"Une décision grave": l'interview de Manuel Bompard après la nomination de Michel Barnier à Matignon

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Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône, était l'invité du Face-à-Face sur BFMTV et RMC ce vendredi 6 septembre.

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00:00Bonjour Manuel Bompard, merci d'être dans ce studio ce matin pour répondre à mes questions et pour réagir à la nomination de Michel Barnier.
00:07Vous êtes non seulement député des Bouches-du-Rhône, mais aussi coordinateur de la France Insoumise.
00:12Pas content, mais franchement, moi j'ai quand même envie de commencer par ça.
00:16Si vous aviez négocié, si vous aviez accepté d'aller parler, de vous ouvrir, vous n'en seriez pas là quand même.
00:22Mais c'est une plaisanterie, non ?
00:24J'ai parlé de Mme Castex qui était la candidate qui a proposé le Nouveau Front Populaire, immédiatement après sa nomination par le Nouveau Front Populaire comme candidate à la fonction de Premier ministre.
00:33Envoyer un courrier à l'ensemble des groupes parlementaires à l'Assemblée Nationale pour leur dire on peut se voir pour discuter de comment nous avons l'intention de gouverner, de trouver des majorités à l'Assemblée Nationale pour faire adopter des textes de loi.
00:44Mais je ne me trompe pas, vous aviez dit, Jean-Luc Mélenchon, mais aussi vous-même, tout le programme du Nouveau Front Populaire, rien que le programme du Nouveau Front Populaire.
00:51C'est ça que vous appelez de discuter ?
00:53Mme, nous avons dit une chose très simple, parce que moi je veux bien qu'on essaye de m'expliquer que la décision du Président de la République, qui est une décision très grave, de nier et de voler le résultat des élections législatives.
01:05Nous sommes pendant les Jeux Paralympiques, avant il y avait les Jeux Olympiques.
01:08Quand une personne arrive dernière d'une compétition, elle n'a pas la médaille d'or à la fin.
01:12Or, le Président de la République vient de décider de nommer un Premier ministre issu d'une formation politique qui a fait 6% aux élections législatives et qui a 40 députés à l'Assemblée Nationale.
01:22Donc vous pouvez essayer de m'expliquer, si vous voulez, aux gens qui nous écoutent, que c'est de ma faute.
01:26Mais je crois que tout le monde a compris que c'est de la faute du Président de la République qui a décidé tout simplement de s'asseoir sur le résultat des élections législatives.
01:32Et vous pouvez dire, Emmanuel Bompard n'est pas content, mais à la limite, ce n'est pas le sujet.
01:35Le sujet, c'est une décision très grave qui a été prise.
01:37Parce que si vous commencez à accepter l'idée que dans notre pays, il y a des élections, à l'issue de ces élections, il y a une formation politique qui arrive en tête,
01:44et que vous avez un Président de la République parce qu'il ne veut pas abandonner le pouvoir,
01:47parce que lui ne veut faire aucun compromis, il n'accepte pas qu'on remette en cause des éléments de sa politique,
01:52et il peut décider de balayer tout ça d'un revers de la main et de faire autre chose.
01:56Alors pardonnez-moi, mais on a quelqu'un qui a une pratique politique qui ressemble davantage à celle d'un monarque que celle d'un Président de la République.
02:03D'un monarque ? Vous iriez jusqu'à dire qu'il y a une forme presque de dictature ?
02:06Je n'ai pas dit d'utiliser ce mot-là.
02:08Mais quand il y a des élections...
02:10Écoutez, essayez de comprendre une chose, c'est qu'à la limite, que moi, je ne sois pas content, ce n'est peut-être pas ce qui vous importe le plus.
02:16Non, mais ça m'importe, au contraire.
02:18Madame, il y a 9 millions de personnes qui, aux élections législatives, ont voté en se disant
02:23« on va faire en sorte que nos salaires augmentent ».
02:25Il y a 9 millions de personnes qui ont voté en disant « enfin, on va pouvoir revenir sur la réforme des retraites et sur la retraite à 64 ans ».
02:33Il y a des jeunes qui se sont impliqués pour la première fois aux élections législatives,
02:37il y a eu une participation qui était beaucoup plus importante que sur les dernières élections.
02:40Donc il y a des gens qui se sont dit « ça sert à quelque chose d'aller voter, je vais y aller, je vais dire mon mot ».
02:44Et là, pour vous, tout ça, ça s'est écoulé ?
02:45Et bien là, il y a le président de la République qui dit « non, non, tout ça, ce n'est pas important ».
02:48Vous savez, la démocratie et la République, ce n'est pas que des textes, c'est aussi une pratique, c'est aussi un esprit.
02:54Et qu'est-ce qui a empêché le président de la République de dire « bon, le Nouveau Front Populaire est arrivé,
02:58c'est en tête, certes, c'est une majorité relative, je les nomme, je leur forme, je leur donne l'objectif de constituer un gouvernement.
03:05Ensuite, le Nouveau Front Populaire doit faire ses preuves, doit trouver des majorités à l'Assemblée nationale ».
03:09Il vous laisse votre chance.
03:11Bien sûr, c'est comme ça que ça fonctionne dans toutes les démocraties européennes, toutes, sans exception.
03:16Il n'y a aucun exemple dans lequel la formation politique qui n'est pas enrivée en tête n'est pas choisie pour constituer un gouvernement.
03:23Alors pardon, mais pour préciser ça, en effet, lui donner mandat de constituer,
03:27mais dans la plupart des pays, on ne nomme pas avant d'avoir constitué.
03:30C'est au fond ce qui s'est passé cet été.
03:32C'est-à-dire que c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, pendant de nombreuses semaines, parfois même mois,
03:36certains de nos voisins n'ont tout simplement pas de gouvernement.
03:38Excusez-moi de vous corriger, mais si vous prenez par exemple ce qui s'est passé en Espagne,
03:44c'est la droite qui était sortie en tête.
03:46On a d'abord, le roi d'Espagne a d'abord donné mission en quelque sorte à la droite de trouver une majorité.
03:53La droite n'a pas réussi.
03:54Ensuite, c'est le deuxième à qui on a fixé cette mission.
03:56Mais ce n'est pas tout à fait la même logique d'un d'autre.
03:58Ça a été le cas en Allemagne aussi.
03:59Mais pas en Belgique, par exemple.
04:01Non, mais en Belgique, pour l'instant, ils n'arrivent pas à constituer de majorité.
04:04Ils ont tenté et évidemment, ils sont repartis à zéro.
04:07Mais à chaque fois, la formation politique qui arrive en tête, on lui fixe cet objectif, cette mission.
04:12Et je veux dire ce qui est très grave aussi.
04:14Est-ce qu'il y a une trahison de l'esprit de l'élection législative ?
04:19C'est qu'au deuxième tour de l'élection législative,
04:21il y a à peu près 15 millions de personnes qui se sont mobilisées en disant
04:24on ne va pas permettre à l'extrême droite de s'emparer du pouvoir.
04:27C'est le barrage républicain.
04:28Et le président de la République vient d'inventer une règle
04:32qui a permis à l'extrême droite d'être le faiseur de roi.
04:35Et ce gouvernement, c'est un gouvernement Macron-Le Pen.
04:38Il ne peut voir le jour que parce que le Rassemblement national a décidé de lui donner sa bénédiction.
04:44C'est extrêmement grave parce que tous les gens qui se sont mobilisés
04:47pour empêcher l'extrême droite de s'emparer du pouvoir
04:49se sont fait trahir aujourd'hui par le président de la République.
04:52Et Marine Le Pen n'hésitera pas à bien montrer que c'est grâce à elle
04:56que finalement il y aura un budget, qu'il y aura un gouvernement.
05:00Ça veut dire que ceux qui se sont déplacés pour le barrage républicain
05:04n'y croiront plus forcément ?
05:05Je le crains, bien sûr.
05:07D'autant plus que, pardonnez-moi, mais Michel Barnier,
05:10que certains essayent maintenant de faire passer comme une figure de compromis
05:13ou une figure qui serait un peu centrale ou centriste.
05:16Enfin, excusez-moi de vous le dire,
05:18mais M. Barnier a perdu la primaire des Républicains.
05:21Donc, il est quand même le perdant d'une primaire d'un parti
05:24qui a perdu toutes les dernières élections.
05:26C'est quand même pour la légitimité, pour être Premier ministre,
05:28je pense que ça interroge.
05:30Et il l'a fait sur une ligne politique,
05:32qui se rapproche de celle du Rassemblement national.
05:34Il était pour la suppression de l'aide médicale d'État.
05:37Il était pour la retraite à 65 ans.
05:39Enfin, je ne crois pas que ces messages-là,
05:41ce sont les messages que les électrices et les électeurs
05:43ont voulu envoyer au moment des élections législatives.
05:46Et maintenant, vous allez faire quoi ?
05:47On va se mobiliser.
05:48On va se mobiliser dans la rue.
05:51Ça commence demain, samedi 7 septembre.
05:54On sera deux mois après les élections législatives.
05:56Et je pense que la participation à ces manifestations,
05:59ce n'est pas qu'une question de colère,
06:00c'est une question de dignité.
06:01C'est-à-dire que quand on a voté,
06:03quand on s'est engagé dans l'élection législative,
06:06on ne peut pas accepter qu'un homme seul,
06:08le président de la République,
06:09décide de balayer tout ça d'un revers de la main.
06:11Donc moi, j'y serai présent.
06:12J'appelle les gens qui nous écoutent à y participer
06:14pour défendre leur dignité, pour défendre leur honneur.
06:17Ce sera quoi le mot d'ordre, le slogan ?
06:19Est-ce que ce sera Barnier démission ?
06:20Est-ce que ce sera Macron démission ?
06:21Est-ce que ce sera tout le monde démission ?
06:23Ça sera contre le coup de force d'Emmanuel Macron.
06:25Et ça sera pour faire respecter les aspirations
06:29qui se sont exprimées au moment des élections législatives.
06:31C'est une marche pour la démocratie.
06:33C'est une marche contre le coup de force d'Emmanuel Macron.
06:35Et ça, ça commence demain.
06:37C'est une première étape.
06:38Pourquoi ça commence ?
06:39Ça commence parce que je souhaite qu'ensuite,
06:40il y ait d'autres étapes, bien évidemment.
06:42Parce que vous redoutez que celle de demain
06:44ne soit pas à la hauteur ?
06:45Pas du tout, mais vous savez,
06:46rarement dans l'histoire de notre pays,
06:48il a suffi d'une manifestation
06:50pour faire infléchir ou faire plier le pouvoir en place.
06:53Donc non, je ne redoute rien.
06:55Je pense que les échos que nous avons sont plutôt positifs.
06:58Il y a à peu près 150 points de manifestations
07:00et de rassemblements partout en France.
07:02Et je pense qu'il y aura du monde demain dans la rue.
07:04Mais bien sûr, notre réponse,
07:06elle ne se réduit pas à ça.
07:08Et j'entends dire, oui, la France insoumise,
07:11vous voulez bloquer le pays,
07:12mais c'est précisément l'inverse.
07:13Nous voulons permettre à ce pays de fonctionner.
07:15Nous voulons faire en sorte que des réponses
07:17soient apportées aux problématiques
07:18qu'ont posées les Françaises et les Français
07:21au moment des élections législatives.
07:22Les salaires, les retraites, la transition écologique,
07:24le développement des services publics.
07:26Ce n'est pas Michel Barnier ou Emmanuel Macron
07:28qui vont pouvoir apporter des réponses à ça.
07:30Et à ceux qui se découragent, je veux leur dire,
07:32ne perdez pas espoir.
07:34Parce que chaque jour qui passe,
07:35on voit le président de la République
07:36se rapprocher de la sortie.
07:38Se rapprocher de la sortie ?
07:39Est-ce que vous allez jusqu'à...
07:41Vous avez déposé, vous avez tenté
07:43de déposer une motion de destitution ?
07:45On n'a pas tenté, on l'a fait.
07:46Ça n'a pas été ni débattu, ni...
07:48Mais pas encore.
07:49Attendez, il y a des étapes dans cette procédure.
07:51Qui sont complexes, quand même.
07:52Vous le reconnaîtrez, ce n'est pas gagné.
07:53Mais bien sûr que ce n'est pas gagné.
07:54Mais il n'y a aucune bataille qui est gagnée par avance.
07:56Dans la vie de manière générale, vous savez,
07:57sinon on reste à la maison et on ne fait rien.
07:59Mais ce que je vous dis,
08:00c'est qu'il faut un dixième des parlementaires
08:01pour déposer cette résolution.
08:03Nous l'avons fait.
08:04Nous sommes 81 députés à avoir déposé
08:07cette demande de résolution
08:09pour qu'elle soit débattue à l'Assemblée nationale
08:10pour la destitution du président de la République.
08:12C'est l'article 68 de la Constitution.
08:14Ensuite, il faut que ça soit examiné
08:15au bureau de l'Assemblée nationale.
08:17Pour l'instant, il n'y a pas eu de réunion
08:18du bureau de l'Assemblée nationale.
08:19Mais au bureau de l'Assemblée nationale,
08:20le Nouveau Front populaire est majoritaire.
08:22Donc je pense que notre procédure
08:24peut passer cette étape.
08:25Et ensuite, il faut un vote
08:26des deux tiers des députés à l'Assemblée nationale.
08:29Or, les députés macronistes
08:30représentent moins d'un tiers
08:31des députés à l'Assemblée nationale.
08:32Donc si les oppositions sont vraiment des oppositions...
08:35Si l'ERN vote avec vous ?
08:36Non, pas seulement l'ERN.
08:37Si les oppositions sont vraiment des oppositions,
08:40là, tout le monde sera mis au pied du mur.
08:41Mais si les oppositions sont vraiment des oppositions,
08:43alors oui, il est possible de faire avancer
08:45cette procédure de destitution.
08:46Mais ça ne sera pas possible
08:48sans soutien populaire.
08:49Et c'est pourquoi nous avons lancé une pétition.
08:51Et elle est déjà à 250 000 signataires.
08:53C'est sur macron-destitution.fr.
08:55J'invite les gens qui nous écoutent à la signer.
08:57Donc à manifester demain
08:58et à signer votre pétition.
09:00Manuel Bompard, vous avez parlé d'ailleurs
09:02des réunions qui auraient à l'Assemblée.
09:05Est-ce que vous avez répondu
09:06au courrier de Marine Le Pen
09:07qui vous invitait,
09:08le groupe LFI mais comme tous les autres,
09:10à anticiper la rentrée
09:12et à faire une session extraordinaire
09:14pour pouvoir travailler ?
09:15Mais vous prenez les choses dans le mauvais sens.
09:17Si je peux me permettre.
09:18Parce que depuis le mois de juillet,
09:20les forces du Nouveau Front Populaire
09:21demandent à ce qu'une session extraordinaire soit réunie.
09:23J'ai du mal à comprendre.
09:24Parce que vous dites tout ce que vous êtes pour
09:25revenir bosser.
09:26Qu'est-ce qui bloque ?
09:28Mais il bloque...
09:29C'est très simple madame.
09:30C'est que dans notre Constitution,
09:32deux corps sont susceptibles
09:35de pouvoir convoquer une session extraordinaire.
09:36Soit le Premier ministre.
09:37Il y en a un qui vient d'être nommé.
09:38Pour l'instant, il n'a pas fait cette annonce.
09:40Soit une majorité des députés
09:41à l'Assemblée nationale.
09:42Aujourd'hui, il y a une majorité
09:43des députés à l'Assemblée nationale.
09:47Le Président de la République
09:48signe un décret de convocation.
09:49Il y a deux cas dans notre histoire,
09:51pour les gens qui nous écoutent,
09:52pour qu'ils le sachent.
09:53Il y a eu un cas sous Georges Pompidou
09:54qui avait refusé.
09:55Il y a eu un cas sous Valéry Giscard d'Estaing
09:56qui avait accepté.
09:57Donc la question est posée
09:58au Président de la République.
09:59Laissez-nous travailler,
10:00Monsieur le Président de la République.
10:01C'est à lui de signer
10:02et de vous laisser revenir
10:03à l'Assemblée nationale.
10:04Mais de manière générale,
10:05vous avez perdu les élections européennes.
10:06Vous avez perdu le premier tour
10:07des élections législatives.
10:08Vous avez perdu le deuxième tour
10:09des élections législatives,
10:10vous avez perdu.
10:11Donc abandonnez le pouvoir.
10:13Laissez les parlementaires décider.
10:15Sur la question des retraites,
10:17je recevais hier
10:18l'un des députés du Rassemblement national,
10:21Sébastien Chenu,
10:22vice-président du parti,
10:23qui disait,
10:24c'est une de nos premières mesures
10:25et d'ailleurs dans notre niche fiscale,
10:27disait-il,
10:28c'est-à-dire cette niche parlementaire,
10:30c'est-à-dire ce moment
10:32où ils peuvent décider
10:33de l'ordre du jour de l'Assemblée.
10:35Ce sera notre première proposition,
10:37supprimer la réforme des retraites.
10:40Est-ce que vous pourriez voter ce texte ?
10:42Là aussi, excusez-moi,
10:43on peut prendre les problèmes
10:44dans le mauvais sens,
10:45mais la première chose
10:46que nous avons faite
10:47après le deuxième tour
10:48des élections législatives
10:49par l'intermédiaire de Mathilde Panot,
10:50qui est la présidente de notre groupe
10:51à l'Assemblée nationale,
10:52c'est que nous avons déposé
10:53une proposition de loi
10:54pour l'abrogation de la réforme des retraites.
10:55Vous la défendrez quand ?
10:56Nous demandons son inscription
10:57à l'ordre du jour
10:58de l'Assemblée nationale
10:59et nous demandons
11:00une cession extraordinaire,
11:01vous m'avez posé la question,
11:02en inscrivant cette proposition de loi
11:04à l'ordre du jour.
11:06Oui, bien sûr.
11:07Et si nous n'obtenons pas
11:08l'inscription à l'ordre du jour
11:10par la demande
11:11que je viens de vous formuler,
11:12nous l'inscrirons
11:13dans notre niche parlementaire.
11:14Mais attendez,
11:15ça me fait doucement sourire.
11:16Non, mais il y a quand même
11:17des chances que ça marche,
11:18parce que le Rassemblement national
11:19est prêt.
11:20Je ne suis pas sûre
11:21que vous soyez prêt
11:22à voter le retrait
11:23de la loi retraite,
11:24même si vous êtes d'accord
11:25avec le fonds,
11:26si elle est déposée
11:27par le Rassemblement national.
11:28En revanche,
11:29le Rassemblement national
11:30a déjà dit
11:31que même si c'est vous,
11:32LFI,
11:33qui déposez cette demande
11:34de la réforme des retraites,
11:35ils la voteront.
11:36Ils voteront avec vous.
11:37Ça devrait vous interroger
11:38quand même,
11:39parce qu'on vient de nommer
11:40un Premier ministre
11:41qui est pour la retraite
11:42à 65 ans.
11:43Justement, là,
11:44vous pourriez trouver
11:45une majorité.
11:46Donc, c'est quand même
11:47qu'il y a un problème,
11:48puisqu'il y a une majorité,
11:49vous dites,
11:50des députés à l'Assemblée nationale
11:51qui sont pour abroger
11:52la retraite à 64 ans
11:53et M. Macron nomme
11:54un Premier ministre
11:55qui est pour la retraite
11:56à 65 ans.
11:57Il y a quand même
11:58un petit problème démocratique.
11:59Pour le reste,
12:00le Rassemblement national,
12:01je me satisfais,
12:02si je puis dire,
12:04de préciser et clarifier
12:05un peu leur positionnement
12:06sur les retraites.
12:07Parce que, pardon,
12:08pendant la campagne
12:09des élections législatives,
12:10je ne sais pas s'il y a
12:11une personne en France
12:12qui a compris
12:13quelle était la position
12:14du Rassemblement national
12:15sur les retraites.
12:16Notre position, à nous,
12:17elle est claire.
12:18Nous sommes, un,
12:19en première étape,
12:20pour abroger la réforme
12:21des retraites d'Emmanuel Macron,
12:22deux, pour revenir à la retraite
12:23à 60 ans avec 40 annuités
12:24de cotisation.
12:25Parce que quand on arrive
12:26à 60 ans aujourd'hui
12:27dans notre pays,
12:28on a mal au dos,
12:29on est fatigué
12:30et on a envie de pouvoir
12:31partir à la retraite,
12:32tout simplement.
12:33Si le RN,
12:34non mais si aujourd'hui,
12:35je suis bien d'accord,
12:36mais là, ce que je veux dire
12:37c'est que je ne vous parle pas d'hier,
12:38je vous parle de demain.
12:39Si demain, le RN vote
12:41votre loi des retraites,
12:43vous serez content.
12:44Moi, je souhaite qu'il y ait
12:45une majorité de députés
12:46à l'Assemblée nationale
12:47qui vote l'abrogation
12:48de la réforme des retraites.
12:49Donc, ce n'est pas si mal
12:50quand le RN est là
12:51pour vous soutenir.
12:52Mais ce n'est pas le sujet, madame.
12:53Si, parce que vous nous dites
12:54que c'est un scandale,
12:55ils sont en train de soutenir...
12:56Est-ce que ce n'est pas
12:57la corde du pendu ?
12:58Non, mais attendez,
12:59vous comparez le fait que
13:01sur une proposition de loi,
13:02le RN pourrait décider
13:04de voter notre proposition de loi.
13:05Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
13:06Je ne vais pas refuser leur voix.
13:07Et le fait que Marine Le Pen
13:09ait été mise par le président
13:10de la République
13:11dans le rôle de pouvoir
13:12lever le pouce
13:13ou baisser le pouce
13:14pour savoir si un gouvernement
13:15allait voir le jour ou pas
13:16qui était une négation
13:17du Front républicain
13:18qui a été exprimée
13:19au moment des élections législatives.
13:20Donc, pardonnez-moi,
13:21mais vous ne pouvez pas comparer
13:22les deux situations.
13:24Moi, ce qui m'intéresse,
13:25c'est les gens dans notre pays.
13:26Et les gens,
13:27il y en a par millions
13:28qui ont voté
13:29en demandant la brogation
13:30de la réforme des retraites
13:31parce qu'il y en a par millions
13:32qui avaient manifesté
13:33contre la retraite à 64 ans.
13:34Eh bien, je souhaite
13:35que leurs exigences,
13:36leurs aspirations,
13:37puissent être satisfaites.
13:38Et en tout cas,
13:39ils peuvent compter sur nous
13:40pour cela.
13:41Manuel Bompard,
13:42dans son discours hier,
13:43Michel Barnier
13:44a parlé de service public,
13:46mais aussi de sécurité
13:48et de maîtrise de l'immigration.
13:50Il faudrait qu'il clarifie
13:51ses positions
13:52parce que je vous le disais
13:53tout à l'heure,
13:54sur ce sujet-là,
13:55il a tenu des positions,
13:56y compris,
13:57vous savez,
13:58des positions
13:59qui étaient dans le texte initial
14:00de la loi immigration
14:01votée par le Rassemblement national
14:02à l'Assemblée,
14:03qui ont été censurées
14:04par le Conseil constitutionnel,
14:05je pense,
14:06notamment la suppression
14:07de l'ennemi de Caldetta,
14:08la limitation de la venue
14:09des étudiants étrangers.
14:10Donc là,
14:11M. Barnier va devoir préciser
14:12les choses.
14:13Pour le reste,
14:14en matière de sécurité,
14:15par exemple,
14:16parce que j'entends parfois
14:17« oui, le Nouveau Front populaire,
14:18ce n'est pas un sujet pour vous »,
14:19enfin, c'est une plaisanterie.
14:20Le Nouveau Front populaire,
14:21on avait dit depuis le début
14:22qu'une de nos premières mesures,
14:23ce serait de déployer immédiatement
14:24des brigades de police
14:25de proximité
14:26pour faire en sorte
14:27que les gens puissent vivre
14:28tranquillement,
14:29paisiblement.
14:30Qui dit que ce n'est pas
14:31un sujet pour nous ?
14:32Ça a toujours été
14:33un sujet pour nous,
14:34mais pas à la manière
14:35avec laquelle la droite
14:36l'envisage.
14:37Donc, encore une fois…
14:38Pour vous, sécurité,
14:39pouvoir d'achat,
14:40services publics,
14:41ce sont les sujets
14:42prioritaires aujourd'hui ?
14:43Il y a beaucoup
14:44de sujets prioritaires.
14:45L'écologie, par exemple,
14:46il n'en a pas parlé.
14:47Or, tout le monde sait…
14:48Enfin, il a été ministre
14:49de l'écologie.
14:50Vu le résultat,
14:51excusez-moi,
14:52je ne crois pas
14:53qu'on puisse dire
14:54qu'il y a un bilan
14:55sur ce sujet.
14:56Vous estimez
14:57que même là-dessus,
14:58vous ne lui donnez pas…
14:59C'est quelqu'un
15:00qui s'est toujours dit
15:01extrêmement concerné
15:02par ces questions.
15:03Ce qui, honnêtement,
15:04vous le direz quand même,
15:05à cette époque-là,
15:06chez les Républicains
15:07qui, à l'époque,
15:08étaient RPR,
15:09c'était plutôt audacieux.
15:10Oui, mais Madame,
15:11il ne suffit pas
15:12d'en parler.
15:13Le problème,
15:14c'est que tout le monde
15:15sait que chaque jour
15:16de perdu aujourd'hui
15:17pour lutter
15:18contre l'urgence
15:19écologique,
15:20climatique et environnementale…
15:21C'est un jour
15:22qu'on ne pourra pas récupérer.
15:23Le principe de précaution,
15:24c'est une bonne chose ?
15:25Mais ça dépend sur quoi ?
15:26Qu'est-ce que ça veut dire
15:27le principe de précaution ?
15:28Quel exemple concret
15:29vous voulez me donner ?
15:30Par exemple,
15:31est-ce que vous considérez…
15:32Vous pourriez quand même
15:33lui donner le point
15:34sur les OGM,
15:35sur les indemnisations
15:36des maisons inondées.
15:37Vous voulez qu'on parle
15:38des OGM, Madame ?
15:39Aujourd'hui,
15:40il s'organise au niveau européen
15:41le fait qu'on réintroduise…
15:42Mais en fait,
15:43vous n'êtes jamais content.
15:44Je ne suis pas jamais content, Madame.
15:45Sur le reste, je comprends,
15:46mais sur l'écologie,
15:47il a fait une partie du boulot.
15:48Mais Madame,
15:49ce n'est pas moi le problème.
15:50Tous les experts aujourd'hui
15:51vous disent que
15:52dans la trajectoire
15:53sur laquelle on est aujourd'hui,
15:54on va vers un réchauffement
15:55de la température
15:56qui est au-delà
15:57de 3 degrés,
15:58alors qu'on a signé
15:59des accords de Paris.
16:00C'était Jacques Chirac
16:01à l'époque
16:02où il fallait limiter…
16:03On s'était fixé l'objectif
16:04de limiter la hausse
16:05de la température
16:06à 1,5 degré.
16:07Donc, si vous voulez,
16:08je peux vous dire
16:09que c'est génial
16:10et que c'est super.
16:11Mais sauf que quand,
16:12dans 50 ans,
16:13la mer aura augmenté,
16:14on pourra plus vivre
16:15dans une partie
16:16du territoire national,
16:17vous irez demander
16:18à M. Barnier
16:19si finalement son bilan
16:20était si bon que ça
16:21en termes d'écologie.
16:22On lui posera la question.
16:23Est-ce que vous allez
16:24pouvoir lui poser
16:25peut-être directement
16:26puisqu'il a dit hier
16:27que dès aujourd'hui
16:28il allait consulter
16:29les groupes,
16:30tous les groupes
16:31a-t-il dit,
16:32de l'Assemblée nationale ?
16:33Est-ce que vous avez reçu
16:34une demande de rendez-vous ?
16:35Est-ce qu'il vous a appelé ?
16:36On n'a pas été sollicité.
16:37Voilà ce que je peux
16:38vous dire en tout cas
16:39à cette étape.
16:40Donc à cette heure-ci,
16:41à 8h49,
16:42non.
16:43Et pour le reste,
16:44nos priorités politiques,
16:45vous les connaissez
16:46et elles ne sont pas compatibles
16:47avec un gouvernement
16:48de Michel Barnier
16:49et donc il est une évidence
16:50et c'est ce qu'on dit
16:51l'ensemble des forces
16:52du Nouveau Front populaire
16:53que nous déposerons
16:54immédiatement une motion de censure
16:55et que nous la voterons.
16:56On l'a bien compris,
16:57vous le censurez a priori.
17:00Moi j'ai dit censure,
17:01mobilisation, destitution.
17:02Voilà les mots d'ordre.
17:03Vous n'avez pas de regret
17:04d'un Bernard Cazeneuve ?
17:06Non mais encore une fois,
17:07d'abord je vous ai dit,
17:08c'est le président de la République
17:09qui a fixé cette règle.
17:10Au témoin d'un doute,
17:11on n'avait pas le choix
17:12contre Bernard Cazeneuve
17:13ou Michel Barnier,
17:14vous êtes d'accord ?
17:15Tout à fait,
17:16il y en a eu,
17:17enfin c'est la valse.
17:18Premièrement,
17:19et deuxièmement,
17:20même si je vous disais,
17:22allez,
17:23expliquez-moi,
17:24quel compromis était prêt
17:26à faire le président de la République ?
17:27Il était prêt à accepter
17:28l'abrogation de la réforme des retraites ?
17:29Toute la presse sait bien
17:30que ce n'est pas le cas.
17:31Est-ce qu'il était prêt ?
17:32Mais Bernard Cazeneuve avait dit
17:33que pour le coup,
17:34il était pour l'abrogation
17:35de la réforme des retraites.
17:36Certes,
17:37c'est bien la raison
17:38pour laquelle
17:39il n'a pas été nommé Premier ministre.
17:40Donc ne dites pas que c'est ma faute,
17:41puisque vous venez vous-même
17:42de faire la démonstration.
17:43Moi, je ne dis rien,
17:44c'est l'Élysée qui laisse entendre
17:45que comme vous avez immédiatement dit
17:46que vous censureriez...
17:47Oui, ça, vous l'avez dit,
17:48c'est les éléments.
17:49Et que comme il y avait à la fois
17:50l'ERN,
17:51c'est mathématique,
17:52c'est-à-dire que si l'ERN censure
17:53et que vous vous censurez...
17:54Non, madame,
17:55c'est mathématique
17:56qu'à partir du moment
17:57où vous introduisez une règle nouvelle
17:58qui n'a jamais existé,
17:59c'est qu'on ne peut nommer
18:00un Premier ministre
18:01qu'à partir du moment
18:02où le Président de la République
18:03a décidé que ce Premier ministre
18:04ne se ferait pas censurer.
18:05Mais il se prend pour qui
18:06le Président de la République ?
18:07C'est lui qui parle
18:08à la place des 577 députés.
18:09C'est la méthode.
18:10Il y a eu un problème de méthode
18:11quand il a arrivé.
18:12Bien évidemment,
18:13mais c'est une rupture
18:14avec tout ce qui s'est toujours fait
18:15dans notre démocratie.
18:16Enfin, si vous n'aviez pas dit
18:17tout de suite,
18:18vous et le Parti Socialiste,
18:19le Parti Socialiste
18:20dont est issu Bernard Cazeneuve,
18:21que vous le censuriez,
18:22il y avait quand même une chance
18:24Oui, mais les questions...
18:25Et simplement,
18:26je fais des calculs mathématiques.
18:29Apprenons les choses dans l'heure,
18:30sinon les gens ne vont pas comprendre,
18:31les gens qui nous écoutent.
18:32Bon, vous me dites
18:33oui, vous auriez pu accepter Bernard Cazeneuve.
18:35Je vous dis oui,
18:36mais Bernard Cazeneuve,
18:37même lui avait fixé des exigences
18:38qui n'étaient pas acceptées
18:39par le Président de la République.
18:40La réforme des retraites,
18:41l'a-t-il dit, par exemple.
18:43Le Président de la République
18:44n'était pas prêt à l'accepter.
18:45Donc, vous ne pouvez pas en retour
18:46me dire c'est de votre responsabilité
18:48s'il n'y a pas de gouvernement
18:50soi-disant plus à gauche.
18:52Je ne me suis jamais caché.
18:53Ma candidate, c'était Lucie Castet,
18:54tout simplement parce qu'elle est
18:56la candidate qui a été choisie
18:57par le Bloc qui est arrivé en tête.
18:58S'il souhaite, M. Barnier.
18:59Maintenant, oui, vous me posez des questions,
19:00mais en vérité, les questions que vous me posez,
19:01je ne vous en fais pas le reproche.
19:02C'est normal, c'est votre rôle.
19:03Mais je vois bien qu'il y a une volonté
19:05de la part du camp macroniste d'hier,
19:07parce qu'ils ne sont pas très à l'aise
19:08dans leur basket
19:09d'avoir laissé l'extrême droite
19:10pouvoir décider
19:11qui était le prochain Premier ministre,
19:12d'essayer de renvoyer
19:13la responsabilité à la gauche.
19:14Franchement, ça ne convainc personne.
19:15Le responsable du coup de force,
19:16il a un nom, une adresse, comme on dit.
19:18Il s'appelle Emmanuel Macron
19:20et il habite à l'Elysée.
19:21Il habite à l'Elysée.
19:22On est bien d'accord.
19:23Mais vous ne m'enlèverez pas
19:24et surtout pas vous
19:25qui êtes bien meilleur en mathématiques
19:26que moi,
19:27qu'à partir du moment
19:28où vous avez affirmé publiquement
19:29que vous censureriez
19:30de manière automatique Bernard Cazeneuve
19:32et que l'ORN a dit la même chose,
19:33ça ne passait pas.
19:34Mais certes.
19:35C'est tout.
19:36C'est tout ce que je dis.
19:37Mais très bien.
19:38Mais encore une fois,
19:39d'où sort cette règle
19:42qu'on ne peut nommer
19:43un Premier ministre
19:44que si, finalement,
19:45il y a une garantie donnée avant.
19:46Je suis bien d'accord.
19:47Mais je dis juste que ça ne passait pas.
19:48C'est tout.
19:49Ça n'existe nulle part.
19:50Moi, ce que je peux vous dire,
19:51c'est que s'il y avait un gouvernement
19:52de Lucie Castex,
19:53nous aurions convaincu
19:54une majorité députée.
19:55Et ça reste votre candidate ?
19:56Mais bien évidemment,
19:57ça restera notre candidate,
19:58nous l'avons dit publiquement,
19:59tant qu'il y aura
20:00la même Assemblée nationale.
20:01Et donc, nous voulons faire tomber
20:02le gouvernement
20:03et ensuite,
20:04nous referons la proposition
20:05que Lucie Castex
20:06soit notre Premier ministre.
20:07La liste n'entrera
20:08dans le nouveau gouvernement,
20:10dit Olivier Faure.
20:11Pas besoin de vous demander,
20:12mais de votre côté,
20:13aucune du NFP.
20:14De toute façon,
20:15nous avons dit tous la même chose,
20:16c'est que nous allons censurer
20:17le gouvernement.
20:18Ce serait un peu incongru
20:19de censurer un gouvernement
20:20dans lequel il y aurait
20:21quelqu'un du nouveau Front Populaire.
20:22Merci Emmanuel Bompard
20:23d'être venu ce matin,
20:24coordinateur de la France Insoumise.
20:25On l'a bien compris,
20:26vous appelez les Français
20:27à manifester demain.
20:28C'était quoi ?
20:29Mobilisation,
20:30manifestation,
20:31destitution ?
20:32C'était mobilisation,
20:33censure, destitution.
20:34Vous pouvez venir dans la rue demain
20:35et signer la pétition
20:36sur mobilisation.fr.

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