Samuel Pintel est l’un des 61 enfants qui ont échappé à la rafle de la maison d’Izieu commanditée par Klaus Barbie en avril 1944. Il se souvient. Quand sa mère est revenue de Bergen-Belsen, en mai 1945, elle a fait deux remarques à son fils, Samuel Pintel : « Tu as eu de la chance de ne pas venir avec moi, il n’y aurait pas eu à manger pour deux. Tu as aussi eu de la chance parce que tu étais dans une maison dont les enfants ont été raflés après ton départ… » Et puis c’est tout. Samuel avait 8 ans quand il a entendu ces deux phrases. Il en avait 14 quand sa mère est morte, partie en laissant bien des questions sans réponse. Notamment le nom de cette maison, dont il apprendrait bien plus tard qu’il y avait séjourné entre le 18 novembre 1943 et la fin janvier 1944.
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NewsTranscription
00:00 Je suis passé, enfant, un certain temps par la maison.
00:03 J'en suis parti. J'ai appris que les enfants qui étaient là, qui restaient, ont été arrêtés, déportés.
00:08 Je n'évalue même pas la chance que j'ai pu avoir.
00:11 Mes parents étaient juifs polonais, qui avaient émigré de leur côté, chacun.
00:28 Ils se rencontrent à Paris, ils se fréquentent, ils se marient.
00:31 Moi, je l'ai en 1937.
00:33 1939, le conflit avec l'Allemagne.
00:37 Mon père est étranger, polonais, intégré néanmoins.
00:42 Il va s'engager dans l'armée française comme volontaire.
00:45 Il est incorporé dans un des trois régiments de marche des volontaires étrangers.
00:50 Il est fait prisonnier et il va rester en Allemagne jusqu'à la fin du conflit en mai 1945.
00:55 Je reste seul avec ma mère jusqu'aux persécutions.
01:00 L'Arabe du Veldif, nous passons à côté parce que les femmes de prisonniers d'Ire n'étaient pas concernées.
01:06 On ne figurait pas sur les listes des personnes arrêtées.
01:07 La situation est difficile.
01:09 La France est totalement occupée cette fois par les Allemands, qui procèdent à des rafles.
01:25 Les Juifs en particulier.
01:26 C'est la Fadj en armerie qui intervient et arrête, fin d'après-midi,
01:31 toutes les personnes qui se trouvent là.
01:33 Ma mère y est, moi je reviens de l'école.
01:35 Et là, ma mère, à ce moment-là, me lâche la main et me dit
01:39 "Tu ne viens pas avec moi, je ne suis plus ta mère.
01:43 Prends la main de la jeune femme qui est à côté de toi."
01:46 Et j'aurais pu dire "Non, mais je veux rester avec toi, je ne veux pas repartir."
01:49 Je lui disais "Non, non, non, j'obéis aux doigts et à l'œil."
01:52 Et la seule jeune personne qui est à ma gauche me prend la main.
01:57 Arrive le tour de ma mère, "Votre identité, vous êtes en état d'arrestation."
02:00 Et il ne me demande pas mon nom à moi, il me demande le nom de la personne.
02:04 Son nom n'est pas sur la liste, c'est certainement la seule femme non juive du groupe.
02:09 "Qui est cet enfant ?" "C'est mon fils."
02:11 "Alors mettez-vous à l'écart."
02:13 Et ça s'arrête là.
02:14 Toutes les personnes qui l'accompagnent sont déportées, au Schitt.
02:17 Nous sommes donc novembre 1943.
02:19 Sauf ma mère qui bénéficiait encore d'une condition d'exemption,
02:23 parce qu'elle est femme de prisonnier d'hier.
02:24 Elle va rester un moment à Drancy,
02:26 et être versée dans un des trois camps annexes de Paris, le camp Lévitan.
02:31 J'arrive à la maison d'Isieux, le 18 novembre 1943.
02:41 Alors on s'intègre dans la vie d'un groupe d'enfants.
02:44 La moyenne est plutôt 10-12 ans.
02:47 Moins de filles que de garçons.
02:49 D'emblée, je ne me lis pas avec l'un, l'une ou l'autre,
02:52 mais après ça va venir, je vais m'insérer,
02:54 je vais avoir des petits copains, des petites copines.
02:56 Je participe à la classe, je participe aux jeux.
02:59 Mais les conditions de vie difficiles,
03:02 alors que j'étais choyé par ma mère jusque-là.
03:04 Alors ce qui me tourmentait, c'était ma mère.
03:06 Qu'est-ce qu'il a devenu de ma mère ? Où est-elle ?
03:08 Elle m'avait dit "Si un jour nous sommes séparés, ne dis pas que tu es juif."
03:13 Quand je suis arrivé dans la maison des enfants d'Isieux,
03:16 j'étais persuadé que j'étais le seul enfant juif.
03:18 Alors qu'ils étaient tous juifs, pour cause.
03:20 Je vais rester beaucoup plus longtemps que prévu chez cette famille,
03:27 jusqu'au retour de mes parents,
03:29 mon père de prisonnier de guerre et ma mère du camp de Bergen-Welsen.
03:33 Et nous sommes en mai 1945.
03:37 Quand je la retrouve, elle revient de sa déportation.
03:40 Elle me dit deux choses.
03:42 Elle m'a dit "Tu as eu de la chance de ne pas venir avec moi
03:46 parce que dans le camp où je me trouvais, je n'avais rien à manger.
03:49 Le peu que j'avais, je te l'aurais donné, ni toi ni moi ne serions revenus."
03:53 Et elle m'a dit aussi "Tu aurais encore de la chance,
03:55 tu étais dans une maison d'enfants qui ont été tous arrêtés et déportés."
03:58 À cette époque-là, on ne me posait pas de questions.
04:01 J'aurais posé les questions, je n'aurais pas eu de réponse.
04:04 Et ma mère, je l'ai perdue pas longtemps après.
04:06 Elle est décédée en 1951.
04:09 J'avais 14 ans et je n'ai pas eu le temps de lui poser les questions.
04:12 [Musique]
04:21 Une première image sur le vif, ça se passe à la porte d'entrée.
04:27 Je remarque l'embrasure de la porte.
04:29 Je me dis "Tiens, c'est assez curieux, j'ai déjà vu ça quelque part."
04:32 Et puis quelques jours passent, à nouveau compte rendu d'audience.
04:36 Et puis cette fois, alors là, on élargit le champ de prise de vue.
04:39 Et on va sur la bâtisse qui était à droite de la maison d'Izieu,
04:43 qui était aménagée en dortoir pour les garçons, à l'étage.
04:48 Alors, "Tant mieux, évidemment, je reconnais."
04:50 Mais alors, mais j'étais à Izieu.
04:51 [Musique]
04:57 Et on a 61 noms d'enfants passés par la maison qui en sont partis avant la rafle.
05:03 Et là, je prends conscience que je suis le dernier enfant sur la liste.
05:07 Que les enfants, je les ai tous connus.
05:10 Et là, ça m'a flanqué un grand coup de massie sur la tête.
05:13 Et avec cette liste, je vais partout pour essayer de les retrouver.
05:18 Et puis donc, on arrive à en identifier près de 25 qui reviennent sur les lieux, qui parlent.
05:25 15 d'entre eux acceptent de participer aux activités de la maison d'Izieu.
05:29 Quand on compare nos mémoires, je m'aperçois que je suis
05:35 un de ceux qui ont le plus de mémoires sur cette période.
05:37 [Musique]
05:43 J'ai écrit des choses pour mes enfants, c'est très personnel.
05:46 Et puis, j'en ai fait une copie dernièrement à Izieu.
05:50 Et ça donne à peu près 200 pages, plus quelques photos.
05:53 Mais je ne tenais pas tellement à laisser un message.
05:55 [Musique]