Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, concernant les prises de paroles d'Emmanuel Macron et le potentiel déploiement de troupes françaises en Ukraine : «Je pense que ses propos sont irresponsables et contre-productifs».
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00:00 Il me semble que, je crois pas, qu'on ait l'intention de forcément faire la guerre.
00:06 Donc je pense que cette image était précisément mal choisie.
00:08 Maintenant, je vais vous dire sur le fond, je pense que ces propos sont irresponsables.
00:13 Irresponsables ?
00:14 Oui, oui, et contre-productifs.
00:16 Contre-productifs parce que le président de la République prétendait en quelque sorte,
00:19 c'est les termes qu'il a employés, vouloir créer une ambiguïté stratégique,
00:23 c'est-à-dire mettre ou insécuriser Vladimir Poutine.
00:26 Le résultat qui a été produit, c'est le résultat exactement inverse.
00:29 Puisque vous avez à peu près l'ensemble des pays de l'Union européenne et l'ensemble des pays de l'OTAN
00:33 qui ont dit "il n'est pas question pour nous d'envoyer des troupes au sol en Ukraine".
00:37 Donc en fait, plutôt que de créer une ambiguïté stratégique, ça a levé l'ambiguïté stratégique.
00:42 Et s'il y a quelqu'un qui a rendu un immense service à Vladimir Poutine,
00:45 c'est bien le président de la République française,
00:47 puisqu'il a montré la division de l'Union européenne, la division de l'OTAN sur ce sujet.
00:51 Pour Emmanuel Macron, vous avez fait le choix de la défaite,
00:54 c'est ce qu'il a dit, je crois, en début de semaine.
00:57 Monsieur, c'est assez classique, vous savez, depuis des années et des années maintenant,
01:01 c'est une rhétorique à l'époque qui avait été inventée par Madeleine Albright,
01:05 qui était secrétaire d'État américaine,
01:07 qui au moment de la guerre du Golfe, puis après au moment de la guerre d'Irak,
01:09 disait aux partisans de la paix "en fait, si vous êtes des partisans de la paix,
01:13 c'est que vous avez un esprit municois".
01:14 C'est le terme qui était employé à l'époque.
01:16 Aujourd'hui, je pense qu'on est plutôt content de ne pas être parti, nous les Français, en guerre en Irak.
01:22 Et donc, c'est ceux qui étaient traités de municois à l'époque qui finalement avaient raison.
01:26 - Mais est-ce qu'on abuse ? On l'a entendu, Madame Ayé, la semaine dernière,
01:29 si je ne me trompe pas, au meeting de Renaissance,
01:30 elle a dit "on est en 1938", faisant référence à Munich.
01:33 Est-ce qu'on abuse de la référence à Munich aujourd'hui dans le débat public ?
01:36 - Ah ben clairement.
01:38 D'abord, pour la raison que je vous ai indiquée,
01:40 c'est-à-dire que cette référence n'est pas nouvelle, qu'on y assiste à chaque conflit
01:44 et qu'en permanence, toujours, les partisans de la paix
01:47 sont caricaturés comme étant soi-disant les partisans de la défaite.
01:50 Or, je veux informer Madame Ayé, Monsieur Macron, qu'il n'y a pas que deux choix.
01:54 On n'est pas condamné à choisir entre laisser la Russie gagner,
01:58 s'emparer de l'Ukraine et faire la guerre nucléaire.
02:02 Heureusement, en fait, et quand on est responsable,
02:05 on accepte qu'il y a d'autres possibilités, notamment la voie que nous défendons,
02:09 qui est la voie de la diplomatie, qui est la voie de la négociation,
02:12 qui est la voie de la médiation pour faire en sorte que ce conflit s'arrête le plus rapidement possible.
02:16 - Et la négociation, ça fait deux ans qu'elle dure.
02:19 Vous avez vu où on en est aujourd'hui ?
02:20 - Oui, mais il va bien falloir que ça s'arrête à un moment.
02:23 - Non, mais il ne va bien falloir rien du tout. Vous voyez bien que le travail diplomatique...
02:26 - Non, mais moi, je veux dire, le problème, si vous voulez, c'est que c'est facile.
02:29 Je ne dis pas ça pour vous, mais c'est facile...
02:30 - Je ne suis pas un bâton-guerre, mais quand je reprends la phrase, tous les scénarii sont possibles.
02:35 - Oui, mais je veux dire, c'est tellement facile de venir sur les plateaux de télévision...
02:38 - Qu'est-ce qu'il y a à négocier ?
02:39 - Attendez, je termine ça et après, vraiment, je réponds à votre question.
02:42 Et de dire, oui, vous êtes des lâches,
02:44 mais ce n'est pas ceux qui disent ça sur les plateaux de télévision qui iront au front demain.
02:48 C'est tellement facile d'utiliser cet argument.
02:50 Cet argument n'a pas de sens.
02:51 Il faut que les gens qui nous écoutent comprennent que chaque jour de guerre supplémentaire,
02:55 c'est des risques d'escalade, y compris d'escalade nucléaire.
02:58 Chaque jour de guerre supplémentaire, c'est des troupes ukrainiennes, des troupes russes,
03:02 des civils ukrainiens qui meurent.
03:03 Chaque jour de guerre...
03:04 - C'est ce qu'on voit tous les jours.
03:06 - C'est des risques de catastrophes environnementales.
03:07 On se bat en Ukraine au milieu de 15 réacteurs nucléaires.
03:10 Il faut être sérieux. On ne parle pas d'un jeu.
03:12 - C'est ce qu'on voit tous les jours.
03:13 ♪ ♪ ♪
03:15 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]