L'élection présidentielle américaine de 2024 approche, mais les Américains semblent peu enthousiastes. La campagne les intéresse-t-elle réellement ? Les déboires judiciaires de Donald Trump pourraient-ils l'empêcher de prendre sa revanche ? L'âge de Joe Biden pourrait-il dissuader les jeunes électeurs de voter pour lui ? Quid des autres candidats comme Nikki Haley ou Robert Kennedy ? Pour répondre à ces questions, nous recevons Célia Belin, directrice du bureau français de l'ECFR (Conseil européen pour les relations internationales) et chercheuse en sciences politiques.
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00:00 Bonjour Sula Belin. Bonjour. Merci beaucoup d'être sur ce plateau. Vous êtes directrice de l'ECFR,
00:05 European Council on Foreign Relations, le conseil européen en relations étrangères.
00:12 Je cherche à vous inviter à la Brookings Institution à Washington.
00:16 Nous sommes le 6 mars, à huit mois quasiment jour pour jour de la présidentielle américaine
00:21 qui aura lieu le 5 novembre prochain.
00:23 Est-ce qu'il peut y avoir une autre affiche que celle qu'on va découvrir pour le 5 novembre prochain ?
00:30 Et sinon, s'il n'y a pas d'autre affiche possible que celle Biden-Trump,
00:35 pourquoi on se retrouve dans le même scénario qu'il y a quatre ans ?
00:39 Alors non, il n'y aura pas d'autre affiche à moins qu'il y ait un pépin de santé pour l'un ou l'autre des candidats qui sont fort âgés.
00:46 On est face à une répétition de 2020.
00:50 Pourquoi ? Parce que ce côté républicain, l'emprise de Donald Trump est toujours très forte sur le parti républicain.
00:56 Il a eu, évidemment, il a souffert de l'action de l'attaque du Capitole du 6 janvier.
01:00 On a cru qu'il ne reviendrait pas. Il est revenu en force en 2023.
01:04 Et de l'autre côté, les démocrates se sont posés la question pendant les deux premières années de mandat de Joe Biden
01:11 de savoir si ce serait, comme il l'avait dit, un président de transition.
01:15 Mais aux élections de mi-mandat de 2022, il y a eu un assez bon score, un plutôt moins mauvais score pour les démocrates.
01:22 Et Joe Biden et sa maison blanche se sont dit "c'est parti pour la réélection".
01:27 Et donc, il est impossible de changer.
01:29 Le système est fait, est polarisé, est ankylosé, est fait pour que ces deux-là, finalement, repartent pour un tour.
01:36 Et on va voir dans un instant, on va essayer de décrypter comment ça peut se passer avec cette affiche
01:41 dont les Américains, nécessairement, ne veulent pas vraiment.
01:45 Mais avant cela, on va écouter Donald Trump, qui a donc remporté, à l'heure où l'on se parle,
01:49 13 des 15 États qui ont organisé, dans la nuit, pour ce Super Tuesday, une primaire ou un caucus.
01:55 Résultat, sans surprise, là encore, on va y revenir. On l'écoute et on en reparle juste après.
01:59 Hermen Charié nous rejoint.
02:01 Nous avons un grand parti républicain avec des talents incroyables.
02:06 Et on va avoir de l'unité, cela va arriver très vite.
02:10 Le succès va apporter de l'unité au pays, comme ça s'est passé avant.
02:15 On avait la meilleure économie jamais vue dans le pays.
02:19 Tout le monde voulait être ensemble, les Afro-Américains, les Américains d'origine asiatique ou hispanique,
02:26 les femmes, les hommes, les personnes diplômées des meilleures universités
02:30 ou au contraire, les personnes qui n'ont pas fini le lycée.
02:34 Toutes les communautés allaient mieux que jamais auparavant et c'était une belle chose.
02:38 Notre pays s'était rassemblé.
02:41 Super Tuesday, super soirée pour Donald Trump. Rebonjour Hermel Charié.
02:47 Vous nous avez rejoint pour cette discussion.
02:49 On va rappeler, Hermel, peut-être le fonctionnement de ces primaires républicaines et démocrates aux Etats-Unis.
02:54 Il s'agit pour les candidats à l'investiture de recueillir un nombre suffisant de délégués
03:00 pour être désignés au moment des conventions qui n'auront pas lieu avant l'été prochain.
03:04 Oui, absolument. C'est la politique américaine, ces primaires qui, à un moment donné, avaient tellement fait envie à des partis en France.
03:11 Rappelez-vous, on parlait de comment est-ce qu'on fait des primaires, c'est-à-dire comment est-ce qu'on dégage finalement un candidat unique
03:17 qui va aller ensuite à l'élection présidentielle.
03:21 Ça ne s'est pas forcément très bien passé d'ailleurs.
03:22 Ça ne s'est pas forcément très bien passé parce que nous, on avait tendance à amener plus de candidats.
03:25 Mais c'est la logique effectivement américaine, elle est là.
03:28 Elle est d'avoir un calendrier qui est très calibré en fait,
03:32 où du coup vous avez une campagne qui se fait dans les partis
03:36 et qui permet en fait après d'avoir une élection d'un certain nombre de délégués
03:40 et quand vous avez atteint, dépassé en fait, les 50%,
03:44 et bien dans ces cas-là vous pouvez être le candidat unique du parti.
03:48 Donc ça vous donne généralement une bataille assez forte dans le cadre du parti
03:52 et aussi en fait pour les autres, l'autre parti qui regarde en face, il entend en fait ce qui ne va pas.
03:58 Parce que lorsque vous avez des affrontements dans les primaires,
04:00 et bien d'un seul coup vous entendez que le parti est bon sur la question économique
04:04 mais il va être moins bon sur une question judiciaire
04:06 ou que tel candidat va être un personnage charismatique, va se réveiller ou pas du tout.
04:11 Alors c'est vrai que du coup, celles-ci, elles sont un peu, j'allais dire décevantes
04:15 parce que finalement, l'affiche elle est pliée très vite puisqu'on parle de Trump et de Biden.
04:20 Alors elle est pliée très vite, maintenant on travaille sur l'actualité.
04:24 On n'est pas à l'abri de n'importe quoi.
04:26 C'est-à-dire qu'on a des questions de procès, on a des questions de santé, on a des questions d'opportunités.
04:31 Vous avez une multitude de choses qui font que du coup ce qu'on dit va être totalement contredit.
04:35 Mais c'est vrai que ce Super Tuesday qui est un point d'orgue dans les primaires
04:40 parce que vous avez 15 Etats qui votent et que vous avez plus de 30% des délégués qui sont désignés.
04:45 Ce Super Tuesday, généralement on l'attend toujours avec, allez j'allais le dire, avec un petit goût savoureux
04:50 en se disant qu'est-ce qui va se dégager.
04:52 Bon là on avait effectivement d'ores et déjà un goût plus précis.
04:56 La conséquence de ça c'est que la campagne en réalité hors des parties a déjà commencé depuis plusieurs semaines.
05:01 Le duel étant déjà désigné avant même d'ailleurs ce Super Tuesday.
05:05 Et là on le disait tout à l'heure Célia Belin, il se passe quelque chose de remarquable, ce rematch,
05:10 qui ne fait rêver aucun Américain.
05:13 Non, quand on sonde les Américains, ils disent qu'ils ne sont pas enthousiastes, qu'ils sont là,
05:20 qu'ils n'ont pas envie de ces deux candidats.
05:22 On a même 20% des Américains qu'on appelle les "double haters", c'est-à-dire qu'ils détestent les nids.
05:28 Ni l'un ni l'autre.
05:29 Voilà, les nids nids.
05:30 Et ceux-là on ne sait pas encore, évidemment ils sont ceux qu'il faudra mobiliser,
05:36 peut-être qu'ils resteront chez eux, peut-être qu'ils peuvent se mobiliser contre l'un ou contre l'autre.
05:40 Mais dans tous les cas, cela peut signaler une campagne très longue.
05:45 C'est une des plus longues de l'histoire américaine,
05:47 ce sera 10 mois de campagne générale, on sait déjà qui sont les deux candidats,
05:50 alors qu'il n'y a pas d'enthousiasme.
05:52 Cela peut amener à avoir une campagne qui est dominée par d'autres sujets.
05:57 Mais ce qui est clair, c'est que le spectre de Donald Trump faisant son retour,
06:02 étant déjà tellement présent, ça a déjà des effets en politique.
06:05 Ça a des effets en politique étrangère, on le sait, sur la guerre en Ukraine par exemple.
06:09 Ça a des effets en politique intérieure, avec Joe Biden qui est focalisé sur la question de la démocratie
06:15 et du vote barrage.
06:17 Et donc, à partir du moment où, quand on le sait, le prochain président américain,
06:23 ce n'est pas avant janvier 2025 qu'il prend ses fonctions,
06:26 ça semble extrêmement long pour avoir cette campagne ultra dominée par Donald Trump et Joe Biden.
06:33 Les protagonistes sont les mêmes, mais ils ne sont pas les mêmes qu'il y a 4 ans.
06:38 En quoi ils ont changé, diriez-vous ?
06:40 Qu'est-ce qui est substantiel dans leur changement ?
06:43 Bien sûr, Joe Biden entre temps a été président, ce n'est pas rien, il a un bilan à défendre.
06:47 Et Donald Trump, vous le qualifieriez, il est plus radical encore qu'il y a 4 ans ?
06:52 Non, Donald Trump ne l'a globalement pas changé.
06:54 Quand on se souvient de son discours de 2015, où il descendait l'escalator de la Trump Tower
07:00 et qu'il parlait des Mexicains comme étant tous des violeurs et des criminels,
07:04 il n'a pas changé de rhétorique.
07:07 Ce qui a changé, c'est le système.
07:09 En 2016, quand il a gagné, et en 2017, quand il a pris ses fonctions,
07:13 c'était un homme relativement seul, entouré de son clan et de quelques conseillers déjà fans.
07:20 Mais avec lui, il y avait des républicains assez classiques
07:23 qui sont rentrés dans l'administration et qui ont fait une politique relativement classique
07:27 et qui ont fait barrage au trumpisme.
07:29 Ce qui a changé, c'est qu'entre les 4 ans où il a été à la présidence
07:33 et surtout les 3 dernières années dans l'opposition,
07:36 il y a un mouvement qui s'est créé, l'America First,
07:40 l'Amérique d'abord, de nom de son slogan,
07:42 qui a même un think tank, l'America First Policy Institute,
07:46 et qui a infusé partout dans le monde de Washington,
07:50 le monde intellectuel américain, mais aussi dans la base militante,
07:54 et qui revient en force déterminée à appliquer le trumpisme.
07:57 Et donc tout ce que disait et a toujours dit Donald Trump
08:01 sur l'immigration, sur l'instrumentalisation de la justice,
08:04 sur les alliés de l'Amérique, etc.,
08:07 on peut penser que cette fois, il déroule son projet.
08:10 - Ce qui est effectivement, comme disait Soldier Abelain à l'instant,
08:13 très net, c'est que autant l'affiche ne fait pas rêver,
08:16 autant à l'intérieur des partis,
08:18 l'enthousiasme reste fort pour chacun des candidats,
08:23 mais il est écrasant l'enthousiasme chez les républicains
08:26 pour Donald Trump par rapport à 8 ans, même, ou il y a 4 ans.
08:29 - Oui, oui, chez les républicains, le rapport est certainement différent.
08:32 Chez les conservateurs, il y a quand même cette question fondamentale
08:36 qui est pour l'instant totalement taboue,
08:39 qui est la question de l'âge et de la maladie potentielle,
08:42 et aussi peut-être d'un certain nombre de ras-le-bal,
08:45 parce que c'est effectivement un peu la même clique
08:48 qui tient le pouvoir, j'allais dire.
08:50 Mais côté démocrate, on n'a pas le droit de le dire.
08:53 Alors que chez les républicains, vous avez quand même, je pense,
08:56 une fracture plus nette de gens qui sont contre Trump
09:00 et qui veulent en fait avoir une image différente des républicains.
09:04 Et s'ils se peuvent se le permettre, c'est justement parce que
09:07 ceux qui suivent Donald Trump, finalement, ne s'en font absolument pas,
09:12 enfin, ils ne se cachent pas du tout sur la réalité de ce qu'ils pensent.
09:16 Et que derrière Trump, il y a la volonté de se dire,
09:19 on a loupé 4 ans, et si jamais on voit la capacité d'avoir Donald Trump président,
09:25 il faut embrayer sur la politique qu'on voulait mettre en place.
09:28 Et c'est vrai que dans différentes chancelleries,
09:31 ça on l'entend pas mal quand on discute avec les uns ou avec les autres.
09:34 Là, par exemple, à la conférence de Munich, c'était quelque chose qui était aussi,
09:39 on en parlait assez régulièrement, qu'est-ce qui va suivre derrière Joe Biden,
09:42 est-ce que ça va être lui ou est-ce que ça va être Donald Trump ?
09:45 Pareil, j'ai fait un déplacement dans le cadre de l'OTAN à Bruxelles,
09:48 et la question américaine était effectivement,
09:50 comment est-ce qu'on travaille avec Donald Trump ?
09:52 Donc c'est pour ça qu'il y a, j'allais dire, cette façon de pouvoir insister
09:56 sur, finalement, quelle est la politique que veut Donald Trump,
09:59 et comment est-ce qu'il va l'envisager, et avec qui est-ce qu'il va être entouré.
10:02 Et ça, c'est pas la découverte, en fait, d'il y a quelques années,
10:06 lorsqu'il a été élu président, c'est comme si, grosso modo,
10:09 tout le monde avait mordu la pancière à ce moment-là, en se disant "on l'avait pas vu venir",
10:12 et donc du coup on s'y préparait doublement.
10:14 Mais derrière, il y a effectivement aussi le clivage d'une Amérique qui est extrêmement forte,
10:19 et c'est ça, finalement, qui est la problématique, je pense, numéro 1,
10:22 c'est que cette Amérique, qui est classiquement soit blanche, soit noire,
10:25 c'est-à-dire qu'on est soit républicain, soit conservateur,
10:28 on n'a pas tellement le choix d'avoir d'autres éléments, aujourd'hui, en possibilité,
10:32 là, plus que jamais, ça s'est mis en place, et plus que jamais, effectivement,
10:36 il y a un courant qui montre que l'Amérique, elle est un peu irréconciliable,
10:40 elle est complètement irréconciliable, on peut même aller plus loin.
10:43 - Celia Belin, elle est encore plus irréconciliable aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 4 ans,
10:47 qu'elle ne l'était au lendemain de l'assaut contre le Capitole ?
10:50 - En fait, il y a un paradoxe, c'est que le système démocratique institutionnel américain
10:56 est à bout de souffle, et arrive avec sa logique de domination de deux grands partis,
11:01 qui, longtemps, a fait sa force, c'était soit le démocrate, soit le républicain,
11:04 impossible d'avoir un parti tiers, fait que, déjà, il y a à peine la moitié des Américains
11:10 qui votent aux élections, même aux élections présidentielles,
11:13 ils ont un désintérêt profond, parce qu'en fait, cette alternative, par exemple,
11:17 c'est qu'ils ne veulent pas, ils ne veulent pas, ils ne veulent pas,
11:20 il n'y a pas le choix, il n'y a pas d'autres candidats.
11:23 On ne peut pas voir le type de transformation du système politique que nous,
11:27 on a connu, par exemple, en 2017, avec l'arrivée d'Emmanuel Macron,
11:30 tous les changements que ça a pu provoquer dans le paysage politique français,
11:34 on n'a pas du tout l'équivalent aux Etats-Unis, et du coup, ça empêche quand même
11:38 un renouvellement générationnel. À la limite, le plus grand renouvellement
11:42 qui s'est produit, c'est l'arrivée de Donald Trump, qui a transformé
11:45 l'Europe, de l'intérieur, mais à part ça... - Il n'est pas un jeune homme non plus,
11:48 d'ailleurs, Donald Trump, il a quatre ans de moins, à peine, qu'il a vécu.
11:51 - Non, et puis, qui est arrivé avec des idées ultra-conservatrices, en fait,
11:54 d'extrême droite, qui est... C'est une sorte d'extrême droite européenne
11:57 appliquée à l'Amérique, qu'on a vu se développer, mais du côté démocrate,
12:03 il y a eu cet envolée progressiste, en particulier à partir de 2019, 2020,
12:09 pendant Black Lives Matter, et qui n'a aucune réalité, parce que la seule
12:13 manière de gagner aux Etats-Unis, c'est de faire basculer un à un
12:16 ces Etats, avec des voix à 10 000 voix près, 20 000 voix près,
12:20 40 000 voix près, ce qui sclérose terriblement la conversation politique,
12:25 il n'y a plus de grand mouvement, et donc on est face à un 50-50,
12:29 on ne sait pas qui peut l'emporter, alors que ce sont deux visages
12:33 entièrement différents de l'Amérique, mais dans tous les cas,
12:36 il manque quand même du dynamisme politique aux Etats-Unis.
12:41 - A propos de dynamisme, vous l'avez évoqué à l'instant, Armel,
12:44 la fameuse question de l'âge du capitaine, ils ont chacun 4 ans de plus
12:48 qu'en 2020, 77 pour Trump, 81 pour Biden, ils ne cessent de s'invectiver
12:53 sur leur âge respectif et leurs absences supposées, on ne va pas y
12:57 revenir dans le détail ici, mais la question qui m'intéresse ce matin,
13:00 alors que vous le disiez, un tiers des Américains, c'est ça, à peine
13:03 votent pour la présidentielle, est-ce que... - Moitié.
13:06 - Pardon, la moitié des Américains qui votent pour la présidentielle,
13:08 est-ce qu'au final, ce thème du "t'es plus vieux que moi, t'es encore
13:12 plus mal que moi", ça ne pourrait pas leur coûter à tous les deux,
13:15 sur le taux de participation, et surtout celui des plus jeunes ?
13:19 - Oui, ça dit beaucoup de choses aussi sur le pays.
13:22 À un moment donné, quand on se réfugie, il y a deux clivages qui sont
13:26 tout le temps très parlants en politique, c'est quand on se réfugie
13:28 soit dans le jeunisme absolu, soit quand on se réfugie vers des personnes
13:32 qui sont avec un certain âge, parce que finalement, quand vous avez
13:35 deux candidats qui ont plus de 75 ans, c'est que vous avez un manque
13:39 de renouvellement, vous avez aussi un patriarcat, j'allais dire,
13:42 extrêmement important, et c'est ça qui aussi est assez parlant aux Etats-Unis,
13:46 c'est que finalement, vous ne voyez pas qui est-ce qui va pouvoir
13:51 ramener quelque chose d'un peu neuf, parce que, par exemple,
13:54 aujourd'hui, vous avez des Républicains qui n'ont pas envie de voter
13:57 Donald Trump, qui ont envie de voter Nikkei, ou qui ont envie de voter
13:59 complètement autre chose, et finalement, derrière, qu'est-ce qui peut
14:02 les faire rêver d'autres ? Est-ce que leur voix iront chez un Biden ?
14:06 Parce que vous avez un choix démocrate, peut-être, pour un certain
14:09 nombre d'entre eux, mais ce sera un choix extrêmement raisonné,
14:11 parce qu'il leur manque effectivement la fringance, il leur manque
14:14 quelqu'un qui soit original, qui apporte aussi une vision de sa société
14:18 du moment, qui du coup change un peu les donnes, et chez les démocrates,
14:22 vous avez la même chose, c'est que finalement, ce parti s'est éteint
14:25 parce que vous avez un homme qui maintient le parti depuis très longtemps,
14:29 et qui, je le disais, est issu d'un système, parce qu'on voit bien qu'au
14:33 niveau des mentors ou des conseillers, on a quand même tout un système
14:38 de personnes qui sont les mêmes depuis un certain nombre d'années,
14:41 on voit même sur la question de l'Ukraine, on voit aussi la politique
14:44 de Madeleine Albright, qui était quand même sous Clinton, qui se met
14:47 aussi en place, etc. Donc on a toute cette logique-là, donc évidemment
14:50 que pour les jeunes Américains, ça peut poser question, et évidemment
14:54 que ça peut leur donner une pas envie d'aller, mais je dirais que c'est
14:57 ça qui est le plus fascinant sur ce qui est en train de se passer aux
15:00 Etats-Unis, parce que les Etats-Unis, c'est le nouveau monde, c'est là
15:03 où il y a les idées, c'est là où il y a la Silicon Valley, etc.
15:06 Et finalement, on se retrouve avec des candidats qui sont âgés,
15:09 qui n'ont pas des idées très neuves, et on ne se retrouve pas avec
15:12 une alternative. - On parle quand même, Célia Belin, rapidement, parce que
15:15 je voudrais qu'on parle du fond de la campagne de la première puissance
15:18 mondiale, dont on ne sait pas si l'un des candidats à la présidentielle
15:21 peut physiquement, je parle de Joe Biden, tenir, et jusqu'à l'élection,
15:24 et jusqu'à la fin d'un éventuel second mandat ?
15:27 - Oui, on ne sait pas. Honnêtement, on ne le sait jamais.
15:30 En réalité, les accidents peuvent toujours arriver à tout le monde.
15:33 Ce qui est sûr, c'est qu'on a une impression générale de dégénérescence
15:36 de Joe Biden, peut-être un peu accélérée au cours de cette dernière
15:39 année en particulier, mais qui est globalement physique, qui est un peu
15:42 dans sa diction, etc., alors qu'évidemment, ses conseillers, les gens
15:45 qui sont proches de lui, mais aussi des journalistes indépendants, disent
15:48 qu'il y a quand même un peu de chance pour lui de tenir.
15:51 Il y a clairement pas de problème cognitif.
15:54 Joe Biden est vraiment en charge des affaires de l'Amérique.
15:57 Donc, il ne faut pas faire du jeunisme autour de Joe Biden.
16:00 Ce que ça représente, c'est plutôt le problème du renouvellement
16:03 générationnel, c'est comment incarner. Il y a un problème d'incarnation
16:06 aux Etats-Unis et aussi un problème de vision pour l'Amérique.
16:09 On se souvient que Barack Obama, en 2008 et en 2012, donne une vision
16:12 positive, optimiste de l'Amérique. Il y a un problème de vision
16:15 générationnelle. Il y a un problème d'incarnation
16:18 générationnelle. Il y a un problème d'incarnation générationnelle.
16:21 Le changement, le renouveau, etc. Depuis 2016, on a un candidat
16:24 républicain qui parle, vous vous souvenez, en 2016, du carnage
16:27 américain, qui est extrêmement pessimiste, qui fait toujours des
16:30 visions extrêmement noires. Encore cette nuit, Donald Trump a
16:33 parlé de sa vision sombre d'une Amérique qui sombre sous le leadership
16:36 de Joe Biden. Et de l'autre côté, en fait,
16:39 les démocrates font la même chose. Donc, en 2016, c'était vraiment
16:42 glauque. En 2020, pareil.
16:45 En 2024, on arrive... C'est pas possible, comme ça,
16:48 trois élections d'affilée où on ne dit pas "c'est un renouveau,
16:51 c'est fantastique, vous voyez l'Amérique optimiste, etc."
16:54 Et aussi un effet rassemblement.
16:57 Joe Biden l'a fait un tout petit peu en 2020, l'effet rassemblement
17:00 en disant "je vais restaurer l'âme de l'Amérique".
17:03 Il a globalement échoué sur la restauration de l'âme de l'Amérique.
17:06 Donc, maintenant, c'est un vote pour la vision noire
17:09 de Donald Trump, fait par les démocrates,
17:12 féroce et prédatrice, ou alors un vote barrage.
17:15 C'est pas enthousiasmant, ça.
17:18 - La bataille du récit, justement, qui la gagnera des deux ?
17:21 Donald Trump essaie d'emmener Joe Biden sur son thème
17:24 de prédilection, celui qu'il a déjà usé, et en 2016,
17:27 et en 2020, celui de l'immigration.
17:30 On va en voir quelques images de ce débat,
17:33 et notamment de cette accusation de Donald Trump à l'égard de Joe Biden
17:36 d'avoir fait de la frontière sud-américaine avec le Mexique
17:39 une passoire. C'est ce que nous raconte Cécile Galluccio.
17:42 Et on continue notre discussion juste après.
17:45 - Lors de son premier mandat, il avait interdit aux ressortissants
17:48 de 7 pays musulmans d'entrer sur le territoire américain.
17:51 Donald Trump avait aussi comme projet de séparer
17:54 des milliers d'enfants de leurs parents entrés illégalement.
17:57 Il avait surtout donné un coup d'accélérateur
18:00 à la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique.
18:03 S'il est réélu, il promet d'aller encore plus loin
18:06 dans la lutte contre l'immigration clandestine
18:09 et de se démarquer encore plus de Joe Biden.
18:12 - D'ici à ce que ce type quitte ses fonctions,
18:15 nous aurons, à mon avis, 18 millions de personnes
18:18 dans notre pays qui ne devraient pas être ici.
18:21 Ils viennent de prisons et d'institutions psychiatriques.
18:24 Ce sont des terroristes. Nous allons en payer le prix.
18:27 Il s'agira de la plus grande déportation de l'histoire
18:30 de notre pays, et nous n'avons pas le choix.
18:33 - Le ancien président l'assure, si 2e mandat il y a,
18:36 il facilitera les transferts massifs de millions d'immigrés,
18:39 tout comme l'avait fait dans les années 50
18:42 le président Eisenhower. Ce dernier avait lancé
18:45 la plus grande opération d'expulsion de Latinos
18:48 de l'histoire américaine, plus connue sous le nom
18:51 d'opération Wetback. Aujourd'hui, on estime à 11 millions
18:54 le nombre de personnes vivant illégalement aux Etats-Unis.
18:57 7 millions sont connus du gouvernement fédéral.
19:00 Le président Trump a aussi annoncé que le gouvernement
19:03 fédéral a d'ailleurs proposé de mettre fin à la construction
19:06 de camp de transit près de la frontière.
19:09 Le président Trump a également promis de mettre fin
19:12 au droit du sol, une mesure contraire au 14e amendement
19:15 qui indique que toute personne qui est en mesure
19:18 de faire face au droit du sol doit être autorisé
19:21 à faire face au droit du sol.
19:24 - Le président Trump a annoncé que le gouvernement
19:27 fédéral a également proposé de mettre fin à la construction
19:30 de camp de transit près de la frontière.
19:33 Une mesure contraire au 14e amendement qui indique
19:36 que toute personne née aux Etats-Unis est un citoyen américain,
19:39 quel que soit le statut de ses parents.
19:42 De son côté, Joe Biden, qui a bien compris que la question
19:45 migratoire était un enjeu majeur de l'élection,
19:48 a demandé aux Républicains de soutenir son projet de loi
19:51 sur la sécurité des frontières. Donald Trump a refusé.
19:54 - Elizabeth Martichoux: Il y a des questions sur la défense
19:57 des droits fondamentaux. On est encore dans des thèmes
20:00 de campagne qu'on a déjà entendus il y a quatre ans.
20:03 Il y a huit ans, il y a assez peu de renouvellement.
20:06 - Amélie de Montchalin: Assez peu de renouvellement.
20:09 On voit cette occasion comme le fait de pouvoir aller plus loin
20:12 sur ce qu'il a déjà commencé. On est dans une logique
20:15 de continuité dans sa façon de voir les choses.
20:18 - Elizabeth Martichoux: On a parlé de la réforme des droits
20:21 fondamentaux. On a parlé de la réforme des droits
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