• il y a 8 mois
Piotr Tolstoï, le vice-président de la Douma (la chambre basse du parlement russe) menace directement la France et Emmanuel Macron. "On s'en fout de son opinion, de ses limites (...) On va tuer tous les soldats français qui vont venir sur le sol ukrainien", a-t-il déclaré lors d'un entretien exclusif à BFMTV.

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Transcription
00:00 Avec un entretien exclusif ce matin recueilli par Jérémie Normand et Étienne Greulet, les envoyés spéciaux de BFM TV à Moscou.
00:05 Entretien avec Piotr Tolstoy, c'est le vice-président de la Douma, le Parlement russe.
00:10 Son nom vous dit quelque chose, en fait c'est l'arrière-petit-fils de Léon Tolstoy, l'auteur de "Guerre et Paix".
00:15 Et qui s'exprime donc ce matin, quelques jours après la réélection de Vladimir Poutine pour un cinquième mandat.
00:20 Patrick Sos est avec nous, ainsi que Jérémie Normand, toujours à Moscou.
00:25 C'était un témoignage très fort que vous allez entendre, en français, il parle parfaitement français.
00:30 C'est très fort et c'est très virulent, Jérémie Normand.
00:33 Racontez-nous d'abord un mot des coulisses de cet entretien.
00:36 Comment ça s'est déroulé et dans quelle ambiance ?
00:39 Ça s'est déroulé juste ici, sur les rives de la rivière Moscova, en toile de fond le Kremlin, la place rouge juste derrière nous.
00:49 Là où s'est exprimé Vladimir Poutine au lendemain de sa réélection.
00:52 On a choisi cet endroit pour débuter l'interview, pour déambuler, pour le mettre à l'aise et pour évoquer les lieux de pouvoir qui se trouvent juste à côté.
00:59 La suite de l'entretien s'est déroulée dans un salon d'hôtel à quelques mètres devant moi pour aborder les sujets de façon plus calme.
01:07 Calme, c'était dans mon intention parce que très vite, Piotr Tolstoy, vous allez l'entendre, a mis les formes.
01:12 C'est-à-dire qu'il parle fort, il a une présence physique très impressionnante et les mots sont encore plus impressionnants, vous allez l'entendre.
01:19 Alors effectivement, voici un premier extrait qui concerne le président de la République et le souhait, en tous les cas la possibilité, évoqué par le président de la République, d'envoyer des troupes sur le terrain.
01:30 Que dit-il de Macron, Tolstoy ?
01:34 On s'en fout de son opinion.
01:37 Vous vous foutez de ce que dit Emmanuel Macron ?
01:39 Exactement.
01:39 Et quand il vous dit qu'il est prêt éventuellement à ne pas se fixer de limites ?
01:43 On s'en fout de ses limites, on s'en fout de Macron, de ce qu'il dit Macron, on s'en fout de limites de Macron et on va tuer...
01:50 La France reste une puissance nucléaire, vous l'avez en tête.
01:52 Tout à fait, avec 200 missiles.
01:54 Et donc on va tuer tous les soldats français qui vont venir au sol ukrainien, tous.
02:02 Parce qu'aujourd'hui, il y en a, durant le conflit en Ukraine, 13 000 mercenaires, dont 367 français et dont 147 ont déjà tué.
02:15 Donc il y en a 147 citoyens de la France qui ont été tués en Ukraine.
02:20 Et on va tuer tout le monde, vous inquiétez pas.
02:24 C'est pas guerre épais, c'est guerre.
02:26 Oui, c'est guerre tout court. Un rappel, c'est pas 200 missiles, il y a 290 têtes nucléaires pour la France.
02:33 Oui, pour leur de grandeur, ils tenaient leur de grandeur.
02:35 Oui, mais c'est pas des missiles forcément.
02:37 Et surtout, cette précision toute soviétique, j'ai envie de dire, sur les 147 mercenaires français, c'est impossible de vérifier.
02:47 Il y a simplement un chiffre qui est donné lorsqu'on essaie de récupérer un peu les données qui ont été fournies par les familles de Français.
02:54 On est à une demi-douzaine.
02:56 Il y aurait eu, jusqu'au plus fort de l'année 2023, 320 français qui seraient partis en Ukraine,
03:02 mais côté ukrainien et côté russe, notamment dans l'ultra-droite.
03:06 Mais difficile d'être plus...
03:08 Quel est le sens de cette diatribe, quand il dit "Macron s'en fout de Macron".
03:13 C'est pas vrai. Son sens, c'est effectivement de se mettre plutôt au niveau Russie contre États-Unis.
03:20 Mais ce n'est pas vrai, encore une fois, parce que nous sommes une puissance nucléaire et parce qu'effectivement, il y a cette ambiguïté stratégique.
03:27 Mais il joue vraiment là-dessus, de sa francophonie, pas de sa francophilie, mais du fait d'être celui qui incarne Poutine en version française.
03:37 Jérémy, quand il dit ça, quand il tient ce discours devant vous, on se dit qu'un froid glacial doit s'installer entre vous deux.
03:44 Est-ce qu'on ressent cette animosité très claire, pour ne pas dire davantage, du pouvoir russe à l'égard de la France ?
03:50 Écoutez, c'est assez perturbant parce que déjà, il s'exprime dans un français parfait.
03:59 Il a une façon de s'imposer, même physiquement.
04:03 Je pense que ça apparaît aux yeux de tout le monde.
04:06 Il me dépasse de deux, trois têtes.
04:08 Quand on est debout, il me surplombe. L'agressivité qu'il met dans le propos, je la ressens vraiment physiquement.
04:14 C'est la même chose quand on est assis dans ce bureau.
04:17 Il s'avance vers moi lorsqu'il menace de tuer tout le monde.
04:20 Nos regards sont plantés l'un dans l'autre et je sens vraiment qu'il est convaincu de ce qu'il dit.
04:25 Bien sûr, il reprend le narratif de Vladimir Poutine.
04:27 Bien sûr, il est dans son rôle, mais on le sent vraiment animé de cette haine des Français qui voudraient défendre l'Ukraine.
04:35 Une précision tout de même, Piotr Tolstoy, s'il parle parfaitement français, c'est parce qu'il a vécu en France.
04:40 Il a étudié à Paris au lendemain de la chute de l'Union Soviétique.
04:44 En 1991, il était étudiant à Paris.
04:46 Il représentait à ce moment-là la décadence qu'il dénonce aujourd'hui quand il dénonce notre modèle.
04:52 C'est cette trajectoire, cet itinéraire dans son parcours de vie qui est d'autant plus surprenant.
04:57 C'est-à-dire qu'il a aimé la France, il a connu notre modèle.
04:59 Aujourd'hui, c'est ce modèle qu'il veut détruire.
05:01 Alors justement, Jérémy, puisque vous en parlez, on va écouter un deuxième extrait de cet entretien avec Piotr Tolstoy
05:07 où il évoque la France, ses valeurs, son mode de vie, en ciblant cette fois Gabriel Attal. Écoutez.
05:13 Vladimir Poutine érige le modèle russe en opposition avec le modèle d'un Occident qui serait décadent.
05:20 Qu'est-ce qui est décadent chez nous, Français ?
05:23 Regardez votre gouvernement. Est-ce qu'on peut vraiment, à 21e siècle, penser que c'est pas décadent d'avoir des gens si spéciaux dans le gouvernement ?
05:41 Vous faites référence au fait que notre premier ministre, Gabriel Attal, est homosexuel ?
05:46 Non, je fais référence qu'aujourd'hui, la France est gouvernée d'une partie par les pervers, tout simplement.
05:55 Être homosexuel, c'est être spécial, voire pervers ?
05:58 Tout à fait. Pour nous, oui. Absolument. Mais c'est pas...
06:01 Donc il n'y a pas d'homosexuels en Russie ?
06:03 Non, bien sûr, il y en a. Mais il n'y en a pas dans le gouvernement.
06:07 Est-ce que les homosexuels en Russie peuvent vivre librement et protégés par le gouvernement ?
06:12 Ils peuvent vivre en vie privée et protégés, mais ils n'ont pas droit à la propagande ouverte de leur mode de vie.
06:19 Le fait qu'on ait un premier ministre ouvertement homosexuel, Gabriel Attal, pour vous, ça fait partie de cette décadence que vous décrivez en Occident ?
06:27 Être homosexuel, c'est un problème ?
06:29 Écoutez, non. C'est la dégradation des leaders européens.
06:34 Regardez aujourd'hui avec qui on doit avoir l'affaire. Avec Shultz, avec Macron, avec Borrell, etc.
06:42 Donc ça, c'est des gens qui n'ont pas même l'idée de leur parole. Ils ne peuvent pas tenir la parole.
06:51 On rappelle que le mouvement LGBT n'a pas le droit de citer en Russie.
06:54 La Cour suprême russe est allée jusqu'à bannir le mouvement pour extrémisme au mois de novembre.
06:59 Ces propos sont ahurissants, Patrick, mais quand on parle à la Russie, il faut les intégrer parce qu'il y a le fond et il y a aussi cette différence culturelle d'appréciation du pouvoir russe sur la société.
07:13 Oui, et d'ailleurs, c'est vraiment le jeu de miroir pour l'admire Poutine d'expliquer aux Russes que leur pays est quand même mieux tenu, selon lui, que l'Ouest décadent,
07:24 mais aussi d'infuser une partie de la société française.
07:28 Mais tout le pouvoir russe pense comme monsieur Tolstoy ?
07:31 Ah oui, et pour le coup, une partie de la population russe aussi. Il y a une vraie différence culturelle d'une partie de la population russe.
07:40 Mais lorsque vous parliez, Christophe, d'extrémisme, se tenir la main, c'est déjà exprimer un extrémisme pour le pouvoir russe.
07:49 Et donc, se tenir la main entre deux hommes ou entre deux femmes, c'est risquer la prison.
07:54 Mais c'est aussi, et là vraiment je le répète, de la propagande pour une partie de la société française.
08:00 Et c'est instiller le doute sur l'homosexualité d'un Premier ministre.
08:04 On n'a pas passé tous les extraits, mais sur également toutes les théories du complot totalement extrémiste au sujet de l'époux d'Emmanuel Macron.
08:12 Tout ça, ça permet d'instiller le doute et surtout d'essayer de faire un peu de séparatisme, de mettre à mal l'unité du peuple français.
08:19 On l'a vu sur plein d'autres sujets.
08:21 Il se trouve que Gabriel Attal participait hier soir au dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France.
08:27 L'ambassadeur russe a quitté la pièce au moment où le Premier ministre assumait le fait de durcir la position de la France vis-à-vis de la Russie.
08:33 Regardez.
08:35 Face à un pays qui durcit lui-même son agression en direction d'un pays souverain qui est l'Ukraine,
08:42 qui laisse faire les exactions dont je parlais il y a un instant en Arménie,
08:48 qui par ailleurs durcit aussi ses positions vis-à-vis de la France et d'autres pays européens,
08:54 oui, je pense qu'il faut assumer.
08:56 Voilà, pour pas recueillir par hannes Saurat Dubois.
08:58 Juste vraiment d'un mot, il ne représente pas Tolstoy au sein du pouvoir russe ?
09:01 Alors, on a beaucoup parlé de Medvedev qui est lui, dans un langage totalement ordurier, qui joue un peu le bouffon du roi,
09:07 même s'il est membre vice-président du Conseil national de sécurité.
09:11 Léon Tolstoy, c'est quelque chose.
09:13 Il représente le parti majoritaire en fait.
09:15 Léon, Piotr, Piotr Tolstoy.
09:20 Mais sa parole veut dire quelque chose.
09:22 Il traduit en français ce que disait Vladimir Poutine.
09:24 Bravo Jérémy Normand pour cet entretien avec Piotr Tolstoy.
09:29 Je voudrais juste qu'on revoie une image pour que vous nous donniez votre taille.
09:32 Jérémy, vous mesurez combien ?
09:36 Il me dit la tête de moins.
09:38 Et pourquoi vous ne posez pas la question à Piotr Tolstoy par contre ?
09:42 Etienne Grellet n'est pas de côté.
09:44 Il fait 2,20 m.
09:46 Je mesure 1,70 m, il me dépasse de bonne tête.
09:48 Merci à vous, merci beaucoup Jérémy Normand et Etienne Grellet.
09:52 Donc entretien exclusif réalisé à Moscou.

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