Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 ...
00:03 -Bonjour, Fred Jiménez.
00:05 Vous êtes bassiste
00:06 et vous avez accompagné Johnny pendant 3 tournées.
00:10 -Oui, pendant 3 ans et 8 mois.
00:12 -Pourquoi avez-vous eu envie d'écrire ce livre ?
00:15 Maintenant.
00:16 -En fait, je racontais mes anecdotes à mes potes de Johnny.
00:20 Ca faisait marrer tout le monde.
00:22 Bertrand Burgala m'avait dit qu'il faudrait
00:25 qu'il en écrive un livre,
00:27 parce que c'est trop rigolo. Il m'a dit ça pendant 10 ans.
00:30 Au mois d'octobre, j'avais un peu de temps.
00:33 Je voulais voir si les histoires orales
00:35 pouvaient être marrantes à l'écrit.
00:38 Et là, j'ai fait un plan du livre.
00:40 Je vais écrire 2 chapitres.
00:42 J'ai commencé à écrire à la main.
00:44 Je voyais ma main courir sur le papier.
00:46 J'ai tout écrit en 2 semaines. Ca me faisait marrer.
00:49 -Vous avez alimenté ça avec uniquement des choses vécues ?
00:53 -Ce n'est que des choses que j'ai vécues.
00:56 C'est la période où Johnny revient de son accident.
00:59 Il a frôlé la mort.
01:00 Là, il fait son retour.
01:02 Il veut un retour aux sources, un peu rock'n'roll.
01:05 Et voilà.
01:06 Je fais un remplacement pour une émission de télé.
01:09 Et le remplacement, je pensais rester une fois.
01:12 Je suis resté 3 ans et 8 mois.
01:14 -Il faut qu'on soit accrédité par le boss,
01:17 sinon, ça ne marche pas.
01:18 On va justement parler du début.
01:20 Nous, on pense comme ça.
01:22 C'est un coffre, c'est une voix puissante,
01:25 à tel point que vos tympans, vous dites dans le bouquin,
01:28 ils en ont fait les frais.
01:30 -La première émission de télé, j'avais jamais vu Johnny sur scène.
01:34 Quand il est arrivé, il était renfrogné,
01:36 il nous a salué.
01:37 Il s'est mis derrière le micro.
01:39 C'était le jour de la répétition pour l'émission.
01:42 Il n'a pas chanté, il a anonné.
01:44 Je me suis dit que c'était Johnny.
01:47 J'ai dit aux ingénieurs du centre,
01:49 "Monte-moi cette voix dans le retour."
01:51 Ils m'ont dit qu'il n'avait pas chanté.
01:54 "Mets-moi plus de niveau."
01:55 Le soir, quand il est arrivé, il a hurlé dans le micro.
01:59 J'étais en péril.
02:00 J'ai fait un pas de recul, je me suis éloigné de mon retour.
02:03 Du coup, je me suis rapproché du batteur.
02:06 J'apparaissais dans le plan, juste derrière Johnny.
02:09 Le soir, j'ai eu des coups de fil de mes potes.
02:12 "Toi, t'es un petit malin, t'es émissé."
02:14 -Il l'a mis dans le champ.
02:16 -C'est d'onguer.
02:17 -Quand il chantait, ça pétait un peu.
02:20 -C'est ça.
02:21 -Il avait été pressenti pour faire partie de la tournée.
02:24 Ca aussi, il faut être à qualité.
02:26 Mais c'était pas gagné.
02:28 -En même temps, il voulait faire un retour rock'n'roll.
02:31 Je venais du circuit rock'n'roll.
02:34 Je n'ai pas un musicien mercenaire de variété.
02:37 C'était quand même assez gonflé de me confier les clés du camion.
02:41 -Parce que dans un orchestre comme ça,
02:44 il y a combien ? Un bassiste ?
02:46 -Un bassiste.
02:47 Le problème du bassiste, c'est que personne ne le calcule.
02:51 Si j'arrête de jouer, tout le monde tourne de cheval.
02:54 C'est un poste à responsabilité.
02:56 -C'est le mec indispensable ?
02:58 -Ca enroule un peu un gras, mais moi, qui convient à ma personnalité,
03:02 il faut porter la baraque.
03:04 Donc voilà, moi, j'étais là.
03:06 -Ca veut pas dire que vous êtes rejeté
03:08 par l'ensemble du reste de l'équipe.
03:11 -Ca veut dire que dans les milieux autorisés,
03:13 les autres bassistes disaient que c'était impossible.
03:17 Il n'a jamais joué dans des stades, jamais fait des zénithes.
03:21 -Quand je suis parti en tournée, j'avais 4 jours d'essai.
03:24 Je suis parti aux Etats-Unis pour répéter,
03:27 mais j'avais 4 jours d'essai.
03:29 Si j'avais pas donné satisfaction,
03:31 le bassiste des Stones m'aurait remplacé.
03:33 -La pression. -Ca va pas.
03:35 -Il est chaud. -Il a tendu.
03:37 Tant pis pour lui.
03:38 -Je m'excuse s'il nous regarde.
03:40 -C'est un bassiste des Stones. Ca pouvait pas coller avec lui.
03:44 Vous dites "oui", mais vous savez pas pourquoi.
03:47 Il a cette coupe de cheveux. Ca va pas du tout.
03:50 -Parce que lui, c'est la coupe Beatles.
03:52 -C'est ça. -Et Johnny...
03:54 -Mais Johnny, il l'appelait comment ?
03:56 -Il m'appelait le Beatles.
03:58 Ce qui se passe, c'est que quand on faisait les promos,
04:01 un jour, Yarol, mon pote, qui était directeur musical du projet,
04:05 m'a dit qu'il avait piqué un coup de coeur.
04:08 -Il faut expliquer qui c'est. -Yarol Poupot,
04:11 directeur musical, guitariste de FF.
04:13 Il a un esprit rock'n'roll.
04:15 C'est grâce à lui que j'ai pu débarquer dans la combine.
04:18 "Ce coup de Fred, ça va pas. Il ressemble trop à un Beatles.
04:22 "Je préfère les Stones."
04:23 Je suis arrivé à la répète. Je suis vraiment en danger.
04:27 J'ai mis de la gominade, j'ai changé mon look.
04:30 Quand je lui ai dit bonjour, il a fait comme ça.
04:32 Il m'a pas regardé de toute la répète.
04:35 J'ai dit "bon, c'est mort". J'ai pris mon courage à deux mains.
04:39 Je suis allé le voir. "Johnny, on oublie cette histoire de Beatles."
04:42 Il est resté impassible. Il me regardait.
04:45 Il a eu un sourire. Il était magnifique quand il souriait.
04:48 Il a ce sourire qui est apparu.
04:50 Il m'a décroché une droite dans la mâchoire, amicale,
04:54 mais douloureuse.
04:55 Le train est reparti sur les rails.
04:58 -Vous avez eu d'excellents rapports.
05:00 -Oui. L'histoire se finit pas là.
05:02 Quand j'étais dans les tuyaux pour la tournée,
05:05 à ce niveau-là, tout le look des musiciens
05:07 est vraiment très étudié.
05:09 On a des séances d'essayage avec les costumières.
05:12 Quand je suis arrivé au bureau de prod,
05:14 ils m'ont dit qu'il fallait se débeatlesifier.
05:17 -C'est une obsession.
05:19 -Il faut que tu ressembles au guitariste des Stones,
05:22 Ron Wood. Il y a des photos de Ron Wood
05:24 à peu près partout. J'ai essayé les vêtements.
05:27 Là, ils m'ont sorti une redingote,
05:29 mais comme les Beatles,
05:31 "Sgt. Pepper", vous voyez, mais en gris.
05:33 C'est celle-là qu'ils ont choisie.
05:35 Au bout de trois concerts, tous les fans disaient
05:38 "Ah, c'est les Beatles."
05:40 Johnny aussi, mais... -Il s'est foutu.
05:43 -Il s'est foutu, oui.
05:44 Ces dernières années, quand on évoque Johnny,
05:47 on parle de sa vie, de sa famille, de sa succession.
05:50 On a tendance à oublier le musicien qu'il était
05:53 et l'artiste qu'il était.
05:54 -Exactement. C'est bizarre.
05:56 On oublierait même que c'était un musicien.
05:59 Moi, vraiment, je parle du Johnny au boulot.
06:01 -Oui, c'est ça.
06:03 -C'est vraiment cette période un peu bénie
06:05 où il est revenu. Johnny détestait répéter.
06:08 Il les tournait avant son accident,
06:10 sur deux mois de répétition aux Etats-Unis,
06:13 il faisait deux ou trois apparitions de deux heures.
06:15 Un peu de mauvais poil.
06:17 Après son accident, il venait tout le temps, même trop.
06:20 Même Yaro lui disait "On a besoin de bosser un peu sans toi."
06:24 -Oui, c'est ça.
06:25 "Va faire un tour et puis tu reviens."
06:27 -Demain, tu viens à 16h.
06:29 Le lendemain, à 1h, on finissait la répète,
06:31 les régisseurs mettent la table.
06:33 Il était assis dans un coin.
06:35 -Il avait envie d'exercer son métier
06:37 parce que peut-être qu'il sentait...
06:40 -Il avait envie d'être là.
06:41 Il avait engagé des gens comme moi,
06:44 qui sont rock'n'roll, moi, les répétitions.
06:46 C'était comme si je jouais au Stade de France.
06:49 Chaque jour, je me pincais pour être là.
06:51 Je donnais tout.
06:53 Je pense que ça a participé à cette bonne ambiance.
06:56 -Vous voulez savoir comment ça s'appelle ?
06:58 À la télévision, ici, en France, ils appellent ça "inside".
07:02 Ca veut dire "dans l'équipe", vous voyez ?
07:04 À bord du bus, dans les répétitions,
07:07 et comment ils sont entre eux.
07:10 Si vous lisez ça, c'est Fred Giménez lui-même
07:12 qui l'a écrit, Johnny Hallyday et moi.
07:14 Ce sont des souvenirs publiés au "Cherche-Midi".
07:18 Merci de votre visite. -Merci.
07:20 -Et bonne chance pour la prochaine tournée.
07:23 C'est l'heure du journal.
07:24 [Musique]