Deux nouveaux projets d'élevage intensif pourraient voir le jour en France - Hugo Clément

  • il y a 6 mois
Il s'agit d'un élevage de poulets dans la Drôme et de vaches en Haute-Vienne.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite

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00:00 7h21 en toute subjectivité aujourd'hui avec le journaliste et présentateur de l'émission
00:06 sur le front sur France 5, Hugo Clément, bonjour !
00:09 Bonjour Nicolas !
00:10 Hugo, ce matin, vous nous parlez de vaches et de poulets.
00:12 Oui, mais je ne vais pas vous parler de l'élevage paysan plein air qui laisse pâturer les
00:17 animaux dans les prés.
00:18 Non, je vais m'arrêter sur l'autre facette de l'élevage français, moins connu, moins
00:22 joli et qui pourtant prend de l'ampleur, les fermes-usines à l'américaine.
00:27 Deux nouveaux mégaprojets pourraient voir le jour prochainement dans notre pays et montrent
00:31 bien toute la folie de ce modèle.
00:33 Alors dis-nous, quels sont ces projets ?
00:34 Le premier se situe à Perrin, dans la Drôme, où un élevage industriel de poulets souhaite
00:38 s'agrandir pour produire plus d'un million de poulets par an.
00:43 Vous avez bien entendu, il n'y a pas d'erreur, un million de poulets par an, produits par
00:47 un seul élevage.
00:49 140 000 animaux seront donc présents simultanément dans les bâtiments, sans accès à l'extérieur,
00:54 avec une densité de 21 poulets par mètre carré, ce qui représente moins d'une feuille
00:58 à quatre par poulet.
00:59 Derrière ce projet fou, on trouve le groupe Duc, qui appartient à un géant néerlandais
01:04 de la volaille et qui se fiche pas mal des protestations du village de Perrin.
01:08 Car le maire et un collectif d'habitants craignent notamment des problèmes d'odeurs,
01:12 des pollutions et une pression sur la ressource en eau, alors que la zone est déjà en tension
01:16 sur l'eau potable.
01:17 Alors certains pourraient m'objecter qu'au moins, ce projet va donner du travail à beaucoup
01:21 de monde, c'est souvent l'argument qui est utilisé.
01:23 Nicolas, devinez combien de personnes travailleront dans cette ferme-usine pour produire un million
01:27 de poulets par an ?
01:28 - Je ne sais pas, combien ?
01:29 - Trois ! Trois personnes, trois emplois pour un million de poulets.
01:33 C'est là qu'on se rend compte que l'élevage industriel, en plus de polluer énormément
01:37 et de faire souffrir les animaux, détruit aussi les emplois des paysans.
01:41 Le deuxième projet dont je veux vous parler se situe, lui, en Haute-Vienne, à Périlac.
01:45 Cette fois, ce sont des vaches qu'on va entasser dans des bâtiments.
01:48 Et pas qu'un peu, puisque le groupe agroalimentaire Terea veut rassembler 3100 bovins simultanément
01:55 dans des hangars d'engraissement.
01:56 L'objectif, tenez-vous bien, est d'envoyer 5000 animaux à l'abattoir chaque année,
02:01 soit environ 100 vaches par semaine.
02:03 C'est tout simplement énorme.
02:04 Pour vous donner un point de comparaison, 87% des élevages bovins en France comptent
02:09 moins de 100 vaches.
02:10 Là, ce sera 100 vaches chaque semaine.
02:12 - Et combien d'emplois cette fois-ci ?
02:14 - 5 salariés à temps plein pour 5000 bovins par an, soit 1 salarié pour 1000 vaches.
02:20 Avec de tels chiffres, comment imaginer que les animaux puissent vivre dans de bonnes
02:24 conditions et comment imaginer que les petites exploitations familiales puissent rivaliser.
02:29 Pour finir, Nicolas, il est important de souligner que pour cette usine à vaches, comme pour
02:33 le méga-poulailler de la Drôme, des enquêtes publiques sont en cours, ce qui veut dire
02:37 que l'État a encore le pouvoir de stopper cette folie.
02:40 - Hugo Clément, merci.

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