Pour sa première carte blanche dans le 7/10, Amélie Nothomb a choisi de dénoncer une injustice à ses yeux : les musées qui obligent trop souvent leurs visiteurs à réserver en ligne.
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00:00 Bonjour Amélie Nothomb. Bonjour Nicolas. Et bienvenue dans le 7/10 d'Inter.
00:04 Christine Angot a pris un mois de liberté pour la sortie de son film « Une Famille ».
00:09 Alors on est très heureux de vous accueillir à ce micro. C'est à vous.
00:13 Ça commence par un coup de gueule. Je trouve terrible que depuis que le Covid est fini,
00:18 on n'en a pas fini avec cette vieille loi qu'on doit réserver pour aller au musée.
00:24 Je trouve ça intolérable. Surtout moi, je suis un être sans aucune connexion.
00:29 Je n'ai pas les moyens de réserver un musée. Je ne possède pas d'ordinateur, je ne sais pas comment ça marche.
00:34 Je ne possède pas de smartphone, je ne sais pas comment ça marche.
00:37 Donc ça fait quatre ans, ça fait quatre ans ou trois ans qu'on n'est plus dans le Covid.
00:41 Et ça fait trois ans que malgré tout, je ne peux pas aller dans les trois quarts des musées puisqu'il faut réserver.
00:47 Ça me penait surtout par rapport au Louvre, puisque j'ai eu une addiction avec le Louvre et plus particulièrement avec un tableau du Louvre
00:53 qui s'appelle à tort, paraît-il, « La Belle Ferronnière » de Léonard de Vinci.
00:57 Samedi dernier, je n'en pouvais plus. Après quatre ans sans Louvre, sans Belle Ferronnière,
01:02 je me suis dit « j'y vais au feeling, j'y vais au culot, je n'ai pas réservé puisque je n'ai pas les moyens de réserver.
01:08 J'y vais quand même. » J'arrive au Louvre, il était 13h, je me suis dit « les gens mangent ».
01:13 Bon, il y avait quand même une file, pas possible. J'ai fait la file.
01:17 J'ai pris le ticket, mais il fallait juste faire une demi-heure de file.
01:21 Et j'ai enfin pu retourner au Louvre. Et ça a été l'extase absolue.
01:26 D'abord d'aller revoir « Ma Belle Ferronnière » toujours aussi belle, toujours aussi énigmatique,
01:29 dont on ne connaît toujours pas le vrai nom, ce qui participe grandement à sa beauté.
01:34 Mais aussi d'aller voir ce qui est l'événement du Louvre pour encore cinq ans.
01:38 Précipitez-vous, après ce ne sera plus le cas. C'est voir les deux Rembrandt.
01:44 Rembrandt a été le tout premier peintre à représenter en pied deux fiancés.
01:48 Des fiancés d'ailleurs très improbables. Quand on les voit, on a du mal à croire qu'ils soient fiancés à qui que ce soit,
01:54 tellement ils sont rebutants et austères tous les deux.
01:57 Mais ils portent des tenues absolument remarquables.
02:00 Donc allez voir les fiancés de Rembrandt. Je suis désolée de ne pas pouvoir vous dire leur nom.
02:04 Ils ont tous les deux des noms parfaitement imprononçables.
02:07 Mais ils ont des tenues grandioses. Surtout le fiancé porte des chaussures,
02:12 mais juste hallucinantes, avec un énorme nœud. On se demande comment ça a pu tenir sur la chaussure.
02:18 Je suis restée là un siècle. Je dois dire que la dernière fois que j'étais allée au Louvre,
02:22 c'était il y a quatre ans, l'aile des Hollandais était, je ne sais pas pourquoi, toujours fermée.
02:27 Elle est enfin ouverte. Je me suis mis des Hollandais, mais jusque-là, c'était trop beau.
02:34 Et après, je me suis offert le luxe de passer en courant devant les Égyptiens.
02:39 Parce que c'est très bien les Égyptiens, mais je n'étais pas venue pour voir ça.
02:43 Donc je suis retournée à l'aile des Italiens. Ça fait beaucoup de marche.
02:46 C'est extraordinaire qu'on vienne passer des Hollandais aux Italiens.
02:50 Vous marchez trois quarts d'heure au pas de course, et puis m'offrir une nouvelle fois le couloir des Italiens,
02:57 à grande vitesse, et aller revoir mon amoureuse, celle qui ne s'appelle pas la belle Ferronnière de Léonard de Vinci.
03:04 - Et bien merci Amélie Notton ! - Donc on peut y aller sans réserver.
03:08 - Donc voilà, c'est ce que je voulais prouver. Je voulais prouver qu'on pouvait aller au Louvre sans aucune réservation.
03:13 Et il y a une leçon à en tirer. Parce que c'est vrai que dans tous les musées où je vais,
03:17 on me repousse en disant "vous n'avez pas réservé, vous ne pouvez pas venir".
03:20 Et bien moi je dis "obstinez-vous". Et s'il voit beaucoup d'Amélie Notton,
03:24 mais d'autres gens qui viennent sans réservation, je pense qu'ils vont finir par plier.
03:28 Et par comprendre que c'est la lutte d'Amélie Notton.
03:31 - Moi je suis d'accord ! - Le mouvement est lancé !
03:33 - Merci beaucoup Amélie Notton, et on vous retrouve jeudi.