• il y a 9 mois
Le film "HLM Pussy" est sorti aujourd'hui au cinéma, et c'est un film puissant, coup de poing, bourré d'énergie, un film sur les violences faites aux femmes, sur l'adolescence, les réseaux sociaux, les quartiers populaires, la double culture. C'est un film dont on ressort bouleversé. Pour en parler, la comédienne Bérénice Bejo et la réalisatrice Nora El Hourch.
Regardez L'invité de RTL Soir du 06 mars 2024 avec Julien Sellier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié, Isabelle Choquet et Cyprien Sini, RTL bonsoir.
00:09 Allez RTL bonsoir, la deuxième heure avec la bande en studio.
00:12 J'ai nommé Cyprien, Isabelle, sœur Alex Vizorek et tous ensemble nous accueillons maintenant nos grandes invités,
00:19 la comédienne Bérenice Béjaud, bonsoir.
00:21 Bonsoir.
00:21 Et la réalisatrice Nora Elourge, bonsoir.
00:23 Bonsoir.
00:23 Nora Elourge, votre film HLM Poussier sorti aujourd'hui au cinéma.
00:27 C'est un film puissant, coup de poing, qui est bourré d'énergie.
00:30 C'est un film sur les violences faites aux femmes, sur l'adolescence, les réseaux sociaux, les quartiers populaires, la double culture.
00:36 En tout cas, c'est un film dont on ressort bouleversé.
00:38 Avec trois héroïnes, trois collégiennes inséparables, des actrices débutantes qui crèvent l'écran d'ailleurs.
00:44 Il faut le dire, l'une des ados est victime d'une agression sexuelle.
00:47 Un garçon, un petit Cahit de la Cité qui veut l'embrasser de force.
00:50 Alors les filles vont le filmer en flagrant délit en quelque sorte avant de poster la vidéo sur les réseaux sociaux.
00:55 Cette vidéo va provoquer une déflagration.
00:57 Et toutes ces questions, est-ce que leur amitié est en péril ? Est-ce qu'elles vont céder aux menaces ?
01:01 Bérenice Béjot, vous jouez la mère de l'ado qui poste cette vidéo.
01:05 Et on découvre aussi à quel point les parents peuvent être dépassés face à ce genre de situation.
01:11 Oui, alors que ce qui est paradoxal, c'est qu'elle est elle-même avocate, qu'elle défend des femmes qui sont elles-mêmes agressées.
01:18 Mais c'est vrai qu'on est démuni quand notre enfant a subi une agression ou est dans une situation compliquée.
01:28 On se sent coupable d'abord. On se dit qu'on ne l'a pas vu, qu'on ne sait pas comment dire les mots.
01:33 Puis les adolescents c'est compliqué, on n'a pas envie d'être intrusif.
01:36 Alors comment trouver ? On leur dit quelque chose, ils vont faire l'inverse.
01:39 Et alors ce que j'aime dans ce personnage, c'est qu'elle y va en douceur.
01:43 Elle a une super belle relation avec sa fille et elle fait confiance.
01:47 Donc elle prend des décisions qui ne font pas plaisir à sa fille, mais elle lui fait confiance.
01:53 C'est vrai que c'est un sacré film sur l'adolescence, sur les amitiés aussi si fortes à l'adolescence.
01:57 Nora et Lourge, bravo pour ce premier long métrage.
01:59 Parce que quand on regarde le film, à la fois le fond, la forme, c'est dynamique, c'est vivant.
02:03 On a du mal à croire que vous n'avez derrière vous que quelques courts métrages.
02:07 Et que vous avez tout appris sur le tas dans le cinéma.
02:09 Parce que vous êtes rentrée par la fenêtre en fait dans le monde du cinéma.
02:12 Par la fenêtre de la fenêtre, par la cheminée de la fenêtre.
02:17 Ouais, non, en fait c'était long, c'était dur. J'ai fait un court métrage il y a dix ans.
02:22 Et sur le chemin, il y avait beaucoup, beaucoup d'embûches.
02:27 Mais j'ai toujours vu écrire ma petite chenillard au bout du tunnel.
02:30 Et ouais, je me suis formée sur le tas. J'ai appris à écrire un scénario en écrivant mon scénario.
02:33 Donc j'ai acheté des bouquins de comment écrire un scénario.
02:36 Et quant à la réalisation, je ne sais pas, j'ai fait ça de manière un peu instinctive.
02:40 Enfin, moi ça me saoule quand on me demande de faire tout ce qu'il y a en amont.
02:45 Genre d'intention, et puis il faut faire un mood board, montrer ce que tu vas filmer, comment tu vas le filmer, pourquoi.
02:50 En fait, j'écrivais pour faire genre.
02:52 Mais je savais très bien que sur le moment j'allais faire tout spontanément.
02:55 Et ça m'énervait de devoir rentrer un moment dans les cases.
02:59 Mais après quand j'étais sur le terrain, je suis sortie des cases et j'ai fait le film que je voulais faire.
03:02 Le film sort des cases en tout cas.
03:04 En 2015, votre premier court métrage, vous en avez parlé.
03:07 Il était sur le thème de la sororité, des violences déjà faites aux femmes.
03:10 Ça avait été sélectionné à Cannes.
03:12 Vous dites, je vous cite, que vous avez commencé le cinéma pour exorciser un viol que vous aviez subi à l'âge de 20 ans.
03:19 Ce sont des films cathartiques aussi ?
03:21 Ouais, en fait, je pensais que c'était, avec mon premier court métrage,
03:26 je pensais que ça allait être un exutoire, en mode je l'écris pour moi, pour d'autres en fait.
03:30 En fait, je suis rentrée dans ce milieu parce que j'avais envie de parler de ce qui m'est arrivé
03:34 et de parler aux autres moi.
03:37 Surtout quand on est si jeune, on a un besoin de s'adresser à ce qui semble nous ressembler.
03:43 Et en fait, ça n'a pas du tout été un exutoire pour moi.
03:46 Mais j'ai eu la chance de constater que le court métrage avait eu un impact sur certaines adolescentes,
03:51 sur certaines filles, sur certaines personnes.
03:53 Et donc, c'est ce qui m'a donné envie de continuer et de faire ce long.
03:56 Et j'ai déjà pu constater avec des messages que je reçois que, d'un côté, j'ai déjà un peu gagné.
04:03 J'ai des messages de victimes, j'en ai 20 par jour qui me disent merci.
04:08 Donc c'est pour ça que j'ai fait ce film, je suis contente.
04:11 Ce film qui sort, vous avez mis 9 ans à l'écrire, vous avez dû vous battre pour trouver les financements.
04:15 On vous disait "on ne va pas faire financer un film qui se joue seulement sur un bisou"
04:19 et on vous disait "ce n'est pas si grave".
04:21 C'est ça, mais je n'ai toujours pas trouvé les financements.
04:24 (rires)
04:28 Je ne comprends rien au cinéma, comment ça marche ?
04:31 On a eu 500 000 euros pour faire le film, c'est incroyable.
04:35 - Qu'est-ce que vous espériez ? - Je crois que c'est le film le plus fauché que j'ai fait de toute ma carrière.
04:39 - Je ne sais pas, vous pensez à quoi ? - D'accord, c'est rien.
04:41 Même quand j'ai débuté, il y avait plus d'argent.
04:44 En fait, ça implique quoi ? Ça implique que tout le monde doit venir...
04:47 - Ça ne se voit pas du tout quand on regarde le film, c'est pour ça que je dis ça.
04:49 - Merci. - Je ne me suis pas dit "ils n'ont pas d'argent".
04:51 - C'est de la forme, c'est formidable. - Oui, je prends.
04:53 C'est vrai que c'était dur de convaincre des partenaires financiers, parce que tu n'es personne.
04:59 On te dit "un bisou, ce n'est pas assez, tu ne peux pas porter un film sur un bisou, c'est juste un bisou, elle va s'en remettre".
05:05 Même venant de femme, il faut le dire aussi.
05:09 C'est un truc qui me déstabilisait et qui me faisait perdre foi en la société et en ce film, très honnêtement.
05:16 C'est ce qui m'a permis de rester la tête d'or de l'eau.
05:19 C'était mon petit côté égo-trippé de me dire "vous savez quoi, vous ne voulez pas pour cette raison, c'est exactement pour cette même raison que je vais le faire".
05:25 Vous auriez pu choisir une situation beaucoup plus violente.
05:29 Oui, mais il n'y a pas besoin d'être dans la violence pour dénoncer un film comme ça.
05:32 C'est le premier baiser, c'est violent, c'est important.
05:35 C'est vrai et on le sent dans le film.
05:38 C'est une première fois et les premières fois c'est dur, c'est dur de dire non, c'est dur de dire oui.
05:44 Ce que j'aime dans le film, c'est que cette première fois, elle est sacrée, comme toutes celles qui viennent après.
05:49 Mais quand la première fois, elle est ratée comme ça, les femmes, les hommes, ils n'ont pas la même vie, ils n'ont pas le même rapport.
05:56 Je pense que c'est important de le dire, un premier baiser, un baiser, c'est important.
06:03 Il ne peut pas être donné de force et il faut apprendre à dire non, même si c'est juste un baiser.
06:08 Offrir un baiser, c'est important.
06:10 Parlons de vos actrices, Nora.
06:13 On va citer leur nom parce qu'elle est très belle.
06:16 C'est vrai, je rigole.
06:19 Salma Takhalin et Medina Dira, qui peut se rapprocher du micro parce qu'elle est dans ce studio.
06:24 Bonsoir Medina.
06:25 Bonsoir.
06:26 Racontez-nous, Nora Elourch, comment vous les avez rencontrées parce que ces adolescentes, elles crèvent l'écran.
06:31 Je crois qu'il y en a une qui vous a fait pleurer, que Medina a failli rater l'audition et que la dernière, vous l'avez repris dans un atelier.
06:37 Voilà en fait, que raconter de plus.
06:40 Moi, j'attends un coup de cœur, même plus j'attends l'évidence.
06:45 Quand je choisis un acteur, je veux ce coup de foudre comme je peux l'avoir pour quelqu'un dans la vie sentimentale.
06:51 Et donc, je voulais des évidences pour tous mes comédiens et j'ai eu cette chance de dingue de les avoir.
06:56 Et donc, je ne voulais pas seulement me dire "Ah ouais, c'est la meilleure au casting".
07:02 Non, je voulais me dire "C'est elle".
07:04 Et j'ai vu sa tape, sa vidéo, je me suis dit "C'est elle, c'est Jenéba".
07:10 Bon, elle a failli jamais venir.
07:12 Alors racontez-nous, Medina, pourquoi vous avez failli rater le casting ?
07:15 Alors c'est très simple.
07:16 Moi, j'ai reçu le scénario et j'ai lu le personnage de Jenéba.
07:21 J'ai kiffé sur elle.
07:22 Mais vraiment, comme j'ai kiffé, limite comme j'ai kiffé une star, comme j'ai kiffé Beyoncé, comme j'ai kiffé Rihanna, t'sais.
07:28 Mais vraiment, j'ai kiffé le flot, j'ai kiffé tout ce qu'elle dégageait.
07:32 Et quelque part, je voulais le faire d'un coup, directement.
07:36 Et quand c'est devenu plus concret, quand on m'a dit "Il faut faire la tape, il faut envoyer ça, il faut se rendre au rendez-vous",
07:41 quand ça avançait, plus ça avançait, plus j'avais peur.
07:43 Plus ça avançait, plus je me dis "Et si au final je donne tout, je fais tout, call back, tout, tout, tout ?"
07:47 Et elle me dit "Malheureusement, ça ne sera pas toi. Ça sera peut-être pour une prochaine fois".
07:50 Je ne pouvais pas.
07:52 Je n'aurais pas pu supporter ça.
07:54 Je ne suis pas y allée, clairement, je ne suis pas y allée.
07:56 Je me suis dit "Vas-y, laisse tomber, tant pis. N'oublie pas ça autre chose".
08:00 Et vous avez eu une deuxième chance ?
08:01 J'ai eu une deuxième chance. Nora me voulait vraiment.
08:03 Quand je me suis dit "Elle veut me voir", mon agent m'a dit "Mais Medina, fonce, l'agent, la réalistrice veut te voir.
08:11 Donc il faut que tu y ailles".
08:12 Je me suis dit "Non, mais là j'y vais et on verra bien".
08:15 Et quand je suis arrivée, je lui ai dit "Écoute-moi bien".
08:17 Parce que le jour que je suis arrivée aussi, je suis arrivée et je me suis dit "Ouais, en fait, c'est plus une gastrique".
08:22 "Alors écoute-moi bien".
08:24 Je ne suis pas venue une fois.
08:26 Steven !
08:29 J'ai posé un lapin comme elle aime le dire.
08:32 La première fois, la deuxième fois, elle m'a redonné ma chance.
08:35 Je suis arrivée en retard, mais ce n'était vraiment pas mon plein gré, c'était le RERD.
08:38 Elle est arrivée vraiment en manifestance.
08:40 Un RERD, c'est une très bonne excuse.
08:42 Le nombre de carrières qui sont restées dans le...
08:44 Je voulais vraiment être à l'heure, je voulais vraiment tout donner.
08:47 Je voulais mettre toutes mes chances de mon coup.
08:49 Et quand je suis arrivée, je lui ai dit "Écoute-moi bien, Madame".
08:53 J'ai vraiment dit "Écoute-moi bien, Madame".
08:55 C'est parce que je suis en retard que je ferai partie de ce film.
08:58 Elle m'a regardée comme ça et m'a dit "OK".
09:01 J'ai tout envoyé, j'ai envoyé tout ce que j'avais dans le vide.
09:04 Vous vouliez aussi absolument avoir Bérénice Bégeaud.
09:07 Avec vos 500 000 euros, vous avez préparé un argumentaire de malade pour la convaincre.
09:11 Mais Bérénice, vous avez eu un coup de foude pour le scénario, un coup de cœur.
09:14 Oui, j'ai vraiment eu un coup de cœur pour le scénario.
09:17 Ce qui était marrant, c'est que mon agent m'a dit
09:19 "Bon alors écoute, tu as à peu près 12-15 jours de tournage".
09:22 Moi, je suis un peu vieille maintenant et je lis le scénario.
09:25 À mon avis, si j'ai 5 jours, c'est vraiment maximum.
09:28 J'ai menti.
09:29 Elle avait menti, elle pensait que plus j'aurais joué, plus j'accepterais.
09:31 Alors que c'était un peu l'inverse, je n'avais pas vraiment beaucoup de temps.
09:33 Donc au moins, il y en avait, mieux que c'était.
09:35 Après, j'ai rencontré Nora et Nora est à l'image de ce film, de ces actrices.
09:40 Il y a une énergie dans ce film, c'est une explosion.
09:43 C'est comme l'affiche.
09:44 On est embarqués dès la première scène et on ne lâche pas jusqu'à la fin.
09:47 C'est un film sur la résilience.
09:49 C'est vraiment un film d'amour, de liberté, de parler, d'oser.
09:54 Il y a tellement de choses dans ce film.
09:56 Je l'adore, c'est pour ça que je suis là ce soir.
09:59 Je pense que c'est important pour une comédienne aussi, quand elle arrive à un moment donné,
10:04 où on est habitué, moi je tourne avec Steven, de faire des films où il n'y a pas le temps,
10:10 il n'y a pas l'argent, il y a juste de l'énergie.
10:14 C'était un moment de ma carrière où je me disais, je m'ennuie un peu.
10:18 Ça redonne un sens.
10:19 Oui, exactement.
10:20 Et ça m'a redonné un sens, ça m'a redonné envie.
10:23 Après, je n'ai enchaîné que des super projets.
10:25 Tout est grâce à toi.
10:26 Et les trois jeunes actrices avec qui vous jouez, vous vous jouez la maman de Wendell,
10:30 celle qui poste la vidéo, qui vient d'un milieu un peu plus privilégié.
10:33 Est-ce qu'elles vous ont touché, bouleversé autant que nous ?
10:36 Parce que nous, on a été vraiment bluffés par leurs jeux.
10:38 Moi, je ne les ai pas beaucoup vus.
10:41 J'ai eu vraiment cinq jours de tournage, peut-être un avec Médina et Salma.
10:45 Je suis allée voir le film en me disant, j'espère que ça va être bien.
10:49 Il n'y avait pas d'argent, il n'y avait pas de temps.
10:51 Et j'étais vraiment scotché, je n'en revenais pas.
10:54 J'ai appelé mon mec, il est venu voir le film.
10:56 Il est revenu le voir deux fois.
10:57 Mon fils, qui n'en a rien à faire de ma carrière,
10:59 il est venu le voir deux fois.
11:01 Deux fois, il lui a dit, je vais le dire à tous mes potes,
11:04 c'est des films comme ça que je veux voir.
11:05 Vraiment, là, je suis en promo, mais vraiment, c'est un film.
11:08 Mais je suis trop contente que Médina ait parlé,
11:10 parce que c'est un film pour eux, c'est un film qui parle aux jeunes.
11:13 C'est exactement ce qu'on se disait dans le bureau ce matin,
11:15 ce film peut devenir générationnel.
11:17 Mais le problème, c'est qu'on n'a pas d'argent, on n'a pas d'affichage.
11:20 C'est super d'être là, chez RTL, parce qu'on a besoin de ça.
11:24 Là, on va faire zéro entrée aujourd'hui, c'est le premier jour.
11:27 On va faire très peu d'entrée.
11:29 Le bouche à oreille.
11:31 On va faire peu d'entrée.
11:33 Ce n'est pas grave, c'est un film qui a besoin de bouche à oreille.
11:36 Et vraiment, on n'a pas d'argent pour le faire exister.
11:40 C'est les gens qui vont faire ça.
11:41 Le bouche à oreille, on le poursuit, juste après cette petite pause.
11:44 La réalisatrice Bérénice Béjaud, vous la comédienne, vous restez avec nous,
11:47 Médina Diara aussi, vous êtes nos grandes invitées.
11:49 HLM poussie, c'est puissant et ça sort au cinéma demain.
11:52 Aujourd'hui, RTL, bonsoir.
11:55 Allez, la deuxième heure, nos grandes invitées ce soir,
12:03 la comédienne Bérénice Béjaud et la réalisatrice Nora Elourch,
12:07 et également Médina Diara, qui est dans ce studio, très jeune actrice.
12:10 Qui fait un max de story, à mon avis.
12:12 On va s'abonner à votre compte Instagram dans la foulée.
12:16 Nora, votre premier long métrage s'appelle donc HLM poussie.
12:19 Il est au cinéma depuis aujourd'hui.
12:21 Je crois que vous l'avez compris, on a aimé ce film dans l'équipe.
12:24 L'histoire de trois ados inséparables confrontés à l'agression sexuelle d'une d'entre elles.
12:28 Alors Bérénice, on l'a dit, vous jouez la maman d'une ado.
12:31 En préparant l'interview, on a lu cette phrase de vous.
12:34 "Je suis le prototype du parent moderne, dépassé par ce nouveau monde connecté."
12:38 Vous ressemblez un peu à votre personnage dans le film.
12:41 Vous ressemblez à ça ?
12:42 Ouais, franchement, je suis pas très loin.
12:44 Pas de story du coup ?
12:46 Non, pas de story. Je suis incapable.
12:48 J'ai demandé à tout le monde de poster des trucs sur Insta, sur Vnachnat.
12:52 Snapchat ?
12:53 Ouais !
12:54 Mon fils, il va dire "maman, la vieille quoi !"
12:57 Non mais moi, je suis une vieille, j'ai rien de cool chez moi.
13:00 C'est vrai que pour les parents qui sont complètement déconnectés face à cette explosion numérique,
13:04 une situation comme ça, c'est terrible.
13:06 Ma fille, je lui ai dit pas de réseau social jusqu'à 15 ans.
13:11 Elle a 12 ans et demi, elle aura pas Snap.
13:13 Elle aura pas ces trucs.
13:15 Non mais ça m'angoisse.
13:16 Et puis les filles, je trouve que leur rapport à l'image,
13:18 il y a un moment donné, quand on grandit, c'est compliqué et tout ça.
13:20 Moi, ça me fait un peu peur.
13:22 Mais oui, mais après, c'est un film aussi.
13:24 Il n'y a pas que ça qui m'a plu dans le film.
13:26 Moi, je viens d'une famille argentine qui a émigré en France pendant une dictature.
13:31 Ce que m'ont donné mes parents de l'Argentine, c'était pas incroyable.
13:35 Mon père déteste le foot.
13:36 Les Argentins, c'était des cons.
13:38 La politique là-bas, elle était naze.
13:39 On n'est jamais allés en Argentine.
13:41 C'est moi qui ai fait venir mes parents en Argentine 25 ans plus tard.
13:43 Donc même si on parlait espagnol et encore, il fallait parler français,
13:46 parce que comme ça, on s'intégrait.
13:48 Donc, on parle français avec mes parents, ce qui est un peu con.
13:50 Heureusement, je parle espagnol avec mes enfants.
13:52 Tu parleras arabe avec tes enfants, parce que tu auras appris l'islam.
13:54 Et du coup, tout ça, ça me parle aussi.
13:57 Ça me parle beaucoup, ça me touche beaucoup dans le film.
13:59 Oui, parce que c'est abordé dans le film.
14:01 C'est aussi un film sur la double culture.
14:03 Effectivement, votre fille dans le film, le personnage de votre fille, Bérenice,
14:07 est un petit peu balancé, parce que son papa est originaire du Maghreb.
14:11 Il ne veut pas que sa fille entende ou apprenne l'arabe.
14:14 Il a réussi à devenir chirurgien en France.
14:15 Donc, il gomme presque son identité.
14:17 Ça aussi, c'est un morceau de votre histoire, Nora El Oursh ?
14:19 Complètement.
14:20 Toutes les scènes familiales, c'est des scènes que j'ai vécues presque au mot près, au geste près.
14:24 Donc, oui, c'est un des thèmes du sujet.
14:27 Je voulais vraiment parler de tout ce qui touche agression faites aux femmes, consentement.
14:30 Et tout ce qui touche autour de cette quête identitaire.
14:32 Et j'avais besoin de parler de ça.
14:35 Parce que c'est vrai qu'on a le sentiment, par moments, de devoir choisir un camp.
14:39 C'est comme si la société nous imposait, et même notre interlocuteur nous impose,
14:43 d'être l'un ou l'autre.
14:44 Des fois, tu es trop arabe.
14:45 Des fois, tu es trop blanc.
14:47 Donc, le cul entre deux chaises, ça a été tout au long de ma vie.
14:51 Je l'ai encore.
14:52 Et j'ai du mal à vivre ça comme une richesse, même si c'est censé l'être.
14:55 Mais bon.
14:56 Juste, Bérenice Béjoux, j'aurais à revenir sur les mots que vous avez eus.
14:59 Parce que vous avez parlé de votre fille, de cette angoisse face à ce monde,
15:02 des réseaux sociaux, aujourd'hui.
15:03 Et quand on vous entend là, on repense à ce que vous avez dit sur la scène des César,
15:07 il y a quelques jours, juste après le discours de Judith Godrech,
15:10 où vous expliquiez avoir allumé votre radio le matin,
15:12 et être tombée sur la voix de Judith Godrech,
15:13 en avoir parlé au petit-déjeuner avec votre fille.
15:16 Et ça vous avait toutes les deux bouleversées.
15:18 Oui, mais alors, je parle beaucoup avec mes enfants.
15:20 Et je crois que depuis qu'ils ont 4-5 ans, je leur dis, ton corps t'impartient.
15:24 Tu te déshabilles devant personne.
15:25 Personne ne te touche.
15:26 Ton grand-père vient te chercher.
15:27 Je ne t'ai pas dit qu'il venait te chercher à l'école.
15:29 Tu ne pars pas avec ton grand-père.
15:30 Mais sans angoisse, juste en disant, il faut que tu saches tout de suite les choses.
15:35 Donc on parle beaucoup.
15:36 Et donc, je leur avais dit, ne mettez jamais de photos de vous toutes nues.
15:39 Elles me disaient, mais à quel moment je mettrai une photo de moi toute nue ?
15:41 Donc c'était un petit peu trop tôt.
15:43 Mais en fait, c'est vrai que j'ai ancré ça.
15:48 Mais par contre, je les envoie depuis qu'ils ont 4-7 ans, ensemble, au Monoprix.
15:52 Je leur laisse beaucoup de liberté.
15:54 Ils vont ensemble dans la rue.
15:55 Je ne suis pas dans la rue.
15:56 Donc je leur laisse aussi d'être autonome.
15:58 Mais je leur explique, voilà, on vit dans un monde, comme toujours, qui est compliqué.
16:01 Et il faut faire attention.
16:03 Donc c'est des sujets qu'ils connaissent.
16:06 Donc Judith, quand je l'ai entendu, Godrej, quand je l'ai entendu à la radio,
16:09 tout de suite, ma fille, elle m'a dit, mais c'est dégueulasse.
16:11 Mais comment c'est possible ?
16:12 Elle avait déjà une conscience.
16:14 Donc je suis sûre que l'éducation est hyper importante,
16:16 pour les hommes et pour les filles et les garçons.
16:19 Et qu'il faut en parler dès qu'ils sont petits.
16:21 Il y a 7 ans, il m'a demandé comment on faisait les enfants.
16:23 J'ai expliqué, le zizi du garçon, il vient tout dur.
16:25 Il rentre dans la toutoune de la fille.
16:26 Et là, il y a une graine.
16:27 - Vous êtes sûre de ça ?
16:28 - Oui.
16:29 Et une semaine après, il m'a dit, mais il y a une graine.
16:31 Ça veut dire, c'est le jardinier, mon papa ?
16:33 Alors non, la graine.
16:35 Et voilà, il m'a sorti.
16:36 Mais je veux dire, c'était simple, quoi.
16:38 C'était tout simple.
16:39 Et je pense que c'est important.
16:41 Il faut leur expliquer.
16:43 - Avant de terminer l'interview, Bérénice, je voudrais aussi
16:46 remuer des souvenirs heureux avec vous.
16:48 Parce que les Oscars, ça arrive, là.
16:49 C'est ce week-end.
16:50 - Ah, c'est ce week-end, déjà ?
16:51 - Oui, "Anatomie d'une chute" de Justine Tria est nommée 5 fois.
16:54 Et ça, c'est du jamais vu pour un film bleu, blanc, rouge
16:56 depuis "The Artist" en 2012.
16:57 - Je suis trop contente pour vous.
16:58 - Vous aviez été nommée dans la catégorie "Meilleure actrice".
17:00 Tiens, "Instant Vintage" en anglais.
17:02 - Je suis la meilleure actrice.
17:09 C'est un bon moyen de dire "très bien".
17:11 - Ça, c'est votre anglais, Bérénice Béjot.
17:13 Vous veniez de gagner le César de la meilleure actrice.
17:15 48 heures après, vous enchaîniez avec Hollywood.
17:17 Mais j'ai lu que vous ne gardiez aucun souvenir des Oscars.
17:20 C'est vrai, ça ?
17:21 - Non, non, mais si, je me souviens de petits moments.
17:25 Je ne sais pas comment expliquer.
17:27 En fait, vous vous planez un peu.
17:29 Vous êtes avec plein de vedettes qui viennent vous voir.
17:31 Je ne vais vraiment pas faire du "name dropping".
17:33 Ce n'est pas mon genre.
17:34 - Allez-y !
17:35 - Il y en a plein qui vous serrent la main, qui vous adorent.
17:37 - J'étais là ?
17:38 - Hein ?
17:39 - J'étais là ?
17:40 - Et vous, vous êtes là comme un peu genre...
17:42 "Non, c'est toi la star."
17:43 Donc, il y a un truc un peu bizarre.
17:45 Et surtout, moi, je jouais un peu en tout.
17:47 Je savais que j'allais perdre.
17:49 J'étais plutôt tournée vers les autres.
17:51 Et plutôt tournée vers ce qui arrivait plutôt à Michel, à son truc.
17:56 Moi, j'avais ma petite fille qui venait de naître.
17:58 Je ne sais pas comment dire.
17:59 J'étais un peu...
18:01 Un peu trop tranquille, peut-être.
18:03 - Et comment vous regardez les photos de la cérémonie aujourd'hui ?
18:05 Ça vous paraît abstrait, presque ?
18:07 - Je ne regarde pas les photos de la cérémonie.
18:08 - Vous ne voyez pas d'images passer de temps en temps à la télé ?
18:10 - Je vous ai dit, je ne suis pas sur les réseaux.
18:12 Je ne suis même pas sur Internet.
18:13 Et je n'ai pas d'alerte Béjo.
18:14 - Et vous n'avez pas gardé les petites photos ?
18:16 - Si, non, mais si, je dois en avoir.
18:17 En plus, j'ai même plein de...
18:19 J'ai filmé, en fait, plein de trucs avec Michel.
18:21 Quand on se réveillait le matin, je l'interviewais sur ce qui se passait, tout ça.
18:24 Un jour, j'en ferai peut-être quelque chose.
18:26 Mais non, mais en fait, je garde surtout...
18:29 Michel tellement heureux, quoi.
18:31 C'est con à dire, vraiment, mais...
18:33 Il était tellement heureux, quoi.
18:35 Il a vécu tellement de trucs incroyables...
18:37 Que c'est plus ça, quoi, que je garde, plus que moi, en fait.
18:41 - Vous ne vous souvenez même pas que Tom Cruise vous a tenu à la porte de l'ascenseur ?
18:45 - Bah, en fait, c'est Michel qui m'a dit, donc je ne m'en souviens pas.
18:48 - Vous n'avez pas reconnu Tom Cruise ?
18:50 - Bah...
18:52 Non, par contre, je me souviens, c'est qu'il y avait Pénélope Cruz à côté de moi ou à côté de Michel.
18:56 Ça, je m'en souviens.
18:58 - C'est assez abstrait, quand même, tout ça.
19:01 - Non, mais dans la salle des Oscars, quoi.
19:03 - Justine Trillet, vous l'avez prévenue ou pas ?
19:05 - Ah bah non, mais on lui a envoyé un message.
19:06 - Tu vois, tu ne vas te souvenir de rien du tout.
19:08 - Je lui ai dit "Kif, vas-y, ça va être génial".
19:10 En plus, elle est avec son mec, donc on s'est envoyé des messages.
19:13 Et ouais, je suis à fond pour eux.
19:15 J'espère vraiment qu'ils vont gagner.
19:17 Mais ils vont gagner, c'est sûr qu'ils vont gagner plein de choses.
19:19 - On l'espère en tout cas.
19:20 Bérénice Bégeaud, Nora El Oursh, Médina Diara, vous restez avec nous.
19:22 Vous êtes nos grandes invitées pour la sortie de HLM Pussy au cinéma, film, on l'a compris.
19:26 Très fort, très vivant, courrez le voir.
19:28 RTL Bonsoir va se poursuivre dans un instant.
19:30 On va parler musique, on va parler cuisine.
19:32 La cuisine, c'est la guinguette d'Angèle Ferromax.
19:34 Salut Angèle !
19:35 - Bonsoir tout le monde !
19:36 - Quel est le menu, c'est quoi dans l'assiette ?
19:37 - Bonsoir, c'est une escroquerie, une duperie, un coufouret.
19:41 - Comme d'hab !
19:42 - Très bien, comme d'hab en fait, c'est ça.
19:44 La playlist de Steven Bellery aussi au programme.
19:46 Alors on vous rappelle que pour faire plaisir à Alex,
19:48 on a envoyé Steven au concert de Michel Sardou à Amiens.
19:51 Steven en ligne depuis Amiens.
19:53 - J'y suis, une voiture RTL arrive toujours à l'heure.
19:55 - Magnifique !
19:56 - 400 000 spectateurs pour cette deuxième tournée d'adieu.
19:59 Un peu de coulisses et puis je suis avec un fan qui vient de très très loin, du Cambodge,
20:03 pour voir Michel Sardou ce soir.
20:04 - Allez, à tout de suite !
20:06 RTL, bonsoir.
20:08 !

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