C'est un véritable casse-tête auquel sont confrontés beaucoup de jeunes parents. Trouver une place en crèche pour sa progéniture. On en manque cruellement.
Pourtant, l'état dispose de moyens pour les financer.
Mais les communes ne suivent pas toujours, pour tout un tas de raisons.
Pourtant, l'état dispose de moyens pour les financer.
Mais les communes ne suivent pas toujours, pour tout un tas de raisons.
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00:00 - Glisser le fait que j'avais un coach sportif alors qu'en fait je suis sportif comme un sac de terreau.
00:04 - Oui, mais on enlève plus au bout d'un moment.
00:07 - C'est un détail.
00:08 Alors on vous pose une question ce matin.
00:10 Quel mode de garde préférez-vous pour vos enfants ?
00:13 Crèche ou nounou ?
00:14 Je ne vous cache pas que je ne peux pas répondre à la question, moi je n'ai pas d'enfant.
00:16 Mais vous qui avez des enfants, vous allez pouvoir prendre la parole au 04 67 58 6000,
00:21 nous dire ce que vous en pensez, prendre la parole sur France Bleu Héros.
00:24 Tiens d'ailleurs, puisqu'on pose la question depuis déjà hier sur les réseaux sociaux,
00:27 au niveau du résultat, Guillaume, on en est où ?
00:29 - Alors 138 votants et votantes jusqu'à présent et vous répondez à une très nette majorité.
00:33 Bah tiens évidemment, il suffit que j'en parle pour que le sondage disparaisse de mon écran.
00:38 Donc dans mon souvenir, je crois qu'on était à 58% en faveur des crèches et donc 42% en faveur des nounous.
00:46 - Très bien, ok, une très bonne mémoire, donc il n'y a pas de problème là-dessus.
00:48 - Oui, 57, 43 exactement. 57 pour les crèches, 43 pour les nounous.
00:51 - Bon alors vous en pensez quoi ? 04 67 58 6000, on en parle ce matin avec Elisabeth Lettier,
00:56 présidente nationale du comité de filière Petite Enfance.
00:58 Bonjour Elisabeth Lettier. - Bonjour, merci.
01:00 - Merci d'être venue nous rejoindre en studio.
01:02 Le comité de filière Petite Enfance, très vite on va expliquer quand même à nos auditeurs et spectateurs ce que c'est.
01:08 Ça a été créé il y a deux ans sous l'égide du ministère de la Solidarité.
01:11 - Oui, c'est ça. - Vous en êtes la présidente nationale.
01:14 Et ce comité a été mis en place dans la perspective de la création du service public de Petite Enfance.
01:20 C'est en train de se faire là, c'est en train de se créer, avec une date butoir le 1er janvier prochain, 2025.
01:25 - Oui, tout à fait. Bon, pour le début, le service public de la Petite Enfance va se construire brique à brique.
01:30 C'est-à-dire le 2 janvier, ça ne sera pas achevé.
01:34 - Mais pourquoi il n'y a pas de service public Petite Enfance avant ?
01:36 - Alors ça c'est une excellente question, ce qu'il faut savoir.
01:40 Et donc j'allais dire, nous sommes vraiment à un tournant de l'accueil de la Petite Enfance.
01:44 C'est extrêmement important de le signifier à vos auditeurs et vos auditrices,
01:48 parce que jusqu'à présent l'accueil de la Petite Enfance est une compétence facultative
01:52 pour les élus, pour l'État, pour tout le monde en fait.
01:55 Donc on s'en saisit si on estime que c'est important.
01:58 - L'État s'en saisit.
01:59 - Voilà, l'État s'en saisit, les communes s'en saisissent majoritairement, les associations s'en saisissent.
02:04 Mais voilà, c'était vraiment laissé au choix des uns et des autres.
02:09 - D'autant qu'il y a une urgence, parce que dans l'horizon 2030, d'ici 5-6 ans,
02:15 on va avoir un vrai problème avec la Petite Enfance.
02:18 - Oui, tout à fait, on va avoir un vrai problème avec la Petite Enfance,
02:21 à savoir une pénurie déjà existante aujourd'hui de professionnels de la Petite Enfance,
02:26 de chiffres, au niveau des crèches, il manque à ce jour,
02:30 approximativement en France, 10 000 professionnels pour s'occuper des enfants dans les crèches.
02:36 Et au niveau des assistantes maternelles, qui sont, même si elles ne sont pas plébiscitées
02:40 dans les demandes des parents, le premier mode d'accueil aujourd'hui,
02:44 en 2030, à horizon 2030, 47% seront partis en retraite.
02:48 - La moitié des assistantes maternelles seront plus en activité dans 5 ans.
02:51 - Si l'on voulait simplement avoir le même nombre, au niveau capacité d'accueil,
02:56 il faudrait que tous les ans d'ici 2030, il y ait 15 000 assistantes maternelles nouvelles qui soient agréées.
03:02 - Alors pourquoi vous venez nous en parler ce matin, Elisabeth Léthier ?
03:04 Vous avez surtout accepté notre invitation, c'est parce que hier soir,
03:06 à l'initiative de la CAV de Leraud, et de son directeur Thierry Mathieu,
03:10 vous avez participé à une rencontre avec les maires, des maires, pas tous les maires,
03:15 des maires du département de Leraud, pour leur dire quoi ?
03:18 - Créer des places de crèche, créer des places de crèche, créer des places de crèche, en fait c'est ça.
03:22 - Oui, en fait c'est ça, c'est créer, créer, créer, et les inciter.
03:27 D'abord, je tiens à dire que c'est une initiative extrêmement intéressante,
03:31 c'est la première en France, c'est la première CAV à organiser une rencontre destinée exclusivement aux élus.
03:37 Alors pourquoi c'est important ? Parce que les élus vont devenir, à partir du 1er janvier,
03:42 donc les villes, autorités organisatrices de l'accueil de la petite enfant.
03:48 Donc elles vont avoir une mission supplémentaire.
03:51 - Il y a un transfert de compétences sur les communes.
03:52 - Ce n'est pas un transfert, parce que, bon excusez-moi, mais pour que ce soit très clair,
03:56 si c'est un transfert, ça voudrait dire que la compétence, elle existait déjà.
04:01 Or ce n'est pas le cas, c'est une création.
04:03 - Puisqu'il n'y avait pas de service public de la petite enfant.
04:05 - Exactement.
04:05 - Sauf que les communes vont devoir vraiment s'y mettre là.
04:07 - Elles vont devoir s'y mettre.
04:08 - C'est aux communes que peut-être les parents, demain, réclameront des comptes.
04:11 - Oui, de toute façon, c'est déjà un petit peu ça aujourd'hui,
04:15 sans savoir justement que c'est obligatoire.
04:17 Donc pourquoi ce service public ?
04:20 Si vous me le permettez, très rapidement, quatre enjeux pour les communes,
04:23 que j'ai développés hier devant les élus.
04:25 Beaucoup d'élus, un tiers, m'a dit le directeur de la CAF,
04:28 des élus de l'Hérault étaient présents hier.
04:31 Donc c'est vraiment un très gros chiffre.
04:32 Donc quatre enjeux.
04:33 Un enjeu de société, parce qu'on joue sur l'égalité homme-femme.
04:39 Un enjeu social, parce qu'en permettant à des enfants d'être accueillis
04:45 dans des structures spécialisées pour cet accueil,
04:48 on gomme les inégalités de destin,
04:50 du moins on essaie de gommer les inégalités de destin.
04:53 Un enjeu économique, c'est-à-dire on vise le plein emploi
04:56 pour permettre aux femmes de retourner au travail.
04:59 Aujourd'hui, il y a 160 000 femmes en France
05:01 qui ne peuvent pas reprendre leur travail alors qu'elles le désiraient,
05:05 parce qu'elles ont la garde d'un tout petit et qu'elles ne peuvent pas confier.
05:08 Et en fait, pour les élus, c'est très important,
05:11 un enjeu d'aménagement du territoire,
05:13 parce qu'en créant des services d'accueil des tout-petits,
05:17 on fixe sur son territoire des jeunes couples.
05:19 - Et alors pourquoi la CAF ?
05:20 Pourquoi c'est la CAF de l'Hérault qui organise cette rencontre avec les élus ?
05:24 C'est parce que, et son directeur a dû nous en parler il y a quelques mois,
05:27 à ce même micro, Elisabeth Littier,
05:28 parce que la CAF dispose de moyens financiers.
05:30 Parce que souvent les maires vous disent,
05:31 alors j'imagine que vous l'avez entendu aussi hier soir,
05:33 ils disent "vous êtes bien gentils, mais ça coûte cher d'ouvrir des places de crèche".
05:36 Or, il y a de l'argent public dans les caisses pour financer ça.
05:40 - Oui, exactement.
05:41 Donc c'est pour ça, vraiment, j'incite les élus, je leur dis "allez-y".
05:43 On est, en petite enfance, à un tournant historique.
05:47 C'est-à-dire que l'État et les CAF ont débloqué des sommes très importantes
05:52 dans la convention d'objectifs et gestion.
05:54 Je ne rentre pas dans l'état, c'est trop compliqué.
05:56 - Dans l'Hérault, c'est plusieurs millions par exemple.
05:58 C'est plusieurs millions d'euros qui sont très débloqués pour ça.
06:00 - Si on ne s'en saisit pas, si les élus ne s'en saisissent pas,
06:03 de toute façon cet argent, il est perdu.
06:04 Donc le transfert, je veux dire, la petite enfance,
06:08 aujourd'hui, est un tournant historique.
06:10 Donc on prend ou on ne prend pas, et il faut prendre.
06:13 - Quel mode de garde préférez-vous pour vos enfants ?
06:15 C'est la question qu'on vous pose ce matin.
06:16 Vous êtes plutôt crèche, vous êtes plutôt nounou pour vos enfants.
06:19 Prenez la parole sur France Bleu et Redouble.
06:21 Dites-nous ce que vous en pensez.
06:22 Au 04, 67, 58, 6000, il faut nous appeler tout de suite.
06:25 - Et vous êtes plutôt crèche, a priori.
06:27 56% pour les crèches, 44% pour les nounous.
06:31 C'est un résultat qui vous surprend, Elisabeth Lettier, ou pas ça ?
06:33 - Non, pas du tout, parce que c'est très souvent le premier mode d'accueil
06:37 que demandent les parents.
06:38 Mais tout simplement parce qu'ils sont restés sur une image
06:41 de l'assistante maternelle, comme étant un petit peu,
06:45 précisément une tata, si vous voulez, on l'appelait la tata,
06:47 sans trop de professionnalisation.
06:49 Or, je veux dire, c'est un métier.
06:51 Bon, elles suivent des formations, formation initiale, formation continue.
06:55 Il y a exactement, je veux dire, la même sécurité
06:59 et la même ouverture à la culture, à la lecture,
07:06 la même ouverture sur le monde, par une assistante maternelle
07:09 ou une professionnelle dans une structure.
07:11 Donc, il faut bannir cette image qui est assez importante.
07:14 - L'assistante maternelle a souvent une image de baby-sitter
07:17 et pas de pluricultrice d'une certaine manière.
07:19 C'est un peu ça, quoi.
07:20 - C'est un métier de la petite enfance, au même titre que les autres.
07:23 Et précisément, dans le comité de filière, nous travaillons aussi
07:26 à monter en compétence les assistantes maternelles.
07:30 - Oui, parce que le comité de filière que vous présidez au niveau national,
07:33 Elisabeth Léthier, ne s'occupe pas que de places de crèche,
07:36 mais aussi à l'enjeu des assistantes maternelles
07:38 dont la moitié seront parties à la retraite,
07:39 vous le disiez tout à l'heure en 2030.
07:41 - C'est vraiment le comité de filière, c'est l'accueil de la petite enfance.
07:44 Et moi, je ne fais jamais de distinction entre accueil collectif
07:48 et accueil individuel.
07:49 - Comment ça s'est passé, cette rencontre avec les mères IR1 ?
07:52 Est-ce que vous les avez convaincus, les mères de l'héros ?
07:54 - Écoutez, j'en reviendrai dans quelques mois pour le dire.
07:56 Non, non, je pense vraiment très bien.
07:58 - Le discours est passé ?
07:59 - Très bien, le discours est passé.
08:01 J'ai trouvé des élus très, très attentifs.
08:04 D'abord, leur nombre parle de lui-même,
08:07 ça veut dire qu'ils se sentent concernés.
08:09 - Mais pourquoi sont-ils aussi réticents ?
08:11 Il y a l'aspect financier, j'imagine, mais peut-être pas que...
08:14 - Il y a l'aspect financier, si, qui est important de plus en plus quand même,
08:17 parce qu'ils ignorent également les aides nouvelles
08:20 que l'État va pouvoir, disons, et là, a mis à leur disposition.
08:24 Et puis, il y a aussi le fait, il y a l'ignorance.
08:27 Il y a également un manque de connaissances en ingénierie.
08:31 Comment je fais pour ouvrir une structure ?
08:33 C'est compliqué, je suis éloignée de ma CAF,
08:36 je n'ai pas de service juridique,
08:38 je n'ai pas de service au niveau mise en place d'une structure nouvelle.
08:44 Comment je fais ?
08:45 Donc, c'est un petit peu ce que je suis venue leur dire aussi,
08:47 et c'est le message que porte la CAF de l'héros.
08:49 Voilà, vous n'êtes pas seul, vous n'êtes pas seul.
08:52 Il y a de grosses sommes, on l'a dit tout à l'heure, qui ont été débloquées,
08:55 mais également 100 personnes au niveau national de la CAF
09:00 qui sont vraiment ciblées sur l'aide aux élus
09:04 dans la mise en place d'un service public.
09:07 - Un accompagnement, et ces aides financières,
09:09 elles seront destinées à quoi ?
09:11 À financer la construction de ces équipements ?
09:14 À financer le salaire de ces assistants ?
09:19 Parce que même dans une crèche, on parle d'assistantes maternelles,
09:21 ce n'est pas que pour les nounous.
09:22 Ça sert à tout ça ?
09:23 - Oui, bien sûr, avec des lignes dédiées.
09:25 Je ne suis pas la CAF, donc je ne vais pas entrer dans les détails,
09:29 mais avec des lignes dédiées, il y a de l'aide qui existait déjà,
09:32 mais qui a été largement amplifiée,
09:34 aide à l'investissement, donc à la construction,
09:36 aide au fonctionnement.
09:38 Or, il faut savoir que pour les élus, c'est très important.
09:40 C'est le fonctionnement, j'ai été élu 25 ans à Nancy,
09:44 donc je sais, c'est le fonctionnement qui est le plus important.
09:47 Et dans le fonctionnement, c'est la masse salariale.
09:50 80% des coûts de fonctionnement, c'est la masse salariale.
09:53 Et puis, précisément, grâce à de nouveaux bonus qui sont mis en place,
09:57 c'est l'aide pour cette masse salariale.
10:01 - Eh bien, merci d'être venue nous en parler ce matin,
10:03 Elisabeth Lettier, présidente nationale du comité de filière Petite Enfance.
10:08 On verra si effectivement les maires vous auront entendu
10:10 et auront créé à foison des places de crèche dans les mois et les années qui viennent.
10:14 Vous pouvez réécouter cette interview en allant sur notre site internet francebleu.fr.
10:18 Et je signale au passage, Guillaume,
10:20 que vous êtes très nombreux ce matin à nous écouter,
10:23 à féliciter justement notre Guillaume pour cette excellente question de 7h51.
10:27 - Mais pourquoi il n'y avait pas de service public Petite Enfance avant ?
10:29 - Ça c'est une excellente question, ça on peut le savoir.
10:32 - Félicitations parce que les gens sont vraiment retournés par cette belle question.
10:34 Ça mérite un Oscar de la question, je pense, pour 2025.
10:37 - C'est une nomination ou c'est l'Oscar direct ?
10:39 - Ah, vous êtes nommé pour l'instant.
10:40 Mais c'est vrai que c'est une bonne question.
10:42 - Merci madame Lettier d'avoir dit ça.
10:43 Parce que oui, maintenant ça va tourner en bon cours.
10:45 - Vous avez été surprise parce que vous ne pensiez pas qu'il y aurait une si bonne question.
10:48 C'est vrai, c'est pas faux.
10:49 - Ah, elle m'a surprise, oui.
10:50 - Et bien voilà, vous pouvez réécouter l'intégralité parce que tout était bien.
10:53 - Toutes les questions étaient bonnes.
10:55 - Toutes les questions étaient bonnes.
10:57 - Absolument, évidemment.
10:58 - Les questions étaient fabuleuses.
10:59 C'est vrai que les réponses étaient encore mieux.
11:01 - Donc elles ne peuvent qu'initier de bonnes réponses.
11:03 - Exactement. Ça reste une des meilleures interviews qu'on ait eue.
11:05 Bon, en tout cas, à 7h58, on vous remercie d'être venu.
11:08 - Merci beaucoup.
11:09 - Bon retour à Nancy alors.
11:11 - Merci beaucoup.
11:13 Les infos d'huit heures.
11:14 [Musique]