« Quand j’ai été guéri, ma mère était morte. » En février 1944, Léon Placek est arrêté à Paris à l’âge de 10 ans avec sa mère et son petit frère, parce qu’ils sont juifs. Ils sont internés à Drancy et sont déportés au camp de Bergen-Belsen. Aujourd'hui âgé de 91 ans, Léon Placek revient sur cette période traumatisante. « Bergen-Belsen, il n’y a pas une nuit où je n’y pense pas. »
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NewsTranscription
00:00Quand je me suis réveillé au bout de quinze jours, je me demandais où était ma mère.
00:03On m'a dit, ta mère, elle est enterrée.
00:05En février 1944, Léon Placek est arrêté à Paris à l'âge de dix ans
00:10avec sa mère et son petit frère parce qu'ils sont juifs.
00:13Ils sont internés à Drancy et sont déportés au camp de Bergen-Belsen en Allemagne.
00:17J'ai été arrêté parce qu'on arrêtait tous les juifs.
00:20J'avais été arrêté une fois, un an avant.
00:23Et on nous avait libérés en disant, non, votre père est prisonnier de guerre,
00:30il s'est battu pour la France, donc vous êtes tranquille.
00:33Tous les juifs, pendant ce temps-là, allaient se cacher pour ne pas être arrêtés.
00:38Ma mère, femme de prisonnier de guerre, fière, on reste à Paris.
00:43On est arrêtés, on est restés trois mois à Drancy
00:46et déportés directement après à Bergen-Belsen.
00:49Ma mère allait travailler tous les matins, toute la journée.
00:52Et nous, les enfants, on ne faisait rien.
00:53On traînait dans le camp, on n'avait rien à faire.
00:58Avec la faim au ventre, quand les nazis se promenaient,
01:03on les suivait de loin quand même.
01:06Quand ils fumaient et jetaient leur mégot, on essayait de le ramasser.
01:10On les changeait comme un petit bout de pain.
01:12En fait, on vivait au jour le jour sans savoir ce que serait le lendemain.
01:16Et en fait, le lendemain ne nous intéressait même pas.
01:18Au printemps 1945, avec l'arrivée des Alliés,
01:22les nazis décident d'évacuer le camp de Bergen-Belsen.
01:25Un beau jour, on nous dit « prenez vos habits, on va marcher ».
01:28Donc, ils nous font marcher trois kilomètres jusqu'au train
01:31sans savoir où on va, on ne sait pas.
01:34Les nazis sont autour de nous, ils nous font marcher,
01:37ils nous amènent dans un train.
01:39On ne sait pas pourquoi.
01:40Le train, il se promenait, il allait à gauche, il y avait les Américains.
01:44Il revenait, il partait à droite, il y avait les Anglais.
01:47Il revenait, il y avait les Russes.
01:49Ils ne savaient plus où allait le train, c'était la fin de la guerre pratiquement.
01:51On restait dans le train 15 jours.
01:53On était des otages quand même.
01:55Donc, je pense qu'ils voulaient se garder ces otages
01:57au cas où ils auraient besoin de les échanger.
02:00Le train est finalement arrêté par l'armée rouge
02:02le 23 avril aux abords de Trobitz, dans l'est de l'Allemagne.
02:06Les troupes russes demandent aux déportés de se rendre dans cette commune.
02:09On peut descendre du train, on ramasse ce qu'on peut trouver pour manger.
02:13Ma mère ne pouvait plus marcher, donc j'ai trouvé une brouette,
02:15je l'ai mise dans la brouette et on a trimballé avec mon frère jusqu'au village.
02:20Je me suis évanoui, j'ai été atteint du typhus.
02:23Quand je me suis réveillé au bout de 15 jours,
02:25j'ai demandé où était ma mère.
02:26Bon, elle m'a dit, ta mère, elle est enterrée.
02:28Désormais seul, Léon et son petit frère sont rapatriés par les Américains à Paris,
02:32à l'hôtel Lutetia, et retrouvent leur père.
02:35On habitait à Barbastro ce soir.
02:36Mon père avait trouvé une petite échope de 6-7 mètres carrés
02:41où il faisait sa cordonnerie.
02:43Et juste en face, il avait trouvé un appartement, une pièce,
02:47dans laquelle il y avait un petit fourneau, une toute petite table et un lit.
02:53Et on dormait, mon frère, mon père et moi, dans ce lit.
02:57Moi, je mettais des chaussures de ces clients qui ne venaient pas rechercher.
03:02Elles étaient un peu trop grandes, je mettais du coton au bout,
03:05devant et derrière, pour ne pas les perdre.
03:09Très pauvre.
03:10Aujourd'hui, âgé de 91 ans, Léon Placek reconnaît
03:14que cette expérience traumatisante l'a changé à jamais.
03:17Perdre sa mère à 10 ans, ça peut changer le caractère.
03:20Je suis un pessimiste maintenant, je ne suis jamais optimiste.
03:24Certainement que mon caractère a été modifié du fait de cette période de Bergen-Belsen.
03:30D'ailleurs, il s'est passé une quarantaine d'années faciles
03:33que ça n'intéressait personne.
03:34On l'avait à l'intérieur du corps, mais on n'en parlait pas.
03:38Le mémorial de la Shoah me demande souvent de témoigner,
03:43soit dans les écoles, dans les lycées, soit au mémorial même.
03:46Bon, moi j'y vais.
03:47Si on ne me demandait pas d'y aller, je n'y aurais pas été.
03:50Moi, personnellement, ça ne m'apporte rien du tout.
03:51J'espère que ça apporte à ceux qui écoutent.
03:55Il faut espérer que l'homme ne recommence pas ses erreurs.
03:58Mais l'homme étant ce qu'il est, ça n'arrête pas finalement.
04:08Sous-titrage Société Radio-Canada