Michel Onfray, concernant le projet de loi pour l'aide à mourir en France : «Je trouve qu'à un moment donné, il faut avoir le courage des mots. C'est bien ce que fait Macron sur ce sujet»
Le philosophe Michel Onfray, concernant le projet de loi pour l'aide à mourir en France : «Je trouve qu'à un moment donné, il faut avoir le courage des mots. C'est bien ce que fait Macron sur ce sujet».
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00:00 Écoutez, moi, je l'ai beaucoup dit, j'ai perdu ma compagne dans des conditions terribles qui ont fait que j'ai eu recours avec un ami médecin, hélas décédé depuis, mais à l'euthanasie.
00:09 Je trouve qu'il y a un moment donné où il faut avoir le courage des mots.
00:11 C'est bien ce que fait Macron sur ce sujet.
00:13 Moi, je trouve que Emmanuel Macron nous a donné un cadre qui est extrêmement intéressant.
00:17 Ça arrive dans des moments de politique politicienne, ce sont les moments européennes.
00:22 Zemmour a fait son discours.
00:24 Tout le monde a fait son discours.
00:25 D'un seul coup, il arrive en disant "j'ai dit dans la croix que..." et il va être question de...
00:30 On n'utilise pas ce sujet-là qui est trop grave de cette manière-là.
00:33 Moi, je pense qu'on peut faire de la pédagogie et surtout qu'il faut arrêter de couper la France en deux.
00:37 Moi, je suis pour l'euthanasie et je suis pour une euthanasie qui s'appelle euthanasie, qui ne s'appelle pas autorisation du droit à mourir dans la dignité...
00:44 - Qui vient du grec, évidemment.
00:46 - L'appellement.
00:47 - L'appellement e.
00:48 - L'euthanasie, le dieu de la mort, c'est comment peut-on mourir au mieux d'une certaine manière.
00:52 C'est ça, l'euthanasie.
00:54 Et je suis pour que chacun puisse choisir.
00:56 J'ai longtemps pensé, j'ai écrit d'ailleurs à l'époque du cancer de Marie-Claude, un livre qui s'appelait "Féroïse anatomique", que c'était l'un ou l'autre.
01:02 Avant que je ne devienne vraiment camusien et vraiment gaulier en disant "mais pourquoi pas l'un et l'autre ?"
01:07 Après tout, ceux qui veulent l'euthanasie, qu'on leur offre.
01:10 Ceux qui veulent les soins palliatifs, qu'on leur offre et qu'il y ait les deux.
01:13 Et qu'on ait le souverain droit de se contredire, pour utiliser une formule de Baudelaire, en disant "j'ai passé, c'était le cas de Marie-Claude, et c'était mon cas."
01:20 Nous avions passé toute notre vie à défendre le fameux droit à mourir dans l'indignité.
01:24 Et quand le moment de mourir est arrivé, on ne l'a pas vu.
01:28 On est passé à côté, parce que la dénégation, ça fonctionne aussi comme ça.
01:31 Je défends, j'allais dire, nous défendons toujours le droit, y compris avec Dorothée aujourd'hui, mais le droit à mourir dans l'indignité, simplement, je n'utiliserai plus peut-être le mot dignité.
01:38 C'est pas indigne de mourir aujourd'hui entubé avec...
01:42 - Intubé ? - Oui, intubé, pardon.
01:45 Et dans des situations qui font qu'on bave, on fait sous-souhaite, etc.
01:49 Il n'y a pas d'indignité, je crois.
01:51 Et je crois qu'il faut pouvoir dire à chacun, si vous voulez qu'on vous accompagne, on vous accompagnera.
01:56 Si vous ne voulez pas qu'on vous accompagne, mais que vous voulez une pilule qui vous permet le suicide, c'est pas exactement la même chose.
02:02 Si on évite les gens qui ont des maladies d'Alzheimer, ce qui est quand même bien.
02:05 - Alors oui, dans les conditions, parce qu'il y a un, être majeur, deux, avoir son discernement plein et entier.
02:09 Ça écarte toutes les maladies neurodégénératives et Alzheimer.
02:13 Avoir une maladie incurable et un pronostic vital en busier.
02:16 Et enfin, avoir des souffrances physiques ou psychologiques réfractaires.
02:19 - Tout ça, c'est un cadre qui me va.
02:21 Je trouve ça très bien.
02:22 Simplement, il ne faut pas politiser.
02:23 Il ne faut pas faire de la politique politicienne avec ça, en disant que vous êtes pour.
02:26 Alors, si vous êtes pour, moi qui suis contre vous, je vais être contre, ou alors je vais être pour en fonction de ce que vous dites, etc.
02:31 Laissons le choix, y compris avec l'avortement.
02:33 Laissons le choix.
02:35 Le droit à avorter n'est pas une obligation.
02:37 Avorter si on ne veut pas avorter, on n'avorte pas.
02:39 Et puis voilà, on garde ses enfants et éventuellement on les abandonne si on le souhaite.
02:42 Enfin, je connais la doctrine de ceux qui sont contre.
02:45 Et j'accepte.
02:46 C'est ça la France.
02:46 C'est des gens qui sont pour l'avortement et des gens qui sont contre.
02:49 C'est des gens qui sont pour l'euthanasie et des gens qui sont contre.
02:51 Des gens qui sont pour le soin palliatif et des gens qui sont contre.
02:53 Faisons de telle sorte que tout le monde puisse vivre ensemble et accéder à la mort de son souhait.
02:58 [Musique]
03:01 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org