conditions absolument inhumaines.
01:20 Colbert était un grand comité de l'État,
01:21 il était ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui le Premier ministre de Louis XIV.
01:25 Mais certains de mes collègues oublient trop facilement,
01:27 me semble-t-il, le maître de l'époque qui était Louis XIV.
01:30 Il y a de bonnes raisons effectivement de s'en prendre au statut de Colbert.
01:33 N'oublions jamais que Louis XIV règle encore place des victoires à Paris
01:37 ou sur le parvis du Palais de Versailles.
01:38 La ville de Paris regorge de lieux de nostalgie coloniale.
01:45 Il y a à l'intérieur de Saint-Nicolas-le-Chardonnay
01:47 une reproduction de la Vierge qui dominait la ville d'Alger
01:51 qui s'appelle Notre-Dame d'Afrique.
01:52 Il y a là vraiment à l'état pur des gens qui continuent à penser
01:55 que la France a apporté un surcroît de civilisation,
01:58 un surcroît de bonheur au peuple colonisé,
02:00 ce qui est démenti par l'immense majorité des historiens.
02:03 Nous sommes ici sur la place de Port-Royal, dans le 6e arrondissement.
02:08 Cette statue nous donne l'occasion de parler d'une autre colonisation
02:12 qui est la colonisation de l'Indochine.
02:13 Francis Garnier a ouvert les portes d'un œil
02:16 et par-delà même de la totalité du territoire du Vietnam.
02:19 Pour les Vietnamiens, c'est celui qui a en quelque sorte inauguré
02:22 une ère de tragédie sans nom,
02:24 puisque après la conquête du Vietnam
02:26 a commencé un siècle de colonisation française, jusqu'en 1954.
02:30 Et ensuite, les Français ayant passé le relais aux Américains,
02:32 il y a eu la guerre américaine qui s'est terminée en 1975.
02:35 Nous sommes ici devant une place qui porte le nom de l'émir Abdelkader.
02:41 C'est l'aube principale en tout cas des combattants algériens
02:44 qui ont mené la lutte contre la conquête de leur pays.
02:46 Le fait d'avoir marqué "héros national algériens" sous la plaque
02:49 montre bien la volonté de rééquilibrer,
02:52 de montrer qu'il n'y avait pas dans Paris que des traces
02:54 de l'histoire coloniale, de l'histoire des conquêtes,
02:57 mais qu'il y avait également des formes de résistance.