Le chef d'entreprise et président de l'UPE 06 Pierre Ippolito est l'invité de L'Interview à la une

  • il y a 6 mois

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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de
00:13 Nice Matin, une émission que j'ai le plaisir de présenter aujourd'hui avec Karine Wenger,
00:17 c'est la chef du service économie du groupe Nice Matin.
00:20 Bonjour Karine.
00:21 Bonjour Denis.
00:22 Notre invité aujourd'hui, Pierre Hippolito.
00:24 Bonjour Pierre.
00:25 Bonjour.
00:26 Vous êtes le président de l'Union pour les entreprises des Alpes-Maritimes, l'UPE06,
00:30 vous êtes bien évidemment également chef d'entreprise.
00:33 On va commencer par une question d'actualité.
00:35 Le gouverneur de la Banque de France vient de revoir la prévision de croissance pour
00:39 2024 à 0,8%, mais il prévoit une reprise en 2025 et 2026.
00:44 Est-ce que vous êtes aussi optimiste que lui ?
00:47 Il faut rester optimiste en tant que chef d'entreprise bien évidemment.
00:50 Après quand on voit que le gouvernement est passé de 1,4% de prévision à 1%, que la
00:55 Banque de France est encore à 0,8%, on peut encore malheureusement croire qu'on va avoir
01:00 encore des détériorations sur les prévisions du gouvernement et donc des coupes budgétaires
01:04 et une augmentation de la fiscalité.
01:05 Alors justement, les coupes budgétaires, on va en parler.
01:08 Vous l'avez évoqué, Bruno Le Maire a ramené la prévision de croissance de 1,4% à 1%,
01:14 on l'écoute.
01:15 Nous avons donc décidé de réviser la croissance de 1,4% à 1% pour 2024 avec comme objectif
01:23 de garder la maîtrise de nos finances publiques et donc, comme nous gagnons moins, il y a
01:28 moins de croissance, moins de recettes fiscales, il faut dépenser moins.
01:32 On gagne moins, on dépense moins.
01:35 Très précisément, nous allons avec le ministre des Comptes publics réduire de 10 milliards
01:40 d'euros les dépenses de l'État en 2024.
01:43 J'insiste sur le fait que ce n'est ni le budget de la Sécurité sociale, ni le budget
01:48 des collectivités locales qui est touché, c'est l'État qui se serre la ceinture, on
01:53 gagne moins, on dépense moins et on fait porter l'effort sur l'État.
01:56 Alors ce plan d'économie de 10 milliards d'euros, est-ce qu'il est nécessaire ? Est-ce
02:01 qu'il sera suffisant selon vous ?
02:02 Alors bien sûr que non, il ne sera pas suffisant puisqu'on est encore en déficit chronique
02:07 et on espère un équilibre budgétaire en 2030.
02:09 Si dans une entreprise on devait espérer un équilibre budgétaire à 10 ans, ça serait
02:13 quand même bien inquiétant.
02:14 Puis Bruno Le Maire dit que c'est l'État qui se serre la ceinture, mais il se serre
02:17 la ceinture principalement sur des investissements qui ne fera pas une subvention de niche pour
02:23 l'investissement, pour les entreprises.
02:24 Donc encore une fois, ça sera des aides en moins et ça ne sera pas des économies sur
02:29 le budget de fonctionnement à proprement parler, puisqu'on est toujours dans une logique
02:32 d'augmenter les recettes fiscales ou de minorer les subventions ou les accompagnements pour
02:39 l'investissement des entreprises.
02:40 Donc qui va payer ?
02:42 Malheureusement, comme très souvent, la variable d'ajustement reste l'entreprise.
02:47 Dans son plan d'économie à 10 milliards, il a très justement rappelé qu'il ne toucherait
02:50 pas aux prestations sociales.
02:51 Donc grand bien fait aux électeurs qui ne perdront pas de pouvoir d'achat direct.
02:56 Donc pas d'augmentation des impôts, on ne touche pas aux prestations sociales.
03:00 Donc pour vous, c'est l'entreprise qui va trinquer.
03:02 Forcément, puisque comme l'État ne regarde pas ces...
03:05 On va dire qu'il y a deux variables pour être très clair.
03:07 Soit l'État fait des économies sur son budget de fonctionnement, soit elle augmente ses
03:11 recettes ou elle diminue ses accompagnements.
03:13 Vu qu'elle ne diminue pas les accompagnements concernant les prestations sociales et les
03:17 consommateurs et les électeurs, ça sera forcément les entreprises qui en pâtiront par des
03:21 manques d'accompagnement sur l'investissement et une fiscalité qui sera accrue comme c'est
03:25 le cas ces dernières années.
03:26 Alors peut-on être compétitif quand le poids de la dette représente 110% du produit intérieur
03:32 brut ? Je rappelle que la France est le troisième pays le plus endetté de l'Union européenne
03:37 après la Grèce et l'Italie.
03:39 Ça paraît compliqué parce que ça grève le budget d'État et quand on veut un équilibre
03:43 et que le premier poste est bientôt la dette, ça crée un boulet au pied.
03:47 Et ce boulet ne fait que grossir.
03:48 Donc forcément on ralentit, on ralentit notre croissance et comme on n'a pas de
03:53 coupe budgétaire drastique, on empire le problème chaque année depuis 30 ans maintenant.
03:57 Quand on voit que les prestations sociales représentent 32,2%, ce qui est le numéro
04:03 1, c'est rare qu'on soit numéro 1, donc là on est quand même numéro 1 des prélèvements
04:08 sociaux en France, donc c'est un vrai problème et c'est un vrai boulet pour la compétitivité
04:13 de nos entreprises par rapport, en comparaison à nos voisins européens.
04:17 Je ne parle pas des voisins asiatiques ou des voisins américains.
04:20 C'est quoi le problème de la France ? C'est son incapacité à réformer ?
04:23 Clairement, aujourd'hui on est dans notre incapacité à réformer et de prendre des
04:27 décisions qui sont impopulaires mais qui sont nécessaires.
04:29 Et à force de masquer la réalité aux Français, de conserver des aides, des accompagnements
04:37 pour limiter l'inflation, pour limiter la perte de pouvoir d'achat, on arrive dans
04:41 un mur.
04:42 Le mur, on va se le prendre malheureusement parce qu'on met des œillères et on ment
04:46 aux Français.
04:47 Pourtant, Bruno Le Maire a annoncé des chocs, des mesures de simplification, notamment en
04:52 passant là par l'abolition des serfs-femmes.
04:55 Qu'est-ce qu'il faut faire pour que ça aille plus vite ?
04:57 Les simplifications, ça fait 30 ans qu'on les annonce et qu'on n'a jamais réussi.
05:00 Je ne vois pas pourquoi là ça marcherait, sachant qu'on met les mêmes personnes, les
05:05 mêmes moyens et les mêmes interlocuteurs pour simplifier.
05:07 Donc on fera des bricoles.
05:09 Ce que je vois, c'est qu'en tout cas au niveau européen, on met des réformes et
05:13 des contraintes supplémentaires pour les entreprises, des rapports extra-financiers
05:15 notamment, des sujets sur la compliance, l'anticorruption, etc.
05:19 Donc on a encore des contraintes administratives supplémentaires.
05:21 Donc on parle de simplification en France et on rajoute les contraintes européennes.
05:24 Donc la simplification, elle n'existera pas et ça c'est une certitude.
05:28 Pierre Hippolyteau, vous dirigez la première organisation patronale des Alpes-Maritimes.
05:32 Aujourd'hui, comment se portent les patrons azuréens ? Est-ce qu'ils ont le moral
05:37 ou est-ce qu'ils brodent du noir ?
05:38 On garde l'espoir parce qu'on a quand même un territoire qui est dynamique.
05:42 Dynamique avec le tourisme qui a fait une très bonne année, dynamique avec l'industrie
05:46 qui s'est plutôt bien portée, notamment attirée par l'activité des parfums, des
05:50 arômes et parfums.
05:51 Donc globalement, on a plutôt une dynamique économique qui est positive.
05:54 Pour autant, il y a des secteurs d'activité qui sont en grande difficulté.
05:57 Toute la chaîne du logement, toute la chaîne de l'immobilier qui est rentrée en récession
06:01 et indirectement les travaux publics.
06:04 Alors pour deux raisons, des raisons conjoncturelles, vous le voyez avec des problématiques d'investissement
06:09 des collectivités et administratives et juridiques.
06:11 Et puis également parce qu'il y a cette construction et ce logement neuf qui pâtit
06:17 d'une grande crise et donc forcément des investissements qui sont à la baisse.
06:21 Y a-t-il une augmentation des défaillances d'entreprise ? Et si oui, quel est le profil
06:26 un peu type de cette entreprise ?
06:28 Alors il y a clairement, on revient à des standards d'avant Covid.
06:32 Le quatrième trimestre était très mauvais dans les tribunaux de commerce en nombre
06:35 de liquidations.
06:36 Le premier trimestre est sur la même tendance, voire continue un petit peu à s'aggraver
06:40 par rapport au quatrième trimestre de l'année dernière.
06:42 Donc l'année 2024 sera une mauvaise année par rapport aux dernières années en nombre
06:46 de défaillances d'entreprise.
06:47 On n'a pas forcément de défaillances type d'entreprise.
06:50 Bien évidemment, les entreprises de BTP, de la chaîne de l'immobilier au sens large
06:54 pâtissent de la crise.
06:55 Mais on a également des PME comme on peut avoir des commerçants.
06:59 Donc on est vraiment dans quelque chose qui est assez généralisé, lié il faut le dire
07:03 au PGE qui pour certains n'ont pas été bien anticipés, bien prévus, donc n'arrivent
07:07 plus à être remboursés.
07:08 En tout cas, le nombre de défaillances et de destruction d'emplois augmente dans les
07:12 Alpes-Maritimes.
07:13 Vous avez mentionné les secteurs en difficulté.
07:15 Mais je voudrais savoir pour quelle raison l'UPE06 s'associe-t-elle avec la METRA06
07:21 qui est l'association pour la médecine du travail ?
07:23 On essaie de soutenir les chefs d'entreprise psychologiquement pour pas qu'ils broient
07:27 du noir en Chardonnay.
07:28 Donc c'est important pour nous que le chef d'entreprise, pour beaucoup, n'ont pas
07:33 de services ressources humaines dans les Alpes-Maritimes puisque 94% des entreprises ont moins de 20
07:37 salariés.
07:38 Quand on a moins de 20 salariés, on n'a pas une direction des ressources humaines
07:41 à disposition pour faire le lien social avec les salariés.
07:45 Donc c'est le chef d'entreprise qui joue ce rôle-là.
07:47 Et le chef d'entreprise, à côté de tout son quotidien, de tous ses problèmes, d'aller
07:50 chercher du business, d'aller chercher des clients, de gérer ses équipes, il faut aussi
07:54 qu'il accompagne ses collaborateurs sur le côté social, papier, procédure administrative.
08:00 Et donc l'idée, c'est de avoir ce partenaire avec la METRA qui va permettre d'avoir des
08:03 assistantes sociales qui vont aller faire des permanences, qui vont aller dans des entreprises
08:07 de petite taille pour accompagner le chef d'entreprise, l'alléger de cette charge
08:11 mentale et cette charge de temps très chronophage.
08:14 L'humain pourra en bénéficier d'ailleurs ?
08:16 Bien évidemment, bien évidemment.
08:18 Le chef d'entreprise est aussi un humain, donc il a aussi des difficultés.
08:21 Donc il pourra aussi évoquer ses problématiques personnelles avec ses assistantes sociales.
08:24 On parle beaucoup des difficultés de recrutement des entreprises, des secteurs en tension,
08:29 ces difficultés.
08:30 Est-ce qu'elles constituent encore aujourd'hui le problème numéro un des entreprises ?
08:33 Elles considèrent encore un problème majeur.
08:36 On en vient vraiment au sujet de la valeur travail parce que les entreprises n'ont jamais
08:42 autant fait pour les salariés et les collaborateurs depuis dix ans.
08:44 La QVT ne fait que progresser depuis dix ans.
08:47 On arrive aux semaines de quatre jours, on est arrivé à des apis officer, manager.
08:52 On développera, oui, tous ces sujets-là.
08:54 Donc sur ces sujets-là, clairement, ne règle pas les problèmes de fonds de recrutement
08:58 et on a encore beaucoup de secteurs d'activité qui ont des difficultés de recrutement.
09:01 De trouver la bonne compétence, le bon profil.
09:05 Alors c'est des fois aussi une problématique de formation.
09:08 On n'a pas la formation qui est en adéquation avec les besoins.
09:12 Et d'un autre côté, on n'a pas assez de candidats quand on ouvre un poste.
09:16 Et ça, c'est vrai dans tous les secteurs d'activité.
09:18 Alors forcément, comme on l'a évoqué, les secteurs de l'immobilier, du bâtiment
09:21 sont plutôt en récession, donc ne recrutent moins.
09:23 Donc la pénurie se fait moins sentir quand on est moins dynamique économiquement.
09:27 Mais il est clair qu'on a encore un vrai sujet de recrutement et c'est encore une
09:30 préoccupation des chefs d'entreprise des Alpes-Maritimes.
09:31 Emmanuel Macron veut faire de la France la Start-up Nation.
09:35 Vous voulez faire des Alpes-Maritimes un département d'ETI, c'est-à-dire d'établissement
09:39 de taille intermédiaire.
09:40 Comment comptez-vous y parvenir ?
09:42 Alors il va nous falloir du temps parce que pour être une entreprise de taille intermédiaire,
09:46 il faut déjà avoir des grosses PME capables de passer ce cap-là.
09:49 Donc le premier cap, c'est déjà de faire grossir nos TPE en PME, nos petites PME en
09:54 grosse PME et qu'elle s'ouvre à d'autres marchés, qu'ils soient internationals ou
10:00 qu'ils soient dans d'autres départements du territoire.
10:02 Et qu'on ait un territoire aussi de sièges sociaux, d'entreprises de territoire qui
10:07 se sont développées dans la région, qui se sont développées en France et qui se
10:09 sont développées à l'étranger.
10:10 Et pour ça, on a besoin de financement, on a besoin d'état d'esprit, on a besoin
10:15 de formation pour accompagner à faire grandir les entrepreneurs de notre territoire, les
10:19 faire rêver et créer chez eux cette vocation à rêver plus grand et à penser que c'est
10:25 pas parce qu'on a une PME de 20 collaborateurs qu'il faut qu'on se cantonne à ça.
10:28 Il faut qu'ils aient cette dynamique de dire "Aujourd'hui on est 20, je dois créer
10:32 de la valeur".
10:33 C'est aussi une responsabilité pour notre territoire de dire "demain il faut qu'on
10:35 soit 50 et après demain il faut qu'on soit 100".
10:37 Parce que quand on a 50 ou 100 collaborateurs, ça crée plus de richesses pour notre territoire,
10:42 ça crée plus de dynamique pour notre territoire et ça nous donne une capacité d'investissement
10:45 qui est beaucoup plus importante avec des retombées économiques pour notre territoire.
10:48 Comment comptez-vous y parvenir ?
10:50 Pour y arriver, on a notamment accompagné la création d'un fonds d'investissement,
10:55 le fonds Boost 06, qui est un fonds d'investissement qui sera dédié aux PME, qui font entre 1
11:00 et 6 millions d'euros de chiffre d'affaires et qui ont vocation à grossir ou à tripler
11:05 leur chiffre d'affaires à 5 ans.
11:07 Et donc pour grossir et tripler son chiffre d'affaires, l'un des moyens qui existe
11:11 c'est la croissance externe, donc racheter une société du même secteur d'activité
11:15 pour passer de Nice à Cannes, de Cannes à Grasse et avoir un maillage territorial
11:18 plus important.
11:19 Et ça, ça nécessite aussi une formation parce qu'on ne crée pas des entrepreneurs
11:23 qui sont à l'aise pour acheter des entreprises.
11:26 On crée des managers, on forme des managers, on forme des gestionnaires, mais racheter
11:30 une entreprise ça demande des spécificités.
11:32 Et donc en parallèle de ce fonds d'investissement qui sera dédié et qui est unique au territoire,
11:37 que pour les entreprises des Alpes-Maritimes, on aura un programme d'accompagnement, de
11:42 formation, de ces chefs d'entreprise pour les former à la croissance externe, pour
11:45 préparer le dossier avec eux, pour les accompagner pédagogiquement, pour les accompagner sur
11:50 la construction de tout ce dossier-là et pour que derrière le fonds d'investissement
11:53 qui rentrera au capital de ces entreprises soit aussi en sécurité pour assurer la pérennité
11:58 et le développement de ces entreprises.
11:59 Les Français ont de plus en plus de mal à se loger, c'est d'autant plus le cas des
12:04 Azuréens.
12:05 Le logement c'est la prochaine crise à laquelle la France va devoir faire face ?
12:09 C'est une crise actuelle qui va durer au moins 24 à 36 mois parce qu'on est sur des
12:14 cycles longs et vu qu'il n'y a pas de réformes qui vont changer les choses, on a déjà 24
12:18 à 36 mois qui sont perdus.
12:19 Sur les logements neufs notamment, les constructions.
12:22 Donc clairement la crise elle est là et elle va s'accentuer en 2024 et elle va s'accentuer
12:27 en 2025.
12:28 Ça c'est une certitude.
12:29 Le gouvernement n'a pas pris la mesure de cette crise ?
12:31 Non, il y a eu quelques annonces au MIPIM hier par le ministre en charge du logement.
12:37 Clairement c'est de la bobologie, c'est des réformes qui vont très bien quand l'économie
12:41 du logement va bien et qui continue à maintenir une économie qui va bien.
12:45 Là on est dans une économie de crise donc il nous faut des réformes de crise.
12:48 On ne règle pas des hémorragies avec des pansements.
12:50 Donc clairement la crise va continuer et notre territoire avec ses spécificités, ses
12:55 difficultés de recrutement sera en première ligne notamment pour le logement des actifs.
12:59 Et la vraie crise qu'on va avoir c'est une crise d'attractivité à moyen et long
13:02 terme qui risque de mettre notre département dans une vraie situation difficile puisque
13:07 si on n'arrive plus à tirer, à recruter et à maintenir des actifs sur notre territoire,
13:11 nos entreprises vont pérécliter et si nos entreprises péréclitent, on sera juste un
13:15 territoire de tourisme, de passage mais on n'aura plus d'actifs, on n'aura plus de
13:19 gens qui dépenseront et qui vivront sur ce territoire-là.
13:21 Donc c'est un vrai enjeu pour moi et c'est le vrai enjeu majeur pour sauver l'attractivité
13:26 de notre département, sauvant le logement des actifs.
13:28 Alors justement, est-ce que les entreprises peuvent endiguer la crise du logement en sachant
13:33 que c'est peut-être aussi un enjeu de recrutement et de filialisation des employés ?
13:38 Une des propositions qu'on pousse nous à l'UPE 06 avec la task force immobilière
13:44 qu'on a montée avec certaines fédérations, le BTP, les architectes, la FNIM et la Chambre
13:49 de commerce, on propose et on pousse pour que les entreprises aient plus de capacités
13:54 à investir sur la nul propriété de baux sociaux pour pouvoir loger leurs actifs.
14:01 Ça c'est une vraie proposition, il faut permettre aux entreprises qui ont la capacité
14:04 et qui ont l'envie, de façon individuelle ou collectif, d'acheter ou de construire
14:09 des logements pour leurs actifs.
14:10 Ça c'est assez novateur, ça n'existe pas.
14:12 Ça a eu existé du temps de Michelin qui logeait ses collaborateurs mais ça fait bien
14:16 longtemps qu'en tout cas ça s'est perdu.
14:19 L'État, les bailleurs sociaux ont mis des choses en place mais c'est plus suffisant
14:24 et il faut qu'on ait une multitude de solutions, en tout cas c'est ce qu'on prône à l'UPE,
14:27 c'est une multitude de solutions.
14:28 Il faut être ouvert quand on est dans une crise, il ne faut pas être fermé.
14:30 Donc oui c'est innovant de dire qu'il faut qu'on ait un cadre réglementaire, fiscal,
14:35 droit social qui permette aux entreprises de loger ses collaborateurs avec des avantages
14:40 et en tout cas un cadre juridique satisfaisant.
14:43 Justement vous êtes aussi le directeur général du groupe Hippolyto, vous employez plus de
14:48 1000 personnes, est-ce que vous seriez disposé à acheter des logements pour eux ?
14:53 On a déjà quelques studios pour les personnes en difficulté au sein de nos collaborateurs
14:57 de façon ponctuelle et pour pouvoir dépanner et là on est clairement dans des réflexions
15:01 de faire l'acquisition, de construire des logements pour nos collaborateurs.
15:04 Et on n'est pas les seuls, d'autres ETI du territoire réfléchissent, des fois on
15:08 réfléchit sur des projets communs, collectifs.
15:10 Il y a beaucoup de restaurateurs également qui ont fait l'acquisition de logements pour
15:13 leurs saisonniers qui maintenant sont saisonniers pendant 8 mois donc c'est des fois plus intéressant
15:16 d'avoir un logement pendant 12 mois à louer que des locations saisonnières pendant 3
15:24 ou 4 mois.
15:25 Donc clairement il y a quand même une dynamique sur le fait que cette problématique de recrutement,
15:28 cette problématique d'attractivité des entreprises, elle est prise à bras le corps
15:31 et une des solutions c'est de faire l'acquisition, de construire des logements pour les entreprises.
15:35 Malheureusement on n'a pas de cadre qui soit très clair aujourd'hui donc on le
15:39 fait sans aucun avantage, ni fiscal, ni social, ni pour les salariés, ni pour l'entreprise.
15:45 On rentre dans un cadre qui est général où l'entreprise devient foncière immobilière
15:49 et loue avec des baux classiques à ses collaborateurs.
15:52 Ce qui n'est pas forcément intéressant et ce qui limite quand même les contraintes
15:57 pour l'entreprise.
15:58 C'est une idée qui pourrait avancer de quelle manière ?
15:59 Il faudrait qu'on puisse mettre en place un cadre où l'entreprise peut avoir un
16:03 bail spécifique pour ses collaborateurs qui lie le bail au contrat de travail.
16:07 Et quand le contrat de travail s'arrête à l'initiative du collaborateur ou de l'entreprise,
16:11 le logement est remis à disposition d'un autre collaborateur de l'entreprise.
16:14 Rien que ce cadre-là permettrait de pousser l'investissement des entreprises qui le
16:20 peuvent à acheter ou louer des logements pour leurs collaborateurs.
16:23 Pour autant, si vous parlez de construire, il y a encore 24, 36 mois voire plus avant
16:29 que les bâtiments ne sortent de terre et que la solution soit opérationnelle.
16:33 C'est sûr qu'on est sur un cycle long, je vous l'évoquais tout à l'heure.
16:36 Après, moi je pense à l'attractivité à 10, 15 ans de notre territoire.
16:39 Je pense que ça nous fait du bien d'avoir des visions à 10, 15, 20 ans.
16:42 Donc si on est sur un cycle à 3 ans et que dire qu'aujourd'hui on donne la possibilité
16:46 aux entreprises d'avoir plus de capacité à loger leurs collaborateurs, dans 3, 4,
16:50 5 ans on aura peut-être sauvé notre activité dans 10 ou 15 ans.
16:53 On n'aura pas réglé la crise du logement actuel, mais ce n'est pas aux entreprises
16:56 de régler la crise du logement actuel, ça c'est au gouvernement et c'est à l'État.
16:59 Nous on doit éventuellement accompagner l'attractivité de notre territoire et ça
17:03 c'est un sujet long terme.
17:04 Justement, en parlant d'attractivité du territoire, le document "Territoires azuréens
17:08 ambition 2040" qui avait été réalisé en 2022 par l'Institut Montaigne, justement
17:13 en collaboration avec l'UPE06, suggérait de lancer une expérimentation qui octroie
17:18 un avantage fiscal aux personnes âgées qui accueillent un étudiant dans leur logement.
17:23 Est-ce que c'est une sorte de colocation intergénérationnelle ? Est-ce que c'est
17:28 une piste à creuser selon vous ?
17:29 En tout cas c'est une piste à creuser selon moi puisque je l'étais co-responsable
17:34 de ces propositions-là à l'époque et ça nous semblait intéressant pour deux raisons.
17:37 Une, c'est que ça permettait d'avoir du logement pour les jeunes, de régler l'isolement
17:42 des personnes âgées, donc de créer une communauté bienveillante et puis aussi de
17:47 régler des chambres qui étaient inhabitées sur notre territoire.
17:51 Donc je pense que les logements vacants c'est une problématique, les chambres vacantes
17:54 sont aussi une problématique.
17:55 Donc c'est une politique de petites solutions qui s'agrègent et qui deviennent une solution
18:00 globale.
18:01 Donc il n'y a pas de solution miracle mais en tout cas c'est des solutions qui nous
18:04 paraissent des solutions de bon sens à proposer sans contrainte pour personne et qui doivent
18:09 être poussées.
18:10 Donc oui je milite clairement pour cette proposition.
18:12 Est-ce que ça avançait depuis deux ans ?
18:14 On a évoqué tous ces sujets, présenté ces sujets, ce rapport à nos députés, aux
18:20 différents présidents de communautés de communes, aux présidents du conseil départemental,
18:23 ça a été très bien accueilli.
18:24 Après il y a des réformes qui sont nationales pour la plupart et donc il faut aussi que
18:28 les députés, les sénateurs, le gouvernement portent ces projets-là.
18:32 Nous on a un devoir de porter des idées, de les pousser mais on n'a pas d'obligation
18:38 de résultat puisqu'on n'a pas le pouvoir de décision.
18:41 Donc on continuera à les pousser, on continuera à les mettre en avant pour que nos élus
18:46 qui décident de ces changements de réglementaires tentent des choses, proposent des choses pour
18:51 notre territoire et pour la France.
18:53 Après le logement il y a une autre difficulté dans les Alpes-Maritimes, c'est la mobilité.
18:57 Où en est le projet de métro souterrain qui pourrait relier Nice à Monaco ?
19:02 Alors nous on continue à travailler avec nos homologues de la Fédération des entreprises
19:07 monégasques et leur président Philippe Ortelli où on échange régulièrement sur ce sujet-là
19:13 qui est un sujet commun d'intérêt, d'attractivité commune.
19:16 C'est un sujet de grande envergure bien évidemment.
19:19 La métropole est partie prenante sur ce sujet-là à travers son président.
19:24 Donc après on est en train de lever toutes les contraintes et de pousser les choses.
19:28 Mais à un moment si ce n'est pas un sujet entre États donc pris en charge par la principauté
19:33 et pris en charge par notre gouvernement, ce n'est pas avec l'UPE06, la Fédération
19:38 des entreprises monégasques et la métropole de Nice qu'on arrivera à sortir de ce projet
19:43 de cette envergure-là.
19:44 Mais en tout cas notre responsabilité c'est de pousser régulièrement ce sujet-là.
19:48 Dès qu'on voit un ministre on évoque le sujet, on écrit, on relance.
19:52 Et j'espère qu'à un moment il y aura une volonté politique nationale et internationale
19:57 pour porter ce projet-là.
19:58 Que pensez-vous de la volonté des élus de déplafonner le versement mobilité ? Il s'agit
20:04 d'une contribution patronale qui vise à financer les transports publics et les nouveaux
20:09 modes de mobilité durable.
20:10 Alors je sais que c'est un sujet sur lequel nous ne sommes pas du tout d'accord avec
20:14 Christian Estrosi.
20:15 Il est clair que le versement mobilité, que je vais appeler impôt mobilité, puisque
20:20 c'est un impôt de production, alors pour les téléspectateurs qui nous écoutent et
20:25 qui nous regardent, clairement c'est un impôt qui est basé sur la masse salariale.
20:29 2% de la masse salariale pour toutes les entreprises de plus de 11 salariés.
20:33 C'est-à-dire que quand vous augmentez les salaires, quand vous recrutez, vous payez
20:39 plus d'impôts.
20:40 On aime bien en France sanctionner la création de valeur.
20:43 Clairement cet impôt est contre-productif, il détruit de la valeur, il limite la capacité
20:48 d'investissement.
20:49 On est dans un impôt de production qui est basé sur la masse salariale, donc sur les
20:52 salaires.
20:53 Donc c'est ridicule et ça n'a aucun sens intellectuel.
20:57 Donc clairement je suis farouchement opposé et on se battra jusqu'au bout contre ce
21:02 déplafonnement parce que régler les problématiques de financement de la mobilité des collectivités
21:07 ne doit pas se faire par les entreprises.
21:09 Je vous donne un exemple.
21:10 Le ticketing moyen, donc les billets, les recettes de billets, en 1965 représentaient
21:15 75% du budget de la mobilité.
21:17 En 1995, ils représentaient 50%.
21:20 Donc les utilisateurs payaient 50% du budget de la mobilité.
21:24 Aujourd'hui, on est à moins de 20%.
21:26 C'est-à-dire que les billets financent moins de 20% de notre mobilité.
21:30 Donc il y a deux explications.
21:32 Soit les billets sont bien moins chers que le vrai coût, ce qui est vrai par rapport
21:36 à nos concurrents européens.
21:38 Le coût du transport pour un contribuable français est bien en dessous du prix moyen
21:43 en Europe, premier levier.
21:45 Deuxième levier, on a une offre qui n'est pas rentable et qui n'est pas compétitive.
21:49 Donc il faut peut-être réfléchir à optimiser nos offres de services avant d'aller chercher
21:54 des recettes fiscales complémentaires pour financer des projets ou pour pallier à des
21:59 problématiques de financement.
22:00 Donc la réalité, c'est que les utilisateurs de transports en commun doivent peut-être
22:05 payer leurs billets plus chers pour financer le vrai coût.
22:08 Parce qu'en général, quand on a des coûts d'exploitation, ils doivent être financés
22:11 par les utilisateurs de ce service.
22:13 Vous avez évoqué tout à l'heure la valeur travail.
22:16 Gabriel Attal, le Premier ministre, l'a fait également.
22:20 Sur le sujet, tout le monde n'a pas le même avis.
22:23 Je vous propose d'écouter la députée écologiste Sandrine Rousseau.
22:26 Ça veut dire que vous dites aux Français qu'ils devraient pouvoir s'arrêter de
22:30 travailler ?
22:31 Mais bien sûr, je pense que c'est prendre soin de nous, en fait.
22:33 Et le modèle que nous a présenté Gabriel Attal lors de son discours de politique générale,
22:38 c'est un modèle économique et social des années 50 où il faut toujours produire
22:42 plus, produire plus, produire plus.
22:43 Aujourd'hui, on arrive à la limite de la planète et de nous-mêmes.
22:46 Ce modèle dont parle Sandrine Rousseau, un modèle des années 50, c'est celui que
22:52 vous défendez avec Gabriel Attal ?
22:53 Je ne sais pas si je le défends avec Gabriel Attal.
22:56 En tout cas, j'espère qu'elle pourra faire valoir son droit à la paresse et sortir
23:00 du périmètre médiatique.
23:02 Ça nous ferait du bien.
23:03 Pour autant, je suis assez d'accord et aligné avec le Premier ministre sur le fait
23:07 que le modèle du travail donne l'équilibre de notre modèle social.
23:12 Quand on est sur un modèle à 32% de prélèvement social, si on n'a plus d'entreprise et
23:17 qu'on n'a plus de travail, ces 32% vont être réduits comme peau au chagrin parce
23:21 que quand vous prenez 32% sur 100, ça fait 32.
23:24 Si vous prenez 32% sur 50, ça fait 16.
23:26 Et avec 16, on aide moins les gens qu'avec 32.
23:29 Donc, clairement, il est important pour nous que cette valeur travail de remettre les gens
23:35 dans un état d'esprit de dire qu'on peut être épanoui au travail, qu'on peut nouer
23:39 des relations humaines au travail, qu'on peut créer du lien, qu'on peut se développer
23:44 personnellement, qu'on peut évoluer dans sa société, dans sa vie personnelle parce
23:48 qu'on augmente son pouvoir d'achat par le travail et pas par la fainéantise.
23:51 Ce sont des valeurs qui ont marché pendant des décennies et des siècles en France.
23:54 Et je ne vois pas pourquoi, en 10 ans, on devrait complètement balayer notre histoire
23:58 française qui a montré qu'aujourd'hui, les progrès sont liés à notre développement
24:04 économique et ne sont pas liés à la paresse.
24:06 Alors justement, comment faire pour que le travail paye ?
24:09 Déjà, c'est dans l'éducation.
24:11 Déjà, si déjà dans notre modèle éducatif, on pousse plutôt les jeunes à être dans
24:16 une projection par rapport à une carrière professionnelle, une évolution professionnelle,
24:19 ce sera déjà un premier niveau.
24:21 Donc l'éducation.
24:22 Un deuxième sujet, c'est de mieux valoriser le travail.
24:24 C'est à dire qu'il faut augmenter les salaires.
24:27 Il faut qu'on soit plutôt dans une logique de dire on augmente les salaires, on augmente
24:30 le SMIG.
24:31 Malheureusement, il y a de plus en plus de personnes qui sont au SMIG en France.
24:33 On appauvrit les travailleurs.
24:34 Alors justement, Gabriel Attal a annoncé son intention de dé-SMICARDISER la France.
24:39 Alors, est-ce qu'il a raison et comment on peut y parvenir ?
24:42 Il a raison dans le fait que ce n'est pas acceptable qu'on soit au SMIG.
24:48 Parce qu'au SMIG, on a moins de pouvoir d'achat.
24:50 Parce qu'au SMIG, on n'arrive pas à sortir la tête de l'eau.
24:52 Parce qu'au SMIG, des fois, on gagne moins que ceux qui ne travaillent pas.
24:55 Et c'est une réalité en France.
24:57 Il faut le dire.
24:58 Il faut l'assumer.
24:59 Voilà.
25:00 Et donc, c'est important qu'on arrive à dé-SMICARDISER la France.
25:04 Après, quelles sont les solutions ?
25:05 Les solutions, il n'y en a pas 36.
25:07 C'est la capacité d'augmenter les salaires par les entreprises.
25:10 Et l'augmentation des salaires, elle se fait quand l'entreprise a les moyens de le faire.
25:13 Donc, si on met des impôts, on réduit le salaire.
25:16 Dans le cas des moins de charge.
25:17 Je ne parle même pas des moins de charge.
25:18 Je dis juste que quand déjà on augmente les impôts et qu'on augmente l'impôt mobilité,
25:22 on réduit les salaires.
25:23 Il faut que vos téléspectateurs comprennent bien que quand on met un impôt pour une entreprise,
25:28 on baisse les salaires.
25:29 C'est ça la réalité.
25:30 Et quand on baisse les salaires, on baisse le pouvoir d'achat des travailleurs.
25:33 Et la réalité, elle est peut-être qu'aujourd'hui, notre modèle social est à bout de souffle.
25:36 Il faut peut-être prendre des recettes ou des dépenses en moins sur notre modèle social
25:42 pour favoriser les travailleurs à travers des abondements.
25:46 Peut-être, il y a eu des chèques pour les travailleurs, pour la mobilité, etc.
25:51 Il faut peut-être mieux valoriser le travail, prenant du budget sur nos prestations sociales
25:55 pour le mettre au bénéfice de nos travailleurs.
25:57 Parce qu'à un moment, on n'arrivera pas à défendre le travail s'il n'est pas valorisé.
26:00 Moi, je suis pour une augmentation du SMIC de 20-30%.
26:03 Il n'y a pas de sujet là-dessus.
26:04 Mais il faut avoir les moyens de le faire.
26:06 Et pour avoir les moyens de le faire, il faut réduire les impôts, ou en tout cas ne pas
26:09 les augmenter, et accompagner une baisse de prélèvement de charges sociales et de charges
26:14 patronales pour que le salaire net des collaborateurs augmente.
26:18 Je finirais juste par un mot.
26:19 Tout le monde sait que quand on donne un euro à nos collaborateurs, eux, ils payent des
26:25 impôts encore dessus.
26:26 Il y a peut-être 80 centimes qui leur revient réellement.
26:29 Ça coûte 2 euros à l'entreprise.
26:31 Donc il y a 1,20 euros qui va pour financer notre dette, pour financer nos prestations
26:35 sociales, pour financer nos missions régaliennes.
26:36 À un moment, il faut peut-être qu'on revoie cet équilibre-là pour que quand on donne
26:41 2, on arrive à donner 2,2 et que le collaborateur touche 1,5.
26:45 Et là, on augmentera le pouvoir d'achat des travailleurs.
26:46 Et moi, je défends le pouvoir d'achat des travailleurs et je ne défends pas le pouvoir
26:49 d'achat des non-travailleurs.
26:50 Je vous pose la question.
26:52 Est-ce que vous êtes en faveur de la prime de partage de la valeur voulue par le gouvernement
26:56 pour soutenir le pouvoir d'achat des Français ?
26:58 Oui, tout ce qui est valeur dans l'entreprise, il faut qu'elle soit répartie de façon
27:03 équitable entre les actionnaires, entre les collaborateurs et entre l'entreprise.
27:07 Il ne faut juste pas oublier dans le partage de la valeur, on ne pense jamais à l'entreprise.
27:11 Mais la plupart des entreprises de notre territoire ne versent pas des dividendes et réinvestissent
27:15 100% de leurs résultats dans l'entreprise.
27:17 L'entreprise est une partie prenante.
27:19 Il faut qu'elle ait une partie de la valeur si elle veut continuer à se développer et
27:21 assurer sa pérennité.
27:22 Les actionnaires ont besoin d'une partie de rémunération pour financer le risque qu'ils
27:26 ont pris et le financement de l'entreprise.
27:28 Et les collaborateurs sont aussi partie prenante, doivent récupérer une partie de cette valeur
27:33 ajoutée.
27:34 Donc oui, je suis favorable à la répartition de la valeur à travers les primes de participation,
27:38 à travers les primes d'intéressement et à travers la prime de partage de la valeur.
27:42 Donc c'est une bonne chose.
27:44 En France, on a un modèle de partage qui est plutôt positif, qui est plutôt utilisé.
27:48 On peut aller encore plus loin, mais pour aller plus loin, il faut qu'une valeur soit
27:50 partageable.
27:51 Si on n'a pas de valeur, elle ne peut pas être partagée.
27:53 Pierre Hippolyteau, une enquête de l'Association pour l'emploi des cadres, l'APEC, publiée
27:57 en début de semaine, montre qu'un cadre sur deux démissionnerait si on remettait
28:02 en cause le télétravail.
28:03 C'est un acquis définitif ? On ne pourra plus reculer sur cette question ?
28:08 Ça dépend vraiment des secteurs, des métiers.
28:11 Il y a clairement une inéquité sur la vision du télétravail parce qu'il y a des métiers
28:14 qui permettent le télétravail et il y a beaucoup de métiers qui ne permettent pas le télétravail.
28:19 Sur Sophia Antipolis, le télétravail fait partie aujourd'hui d'un équilibre.
28:23 Clairement, on est sur un jour, voire deux jours au maximum par semaine.
28:27 C'est un équilibre aujourd'hui qui a été trouvé par les collaborateurs et les entreprises.
28:31 Et qui est satisfaisant ? Quand on est un jour de télétravail par
28:33 semaine, dans certains métiers, c'est un équilibre qui convient et qui participe à
28:39 une évolution sociétale sans négliger l'entreprise, tout en conservant un lien social dans l'entreprise.
28:44 Le full télétravail, clairement, c'est une erreur à moyen et long terme et c'est
28:50 quasiment inexistant aujourd'hui.
28:52 Je ne dirais pas que c'est un acquis.
28:55 En tout cas, dans certains secteurs, c'est devenu un usage qui fonctionne avec un équilibre.
28:59 Et dans d'autres secteurs, on a quand même énormément de métiers techniques, dans
29:03 la restauration, dans les métiers techniques, qui ne permettent pas de faire du télétravail.
29:07 Donc, ça doit rester une option à discrétion des chefs d'entreprise, à discrétion des
29:11 entreprises et à discrétion des managers.
29:12 Et corollaire un peu du télétravail, on parle de plus en plus de la semaine des quatre
29:17 jours.
29:18 Votre avis là-dessus ?
29:19 Alors, la semaine des quatre jours, moi-même, j'ai mis en place la semaine des quatre
29:24 jours en travaillant en plus.
29:25 C'est un modèle un peu atypique, mais comme je défend la valeur travail, vous imaginez
29:28 bien que j'essaie de trouver l'équilibre entre les conditions de travail et la valorisation
29:32 du travail.
29:33 Donc, la semaine des quatre jours, on a des retours qui sont un peu mitigés, des fois,
29:36 par les collaborateurs et par les entreprises, parce qu'on ne retrouve pas de productivité.
29:40 Aujourd'hui, il faut savoir que la productivité en France baisse de façon régulière depuis
29:44 plusieurs années.
29:45 La semaine des quatre jours a été une opportunité d'augmenter la productivité individuelle.
29:49 Force est de constater que ce n'est pas le cas.
29:50 Donc, il y a des dissonances sur les résultats de cette semaine de quatre jours.
29:56 Je reviens sur ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est qu'on n'a jamais fait
29:58 autant pour les collaborateurs en qualité de vie, au travail, dans l'aménagement des
30:01 horaires, que ce soit le télétravail, que ce soit la semaine des quatre jours.
30:03 Et pour autant, les gens n'ont jamais été aussi éloignés du travail.
30:06 Donc, j'ai bien peur qu'on soit dans un cercle non vertueux, que les avantages éloignent
30:11 de plus en plus le travail et donc qu'on le fasse de plus en plus avantage pour les
30:14 rapatrier, ce qui, au contraire, les éloigne.
30:17 Et bientôt, on n'aura plus aucun travailleur parce qu'on aura tout fait pour valoriser
30:21 autre chose que le travail.
30:22 Alors, avant de terminer, la question perso.
30:24 Karine Wenger.
30:30 Cari Polito, qu'est ce qui vous fait vous lever le matin ?
30:35 La passion, la passion de mon job, la passion de mon territoire.
30:39 Je suis un homme de conviction et un homme passionné.
30:43 Et c'est ça qui me fait vibrer.
30:45 C'est ça qui me fait vivre.
30:46 Et à mon échelle, c'est changer et pouvoir agir sur mon territoire, agir dans mon entreprise,
30:51 agir sur les vies de nos collaborateurs.
30:53 C'est ça qui me fait qui me fait vibrer.
30:55 C'est ça qui me fait lever le matin.
30:56 Et cette capacité d'être libre parce qu'un entrepreneur, même si on lui met quelques
30:59 contraintes, il reste le plus libre des hommes.
31:01 Merci beaucoup, Pierre Hippolito.
31:03 Merci, Karine.
31:04 Merci à tous de nous avoir suivis.
31:06 Merci à Sophie Dancé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission, à
31:11 Christelle Benjamin pour sa préparation.
31:12 On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau rendez vous de l'interview à la
31:16 Une.
31:17 Bonne journée et bon week-end à tous.
31:18 [Musique]
31:25 [SILENCE]

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