C'est un couple au cinéma et dans la vie, le couple du cinéma populaire qui berce les spectateurs depuis le succès de "Marius et Jeannette" il y a 25 ans. À deux jours de la sortie en salles de "Et la fête continue", le réalisateur Robert Guédiguian et la comédienne Ariane Ascaride sont les invités exceptionnels de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir du 13 novembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Regardez L'invité de RTL Soir du 13 novembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL bonsoir !
00:05 Julien Célier, Marion Calais et Cyprien Sini. RTL bonsoir !
00:09 RTL bonsoir ! La deuxième heure c'est maintenant avec la fine équipe Cyprien, Marion, Alex Vizorek
00:14 mais aussi notre monsieur cinéma Stéphane Boutsoc qui nous a rejoint. Salut Stéphane !
00:18 Bonsoir tout le monde !
00:19 Tous ensemble nous accueillons maintenant nos grands invités.
00:21 Un couple au cinéma, un couple dans la vie, le couple du cinéma populaire
00:24 qui berce les spectateurs depuis le succès de Marius et Jeannette il y a 25 ans.
00:28 Avec nous ce soir le réalisateur Robert Guédiguian et la comédienne Ariane Ascaride.
00:32 Bonsoir à tous les deux !
00:34 Merci d'être avec nous à deux jours de la sortie en salle de Et la fête continue,
00:38 votre nouveau film Robert Guédiguian dans lequel vous jouez Ariane Ascaride, le premier rôle.
00:42 Et vous y incarnez Rosa, grand-mère et maman rayonnante à la tête d'une famille italo-arménienne assez haute en couleur.
00:49 Alors vous êtes aussi soignante, infatigable militante politique de l'union des gauches.
00:53 Et comme par surprise l'intrigue avec des personnages tous très attachants se tient à...
00:57 Marseille !
00:59 Votre ville à tous les deux, ville qui symbolise aussi les mots de notre pays.
01:04 Oui parce que le film débute d'ailleurs avec les images et on s'en souvient tous du drame de la rue d'Aubagne
01:09 au cœur de Marseille, ces immeubles insalubres qui se sont effondrés en 2018.
01:13 Il y est question dans ce film de mal-logement, de l'hôpital, des écoles, des exilés.
01:17 Et pourtant on ressort du cinéma avec de l'espoir.
01:20 Il n'y a pas de fatalisme, il n'y a pas d'apitoiement, il y a beaucoup de douceur, de tendresse.
01:24 Ça veut dire que vous avez encore de l'espoir tous les deux ?
01:27 Oui, un petit peu.
01:30 Très peu.
01:32 Mais c'est pour ça que je m'efforce de faire des films pour m'en redonner à moi-même de l'espoir
01:36 et éventuellement redonner aux autres bien sûr.
01:39 Je crois qu'il faut quand même qu'on s'auto-encourage.
01:41 Mais je crois qu'il y a quand même des solutions.
01:43 La solution c'est quand même des actions collectives quotidiennes pour chacun d'entre nous
01:46 et dans tous les secteurs possibles et imaginables.
01:48 On n'est pas obligé aujourd'hui de s'engager de manière générale dans une partie, syndicat, de manière traditionnelle.
01:53 Quoique ces formes-là doivent demeurer je crois.
01:56 Mais on peut s'engager ponctuellement sur ce qui se passe avec son voisin,
02:00 sur des causes humanitaires, sur des histoires de santé, d'éducation, sur du mal logement bien entendu.
02:07 Donc je crois que le film est un appel à ne pas se résigner
02:10 et à ne pas penser que l'action collective ne sert à rien.
02:12 L'action sert à quelque chose.
02:14 Et je pense qu'effectivement Rosa est un personnage un petit peu...
02:17 Moi je la définis comme une juste en fait.
02:19 On dit juste devant les nations, mais on pourrait dire juste devant l'humanité.
02:23 Je crois qu'elle a comme une aura autour d'elle.
02:25 C'est-à-dire ce personnage qui a une chambre magnétique autour d'elle.
02:27 Quand elle se balade, tout ce qu'elle fait dans tous les secteurs,
02:30 chez elle, quand personne ne travaille,
02:32 elle améliore la situation des gens autour d'elle.
02:35 Voilà, sans arrêt.
02:36 Elle améliore les gens.
02:37 J'ai voulu montrer, et j'allais dire, que des justes.
02:39 C'est une figure à laquelle je me raccroche pour garder un peu d'espoir.
02:42 C'est justement ce qui vous a inspiré.
02:44 Le point de départ il est là, c'est dans cette nouvelle façon aussi
02:46 de faire de la politique et de s'insérer dans la société.
02:49 Oui, ce qu'on a vu rue d'Aubagne d'ailleurs.
02:51 Des gens qui se sont mobilisés, qui se sont regroupés
02:53 pour faire face aux élus, pour faire face à la ville.
02:55 Tout à fait.
02:56 C'est une inspiration, c'est très précisément inspiré par les faits réels.
02:59 En fait, les immeubles de rue d'Aubagne se sont effondrés
03:01 alors que je tournais Gloria Moldi, qui est un film beaucoup plus dur d'ailleurs.
03:04 Beaucoup plus sur un constat un peu saignant des sociétés dans lesquelles on vit.
03:08 Et les immeubles se sont effondrés.
03:10 Il m'a semblé que symboliquement c'était l'effondrement d'une manière aussi d'agir.
03:16 De non-manière d'agir dans nos sociétés,
03:18 qu'il faut peut-être revoir de fond en comble.
03:20 Mais il ne faut pas renoncer à agir.
03:22 C'est surtout là-dessus que je veux insister.
03:24 Et du coup, c'est vrai que ce qui s'est passé après avec le printemps marseillais
03:28 et Rubirola, qui m'a aussi effectivement inspiré le film.
03:31 Qui a inspiré le personnage de Rosa un petit peu.
03:34 Oui, oui, absolument.
03:35 Pour ceux qui ne connaissent pas forcément la vie politique marseillaise,
03:39 c'est cette femme qui a été élue maire de Marseille, un peu contre elle,
03:42 parce qu'il fallait faire l'union des gauches
03:44 et que finalement c'est elle qui a réussi à la faire, un peu sans le vouloir.
03:47 Tout à fait.
03:48 Et ça c'est un comportement éminemment moderne.
03:51 Vous imaginez, on propose le pouvoir à quelqu'un qui n'en veut pas.
03:54 Et qui dit "j'en veux pas".
03:56 Évidemment, elle ne l'a pas pris d'ailleurs.
03:58 Enfin, elle l'a gagné, mais elle n'a pas pris le pouvoir.
04:00 Moi, je ne partage pas le point de vue d'arrière.
04:02 Ce n'est pas forcément parce que c'est une femme.
04:04 C'est parce que c'est une très belle personne.
04:06 Parlons de l'optimisme dans ce film.
04:08 Vous dites "il me reste un petit peu d'optimisme".
04:11 Vous avez tous les deux connu un temps où les cols bleus se serraient les coudes,
04:15 où on tentait de faire front ensemble.
04:17 On a quand même l'impression que dans cette société,
04:19 tout le monde se défie du regard et que le sens du collectif s'est un peu évaporé.
04:22 Moi, je ne suis pas d'accord avec ça.
04:24 C'est simplement ça, c'est ce qu'on raconte.
04:26 Parce que je dis que c'est toujours très facile de raconter ça.
04:28 C'est vachement mieux de raconter que tout le monde se déteste,
04:30 que tout le monde se regarde d'autre part.
04:32 Parce que comme ça, ça permet d'enfoncer un peu la tête des gens un peu plus.
04:36 Et puis après, on leur met un grand coup de talon et ils disparaissent dans le sol.
04:39 Je pense que ce n'est pas si vrai que ça.
04:41 Je ne crois pas.
04:42 C'est simplement que ça ne s'exprime plus du tout de la même manière.
04:45 Il faut trouver les manières.
04:47 Il faut trouver les formes.
04:49 Comme disait Anton Tchékov, il faut trouver des formes de nouvelles.
04:52 Pour écrire ou pour vivre.
04:54 Mais effectivement, avant, il y avait comme ça une grande culture populaire, prolétaire.
05:01 Ça n'existe plus.
05:03 Les usines comme ça n'existent plus.
05:05 En fait, beaucoup moins qu'avant.
05:07 Mais ne croyez pas que cette culture-là a complètement disparu.
05:11 Ces formes d'action qui existent, mais plus vraiment en dehors des partis politiques.
05:16 Ça aussi, vous vous moquez en quelque sorte des partis Ariane Askarid.
05:20 Vous, vous jouez une militante de gauche qui n'arrive pas à créer l'union
05:25 entre les socialistes, les écolos, les communistes, les insoumis à l'échelle de Marseille.
05:29 Quand vous regardez aujourd'hui le spectacle de la nupe qui se divise,
05:33 vous vous dites quoi d'ailleurs ?
05:35 Comme votre personnage, on ne peut pas gagner quand on fait tout pour perdre ?
05:39 - On souffre.
05:41 - Vous souffrez ? C'est vrai ?
05:43 - Effectivement, je pense qu'ils m'énervent.
05:46 Ils m'énervent positivement.
05:48 J'ai juste envie de leur claquer le beignet.
05:51 Je n'ai pas d'autre mot que ça.
05:52 C'est scandaleux.
05:53 C'est juste scandaleux.
05:54 Parce qu'il y a des tas de gens qui ont cru en eux.
05:56 Il y a des tas de gens qui ont voté pour eux.
05:57 Il y a des tas de gens qui ont eu comme ça une espérance.
06:00 C'est un mot que j'aime beaucoup, l'espérance.
06:02 Et après, ça se fout sur la gueule entre eux.
06:06 Mais où y sont les autres ?
06:07 Où y sont les gens ?
06:08 Quel est leur rapport aux autres ?
06:10 À ceux qui sont là le matin, qui se lèvent, qui vont travailler, qui marchent dans la rue,
06:13 qui prennent le métro, qu'on ne remarque pas dans la rue.
06:16 Mais qui sont là, qui existent ? Où y sont ?
06:18 Quel est leur rapport à eux ?
06:20 - Il y a une sensation de gâchis ?
06:22 - Oui, surtout parce que je pense qu'ils sont vraiment à côté du monde dans lequel on vit.
06:27 C'est-à-dire d'être un zoologique partisan,
06:29 c'est-à-dire se préoccuper plus de la place qu'à son parti de l'Union,
06:33 que de l'Union elle-même,
06:34 il faut quand même être cinglé aujourd'hui.
06:36 C'est-à-dire que c'est une bêtise intellectuelle et théorique.
06:39 Si les partis... Les partis c'est fini.
06:41 Je veux dire d'ailleurs à droite il n'y a pas de parti, à gauche il n'y a pas de parti, il n'y a plus de racisme.
06:45 Les partis comme ils ont été structurés pendant un siècle et demi, grosso modo,
06:48 ça n'existe plus, ça n'existe plus, c'est pas plus grave que ça.
06:51 Il faut inventer d'autres formes.
06:53 Moi je ne suis pas attaché à une forme particulière.
06:56 S'il faut trouver une nouvelle forme, on trouve une nouvelle forme.
06:58 Les gens qui, à la rue d'Aubagne, ont eu l'idée de baptiser la place, par exemple,
07:02 ils font de la politique que c'est un string du terme.
07:04 C'est-à-dire qu'il faut entrer dans l'histoire, leur histoire.
07:08 C'est ça faire de la politique.
07:09 D'ailleurs au sens le plus étymologique du terme, je veux dire c'est assez beau.
07:13 Et donc ils inventent une nouvelle forme, sans aucune partie,
07:16 avec deux associations qui peuvent d'ailleurs fonctionner certains temps et pas un autre.
07:19 Je veux dire il faut être un peu plus mouvementiste que ça, je veux dire aujourd'hui.
07:23 Donc s'attacher à faire... C'est ce que dit à un moment donné.
07:26 Je veux dire s'attacher à faire renaître le parti communiste.
07:28 Comment le parti communiste pourrait revenir aux 25% qu'il avait dans la Libération ?
07:31 Il faut se singler pour penser ça. Il faut se singler je pense.
07:35 - Alors ce qui nous marque aussi, ce qu'on voit à l'écran, c'est ce qu'on a appelé votre bande.
07:40 C'est-à-dire ces visages familiers, Jean-Pierre Daroussin, Gérard Mélan,
07:43 et puis les plus jeunes, notamment Robinson Stévenin, Lola Neymar,
07:46 qui vous accompagnent dans vos aventures depuis des années.
07:49 Est-ce que le cinéma sans eux, sans cette bande-là, ça serait moins bien, ça serait moins intéressant ?
07:54 - Ah pour moi oui. Oui, oui, oui.
07:57 Oui parce que la confrontation en permanence depuis maintenant 40 ans,
08:02 de la troupe à l'histoire, fait partie de ma manière.
08:07 C'est ma façon. C'est devenu mon style la troupe.
08:10 Si j'en ai eu, c'est celui-là.
08:13 C'est pas de faire que des plans aux 50mm,
08:16 ce que j'ai toujours trouvé ridicule pour ma part.
08:19 Que des travelling, pas de zoom, pas de plan fixe, ou que...
08:23 Je veux dire, à chaque film, il faut s'inspirer,
08:26 et on met en scène le mieux possible, c'est-à-dire on raconte le mieux possible l'histoire qu'on est en train de raconter,
08:30 avec tous les moyens possibles et imaginables.
08:32 Mais donc, s'il y a un style chez moi, c'est la troupe.
08:35 Qui grandit, qui vieillit, qui se renouvelle,
08:38 qui adopte des enfants, qui adopte... Bon, les petits-enfants, bien sûr.
08:42 - Et quand vous écrivez, vous pensez à ces personnages ?
08:45 - Maintenant ? - Au moment d'écrire même ?
08:47 - Maintenant, oui. - Vous voyez le personnage, ça sera Jean-Pierre ?
08:50 - Par exemple, je savais que Rosa s'allait nager,
08:53 et je sais que Rianon nage très bien.
08:56 - C'est vrai, qu'elle brasse dans le film, incroyable !
08:58 - Il lui a fallu donner des cours pour qu'elle nage de cette manière-là !
09:01 C'est-à-dire, Rianon à la vingt, c'est un cours, c'est pas lui qui l'a gagné à ce niveau-là !
09:05 - C'est aussi cette bande, une bande de jeunesse au départ,
09:08 de copains, de militants, vous dites, Robert Guédiguian,
09:11 que le cinéma était une façon de rester ensemble.
09:13 Quand vous rendez la carte du PC en 1980,
09:16 heureusement que le cinéma avec cette bande passe par là ?
09:18 - Oui, c'est comme un train qui passait par là,
09:20 j'ai embarqué tout le monde, j'ai invité tout le monde à monter dans le train avec moi,
09:24 et ça a été une autre manière de...
09:26 Justement, ça a été une autre manière d'être actif,
09:29 quand je parlais de mode d'action,
09:30 je ne dis pas que c'est un mode d'action qui peut exister pour tout le monde,
09:33 le fait de faire du cinéma, mais en tout cas, ça a été le biais.
09:36 Une manière de continuer à être sur mes préoccupations, mes obsessions,
09:40 et de travailler, d'interpréter le monde et d'y intervenir.
09:43 Et j'ai entraîné avec moi toute cette bande-là, c'est générationnel, c'est vrai.
09:46 - Et votre personnage, Ariane Ascaride,
09:49 dit aussi à un moment donné qu'elle signera, jusqu'à son dernier souffle,
09:53 des pétitions sur sa table de chevet, ça, ça vous ressemble ?
09:57 - Je crois bien que oui !
10:00 - Vous aviez pensé à Juliette Binoche pour ce rôle !
10:03 - Non mais Juliette Binoche, elle signe des pétitions, je vous fais remarquer !
10:07 - On l'a reçue la semaine dernière !
10:09 - Oui, non mais je pense que je suis...
10:12 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
10:16 Je ne sais pas comment vous dire, je n'ai jamais été comme ça,
10:20 quand j'avais 20 ans je n'étais pas comme ça, je ne vois pas pourquoi je serais comme ça maintenant.
10:23 Ce qui se passe dans le monde, ce qui se passe dans le pays dans lequel je vis m'intéresse.
10:28 Vous savez, comment vous dire, en fait, ce que je suis, ce que je représente,
10:33 aujourd'hui, tout le monde dit "Ah ouais, Ariane Ascaride, tu sais, l'actrice engagée,
10:37 la fille qui tout le temps raconte des histoires."
10:39 J'ai mis beaucoup de temps à être entendue,
10:42 parce que ce que j'étais ne correspondait pas du tout à ce qu'on attend d'une actrice.
10:46 Et c'était compliqué, c'était vraiment compliqué.
10:49 - Vous étiez trop engagée ?
10:51 - J'étais trop tout ! C'est pas plus compliqué, j'étais trop tout !
10:55 J'étais trop populaire, j'étais trop brune, je parlais trop fort,
11:02 il fallait que j'aie peut-être un accent, il fallait que je perde mon accent,
11:06 il fallait que je fasse des tâtes, j'ai énormément travaillé.
11:11 Énormément ! Mais ça sert à rien de le dire, parce que ça fait partie de mon métier,
11:16 il faut travailler, vous voyez ce que je veux dire.
11:18 Mais, et puis aujourd'hui, voilà, maintenant on dit "Ah bon, Ariane Ascaride..."
11:23 Oui, mais je vois pas pourquoi je continuerai pas à signer des pétitions.
11:27 Vous voyez, parce que quand il y a des choses qui me dérangent,
11:30 quand il y a des choses qui me gênent, c'est pas l'actrice qui parle, c'est la citoyenne,
11:33 c'est la personne qui vit dans un monde.
11:35 Et ce que je dis tout le temps, c'est que je n'ai qu'une vie.
11:39 Pourquoi est-ce que je subirai ? Je subis déjà beaucoup,
11:42 il y a plein de choses sur lesquelles je peux pas intervenir.
11:45 Mais sur les quelques choses sur lesquelles je peux intervenir, je le fais,
11:50 parce que c'est ma vie.
11:52 Je ne permets pas à quelqu'un d'autre de me dire comment je dois vivre.
11:55 Mais d'ailleurs, si on remonte le temps, c'est en fait le militantisme qui vous a réuni,
11:59 parce que Ariane pendant...
12:00 Oh, c'est l'amour, monsieur, c'est l'amour !
12:03 Alors l'amour du militantisme !
12:05 Non, non, non, c'est l'amour !
12:07 Pendant vos études, vous militez à l'Unef, vous faites un discours,
12:10 et Robert, vous venez la féliciter, c'est ça ?
12:12 C'est vrai, c'est vrai. J'étais dans un amphithéâtre, où elle est arrivée,
12:15 côté cours, comme au théâtre, elle est arrivée sur scène,
12:18 elle s'est mise au milieu, elle a dit "il faut que je parle,
12:21 je vais intervenir au nom de l'Unef", en fait, à ce moment-là.
12:24 Quand on la réforme, Fontanet des universités, je me souviens, c'était à l'hôpital.
12:28 C'était au siècle dernier, oui.
12:30 Et j'ai trouvé que c'était pas mal dans son interprétation.
12:35 C'est superbe.
12:37 Qu'est-ce que vous êtes allé lui dire ?
12:38 Et qu'est-ce que vous avez répondu ?
12:39 Elle est ce con.
12:41 Pourquoi ?
12:42 Je ne lui ai pas dit à qui.
12:44 Non, je l'ai dit à une camarade à moi,
12:48 je l'ai dit à une camarade à moi,
12:50 mais parce que je trouvais déjà qu'est-ce qui venait paternaliser,
12:53 avec une espèce de paternalisme,
12:55 c'est-à-dire que tu as bien parlé, mais j'ai pas besoin de savoir.
12:58 Les rapports entre femmes étaient déjà très difficiles.
13:00 C'est-à-dire qu'elle a tenu une porte à une fille,
13:02 elle nous l'a renvoyé dans la gueule.
13:04 Non, j'avais pas besoin de son approbation.
13:06 Elle est très sympa.
13:07 J'avais pas besoin de son approbation.
13:08 Ça va, quoi.
13:09 Ça allait pas du tout paternaliser, c'était vrai.
13:11 Robert Guédic, Lorraine Oscarit, vous restez avec nous,
13:13 vous êtes les grands invités de la deuxième heure de RTL Bonsoir.
13:16 Dans un instant, nous allons évoquer un autre personnage
13:18 de ce film délicat et optimiste.
13:20 C'est votre ville à tous les deux, Marseille.
13:22 A tout de suite.
13:23 RTL Bonsoir.
13:27 Julien Cellier, Marion Calais et Cyprien Sini.
13:30 RTL Bonsoir.
13:31 RTL Bonsoir, la deuxième heure, avec nos grands invités,
13:34 le réalisateur Robert Guédic, la comédienne Ariane Ascari,
13:37 le très joli et la fête continue.
13:39 Sort au cinéma après-demain et on l'a dit,
13:41 toute l'intrigue se déroule dans votre ville, Marseille.
13:44 Qui est aussi la mienne.
13:45 Au-delà de l'attachement, est-ce que vous aimez particulièrement filmer Marseille ?
13:49 Parce que, on va pas se mentir, la lumière y est différente quand même.
13:52 Non mais en tout cas, en toute objectivité.
13:53 Parce que dans votre film, y a des lumières superbes.
13:55 Non mais y a un truc.
13:56 Non mais bien sûr, c'est vrai que...
13:58 Y a que deux lumières, je crois, au monde.
14:01 Y a la lumière du Nord et la lumière du Sud.
14:03 Donc la lumière du Sud, moi ça me plaît, c'est celle avec laquelle je suis né.
14:07 C'est une lumière avec des contrastes, avec beaucoup d'ombre,
14:10 ombre et lumière, etc.
14:12 Avec des contre-jours, des choses comme ça.
14:14 La lumière du Nord qui est très diffuse et tout ça, c'est pas mal aussi.
14:16 J'ai rien contre...
14:17 Non mais puis y a la RAD, y a un autre style.
14:19 Après, c'est vrai que la quantité, c'est lumière et décor.
14:22 C'est-à-dire que, je pense effectivement que Marseille,
14:25 je crois que là, ça l'aperçoit quasiment un peu trop,
14:28 bon peut-être, mais offre une quantité de décors dingue.
14:32 Y a tout ce qu'il peut.
14:34 On peut raconter toutes les histoires du monde à Marseille, c'est sûr.
14:36 On voit la RAD notamment, filmée sur la Corniche.
14:38 Y a la RAD, y a le film à Bonheur.
14:40 Parfois ça fait très très urbain, parfois ça fait noyau villageois,
14:43 ça fait un petit peu village-provincial.
14:45 Y a des endroits qui sont très très diversifiés, très très...
14:49 C'est beau !
14:51 C'est la plus belle ville du monde !
14:52 - Marseille, c'est aussi un peuple, il n'y a que des braves gens ici,
14:56 dit Gérard Béland à un moment dans le film.
14:58 Il a raison son personnage ?
14:59 - Non mais il faut dire la fin de la réplique mon cher !
15:02 - Moi je m'arrête là !
15:04 - Il dit pas de raciste...
15:06 - Il exagère un peu quoi !
15:08 - Il exagère un poil !
15:09 - Il est marseillais quoi !
15:10 - Il est marseillais.
15:11 - Et il dit que des gens de gauche à la fin.
15:13 - Non mais non, tout à son point de vue là, non non non,
15:15 c'est sûr que, évidemment, il dit ça, c'est assez drôle quand il dit ça,
15:18 mais Marseille est une ville, je crois, très très accueillante,
15:24 ça ne m'empêche pas qu'il y ait de la rébellion aussi.
15:27 - Ah !
15:28 - Il y a une espèce de double mouvement quoi !
15:31 - Marseille c'est une ville accueillante au départ, toujours.
15:35 Après, entrer chez les Marseillais, c'est beaucoup plus compliqué, d'accord Cyprien ?
15:39 - Je suis d'accord !
15:40 - Ah merci !
15:41 - On n'a jamais été invité chez Cyprien !
15:43 - On peut le dire, on peut le dire !
15:44 - C'est vrai que Marseille c'est compliqué,
15:47 moi je sens que ce n'est pas une ville si simple que ça.
15:49 - Non, ce n'est pas une ville simple,
15:50 parce que c'est une ville qui vous attire,
15:51 c'est en même temps une ville qui vous repousse.
15:53 C'est comme un aimant, ça fonctionne comme un aimant.
15:55 C'est une ville, il faut beaucoup de temps pour arriver à comprendre comment elle marche.
15:58 Mais moi c'est ce que j'aime d'ailleurs, vraiment c'est un truc que j'aime.
16:01 - D'ailleurs le film d'Aïm s'appelait "Comme un aimant".
16:03 - Oui, c'est vrai !
16:04 - Et voilà !
16:05 - Mais Ariane, justement, depuis votre enfance aux 8 rues d'Alger,
16:08 est-ce qu'elle a changé cette ville ?
16:09 Parce que Cyprien, ici présent, c'est sa marotte, c'est plus mon Marseille, etc.
16:13 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
16:15 - Évidemment que ça a changé !
16:17 Alors d'autant plus que Cyprien est un enfant !
16:20 Et que moi je suis beaucoup plus âgée que lui !
16:22 Donc en plus ce n'est pas le même Marseille, même le mien !
16:26 Mais bien sûr que ça a changé, et ça n'a pas changé.
16:30 Il y a des choses qui resteront toujours,
16:32 c'est-à-dire que à Marseillais, c'est quelqu'un qui vous regarde en souriant,
16:36 mais avec un regard très persan, et qui essaye de voir qui vous êtes.
16:40 Et vous ne vous rentrez pas comme ça, c'est ce que je disais précédemment.
16:44 Deuxièmement, c'est vrai que si vous voulez, là,
16:46 depuis que Marseille a été capitale européenne de la culture,
16:49 c'est devenu super à la mode !
16:50 Tout le monde descend passer des week-ends à Marseille !
16:53 C'est super, c'est génial !
16:55 - Oui, moi ça m'énerve !
16:56 - Eh bien oui, évidemment !
16:57 Et tout le monde, après le confinement,
17:00 tout le monde s'est dit "oh je vais aller habiter à Marseille,
17:02 ça va être vachement bien, tout ça".
17:04 Et c'est pas si évident que ça, parce qu'il y a des gens qui remontent, qui rentrent.
17:07 - Jean-Luc Mélenchon par exemple !
17:09 (Rires)
17:11 - C'est fort !
17:13 - Bravo !
17:14 - Bravo, absolument !
17:15 Donc c'est bien sûr que ça change,
17:18 parce que moi quand j'étais petite, à Marseille,
17:21 c'était Chicago, la manière dont la France parlait de Marseille, c'était Chicago.
17:25 Il y a des gens qui se tuaient tout le temps,
17:27 parce que c'est pas nouveau que les gens se tirent de ce coin.
17:29 - Ça n'a pas changé !
17:30 - Là maintenant on parle de ça, mais moi quand j'étais petite,
17:32 tous les lundis dans ce qui s'appelait le Provençal,
17:36 on avait trouvé un mec aux goudes qui avait été tué,
17:41 qu'on avait balancé dans la calanque ou des machins comme ça.
17:44 Donc si vous voulez, moi ça me rend malade
17:48 qu'il y ait des gamins qui meurent dans les quartiers,
17:50 c'est pas le problème.
17:52 Mais cette violence-là, je la connais depuis toujours.
17:55 Mais après effectivement, il y a d'autres choses aussi.
17:59 Il y a effectivement que le Vieux-Port,
18:02 tout ça c'est devenu un peu lisse et tout.
18:04 - Le panier c'est Disneyland.
18:06 On était pas embêtés par les touristes il y a longtemps.
18:08 Mais est-ce que c'est pas mal aussi ?
18:10 - Cyprien, en même temps les touristes ça donne du travail à des gens.
18:13 - Moi je me fais engueuler par mon frère et ma sœur qui sont à Marseille,
18:16 ça a changé en mieux, c'est beaucoup mieux.
18:18 Et effectivement moi j'y vis plus, donc c'est facile pour moi de critiquer.
18:22 - C'est vrai que ça a donné du travail, parce qu'il y a beaucoup de gens.
18:24 Le taux de chômage à Marseille il est important quand même,
18:26 il ne faut jamais l'oublier.
18:28 - Il y a aussi à Marseille une communauté arménienne.
18:32 Robert Heddygian, votre papa était d'origine arménienne.
18:36 Dans ce film vous vous filmez de fiers descendants d'Arméniens.
18:41 Très occupés, parce que le Haut-Karabagh,
18:44 cette région disputée avec l'Azerbaïdjan,
18:47 a été le théâtre d'un conflit ces dernières semaines.
18:50 Les 140 000 Arméniens qui y vivaient ont dû s'exiler.
18:53 Vous avez la sensation que cet exil s'est déroulé dans une certaine indifférence ?
18:57 - Oui, d'autant que ça a été effacé très vite une catastrophe en effet.
19:05 Enfin, une autre.
19:07 Ça a été effacé très vite par ce qui s'est passé en Proche-Orient.
19:11 Mais c'est vrai que c'est tellement un petit pays,
19:15 qui n'a aucune importance économique.
19:18 Si la géopolitique allonge la richesse d'un pays,
19:21 il n'a aucun intérêt.
19:24 C'est pour ça qu'il est défendu de manière très très verbale.
19:29 On est en pleine en les contradictions de la diplomatie.
19:33 Évidemment on signe un accord avec Aliev, qui est une dictateur,
19:37 qui veut prendre le bas de l'Arménie en tout cas.
19:42 Si ce n'est pas l'Arménie toute entière.
19:45 Mais je pense que de ces jours il va réintervenir,
19:48 si l'on n'y prend pas garde, s'il n'y a pas des forces d'interposition.
19:51 Parce qu'évidemment l'Azerbaïdjan est mille fois plus riche que l'Arménie,
19:54 mille fois plus armé, et allié de la Turquie,
19:56 qui commande, qui dirige même l'armée azérie.
19:59 Donc l'Arménie n'a aucune chance,
20:01 et on ne peut pas juste dire "on soutient, soutient, soutient"
20:04 "comment ça ce pays, sa culture, ses musiciens, etc."
20:08 Il faut, bon, ils veulent tous être envahis et disparaître.
20:11 L'espèce... moi j'ai écrit dans l'antique que je vais intituler
20:15 "L'espèce arménienne est menacée de disparition."
20:18 Je crois vraiment que ce pays pourrait disparaître.
20:20 Enfin, on va faire tout faire, et je crois que ça tient beaucoup sur la fin de la diaspora,
20:23 donc vraiment se mobiliser à fond, beaucoup plus que ce qu'elle le fait.
20:27 Elle le fait déjà, mais je les encourage tous à faire dix fois plus.
20:31 Et à donner vraiment, et d'ailleurs à financer en particulier,
20:33 à donner de l'argent, parce que il n'y a pas de ressources naturelles et spatiales.
20:37 - Au-delà de la diaspora, le sort des Arméniens aime peu.
20:40 - Oui.
20:41 - Parce que les Arméniens sont des gens très discrets, très élégants,
20:44 qui ne font pas beaucoup de bruit, qui essayent toujours de...
20:46 D'abord, regardez, dans la manière dont les Arméniens se sont intégrés
20:51 dans tous les pays dans lesquels ils se sont posés,
20:54 c'est une intégration absolument remarquable.
20:56 C'est assez impressionnant.
20:58 Et ils vivent leur culture toujours avec beaucoup de discrétion.
21:03 Ils ont toujours peur de gêner les gens, vous voyez ?
21:06 Et c'est un peu dommage, parce qu'il faudrait bien de gêner les gens.
21:09 - On parlait du haut carabague, il y a un homme politique en France
21:12 qui a beaucoup alerté là-dessus, sans qu'on l'entende trop.
21:15 C'est Laurent Wauquiez, qui est même allé là-bas.
21:17 Ça vous surprend, ça, ou pas ?
21:19 - Alors non...
21:20 - Ça vient de la droite ?
21:21 - Non, ça ne me surprend pas.
21:23 Pourquoi ça ne me surprend pas ?
21:24 Parce que l'Arménie est le pays chrétien de cette région.
21:30 Donc, c'est comme ça, ça s'est fait commencer historiquement.
21:35 C'est le premier pays qui a adopté la chrétienté comme religion d'État.
21:38 Quelques années, 50 ans, je crois, demi-siècle avant Rome.
21:42 Donc, il est resté chrétien.
21:45 Et du coup, c'est vrai que, étrangement, je suis expliqué que cela,
21:48 il n'est plus défendu, il est défendu aussi à gauche,
21:50 mais il n'est plus défendu à droite, tout simplement par la droite chrétienne.
21:54 Il n'est plus défendu que ce qu'il est défendu.
21:56 Zemmour est allé en Arménie, au moment du conflit.
22:01 Zemmour, Valéry Pécrince, Wauquiez, etc.
22:05 Si ça peut aider, ça aide, mais c'est vrai que ce ne sont pas mes alliés.
22:09 - Vous aimeriez voir d'autres voix ?
22:11 - Je sollicite en permanence à la gauche, en disant
22:14 "Les gars, c'est pas parce que c'est des chrétiens qu'il ne faut pas les aider."
22:17 Je suis un trésor !
22:19 - Robert Guédiguirre et Naskarit, vous restez avec nous.
22:21 Vous êtes les grands invités de la deuxième heure de RTH Bonsoir.
22:24 Et la fête continue, sort après-demain.
22:26 Dans ce film, il y a aussi, et on va en discuter, de la bonne cuisine, de la bonne musique.
22:30 Ça tombe bien, la suite dans l'émission, c'est la musique.
22:32 La playlist de Steven Bellery.
22:34 - Salut Steven ! - Salut à tous !
22:35 - Qu'est-ce qu'on écoute ?
22:36 - Une brochette de chanteuse au menu, Dua Lipa,
22:38 Kimber Rose qui fait son retour, et puis je vais vous parler de Madonna, qui a fait son tour.
22:41 - C'est grand pour rire soir à Paris !
22:43 - La cuisine, c'est la... - N'êtes pas pressés !
22:45 - C'est la guinguette d'Angèle Ferromax.
22:46 Salut Angèle, qu'est-ce qu'on mange ?
22:47 - Aujourd'hui, on va préparer ensemble une recette d'automne aussi simple que délicieuse,
22:52 une courge farcie, qui va réconcilier à table les végétariens et les viandards.
22:57 - Très bien, on achète, à tout de suite !
22:59 RTL
23:00 Bon.
23:00 Merci à tous !